Sujet: Re: (stv|isolde), a bright light in a sea of dark Mar 5 Avr 2016 - 5:11
cause here, everybody here's got somebody to lean on
ALL THAT I KNOW, THERE'S NOTHING HERE TO RUN FROM.
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and you can tell the world that you're tired. every time that i see your face i notice all the suffering. just turn to my embracei won't let you come to nothing. stand there and look into my eyes, and tell me that all we had were lies. show me that you don't care and i'll stay here if you prefer w/isolde saddler & cesare demaggio.
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Les questions qu’ils se posaient, Isolde et lui, et qui leur semblaient si répétitives et trop naturelles, probablement qu’elles n’effleuraient même pas l’esprit des autres amoureux : ceux qui étaient totalement épris l’un de l’autre, avec aucun autre sentiment pour faire battre leur cœur, que l’amour qu’ils se vouaient l’un à l’autre. Comment est-c’que ces gens-là pouvaient se demander encore et encore ‘et si’ ? Et s’ils avaient tourné à l’angle de cette rue plutôt qu’à l’autre ? Et si elle n’avait pas oublié son parapluie en ce jour de pluie ? Et si… ? Non, définitivement, ça n’devait pas être une interrogation commune pour les autres ; tout juste quelque chose d’anecdotique, vaguement poétique pour amuser. Pour Isolde et Cesare, cette question avait trop d’intonations graves et déprimantes, culpabilisantes et tortionnaires : ils s’étaient pourtant déjà dit, qu’il fallait qu’ils arrêtent de se tirailler l’esprit et les tripes avec cette question qui n’avait aucun sens, et aucun pouvoir pour changer le passé. Et au fond, même s’ils devaient changer qu’un tout petit truc d’eux, est-c’que ça n’aurait pas toute une réaction en chaine qui modifierait toute leur histoire, tous leurs sentiments, et tous les moments qu’ils avaient passé ensemble ? Est-c’que, s’il n’avait pas grandi en étant un chasseur, il aurait rencontré Isolde Saddler, un beau jour, pile à la bonne période, pour laisser l’opportunité à la jeune femme de répondre si logiquement à des interrogations et des doutes qui avaient menacé de le détruire ? Est-c’que, si le père d’Isolde n’était jamais mort, elle se serait engagée dans ce groupe de mutants en particulier, tout juste pour le rencontrer lui et l’aider à surmonter ses doutes ? Ouais, leurs erreurs, leurs regrets et leurs deuils les blessaient, et avaient éparpillé quelques morceaux de leur âme dans un néant inatteignable désormais : mais… mais ? Et si demain, un ange tombait du ciel pour leur offrir de changer quelque chose à leur passé, qu’est-c’qu’ils feraient ? Si Aria n’était pas morte… si Aria n’était pas morte, Isolde n’serait jamais venue le retrouver dans sa chambre de motel, seul, ce soir-là, ils n’se seraient jamais disputé – certes – mais elle n’aurait jamais perdu les eaux alors, et Clara n’serait pas née en cette date du 7 mai. Et quelques jours après, il n’aurait pas pris la décision d’aller contrer la menace de ses parents à la source, menant à cette conversation bien précise qu’ils avaient eue dans la chambre d’hôpital. La conversation de leurs retrouvailles, de leurs réconciliations- non ? Carrément, c’était bien difficile au quotidien, d’séparer le positif du négatif, et pour tout ça, Cesare n’était pas la meilleure personne pour écouter, pour conseiller, pour trouver les mots justes.
Alors tout ce qu’il pouvait faire pour Isolde ce matin, c’était encaisser chacun de ses sanglots- laisser l’empreinte de ceux-ci transcender les barrières de ses muscles pour glisser jusque dans son cœur, qui pulsait, pulsait contre sa cage thoracique avec l’énergie du désespoir. Y’avait un coin de sa tête, au chasseur, qui tournait pour chercher une phrase idéale, une déclaration à offrir à la blonde pour apaiser quelques-uns de ses maux : il n’voulait pas se défiler, il n’se sentait pas l’obligation de rester non plus. Déjà, Cesare avait volontiers oublié la sonnerie de son téléphone qui les avait ramenés sur terre quelques minutes plus tôt ; il avait oublié le jour, et le couvre-feu, et Radcliff. Ils se l’étaient déjà prouvé la dernière fois, et il n’avait jamais eu l’moindre problème à le déclarer, le reconnaître, le prouver ; sur l’échelle de ses choix, Isolde passait avant n’importe qui d’autre. Avant cette ville ingrate toute entière. Certainement avant ses parents également. Cette dévotion, elle n’s’était pas envolée quand Isolde lui avait brisé le cœur- au contraire, elle s’était renforcée encore et encore à mesure que la réponse de la Saddler à sa trahison, ç’avait été de toujours plus mettre sa vie en danger pour une raison ou une autre. Et cette dévotion, aujourd’hui, c’était le seul sentiment qui comptait, et qui gouvernait ses gestes et ses choix. Fondamentalement, Isolde pouvait rester des heures à pleurer dans ses bras qu’il ne la repousserait pas- il en oublierait ses parents et le danger, il en oublierait les répercussions de son absence pour toute la journée, et irrémédiablement, il trouverait une bonne fausse justification pour expliquer tout ça. Il était plein de ressources, au fond, et ce n’serait pas la première fois qu’il mentirait à ses géniteurs. Il avait pourtant l’impression de n’pas faire grand-chose, d’être comme un idiot qui n’faisait qu’être là, ses bras autour d’Isolde, ses mains caressant tendrement son dos ; l’amour, la dévotion, ça n’lui permettait pas de trouver de bonne réplique, de bons mots apaisants, là où Isolde en avait déjà eu plein pour lui. Alors lui, dans l’épaule de la Saddler, il étouffa un soupir, de désarroi, d’impuissance- d’une frustration qui lui enserra la gorge.
