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 (fst, isolde) loving her was like breathing.

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Cesare DeMaggio
Cesare DeMaggio

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SUR TH DEPUIS : 15/02/2015
MessageSujet: (fst, isolde) loving her was like breathing.   (fst, isolde) loving her was like breathing. Icon_minitimeLun 2 Mai 2016 - 22:42


THE LIGHT SHINES IN THE DARKNESS
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and no matter how far away you are
you can always feel them
☆☆☆


La jointure de ses doigts lui faisait encore mal, d’une peine lancinante, suintant avec la lymphe qui avait glissé sur les plaies ouvertes pour essayer d’apaiser les chairs rougies. C’n’était rien, comparé à la tempête de douleurs qui le déchirait de l’intérieur, entre doutes, aigreur, tristesse. Rage. Fallait croire qu’il n’arrivait pas à l’effacer de lui, l’amenuiser peu à peu malgré les moments de douceur, les semaines et les semaines à faire des efforts. Et espérer que ça puisse changer. Espérer qu’il pouvait changer. C’était peine perdue, probablement ; il était toujours le type qui avait tué Moira Kovalainen sans s’encombrer des conséquences, ou du moindre remord. Il était, bel et bien, celui qui virait cinglé dès que les choses déraillaient un tant soit peu, et il n’savait franchement pas comment il pouvait en être autrement. Tout, les circonstances, les autres, le monde, ils n’l’aidaient pas à voir les choses différemment, ou à s’retrouver avec lui-même assez longtemps pour véritablement y réfléchir ; à chaque fois, chaque fois qu’il pensait atteindre ces idéaux un tant soit peu, on lui coupait l’herbe sous l’pied, et il s’retrouvait brutalement sur le cul.  Ça faisait mal, plus mal que quelques plaies rougissant ses mains, là où il avait si fiévreusement et impétueusement écrasé ses poings sur la tronche de l’autre. Il n’se souvenait même pas de son visage, ou de quoique ce soit – simplement la sensation que ça lui avait procuré, de sentir ses os trembler sous ses attaques. Il en avait l’habitude depuis, et il n’avait aucune intention d’ressentir la moindre culpabilité vis-à-vis de ce qu’il avait fait. Tant pis si sa couverture ridicule avait explosé en mille morceaux ; tant pis s’il était désormais une cible toute désignée pour les gens qui n’lui avaient jamais fait confiance – Cesare avait complètement oublié sa stupide mission, sa famille de merde, Radcliff tout entier. La nausée acide était encore là, au bord de ses lèvres, et elle n’partirait probablement pas de sitôt, alors qu’elle l’avait hanté pendant trop longtemps, à mesure que les heures de silence sans Isolde s’étaient allongées. Isolde. Dans la pénombre de la nuit ayant grignoté l’espace dans la chambre d’hôpital, le DeMaggio n’avait pas encore osé relever le regard vers elle.

Elle dormait, s’reposait, et lui, il tentait tant bien qu’mal de garder contenance, de n’pas s’effriter quand bien même rester ici, cloué à cette chaise, n’aidait en rien sa hargne à s’envoler. C’en était trop. Et il n’avait pas réussi à gérer quoique ce soit ; Cesare n’s’était pas fait prier pour laisser Léda partir avec Clara. Ou peut-être avait-ce été Aldrich. C’était probablement la pire des réalités qui pouvait s’imposer à lui : il lui fallut d’interminables instants pour ressasser ces dernières heures, et remettre son cerveau en marche. Il avait fait tellement d’promesses, tellement d’serments d’faire mieux, et pourtant il en était là, à n’presque pas savoir où était Clara – perdu, happé par ce silence de plomb qui suivait toujours le stress trop tonitruant, les inquiétudes trop destructrices. Il n’avait au moins pas d’orgueil de c’point de vue-là, pas d’arrogance mal placée pour refuser d’admettre qu’il avait eu peur ; peur en ces sentiments trop familiers, toutes ces fois où il avait erré, erré à travers un Radcliff chaque fois un peu plus en ruines à la recherche de sa sœur. Jusqu’à ce que. Dans un soupir, une complainte sans mot, Cesare sentit ses épaules se tasser, alors que de ses deux coudes abattus sur ses genoux, il plaquait ses paumes sur ses paupières closes. Il était fatigué, et pas seulement physiquement- mentalement, étiré, délité par les épreuves, le cœur aussi pesant qu’une pierre qui s’enfonçait, s’enfonçait dans les abysses. Et au bout d’un moment, il n’y tint plus, Cesare, oppressé par le silence, les bips de la machine qui rendait compte des pulsations au creux du poitrail d’Isolde – son palpitant à elle, était bien plus serein que le sien, majoritairement grâce aux drogues et antidouleurs qui l’avaient assommée. Il s’était levé de sa chaise, arpentant les pas jusqu’à la fenêtre, pour observer Radcliff qui continuait d’vivre au-dehors. Lui, il était trop empreint de la réalité, trop accroché à celle-ci, et elle l’oppressait autant que cet espace trop petit pour ses nerfs. Il n’avait pourtant pas l’intention d’sortir, une évidence que les médecins, les infirmières, n’importe qui ici avait pu comprendre ; c’n’était pas négociable, et l’Apocalypse pouvait subitement s’déclencher en dehors des murs de cette chambre, qu’il s’en foutrait éperdument. Y’avait plus rien qui importait ; il aurait transformé cette ville en un amas de poussière si ç’avait pu lui permette de retrouver Isolde plus vite – ça n’valait plus la peine de se mentir sur ça.
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Isolde Saddler
Isolde Saddler

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MessageSujet: Re: (fst, isolde) loving her was like breathing.   (fst, isolde) loving her was like breathing. Icon_minitimeMar 3 Mai 2016 - 1:02

Yesterday was hard on all of us
— cesare demaggio & isolde saddler —
Where do we go from here? Where do we go? And is it real or just something we think we know? Where are we going now? Where do we go? Cause if it's the same as yesterday, you know I'm out, just so you know, Because, because our paths they cross, Yesterday was hard on all of us, on all of us. — Yesterday Was Hard On All Of Us.

Où est-ce qu’elle s’était plantée ? C’était une question qui lui était souvent revenue à l’esprit, pendant les heures qu’elle avait passé à la merci d’un type complètement malade. Isolde, elle était plutôt prudente d’habitude, encore plus ces derniers temps alors que le fait d’être maire de la ville l’exposait à toujours plus de danger. Elle savait qu’il fallait qu’elle soit prudente et elle savait très bien se défendre quand on s’en prenait à elle. Pourtant, elle ne savait pas ce qu’il s’était passé. Peut-être bien qu’elle avait été concentrée sur autre chose pendant quelques trop longues secondes et que ça lu avait été fatal. Elle ne se souvenait plus vraiment de ce qu’elle faisait avant de se retrouver prisonnière. La douleur s’était rapidement emparée de ses muscles, l’empêchant de résister comme elle l’aurait voulu et tout était encore bien flou dans sa mémoire et reconstruire les souvenirs c’était pour le moment beaucoup trop difficile pour elle. Elle était assez épuisée par tout ce qui avait pu se passer pour n’était pas restée consciente bien longtemps depuis qu’elle était arrivée à l’hôpital. Elle avait connu quelques minutes d’éveil ces dernières heures, mais rapidement elle avait sombré de nouveau vers le sommeil, vers la réponse la plus évidente à tout ce qu’elle pouvait ressentir, au moins endormie, elle était en paix avec elle-même et sans doute que si elle avait eu l’occasion d’avoir une longue discussion avec un médecin, il lui aurait conseillé de se reposer. Elle avait l’impression d’être incapable de faire autre chose, peut-être bien qu’elle avait perdu trop de sang ou que les médicaments avaient eu cet effet sur elle, mais elle s’était contenté de dormir pendant plusieurs heures d’affilées, sans même chercher à lutter, quand bien même y avait déjà eu un tas de choses à faire qui s’étaient imposées à son esprit pendant ses quelques trop rares et trop courtes phases d’éveil.

Elle avait l’impression que c’était la première fois depuis qu’elle était arrivée à l’hôpital qu’elle entendait avec clarté les bips de la machine à côté d’elle. C’était la première fois qu’elle sentait cette odeur si significative et désagréable qu’on pouvait ressentir à l’hôpital. C’était au final, la première fois qu’elle se réveillée vraiment depuis qu’elle avait fermé les paupières, complètement épuisée par ce qui venait de lui arriver. Elle aurait voulu ne pas les rouvrir les paupières. Elle était presque bien là, les yeux encore fermés, elle avait encore l’impression que le monde réel était loin d’elle et clairement elle n’avait pas envie d’y remettre les pieds dans ce monde dégueulasse pour le moment. Y avait bien une partie d’elle, qui avait envie de se réveiller, de sortir de ce lit d’hôpital et de se rendre au commissariat pour trouver tous les moyen possibles et imaginables pour coller ce type en prison à vie et faire comprendre à tous les autres connards dans son genre que là, c’était la goutte d’eau qui avait fait déborder le vase et qu’elle allait y mettre les bouchées doubles pour la nettoyer cette ville de malheur. Mais y avait plus la moindre force en elle, pour que ce soit cette partie d’elle qui puisse dominer. Finalement, la tranquillité qu’elle avait pu trouver, les yeux fermés, comme une barrière entre elle et le monde, elle était tombée, alors que les images de tout ce qu’elle avait pu subir étaient en train de s’imposer à elle, la poussant à rouvrir les yeux dans un sursaut qui avait accéléré son cœur et son souffle comme si elle venait de se réveiller d’un cauchemar. Si seulement, ça n’avait pu être que ça, un bon gros cauchemar, duquel elle se réveillait, du fond de son lit. Mais non, il ne lui fallut pas longtemps pour voir qu’elle n’était clairement pas dans sa chambre à elle. Elle laissa échapper un soupire, avant de remarquer la silhouette près de la fenêtre. « Cesare ? » Elle était à peine sûre qu’il soit vraiment là, elle s’était accrochée à lui et à Clara pendant des heures et des heures, juste parce que tous les deux, ils étaient les choses les plus réconfortantes auxquelles elle pouvait penser, alors elle n’était plus sûre que l’imaginer ne soit pas encore juste un moyen d’atténuer la douleur, la peur, l’angoisse et toutes ces conneries qui s’éveillaient peu à peu en elle, maintenant qu’elle reprenait vraiment contact avec la réalité.

Spoiler:


Dernière édition par Isolde Saddler le Mer 4 Mai 2016 - 18:09, édité 1 fois
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Cesare DeMaggio
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MessageSujet: Re: (fst, isolde) loving her was like breathing.   (fst, isolde) loving her was like breathing. Icon_minitimeMar 3 Mai 2016 - 2:13


THE LIGHT SHINES IN THE DARKNESS
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Comment pouvait-il avoir autant de pensées dans sa tête ? Autant de sentiments dévastant et déchirant son cœur ? Le sang torturé pulsait à ses tempes comme la plus douloureuse des litanies- un flot de contradictions qui opposaient ses instincts et sa raison. Sa raison, il aurait bien voulu pouvoir la perdre totalement, écouter ses tripes et se défouler sur la première chose, la première personne qui s’présentait à lui : c’était comme ça, probablement, qu’il avait posé son regard noir sur Moira Kovalainen en jaugeant sa vie comme outil pour sa rage. Cesare était toujours là, pourtant, incapable de quitter cette chambre, quitter le chevet d’Isolde et même incapable de vouloir faire quoique ce soit. Peut-être était-ce un bon signe. Parce que tout autant qu’il avait l’impression d’être torturé de l’intérieur par toutes les idées qui naviguaient dans ses synapses, il n’parvenait pas à en faire le moindre sens, l’estomac retourné, la gorge serrée, les mains endormies par ce manque de sensations qu’il avait au bout des doigts. Le monde avait subitement, pour trop longtemps, revêtu cette apparence désespérée qu’il aurait, si Isolde devait sortir de sa vie définitivement ; si elle devait disparaître, mourir, ou simplement être introuvable. Radcliff et ses alentours s’étaient avérés infiniment gigantesques pendant les dernières heures qui avaient passé, et lentement, lentement mais sûrement, la corde de la patience du DeMaggio avait cédé. Est-c’qu’il n’était alors qu’une coquille vide dénuée d’humanité ? L’arôme de la défaite était presque aussi amer que ce qu’il avait ressenti, quand il avait perdu sa sœur. C’était trop. En dévisageant la ville qui s’étendait devant ses yeux pour ce qu’elle était – un trou infernal où tous les êtres les plus hideux qui soient s’cachaient, Cesare aurait eu envie de pouvoir assez maîtriser son don pour réduire chaque bâtiment, chaque éclat de métal ici-bas en un tas de ruines, rien que parce qu’il s’en sentait l’impulsion. Pas parce que ça l’ferait se sentir mieux, mais plus parce qu’il était épuisé, épuisé de toutes les menaces qui dormaient dans ces rues maudites. Y’avait pourtant Clara, dehors, quelque part, sûrement endormie, et Cesare n’avait certainement pas attardé beaucoup d’attentions sur elle- comme il aurait pu s’y attendre, au moment où les choses s’effritaient peu à peu autour de lui, il avait complètement perdu les pédales, et Clara avait fait partie des dommages collatéraux. Comment est-c’qu’on pouvait attendre de lui qu’il soit capable de faire quoique ce soit, s’il devait perdre Isolde en plus de tous les autres ? Ca l’avait déjà vidé de son énergie, là, et pourtant, y’avait bien un coin d’sa tête qui lui disait qu’Isolde aurait sûrement voulu voir sa fille en se réveillant. Si elle se réveillait avant le lendemain. Parce qu’évidemment, la petite serait là demain, même si c’était compliqué. Tout était compliqué.

