Sujet: (event) objectif: se changer les idées Mar 8 Mar 2016 - 8:56
Objectif: se changer des idées
Aspen & Moira & Marius
Très honnêtement, et très tristement aussi, une journée parfaite ça ne tient pas à grand-chose. Tenez, prenez aujourd'hui par exemple : au programme ? Le rêve presque absolu. Autrement dit, papotage avec ma meilleure et plus vieille amie, une glace suçotée du bout des lèvres, avachi sur le canapé avec presque plus mal au bide malgré les antidouleurs. Ça vend du rêve comme programme, non ? Et bien ça, c'est une journée parfaite. Et il suffit de pas grand-chose pour qu'elle tourne au cauchemar. Ça tient en trois mots : attentat, Hippolyte et Seth. Les élections, autant vous le dire tout de suite, je n'en avais strictement rien à carrer. J'étais allé déposer un bulletin avec un magnifique dessin de Mickey pour la forme, et puis basta. Alors les résultats des élections, trololo ça me passait au dessus du crâne comme un pigeon balancé par une catapulte. Une explosion et la journée parfaite vole en éclat : je suis en stresse depuis bien trop d'heures maintenant. En stress, à me promener dans la rue pour aller chercher des conneries à bouffer et en stalkant mon téléphone dans l'attente de nouvelles de mon frère, de tous mes amis et même de tous les petits cons pourraient avoir envie de me faire signe de vie.
Lorsque je suis sorti, il y a une heure maintenant, c'était pour me détendre. Vraiment. Sur les nerfs, d'une humeur de merde, à jeter Moira à chacune de ses remarques et à me prendre la tête avec elle pour une broutille, j'ai préféré me barrer plutôt que provoquer une grosse dispute qui nous aurait fait chier autant l'un que l'autre. Entre son frère à l'hôpital, le mien injoignable – comme d'habitude j'ai envie de dire – et mon connard de père qui me gonfle, c'était pas dit qu'on arrive à avoir une conversation normale. Je me suis barré, donc. En claquant la porte. Avec juste un micro-tee-shirt boursouflé au niveau de mes cicatrices qui sont toujours protégées sous un bandage. Elles se soignent mal, à ce qu'il paraît, parce que je m'obstine à tirer dessus en faisant mes pompes quotidiennes. Elles se soignent mal, je me soigne mal, même si ça fait plus d'un moins maintenant qu'elles sont là. Et déjà qu’en temps normal, je n’en ai plus rien à faire, mais là…
J’arrive en bas des escaliers, j’arrive à mon étage, j’arrive dans l’appart et je soupire en regardant Moira. « Désolé pour tout à l’heure, j’ai été supra relou, je sais… » Je jette mon sac de courses sur la table dans un bruit sonore de bouteilles de bière. « T’as des nouvelles ? J’ai invité une amie à passer le reste de la soirée à l’appart, j’espère que ça te dérange pas. C’est une de mes exs, Aspen Wolstenholme, j’sais pas si tu connais. Je lui ai proposé d’apporter son crincrin pour se détendre, vu que t’as le tien. » Je balance tout ça comme j’ai pu balancer mes achats avant d’aller m’allonger sur le canapé dans un grognement. Pas envie de revenir sur le sujet, pas non plus envie de revenir sur la tension qu’il y avait dans l’appart avant que je décide d’aller prendre l’air. Je me masse les tempes des deux index tout en soupirant et en cherchant ma télécommande pour allumer la télé et commencer à zapper, sans m’arrêter une seule seconde de bouger. Je ne me redresse au final que pour passer la tête au dessus du dossier du canapé et regarder Moira. « Tu m’en veux pas trop ? »
Sujet: Re: (event) objectif: se changer les idées Mar 8 Mar 2016 - 11:46
Objectif: se changer des idées
Marius & Moira & Aspen
L'ennui avec les journées qui commencent, c'est qu'on s'attend rarement à ce que l'ambiance dégringole. Ça faisait quoi... Deux semaines ? Trois semaines, que je vivais chez Marius ? J'avais fini par investir la chambre de son frère, comblant le vide des placards avec des kilos de vêtements, laissant ça et là traîner des partitions que Sophie peinait à ranger chaque semaine. Finalement, le plus gros combat, c'était la salle de bain. Quand Marius ne me piquait pas mon shampoing, il me laissait le plaisir de prendre une douche froide le matin. J'étais obligée de lui jeter des coussins à la figure pour le forcer à se rendre à ses rendez-vous à l'hôpital, et j'avais renoncé à l'idée de le convaincre d'arrêter de faire des pompes tous les jours pour cicatriser plus vite. De toute manière, quoi que je dise, il ne m'écoutais pas et m'envoyait bouler. Alors oui, certains jours j'avais envie de l'étrangler, comme lorsqu'il m'avait dit qu'il avait plaqué Astrid une nouvelle fois, ou quand il s'obstinait à sauter partout comme un cabri avant de se mettre à chouiner parce qu'il avait mal... Mais bon sang que ça faisait du bien de ne pas se prendre la tête et de pouvoir rire de tout, dans cette ville de pourris ! J'avais l'impression que lui comme moi, nous étions totalement blasés par ce qui se passait en ville. Les élections, les hunters qui devenaient de plus en plus agressifs... C'était plus facile de faire un beau doigt d'honneur à tout ça pour retourner picoler dans la joie et la bonne humeur.
Et puis tout avait basculé. On passait une bonne journée, je l'avais battu à Mario Kart... Bref, tout allait bien. Et puis au loin, on avait entendu un vacarme terrible, les messages avaient commencé à fuser, et on avait allumé la télé. Une bombe. Encore. Des morts, des blessés, des centaines de personnes traumatisées... Voilà que ça recommençait, comme pendant la fête foraine. Fébrile, j'avais écumé mon répertoire pour m'assurer que tout le monde allait bien, paniquant plus encore lorsque j'avais appris que mon frère était à l'hôpital et que Martial ne répondait pas. J'étais sur les nerfs, Marius s'était encore pris la tête avec son père – ça ça ne m'étonnait pas, c'était déjà le cas quand il avait douze ans – mais, chose plus étrange, aussi avec Seth... J'avais eu beau les questionner tous les deux, je n'avais au droit qu'au silence de Seth et aux remarques acides de Marius. Il démarrait au quart de tour et moi aussi, si bien qu'en l'espace de deux minutes, nous nous retrouvions en train de nous engueuler méchamment.
Finalement, heureusement que Marius avait quitté l'appartement avant que ça dégénère, sinon nous l'aurions regretté, c'était évident... Je comprenais sa panique et son angoisse, mais pas sa manière de l'exprimer. Alors, pour me passer les nerfs, j'allais chercher mon violon et commençais à rageusement jouer la première pièce qui me passait par la tête. Je ne m'arrêtais finalement qu'en entendant la clé tourner dans la serrure et reposais l'instrument, suivant Marius avec un regard glacial. Ca oui, il avait été supra relou, comme il disait... Mais je gardais le silence pour le moment, attendant qu'il finisse de débiter ses âneries, comme d'habitude. Installée sur un siège de bar, je le regardais s'affaler comme une loque dans le canapé... Jusqu'à ce qu'il relève la tête.
« T'es vraiment con, tu sais... Quand tu paniques, t'es pas obligé d'en faire profiter tout le monde comme ça, tu sais bien qu'ça arrange rien... Alors non, j't'en veux pas, y a des circonstances et tout... Mais putain, Marius... Faut qu'on se serre les coudes... J'ai eu des nouvelles de mon frère, il est à l'hôpital, et il panique à mort pour un d'ses potes... Fin vu comment il panique j'me demande s'il est pas plutôt amoureux ! Et de ton côté ? »
J'avais en effet rarement vu Artur paniquer à ce point... Je gardais le nom du type qu'il cherchais dans un coin de mon esprit, car j'étais certaine qu'il y avait baleine sous gravillon. Je me levais de mon siège et me laissais tomber dans un fauteuil, face à la télé. Attrapant le bol de pralines posé sur la table basse, j'en grignotais deux ou trois avant de reprendre.
« Wow... Minute... Une de tes exs, tu dis ? Je vais rencontrer une demoiselle dont le cœur a été brisé par Don Juan Caesar ? Aspen j'connais pas, mais si elle a un padre dans la région, ça doit être lui que j'ai vu plusieurs fois à des récitals ou des concerts... Un mélomane, il m'a même apporté des roses, une fois. Pas étonnant que sa fille fasse du violon, alors ! Ça va, tes oreilles délicates vont survivre ? »
J'étais cynique, c'était certain, mais il m'avait suffisamment pris la tête pour m'accorder deux ou trois remarques de ce genre. Je n'avais pas souvent l'occasion de rencontrer des amis de Marius, j'avais déjà hâte de voir à quoi ressemblait la demoiselle... Finalement, quand on sonna à la porte, je jetais un regard à Marius... Comprenant immédiatement qu'il aurait sûrement la flemme de se lever.
« J'ai compris, reste allongé, j'y vais... »
Je me levais en emportant avec moi les pralines, et allais ouvrir la porte pour accueillir la nouvelle venue... A la chevelure aussi flamboyante que la mienne. Une rouquine violoniste, à croire que le destin avait décidé que c'était le moment pour nous de nous rencontrer.
« Salut ! Aspen, c'est ça ? Marius vient de me dire que tu devais passer... Entre ! Et... »
Je baissais la voix en levant les yeux au ciel.