Isolde Saddler
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Sujet: Re: (stv|isolde), a bright light in a sea of dark Mar 5 Avr 2016 - 13:47
if I fall and hurt myself, Would you know how to fix me
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I watched you sleepin' quietly in my bed, You don't know this now but There's somethings that need to be said And it's all that I can hear, It's more than I can bear. What if I fall and hurt myself, Would you know how to fix me? What if I went and lost myself, Would you know where to find me? If I forgot who I am, Would you please remind me? Oh, cause without you things go hazy. — hazy.
Refaire l’histoire à coup de et si, ça ne viendrait jamais changer les choses. Le passé été ce qu’il était et les choix qu’ils feraient à l’avenir seraient tout aussi inchangeables que ceux qu’ils avaient fait dans le passé. C’était ça la vie sans doute, on ne pouvait pas rembobiner pour recommencer et voir si y avait une chance de changer les choses. Les choses les meilleures, comme les choses les plus horribles qui leur était arrivées au cours de leurs vies, c’était ce qui faisait deux ce qu’ils étaient à présent et c’était ce qui avait fini par les conduire là dans cet appartement, ensemble. Et ce serait facile de simplement pouvoir se dire que si son père, il n’était pas mort, si Anthea elle n’était pas morte, elle n’aurait pas Cesare, elle n’aurait pas Clara, alors autant accepter les choses, comme elles étaient et profiter de ce qu’elle avait encore ; parce qu’elle ne regrettait ni la présence de Cesare, ni celle de Clara, dans sa vie, bien au contraire. Mais ça ne marchait pas comme ça. Peut-être bien que c’était vrai, sans les morts qui marquaient leurs routes, ils n’auraient pas ce qu’ils avaient aujourd’hui, mais s’ils avaient suffi de cette idée pour rendre le deuil plus supportable, tout aurait été beaucoup plus simple. Mais non, elle était quand même triste, brisée par la mort d’Anthea, tout comme celle de son père, cette vieille douleur qui était venu lui briser le cœur, comme sept ans plus tôt, cette peine contre laquelle elle avait tant lutté pendant toutes ces années, elle semblait aussi fraiche qu’au premier jour, alors qu’elle pouvait mettre des images à présent, sur le coup de feu, encore trop audible qui avait tué son père. C’était pas le fait de se dire qu’elle n’aurait pas rencontré Cesare et que sans Cesare, elle n’aurait pas Clara, qui pourrait un jour l’aider à rendre tout ça acceptable ; alors, autant se défaire des et si, puisqu’ils ne servaient vraiment à rien.
Pleurer, ça ne changerait pas grand-chose non plus sans doute. Ce n’était pas ça qui ramènerait qui que ce soit. Mais ça faisait du bien dans le fond, c’était un moyen comme un autre d’exprimer ce qu’elle avait en elle, cette peine qui lui brisait les entrailles et avec laquelle elle ne savait pas quoi faire. C’était mieux, peut-être, que de simplement hurler et briser tout ce qui pouvait lui passer sous la main. C’était mieux même, que de faire semblant, de prétendre que ça allait, alors qu’elle avait mal, qu’elle était triste, qu’elle se sentait complètement brisée. Pleurer c’était au moins un bon moyen d’exprimer ses émotions plutôt que de tout refouler jusqu’à ce que ça la rende cinglée. A chaque sanglot qu’elle lâchait contre l’épaule de Cesare, elle se sentait un peu plus libre, peut-être même un peu mieux même si ça semblait pas vouloir se voir pour le moment. Mais ça irait mieux, elle l’avait dit et ça n’allait pas marcher simplement en faisant semblant que tout allait bien. Et finalement, après de nombreux sanglots trop pressés qui lui avaient coupés la respiration, elle avait l’impression que l’oxygène revenait doucement dans ses poumons, que les sanglots s’estompaient et que ses muscles commençaient peu à peu à se relâcher. La peine, elle était toujours là, dans son cœur, comme dans toutes les parties de son corps et elle le serait encore longtemps, mais au fur et à mesure qu’elle se calmait, lentement mais sûrement, apaisée par les caresses de Cesare dans son dos, elle avait comme même l’impression qu’y avait du mieux, juste un petit peu de mieux, parce que dans le fond, elle avait vraiment eu le besoin de pleurer plutôt que de rester bêtement dans le déni.