Et le souffle d’Isolde, le sursaut dans les bips de la machine lui arrachèrent un frisson, alors qu’il avait été, pour longtemps, les sens en éveil, les réflexes tendus à travers chaque nerf roulant sous sa peau. Il aurait bien eu envie d’s’enfuir, lâchement, sauter par cette fenêtre s’il le fallait, pour échapper à la suite. L’impuissance, le trop tard, pas assez bien, avec toutes ses conséquences. Et à sa voix, l’appel de détresse lancé dans le silence tendu de la chambre, Cesare ne répondit pas tout de suite, pas comme il l’aurait fait de mille façons différentes autrement : juste assis à côté du lit, à serrer sa main dans la sienne, ou quittant son observation taciturne pour se concentrer sur ce qui était vraiment important. Mais là, il lui fallut se recomposer un peu, ses mâchoires se crispant dans la pénombre, en mimétisme de tous les autres muscles de son corps. Et enfin, après de trop longues secondes, il enclencha son volte-face, pour revenir vers le lit, vers Isolde, vers tout ça. « J’suis là. » qu’il parvint à marmonner, forçant un sourire qui se transforma sans doute plus en l’expression contrite de ses doutes. Ca faisait longtemps déjà, que c’n’était plus habituel entre eux, cette distance ; il avait envie de la toucher, pourtant, bénir le fait qu’elle soit vivante après tout ce qui s’était passé. Mais. Mais. Y’avait toujours ce vide, ce murmure d’indécision qui bloquait ses réflexes, ses pensées, ses affections tout à la fois ; Cesare se contentait d’être là, parce que c’était là qu’était sa place. Le reste, ç’appartenait au domaine de l’indicible, de l’indéfini dans c’monde qui venait si brusquement de basculer. De toute manière, est-c’qu’il pouvait même égarer sa main dans la sienne, caresser sa joue, son front, ses doigts, sans lui faire mal quelque part ? Il cilla, pas vraiment capable de la regarder bien longtemps, d’toute manière, comme si chaque estafilade était la manifestation physique de chaque seconde, chaque minute, chaque heure où il n’l’avait pas retrouvée, aidée. Sauvée. « J’devrais-… » il se racla la gorge, maudissant intérieurement ce nœud qui semblait plus se renforcer que disparaître à mesure qu’il essayait d’avaler de l’air. « J’devrais appeler un médecin, pour dire que t’es réveillée. » il s’interrompit, et se forçat – se forçat parce que c’était Isolde, qu’il l’aimait et qu’il lui devait bien ça – à la regarder à nouveau : « J’suppose qu’ils ont plein de choses à voir, encore. » parce que de toute manière, le monde, les autres, la réalité, ils s’mettaient tous en travers de leur route à chaque tournant.
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Isolde Saddler
Isolde Saddler

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MessageSujet: Re: (fst, isolde) loving her was like breathing.   (fst, isolde) loving her was like breathing. Icon_minitimeMar 3 Mai 2016 - 11:46

Yesterday was hard on all of us
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A peine réveillée, il ne lui fallut pas beaucoup de temps pour détester chaque recoin de cette chambre d’hôpital dans laquelle elle se trouvait. Elle aurait voulu être dans sa chambre à elle, que tout ce qui venait de se passer n’ait jamais été vrai. Elle aurait voulu être chez elle, au calme, avec sa fille dans la chambre d’à côté, ses conviction encore intacte au fond de son cœur. Mais ce n’était pas le cas. Elle n’était pas chez elle, elle n’était pas au calme avec cette machine qu’elle avait déjà envie de débrancher pour qu’elle se taise. Sa fille dans le fond, elle ne savait même pas où elle était, parce que ça avait été Léda qui l’avait eu, mais Léda, elle avait était là quelques heures plus tôt, alors où est-ce qu’elle était sa fille ? Quant à ses convictions, elles avaient clairement été mises à mal à chaque coup qu’elle avait pu se prendre. Il n’aurait pas fallu encore bien longtemps à ce type pour la faire céder, si on n’était pas arrivé à son secours. Elle avait beau se penser forte, indémontable, de toute évidence, elle s’était trompée et son égo lui-même en prenait un coup. Elle se souvenait bien de toutes les fois où elle avait pu dire qu’elle était prête à mourir pour sa cause. Elle l’avait répété tellement de fois, à n’importe qui, à Cesare aussi, comme si ça avait pu suffire pour qu’elle en soit elle-même convaincue. Mais elle avait bien réalisé là-bas, qu’elle n’avait pas envie de mourir ça. Elle n’avait pas envie de donner sa vie pour cette cause qu’elle défendait depuis des années. Elle n’avait juste pas envie de mourir, elle voulait sa vie normale loin de tout ça, quand bien même c’était complètement égoïste. Elle avait envie de tout laisser tomber, de faire sa valise et finalement de barrer très loin, comme elle avait pu en parler vite fait avec Cesare un jour. Mais elle n’avait pas tenu aussi longtemps, pour finalement laisser tomber juste après, ça aurait été plus malin de laisser tomber dès le début du coup. Dans le fond, elle ne savait plus ce qu’elle voulait pour le moment et elle n’avait même plus envie d’y réfléchir. C’était probablement la première fois de sa vie qu’elle doutait autant d’elle-même et de ce qu’elle faisait.

Elle était peut-être trop faible de toute façon, pour aller au bout de ses objectifs, pas parce qu’elle était allongée dans un lit d’hôpital avec tellement de blessures qu’elle était en droit de se demander comment c’était possible qu’elle soit encore vivante et entière. Elle se sentait faible parce qu’elle avait été incapable de se défendre, qu’elle avait été à deux doigts de craquer et qu’elle avait l’impression que tout ce qu’elle portait sur ses épaules, c’était vraiment trop lourd pour elle. Mais elle aurait peut-être toujours trop d’orgueil pour décider de tout laisser tomber. Et puis maintenant, y avait la rage au fond de ses tripes, semblable à celle qui s’était emparée d’elle quand elle avait décidé de faire exploser la mairie, cette rage qui avait fondé Insurgency. Elle voulait arrêter ces connards de hunters qui se croyaient tout permis et ça semblait déjà s’éloigner de la simple idée d’aider les autres, alors que tout commençait à tourner autour du fait de faire payer ces abrutis. Elle ne savait plus quoi faire, elle était complètement perdue et c’était probablement la chose la plus angoissante au monde. Elle aurait aimé pouvoir se lover dans les bras de Cesare pour venir y trouver un peu de réconfort, mais bien qu’il soit vraiment là et pas seulement le fruit de son cerveau perturbé, y avait cette distance entre eux qui ne la rassurait pas non plus. Elle doutait tellement d’elle en cet instant qu’elle pouvait se demander si son regard fuyant venait du fait qu’elle devait probablement avoir une sale tronche. Elle n’avait pas besoin des médecins, ils avaient déjà fait ce qu’ils pouvaient. Elle aurait probablement le droit à un check-up le lendemain, alors non pas les médecins. « Non, c’est bon … ça va. » Physiquement ça allait peut-être uniquement parce que son corps était encore bien endormi à cause des médicaments et que ce n’était qu’une question de temps avant que ça recommence à lui faire mal partout. Moralement, c’était une autre histoire, mais ce n’était certainement pas le fait d’entendre un médecin faire un bilan de chacune des blessures qu’elle avait, qui pourrait l’aider. « Clara … » C’était le plus important pour l’instant et elle n’avait même pas besoin de faire une phrase complète pour que ça ait du sens, fallait qu’elle sache où était sa fille et si elle était en sécurité, quand bien même personne n’avait menacé sa vie – ça aurait été la meilleure façon de la faire abandonner cela-dit. Finalement, trop bouger, ça réveillait la douleur, mais tant pis, elle serra les dents le temps de tendre le bras vers son sac qu’on avait dû lui ramener, s’enfonçant de nouveau dans son lit,  elle retourna le sac pour le vider, tant pis pour le bordel qui venait avec, elle avait pas le temps de penser à ça. Elle attrapa finalement son portable et Léda avait su que ce serait la première chose qu’elle voudrait savoir en se réveillant, alors elle avait envoyé un message, pour lui dire que tout allait bien pour Clara et qu’elle était avec elle. Une nouvelle qui lui arracha un soupir de soulagement ainsi qu’un peu d’apaisement au fond de son cœur. Elle laissa retomber le téléphone sur son lit, avec le reste de son bordel, avant de relever légèrement les yeux vers Cesare. « Je suis désolée … » Parce qu’elle avait tendance à toujours promettre que tout irait bien, que ce n’était pas la peine de s’inquiéter pour elle, qu’elle maitrisait la situation et qui ne lui arriverait rien. Elle y avait cru au moins, en tout ça, mais fallait croire qu’elle avait eu tort, encore une fois.


Dernière édition par Isolde Saddler le Mer 4 Mai 2016 - 18:09, édité 1 fois
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Cesare DeMaggio
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MessageSujet: Re: (fst, isolde) loving her was like breathing.   (fst, isolde) loving her was like breathing. Icon_minitimeMar 3 Mai 2016 - 18:58


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Il n’était pas doué avec les mots, pas doué dans sa façon d’exprimer quoique ce soit. Ça s’manifestait dans des élans de rage, de la hargne brûlant dans ses veines – ça s’manifestait dans un désespoir abyssal, glacé et trop réaliste, la plupart du temps. C’était compliqué. Trop compliqué. Et les heures de silence, simplement accompagné des bips de la machine et du souffle d’une Isolde endormie, n’avaient pas aidé à réveiller quoique ce soit en lui. Ç’avait au contraire, tout tassé dans ses entrailles, le stress qui lui avait collé à la peau de longues heures durant, glissant sous celle-ci comme un poison qui lui filait la nausée désormais. Ç’avait aussi tassé sa hargne, sa colère, dirigée à il n’savait qui ; ce putain de hunter qu’il aurait voulu pouvoir continuer à frapper, encore et encore rien que parce que ç’avait un sens, ça lui avait permis de faire quelque chose. Quand bien même ç’avait été trop tard. Les dommages avaient été déjà faits. Tout comme attaquer Artur Kovalainen, et tuer Kingsley Moren, ç’avait été trop tard pour Aria. C’était toujours trop tard. Il était toujours trop tard, malgré les promesses qu’il se faisait, malgré les promesses qu’il faisait : fallait croire que ça n’avait pas fait une si grande différence, qu’il y croit, au moment de les prononcer à l’adresse de la Saddler. Il avait quand même failli, et les conséquences étaient là, partout. Inscrites dans l’instant, accrochées à l’odeur acide, l’atmosphère aseptisée de la pièce- écrites, au fer rouge, en ces plaies qui sautaient aux yeux, partout sur le visage d’Isolde. Sur son corps aussi, sans doute – partout où l’œil pouvait se poser, remuant encore et encore ses nerfs qui fondaient dans l’impuissance. Et d’toute manière, il n’savait plus quoi lire dans le moment, le regard d’Isolde, le fait qu’elle ait appelé son nom, ou le réflexe qu’il avait eu de rester ici. Les autres étaient partis, eux, mais lui, c’était comme s’il n’avait nulle part ailleurs où aller. Echoué, désemparé, c’était à peine si les songes du DeMaggio avaient passé les murs de cette chambre, où avaient eu un quelconque sens logique ; si son téléphone avait sonné dans le noir, d’un appel lancé par son père ou qui que ce soit pour savoir où est-c’qu’il était, il n’l’avait même pas entendu, et déjà, l’monde entier ne semblait plus avoir la moindre prise sur lui. Sous ses pieds, le sol était ce quelque chose de trop dur et trop imprévisible à la fois. Dans ses poumons, l’air qu’il avalait lui tranchait la gorge, et renforçait l’étroitesse du nœud qui lui coupait la respiration. A quelques pas de lui, Isolde lui paraissait plus lointaine que jamais, plus lointaine que lorsqu’ils avaient passé tant de temps à s’disputer, se haïr, et n’pas se comprendre. Là, il n’comprenait plus rien, mais d’une autre façon, plus perverse, plus malsaine ; il n’avait plus envie d’comprendre, plus envie d’calculer, de soupeser, de penser, de s’impliquer. Et il était là comme il avait été, perché par-dessus le cadavre de sa sœur ; lui, vivant, et pourtant à peine capable de sentir son âme remuer derrière les apparences.

