Autour de lui, un monde en feu. Des cris, des pleurs, des plaintes. Le chasseur n'arrivaient pas à ouvrir les yeux, pourtant il entendait le chaos qui l'entourait, qui l'encerclait. Ren voulu se lever, mais il n'y arrivait pas. Pourquoi n'y arrivait-t-il pas ? Pourquoi ne pouvait-il pas bouger ni ouvrir les yeux ? Son souffle était saccadé, sa respiration instable. Il ne comprenait rien, perdu entre deux monde. La vie et la mort. Soudain, il entendit des voix qui s'approchaient de lui ; elles lui paraissait pourtant à milles lieux. Dans une ultime bataille pour reprendre son souffle, le chasseur rendit les armes. Doucement, son esprit glissa dans les ténèbres ; mais aucun lumière n'est là pour l’accueillir au bout du tunnel.

Quand il reprit ses esprits, rien n'était plus clair. Combien de temps avait-il été inconscient ? Dix minutes ? Dix heures ? Dix ans ? Ren n'en savait rien. Pourtant, sous son dos endoloris, il n'y avait plus les débris qui lui entaillait la chair ; l'air semblait respirable, et plus emplit de poussières et de cendre. Le chasseur toussa, peinant encore à reprendre son souffle. Autour de lui, la panique régnait toujours mais elle ne semblait plus être la même ; plus de cris, mais des voix pressées et des bips réguliers. Etait-il à l'hôpital ? Ren ne se souvenais plus de rien, incapable de comprendre comment il était arrivé là. Non sans efforts, le chasseur arriva à entrouvrir les yeux : le couloir défilait sous ses yeux alors qu'on le poussait rapidement. Les médecins autour de lui se pressaient, certains vérifiaient les appareils branchés à son corps amorphe, un autre le suivait de près, pressant fermement un linge pourpre contre son torse. Son torse. C'était de la, que venait cette douleur déchirante qui lui enflammait le corps entier. Les secondes filaient alors que Townshend commençait à comprendre l'ampleur de sa condition. S'il n'arrivait pas à respirer normalement, c'était à cause du masque qui lui cachait le visage, le forçant à inspirer et à expirer à son rythme. Et s'il était dans cet état c'était à cause ... de l'explosion. Tout lui revint en mémoire d'un coup, et le chasseur se souvint soudainement de la scène apocalyptique qui s'était déroulé sous ses yeux. Thaddeus, qui lui avait partagé son plan quelques minutes avant le discours de la gagnante, et sa course folle jusqu'à la mairie. Ren voulait s'assurer qu'elle n'était pas là, que sa Costia ne risquait rien. Il avait voulu la sauver, et au final c'était sa vie qui était en danger. Arrivé trop tard, ou plutôt juste à temps pour se faire souffler par la déflagration. Où était-elle maintenant, sa Costia ? Était-elle elle aussi dans la foule quand la bombe avait explosée ? Le bip saccadé de la machine à ses côtés lui indiqua que son rythme cardiaque s'affolait, alors que le chasseur puisa les dernières forces qui lui restait. Dans un coup de folie, il se redressa, prenant de court tous les médecins autour de lui. Ren lança un regard paniqué autour de lui, à la recherche de la belle ; il la cherchait sur les nombreux brancards qui l'entourait, et parmi les infirmières dépassées par les événements. « Monsieur ! Monsieur s'il vous plait, ne bougez pas. » ordonna la femme en blouse blanche qui se tenait au dessus de lui ; d'un geste ferme, elle le plaqua contre brancard. Ren n'eut même pas la force de se débattre. Il continua de scruter l'horizon à la recherche de son infirmière favorite, la peur au ventre. « Est-ce que vous vous rappelez de ce qu'il s'est passé ? » demanda le médecin impatiemment, marchant rapidement à côté du brancard qui continuait sa course folle. Le chasseur ne répondit pas ; il entendait la voix de la femme, mais ne comprenait pas les mots qui sortaient de sa bouche, incapable de se concentrer sur ce qu'elle disait. « Monsieur, vous