Cesare DeMaggio
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Sujet: Re: (stv|isolde), a bright light in a sea of dark Mar 5 Avr 2016 - 17:07
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Peut-être bien que quelqu’un comme Aldrich aurait trouvé une phrase idéale, quelques petits mots à susurrer à Isolde pour apaiser ses pleurs ; Cesare n’était pas un expert dans ce domaine-là : au contraire, ici avec la jeune femme, il faisait comme il avait fait avec sa sœur, des mois plus tôt, lorsqu’elle se réveillait secouée par des sanglots, les hurlements de ses cauchemars, et ses paupières encore hantées par ses rêveries tortionnaires. Là, à chaque fois, il s’était précipité au bord de son lit, sans tenir compte de ce qu’il avait été en train de faire, oubliant ses propres songes et ses propres ressentis, pour venir serrer, serrer Aria contre lui. Et parfois, il avait fallu des heures entières avant qu’elle ne se calme, que ses pleurs cessent et qu’elle se rendorme peu à peu, juste pour une poignée d’heures. Combien de nuits blanches Cesare avait-il passées, à simplement caresser les mèches de jais d’Aria, la sentant peu à peu se détendre contre lui, pour retomber dans les bras de Morphée ? Il avait perdu le compte bien assez tôt, ses propres impressions et ses propres faiblesses balayées par des obligations qui lui manquaient terriblement désormais ; enlacer Isolde de la sorte, ça lui rappelait tout ce qu’il avait essayé de faire pour sa cadette. Tout ce qu’il n’avait pas pu faire, à la fin- puisqu’Aria n’était plus là, qu’elle était morte, et qu’il avait été le dernier à pouvoir faire quoique ce soit contre ça. Le silence entrecoupé des sanglots de la transmutante, le ramenait à ses propres hantises et ses propres démons à lui ; Cesare les balaya en enfouissant son visage à lui au creux du cou d’Isolde, étouffant un souffle douloureux dans celui-ci alors que ses caresses dans le dos de la jeune femme s’intensifiaient, s’intensifiaient mues par cette peine qu’il ressentait tout autant qu’elle. Il n’pouvait pas prétendre savoir c’que ça faisait de perdre Anthea une deuxième fois ; mais il pouvait au moins parler d’expérience aujourd’hui, pour dire que l’deuil faisait un mal de chien, laissait un vide trop béant, et endormait une part d’âme. Lui, il avait été chercher le réconfort auprès de Skylar, quelques heures après la mort de sa sœur, et après avoir perdu Isolde dans une dispute cinglante et meurtrière : et qu’est-c’que Skylar avait fait ? Il n’s’en souvenait qu’à peine, puisqu’il avait non seulement été à moitié bourré, assommé par la douleur de sa brûlure, et totalement happé par ses propres ressentis. Elle l’avait écouté, elle l’avait soutenu avec son flegme habituel et ses répliques qui n’changeaient pas- elle l’avait engueulé aussi, pour n’avoir que vaguement soigné ses plaies.
Et puis ils avaient fini par s’endormir sur ce canapé, pendant des heures et des heures, jusqu’à ce que le lendemain, elle ne lui offre une aspirine bien méritée pour vaincre la gueule de bois et la migraine qui était venue avec. Mais définitivement, penser à tout ça n’l’aidait pas à trouver de réponse idéale pour Isolde – il n’allait quand même pas lui proposer de noyer son chagrin dans l’alcool, pour qu’elle s’endorme sur le coin du canapé et s’réveille l’esprit à moitié anesthésié par la douleur. Franchement, le DeMaggio n’avait pas été assez entouré par la bonne part de l’humanité, il n’avait pas regardé assez de films dramatiques ou lu de romans à l’eau de rose pour savoir quoi faire ; tout ce qu’Isolde pouvait faire, c’était pleurer, pleurer jusqu’à ce que ses larmes ne s’assèchent, comme elle aurait pu le faire si elle avait été toute seule. Il espérait, quand même au moins, faire une quelconque différence, malgré son mutisme, son inutilité, et la situation grotesque dans laquelle ils se retrouvaient : elle aurait probablement été plus confortable pour pleurer comme ça dans le lit, ou sur le canapé, plutôt que perchée sur lui, sur une chaise de cuisine, avec leur petit déjeuner devenu vraiment froid pour la peine. Et il s’était déjà excusé, il lui avait déjà dit que ça irait mieux, il avait déjà soufflé des mots d’amour au creux de son oreille, que lui restait-il à dire maintenant ? Cesare relâcha ses caresses, écartant légèrement Isolde pour venir essuyer les traces de larmes sur ses joues, l’observant pour lui offrir un vague sourire, attristé, tout autant qu’il se voulait rassurant ; peut-être bien qu’y’avait pas besoin de mot. D’ailleurs, sans user d’aucun de ceux-ci, il lui intima de quitter la position dans laquelle elle avait été jusque-là, la faisant se rasseoir à genoux sur lui, contre lui, blottissant son visage contre son poitrail pour caresser ses cheveux – ce qu’il avait voulu, en vérité, c’était pouvoir retrouver ses mains. Il reprit l’une d’elles dans une des siennes, pour caresser doucement ses doigts, jouer tendrement avec ceux-ci, entrelaçant, mêlant et démêlant doucement leurs phalanges - « J’te promets, que moi tu m’perdras pas… » qu’il admit finalement, observant leurs deux mains liées et unies- peut-être que c’était imprudent de faire de telles promesses, compte-tenu des circonstances ; mais il y croyait, il y croyait avec tout ce qu’il lui avait déjà promis. Ils auraient tous leurs rencards, et leur bonheur pour lequel ils se seraient battus avec tant de volonté- alors elle pouvait au moins être sure qu’il n’disait pas ça juste pour la forme, mais parce qu’il y croyait, corps et âme.
Isolde Saddler
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Sujet: Re: (stv|isolde), a bright light in a sea of dark Mar 5 Avr 2016 - 21:01
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I watched you sleepin' quietly in my bed, You don't know this now but There's somethings that need to be said And it's all that I can hear, It's more than I can bear. What if I fall and hurt myself, Would you know how to fix me? What if I went and lost myself, Would you know where to find me? If I forgot who I am, Would you please remind me? Oh, cause without you things go hazy. — hazy.