C’était trop de douleur, d’toute manière, que la chercher et la réveiller, alors même qu’elle s’apparentait à un animal sauvage qui avait été trop blessé ; il n’parvenait même pas à trouver, reconnecter avec cette part de lui qui murmurait que c’était Isolde la victime. Isolde qui avait enduré tout ça, comme ç’avait été Aria qui avait été morte. Isolde qui avait besoin de soutien, Isolde qui avait besoin d’oublier le cauchemar. Mais il n’savait pas comment faire, il n’savait pas s’il pouvait même l’aider, de toute manière. Tout c’qu’il avait tenté jusqu’alors, ça n’s’était fini qu’en un échec cuisant, la réalité s’moquant ouvertement de lui en tentant, tentant toujours un peu plus ses nerfs de s’briser une bonne fois pour toutes. Alors il aurait presque lâchement voulu laissé la responsabilité de tout ça au premier venu, si ça devait être un médecin, une infirmière, quelque chose ou quelqu’un ; c’était lui qui avait décidé de rester, et lui qui s’dégonflait aux moments critiques de la confrontation. Parce qu’y’avait aucune façon logique, acceptable, normale d’expliquer ce qu’il ressentait, ce qui le dévastait de l’intérieur et encore, et encore, ruinait ses convictions si durement acquises. Ca semblait être toujours comme ça : il mettait tout un temps, tout un tas d’efforts pour se reconstruire, être mieux et finalement, finalement, on lui arrachait l’espoir comme si c’n’était qu’une mauvaise herbe, fleurissant au mauvais endroit. Comme si c’n’était pas sa vie. Comme si c’n’était pas fait pour lui. Et pour une fois, il avait plus envie de hurler contre le monde, le destin, la main pernicieuse qui lui prenait tout ça, plutôt que d’lâcher l’affaire : mais sa rage, il n’savait pas si elle pourrait se tarir un jour, disparaître, et le laisser enfin tranquille. Il lui fallut de longues secondes pour recomposer ses pensées, lorsque le nom de Clara sortit d’entre les lèvres de la jeune femme pour tendre l’air ; vaguement, de ses yeux sombres, il guetta ici et là, comme s’il s’attendait à ce qu’elle soit dans les parages. A croire qu’il avait déjà oublié ce qu’il avait mis tant d’temps à se souvenir un peu plus tôt : « Clara, elle est-… » il s’interrompit, au moment de voir qu’elle avait pris son téléphone, et qu’elle avait trouvé la réponse avant qu’il ne réalise que le monde continuait d’exister au-delà de l’abysse de doutes qui le dévorait. De toute manière, c’était comme s’il n’pouvait pas faire des phrases plus longues de trois mots consécutifs, sans que sa voix n’se tende, s’enraille, se bloque en lui coupant le souffle. Il savait, pourtant, qu’il avait tout un tas de choses à dire, tout un amas de pensées logiques et illogiques qui brûlaient chaque fibre de son crâne ; il en aurait un mal de tête assommant, probablement, tant ses mâchoires étaient crispées, tant le silence lui pesait tout autant qu’il était son seul refuge. Parce que s’il devait ouvrir la bouche pour commencer à tout lâcher, il n’savait pas quand il s’arrêterait. Ni où. Les nouvelles paroles de la mutante, alors, il les réceptionna en restant muet : il savait pourquoi elle s’excusait. Et peut-être qu’il le fallait. Ou peut-être pas, c’n’était pas de sa faute, après tout. C’n’était pas un crime, d’espérer, d’vouloir y croire. ils s’y étaient bien plu, là-dedans. Alors il aurait dû répondre que ça allait, que c’n’était pas sa faute, que ça allait s’arranger, qu’il l’aimait, qu’il fallait juste qu’elle se repose. Tout ça à la fois, tout ce qu’il pensait. Mais il était épuisé. Et elle l’était sûrement aussi. Alors autant n’pas aller jusque-là. Il inspira donc, lourdement, difficilement, pinçant l’arête de son nez avec ses doigts, cillant. « J’vais faire venir quelqu’un. » qu’il parvint tout juste à articuler – parce que la phrase dépassait pour une fois les trois mots – en tâtonnant à la recherche du bouton pour appeler les infirmières, celui-là même qu’on lui avait désigné, sans qu’il n’y prête la moindre attention, un peu plus tôt.
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Isolde Saddler
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MessageSujet: Re: (fst, isolde) loving her was like breathing.   (fst, isolde) loving her was like breathing. Icon_minitimeMar 3 Mai 2016 - 20:50

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Elle était encore en vie et pourtant, elle avait cru à plusieurs moments qu’elle n’allait jamais  s’en sortir, que ce type allait simplement finir par la tuer ou que la douleur, les blessures finiraient par avoir raison d’elle. Mais non, elle était encore en vie et à l’hôpital, c’était plutôt bon signe dans le fond, y avait peu de chance pour qu’elle y passe maintenant. Elle se sentait pas trop mal, alors ça devrait aller. Elle allait s’en tirer. Elle ne savait pas trop comment se passerait les choses après et elle avait l’impression que ça n’allait jamais rentrer dans l’ordre dans sa tête tellement c’était le merdier, mais au moins, elle était toujours vivante. C’était une idée à laquelle elle pouvait toujours s’accrocher, parce qu’il y avait bien une chose dont elle était sûre, c’était qu’elle n’avait pas envie de mourir. A bien y réfléchir, ça semblait être nettement plus compliqué que ce qu’elle avait pu croire jusqu’à présent et sans doute qu’elle pourrait le répéter encore une fois, que c’était Cesare qui avait raison et qu’elle, elle n’était qu’une idiote de première qui malgré toute la haine qu’elle pouvait ressentir à l’égard des hunters, avait encore trop de mal à perdre foi en l’humanité. C’était fou d’avoir encore autant d’espoir alors même qu’elle avait probablement déjà vu le pire chez les hunters. Rafael, qui s’en fichait bien de tuer des humains pour arriver à ses fins. Il avait tué son père, il avait tué Anthea en lui envoyant un doigt pour la provoquer. Il avait menacé la vie de sa fille, manipulé son fils et dans cet entrepôt qu’il avait fait exploser, Anthea n’avait pas été la seule humaine. Les bombes à la mairie, elles n’avaient pas non plus tué que des transmutants. Elle ne devait pas être la seule à s’être faite torturée par l’un d’autre eux, sans doute qu’Anthea elle en avait subi des souffrances encore et encore avant qu’elle ne meurt. Elle savait qu’ils étaient horribles et pourtant fallait croire qu’elle leur laissait encore trop souvent le bénéfice du doute.

Elle croyait que c’était possible d’arranger les choses de la meilleure des façons possibles et c’était bien pour ça qu’elle était à la mairie à présent, c’était pour ça qu’elle s’était battu jusqu’à présent et elle avait l’impression que pour le moment le résultat était assez limité. De toute évidence, les menaces qu’elles pouvaient faire – qu’elles se soient montrées concrètent ou – ils s’en fichaient complètement. Elle ne savait plus quoi faire pour les arrêter, elle ne savait même plus si y avait quelque chose à faire pour les arrêter. C’était épuisant sans le fond de penser à tout ça. C’était épuisant de chercher des solutions pour toujours se rendre compte que ça ne menait à rien et là, peut-être bien qu’elle avait besoin de repos. Pas seulement de rester allongée dans ce lit et de dormir toute la journée ou les prochains jours, nan, elle avait l’impression d’avoir besoin de décrocher complètement quelques temps au moins pour pouvoir faire le point avec elle-même sur ces histoires. Au moins, Clara était en sécurité et sur la liste de ses priorités, Clara arrivait en première position. Alors elle avait rapidement trouvé son portable pour trouver la réponse à sa question. Si Clara allait bien, tout allait bien, ou presque. Disons que ça allait mieux, c’était déjà ça. « J’t’ai dit que c’était pas la peine. » Elle n’avait pas envie que quelqu’un se pointe dans la pièce pour le moment, elle n’avait pas envie d’entendre le charabia des médecins qui lui rappellerait trop bien ce qu’elle avait subi pendant tout ce temps. « Ils viendront demain matin de toute façon. » Y aurait un moment où elle n’aurait pas le choix de toute façon, elle le savait très bien. Mais là franchement, elle ne voulait pas voir de médecin. « J’ai pas besoin de médecins pour le moment … »  Elle avait besoin qu’il lui parle avec des phrases de plus de trois mots, si elle n’était pas capable de mettre de l’ordre dans sa tête à elle, peut-être qu’elle pouvait essayer d’en remettre dans celle de Cesare. Qu’il sache bien qu’il n’aurait rien pu faire pour éviter ça, au moins cette fois ce n’était même pas son père, alors il n’avait aucune raison de s’en vouloir, il pouvait toujours lui en vouloir à elle, si ça pouvait l’aider, parce qu’elle aurait dû être plus prudente, parce qu’elle avait été stupide ou elle ne savait pas trop quoi. Mais le fait été qu’il n’avait eu aucun moyen de prédire ce qui allait se passer.