étiez dans la foule lors de l'explosion. Vous avez été projeté contre le sol et une barre de métal vous a perforé le torax ; on pense qu'un de vos poumon à été touché. C'est pour ça que vous rencontré des difficultés à respirer. Monsieur ? Est-ce que vous m'entendez ? » Ren ne portait pas attention à la femme qui tentait d'obtenir son attention, lui portant un regard hagard avant de repartir à la recherche de Costia. « Le choc a été violent, il y a des saignements internes. On vous conduit en salle d'opération pour essayer de stopper l’hémor- » Ren ne la laissa pas finir. Au bout du couloir, il aperçut soudain la chevelure flamboyante de la mutante. Il se redressa violemment, ignorant la douleur qui lui déchira la poitrine. « Costi- » commença-t-il à crier. Mais le masque qui lui cachait le visage l'empêchait de parler correctement. De sa main libre, il arracha violemment l'appareil. « Costia ! » La voix du chasseur était étouffée, surement le trou dans son poumon qui l'empêchait de crier aussi fort qu'il ne l'aurait désiré. La douleur était insoutenable, pourtant il essaya une nouvelle fois d'obtenir l'attention de sa belle. « Costia ! »

Si le chaos du parvis de l'hôtel de ville était une chose, celui qui régnait à l'hôpital en était une toute autre. Atour de lui, le chasseur sentait le personnel s'agiter et céder à la panique. Certes ce n'était pas un événement exceptionnel à Radcliff, il était même triste de dire que ce genre de chose arrivait fréquemment ; malgré tout, on ne pouvait pas réellement se préparer à un événement comme celui-ci, même si cela était déjà arrivé. Ren n'était qu'un des nombreux patients qui affluaient à l'hôpital ce jour là, rescapé miraculé parmi les victimes de l'explosion. A ce moment, Townshend ne se rendait pas bien compte de sa chance, il était encore trop dans les vapes pour réellement prendre conscience de son état. Son esprit était ailleurs, vagabond, à la recherche de l'infirmière qui occupait toutes ses pensées. Dans son esprit, la panique avait pris le dessus ; Ren avait peur. C'était rare pour l'intrépide chasseur, à qui l'on avait effacé ce sentiment de son ADN. Pourtant, entre la pression qui l'empêchait de respirer et la douleur qui lui trouait le torse, il ne pouvait que trembler devant son état. La seule chose qui pouvait l'apaiser à ce moment, c'était elle ; sa Costia. Sa mutante, la seule et unique exception. Celle qui lui faisait douter de tout ce pour quoi il se battait. La belle était surement à l'hôpital ce soir là, il le savait. Même si elle n'était pas d’astreinte, la connaissant il savait qu'elle aurait accouru aux urgences pour prêter main forte. Malgré le masque sur son visage, le chasseur avait du mal à respirer, même par à-coup. Le poids qui lui compressait la poitrine ne semblait pas vouloir se lever, empirant alors que le brancard continuait sa course folle. Tout autour de lui était flou ; Ren n'était pas sur que ce qu'il voyait à ce moment était vrai. Entre rêve et réalité, le chasseur se sentait s'enfoncer dans l'étreinte réconfortante de l'inconscience. Il devait se battre pourtant ; c'était ce qu'il était après tout, un soldat. Il devait se battre, au moins le temps qu'il la trouve. Le chasseur tentait de garder les yeux ouverts, ignorant complètement le discours et les instructions du médecin qui tentait de le garder en vie. Son regard s'égarait, flottant dans le chaos des scènes autour de lui, qui s'enchainaient alors qu'il avançait dans le couloir. Ren aurait presque lâcher prise, s'avouer vaincu -ce serait bien une première pour le vaillant chasseur- quand elle apparut devant ses yeux. Une véritable vision, qu'il aurait pu confondre avec un mirage. Était-elle réelle ? Ou juste un mauvais tour de son esprit mourant ? Dans le doute, Townshend décida de l’appeler, espérant