Elle était triste, dévastée même. Son cœur était lourd et douloureux et elle avait l’impression que le monde s’effondrait sus ses pieds. Une partie de ce dernier en tout cas. Toutes les choses qu’elle avait pu construire avec Anthea, tous les moments qu’elles avaient pu passer ensemble, tout ça, c’était définitivement terminé. Elle ne la reverrait plus jamais sa meilleure amie. Anthea, cette fille qu’elle connaissait depuis qu’elles étaient gamines, celle avec qui elle avait tout connu, tout traversé, elle n’était plus là à présent. Elle avait eu mal au cœur quand elle l’avait aidée à quitter la ville. Quitter la ville en quarantaine, ce n’était pas facile, y rentrer de nouveau, c’était probablement impossible. Alors, comme personne ne savait combien de temps elle durerait cette quarantaine, elle s’était dit qu’elle ne reverrait plus Anthea pendant des mois et des mois et y avait vite eu une horrible impression de solitude pour venir s’emparer de son cœur. Mais, elles auraient pu se revoir. Elles auraient fini par se revoir. Après des mois et des mois, elles auraient fini par se retrouver. Maintenant ce n’était plus possible, elle ne pouvait plus s’accrocher à ça, alors que tout s’effondrait devant elle. Y avait pas grand-chose à quoi elle pouvait s’accrocher concernant Anthea. Même pas le fait de se dire qu’elle n’avait pas souffert, parce que c’était faux ou qu’elle était en paix, parce qu’elle ne croyait pas en ce genre de choses, elle était juste morte. Elle avait au moins ses souvenirs, ceux que Cesare lui avait dit de conserver précieusement la veille, mais pour l’heure ils étaient juste horriblement douloureux. Ça ne faisait que quelques heures et elle lui manquait déjà plus que pendant tous les mois où elle avait été juste en dehors de la ville.
Elle ne savait pas comment effacer tout ça, comment accepter et passer à autre chose. Comment est-ce qu’elle avait fait autrefois ? Ça n’avait pas été la bombe de la mairie qui avait arrangé les choses, ça, ça n’avait été qu’un excès de rage qu’elle avait eu besoin de libérer. Elle ne savait pas si ça s’était fait avant, après, mais ça s’était fait. Plus vite qu’elle ne l’aurait cru, peut-être justement parce qu’elle avait chassé la tristesse au profit de la rage. Elle n’en savait rien. Elle ne savait pas non plus à quel moment elle s’était sentie mieux après la mort de son père, combien de temps ça avait pris, ce qu’elle avait pu faire pour que ça s’arrange. C’était un processus lent, quelque chose qui se mettait en place jour après jour sans doute, tellement lent, qu’on ne pouvait pas dire quand est-ce que c’était fini. Y avait pas grand-chose à faire, pas grand-chose à dire pour effacer tout ça, juste à attendre et sans doute à laisser couler les larmes quand elles voulaient venir, puis laisser le temps faire son affaire. Elle aurait voulu l’accélérer le temps, arriver tout de suite au moment où ça irait mieux, pour ne pas avoir à subir encore la peine, la douleur, la rage qui bouillonnaient encore en elle en cet instant. Mais ce n’était pas possible, pour l’instant, elle ne pouvait que pleurer et elle l’avait fait. Maintenant elle commençait à se calmer et les doigts de Cesare contre ses joues, ça aidait à atténuer les quelques sanglots restant. Elle retrouva sa position initiale sur ses genoux et sa joue vint rejoindre son torse et ses doigts ceux de Cesare. Elle se sentait soudainement épuisée, si bien qu’elle aurait pu s’endormir là, bêtement, alors qu’elle s’était levée quelques minutes plus tôt. Sa réplique étira ses lèvres en un léger sourire, si elle voulait s’accrocher à quelque chose, elle pouvait au moins s’accrocher à ça. Lui, elle ne le perdrait pas. Ça ferait un trou de moins dans son cœur. « Merci … » Pour cette promesse, pour l’aider à s’accrocher à quelque chose, pour être encore là ou pour le soutien dont il faisait preuve. Pour tout ça à la fois. Parce que ça comptait pour elle, ça comptait vraiment.
Cesare DeMaggio
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Sujet: Re: (stv|isolde), a bright light in a sea of dark Mer 6 Avr 2016 - 4:03
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Anthea est morte- ça semblait être un thème récurrent dans leur histoire ; une phrase lourde de sens et de vérité, qui s’posait souvent entre eux pour alourdir l’air et empoisonner leurs chairs. C’était difficile de se laisser aller à écouter leurs sentiments amoureux, leur affection l’un pour l’autre, et les douceurs laissées par la présence de l’autre, alors même que la culpabilité les pourchassait avidement : l’idée de ne pas avoir pu sauver la meilleure amie d’Isolde- de n’même pas avoir su qu’elle était en danger, ça le ramenait à ses propres responsabilités. Quand elle avait fait partie de ses victimes à lui, dans l’entrepôt qu’il avait fait exploser, en s’répétant à l’infini comme promesse que ça sauverait Isolde, et que ça sauverait Aria. Pauvre Anthea, c’était à croire que son sort avait été scellé déjà bien avant qu’ils ne se rencontrent, Cesare et elle – un peu comme Isolde, elle avait eu une cible dans son dos avant même que Cesare DeMaggio n’vienne graviter dans sa vie. Parce que Rafael DeMaggio lui-même avait lancé le cercle vicieux, engageant la chasse sans jamais la lâcher. C’était nauséeux, horrible, insupportable, la façon dont son propre père voyait cette traque à la vie à la mort comme un jeu sadique où il pouvait se permettre tous les excès pour torturer un peu plus Isolde. Y’avait pas à douter, que si ça devait venir aux oreilles du patriarche des DeMaggio, que son fils prodigue et la transmutante avaient eu une fille ensemble, un tout petit bébé fragile et facilement atteignable, les choses dégénéreraient encore plus vite ; Cesare, lui, il était à l’abri encore- pour la simple et bonne raison qu’il représentait plus un débat interne à son père qu’une assurance pure et dure. Rafael avait renoncé à ses préceptes de hunter, ou même à l’idée du vaccin pour son fils-… ou plutôt, pour la stratégie qui découlait