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Cesare DeMaggio
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MessageSujet: Re: (fst, isolde) loving her was like breathing.   (fst, isolde) loving her was like breathing. Icon_minitimeMar 3 Mai 2016 - 23:17


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Les dernières heures qui venaient de passer avaient été les plus longues, les plus intenses, les plus inquiétantes heures de sa vie. Et le plus courtes, tout à la fois. Le temps avait volé, filé à toute allure, alourdissant sa culpabilité à chaque minute qui avait passé sans que rien ne change. Combien de temps avaient-ils mis à retrouver Isolde ? Combien d’efforts avaient-ils déversé dans la tentative ? Et qu’avait-elle subi pendant tout ce temps ? Evidemment, comme il n’était officiellement rien à Isolde, les médecins n’lui avaient pas parlé, et peut-être bien qu’il n’pouvait que bénir les circonstances pour ça. Ses nerfs n’l’auraient encore moins supporté, probablement, d’entendre tout ce qui avait été fait alors même qu’il n’avait pas été là pour elle, alors même qu’il avait perdu trop de temps, trop d’opportunités, trop d’il ne savait quoi à n’pas faire les choses correctement. Et ils étaient où, hein, les précieux alliés d’Isolde à qui elle vouait sa vie jour après jour depuis des mois déjà ?! Dans sa hargne, Cesare s’était posé cette question mille fois déjà, incapable de n’pas remuer une rage incandescente à l’égard d’un groupe sans visage, à qui la mutante avait soi-disant toujours fié sa confiance aveugle. Et qu’avaient-ils fait pour elle, ce soir ?! Etaient-ils là, comme lui, à veiller à son chevet ?! Avaient-ils été dans les rues, quelque part, à chercher n’importe quelle piste pour la ramener ? Probablement que la blonde le haïrait, si elle pouvait entendre ses pensées, sa colère qui bouillonnait dans son sang au rythme de son cœur pulsant, pulsant comme un désespéré contre son poitrail : c’était tout ce qu’il faisait, désormais, c’t’organe, répandre la survie à travers des chairs qui n’savaient plus à quoi ça rimait, à quoi ça servait, ou c’que ça pouvait amener, dans tout ça. Il l’avait dit à Isolde, qu’il arrêterait de faire des promesses qu’il n’tiendrait pas, ou de prétendre avoir des espoirs qu’il n’avait pas ; alors elle devait être bien dépaysée, alors qu’il était incapable, désespérément incapable de faire le moindre effort pour prétendre, là maintenant. Sa contenance, elle s’était envolée un peu plus à chaque heure, révélant à lui, à elle, à qui pouvait le voir, un visage de noirceur qui grondait comme l’impuissance qui avait si longtemps retourné ses tripes pour trop longtemps. Qu’est-c’qu’il devait faire, pour que les choses soient différentes ? Ils avaient tout essayé, littéralement tout essayé. N’pas se voir, n’pas être ensemble, sacrifier eux deux au profit de buts plus grands, de dévotions plus vastes que leurs propres désirs qu’ils avaient toujours interprété comme égoïstes. Etait-ce vraiment égoïste, que d’vouloir vivre pour soi-même, comme le faisait tout le monde dans cette putain d’ville ? Combien de gens, combien d’êtres humains miséreux, Cesare avait-il dévisagés au cours de sa vie, pour les voir tous aussi inactifs, et indifférents au sort des autres ?! Pourquoi est-c’qu’il fallait qu’ils soient différents, tous les deux ? Y’avait des mots qui lui brûlaient les lèvres, et qu’il avait cru qu’il n’prononcerait jamais à la face d’Isolde, des ultimatums qu’il n’voulait même pas poser, et qui pourtant, étaient livrés à la frontière de son esprit inquiet et dévasté, par ses nerfs qui avaient été trop – trop épuisés.

Les phrases à peine plus longues que trois mots, alors, c’était probablement un bon moyen d’retenir l’avalanche, l’éruption de mots qui bourdonnaient, si souvent sans sens, si souvent avec trop de sens dans sa tête. Ça n’faisait qu’alimenter sa rage, qu’alimenter les sensations brûlantes qui rendaient ses mains moites et ses gestes erratiques, son regard fuyant. C’n’était pas elle qu’il détestait. Pas lui non plus. Pas vraiment. C’était plus large, plus oppressant – plus dérangeant. Et y’avait aucun mot, aucune phrase possible et imaginable qu’il pouvait mettre là-dessus ; ça brûlait ses entrailles, ça faisait bourdonner son cerveau, palpiter le sang à ses tempes, et incendiait l’air au creux de ses poumons. Le désarroi, il l’avait rarement senti avec autant d’intensité, avec une telle impression de n’pas pouvoir faire marche-arrière pour en sortir, ou respirer. Ou survivre et subsister. Il soupira alors, ne s’priva pas de le faire, bruyamment, lorsqu’elle le coupa à nouveau, la dévisageant pour la première fois depuis longtemps. Pour une seconde, peut-être deux, avant de détourner le regard à nouveau ; baisser ses yeux sombres vers un néant qu’il était probablement l’seul à distinguer. « De quoi t’as besoin, alors ? » au moins avait-il réussi à lâcher une phrase de cinq mots, quand bien même ceux-ci étaient emplis d’une vilénie, d’une hostilité qu’il n’avait pas l’intention de vouer à la Saddler. C’n’était pas sa faute à elle, si y’avait des tarés en ville. C’n’était pas leur faute à eux deux, s’il fallait que ce soit tombé sur elle. C’était bien ça, l’problème ; c’était les autres, toujours les autres, le monde, la réalité plus vaste, trop vaste.
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Isolde Saddler
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MessageSujet: Re: (fst, isolde) loving her was like breathing.   (fst, isolde) loving her was like breathing. Icon_minitimeMer 4 Mai 2016 - 0:20

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C’était devenu trop compliqué de savoir quoi faire à présent. Parce qu’y avait plus rien qui semblait avoir de sens à présent. Isolde, elle ne savait vraiment plus où elle en était alors que cette journée avait été la plus éprouvante de toute sa vie. Elle était loin, la fille qu’elle avait voulu être, elle avait l’impression d’être en train de la perdre complètement. Elle avait été forte, déterminée, toujours à vouloir aider les autres et à faire ce qui était juste. C’était ce que son père avait voulu lui apprendre à être. C’était lui qui lui avait toujours dit de ne pas abandonner et ça avait été plus ou moins ce qu’il lui avait dit de faire, quelques secondes avant de mourir. Ne pas les laisser gagner. C’était ce qu’il attendait d’elle, c’était ce à quoi elle s’était toujours accrochée. Si elle avait laissé tomber sous la torture, alors ils auraient gagné. Ce type en tout cas il aurait gagné. Peut-être qu’il l’avait fait dans le fond, maintenant qu’elle ne savait plus du tout où elle en était. Elle ne savait pas si y avait du mérite ou quoi là-dedans, mais si tel était le cas, ce type, il pourrait au moins au moins se vanter d’avoir détruit Isolde Saddler. Parce que c’était ce qu’elle ressentait au fond d’elle. Elle était brisée. La douleur, ça avait fait céder quelque chose en elle, quand bien même elle avait fait de son mieux pour résister, qu’elle avait lutté su mieux qu’elle le pouvait – pas assez d’après elle – y avait quelque chose en elle qui avait été détruit et elle ne savait pas si ça reviendrait à la normal un jour. Elle était beaucoup plus faible qu’elle l’avait cru, pas si déterminée qu’elle l’aurait voulu et aider les autres, c’était bien beau, mais au fond de tout ça, qui est-ce qui viendrait l’aider elle ? Cesare, des amis, Insurgency ; des gens qui tenaient à elle, peut-être qu’il était temps qu’elle fasse pareil, qu’elle ne s’occuper de ceux à qui elle tenait. Le monde semblait marcher comme ça à présent.

Elle ne serait jamais un héros, elle n’avait jamais prétendu l’être. Elle aurait juste voulu être quelqu’un de bien, qui aiderait les autres, qui se battraient pour que le monde soit plus juste. Mais ça devenait d’un coup trop dur et si fallait rechercher la justice, ce n’était pas juste que ce soit toujours elle qui paie. Elle avait perdu son père, Anthea, des amis. Elle avait renoncé à Cesare pendant des semaines et ne vivait cette histoire qui la rendait pleinement heureuse, que de temps en temps, quelques soirs seulement et les autres, elle se retrouvait quasiment toute seule. Et maintenant, c’était elle qu’on torturait et quand bien même elle ne souhaitait pas que ça arrive à quelqu’un d’autre, elle avait l’impression en cet instant, d’avoir déjà trop donné pour continuer comme ça. Elle voulait vivre elle aussi et vivre, ça voulait pas dire tout sacrifier pour le reste du monde. Là maintenant, elle voulait vraiment juste qu’on lui foute la paix. Pas Cesare, mais les autres, ce monde de merde qu’elle avait l’impression de détester plus que jamais. Ce dont elle avait besoin, c’était que ça s’arrête toute cette merde. Elle avait besoin de se casser d’ici, partir très loin, reprendre son souffle, réfléchir à tout ça parce que clairement, pour l’instant, elle ne pouvait plus continuer comme ça, elle était complètement à bout. Elle avait besoin de se sentir bien, alors qu’elle avait l’impression d’être au fond du trou. « J’ai besoin de toi … » Parce qu’il était bien le seul à pouvoir lui apporter le bien-être dont elle avait vraiment besoin en cet instant. Elle avait besoin de lui pour ne pas se laisser sombrer dans les sentiments les plus destructeurs qui peu à peu gagnaient du terrain en elle. D’un geste lent, elle avait tendu la main en sa direction, avec l’espoir qu’il l’attrape, qu’il vienne la réchauffer alors qu’elle avait l’impression qu’elle était gelée. « J’ai besoin que tu m’parles ... » Qu’il lui fasse des reproches, qu’il lui crie dessus, qu’il doute encore de tout qu’importait. Peut-être bien qu’elle ne pouvait pas aider le monde, ni Radcliff, mais dans ce cas, qu’on la laisse au moins l’aider lui.


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MessageSujet: Re: (fst, isolde) loving her was like breathing.   (fst, isolde) loving her was like breathing. Icon_minitimeMer 4 Mai 2016 - 4:36


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C’était comme s’ils étaient infiniment distants ; sans même le vouloir, probablement, séparés par des kilomètres alors qu’ils étaient dans la même pièce, et que le silence était aussi pesant qu’une chape de plomb. Ou que l’évidence. Qu’est-ce qui finirait sacrifié, dans cette histoire ? Leurs causes ? Eux deux ? La vie de l’un, abandonnant l’autre derrière ? Qu’avaient-ils dû traverser, tous les deux, pour ces dernières heures ? Malgré ses convictions, malgré son envie de se concentrer sur l’important, sur le besoin de retrouver Isolde, Cesare n’avait pu s’empêcher de laisser les doutes fracturer tout son être dans ces moments – ces moments de flottement, à attendre, à calculer, à être patient alors même qu’il aurait voulu pouvoir bondir à travers toutes les rues de cette ville misérable. S’il s’était écouté, probablement qu’il aurait fini par la raser, à la recherche frénétique du parasite qui s’en était pris à Isolde. Et si elle était déjà morte ? Et s’il se pointait trop tard ? Et si c’n’était qu’une cause perdue, si la transmutante avait été emmenée hors de la ville ? Et si c’était son père ? Combien, combien d’pensées pouvaient tourner dans la tête de quelqu’un en une poignée de minutes à peine ? Il avait été comme un lion en cage, difficilement retenu par des obligations qu’on avait forcées sous sa peau – des promesses, des serments qu’il avait faits à Isolde elle-même. Ce sentiment, il était familier à ses souvenirs, similaire à celui qui l’avait submergé lorsqu’il avait affronté Artur Kovalainen, avec Moira au beau milieu de leur duel. C’type, comme le tueur de sa sœur, ils étaient, au fond, bien chanceux d’être encore vivants, pour il n’savait quelle raison ; comme pour l’autre abruti de Kovalainen, Cesare s’retrouvait assailli par le regret de n’pas avoir fini le boulot. A quoi bon, faire tout ça, si c’n’était pas pour aller jusqu’au bout ? A quoi bon laisser vivre tous ces gens, qui n’faisaient que prendre et prendre les vies des autres ? Est-c’que si quelqu’un venait réclamer vengeance vers lui, on s’contenterait de lui écraser des poings furieux contre le visage et le corps jusqu’à en saigner des jointures ? Rafael lui-même n’avait pas hésité à presser la détente meurtrière d’un flingue glacé à la première occasion qu’il avait eue, et ce serait probablement le cas pour n’importe qui d’autre. Et combien d’fois, combien d’fois au juste, Cesare s’était-il laissé happer, empoisonner par ses doutes, sa culpabilité, ses regrets ? C’n’était pas juste- pas juste de ressentir tout ça alors même qu’à la fin d’l’histoire, c’était toujours contre eux que les choses dégénéraient. Qu’est-c’que ce serait, la prochaine fois ? Il lui avait dit, à Isolde, pourtant, qu’il n’le supporterait pas s’il devait lui arriver quelque chose – qu’il deviendrait fou, littéralement fou s’il devait lui arriver quelque chose. Alors quoi ? Est-c’que c’était écrit pour arriver ? Est-c’que c’était eux, qui, encore et encore, s’plaisaient à provoquer les circonstances, avec leurs soi-disant grandes causes qui s’avéraient plus ingrates que jamais ? L’soir de sa mort, Aria avait prévu de partir, quitter la ville en le laissant derrière dans l’ignorance la plus totale. Et là, où est-c’qu’ils étaient, les alliés d’Isolde à qui elle vouait sa vie, son bonheur, sa confiance, toute son énergie ? Où est-c’qu’ils avaient été, au moment d’la chercher ? Peut-être bien qu’il suffirait que l’un d’ces dégénérés passe la porte maintenant, trop tard pour s’en ramasser une ; rien que parce que.