de tout cœur que cette apparition soit réelle. Il retira le masque sans réellement y penser, souffrant presque immédiatement de ce manque d'oxygen ; il tâcha de crier, avec le peur d'air qui lui restait dans les poumons, espérant que cela soit suffisant pour qu'elle l'entende. La belle se retourna, au grand soulagement de Ren ; un léger sourire -crispé par la douleur- s'étira sur ses traits. « Ren, Ren, j'suis là. » La voix de l'infirmière eut poour effet immédiat de le calmer ; il sentit son cœur calmer sa course folle, et sa respiration moins saccadée. S'il avait pu bouger, il l'aurait surement saisit dans ses bras, et ne l'aurait plus jamais lâché. La belle éclipsa le médecin qui s'occupait de lui, prenant à son grand soulagement cette femme qu'il ne connaissait pas. La belle souleva le linge ensanglanté et le chasseur la vit pâlir. Sa blessure ne devait pas être belle à voir. Ren sentait ses longs doigts se poser contre son cou, un geste rassurant qui eut pour effet de l'apaiser. La main du chasseur se leva difficilement, se posant sur celle de Costia. Le regard de la belle se voulait rassurant, pourtant Townshend pouvait lire la panique dans l'azur de ses yeux ; il s'en fichait bien. Tant qu'elle était à ses côtés, il était prêt à tout endurer. Il sentit pourtant la douleur diminuer alors qu'une vague apaisante lui traversa le corps. Il se rappela de cette sensation ; c'était elle, c'était son pouvoir. Elle l'aide à nouveau, comme elle l'avait fait quelques mois plus tôt dans cette ruelle. « Je- Je croyais que- » souffla-t-il difficilement, ses mots entrecoupées par de longues respirations douloureuses. « -tu étais là-bas. Je vou- voulais te prévenir. »

Chaque inspiration était un calvaire, ravivant la douleur qui lui perçait la poitrine. Le chasseur sentait la pression du sang qui se déversait dans sa cage thoracique, appuyant sur ses poumons, rendant chacune de ses respirations impossible. L'air commençait à manquer, alors qu'il peinait de plus en plus à renouveler l'oxygène dans son système. Devant ses yeux, des milliers de lumières lui bloquait la vision alors qu'il suffoquait de plus en plus ; Ren avait déjà vécu ça, on l'avait déjà étranglé. Il savait ce qui devait suivre, il savait que la prochaine étape était l'évanouissement. Et si usuellement il pouvait se défendre de son assaillant et éviter de tomber dans les pommes, cette fois-ci il n'avait personne à blâmer ; il ne pouvait que sombrer dans les bras de Morphée, impuissant. Le chasseur n'était pas dupe, il savait que s'il se laissait aller, il ne se réveillerait pas. Pas avec tout le sang, pas avec ce foutu poumon percé. Alors il se battait, ignorant la douleur, ignorant l'étouffement. Ren se concentrait sur elle, fixant ses longs cheveux brillant à travers les milles étoiles qui l'empêchait de voir. Il cherchait ses yeux azurs, et ses traits fins. Il se rattachait à elle alors que son monde s'écroulait autour de lui ; il n'y avait plus que Costia qui l'aidait à ne pas se laisser tomber dans les ténèbres sous ses pieds. La situation était risible ; s'il avait pu, le chasseur aurait surement laissé échapper un rire. Toute sa vie, il s'était battu pour les chasseurs, et pour Thaddeus. Il y avait voué son existence, tout ce en quoi il croyait. Et aujourd'hui, il allait mourir à cause d'eux. A cause de leur bombe, et de sa bêtise. Il allait mourir, car pour une fois dans sa vie, il n'avait pas été le parfait soldat qu'on attendait de lui ; pour une fois, il avait pris une décision à l'encontre de ce qu'on lui avait ordonné. Et dans ses derniers instants de conscience, Ren se jura qu'il ne le regrettait pas. Pire, il le referait si c'était à refaire. Car alors qu'il se laissait sombrer dans l’inconscience, il réalisa qu'il était prêt à mourir mille fois pour protéger Costia.