« Faudra pas parler de son père, de son frère, ou de Seth, un... Ami... Monsieur est grognon... »
Sujet: Re: (event) objectif: se changer les idées Mar 8 Mar 2016 - 16:11
Marius & the Redheads
Marius & Moira & Aspen
Aspen avait eu l’impression que la journée n’allait jamais se terminer. Elle avait tourné dans son bureau comme un lion en cage en guettant son téléphone portable, et surtout les réponses de la moitié de ses contacts, qu’elle soupçonnait d’avoir été au discours d’investiture de Saddler . Elle-même n’y était pas allée, d’abord parce qu’elle avait un peu un métier dans la vie, et ensuite parce que la nouvelle maire, en plus d’être un peu jeune à son gout, était surtout bien trop pro mutante à son gout. Alors se retrouver dans une salle des fêtes probablement remplie de mutants en liesse, non vraiment, très peu pour elle. Elle avait essayé de continuer à travailler malgré le silence inquiétant de Lorcan et d’Alistair, malgré les textos incessants et agaçants de Noeh. Non, elle ne lui répondrait pas, il savait qu’elle était en vie, et vice versa, fallait pas trop pousser non plus pour le moment, elle n’était pas d’humeur pour ses remarques à deux balles. Finalement, c’était avec soulagement qu’elle avait accepté la proposition de Marius : une soirée entre amis, c’était exactement ce dont elle avait besoin pour ne pas penser à Noeh, ni à son frère et son père. Ils allaient surement tous bien, tous à vaquer à leurs occupations loin de leur portable, voilà tout. Aussi, elle n’avait fait qu’un rapide détour par son appartement pour attraper son étui à violon, une bouteille de vin blanc qu’elle glissa dans son sac à main, se recoiffer un peu et chausser ses rollers, pour ensuite filer directement jusqu’à l’appartement de Marius, sans un regard pour son téléphone ou son ordinateur. Elle n’eut pas à attendre beaucoup avant que la porte de chez Marius s’ouvre sur une grande rousse au teint aussi pâle que le sien : décidément, Marius avait vraiment un Truc avec les rouquines, un traumatisme d’enfance, un fantasme plus ou moins avoué, ou une chose du genre. Mais la première chose qui frappa Aspen, c’était la beauté du visage de la jeune femme qui l’accueillait en l’appelant par son prénom : Elle songea soudain qu’elle n’avait jamais vu une seule femme dans l’entourage de Marius qui ne soit pas belle. Si c’était véritablement un critère pour fréquenter le garçon, elle se sentirait probablement flattée et effrayée en même temps, mais elle n’était même pas sure que ce genre de variantes puissent passer par la tête de son crâne de piaf d’ami.
- Et je suppose que tu es Moïra *rétorqua Aspen dans un sourire* Pourquoi ça ne m’étonne pas que ce *elle haussa la voix sensiblement* PARESSEUX ne daigne même pas lever ses fesses pour m’ouvrir alors que j’ai rapporté A BOIRE !
Elle acquiesça à la remarque de la jeune femme sans être totalement sure de tout ce que cela impliquait : son père, elle saisissait bien pourquoi, Seth … elle ne savait pas qui c’était. Mais Martial ? Il s’était disputé avec lui aussi ? ça lui semblait hautement improbable.
- C’est noté, je vais faire attention.
Elle déposa ses rollers et son sac à main dans l’entrée, puis s’avança dans le salon pour retrouver Marius affalé en patate de canapé, ce qui ne manqua pas de lui faire lever les yeux au ciel :
- Si t’es pas troué de partout, je t’aurais enfoncé les ongles dans les côtes pour te faire te redresser pour me dire bonjour, mais là j’ai trop peur de te rouvrir et que tu te vides encore de ton sang, fragile que tu es.
Malgré tout, elle déposa un baiser presque tendre sur la joue du Caesar en souriant, avant de chasser ses jambes pour qu’il lui laisse une place sur le canapé : elle était contente d’être là.
Sujet: Re: (event) objectif: se changer les idées Mar 8 Mar 2016 - 21:24
Objectif: se changer des idées
Aspen & Moira & Marius
Je redresse la tête pour regarder Moira, conscient non seulement d’avoir été un petit con avec elle mais qu’en plus, vu le regard qu’elle m’a balancé lorsque je suis rentré, la pilule n’est pas encore passée. Et c’est une image, hein, Moira n’a pas besoin de prendre la pilule parce qu’on est colocataire, ça suffit le mauvais esprit. Et pourquoi je pense à ça ? Je soupire lorsqu’elle répond à ma question et les excuses qu’elle cache. Si elle ne m’en veut pas trop ? T’es vraiment con. Sans blague. Je ferme les yeux en grognant par-dessus les bruits de la télévision. Instantanément un sourire naît à mes lèvres à la seule idée que le petit con d’Artur soit amoureux. Sourire que je fais difficilement disparaître en me souvenant que ce n’est pas le moment d’embêter Moira sur le sujet de son petit frère et de sa sale manie d’être un sale con. Rien de propre dans cette histoire. En dehors de son amour. Amour propre très propre. Et mon sourire disparaît davantage encore à la fin de son monologue. « Et de ton côté ? » De mon côté ? Mon côté. Mon père ? Ah non, oui… « Ah euh ouais, Martial m’a envoyé un message. Du genre succinct et laisse moi tranquille. » Ton sec, mauvaise humeur : je suis explicite, aucune envie de continuer sur ce terrain. Martial est un sujet sensible depuis bien trop longtemps pour que je supporte en parler. Un mouvement, je l’observe du coin de l’œil se déplacer pour se rapprocher et de moi, et de la télé. Tout bénef. Je la regarde grignoter avant de tendre une main suppliante en direction du bol qui est hors de portée. Mais non : mes yeux de chien battu restent sans effet, elle rebondit plutôt sur ce que j’ai balancé en rentrant. Pas sur les fraises et les bières, non, mais plutôt sur Aspen. Enfin, elle ne rebondit pas vraiment sur Aspen, juste… oulah. « Ouais, une ex. Et ouais, c’est une famille du coin. Et ouais, elle fait du violon. Et ouais mes oreilles t’emmerdent » Je lui tire la langue comme pour lui dire que son cynisme est peut être justifié mais que je n’ai pas envie de me prendre la tête là-dessus. Vraiment.
Et comme pour appuyer mes propos, la porte sonne et j’ai un sourire éclatant aux lèvres. Rebelote : mes yeux de chien battu refont surface, avec un effet bien plus convainquant. « J'ai compris, reste allongé, j'y vais... » « Oh, vraiment, j’allais me lever, tu sais… » Je ricane en baissant le son de la télé mais en me réinstallant comme le souffreteux que je suis. J’imagine que la courtoisie voudrait que je sois poli. Que j’aille accueillir dans mon appart, mon amie qui est accessoirement mon ex. Mais il faut voir le côté stratégique de la manœuvre : au moins Moira et Aspen sont obligées de se parler et de faire connaissance. Au final, je suis juste quelqu’un de brillant. « Salut ! Aspen, c'est ça ? Marius vient de me dire que tu devais passer... Entre ! Et... » Je fronce les sourcils en relevant la tête par-dessus le dossier du canapé. Hein, qu’est ce qu’elle raconte, là ? Je laisse tomber lorsque j’entends Aspen rétorquer à voix haute. Moi, paresseux ? Je lève les yeux au ciel. A boire ? Voilà qui est tout de suite plus intéressant. Je relève encore la tête, grimaçant à force tirer sur mes abdos et sur mes cicatrices. « Aspen, le paresseux n’est pas sourd, hein… » je ricane, faussement vexé. De toute manière, à quoi ça m’aurait servi de me relever, hein, puisque de toute manière, je l’entends arriver à mon niveau. Je fais un effort en me redressant, encore. J’exagère ma grimace, comme un grand blessé de guerre. Mon père a dit que le simple fait d’arriver à en rire et à faire de l’humour dessus, c’est bon signe : je n’en sais trop rien. Je me réveille encore en sursaut, en sueur, en panique au moins deux fois par nuit. Mais au moins, quand il fait jour, oui, j’en ris. Et oui, c’est déjà ça. - Si t’es pas troué de partout, je t’aurais enfoncé les ongles dans les côtes pour te faire te redresser pour me dire bonjour, mais là j’ai trop peur de te rouvrir et que tu te vides encore de ton sang, fragile que tu es. Par jeu, j’essaye de tourner la tête juste quand elle m’embrasse sur la joue, avec un temps volontaire de retard juste pour que nos lèvres ne fassent que se frôler. Je sais, j’ai des jeux puérils, mais c’est comme ça qu’on m’aime. Je crois. Elle dégage mes jambes, je m’assois presque normalement, masquant cette fois du mieux que je peux mes mouvements prudents. J’attends que Moira réquisitionne une nouvelle fois son coin du salon. « Bon ben… Moira, je te présente Aspen, Aspen, je te présente Moira et… » Je m’arrête, le temps de froncer les sourcils et d’éteindre définitivement la télé. « Bordel, j’ai deux rousses dans mon appart. Y’a pas une superstition foireuse là-dessus, rassurez moi ?! » C’est quoi mon problème avec les rousses, au juste ? Parce qu’en fait, j’ai un peu l’impression d’en avoir beaucoup trop dans mon entourage direct… « Asp’, t’as pu apporter ton violon ? Et j’ai entendu parler de vin blanc ? » Je bondis sur mes jambes, dans un sourire forcé qui ne va pas manquer de faire rire Moira qui se fout de ma tronche dès que je me plains d’avoir mal, pour aller chercher le résultat de mon aller-retour à l’extérieur. Je fais glisser sur la table basse le paquet de fraises et celui de fraises tagada – les seules que je peux manger. « Voilà, on est paré. Moira… » Je chasse Seth, mon père et mon frère de mes pensées. « comme je te disais, Aspen joue du crincrin elle aussi. Tu disais que tu connaissais son père ? »
Sujet: Re: (event) objectif: se changer les idées Mar 8 Mar 2016 - 22:35
Objectif: se changer des idées
Marius & Moira & Aspen
Ce qui me fascinait chez Marius, c'était ce talent extraordinaire qu'il possédait... Non non, je ne parlais pas de sa mutation tout aussi bizarre que la mienne, et non je ne parlais pas non plus de sa capacité à engloutir un nombre incalculable de burgers dégoulinant de gras sans jamais prendre un gramme de muscle. Je ne parlais pas non plus de son talent pour débiter de la merde ou larguer sa nana dès que ça commençait à devenir un peu trop sérieux pour lui. Non, ce qui me fascinait, c'était de voir, à quel point il était doué pour passer de la mangouste surexcitée à l'état de larve rampante en fin de vie. Certes il était convalescent, mais s'il était capable de faire des pompes, il pouvait aussi aller accueillir son invitée... Sauf que non, même ça c'était trop demander ! Au moins, ça me permettait de faire un peu connaissance avec Aspen.