irrémédiablement de la dévotion de son fils, plus que pour l’amour de Cesare lui-même. Rafael n’en avait rien à foutre d’être aimé, idolâtré ou détesté- c’était bien ça le problème avec lui ; tout ce qui comptait, c’était son bon plaisir à lui, ses calculs savamment pesés à lui, ses plans à lui et ses ambitions à lui. Alors ouais, ç’avait été stupide de la part d’Isolde, de s’laisser totalement gouverner par ses sentiments pour tomber droit dans le piège tendu par son adversaire ; parce que la façon dont elle avait perdu le contrôle, ce ne serait jamais arrivé à Rafael et il avait bien trop souvent utilisé cette tactique contre les dégénérés pour que Cesare la voit venir à mille kilomètres. Ouais, le chemin justicier de Rafael DeMaggio vers ses victimes transmutantes, était aussi jonché de cadavres de gens tout à fait humains, des victimes collatérales, qu’il oubliait bien assez tôt : comme le père d’Isolde, ou Anthea. Définitivement, sur l’échelle des actes horribles perpétrés par les siens, ce que Cesare avait fait à Moira Kovalainen était loin d’être l’acte le plus répréhensible qui soit ; c’était presque paradoxal, ironique, et incompréhensible, que ça le poursuive à ce point. Parce qu’Isolde avait changé bien des choses dans sa vie, et que ce qui avait été autrefois un moyen pour justifier la fin lui paraissait désormais être c’que c’était – un meurtre, perpétré sans aucune justice autre que celle de la violence.
Peut-être que c’était trop tard pour lui, pour changer totalement ; il espérait bien que non, et il comptait bien s’accrocher à cette croyance aussi longtemps qu’il serait là, à enlacer Isolde contre lui, et à n’surtout pas devoir douter de quoique ce soit les concernant. Ils auraient leur chance à une vie meilleure, et un jour, le deuil d’Anthea, le deuil d’Aria- tout ça, ce sera moins dur à porter et à supporter. Lorsqu'Isolde le regarda enfin, il perdit ses prunelles noires dans ses yeux clairs à elle, comme s’il cherchait à nager dans l’océan glacé de son regard- ou à voler haut dans un ciel qui n’appartenait qu’à eux. Il avait juste envie d’oublier tout le reste, et de juste s’inquiéter pour Isolde. C’était déjà le cas, d’toute manière, alors qu’il avait oublié les minutes, le jour qui s’était levé, et le reste de la ville qui s’étendait derrière cette porte. « Je t’aime. » qu’il répondit tendrement, affectueusement, dans une vague tentative de sourire, aux remerciements de la transmutante ; sa phrase à lui, fut étouffée contre la tempe de la jeune femme, où il était venu déposer un baiser, avant de poser son regard sur leurs mains enlacées. Et il n’savait plus quoi dire, maintenant- parce qu’il n’pouvait pas parler pour Anthea – il n’en avait certainement pas le droit ; il n’pouvait pas non plus la remplacer, ou connaître Isolde de la même manière qu’elle l’avait connue, elle. Il n’pouvait pas dire ce que la jeune femme aurait voulu pour sa meilleure amie, ce qu’elle lui aurait conseillé de faire ou peu importe quoi d’autre. Et tous les souvenirs qu’il avait d’Anthea, Cesare s’était appliqué à les refouler, les ravaler dans un coin de sa tête, hanté par ses actes et leurs conséquences ; la non légitimité de lui-même, pour parler d’Anthea, ou penser à elle, ou essayer de projeter plus loin qu’il n’était nécessaire. C’était Isolde elle-même, qui lui avait fait comprendre ça, avec ses habituels mots mordants, offensifs et blessants ; aujourd’hui, Cesare voulait bien les prendre en considération, pour privilégier des paroles qui n’appartenaient qu’à lui- des gestes d’amour qui n’étaient que les siens, aussi insignifiants pouvaient-ils sembler être.
Isolde Saddler
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Sujet: Re: (stv|isolde), a bright light in a sea of dark Mer 6 Avr 2016 - 15:39
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I watched you sleepin' quietly in my bed, You don't know this now but There's somethings that need to be said And it's all that I can hear, It's more than I can bear. What if I fall and hurt myself, Would you know how to fix me? What if I went and lost myself, Would you know where to find me? If I forgot who I am, Would you please remind me? Oh, cause without you things go hazy. — hazy.
Avant même qu’Insurgency ne voit le jour, Isolde elle avait eu la vocation de faire quelque chose, d’empêcher les chasseurs de toujours gagner, de tuer des innocents sans raison. Elle s’était lancée dans la police pour ça, elle avait cru que ça pourrait changer quelque chose et elle avait fini par se rendre compte que les hunters, ils n’en avaient absolument rien à faire de la justice. Ils avaient leurs propres droits qui, de toute évidence outrepassaient bien ceux du commun des mortels. Travailler au sein de la police, elle avait eu l’impression que ça revenait souvent à se heurter à un mur. Alors elle avait essayé d’aider les gens autrement. Un simple groupe qui était là pour s’aider les uns les autres, parce que l’union faisait la force et que des fois, une main tendue ça pouvait faire toute la différence. Mais c’était tombé à l’eau, encore une idée qui avait été mise à mal par les hunters. Alors y avait eu Insurgency, la solution teintée d’une rage, celle qui tenait encore debout parce que cette fois il n’était pas question de se laisser faire. Mais est-ce que ça changeait vraiment les choses ? C’était de la résistance plus qu’une solution. Les hunters tuaient les transmutants, Insurgency tuait les hunters et après ? Le cœur du conflit serait toujours là, ce n’était qu’un moyen de plus d’empiler encore et encore les cadavres. Elle avait toujours voulu faire quelque chose et plus le temps passait, plus elle avait l’impression d’être complètement impuissante. Elle ne voulait pas juste croire qu’il n’y avait rien à faire et qu’elle ferait mieux de tout laisser tomber, parce qu’elle perdait son temps. Elle avait cette volonté de faire autre chose que de rester chez elle à fixer un monde qui aurait de moins en moins de sens à ses yeux alors que les jours filaient.