Le chasseur sentit les doigts de la belle s'enrouler autour des siens, une pression rassurante qui le fit sortir de sa léthargie. Il entendit sa voix mais il ne comprenait pas ce qu'elle essayait de dire ; comme une écho lointaine qui se perdait à l'autre bout d'un tunnel. Il ne voyait plus rien maintenant, le manque d'oxygène ayant totalement obscurcit son champ de vision. Il n'y avait plus rien autour de lui ; plus de son, plus d'images. Seulement la pression de la main de la belle contre la sienne. Puis plus rien.

Ren rouvrit les yeux, reprenant violemment son souffle comme après être resté sous l'eau pendant trop longtemps. La douleur dans sa poitrine avait disparu, la pression aussi. En réalité, Ren n'avait plus mal nulle part ; il ne s'était pas sentit aussi bien depuis un long moment. Le souffle court, il croisa le regard de Costia, la main toujours posée sur sa poitrine, et il comprit tout de suite. Ce n'était pas la première fois, il savait exactement ce qui venait de se passer ; le regard surpris du médecin ne fit que confirmer sa crainte. Le brancard continuait sa course, plus calmement maintenant, s'arrêtant finalement dans une chambre encore déserte. L'équipe médicale quitta la pièce, encore déboussolée, le laissant seul avec Costia. Le chasseur avait encore du mal à respirer normalement, reprenant doucement son souffle. «  Ça va mieux ? Tu - Tu ne devrais plus avoir mal maintenant. » souffla la belle en tirant le rideau derrière eux. Ren acquiesça doucement, encore déboussolé par ce qui venait de se passer. Il n'était pas encore habitué à être récupéré de parmi les morts. Son regard suivait la belle alors qu'elle revenait se poser à ses côtés. Sans un mot, il sauta sur ses pieds et alla la rejoindre, la serrant dans ses bras. Son visage s’enfouit contre son cou, se perdit à travers ses longs cheveux blond. « Merci. » souffla doucement. Il n'y avait pas de mots pour ce qu'elle venait de faire, faute de mieux Ren ne pouvait que le remercier. Sans relâcher la pression de ses bras autour de son corps gracile, il se répéta. « Merci beaucoup, Costia. » Son corps entier tremblait, ses jambes étaient encore faible. Pas à cause de la fatigue -la mutante l'avait entièrement guérit- mais à cause de la peur, qui le paralysait encore.