Valait mieux qu’il garde le silence, alors – parce qu’il n’savait même pas ce qu’il ferait des mots qui sortiraient d’entre ses lèvres, et écorcheraient douloureusement sa gorge. Est-c’qu’il hurlerait ? Est-c’qu’il murmurerait ? Est-c’qu’il s’effondrerait, à bout de souffle, à bout d’espoir, à bout de volonté ? Cesare n’avait même pas envie d’se confronter à ça, ou d’pousser Isolde à l’affronter, maintenant, alors même que les bips glacés de la machine leur rappelaient où ils étaient. Et pourquoi ils étaient là. Elle avait besoin de lui, qu’elle disait ; le DeMaggio sentit son regard s’faire plus fuyant, un instinct lui faisant tourner la tête vers la porte – pas parce qu’il avait peur que quelqu’un s’pointe pour interrompre le moment. Parce qu’il avait envie de partir, malgré ce qu’elle disait. Il savait, il savait qu’Isolde avait eu besoin de lui. Et qu’il n’avait pas été là. Et qu’est-c’qu’il pouvait faire, hein, de plus, pour s’rendre compte quand elle disparaissait, pour savoir quand il lui arrivait quelque chose ? Est-c’qu’il était censé rester collé à elle, craindre à chaque tournant de rue, chaque jour qui se levait ? C’était déjà presque trop le cas ; et Radcliff tout entier semblait trop hostile, trop ennemi, trop dangereux pour qu’il s’sente apte à supporter l’idée de devoir faire plus. Qu’est-c’qu’ils pouvaient faire de plus, franchement ?! De plus que perdre, encore et encore, des moments précieux ensemble, parce qu’ils avaient plus importants à faire, pour une ville qui n’en avait rien à foutre, et continuait d’tranquillement dormir pendant qu’ils se ruinaient ?! Qu’est-c’qu’ils pouvaient faire de plus, que mettre la vie de leur fille insidieusement en danger, parce qu’ils étaient eux, et que c’était le sang de leur sang, quelque chose que leurs ennemis sortis d’nulle part, n’hésiteraient que trop rarement à utiliser ? Il avait envie de hurler ça, ouais, à n’importe qui, n’importe quelle personne qu’il croiserait dans les couloirs, chaque être humain qu’il avait dévisagé ce soir, avec toute la haine du monde ; il détestait Radcliff, il haïssait la moindre misère d’humanité qui s’cachait dans ces rues, et rien, rien de c’qui s’passait ici, dans sa vie, dans leur avenir si espéré, si idéalisé avec Isolde, n’lui donnait la moindre foi en ce coin de monde pourri jusqu’à la moelle. Qu’ils crèvent tous, sous la main de Lancaster ou des hunters ; ça faisait longtemps déjà, que Cesare avait su qu’ils n’valaient pas la peine qu’il sacrifie quoique ce soit pour eux. Et il l’avait trop fait déjà, pourtant- abandonnant Aria au milieu du carnage pour sauver des vies inconnues, qui avaient probablement oublié son visage, son nom ou son implication dans leur survie – y paraissait que c’était être altruiste, être héroïque. Il échangerait tout l’héroïsme du monde contre sa sœur dans un claquement de doigts, si ça lui était possible. Alors est-c’qu’elle voulait vraiment qu’il dise quelque chose ? Ca semblait déjà être un effort incommensurable, alors devoir en plus contrôler ses mots, c’était impossible. « Qu’est-c’que tu veux que j’dise ? » avait-il au moins réussi à lâcher, avant de devoir à nouveau serrer les dents, remarquant enfin la main de la jeune femme, qui s’était déplacée vers lui, et qu’il jaugea, dévisagea de longues secondes sans pouvoir s’décider. Ils en étaient là ; il n’savait pas si ça en valait la peine, tout ça, d’remuer encore et encore les mêmes peines. Ils s’retrouvaient là, piégés dans un abîme de douleurs, et Cesare n’savait pas si eux deux ça pouvait bel et bien aider à endurer tout ça, ou si ça n’rendait que les choses plus compliquées. Il n’savait plus rien, au fond, parce qu’à chaque fois qu’il y croyait, on lui fauchait l’herbe sous le pied, alors ce soir, cette nuit, il n’avait plus envie d’y croire. Ou plus la force ; s’il écoutait chaque part endolorie de son corps, Cesare voudrait dormir pour des jours entiers, sans jamais s’réveiller – il aurait voulu être de retour des semaines en arrière, dans ce lit, avec Isolde, où les minutes n’avaient pas importé. Il aurait voulu retrouver ces sentiments-là, l’aisance avec laquelle il avait balayé sa peine, rien que pour lui prendre la main. Mais sa peine, là, elle le paralysait, égoïste, il le savait bien ; même au moment où ses épaules se tassèrent, son visage s’affaissa, d’une abdication sortie de nulle part. Elle frissonna tout le long de son échine, embua sa vue, et trahit ses sentiments si contradictoires en des larmes qui débordèrent de ses paupières, et qu’il n’se donna même pas la peine d’essuyer. « J’peux plus continuer comme ça. » qu’il admit, comme si c’était la chose la plus évidente et la plus difficile à dire ; et il n’savait même pas c’que ça signifiait. Est-c’que ça voulait dire eux deux ? Est-c’que ça voulait dire le reste du monde ? Au fond, c’n’était même pas qu’à lui de décider, d’savoir quoi faire ; il n’savait pas c’qu’y’avait dans la tête d’Isolde, ni ce qu’ils pouvaient faire de différent pour que ça n’arrive plus – ça continuait d’arriver, malgré leurs précautions, malgré leurs imprudences, malgré leur retenue ou leur folie. Il n’savait plus, et il n’pouvait plus continuer comme ça.
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Isolde Saddler
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Ça faisait un peu plus d’un mois maintenant qu’elle était à la mairie et c’était sans doute trop court comme temps pour vraiment voir les changements qu’elle essayait d’appliquer à Radcliff. S’il fallait faire un bilan de ce que  son poste lui avait apporté et ce qu’il lui avait pris, la liste serait déjà plus longue du côté de ce qu’il lui avait pris. Du temps, indéniablement, mais ça, elle avait été capable d’en donner tout autant quand elle avait été dans la police. Elle n’avait jamais été du genre à ne faire les choses qu’à moitié. Mais au-delà de ça, elle avait survécu à une bombe qui avait tué soixante-trois personne, elle avait survécu à un psychopathe qui avait dû avoir une liste de chasse longue comme le bras, une liste sur laquelle la sœur de Cesare apparaissait. Et maintenant ça. Des heures à se faire torturer par un taré. En retour elle avait eu quoi ? La satisfaction de mettre à mal les laboratoires ayant mis sur le marché des bracelets de détection à la con et un putain de vaccin, eux qui expérimentaient injustement sur les transmutants comme si ça n’avait rien de bien grave. Y avait quelques hunters qui avaient été reconnus pour leurs crimes et qui étaient bons pour le couloir de la mort. Les rues de Radcliff étaient plus sûres, mais y avait encore des morts, des disparitions, des blessés et les hunters n’avaient pas franchement l’impression de craindre les conséquences de leurs actes. Elle avait soudainement l’impression que les efforts qu’elle faisait ils étaient absolument inutiles. Elle pouvait bien se dire qu’il fallait se donner le temps, que les miracles ça ne réalisait pas en trois jours, mais c’était dur de réaliser que les trucs biens prenaient du temps, alors même que les horreurs pouvaient se réaliser en quelques heures seulement. Toujours cette même injustice, entre elle, ce qu’elle voulait et ce que les hunters étaient capable de faire, fallait croire qu’ils gagneraient tout le temps de toute façon.

Ils l’avaient complètement abattue aujourd’hui. La seule chose qui la retenait de vraiment abandonner là dans l’immédiat, c’était le fait qu’elle avait tenu pendant des heures et des heures à se faire torturer sans jamais rien lâcher. Si elle abandonnait maintenant, elle aurait tenu bon pour rien du tout. Même pas pour son égo, parce qu’elle se savait quand même avoir été sur le point de flancher. Une dizaine de minutes de plus sûrement et elle aurait abandonné. Si c’était pour lâcher maintenant, elle aurait très bien pu le faire dès le début et s’éviter bien des problèmes. Mais elle ne pouvait plus sacrifier toutes les choses qu’elle voulait dans sa vie au profit de résultats toujours trop limités. Qu’est-ce qu’elle allait perdre encore aujourd’hui ? Cesare ? C’était l’impression qui venait un peu plus briser son cœur en vrac alors qu’elle ramenait doucement sa main vers elle. Elle maudissait vraiment toutes les douleurs qui lui paralysaient le corps, alors que les larmes sur ses joues lui donnait juste envie de se lever de ce lit pour venir le prendre dans ses bras. Elle aurait voulu qu’il vienne près qu’elle pour qu’elle puisse l’étreindre, puisque c’était tout ce qu’elle avait pour le rassurer à présent. Elle n’avait pas de discours à lui servir, d’espoir à étaler pour l’aider à croire que tout irait bien, parce qu’elle n’y croyait même plus elle-même. Ce n’était pas en eux deux qu’elle ne croyait plus, c’était en tout le reste. « Je sais … » C’était ce qu’il disait dès que ça devenait compliqué et jusqu’à présent, elle avait toujours cru qu’elle trouverait un moyen de lui prouvait qu’il avait tort, que ça irait, mais ça faisait trop d’échecs consécutifs pour qu’elle puisse recommencer comme ça. « J’peux pas non plus … » Elle allait mourir si elle continuait comme ça, c’était difficile de voir les choses autrement à présent, alors qu’elle avait vraiment cru que ce serait l’issu de toutes ces heures en tête à tête avec ce connard de hunter. « J’ai pas envie de mourir pour cette cause … » Cette cause, à croire que ce n’était même plus sa cause à présent, juste un truc dans lequel elle s’était enfoncé tellement profondément qu’elle ne pouvait plus en sortir. Toutes les convictions qu’elle avait eues, elles n’avaient presque plus de sens en cet instant. « T’es pas le seul à qui j’ai pu le dire, ça me donnait l’impression d’être courageuse et de pouvoir tout faire. » Et finalement ça n’avait été que l’orgueil d’une gamine qui ne connaissait rien à la vie qui s’était trop souvent exprimé, fallait croire que ces dernières semaines, elle en apprenait beaucoup sur la vie. « Je voulais changer les choses dans cette ville, je voulais aider les gens. Depuis les bombes, on a eu genre un mort et deux disparus, et ça ressemblerait presque à une victoire dans cette ville. » Deux disparus, ça faisait deux morts, dans le coin, alors on était passé à 3 morts depuis qu’elle était maire, pour des dizaines des dizaines depuis Lancaster. Enfin, on parlait des disparitions officielle cela-dit, devait bien y en avoir d’autres, celles qui n’avaient jamais été signalées à la police. Mais y avait quand même un changement dans la façon dont se déroulaient les choses à présent. « Mais si, à chaque fois que j’fais quelque pour protéger les autres, faut qu’on essaie de me tuer ou qu’on … » C’était encore trop tôt   pour qu’elle prononce le mot torture pour le moment, pas besoin qu’il soit là pour que la phrase ait du sens de toute façon. « J’peux plus faire ça mais j’ai l’impression que je peux pas non plus abandonner. » Elle ne savait pas quoi faire, y avait trop de conflits en elle, aussi bien au fond de son crâne qu’au fond de son cœur. Pas concernant Cesare, pas concernant Clara, mais pour le reste de sa vie. Fallait croire qu’elle avait eu plus besoin de parler elle que d’écouter Cesare parler au final et elle en avait encore plein sans doute, des trucs à raconter, tous ces conflits qui se jouaient à l’intérieur d’elle-même, ces doutes qui étaient à présent ancrés en elle, mais qui au moins, ne viendrait jamais mettre à mal leur couple, parce que Cesare, au même titre que Clara, il faisait partie de ces choses, qu’elle n’abandonnerait jamais, le reste, c’était une autre histoire à présent.
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Cesare DeMaggio
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MessageSujet: Re: (fst, isolde) loving her was like breathing.   (fst, isolde) loving her was like breathing. Icon_minitimeMer 4 Mai 2016 - 20:39