Une ex de Marius, donc... Eh bèh... Il visait le haut du panier et il avait bon goût, le bougre ! Et surtout, elle devait avoir plus qu'un pois chiche dans le crâne pour avoir su gratter la surface et apprécier un Marius qu'il ne montrait pas au premier abord. Ça valait bien tout mon respect, ça ! Respect qui se valida lorsque je l'entendis dire bonjour, à sa manière, au blondinet. Je retournais m'asseoir avec eux, en tailleur le fauteuil avec mon bol de pralines dans les mains. Devant le regard de chiot désespéré de Marius, je consentit à lui en tendre quelques unes, de mauvaise grâce.
« Va falloir que tu m'expliques un truc, Marius... Pourquoi tu fais fuir les meilleures ? Je veux dire... Aspen a tout à fait compris comment il fallait te parler, épouse-la ! »
Je m'attendais à recevoir un coussin sur la figure et, réflexe de survie raté, je protégeais le bol de friandise plutôt que ma tête. A la remarque de Marius sur les rousses, je haussais un sourcil. Celle-là, on ne me l'avait encore jamais faite !
« Hum... Bonne question... Peut-être qu'il y a une légende qui dit que si les blondinets à bouclettes ne se plient pas aux ordres de deux rousses, il périront sous les chatouilles dans d'atroces souffrances ? »
Des superstitions aussi bêtes que celle-là, il devait y en avoir à la pelle, c'était certain... Après tout, j'avais droit quelques mois plus tôt à la remarque d'un fanatique qui m'avait dit qu'à une autre époque, on m'aurait brûlée sur un bûcher... Grosse ambiance ! Dès que les fraises tagada furent sur la table, j'en chipais une avant que Marius ne s'en empare. Je hochais la tête et me tournais vers Aspen.
« Ca fait longtemps que tu joues ? Il va falloir qu'on ravisse les oreilles de Marius, il aime teeeeellement le violon... T'aurais dû voir sa tête quand on jouait, moi et Martial y a dix ans... »
Ah ça... Je me souvenais encore des allers et venues de Marius, un ballon de hand à la main, quand Martial et moi répétions pour nos examens de musique de chambre... Combien de partitions m'avait-il volé pour qu'on arrête de jouer, ça c'était une bonne question ! J'avalais une gorgée de bière en grimaçant – elle avait tiédit – et continuais de grignoter mes pralines avant de poursuivre.
« Je connais ton père, ouais... Enfin si ton père s'appelle bien Alistair, bien sûr. Il est venu plusieurs fois m'écouter jouer, et pas qu'à Radcliff, en plus... CA c'est un homme qui sait apprécier la musique... »
Regard appuyé en direction de Marius, petit sourire entendu... C'était un peu notre façon de communiquer, de nous envoyer ce genre de piques. Je me levais, reposais le bol de friandises sur la table, et allais récupérer mon violon, que j'avais posé un peu plus loin. Me calant un peu plus confortablement dans mon fauteuil, je posais l'instrument sur mes genoux.
« Alors alors... Qu'est ce que tu fais dans la vie, Aspen ? Marius ne me présente pas souvent ses amis... »
Pas un reproche, plus une constatation... Je connaissais certains des amis de Marius, lui aussi, mais nous avions passé trop d'années éloignés pour avoir tout suivi.
Sujet: Re: (event) objectif: se changer les idées Mar 8 Mar 2016 - 23:49
Marius & the Redheads
Marius & Moira & Aspen
Aspen enfonça son poing dans l’épaule de Marius juste après que celui-ci ait essayé de lui voler un baiser. Rien de bien méchant en réalité, leurs lèvres ne s’étaient presque pas touchées, mais suffisamment pour qu’elle fronce les sourcils et lui assène un coup bien senti, non mais.
- T’arrives un peu tard, on a eu le temps de se présenter devant ta porte…
Installée, elle sauta sur ses pieds avant que Moïra ne s’installe pour aller chercher son sac avec la bouteille et son étui à violon qu’elle avait laissé dans l’entrée sans réfléchir juste une minute avant. Pour la bouteille, elle ne prit pas la peine d’aller la mettre au frais : elle l’avait sorti de son propre frigo dix minutes auparavant maxi, alors elle était surement encore à bonne température, surtout si ils la débouchaient bientôt.
- J’sais pas, à part si tu considères que les rousses sont toutes des sorcières, et qu’on est samedi, alors en effet, je me ferais bien une petite Sabbat-Party comme on en fait si bien par chez nous. On a prévu de te rendre fou grâce à la magie de nos archets sur les cordes. Pratique obscure ancestrale.
Pour joindre le geste à la parole, elle tapota l’étui de son violon de sa main libre, l’autre posant la bouteille de blanc sur la table basse pour se servir en fraises tagada qu’elle goba presque sans les mâcher. C’était dingue, comme elle se sentait si facilement à l’aise dans l’appartement de Marius, il devait y avoir un courant fen shui ou une connerie comme ça qui traversait le lieu, parce que déjà elle sentait la tension de la journée la quitter. A moins que ce soit le fait de voir Moira bâcher allègrement le Caesar qui lui donnait le sourire. Elle tourna la tête vers cette dernière alors qu’elle reconnaissait qu’elle connaissait Alistair. Aspen sourit de plus belle à l’évocation du nom de son paternel : pas étonnant qu’elle puisse avoir son nom en tête, son père était un mécène reconnu de plusieurs philharmoniques un peu partout dans le monde, et quand il partait en voyage d’affaire il ne manquait pas de se faire inviter au concert du moment, en bon mélomane qu’il était, et averti qui plus est.
- C’est bien mon père oui, c’est un érudit en musique classique, un connaisseur et un mélomane, alors ça ne m’étonne qu’à moitié que tu reconnaisses son nom… Il a toujours eu un truc pour le violon, je crois que j’ai du être biberonnée aux soloa de Rosenberg et de Pagannini … Ma sœur et mon frère sont pas des musicos, alors je suis la seule à qui il a pu transmettre le virus. D’ailleurs, j’ai joué une ou deux fois avec Martial, mais quand on était petit, donc ça ne devait pas être bien glorieux… J’ai commencé vers 6 ou 7 ans, surement qu’on espérait faire de moi une petite prodige, mais j’étais du genre à avoir la bougeotte, alors j’ai repris plus sérieusement quelques années plus tard, de mon plein gré cette fois.
Elle était rapidement passée des cours collectifs à un tuteur privé, et n’avait repris le violon en groupe que pour entrer dans l’orchestre du collège, puis du lycée. Elle savait, objectivement, qu’elle était une bonne violoniste, pour une amateure. En revanche, elle ne se faisait pas d’illusion sur la supériorité technique de Moïra : une concertiste, quand même, ça avait de la gueule. Elle se pencha vers la table pour déboucher la bouteille de vin, et se donner de la contenance par la même occasion alors que Moïra la martelait de questions : elle ne savait pas qu’elle était convoquée en entretien d’embauche aujourd’hui tiens, elle aurait enfilé un tailleur si elle avait su. Elle servit trois verres et but une gorgée dans celui du milieu avant de répondre tranquillement :
- Je suis architecte dans un cabinet en ville. Je suis surtout dans l’aménagement et l’urbanisme, mais il m’arrive de temps en temps de travailler sur des immeubles d’habitations ou des centres commerciaux… des trucs d’archi quoi.