Autour de lui, des regards confus par la scène qui venait de se dérouler devant eux. Les médecins, les infirmières, les patients ; tous venaient d'assister à la guérison miracle du chasseur. Leurs yeux ronds étaient tournés vers lui, encore sonné par cette rencontre avec la mort, et vers Costia qui se tenait encore au dessus de lui. Ren n'aimait pas ça, tous ces regard qui les dévisageaient, il n'aimait pas être le centre d'attention. Et le hunter n'aimait pas non plus l'idée que Costia se fasse remarquer de la sorte. Il n'était pas assez conscient pour retenir les visages qui l'entourait, ne pouvant distinguer s'il y avait d'autre chasseurs dans l'assemblé qui s'était formée autour d'eux ; il espérait pourtant que l'incident soit assez passé inaperçu. Le fait de s'isoler dans une petite chambre déserte le rassura, se sentant plus en sécurité là où personne ne pouvait identifier de trop près la jeune femme qui venait de le ramener de parmi les morts. Son souffle devenait de plus en plus régulier, reprenant son rythme normal ; le pouvoir de Costia était d'une efficacité extraordinaire, le chasseur ne s'était pas sentit aussi bien depuis longtemps. Même ses vieilles douleurs semblaient s'être atténuée, même son genoux qui refusait de guérir le faisait moins souffrir. Le Townshend se redressa doucement, soucieux d'avoir quelques séquelles, tremblant encore comme une feuille. Pour cet homme qui s'assurait sans peur, Ren n'avait jamais pensé être aussi effrayé. Il avait déjà frôlé la mort plusieurs fois, mais cette fois-ci, ça avait été différent ; il avait vraiment cru qu'il allait passer. Sans Costia, sans son pouvoir ... Si la belle n'avait pas été là il serait probablement mort à l'heure qu'il était. Une pensée surréelle pour le chasseur, dont le regard ne voulait quitter le visage soucieux de la blonde. Il ne put s'empêcher de sauter sur ses pieds, la remerciant comme il se devait. C'était la deuxième fois qu'elle le sauvait d'une mort certaine ; comment pouvait-il exprimer toute cette gratitude qu'il avait pour elle ? C'était impossible. Mais il pouvait commencer par la prendre dans ses bras, c'était un bon début. Il enfouit sa tête dans le cou immaculé de la Manning, s'imprégnant de son doux parfum. Il aurait pu rester ainsi des heures. La simple présence de la belle dans ses bras suffisait à calmer le tremblement qui le secouait encore. « J'aurais jamais pu te laisser mourir, Ren.  » Le cœur de Ren se serra ; jamais personne ne lui avait avoué une telle chose. Une vague de sentiment le traversa, réveillant son cœur gelé, le réchauffant de la tête aux pieds. Il n'aurait jamais espéré entendre ce genre de choses de la bouche de la mutante ; c'était tellement doux, ça sonnait comme une mélodie. Lui qui s'était convaincue que la belle ne pourrait jamais rien ressentir pour lui ... Pour la première fois il pensait avoir eu tord de penser de la sorte.

Le chasseur ne répondit pas, l'attirant seulement un peu plus fort contre lui. « Si je t'avais pas vu, si tu m'avais pas appelé... Tu... Tu... Et j'aurais pas pu le supporter.» Il ne pouvait pas voir son visage, pourtant il entendant sa voix nouée par les larmes. Ren aurait voulu s'excuser, mais ça ne semblait pas comme la bonne chose à faire. Le chasseur s'en voulait, d'être aussi maladroit avec ses sentiments. Lui même ne savait pas quoi penser, complètement perdu face à ce qu'il ressentait pour la belle ; tout ce qu'il savait, c'était qu'il était prêt à risquer sa vie pour sauver la sienne. Mais il n'arrivait pas à mettre les mots sur ce qu'il voulait. Il l'a sentit s'écarter de lui, brisant cette étreinte rassurante qu'il aurait voulu éternelle. La belle alla s’asseoir sur le rebord du brancard, et Ren la suivit docilement ; il s'arrêta pourtant en face d'elle, déposant un baiser sur son front, avant de s’asseoir à ses côtés. « Tous ces gens, tous ces regards ... Tu n'aurais jamais dû te mettre en danger comme ça, juste pour moi. » souffla-t-il doucement, le regard fuyant vers la pointe de ses chaussures blanchies par les cendres. Le chasseur alla chercher sa main sur le bord du brancard, enroulant ses doigts autour des siens.  « Mais je t'en suis tellement reconnaissant Costia. » Ren remonta le regard, le plongea dans l'azur de ses grands yeux bleus. Le chasseur ne s'habituerait surement jamais à la beauté de la jeune mutante, il était émerveillé chaque qu'il croisait ses traits. « Ca commence à devenir une habitude, que tu me sauves la vie comme ça. Il va me falloir une carte de fidélité chez le fleuriste, à ce rythme là.» souffla-t-il finalement, malin, en essayant de détendre l'atmosphère.