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L’espoir d’Isolde, ç’avait toujours été ce quelque chose entre eux ; qui parfois posait problème, s’confrontait brusquement aux désillusions du DeMaggio. Mais qui, bien plus souvent, insidieusement, lui permettait peu à peu d’voir les choses différemment : comme aurait-il pu en être autrement, alors qu’il s’enivrait si facilement du moindre instant passé en la compagnie de la jeune femme ? Cesare s’était laissé aller à baisser sa garde avec Isolde, encore une fois, et la menace était arrivée d’un angle mort qu’il avait oublié depuis longtemps déjà. Il n’savait plus, si c’était de sa faute à lui, d’sa faute à elle, ou de la faute du reste du monde ; au fond, l’important, c’était qu’c’était arrivé, et qu’ils étaient là, dans une misérable chambre d’hôpital, à devoir réparer les morceaux de leurs cœurs et d’leurs êtres brisés. Combien d’temps faudrait-il à la jeune femme, avant qu’elle y croie à nouveau, qu’elle se reprenne et se sente à nouveau en sécurité ? Une poignée d’heures, il n’suffisait que de ça, pour que le monde bascule dans les abysses et devienne subitement si compliqué. Mais le chasseur, lui, il n’était pas l’expert des mots évidents, celui qui alimentait et insufflait les volontés et l’espoir chez les autres – ç’avait toujours été Isolde, en eux deux, qui trouvait des répliques avec un quelconque sens pour donner une direction à toutes les luttes qu’ils enduraient. Mais n’en enduraient-ils pas trop ? Cesare n’serait jamais celui capable de contredire les impressions de la mutante à ce sujet – au contraire, elles étaient trop profondément ancrées en lui qu’il n’avait pas envie d’en parler. Il n’avait pas envie d’livrer ce qu’il avait à livrer à Isolde, en s’imaginant qu’elle n’aurait pas les mêmes convictions que lui. Parce que lui, il n’pouvait plus, il n’pouvait vraiment plus continuer comme ça ; compter sur les doigts de sa main, ses derniers alliés, êtres aimés, qui s’faisaient peu à peu éradiqués sans qu’il n’voit rien venir. Il n’pouvait pas, revivre ce qui était arrivé à Aria ; et il avait été fou d’croire que l’espoir suffisait à changer quoi que ce soit, alors même qu’y’avait eu l’incident avec Kingsley Moren, l’exacte même configuration qu’à la fête foraine, les derniers instants de vie de sa cadette, et lui, qui avait failli. Il faillait trop souvent ; et les conséquences de ça étaient toujours fatales, sanglantes, destructrices. Alors il n’pouvait plus, non, continuer comme ça ; et il n’savait pas c’que ça devait signifier – s’il allait s’mettre à tuer tous ses ennemis, empilant les cadavres pour être craint, respecté, détesté afin que plus personne n’daigne croiser son regard. Si ça voulait dire que si eux deux, ils n’trouvaient pas un quelconque juste milieu, ils n’pourraient plus exister ensemble, parce que c’était trop dur, trop compliqué d’la laisser partir tous les matins avec ce doute abyssal au creux des entrailles. Si ça voulait dire qu’ils plieraient bagages tous les deux, embarquant Clara sous leur bras, abandonnant Radcliff à son misérable sort, sans s’retourner une seconde. Callahan, son père, sa cousine, n’importe quel autre ennemi lové dans les ténèbres ; ils étaient tous insignifiants là, maintenant, parce que ç’avait été une erreur de lister les adversaires comme s’ils étaient limités à quelques personnes. Ils étaient partout, et ils n’s’arrêteraient jamais.

Et il n’savait pas vraiment ce qu’Isolde avait à répondre à ça – il n’avait pas envie qu’elle lui sorte un autre de ses blablas remplis de volonté qui n’faisaient qu’à peine écho chez lui, le reste du temps, mais n’aurait certainement aucun sens ce soir. Il n’voulait pas, qu’ils s’engagent sur ce chemin-là, irrémédiablement funeste pour leur histoire ; parce qu’il semblait bien qu’y’avait aucune compatibilité possible, trop souvent, entre l’existence qu’ils menaient aux yeux des autres et celle, trop pleine d’idéaux trop fous pour la vie qu’ils menaient, quand ils étaient ensemble. Alors Cesare souffla, ayant envie de s’éloigner déjà et de rembobiner pour ravaler ses paroles, dès lors que la confession tomba, lourde de conséquences ; il en essuya rapidement les larmes traitresses qui laissaient encore des sillons derrière elles, annonciatrices de ces maux qu’il gardait, gardait si profondément écrits en lui par les circonstances. Ça lui avait foutu le vertige, le soir de son anniversaire, toutes les choses qui s’étaient passées en une année à peine ; mais à longueur de journée, tous ces événements, ils s’manifestaient en cette peine chronique, lancinante, lovée dans ses entrailles. Il l’écouta alors, la réponse presque trop surprenante, trop imprévue d’Isolde ; et il savait, au fond de lui, quelque part dans son cœur tambourinant contre son poitrail, que ces doutes n’appartenaient pas à Isolde. Pas à la Isolde qu’il aimait, celle qui aimait Radcliff, celle qui s’était tant battue. Il savait, qu’il devait peut-être dire quelque chose, trouver le speech pour la motiver lui, cette fois ; mais rien ne vint. « Arrête. » qu’il lâcha, une confession à voix brisée, la gorge tendue, ses mâchoires se crispant bien assez vite. « S’il te plait. » ajouta-t-il au moins, le regard toujours fuyant, incapable de savoir c’qu’il disait, comment elle le prendrait, ni même comment ça pourrait tourner. Là, au bord de son esprit, contre son crâne, tambourinant en une idée tortionnaire, il voulait qu’elle arrête, oui ; qu’elle laisse tout tomber, qu’ils aient enfin quelque chose à eux. Isolde, elle avait sauvé plus de vies que n’importe qui dans c’te ville, probablement, et elle avait déjà assez donné pour quelqu’un qui n’avait que vingt-cinq ans. Au-delà de ça, y’avait tous les autres, qui n’vivaient que pour eux, n’fonctionnaient que pour leur propre avantage, leurs propres ambitions. Des gens qui avaient détourné le regard devant les enfants DeMaggio, alors que leur vie tournait lentement mais sûrement au cauchemar. Des gens égoïstes ; alors pourquoi n’avaient-ils pas le droit de l’être, eux ? Pourquoi est-c’que Clara n’avait pas le droit de connaître une vie où toutes les questions difficiles qui les assaillaient, tous les deux, n’auraient jamais leur place ? Pourquoi est-c’que Clara devait toujours être refilée à des gens, à l’autre bout de la ville, parce que sa mère s’occupait de la mairie et son père chassait les monstres qui se planquaient dans leurs bureaux, derrière leur fric et leur influence ? Qu’est-c’qu’ils en avaient à foutre, du reste du monde ? Il inspira une bouffée d’air, brûlante de culpabilité dans sa gorge, toujours incapable de la regarder. « J’suis désolé. J’peux rien dire d’autre. » il n’pouvait pas construire de faux discours pour la remotiver. Pas maintenant, pas ce soir. Peut-être que c’était ça, le concept aussi ; si ça n’devait pas être pour toujours, ils avaient au moins le droit à un peu de temps. Plus qu’une poignée d’heures, plus qu’un bonheur qui s’effritait dès que le jour se levait. Plus que des moments cachés. Isolde aurait eu droit à prendre son congé maternité, pour voir leur fille grandir. Il aurait dû avoir le droit de porter le deuil de sa sœur. La vie avait toujours trop exigé d’eux, c’était bien pour ça que c’était la vie, le problème, dans l’histoire.
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Isolde Saddler
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MessageSujet: Re: (fst, isolde) loving her was like breathing.   (fst, isolde) loving her was like breathing. Icon_minitimeMer 4 Mai 2016 - 21:50

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Laisser tomber, ça aurait été la solution la plus évidente, sans doute. Tout plaquer et quitter cette ville de malheur, aller construire une vie ailleurs, loin du merdier qu’ils pouvaient connaitre à Radcliff, mais ça sonnait presque comme un rêve, un truc impossible, comme si quoi qu’ils fassent, y aurait toujours quelque chose pour les retenir avant qu’ils aient passé la frontière de cette ville. Pourtant, ils en avaient déjà parlé, vite fait, sans qu’elle ne puisse vraiment imaginer le faire, de partir très loin d’ici. Mais elle ne savait pas si c’était vraiment possible, elle avait vraiment cette impression d’être complètement enfoncée dans les problèmes et qu’elle n’en ressortirait jamais. C’était de sa faute sans doute, parce qu’elle avait fait ses choix depuis un long moment maintenant et qu’elle devait bien les assumer à présent. Elle était maire de cette ville, elle avait des responsabilités, elle en pouvait pas juste s’enfuir sans se retourner en laissant les gens à qui elle tenait se débrouiller avec les problèmes qu’elle aurait laissé derrière elle. Y avait vraiment du monde à qui elle tenait dans cette ville, Léda, Aldrich et bien d’autres. Elle avait des amis et elle ne pouvait pas simplement leur tourner le dos. Mais à côté de ça, elle avait aussi envie d’une vie meilleure, une vie normale, avec sa fille et l’homme qu’elle aimait, une vie dans laquelle elle pourrait faire des plans sans craindre de se retrouver à un moment attachée à une chaise à se faire torturer. Logiquement, si ses amis, ils tenaient à elle autant qu’elle tenait à eux, est-ce qu’ils ne voudraient pas qu’elle la saisisse sa chance d’avoir une vie meilleure ? Même si ça voulait dire abandonner et partir sans se retrouver. Au pire, y avait rien qu’elle faisait ici que personne d’autre n’était capable de faire. Peut-être même qu’il y avait quelque part dans cette ville quelqu’un de plus courageux qu’elle qui s’en sortirait beaucoup mieux qu’elle.

Alors il fallait qu’elle arrête, mais qu’elle arrête quoi ? De parler comme elle le faisait ? Complètement démotivée, à des années lumières de ce qu’elle avait pu être d’habitude ? C’était elle d’habitude qui trouvait quoi dire pour aider les autres, c’était comme ça qu’ils s’étaient rencontrés avec Cesare après tout, alors qu’il avait été dans ce groupe et qu’elle s’était présenté à lui pour l’aider, avec un tas de discours dans lesquels y avait eu beaucoup plus de motivation que ça. Elle y avait cru en ses discours, ceux qu’elle avait servi à Cesare, ceux qu’elle avait balancé aux membres d’Insurgency, ou encore deux qu’elle faisait en tant que maire de Radcliff. Mais là en cet instant, elle ne croyait plus en grand-chose, alors elle ne pouvait pas arrêter de parler comme ça. Est-ce qu’il voulait qu’elle arrête tout ? La mairie, les risques, les objectifs qu’elle avait pu se fixer ? Il n’avait jamais été franchement convaincu par ce qu’elle faisait. Il détestait Insurgency, il n’était pas un grand fan d’Isolde la maire de la ville. Alors peut-être bien que c’était ce qu’il voulait qu’elle laisse tout tomber. C’était aussi ce qu’elle voulait en cet instant, quand bien même elle n’était pas certaine de pouvoir. Elle avait besoin d’y penser, mais pas maintenant, là elle voyait tout en noir alors y avait rien de bon qui sortirait de ses réflexions, mais elle n’avait pas non plus envie de refermer les paupières pour se reposer, elle avait trop peur d’être de nouveau hantée par ses souvenirs. « Je suis désolée … T’es tombé amoureux d’une fille qui pensait pouvoir sauver le monde … J’ai l’impression qu’elle est plus là. » Elle avait été complètement bouffée par une Isolde en colère, parce qu’il avait sans doute eu raison à cette époque aussi Cesare, Insurgency, ce n’était pas elle, c’était pas ce qu’elle avait voulu au départ, c’était juste un trop plein de haine qu’elle avait laissé s’exprimé et dès lors qu’elle était retombé sur un moyen de faire les choses autrement, d’une meilleure façon, elle se retrouvait complètement détruite par le premier type qui décidait de s’en prendre à elle. Elle aurait voulu la retrouver elle, cette Isolde-là, celle qui n’avait pas encore trop perdu pour ne voir plus que le monde comme un immense chaos. Une année ça avait suffi à la changer radicalement, si elle continuait comme ça, c’était à peine si elle finirait par se reconnaitre dans la glace. Alors fallait arrêter, les doutes, les craintes, les responsabilités, la mairie, Radcliff. Peut-être pas pour toujours, mais au moins le temps de se retrouver plutôt que de rester là à continuer de se fissurer à chaque nouvelle épreuve qui s’imposerait à elle. « Tu te souviens, quand on parlait partir très loin d’ici ? Est-ce qu’on ne pourrait pas faire ça ? Au moins pour quelques temps … » Une semaine, deux semaines, peut-être plus, peut-être trop longtemps pour qu’ils puissent envisager de revenir dans cette galère qu’était Radcliff. Assez longtemps en tout cas, pour qu’ils puissent se ressaisir, tous les deux, parce qu’elle savait bien que lui aussi, il doutait souvent, il doutait plus qu’elle, c’était presque nouveau pour elle tout ça et prendre la fuite, ça semblait être la réponse la plus évidente au problème.
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Cesare DeMaggio
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MessageSujet: Re: (fst, isolde) loving her was like breathing.   (fst, isolde) loving her was like breathing. Icon_minitimeMer 4 Mai 2016 - 22:53