Etonnement, Aspen n’aimait pas forcément s’étaler sur son métier, qu’elle trouvait passionnant, mais pas nécessairement impressionnant pour les néophytes : comment pouvait-on se douter qu’elle était l’une des seules femmes du cabinet, et surtout la plus jeune architecte du groupe ? A une époque, elle en aurait fait des caisses. Maintenant, elle avait muri un peu, supposait elle. Elle s’installa plus confortablement sur le canapé, le buste tourné vers Moïra, tournant donc le dos à Marius, un peu pour l’embêter, il fallait le dire. Avant de rouvrir la bouche, elle se demanda combien de temps il réussirait à tenir sans l’ouvrir et essayer de ramener l’attention des deux jeunes femmes sur lui :
- Et toi alors, tu es concertiste c’est ça ? Tu es affiliée à un orchestre en particulier, ou tu travailles pas contrat ? Tu as du vachement voyagé, ça doit être super comme métier …
Sujet: Re: (event) objectif: se changer les idées Mer 9 Mar 2016 - 15:56
Objectif: se changer des idées
Aspen & Moira & Marius
J’aurais dû m’en douter. Vraiment. J’aurais dû me douter que j’allais finir martyrisé, coincé comme ça entre Moira et Aspen. Entre le coup de poing que je me prends en toute injustice – si, avouez le que c’est parfaitement injuste – et les remarques de Moira, je suis une pauvre victime malaimée. T’arrives un peu tard, on a eu le temps de se présenter devant ta porte… Je lève les yeux au ciel : « Mais c’était l’idée, Aspen, personne ne comprendra donc jamais mon génie ? » Victime, je suis une victime, une victime qui sourit et qui ne tarde pas à lancer un coussin sur Moira qui, de toute manière, l’a autant cherché que prévu. Comment je fais fuir les meilleures ? « Je sais pas, je dois les intimider… » Et en parlant de meilleures, je me rends compte au passage que j’ai deux rousses dans mon appartement. Rassurez-moi, pas de légende et de mauvais sorts associés à ça ? Avec les irlandais, très sincèrement, je prends plutôt le parti de m’attendre à tout… et surtout au pire. Surtout lorsqu’en plus, les rousses s’avèrent être mes deux meilleures amies, celles qui me connaissent le mieux mais dans deux milieux différents.
La réponse de Moira commence à donner le ton. Périr dans d’affreuses chatouilles et d’atroces souffrances ? Je bondis sur mes pieds pour aller chercher nos vivres jetées sur la table de la cuisine et m’éloigner de la menace. J’exagère même de la terreur dans une expressivité qui a fait de moi un cascadeur à défaut de me transformer en comédien. La réponse d’Aspen qui suit confirme même mes soupçons : je ne vais vraiment pas survivre à cette soirée. Et j’éclate de rire lorsqu’elle retranscrit parfaitement mon avis sur leurs instruments du diable en les voyant sortir l’une après l’autre leurs jouets. « Merde alors, je suis mal barré si je comprends bien ! » Très mal barré, d’ailleurs. Pourquoi est-ce que j’ai proposé à Aspen d’apporter son violon déjà ? Parce que je dois être un peu maso, il faut croire.
Et lorsque je reviens avec fausses et vraies fraises, que je m’étale dans toute ma grâce et ma délicatesse à nouveau sur le canapé et que j’étends mes jambes sur la partie déserte de la table basse, j’ai une nouvelle fois la confirmation que j’ai pas tort. « Ca fait longtemps que tu joues ? Il va falloir qu'on ravisse les oreilles de Marius, il aime teeeeellement le violon... T'aurais dû voir sa tête quand on jouait, moi et Martial y a dix ans... » Je cherche un projectile, avise mon dernier coussin et me résigne à juste lui tirer la langue. « Vous étiez insupportables ! Au moins, moi, mon ballon de hand n’a jamais fait de boucan ! » Ce qui est tout à fait vrai, sauf quand il a atterri dans le buffet à vaisselle ouvert mais ça, c’est une autre histoire. Et si on oublie aussi les boum réguliers qui résonnaient dans l’appartement lorsque je m’entraînais à l’envoyer sur les coupures de journaux qui parlaient de mon père et qui faisaient d’excellentes cibles, autant pour mon ballon que pour mes fléchettes.
Je sais, c’est moi qui ai lancé le sujet du père d’Aspen. Je sais aussi que forcément, faire se rencontrer deux mélomanes, filles de mélomanes, deux violonistes, ça comporte des risques. Mais en les écoutant parler, je me rends brutalement compte de deux choses : de un, c’est un sujet qui me dépasse complètement, mais alors juste complètement. Il n’y a qu’à voir la daube que j’écoute et mon indifférence totale pour la qualité du fond sonore à partir du moment où il y a du rythme et des basses. Et de deux… elles se parlent. Et forcément, et j’imagine que c’est normal, je n’ai plus ma place dans la conversation. En même temps… Voilà que Moira demande à Aspen ce qu’elle fait dans la vie. Qui va me demander ce que je fais, hein ? Je pioche rageusement dans le plat de praline en me rendant compte de la bêtise de mes pensées. Je suis vexé de ne pas être au centre de l’attention, c’est ridicule. Mais c’est plus fort que moi. Parce qu’Aspen me tourne délibérément le dos, qu’elle relance la conversation sur Moira et qu’elle doit savoir pertinemment que je déteste ça.
Vraiment. Lorsqu’on m’ignore, j’ai l’impression de redevenir invisible, ça m’énerve, ça m’insupporte, ça me stresse, ça m’angoisse. Et elle le sait. Je crois. C’est d’ailleurs pour ça que je ne laisse pas le temps à Moira de répondre. « C’est ça, continuez à parler, j’existe pas. » Je me relève d’un bond, pars chercher des verres pour le vin blanc et tant qu’à faire, un tire-bouchon. Je réagis dans l’excès, toujours. Et je m’en rends bien compte contrairement à ce que beaucoup pourraient penser. Lorsque je reviens, deux minutes plus tard, je suis calmé. Un peu. D’ailleurs, je passe entre le canapé et le fauteuil, je m’impose entre Moira et Aspen pour poser les verres, au lieu de contourner l’ensemble comme tout à l’heure. « Et, vous savez qu’en fait, à vous deux, vous avez quasi été là toute ma vie ? Genre Moira, de mes onze à quatorze ans, et Aspen de mes quatorze à maintenant ! C’est cool non ? »
Sujet: Re: (event) objectif: se changer les idées Jeu 10 Mar 2016 - 14:36
Objectif: se changer des idées
Marius & Moira & Aspen
Je commençais à bien l’aimer, Aspen… Nous avions un peu cette même façon de gentiment taquiner Marius, et s’il faisait la moue comme un enfant de quatre ans, je savais très bien qu’au fond, ça l’amusait. Après tout, pourquoi nous aurait-il réunies dans la même pièce, sinon ? Deux demoiselles pour lui seul, de quoi aurait-il bien pu se plaindre ?
« T’es plutôt mal barré, ouais ! Crains le courroux terrrrible des rouquines, blondin ! »
Ca faisait longtemps, que l’atmosphère n’avait pas été aussi détendue et tranquille. Malgré nos inquiétudes pour nos proches et l’attaque à la mairie, ça semblait bien parti pour être une soirée détente et déconne. En même temps… Allez demander à Marius d’être sérieux deux minutes ! … Comment ça je devrais apprendre à me regarder dans une glace avant de parler ? La remarque de mon nouveau coloc me fit lever les yeux au ciel.
« Le boucan, comme tu dis, on appelle ça de la musique ! Ça t’emmerdait juste de pas comprendre, et j’te rappelle que ton ballon de hand a cassé un de mes archets, une fois ! »
Certes, remettons les choses dans leur contexte, j’avais tenté de l’attaquer avec ledit archet… Mais tout de même ! J’avais dû inventer une excuse à la con pour qu’il ne se fasse pas allumer par ses parents, et vu mon talent pour le mensonge, ça n’avait pas été très convaincant. Reportant mon attention sur Aspen, je l’écoutais attentivement, ignorant délibérément Marius avec un petit sourire amusé. Quel dommage que Martial n’ait pas continué le violon… Nous aurions sûrement fait un trio d’enfer ! Ca faisait partie des énormes différences d’éducation entre mes parents et les Caesar : Chez moi, c’était « fais ce que tu veux de ta vie tant que tu t’y impliques pleinement et vises l’excellence ». Chez les Caesar… Ça ressemblait plus à un défilé de coincé du cul, d’arriérés qui pensaient que pour bien réussir sa carrière, fallait reprendre le flambeau du paternel… Eh bah dieu merci, ni Martial, ni Marius n’était aussi antipathique le patriarche de la famille !
« Ah c’est clair la musique, c’est pas le summum de l’éclate quand tu aimes bouger… C’est plutôt des heures et des heures à refaire les mêmes gammes en boucle, y a de quoi devenir fou ! Il faudrait réussir à remettre un violon entre les mains de Martial, je suis sûre qu’on formerait un trio de choc ! »
Et la conversation se poursuivait, avec Marius qui gesticulait comme un asticot sur le canapé, qui se leva pour aller chercher des friandises… Qui vint se planter entre nous deux… Je me penchais légèrement sur le côté pour continuer à regarder Aspen. Une architecte, donc… La classe ! Mais oui, Marius, on sait que tu es là, ne t’en fais pas… Ca me faisait rire, de le voir s’agiter autour de nous pour nous rappeler qu’il était là… Ca, ça n’avait pas changé. Il avait toujours été plus ou moins dépendant de l’attention des gens, et si ça pouvait sembler attendrissant au premier abord, je le connaissais assez pour savoir que ça cachait un malaise autrement plus complexe. Il suffisait de voir l’ignorance de sa mère à son égard… Je n’avais jamais vu une femme aussi froide et distante avec son enfant… Pire, elle semblait totalement ses désintéresser de lui, comme s’il n’était qu’un pot de fleur ! Les choses avaient peut-être un peu évoluées en dix ans… Mais j’en doutais.
« Architecte, dis donc, la classe ! Ça ne doit pas être très courant, aussi jeune, non ? Ça m’a toujours paru complexe et obscur, tout ça… Trop de chiffres et de normes à respecter, je crois ! »
J’attrapais une fraise en souriant avant de poursuivre.