Le chasseur sentit l’épaule de la belle se reposer sur la sienne, et son coeur se serra. Un geste anodin, qui pourtant attendrissait Ren comme rien d’autre. Il n’avait jamais été habitué à ce genre de chose, au contact physique et à ces geste rassurant. La douceur, c’était un étranger dans son vocabulaire. Avec Costia, c’était un monde entier qui s’ouvrait à lui, un monde ou la violence n’était pas la seule réponse. Un monde, duveteux de caresses et de petits attentions. Ce monde là, le Townshend s’y abandonnerait sans hésitation si la blonde l’entraînait par la main. Il la remercia à nouveau, ne voyant pas quoi faire d’autre pour le moment. Il se retrouvait tellement impuissant face au geste indescriptible de la jeune femme. Comment remercier quelqu’un qui venait de vous sauver là vie ? Il n’était pas sur qu’il existe une réponse. C’était lui, le géant fait de muscles et de violence ; pourtant à cet instant, il n’y avait pas plus puissant que la frêle jeune femme gênée par sa gratitude. Il n’était rien, face à Costia. Face à celle qui venait de le réveiller de parmi les morts pour la seconde fois, celle qui avait ignoré son allégeance, celle qui le faisait à qui il était loyal. Il avait beau la dépasser de plus d’une tête, il était totalement à la merci de la jolie infirmière.

« Je suis certaine que tu aurais fait la même chose... si les rôles étaient inversés.» Le chasseur acquiesça. La belle avait raison, et elle le savait. Ren était prêt à tout pour, même au plus stupide. Il l’avait démontré aujourd’hui, en accourant vers l’explosion pour s’assurer qu’elle n’y était pas. Et il le referait, encore et encore, lui ayant promis qu’il la protégerait envers et contre tout. Après tout, il lui devait la vie. Il blagua, maladroit, tentant de détendre l’atmosphère. Le rire cristallin de la belle s’éleva dans la petite chambre où ils avaient trouvé refuge, réchauffant le coeur de glace du chasseur. Il était fier de lui, d’avoir réussit à dessiner un sourire sur ses traits soucieux. Elle lui indiqua qu’elle aima le chocolat, faisant à nouveau sourire l’anglais. « C’est noté. » souffla-t-il en gardant une note mentale de ce commentaire. Bien sur, première chose qu’il ferait en sortant de l’hôpital serait d’aller lui chercher un cadeau ; ou plutôt des cadeaux, maintenant qu’il connaissait son penchant pour le chocolat. Peut-être un bijou aussi, quelque chose de spécial. Il voulait seulement qu’elle réalise à quel point elle comptait pour lui. « Je vais commencer à croire que tu l'fais exprès simplement pour avoir un prétexte de me voir. » La belle plongea son regard dans le sien, et Ren se sentit rougir. Un large sourire s’étira sur ses traits sanguins, laissant entrevoir la part de tendresse que seule l’infirmière savait révéler. Il s’approcha d’elle, doucement, et déposa ses lèvres contre les siennes. Un baiser plein de douceur, plein de tendresse. « Je devrais probablement trouver un moyen un peu moins dangereux, pas vrai ? » souffla-t-il en se reculant lentement, laissant son visage à quelques centimètres du sien. « Comme t’inviter au restaurant ? Je te dois bien, après tout ce qui vient de se passer c’est la moindre des choses. »

C'était un sentiment étrange, au creux du cœur du chasseur. Un sentiment qui le chatouillait, un sentiment dont il ne savait pas trop quoi faire. Il regardait cette femme devant comme s'il n'y avait qu'elle sur terre, comme si plus personne d'autre n'existait dans l'univers. Il avait beau essayer de se convaincre de toutes la manière possible, il n'y avait plus rien à faire. Quoiqu'il fasse, il était foutu. Costia avait pris une telle place dans sa vie qu'il n'y avait plus de point de retour. Dans le cerveau de Ren, rien ne tournait plus rond, il ne pouvait