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La vie de Cesare, elle avait toujours été mêlée à la guerre ; d’ces batailles que d’autres avaient avidement ignorées, pendant que lui, il y livrait chaque part d’énergie et d’humanité dont il pouvait disposer. Il n’savait pas clairement, comment le père d’Isolde avait pu associer l’idée de protéger sa fille, et quelque chose qui s’approchait un tant soit peu d’une vie normale – c’qu’il savait, c’était que ses parents à lui n’s’en étaient jamais donnés la peine. Ils l’avaient, au contraire, balancé ouvertement en pâture à des ennemis qui n’avaient cessé de lui sauter à la gorge depuis ; y’avait eu des innocents sur le chemin, ouais, y’avait aussi eu des êtres vicieux, fous, qui avaient eu tout autant envie de le tuer que lui l’envie de les tuer. Le simple fait, que ces vingt-six dernières années pouvaient s’résumer par le fait que Cesare avait eu plus de flingues pointés dans sa direction que de gâteaux d’anniversaire, devait déjà en dire long. Et le seul instinct qui le submergeait, la plupart du temps, quand il serrait Clara dans ses bras, c’était le besoin de n’pas faire connaître ce genre de vie à sa fille ; certes, peut-être qu’elle se révélerait être une transmutante, et qu’y’aurait des fous qui viendraient s’attaquer à elle rien que pour ça. Ça n’voulait pas pour autant dire que toute sa vie devait être écrite dans la méfiance, l’hostilité, et la crainte de l’avenir ou de l’autre ; Isolde et lui, ils avaient grandi dans des univers séparés, dichotomiques, et à mesure que leur histoire s’allongeait, leurs passifs remontaient à la surface et s’entrechoquaient violemment : elle, elle s’disait que si elle avait grandi préparée, elle aurait pu sauver son père, ou agir. Lui, il s’disait qu’un peu plus d’inconscience dans sa vie, ça n’lui aurait pas fait de mal. Et il n’pouvait tout simplement pas, pas du tout imaginer une Clara à ses quinze ans tel que lui il avait été, ou telle qu’Aria avait été à cet âge-là ; il n’voulait pas l’imaginer à devoir se battre pour survivre, à devoir subsister par-dessus le cadavre des autres, ou d’un combat rondement mené contre un adversaire qui ressemblait à une hydre légendaire qui n’mourrait jamais complètement. Le lignage de Clara, la condamnait déjà à une existence qui tournerait au cauchemar à un moment ou un autre ; il suffirait juste qu’elle gratte la surface, qu’elle s’pose des questions au sujet de la famille de son père, pour que son monde tout entier soit réduit en cendres. Devaient-ils nécessairement ajouter autre chose ? Etait-ce vraiment protéger Clara, que d’mêler sa petite vie innocente, à leurs causes bien plus grandes ? Aurait-ce été protéger Clara, que d’devenir maire, pour mourir cette nuit ? Clara aurait fini orpheline, sur les bras d’un Cesare qui n’aurait franchement pas su quoi faire, pas su comment garder son esprit sain. Déjà en retrouvant Isolde vivante, il avait pété un câble, à cause des heures trop longues passées dans la perdition, l’inconnu, l’imprévisibilité d’un destin suspendu aux caprices d’un fou furieux. Il n’voulait pas revivre ça, il n’en aurait pas la force ; la guerre, chez lui, ça faisait vingt-six ans qu’elle durait, vingt-six ans, qu’elle dictait et ruinait sa vie à chaque tournant, chaque décision qu’il osait prendre. Il avait espéré qu’Isolde comprendrait, à une époque. Et il avait fini par s’dire qu’avec elle, il pourrait au moins encaissé la plupart des chocs à sa place. Mais il avait eu tort, et les batailles étaient venues leur exploser au visage. Et maintenant, et maintenant

Les mots d’Isolde avaient quelque chose de désespéré, désemparé. Il comprenait ; il comprenait, le duel qui se jouait en elle, entre l’abattement et cette flamme de volonté qui survivait en elle – combien de fois, avait-il été déchiré entre ces deux parts de lui, lui aussi ? Avait-il toujours pris la bonne décision ? Peut-être bien que s’il s’était détourné de tout ça, des années plus tôt, il aurait eu l’occasion de vivre déjà mille choses plus douces, plus rassurantes, et moins douloureuses que les peines qu’il portait à bout de bras, et marquaient son âme à jamais. Cette perdition, cette indécision, c’était exactement c’qu’il avait ressenti, au moment où Isolde était entrée dans sa vie. Il soupira donc, se sachant bien trop indigne des intentions qu’elle déposait sur lui – il était si tenté de choisir l’option de facilité, d’entrainer Isolde avec lui dans l’abandon qu’il poursuivait encore et encore. Lui, il n’voulait plus se battre, et il n’voulait plus qu’elle le fasse. Mais c’n’était pas à lui d’choisir pour elle. Et s’il était assez fou pour le faire, pour l’aiguiller dans une direction insidieusement opposée à ce qui survivait, comme volonté, en elle, est-c’que ça ne les ruinerait pas ? Et pourquoi devaient-ils prendre une décision maintenant ? Y’avait peu d’choses qu’il savait, sur sa vie, là maintenant, hormis ce qui était là, sous ses yeux, ce pour quoi il était resté au chevet d’Isolde pendant toutes ces heures. Il l’aimait, et il en oubliait volontiers le reste du monde dès qu’il se perdait dans son regard. Alors enfin, Cesare vint atteindre la main de la jeune femme, l’enserrant entre ses doigts pour y exercer une faible pression. « Je sais pourquoi j’suis tombé amoureux d’toi, Isolde. Et je sais que j’peux aimer n’importe quelle version de toi. » il l’avait aimée quand elle avait été trop occupée à le détester, crachant toute sa rancœur à son visage. Et il savait, il savait qu’il aimerait l’Isolde vivante, qu’il verrait fleurir sous son nez, s’ils quittaient Radcliff pour avoir leur vie à eux. Pour quelques temps. Ou pour toujours. « Et-… je sais que c’est compliqué, mais la fille qui veut sauver le monde, elle est toujours là. » et ça pouvait même être à plus petite échelle, ou différemment, ou juste une option réfrénée. Et pendant un instant, son regard faiblit, alors qu’il cherchait des mots, une longue litanie qu’il n’avait pas, pour remotiver Isolde. Mais c’n’était pas ce qu’il voulait faire. C’n’était pas ce dont elle avait besoin. Il vint poser sa deuxième main sur leurs autres entremêlées, glissant une douce caresse le long de son poignet. « Si on fait ça, j’vais t’emmener très très loin. » pour la première fois, au moins, il eut un sourire, franc, réconfortant et réconforté. « Au moins pour quelques temps. » et ils n’pouvaient pas prétendre ne pas en avoir besoin, ou n’pas en avoir envie ; ils luttaient de plus en plus pour se séparer quand ils se retrouvaient, grignotant les heures comme caprice. A chaque fois, au lieu de devenir plus facile, ça devenait de plus en plus difficile, lui retournant les tripes, à mi-chemin entre la peine et l’impatience ; quand est-c’que ça allait changer ? Peut-être que ça incombait à eux, d’prendre ce qui leur revenait de droit. « Tu dois rien à personne, Isolde. T’as pas lâché, parce que tu l’as fait pour toi. » probablement qu’elle serait morte, si elle l’avait fait. « J’ai envie de partir, aussi. Loin. Avec toi. Pour quelques temps. » et n’était-ce pas la première fois, qu’ils manifestaient si ouvertement, quelque chose dont ils avaient envie, qui n’était ni une obligation, ni un devoir qu’ils estimaient avoir pour une part du monde. Si, comme Isolde le lui avait dit, c’n’était pas une question de mérite, mais une question de droit, de bonheur, d’opportunité à saisir, alors qu’ils le fassent.
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Isolde Saddler
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MessageSujet: Re: (fst, isolde) loving her was like breathing.   (fst, isolde) loving her was like breathing. Icon_minitimeJeu 5 Mai 2016 - 0:25

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Where do we go from here? Where do we go? And is it real or just something we think we know? Where are we going now? Where do we go? Cause if it's the same as yesterday, you know I'm out, just so you know, Because, because our paths they cross, Yesterday was hard on all of us, on all of us. — Yesterday Was Hard On All Of Us.

C’était fatiguant de croire qu’on ne pouvait jamais abandonner et de continuer à s’accrocher encore et encore, malgré les épreuves, malgré les doutes, malgré le monde qui semblait ne pas décider à vouloir tourner correctement. Isolde était arrivée à un point, où elle avait au moins besoin de relâcher la pression. Elle avait tout enchainé trop vite, entre sa grossesse, l’accouchement, le fait d’être mère, la mairie. Ça faisait plusieurs mois qu’elle n’arrêtait plus. Et c’était sans parler de tout ce qui s’était glissé sur son chemin entre temps. La mort d’Anthea, ce qu’elle avait appris sur celle de son père, les bombes, les morts, Moren et maintenant ça. Elle avait toutes les raisons du monde d’avoir envie de prendre un break. S’éloigner de ça pendant un temps, faire le point loin de l’enfer de cette ville, pour peut-être recommencer son boulot plus motivée, plus déterminée, ou alors complètement abandonner. Parce qu’elle ne savait pas pour le moment, si elle voulait continuer ou si au contraire, elle voulait tout abandonner. C’était un duel à l’intérieur d’elle-même et elle ne savait pas comment le résoudre. Ça ne se ferait sans doute pas en quelques heures. C’était de jours dont elle avait besoin pour réfléchir à tout ça. Peut-être même de semaine, vu comment elle s’était complètement perdue. Elle n’était plus sûre de rien, à part sans doute de ses sentiments pour Cesare, de ceux qu’elle avait pour leur fille et de sa volonté d’avoir un avenir avec eux. Une vie heureuse, ce qui incluait inéluctablement, le fait qu’elle ne meurt pas un beau jour au nom de cette cause qu’elle avait trop souvent défendue. Celle qui l’avait poussée jusque dans cette mairie qui déjà, compliquait tant de choses. Elle était tellement fatiguée, tellement brisée et tellement perdue à l’heure actuelle qu’elle avait même l’impression de ne plus savoir quel genre de personne elle était.