« Il m’arrive d’être en résidence dans certaines villes et d’avoir un contrat plus long avec certains orchestres… Il y a quelques années, j’ai fait un long cycle de concerts avec le philharmonique de Chicago, mais la plupart du temps, je joue ponctuellement pour des récitals ou des concerts… C’est génial, oui ! Pouvoir vivre d’une passion, c’est fabuleux, et j’ai dû poser mes valises sur tous les continents pour jouer… L’inconvénient, c’est que tu n’as pas de patron au-dessus de toi pour te surveiller, tu dois être autonome et toujours viser le haut du podium… Sinon tu te fais détrôner… »
C’était un peu la loi de la jungle, les milieux artistiques… Il suffisait qu’un gamin de huit ans se pointe en étant capable de jouer les caprices de Paganini sans une faute, et on louait le nouveau Mozart ! Je me penchais un peu plus alors que Marius se faisait de plus en insistant, et fini par lever les yeux vers lui.
« Dis donc, Marius Caesar… Depuis quand t’es l’homme invisible ? Ah pardon… Oooh bel Apollon de mes rêves, aurais-tu l’extrême obligeance de bien vouloir soustraire ton corps d’éphèbe à ma vision ? Je vais finir aveugle ! »
Je lui enfonçais sans ménagement un doigt dans la cuisse tandis que je réalisais ce qu’il venait de dire…
« La vache c’est fou ! Ta vie a été rythmée par des rouquines… Tu crois qu’à nous deux on te connait par cœur ? On devrait faire un test, tiens… Si j’me souviens bien, t’es allergique aux fraises, non ? Je me souviens, t’étais… Quand même vachement plus petit, à 11 ans… Avec des petites joues rondes et des bouclettes de lover… Quel dommage qu’on ait pas quelqu’un ici pour nous parler de toi quand tu marchais à quatre pattes ! »
Tu voulais qu’on parle de toi, Marius ? Allons-y ! Des anecdotes, j’en avais des tonnes ! Seulement lui aussi… Attrapant une fraise que je gobais en une bouchée, je le défiais du regard. Vas-y, andouille… Rions un peu !
Sujet: Re: (event) objectif: se changer les idées Jeu 10 Mar 2016 - 23:55
Marius & the Redheads
Marius & Moira & Aspen
Aspen écoutait le récit de Moira avec la plus grande attention, la joue écraser sur son poing, le coude sur l’accoudoir : c’était tellement passionnant, elle ne doutait pas une seule seconde que c’était surement aussi exceptionnel qu’exigeant comme carrière. Devoir toujours faire partie des meilleurs, travailler sans relâche pour ne jamais se laisser distancer… Voilà des valeurs qui faisaient écho chez la jeune Wolstenholme. En plus le visage de Moira s’animait à mesure qu’elle s’exprimait, et elle voyait en elle la passion flamboyante et dévorante qui n’existait bien que chez les artistes pleinement investis dans leur art. Elle attrapa une autre sucrerie avant de répondre à Moira, rougissant presque du compliment :
- Disons que j’ai eu la chance de ne pas avoir à attendre après le lycée pour rentrer en école, j’avais déjà les crédits nécessaires et surtout mon père avant les moyens de payer les frais de scolarité… ça aide un peu forcément … Et puis ce n’est pas que des Maths, à un certain stade de la conception, selon la commande, on peut laisser libre cours à son imagination et … Hey, Marius, ton père il est pas vitrier, aussi beau que puisse être ton postérieur, tu peux l’ôter de ma vue que je puisse continuer de voir Moïra, votre Altesse ?
Aspen attrapa la poche arrière du pantalon du jeune homme pour le faire s’asseoir sans ménagement sur le dossier du canapé, lui tapotant le genou. Brave garçon. Elle continua d’écouter les explications de Moira jusqu’à ce que cette dernière soit coupée par Marius qui leur apprit qu’à elles deux, elles couvraient presque la totalité de son existence, ce qui fit sourire Aspen : devait il sincèrement tout ramener à lui, tout le temps, comme ça ? C’était du Marius tout craché, mais au final, quand on avait l’habitude comme elles deux, c’était surement plus amusant que réellement agaçant, comme comportement. Aspen se pencha pour servir le vin dans les trois verres ramenés par Marius, en tendant un à chacun avant de boire dans le sien, gloussant presque en entendant les anecdotes de Moira : elle attaquait fort, pauuuuuuvre Marius … Mais Aspen aussi avait de quoi le faire rougir dans son sac :
- De tes 14 ans à maintenant, c’est vrai … Tu te souviens de quand mon père et le tien nous forçaient à tous diner ensemble quand ils avaient besoin de causer « affaire », et que ça se terminait toujours avec toi et Lorcan qui essayaient de faire le mur et Martial et moi qui essayons de vous en empêcher, et qu’une fois tu m’es tombé dessus parce que je t’avais attrapé par la cheville pour pas que tu te barres ? J’en ai gardé la marque de ta basket sur ma cuisse pendant des semaines ! je crois que je t’ai mis la plus grosse torgnole de l’année à ce moment là !
Martial et elle avaient toujours été les bons élèves face aux cancres et gentils rebelles qu’étaient Lorcan et Marius. Une gorgée de plus, puis elle tourna la tête vers Moira avec un air goguenard :
- Tu sais que quand on était ensemble… Enfin, ensemble, pendant 3 semaines, il y a 6 ans, donc il y a prescription, je l’ai supris en flagrant délit à embrasser une copine à moi et que tout ce qu’il a trouvé à me dire c’est « oh bah je vous ai confondu » ? Ma copine était blonde platine et mesurait bien un mètre soixante quinze ! J’étais tellement impressionnée par la nullité de l'excuse que j’en ai éclaté de rire sur le moment !
Et oui Marius, tous tes moments n’ont pas été des plus glorieux, et il s’avère que les rousses ont en général une excellente mémoire …
Sujet: Re: (event) objectif: se changer les idées Sam 12 Mar 2016 - 10:03
Objectif: se changer des idées
Aspen & Moira & Marius
C’est une angoisse qui ne me quitte pas depuis… et bien depuis toujours. Ne plus exister, ne plus être vu, ne plus… j’existe grâce aux autres, j’existe grâce à leurs taquineries, grâce à leurs regards, grâce à leurs colères, grâce à leur exaspération. Que l’on me déteste ou que l’on m’adore : tant qu’on me voie peu m’importe. Et c’est peut être pour ça que même si je fais mine d’être offusqué, horrifié, blessé, outré, j’ai un sourire aux lèvres. Les violons de Martial et de Moira m’ont toujours emmerdé, par principe. Mais quelque part, ça m’aurait pas déplu qu’on continue à en parler. Parce que là… la vie de Moira, je la connais. Celle d’Aspen aussi. Et le dos d’Aspen ne m’intéresse pas le moins du monde. Vraiment pas. Je ne mets pas une poignée de minutes à perdre patience : en quelques secondes tout disparaît et si j’attrape des bonbons pour passer le temps, je craque à la vitesse de l’éclair dans une remarque que j’aurais aimé rendre amusée mais qui ne ressort que… qu’aussi vexée que moi. Je déteste lorsqu’on se désintéresse de moi, c’est physique. Allez, on s’en fiche qu’Aspen soit architecte, c’est passionnant, c’est génial, c’est… J’ouvre rageusement le placard en les écoutant continuer à discuter sans même un regard pour moi, sans même… je suis ridicule. Le monde ne tourne pas selon un modèle Mariuscentrique, je n’ai pas à être le centre des discussions, il faut tout de suite que j’arrête de me comporter comme un gosse. C’est ce que je me dis lorsque je reviens avec des verres, c’est ce que je me dis quand je passe entre les deux pour faire glisser mon chargement sur la table basse. Je prends tout mon temps, d’ailleurs, dans l’optique de ne pas les casser bien sûr. Je suis si maladroit. Oui, c’est tout nouveau, mais je me suis réveillé maladroit il y a exactement cinq secondes et il faut que je fasse très très attention pour ne pas… Je recule d’un pas, avant de revenir à la charge pour mieux sortir les dessous de verre, les trucs qui n’ont jamais été sortis de leur emballage en presque dix ans et qui me paraissent plus qu’indispensables à cet instant puisqu’ils me donnent un bon prétexte pour rester entre mes deux meilleures amies et leur rappeler discrètement que je suis là.
Je suis ridicule. Mais… mais. Le pire, c’est qu’en soi, c’est intéressant ce qu’elles racontent. Sauf que je suis au courant, merci bien, autant pour les maths que pour la musique, autant pour… « Dis donc, Marius Caesar… Depuis quand t’es l’homme invisible ? Ah pardon… Oooh bel Apollon de mes rêves, aurais-tu l’extrême obligeance de bien vouloir soustraire ton corps d’éphèbe à ma vision ? Je vais finir aveugle ! » Je fais semblant de sursauter, comme si je ne m’étais pas rendu compte que je gênais. D’ailleurs, à ce propos… « Je dérange ? Oh, désolé ! » Je ne suis pas désolé. Et encore une fois, je sais que je suis affreusement débile de ne pas l’être, de simuler la surprise, de rester en plan entre les deux, les bras ballants. La seule chose intelligente que je fais au final, c’est de ne pas résister lorsqu’Aspen me force à m’assoir sur l’accoudoir du canapé. Puisque l’attention est revenue sur moi, j’en profite pour les couper et me réinsérer dans la conversation. Con de Marius.