pas renoncer à son amour pour Costia, mais il ne pouvait pas non plus renoncer à la chasse. C'était une part trop importe de sa vie ; c'était sa vie. Devant lui, un problème qui n'avait surement pas de solution, et qui rongeait chaque jour un peu plus le chasseur. Jamais il ne pourrait trahir Thaddeus, pourtant il n'imaginait plus sa vie sans la présence apaisante de la blonde. C'était bête à dire. Leur relation était encore jeune, encore bancale, il ne savait même pas comment nommer ce qu'ils partageaient. Pourtant, ça semblait naturel et si plaisant, ça lui donnait l'impression qu'il ne pourrait plus jamais revenir à cette vie avant de la connaitre. Un sentiment amplifié par le contact doucereux de ses lèvres contre les siennes. Dans ce baiser, Ren se perdait complètement, oubliant le temps d'un instant tous les problèmes que cette relation interdite apportait à sa vie. Lorsqu'elle était là, tout près de lui, l'anglais avait l'impression que tout était plus simple, et que tout irait bien ; une sensation à laquelle il aurait aimé s'accrocher mais qui lui filait entre les doigts chaque fois qu'il repensait aux conséquences de ces actes irréfléchis. Parce que ce n'était pas seulement sa réputation, ni sa vie, qui était en jeu ; c'était aussi celle de Costia. Il la mettait en danger, en s'approchant autant d'elle. Et pour ça, il s'en voulait terriblement.

Pourtant, il ne voulait pas y penser pour le moment, pas alors que la belle se trouvait là, si proche de lui. Pas alors que son rire cristallin s'élevait dans l'air, berçant la pièce d'une musique dont il ne pourrait surement jamais se lasser. Ren ne s'était jamais cru aussi tendre, aussi joueur ; auprès de la Manning, c'était toute une nouvelle partie de lui qui émergeait. C'était si facile pourtant. « Ça m'a l'air bien plus amusant que de te voir agoniser sur un brancard. »  Le chasseur eu le temps d'esquisser un mince sourire quand à nouveau, les lèvres de la belle s'égarèrent sur les siennes. Sa main vint se perdre dans sa chevelure de la blonde, s'égarant dans son cou. Ce n'était pas la première femme -pas la première personne- qu'il embrassait, pourtant, il semblait redécouvrir cette sensation à nouveau. C'était différent de ce qu'il avait connu, différent de la violence des étreinte de Demetria ou de l'indifférence que lui procurait les baisers d'inconnus. Lorsque Costia se recula, Ren laissa sa main descendre sur le visage de la belle, caressant doucement sa joue. Son regard s'était noyé dans l'azur de ses yeux, ne voulant plus se détacher de celui de la belle.  « Demain soir ? Je peux essayer de prendre congé. » souffla-t-elle, son visage à quelques centimètres du sien. Un large sourire s'étira sur les lèvres de Ren. Il n'était pas certain que de lui faire une telle promesse était une bonne idée ; avec la victoire d'Isolde, toute l'organisation du Gunpowder Squad allait être remis en cause. Il devrait être là pour organiser tout cela, pour aider Thaddeus à retrouver ses marques maintenant qu'il n'occupait plus la tête de la ville. Pourtant, pour rien au monde il n'aurait raté un diner avec la blonde. Il acquiesça vivement, ignorant toutes ces raisons qui le poussait à dire non ; aucune n'était assez importante pour l'empêcher de profiter de la compagnie de la belle. « Parfait, demain soir alors. Je passerais te chercher à vingt heures. » Son visage rayonnait, trop heureux à l'idée d'emmener la belle dans un de ses restaurant chic favori. « Et puis maintenant que le couvre-feu est levé, on a toute la nuit devant nous. » souffla-t-il, l'air malin sur le visage. Cette fois-ci, il n'aurait pas l'obligation de la ramener chez elle à vingt-trois heures ; ils allaient pouvoir se perdre dans la nuit, et profiter de cette soirée.