Elle avait passé tellement de temps de sa vie à vouloir aider les autres. Comme son père l’avait toujours fait avant elle. Elle avait suivi ses traces après sa mort alors qu’avant, elle n’avait jamais prévu d’arriver à la police. Mais il l’avait inspirée. Il avait été un héros, pour elle, pour Radcliff, à cette époque où la police servait encore à quelque chose dans cette ville. Elle avait voulu être comme lui, elle s’était sans doute écartée de la voie. Elle se demandait parfois, qu’est-ce qu’il penserait d’elle aujourd’hui, s’il la voyait ? Elle ne savait pas s’il serait très fier de ses choix. Pas de ceux qui l’avaient poussée à poser des bombes sans doute, pas d’Insurgency. Cesare et lui, ils auraient probablement pu s’entendre sur bien des choses, au moins ce qui la concernait elle, parce qu’ils avaient sans doute cette même façon de vouloir la protéger. Elle aurait dû l’écouter Cesare à cette époque et arrêter tant qu’il était encore temps, mais y avait eu trop de colère, trop d’orgueil pour qu’elle le fasse et au bout du compte, elle avait perdu pied. Son regard se posa sur la main de Cesare qui avait enfin pris la sienne, avant qu’elle ne relève les yeux vers lui. Elle soupira légèrement avant de reposer ses yeux sur leurs mains. « Même, celle qui est brisée ? » Parce que c’était comme ça qu’elle se sentait, complètement brisée, et c’était peut-être plus une façon de le lui dire qu’une véritable question qu’elle posait. Parce que ça servait à rien de mentir et elle n’aurait trompé personne qui elle avait dit être au top de sa forme. « Pour le moment, j’ai juste envie de me sauver moi. » Tant pis pour le reste du monde. C’était peut-être égoïste, mais peut-être qu’elle avait le droit de l’être de temps en temps. Elle n’était pas un super-héros de toute façon, y en avait pas de toute façon, juste des humains, avec des faiblesses qui pouvaient bien les abattre par moment. Elle releva finalement les yeux vers lui, un léger sourire sur les lèvres. « Merci … » Il l’avait déjà dit de toute façon que si elle voulait partir, il viendrait avec elle, mais ça avait quelque chose de rassurant ce qu’il disait et elle avait sans doute vraiment besoin d’être rassurée. Elle lui adressa un autre sourire, léger, discret. Non, elle n’avait pas lâché parce qu’elle avait voulu tenir bon, par principe, parce qu’elle avait beaucoup trop d’orgueil, mais elle n’avait pourtant pas été très loin d’abandonner. « Clara aussi. On devrait l’emmener aussi. » Ce n’était pas négociable de toute façon, elle savait qu’elle pouvait faire garder la petite quelques jours, là n’était pas le problème. Elle n’en avait juste pas l’envie. Ce n’était pas comme s’ils prévoyaient leur lune de miel après tout ; là ouais, peut-être que si ça devait arriver, ils voudraient être que tous les deux. « Où est-ce que tu voudrais aller ? » Elle n’avait jamais beaucoup voyagé, alors si elle devait choisir une destination, dans le fond elle ne saurait pas trop vers où aller, y avait plein d’endroits qu’elle voudrait bien voir, trop d’endroits pour pouvoir n’en choisir qu’un. Elle n’en avait pas vu grand-chose du monde, trop attachée à la petite ville de Radcliff, au beau milieu du Kentucky. Elle était certaine qu’il avait une plus vaste connaissance du monde qu’elle, alors qu’il la fasse rêver un peu, elle en avait bien besoin en cet instant.
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Cesare DeMaggio
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MessageSujet: Re: (fst, isolde) loving her was like breathing.   (fst, isolde) loving her was like breathing. Icon_minitimeJeu 5 Mai 2016 - 2:36


THE LIGHT SHINES IN THE DARKNESS
you're attached by this invisible tether
and no matter how far away you are
you can always feel them
☆☆☆


Y’avait des craintes qui n’avaient jamais quitté son esprit, peu avait importé le moment ; Cesare n’avait pas voulu les écouter, les laisser lui pourrir la vie, lui bouffer du temps, lui aspirer de l’énergie. Peut-être aurait-il dû, n’jamais se départir de ses instincts, de ses méfiances, de toutes les pensées qui lui laissaient croire que l’monde était hostile. Radcliff était hostile, entièrement et pleinement, une assurance qu’il était bien mauvais de perdre en de mauvaises circonstances. C’était peut-être bien ce qui avait couté la vie à Aria, et c’qui avait provoqué les explosions de la fête foraine. C’qui avait poussé Isolde à se mettre sur le devant de la scène, sous le feu des projecteurs comme principale adversaire de Lancaster ; lui, ce soir-là, où il était allé la voir à ce sujet, ç’avait été la peur qui l’avait porté, l’inquiétude viscérale qui s’était répandue comme de l’acide à travers ses veines et ses chairs, éveillant la rage, la bile des cris qui avaient passé la frontière de ses lèvres. Mais il n’avait pas eu envie de la perdre ; il avait eu trop peur, probablement, lâche, trop lâche. Le pauvre Cesare qui avait déjà perdu sa sœur, trop d’amis, trop d’alliés, le pauvre Cesare qui n’avait plus d’autre repère que ceux qu’elle lui offrait ; au moment fatidique de mettre la Saddler au pied du mur, il avait reculé. De peur qu’elle choisisse sa cause avant lui, de peur qu’à chaque tournant, y’ait la fin, pour eux, qui s’annonce et foute un point final à leur histoire si chaotique. Est-c’qu’ils avaient enduré tout ça, est-c’qu’ils s’étaient promis tout ça, simplement pour n’plus qu’il y croit, se dégonfle et la pousse à choisir entre ce qu’elle jugeait bon de faire, et ce qu’ils pouvaient devenir ensemble ? Le DeMaggio n’avait jamais eu le cran de prendre ce rôle-là, et peut-être avait-il eu tort. Peut-être que s’il l’avait fait, Isolde n’aurait jamais été enlevée ce soir. Peut-être que s’il l’avait fait, ils auraient connu des moments plus heureux, plus merveilleux, plus insouciants. C’était toujours comme ça, la façon dont l’histoire se réécrivait avec des ‘si’ dès lors qu’il se plongeait dans sa tête : parce que partout où il allait dans son jadis, y’avait des regrets pour teinter de trop de réalité, les rares moments heureux qu’il avait eus. S’il avait fait les choses mieux, peut-être que ces moments-là n’auraient jamais été rattrapés par la douleur, la réalité, des peines et des peines que les autres enduraient toujours à sa place. N’était-il destiné qu’à ça, altruiste, prêt à mourir parce que sa vie n’valait rien, et pourtant condamné à voir l’reste du monde être sacrifié dans ses échecs ? Les transmutants du groupe dont ils avaient fait partie, ceux qu’il avait tués plus jeune, au cours de sa vie ; Aria, Anthea. Isolde. A chaque acte, chaque choix, y’avait son lot de conséquences et de responsabilités ; une assurance qu’on lui avait inculquée depuis aussi loin qu’il s’en souvenait – mais là, c’en était trop. Là, il courbait l’échine ; qu’on lui prenne sa vie à lui, qu’on le torture lui, qu’on l’attaque lui. Il n’pouvait pas, n’pouvait pas continuer à réprimer des relents de son âme alors même que c’était toujours d’autres qui en subissaient les conséquences.

Alors serrer la main d’Isolde entre les siennes, avait quelque chose d’irréel, et peut-être bien qu’elle pouvait la sentir, la moiteur nerveuse qui s’était emparée de ses paumes. Il avait envie de lâcher, tout comme il avait envie de tenir ses doigts entre les siens pour toujours. Il n’savait plus quels mots trouver, pour décrire l’abysse de sentiments qui le fracturait de part en part ; le DeMaggio était plus à l’aise avec les silences pesants, que de trop longues confessions, des moments où s’aventurer dans la vérité pouvait s’avérer douloureux, dévastateur. Il en avait déjà presque trop fait, à livrer des songes qu’il avait eus depuis longtemps, s’forçant à les garder pour lui, à mesure que les jours s’alignaient, et que les décisions d’Isolde s’ajoutaient à la pile des précédentes : à chaque fois un nouveau dossier à ajouter aux précédents, à chaque fois, un nouvel ennemi à terrasser alors même qu’ils étaient partout, partout et à l’affut de la moindre faiblesse. Pourquoi n’avait-il pas été là, avec elle ? Parce qu’au fond, ils n’pouvaient pas vivre vingt-quatre heures sur vingt-quatre, à chaque minute de chaque journée ensemble. Et parce qu’il avait été trop occupé, d’son côté à lui de la ville, à essayer de destituer des gens dont il n’avait cure. Maintenant, il avait juste envie d’tous les éradiquer, d’tous les tuer, d’tous les réduire à néant, si ça pouvait leur apporter une quelconque libération, à Isolde et lui. La peine, ç’avait quelque chose de destructeur chez lui. « T’es pas brisée, t’en fais pas. » il n’pouvait pas être si pessimiste, même lui. « Et aussi longtemps qu’tu croiras que tu l’es, j’resterai avec toi, quand même. » s’il devait faire le bilan d’sa vie, de ce en quoi il croyait, alors il n’pouvait pas douter de ça. Il espérait qu’elle non plus, et ça semblait être le cas, si elle s’mettait à proposer l’option de partir ensemble. Pour un temps. Peut-être pour toujours, ils n’pouvaient pas prévoir, c’qui se passerait sur place, le temps avait toujours un certain talent pour passer incroyablement vite sans qu’ils n’aient l’occasion d’se laisser, ou d’connecter avec la réalité quand ils étaient ensemble. Ils étaient ensemble, et peut-être bien qu’en dehors de Radcliff, ça pouvait être leur vie, plus qu’une illusion, ou des temps trop courts. Très, très loin d’ici, ils pourraient s’tenir la main, se promener ensemble, se réveiller tous les matins l’un à côté de l’autre. « J’veux te sauver, toi, aussi. » qu’il admit aux paroles de la jeune femme, penseur, au moment de l’observer, intensément, alors même qu’il avait tant fui jusqu’alors. Et ils partiraient avec Clara, évidemment ; laisser le reste du monde à Radcliff derrière eux, sans problème – laisser leur fille derrière eux à Radcliff, jamais. Il eut donc un fin sourire à ces paroles, un léger ricanement comme une évidence, quelque chose qui n’avait même pas besoin d’être dit. Parce que Clara, elle appartenait à leurs vies à deux, autant qu’ils y appartenaient tous les deux. « Un voyage en famille, alors. » famille, c’était probablement la première fois qu’ils parlaient comme ça ; il avait toujours dit à Isolde, les matins quand ils se quittaient, qu’il devait retourner auprès de sa famille- alors qu’y’avait toujours eu une part de lui qui avait su qu’il la quittait, plus qu’il n’la rejoignait. Ses parents, ceux qui portaient le même nom que lui, ils étaient des ennemis, des hostiles lovés dans les ténèbres, examinant ses gestes pour mieux rétorquer – il avait de la chance, de n’pas encore avoir gaffé, malgré tous les risques qu’ils avaient déjà pris. Mais s’ils devaient remettre des choses en question, peut-être que lui aussi, il n’avait plus envie d’essayer d’sauver quelque chose de plus vaste que lui-même, eux deux. Et finalement, Cesare n’y tint plus, épuisé, il poussa légèrement Isolde pour l’entrainer vers un côté du lit, venant à demi se coucher sur un pan de celui-ci, contre elle, un pied encore ancré dans le sol – ces lits étaient définitivement trop petits, c’n’était pas pour autant que le chasseur avait l’intention de quitter cet endroit pour aller dormir ailleurs. « Je sais pas, où j’ai envie d’aller. » reconnut-il, les yeux dans le vide – il avait rarement pris du temps pour lui, et il n’s’était qu’à peine aventuré à tâtonner dans les espoirs d’un jour prendre des vacances avec Isolde, au milieu de ses obligations de maire. « Où est-c’que tu voudrais aller, toi ? » il avait rapidement enchainé, arguant un regard vers la jeune femme, histoire de ne pas laisser l’occasion à l’envie de s’envoler. Il avait envie de partir, il avait envie de le faire avec Isolde, peu importait le temps que ça pourrait durer. Et ça, il n’le laisserait pas filer entre leurs doigts.
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(fst, isolde) loving her was like breathing.

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