A elles deux, on parcourt presque toute ma vie, et je ne suis de toute évidence pas le seul à en rire ! En revanche, vu ce que vient de lâcher Moira, heureusement que je ne suis pas rancunier pour deux sous et plutôt porté à l’autodérision, parce que sinon je risquerais d’être rapidement le seul à ne pas en rire. Un test ? « Ahah, par cœur, j’en sais trop rien mais je serais curieux de voir ça ! Et allergie aux fruits rouges ma p’tite dame, t’as déjà un demi-point en moins pour non-exactitude de réponse ! » Tout en lui tirant la langue, j’attrape mon verre servi par Aspen pour goûter un peu le vin et me dire que ça irait quand même sacrément bien avec une vraie fraise. Je ne me souviens plus de la dernière fois que j’ai tenté ma chance avec les fruits rouges… mais j’ai suffisamment perdu de temps à l’hôpital ces dernières semaines pour être sage. Pour compenser, j’écrase à moitié Aspen en tendant le bras pour récupérer le bol de tagadas. J’éclate de rire au passage lorsqu’elle parle de ces dîners qu’on nous imposait, vastes blagues qui se soldaient effectivement par Lorcan et moi en train de s’imaginer se barrer de là et les deux autres zigotos tentant de nous dissuader de faire les cons. « Non mais en même temps… Moira, tu vois les dîners avec tes parents et les miens ? Bah c’était la même chose. Mais en pire. J’crois que j’étais un peu plus rebelle encore… » Je bois une gorgée lorsqu’elle fait une pause. Et attaque un peu plus vicieusement. Je m’étrangle. Vraiment. Oh bah, je vous ai confondues. A l’époque déjà, je trouvais l’excuse un peu bancale mais je pense que c’était plus dû à un manque de préparation qu’autre chose. Parce qu’en d’autres circonstances, je suis sûr que ça aurait pu passer. « Aspen, tu dois avouer quand même que c’était plutôt bien trouvé ! En plus, c’était de la faute de ta copine, c’est elle qui a fait le premier pas. » Mensonge, mensonge, c’est marrant parce qu’à m’écouter, c’est toujours moi la victime dans ce genre d’affaire. Surtout qu’en général, je ne vois pas trop le problème mais ça c’est une autre histoire. « Et je plaide non coupable, parce qu’en plus, on n’était ensemble que depuis… cinq jours, non ? J’estime que j’avais encore le droit de confondre à l’époque. Même si on se connaissait déjà depuis quelques années. Et puis, comme tu dis, y’a prescription. » Je me tourne vers Moira. « T’es bien d’accord, y’a prescription ? Et puis, tu m’en veux pas… » J’offre à la rouquine un petit regard larmoyant avant de redevenir brutalement sérieux. « Asp’, t’as un SMS. » Si j’ai eu des nouvelles de Martial, je sais qu’elle n’en a pas encore eu de Lorcan et s’il y a bien une chose que je peux comprendre à la perfection, c’est autant son envie de se changer les idées que son inquiétude. C’est d’ailleurs pour ça que je me souviens de ce que Moira m’a dit à propos de son petit frère, un sombre petit con. « Moira, d’ailleurs, à propos d’Artur, c’est pas trop grave j’espère ? »
Sujet: Re: (event) objectif: se changer les idées Dim 13 Mar 2016 - 19:30
Objectif: se changer des idées
Marius & Moira & Aspen
Je hochais la tête alors qu'Aspen me parlait de son métier d'architecte. Ça avait du bon, aux States, d'avoir un père plein aux as, finalement... Ca devait avoir quelque chose de magique, de pouvoir construire un bâtiment en laissant libre cours à son imagination... Je me rappelais alors certaines salles de concert au design incroyable et à l'acoustique phénoménale... Si j'étais la plupart du temps ébahie, je me demandais par la même occasion ce que pouvais fumer les architectes qui designais ce genre d'endroit. Et puis... Si tu déranges, Marius ? Nooon penses-tu... Ce n'est pas comme si je le connaissais par cœur, ton t-shirt Bob l'éponge ! Finalement, il consentit à s'asseoir lorsque Aspen le tira en arrière, mais surtout parce qu'enfin, l'attention revenait sur lui. Ahlala... Sacré Marius... Quelque part, ça me peinais de le voir comme ça, car je savais depuis longtemps à quoi c'était dû. Seulement... Quand j'étais ado, j'étais trop jeune pour me rendre compte de l'impact que pourrait avoir le comportement de sa famille sur sa propre attitude. Marius, c'était le genre de type à hurler comme un fou jusqu'à ce qu'on se rende compte qu'il était là, jusqu'à ce qu'on ait plus qu'une envie : l'assommer. Parce qu'un coup derrière la tête valait toujours mieux que l'ignorance pure et simple. Alors oui, il était chiant quand il s'y mettait... Mais bon sang, il n'aurait pas fait de mal à une mouche ! Alors merde, pourquoi ? Je me souvenais avoir plusieurs fois bêtement demandé à mes parents pourquoi ceux de Marius lui en voulaient à ce point... Et chaque fois, mon père m'avait répondu que les parents Caesar avaient un grain... Alors oui, certes, sauf que les gens avec un grain ne martyrisent pas systématiquement leurs gamins, il me semble !
Je préférais autant reporter mon attention sur la conversation en cours, écoutant avec attention tous les petits potins qu'Aspen pouvait avoir sur Marius. Je tirais d'ailleurs la langue au blondinet lorsqu'il me reprit.
« Oooh ça va, la fraise c'est un fruit rouge, c'est pareil ! Ahah et pour ce qui est des dîners, j'ai vécu les mêmes, quelques années plus tôt... Mon père et celui de Marius travaillaient sur un projet de vaccin, un truc de généticien et de pharmacien, fin bref un truc compliqué... Alors on s'est farcit les repas, avec les deux pères qui menaçaient de se planter une fourchette dans l'oeil, ma mère qui causait chiffons avec celle de Marius... Martial et Artur, sages comme des images... Et Marius qui m'a appris à remplacer de la chantilly par de la mousse à raser, sans compter le Saint Emilion hors de prix qu'on avait noyé dans de la grenadine ! Alors j'imagine que... Lorcan c'est ton frère, non ? Ça devait pas être triste non plus ! »
On s'en était pris, des réprimandes – et des baffes côté Marius – mais je gardais de cette époque de très bons souvenirs. Au moins, on ne s'ennuyait pas... Parce que les interminables repas d'affaires que nous nous coltinions, c'était tout sauf amusant, surtout pour des gosses. Et puis l'anecdote d'Aspen au sujet de l'attitude volage de Marius me fit éclater de rire. Ça ne m'étonnait même pas de lui !
« Vous êtes sérieux, là ? Nan mais... Marius... Un jour il faudra que tu apprennes à trouver des excuses crédibles, j'vais finir par croire que je suis la seule nana de ton entourage à ne t'avoir jamais vu les fesses à l'air, en fait ! Ma pauvre Aspen... Y a des jours où tu as dû avoir envie de le secouer comme un prunier, j'imagine ! »
Ça en faisait, des souvenirs étranges... Pauvre Marius qui devenait la cible de nos moqueries... D'un autre côté, il pouvait répliquer aussi facilement, c'était de bonne guerre ! Seulement le portable d'Aspen vibra et d'un coup, l'ambiance sembla se rafraîchir. Le discours du maire, les explosions... Je me mordillais la lèvre en sortant mon téléphone pour voir si je n'avais pas d'autres nouvelles de mon frère et secouais la tête.
« Rien de trop grave, non... Il a été bien secoué, il était sur place... Il travaille avec la police, alors forcément... Mais je me fais du souci quand même, l'explosion a dû lui flinguer les oreilles, déjà qu'il était handicapé par ça... Tout le monde va bien, de ton côté ? »
Ce n'était plus un secret, cette angoisse qui me serrait la gorge à chaque fois qu'il s'agissait de mon frère. Tout comme il ne fallait pas le côtoyer plus de dix minutes pour comprendre que s'il préférait le silence au brouhaha, ce n'était pas seulement pour son confort. Ce qui était étrange, en revanche, c'était de me voir m'inquiéter à ce point pour quelqu'un qui m'avait vaccinée, j'imagine. J'aurais voulu demander plus de détails à Marius au sujet de son frère, d'Astrid... Mais c'était un sujet sensible, autant ne pas le mettre en rogne tout de suite. Je me tournais alors vers Aspen.
« Tu as de la famille ou des amis, qui sont sur place ? Ils vont bien ? Et... Vous avez une idée de qui a pu faire ça ? »
Probablement un opposant à la nouvelle élue mais... Qui, justement ? Qui devions-nous tous craindre, au final ?
Sujet: Re: (event) objectif: se changer les idées Lun 14 Mar 2016 - 9:49
Marius & the Redheads
Marius & Moira & Aspen
Dire que l’argent d’Alistair avait ouvert toutes les voies à Aspen avait sa part de vérité, mais c’était dénigrer le mérite de la jeune femme : elle avait travaillé extrêmement dure pendant le collège et le lycée pour faire partie des meilleurs étudiants de sa promo, multipliant les classes avancées, les associations dans lesquelles elle avait toujours un poste important (devinez qui se tapait la trésorerie parce qu’elle arrivait à compter sans s’aider de ses doigts ? ), le bénévolat et j’en passe… Elle aurait pu aller n’importe où avec tout ça, et si Alistair n’avait pas été là, elle se serait débrouiller pour décrocher une bourse du mérite. Bien sur, l’argent de papa lui avait permis d’avoir un chouette appartement pendant 5 ans, de partir en voyage universitaire, de faire ses spring breaks à Hawai ou la Barbade… Mais allait elle cracher dans la soupe, parce qu’elle avait la chance d’avoir de l’argent ? non, clairement pas. Elle n’avait pas acheté sa thèse de fin de cycle, elle l’avait rédigé toute seule comme une grande, et avait réussi brillement. Et ça, personne ne pourrait lui ôter.