Mais Anthea, c’était encore une fois la preuve cuisant de son échec. Elle n’avait rien fait pour elle. Elle l’avait laissée tomber entre les mains de Rafael DeMaggio sans rien faire pour la protéger et à en croire les horreur qu’il avait pu lui raconter la veille, Anthea, elle ne lui en avait même pas voulu, restant loyale jusqu’au bout, quand bien même elle avait été la première à lui dire qu’il fallait mieux qu’elle reste loin de cette famille et tout particulièrement de Cesare. Elle serait bien déçue de voir comment elle était restée loin de lui. Lovée dans ses bras à écouter ses mots d’amour. C’était peut-être injuste pour Anthea, mais elle était morte alors qu’Isolde, elle restait debout, alors elle avait bien le droit de se réfugier vers Cesare. Elle aurait compris Anthea de toute façon. Parce qu’elle avait été sa meilleure amie et qu’elle comprenait toujours. « Moi aussi … » Elle l’aimait aussi et elle avait l’impression qu’au beau milieu de son cœur, brisé, c’était tout ce qui lui restait, alors jamais elle ne renoncerait à ça. Pas parce que potentiellement – ils ne le sauraient jamais – ça aurait pu déplaire à Anthea et pas non plus parce que c’était sans doute un truc que Rafael DeMaggio aurait voulu ou parce que Cesare avait tué cette fille. Cesare et Clara, ils étaient cette partie de sa vie à laquelle elle voulait s’accrocher, avec eux, elle était heureuse, avec eux elle parvenait à oublier le monde et la façon cruelle dont on s’acharnait à détruire des vies sans raison. « Je me suis pris une balle pour une fille, un coup de couteau pour une autre … J’les connaissais même pas … et j’ai rien fait pour Anthea. » Elle se souvenait bien de ce qu’il lui avait raconté l’autre fois, sur la fête foraine, le fait qu’il avait aidé deux filles alors qu’il était venu pour sa sœur et qu’elle, elle était morte. Est-ce que c’était comme ça que c’était censé fonctionner les choses ? On aidait des gens qu’on ne connaissait pas et ceux qu’on aimait, on se retrouvait bien impuissant au moment de les sauver ? Elle n’avait jamais voulu sauver qui que ce soit pour avoir de la reconnaissance ou une connerie de ce genre. Mais ça avait vraiment quelque chose de complètement injuste. « Je sais que c’est impossible de sauver tout le monde, mais pourquoi on y arrive quand c’est des gens qu’on connait pas et qu’ceux qu’on aime on peut rien faire ? » Il n’avait rien pu faire pour sa sœur, tout comme elle n’avait rien pu faire pour Anthea ou pour son père. Est-ce que si lui ou si Clara, ils finissaient par se retrouver en danger, elle ne pourrait rien faire non plus ? C’était pas juste, y avait rien de juste dans sa vie en ce moment et c’était un truc qui pourrait facilement la rendre cinglée.
Cesare DeMaggio
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Sujet: Re: (stv|isolde), a bright light in a sea of dark Mer 6 Avr 2016 - 22:06
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and you can tell the world that you're tired. every time that i see your face i notice all the suffering. just turn to my embracei won't let you come to nothing. stand there and look into my eyes, and tell me that all we had were lies. show me that you don't care and i'll stay here if you prefer w/isolde saddler & cesare demaggio.
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Le précepte des hunters, selon lequel ils agissaient pour sauver l’humanité, se sacrifiant eux-mêmes pour consacrer leurs existences à accomplir un mal nécessaire, fallait croire que tout ça, les DeMaggio avaient fini par l’oublier. Cesare également, puisque peu à peu en prenant son envol dans le monde des hunters, il s’était engagé sur le même chemin sanglant et meurtrier que son père : atteindre son but, abattre un gibier qui n’avait qu’à peine de quoi être humain au fil des années, ces motivations avaient tourné dans sa tête à l’infini, et avaient parfois justifié qu’il frôle l’accomplissement d’actes plus horribles que ceux de ses ennemis. C’était du moins, comme ça que le jeune homme avait porté la chasse sur ses épaules, pendant des années et des années, avant même de s’rendre compte qu’il avait nécessairement accompli des actes pires que ses ‘ennemis’ qui n’en avaient jamais vraiment été. Il s’était attaqué à des transmutants qui n’avaient rien demandé, s’étaient parfois contentés de se cacher pour vivre parmi les humains lambda sans faire la moindre histoire. Et pourtant, il en avait dévisagé aussi, des faciès monstrueux et hideux, de ces dégénérés qui abusaient de leurs pouvoirs pour vivre une vie de privilégiés : ils étaient là, d’immuables ombres au tableau des propos d’Isolde, tout autant que les innocents entachaient de sang les croyances sempiternelles de Cesare. Le monde n’était pas tout blanc ou tout noir, une notion bien difficile à accepter, quand l’ennemi n’avait toujours revêtu qu’un visage : pour Cesare, ç’avait été les transmutants, parce qu’on lui avait inculqué cette idée en tête depuis aussi loin qu’il pouvait se souvenir – pour Isolde, ç’avait été les hunters, parce qu’ils étaient entrés brusquement dans sa vie pour y mettre un bordel monstre. Tuant son père, tuant ses amis- tuant toutes les personnes auxquelles elle avait pu tenir. Il avait fait partie de ces monstres-là, ceux qu’elle haïssait si volontiers : pourquoi est-c’qu’elle ne le détestait pas lui ? A chaque fois que leur conversation s’engageait vers leurs différents, les conséquences de ceux-ci – Anthea, la première victime symbolique de ceux-ci – Cesare revenait s’poser cette question. A nouveau, elle lui brûlait les lèvres- parce qu’au fond, la réponse que la Saddler avait donnée jusqu’alors, c’était loin de le satisfaire, ou d’alléger son âme de la culpabilité mordante qui lui détruisait l’intérieur.
