Tu aimais voir les visages des gens changés avec tes commentaires. Savoir qu'il te suffisait de bien choisir tes paroles, tes actions et qu'ainsi, tu pouvais rendre quelqu'un tellement irrité qu'il avait envie de t'arracher la tête. C'est un talent que tu avais peaufiner avec les années sur ton frère, mais c'était toujours bien plus drôle d'en faire l'usage en dehors de la famille. Dernièrement, la jeune brune qui travaillait pour toi – comme tu aimais le voir ainsi – était ta dernière victime en liste, et tu ne l'épargnais pas. Spécialement que tu étais prise avec pratiquement qu'elle comme seule et unique compagnie tous les jours de la semaine durant de nombreuses heures, il te fallait bien trouver un moyen de rendre le tout moindrement intéressant. Ce serait mentir de dire qu'il n'y a pas plusieurs autres façons de rendre le tout intéressant en sa compagnie qui te sont passés par la tête, mais tu aimais mieux garder ces pensées pour toi. De un parce que tu savais que malgré son physique extrêmement avantageux, sa personnalité rendait le tout complètement insignifiant, mais aussi parce que tu es une mutante et elle est une chasseuse. Même si la réalité demeure bien plus complexe, tu connais assez bien ce genre de personnes pour savoir qu'au bout du compte, tout le reste, ça n'a pas d'importance. Parce que pour une scientifique du genre, les gens se fondent dans l'une des deux catégories suivantes : les humains et les erreurs. Et longtemps, tellement longtemps, tu avais été emmené à penser ainsi toi aussi. Jusqu'à ce que tout change. Jusqu'à ce que le gêne se manifeste, malgré toi. Et c'est à ce moment que tu avais compris. Compris que malgré toute notre bonne volonté, on ne choisit pas. On n'a pas de pouvoir sur ce qu'on est réellement. Et par dessus-tout, on a pas de pouvoir sur ce qui nous attire, que ce soit bien ou mal.

Tu ne peux t'empêcher de rire lorsque son crayon éclate entre ses doigts et qu'elle se lève d'un bond, se voulant menaçante. Tu te mords la lèvre inférieure d'une manière qui se veut provocante alors que le visage de la jeune chercheuse se retrouve soudainement bien trop près du tien, mais tu ne scilles pas, tu ne bouges pas non plus. Tu l'as laisse faire son petit show, captivée par ses yeux et cette façon qu'ils ont de s'assombrir alors que la colère prend possession de son corps qui se crispe si près du tien alors que toi, face à elle, tu es encore plus amusée qu'elle soit tombée si facilement dans ton petit jeu. « J'ai pas d'ordre à recevoir de la part d'une sale dégénérée comme toi. » Tu donnes un petit coup de langue derrière tes dents, échappant un petit son que tu espères agaçant alors que tu ne peux t'empêcher de faire ton insolente devant la petite brune prête à t'arracher la tête. Qu'elle le fasse si elle le veut vraiment, mais elle comme toi savez qu'elle risque de le payer bien plus cher que ce que ta personne vaut réellement. « C'est qu'elle connaît des beaux mots la p'tite scientifique. » En réalité, tu n'en as absolument rien à faire qu'elle te traite de dégénérée ou de mutante ou de monstre ou peu importe. Parce que tu sais faire la part des choses. Entre ce que t'es et ce que la vie te force à être. Entre ce que tu penses et ce que tu représentes. Mais il faut croire que cette ligne, cette compréhension, elle ne vient pas aussi facilement chez les petites têtes comme celle de la jeune Lecter. « Si tu veux ton foutu vaccin, va falloir te calmer très vite, parce que j'te rappelle que sans moi, t'as de bonnes chances de rester un monstre toute ta vie. » Tu hausses les épaules, l'air de t'en foutre complètement. Non pas que tu veuilles rester un monstre toute ta vie, mais tu sais que Beatrix Lecter n'est pas ta seule chance de redevenir comme avant, malgré ce qu'elle semble croire. « J'suis très calme moi. C'toi qui me semble un peu énervée-là. T'as le visage tout rouge. » Tu fais un cercle avec tes doigts autour de son visage, et tu échappes un autre rire alors que tu fais tournée ta chaise, la forçant ainsi à se reculer et te redonner un peu de ton espace vital. « Et j'te ferais remarquer que t'es probablement pas la seule spécialiste en mutation dans ce trou paumé. Ce serait tellement facile pour moi de te faire exploser et de dire que c'était un accident suite à un de tes tests. » Tu lèves les bras en l'air, l'air un peu idiote, avant de faire exploser une chaise qui se trouve à quelques mètres derrière la brune. « Oups. » Le sourire toujours bien visible sur tes lèvres, tu te dis que cette journée est bien plus amusante que prévue, du moins, pour toi.