Elle sourit à nouveau en voyant Marius reprendre contenance à mesure que la conversation se centrait à nouveau sur lui. Elles pouvaient bien dire toutes les horreurs du monde, tant que l’on parlait de lui, il se pliait à leurs moqueries de bonne grâce, ou presque. Elle nota mentalement que le père de Moïra était généticien, et un bon si Hippolyte s’était agrégé ses services. C’était bon à savoir, pour Calista. Il fallait vraiment qu’elle aille revoir le paternel Caesar, à l’occasion, et le plus tôt serait le mieux.
- Oui, Lorcan est mon frère jumeau. J’ai une sœur ainée aussi. Le coup de la chantilly mousse à raser tu me la jamais faite, celle là. En revanche, mettre de l’huile d’olive dans mon après shampoing, je m’en rappellerai longtemps …
Elle avait senti la salade niçoise pendant 2 jours, une véritable horreur. Elle roula des yeux devant l’excuse totalement bidon, bien au fait de la vérité sur ce rapprochement entre ces deux là, et étonnement, ça ne ressemblait pas trop à la version du blondinet :
- Mouais… comme on dit Marius, le tango ça se danse à deux… Et Moïra, à l’époque je n’étais pas trop secouage de prunier. En revanche je criais. Fort. Et bien sur que non je t’en veux plus Rius, c’était ya tellement longtemps … Pis c’est pas comme on était fous amoureux l’un de l’autre, à l’époque …
Les gueulantes de la rouquine étaient reconnues par son entourage, ses ires, presque légendaires. L’Aspen jeune adulte était du genre à hurler de sa voix stridente, à vous lacérer les tympans sans que ses cordes vocales ne montrent la moindre faiblesse. Elle en avait causé des maux de tête, à s’agiter comme un feu follet délirant, à balancer des trucs sur les gens en vociférant. Heureusement pour tout le monde, la jolie wol’ s’était pas mal calmée de ce coté, et elle n’haussait le temps plus que pour se faire entendre. En revanche, son verbe s’était acéré, au grand dam de ses détracteurs. Elle écouta Moïra et Marius parler de leurs frangins respectifs, alors que le sien ne donnait toujours pas signe de vie. Elle avait beau essayé de rationnaliser, après tout qu’est ce que son frère serait allé faire au discours de la nouvelle maire, elle ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter. Cette attaque, elle était dirigée contre Isolde, mais aussi contre tous les mutants de la ville, et Lorcan en faisait partie. Alors elle espérant qu’il était resté bien tranquillement chez lui à faire la grasse mat ou à jouer à la console…
« Asp’, t’as un SMS. »
Avec une rapidité dépassant l’entendement, sa main attrapa le téléphone dans son sac pour débloquer la page d’accueil, avant qu’un voile sombre passe sur son visage. Noeh. Déjà deux messages en l’espace d’un quart d’heure, ils n’avaient surement pas du entendre le premier, et grand bien leur faisait d’ailleurs. Elle lui avait déjà dit qu’elle allait bien, c’était bien, bien suffisant, il ne méritait rien de plus de sa part. Son estomac se noua, alors qu’elle reposait son téléphone sur la table basse et terminait son verre de blanc pour s’en resservir un fond. Elle s’interdisait de penser au Callahan ce soir. Elle était là pour Marius, et par extension pour Moïra. Que l’autre briseur de cœur aille au diable voir si elle y était…
- Fausse alerte, c’est pas Lorcan.
Elle espérait de toutes ses forces que Marius ne pose pas de questions, mais le connaissant…
Sujet: Re: (event) objectif: se changer les idées Lun 14 Mar 2016 - 23:21
Objectif: se changer des idées
Aspen & Moira & Marius
Plus la discussion se recentre sur moi, moins je bouge et mieux je respire. Si je dérange ? Ma question est aussi logique que mon comportement est mature, mais même si je m’en aperçois, je me laisse tirer en arrière par Aspen, consens à m’asseoir. Et reçois en plein visage les conséquences de ma petite crise d’enfant gâté. J’éclate de rire sous les anecdotes qui fusent sur mon enfance, supposée me mettre mal à l’aise ou me faire râler, mais je suis bien trop content d’être à nouveau inclus dans la conversation pour être susceptible plus de deux secondes. Comme si j’étais capable d’être rancunier de toute manière… La mousse à raser à la place de la chantilly, la grenadine dans le Saint-Emilion… J’en ai presque les larmes aux yeux lorsque Moira revendique nos exploits culinaires de l’époque. Ils n’étaient pas tristes, les repas à l’époque. Surtout quand il y avait Moira, mais même les autres… c’étaient les pires années de ma vie. Entre Martial que je ne voyais pas la semaine, mes compétitions de Hand qui sautaient lorsque mon père m’interdisait de rentrer les week-ends parce que j’avais de trop mauvais résultats et ces interminables dîners… Je ne me suis calmé en arrivant aux US que le temps d’apprendre l’anglais et de me rendre compte que les Wolstenholme étaient fréquentables selon mes critères. « Ca a été la seule période de ta vie où tu as senti bon, te plains pas ! » je rétorque par jeu à la mention que vient de faire Aspen d’une énième connerie de ma part. Je ne sais même plus pourquoi j’avais fait ça. Juste pour voir si j’étais capable de le faire, il faut croire… en général, ça ne sert à rien de chercher plus loin avec moi.
Tout comme je ne vais pas chercher très loin mes excuses lorsque je trompe mes copines ou que j’ai la sale manie d’aller voir à ailleurs sans le moindre remord. Apprendre à trouver des excuses crédibles ? « Si je commence à chercher des excuses, j’suis pas sorti de l’auberge… et puis, je danse très bien le tango tout seul, tu ne m’as jamais vu faire ? » Je tire la langue à Aspen quand elle me rassure en me disant qu’elle ne m’en veut plus. Encore heureux… je risquerais de culpabiliser de ne toujours pas m’en vouloir. « A ça, pour savoir crier… je me demande toujours comment tu fais pour voir autant de coffre, tu sais… » Fous amoureux… je ne réponds même pas à ça, tant l’évidence me semble… évidente. Si je suis déjà tombé amoureux d’une fille ? Oh… de chacune de mes copines, de chacune des filles avec qui j’ai passé une ou plusieurs nuits. Seulement je tombe amoureux et je change d’avis toutes les semaines. Mais fou amoureux ? L’expression seule me fait mourir de rire donc bon…
Je redeviens brutalement sérieux, à l’instant même où le portable d’Aspen vibre. Aussitôt, la gravité de ce qu’il s’est passé à l’extérieur me tombe dessus, la raison même de la présence d’Aspen à l’appart se pose en plein milieu de la conversation. Et instinctivement, je pense à Martial. Et si je pense à Martial, je pense à Artur et à Lorcan. Artur blessé apparemment, rien de grave me confirme Moira même si comme à son habitude, elle se fait bien trop de souci pour son connard de frère. Un petit imbécile notoire, qui a chialé comme une lavette à son enterrement alors qu’il l’avait vaccinée sans arrière pensée avant. Une girouette. Un imbécile. Un petit frère. « Tout le monde va bien, de ton côté ? » Du coup de l’œil, j’observe Aspen lire son SMS. « Ah ouais, la merde pour ses oreilles, le pauvre il doit chialer. De mon côté ? Ouais, Martial a finalement daigné me répondre… » Un SMS, aussi long et complet soit il ne me suffit pas lorsqu’il s’agit de mon frère. Besoin maladif de le voir, besoin maladif de l’entendre, j’ai essayé de l’appeler sans aucun succès. Moira doit voir la tête que je tire parce qu’elle se tourne sans attendre vers Aspen. Et pour une fois, pour une fois, que la discussion se détourne de moi ne me dérange pas. « Tu as de la famille ou des amis, qui sont sur place ? Ils vont bien ? Et... Vous avez une idée de qui a pu faire ça ? » Je pose les yeux sur Aspen, fronçant les sourcils. Elle ne répond pas. Et bien… « Lorcan ne donne pas de nouvelle, c’est pour ça que le SMS… » - Fausse alerte, c’est pas Lorcan. J’hausse instantanément un sourcil.