C’était donc ça, l’histoire- Isolde n’le haïssait pas parce qu’elle l’aimait, et que les caprices de son cœur l’obligeaient à oublier sa haine pour l’aimer ? C’était compliqué, irrémédiablement- mais est-c’que c’était vraiment une bonne base pour justifier, expliquer, ce qu’ils étaient ici et maintenant ? Les sujets dérangeants, ils les évitaient trop rarement ; et peut-être était-ce pour ça que Cesare avait ressenti le besoin brûlant de parler de Moira Kovalainen : comme s’il voulait tester, de manière presque sadique, les limites de la transmutante. Voir ce qu’elle était capable d’encaisser. Voir jusqu’où il devait aller, pour qu’elle le haïsse. Il le méritait, il n’mériterait que ça dans l’équation de ses échecs et de ses péchés – alors quoi ? Tout autant qu’il n’voulait pas la perdre, il n’savait que trop bien tout à la fois qu’il ne la méritait pas : et Anthea l’avait su, et d’autres gens devaient le savoir également – Isolde, elle, elle demeurait sourde et aveugle à toute cette raison, cette logique si évidente pour tant d’autres ; mais pour combien de temps, au juste ? Cesare avait renoué avec cette torpeur de pensés et de sentiments, alors que leurs actes et les conséquences de ceux-ci n’semblaient pas vouloir les lâcher. Il n’pouvait rien répondre aux paroles qu’Isolde venait de prononcer, et il garda le silence, le visage fermé, le regard fuyard, sa main ayant – sans même qu’il ne s’en rende compte – relâché celle de la jeune femme. C’était trop compliqué, trop douloureux, un infini cercle vicieux, que d’parler des mêmes choses, de s’retrouver toujours et toujours au pied du mur, un gigantesque mur de sentiments qu’il n’parvenait pas à comprendre. Pourquoi est-c’qu’il était là, lui ? Pourquoi est-c’qu’elle disait qu’elle avait besoin de lui pour la consoler, alors même qu’il avait lui-même tué Anthea à un moment, et n’avait jamais affiché le moindre remord en conséquence ? Y’avait une part de lui qui savait qu’il n’avait pas mérité d’sauver Aria, qu’il méritait de connaître cette peine là pour l’avoir causée à trop de gens déjà ; mais le reste… Le reste, plus rien n’faisait sens ; il n’était d’toute manière, qu’un amateur en tout ce qui était humanité, regret, culpabilité- ça faisait trop peu de temps, qu’il laissait tous ces sentiments-là l’atteindre, et il n’savait pas encore tant que ça quoi en faire. Il soupira donc, ses mâchoires se crispant comme s’il cherchait des mots qu’il se savait incapable d’avoir. « J’en sais rien, Isolde. » admit-il finalement, le regard fuyant. « Peut-être qu’il aurait jamais su… pour Anthea si on s’était pas connus, s’ils avaient pas eu b’soin de faire eux-mêmes le boulot que j’étais censé faire. » ouais, peut-être que c’était ça l’fin mot de l’histoire, même si ça n’avait finalement pas été celui du commencement – s’ils n’avaient pas – jamais - fait partie de la vie de l’autre, changé la vie de l’autre, y’aurait eu plein de choses faites différemment ; encore un si, et pourtant comment est-c’qu’ils étaient censés penser, s’regarder, être ensemble, sans se le répéter à l’infini ? Comment pouvaient-ils penser que leur passé, quel qu’il soit, n’les définissait pas, n’devait rien changer à leurs sentiments, quand à la fin d’la journée, c’était c’même passé qui faisait déborder tant de conséquences, tant de malheur, tant de complications sur la vie qu’ils essayaient tant bien que mal d’avoir ?
Isolde Saddler
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Sujet: Re: (stv|isolde), a bright light in a sea of dark Mer 6 Avr 2016 - 23:01
if I fall and hurt myself, Would you know how to fix me
— cesare demaggio & isolde saddler —
I watched you sleepin' quietly in my bed, You don't know this now but There's somethings that need to be said And it's all that I can hear, It's more than I can bear. What if I fall and hurt myself, Would you know how to fix me? What if I went and lost myself, Would you know where to find me? If I forgot who I am, Would you please remind me? Oh, cause without you things go hazy. — hazy.