Si ce n’est pas Lorcan, deux questions se posent : de un, pourquoi cet imbécile ne répond pas à sa sœur. De deux : c’est qui dans ce cas ? Je suis peut être stupide, mais je me rends compte que balancer le sujet explosion n’est pas l’idée du siècle, vu l’ambiance morose qui s’est abattue sur nous. C’est peut être ça qui me pousse à me laisser tomber en arrière sur Aspen, pour lui piquer son téléphone dans un infantile : « C’est quiiiiii alors ? » qui aurait plus sa place dans la gueule d’un gosse de huit ans. Mais comme j’ai huit ans dans ma tête, tout va très bien. Je regarde le nom, affiche une grimace éloquente. « Sérieux, ce bouffon t’envoie des SMS ? Je peux lui répondre ? » Je regarde Moira en me redressant pour tenir le portable hors de portée d’Aspen. « Tu vois, Noeh, déjà, c’est un prénom ultra moche. Mais celui là, je t’explique, il aurait mieux fait de ne pas construire d’arche si tu vois ce que je veux dire. J’ai ramassé la rousse que voilà la petite cuillère lorsqu’il l’a larguée comme une vieille chaussette. » Bon, je suis d’accord, c’est un peu l’hôpital qui se fout de la charité parce qu’avec les filles, je ne suis pas clean non plus mais… « Moi je dis, laisse le mariner dans son jus encore une petite heure. Ça lui fera du bien. »
Sujet: Re: (event) objectif: se changer les idées Mar 22 Mar 2016 - 12:39
Objectif: se changer des idées
Marius & Moira & Aspen
Décidément, à 12 ans, 18 ou 27, Marius ne changeait pas. C'était toujours le même gamin hyperactif, toujours prêt à faire une connerie et babillant à longueur de journée sans jamais se fatiguer. Je n'osais pas imaginer ce qu'il donnerait à 80 ans, arthrose et problèmes de reins compris. Ça serait probablement le papy le plus actif de la planète, à faire des courses de fauteuil ou de déambulateur dans les couloirs de sa maison de retraite. Marius calme et posé c'était... C'était Martial. Donc ce n'était pas Marius. Oui oui, brillante déduction, Sherlock ! Non mais franchement... De l'huile d'olive dans le shampoing... Pourquoi pas la vinaigrette complète, tant qu'on y est ?
« T'es pas le dernier à gueuler, Marius, vous pourriez faire un concours ! Tu nous fais une démonstration de tango tout seul ? »
Je lui agitais mon archet sous le nez, prête à mettre à profit ces infâmes cours de violon pris avec une prof argentine hystérique qui ne jurait que part ses racines et vomissait Bach et Beethoven... Et si Aspen voulait bien m'accompagner, ça ferait un trio pas trop dégueu... Bon Marius aurait l'air totalement ridicule à danser tout seul, ça c'était certain. Seulement ça, ça serait pour plus tard. Car déjà, les choses devenaient plus sérieuses. Les explosions à la mairie, un discours avorté par la folie meurtrière d'on ne savait qui... Ça me faisait froid dans le dos, et égoïstement je ne pouvais m'empêcher d'être soulagée en me disant que mes proches ne faisaient pas partie des victimes les plus touchées. Je penchais la tête sur le côté en fixant Marius, me retenant de lui demander plus de détails. Non seulement ça aurait eu l'ai louche – et approcher Martial était une déclaration de guerre dans le code Caesar, ça j'avais bien compris – mais ce n'était sûrement pas le moment de le titiller avec ça. Aspen n'avait quant à elle pas de nouvelles de son frère, et je ne pouvais que compatir à son inquiétude.
« Et ta sœur, tu as de ses nouvelles ? Peut-être que le téléphone de ton frère est hors service, ou qu'il n'arrive pas à capter là où il est... »
Mon air inquiet fut rapidement balayer par la curiosité maladive de Marius, qui s'empressa de réquisitionner le téléphone de son amie. Secouant la tête en essayant tant bien que mal de dissimuler mon sourire amusé, je les regardais se battre pour récupérer le portable, sans pour autant m'interposer. Pas envie de me prendre des baffes de la part de l'un ou de l'autre !
« Aaah je vois... C'est toi le preux chevalier en armure qui est venu sauver la princesse ! Oh bien sûr j'imagine que tu avais d'autres princesses qui attendaient à ce moment-là, c'est dur le travail d'un héros au cœur pur ! »
Je lui tirais la langue en riant, ayant du mal à chasser cette image de Marius, les bouclettes au vent, venu délivrer sa belle des griffes d'un ex un peu trop con pour elle.
« Si je résume bien... Ce Noeh t'a quittée, mais il revient la queue entre les jambes des années après ? Eh bah il a honte de rien... J'espère au moins que c'est pour s'excuser ! Ah moins que ça ne soit plus compliqué... »
Les histoires d'amour, c'était jamais simple... C'était même la plupart du temps tordu et difficile à démêler. A grands coups de « je t'aime, moi non plus », pas étonnant que tant de couples se tournent autour et mettent des années à se retrouver ! Je me penchais alors vers Marius avec un sourire moqueur.
« Dis-lui qu'elle est en charmante compagnie et que s'il veut une preuve, on lui envoie des photos compromettantes ! Ça le fera p'tet taire, tiens ! »
Sujet: Re: (event) objectif: se changer les idées Mar 22 Mar 2016 - 22:55
Marius & the Redheads
Marius & Moira & Aspen
Compte tenu des messages qu’elle avait daigné lui envoyé ces dernières heures, elle le trouvait particulièrement gonflé de venir la harceler alors que tout ce qu’elle voulait, c’était se détendre, le temps d’une soirée, avec des gens qui ne lui parleraient pas de mutants et de chasseurs et de toutes ces conneries. Rigoler, faire de la musique, boire du vin pieds nus sur un canapé en mangeant des bonbons et des fraises. Ne pas penser à l’attentat, aux bombes, aux blessés, au fait que son frère ne lui avait toujours pas donné le moindre signe de vie. Ne pas penser à lui, parce qu’elle avait la ferme intention de l’oublier une bonne fois pour toutes, dès lors qu’il n’avait pas pris la peine de la revoir depuis son coup d’éclat, le soir de l’anniversaire des Callahan. Aussi, Aspen n’avait fait que serrer les mâchoires et retourner au menu principal. C’était pas Lorcan, alors elle s’en foutait, voilà. Sauf que Marius ne semblait pas de cet avis, et avec une rapidité tout à fait inadéquate pour quelqu’un d’aussi diminué physiquement que lui, il lui avait arraché le téléphone des mains en faisant des grimaces ridicules.
- Rends moi ça tout de suite Caesar ou je te casse les quelques os qu’il te reste d’intact ! Et notamment ceux des doigts pour t’empêcher d’écrire.
Alors, techniquement, elle en était capable, même si elle n’avait pas franchement envie de le faire. Aussi, elle se contentait de tendre la main d’un air agacé, alors que Marius se redressait pour l’empêcher de récupérer son précieux, la tête tournée vers Moira avec un air de comédien. La rousse souffla, levant les yeux au ciel : la ramasser à la petite cuillère, comme il y allait… Bon, il était vrai que tout de suite après sa rupture, elle n’en avait pas mené large pendant un moment. Mais Elle et Marius étaient sortis ensemble, quoi … 18 mois, deux ans après sa rupture fracassante avec le cadet des Callahan ? Elle avait eu le temps d’user un tas de petits amis kleenex avant de céder au charme solaire de son grand blond d’ami. Heureusement, à la réplique acerbe de la violoniste, Aspen vit bien qu’elle n’était pas dupe non plus.
- Ah, merci de ne pas croire un traitre mot sortant de sa bouche ! Non mais à la petite cuillère, je te jure…
Elle siffla la fin de son verre pour s’en resservir, remplissant à nouveau ceux de Marius et Moira au passage, avant de secouer la tête : quelle grossière erreur de lancer Aspen sur le récit de sa relation avec Noeh, Moira ne savait pas dans quoi elle s’embarquait …
- En fait, c’est un peu plus compliqué que ça. En fait, Noeh, sa sœur, mon frère et moi on se connait depuis qu’on est tout petit, et on était, genre, meilleurs amis de la terre, genre comme dans les séries, sauf qu’en première, au lycée, on a commencé à se tourner autour, Noeh et moi, au nez et à la barbe de nos frangins respectifs … Et on est sorti ensemble pendant plus d’un an. Et à la fin de la terminale, il m’a plaqué de manière super trash. Fin bon, c’était il y a … bien 7 ans, du coup. On était redevenu amis, fin plus ou moins, j’étais passée à autre chose –merci Marius- et … Et il s’est pointé chez moi ya genre 2 mois, à moitié saoul et totalement perdu, parce qu’il s’est disputé avec sa sœur et que ça n’arrive jamais. Et une chose en entrainant une autre, on a passé la nuit ensemble. Je pensais que ça voulait dire quelques choses pour lui, n’importe quoi, et finalement… Ben il a pas eu de bol, je l’ai surpris à embrasser une autre fille, à pleine bouche, à la bibliothèque…. Et donc voilà. Il s’est juste foutu de ma gueule en sachant pertinemment que j’ai toujours eu ce petit faible pour lui qui me rend stupide quand il me fait les yeux doux … Mais comme on dit « trompe moi une fois, honte à toi, trompe moi deux fois, honte à moi ». Maintenant, il peut bien aller se faire foutre avec ses textos de copain jaloux, on est pas ensemble, et je doute qu’il ait les bras assez musclés pour ramer assez longtemps pour me récupérer…
Ouais, quand Aspen l’avait mauvaise, elle ne faisait vraiment pas semblant. Elle finit par réussir à récupérer son portable à renforts de coups de coude dans les côtes de Marius, puis le laissa choir rageusement dans son sac.
- Bref, les mecs c’est tous des cons, sauf mon frère, mon père, et Marius parce que lui il a la décence de te prévenir en avance qu’il te décevra surement un jour. Ce qui fait que t’es pas déçue, du coup.
Sur ces mots, elle passa affectueusement la main dans les cheveux du jeune homme, le décoiffant au passage. C’est vrai qu’au final, c’était peut être ce qu’elle préférait chez Marius, son honnêteté.