La vie c’était une putain d’injustice. C’était tout ce qu’Isolde pouvait conclure en cet instant. Pourtant, elle savait bien qu’il y avait encore des choses bien dans sa vie et qu’elle n’était probablement pas la plus à plaindre dans cette ville. Elle avait des amis sur qui elle pouvait compter ; Léda, Aldrich, Absalon, ils ne la laisseraient jamais tomber, elle en était certaine. Elle avait quand même Cesare, quand bien même c’était une histoire compliquée au possible, quand ils étaient ensemble, elle était capable d’être heureuse. Elle l’avait été hier soir, quand ils avaient discuté de tout et de rien autour de cette même table. Elle l’avait été encore plus, quand elle avait vu Clara dans les bras de son père. Clara, elle faisait aussi partie de ces choses qu’elle était chanceuse d’avoir. Elle l’aimait sa fille, de tout son cœur et l’avoir auprès d’elle, ça faisait d’elle une personne heureuse. A côté de ça, elle avait un boulot qui lui plaisait, encore beaucoup d’ambition et un appartement pas trop mal, aucun problème financier, en somme, elle ne rencontrait pas les problèmes les plus basiques qui venaient pourrir la vie d’une bonne majorité de la population mondiale. Elle avait tout pour avoir une vie heureuse et pourtant tout ce qu’elle était capable de voir, c’était qu’y avait pas grand-chose de juste dans son existence. La mort de son père, elle n’avait pas été juste, parce qu’il n’était qu’un humain et ça avait été elle la cible. Les deux fois ou Anthea avait dû trouver la mort, ça n’avait pas été juste non plus, elle aussi elle était une humaine, morte à sa place à elle, la transmutante. Puis Cesare, fallait toujours le laisser repartir auprès d’un homme qui ne méritait rien de tout ce qu’il pouvait avoir. Elle se battait pour un semblant de justice Isolde, mais fallait croire que c’était le combat le plus vain de la terre.
A quoi ça servait de se battre, si c’était pour continuer de voir ses proches tomber les uns après les autres ? Y avait des moments où ça semblait vraiment vain. Pourtant, c’était certain qu’elle n’abandonnerait pas. Elle n’avait pas sauvé Anthea et elle s’en voulait, elle s’en voulait vraiment. Mais elle avait quand même sauvé du monde et ce n’était pas rien. Elle aurait voulu sauver Anthea, parce qu’y avait cette part égoïste d’elle-même qui se disait qu’elle le méritait beaucoup plus que ces deux filles qu’elle avait pu sauver au péril de sa vie. Cette horrible partie d’elle qui se disait que si elle avait eu le choix entre ces trois personnes, ce serait Anthea qu’elle aurait choisi. Mais elle n’avait pas eu le choix. Elle avait en avait sauvés des vies, plus de deux sans doute, parce qu’y avait eu aussi tous ces transmutants prisonniers dans les laboratoires et d’autres personnes dans les rues de Radcliff. Y avait eu ceux qu’elle avait pu aider en tant que flic aussi. Et fallait bien que ces vies, elles comptent aussi. On ne pouvait pas sauver tout le monde et fallait croire que le plus souvent, ceux qu’on ne pouvait pas sauver, c’était aussi ceux qu’on aimait le plus et c’était injuste. Et sans doute, qu’y avait même pas d’explication à tout ça. Cesare ne pouvait pas lui en donner, personne ne le pourrait jamais. C’était juste la vie qui était mal foutue. Les mauvaises personnes qui venaient toujours tout gâcher, sans raison. Parce qu’y en avait pas de raison à l’acharnement de Rafael sur sa vie à elle. Ce n’était pas parce qu’elle avait connu Cesare qu’il avait décidé de faire d’elle sa victime. Il aurait su pour Anthea, même si elle n’avait pas connu Cesare. Parce qu’il avait su pour elle sept ans plus tôt et qu’il semblait lui en vouloir depuis de moment, alors il aurait su pour Anthea, parce que dès qu’on faisait des recherches sur elle, on savait pour Anthea en un rien de temps. Parce qu’elle était un long, très long passage de sa vie. « Il a commencé à détruire ma vie bien avant qu’on se rencontre. Il aurait su. Ils savent toujours … » Ouais, les hunters, ils savaient toujours où frapper pour faire mal, ils trouvaient toujours un moyen de détruire un peu plus leurs victimes. Ils prétendaient combattre des monstres, mais ils étaient les monstres, cachés derrière des bonnes paroles et un but qui pourrait presque paraître noble. « Peut-être qu’il m’en veut juste parce que j’ai survécu y a sept ans. » Mais elle ne pouvait pas être la seule transmutante ayant réussi à échapper aux griffes de Rafael DeMaggio, il devait bien y en avoir d’autres. Est-ce que les autres ils subissaient le même sort ou bien elle avait vraiment un truc en particulier. « Si j’étais morte ce jour-là, ils seraient encore en vie. Tous les deux. » Si elle était morte ce jour-là. Encore un qui ne changerait rien à l’histoire. Son père et Anthea, ils étaient morts, tous les deux, à cause d’un type qui voulaient sa tête à elle. Elle ne voulait pas qu’y en ait d’autres des gens qui donneraient leur vie pour elle. Elle ne pourrait pas le supporter encore une fois de plus.
Cesare DeMaggio
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Sujet: Re: (stv|isolde), a bright light in a sea of dark Mer 6 Avr 2016 - 23:47
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Dans la balance de ses actions et de ses mauvaises actions, Cesare savait déjà bien de quel côté le poids était le plus réparti : il le sentait au quotidien celui-ci, peser lourd dans ses entrailles, comme une enclume de plomb sur son âme, quelque chose qui le rappelait encore et encore à ses responsabilités. A ses fantômes, à ses regrets et aux hantises qui avaient été éveillées par tout ça. Bien souvent, la voix d’Isolde, emplie d’animosité et de reproches à son égard, s’était mêlée à celle d’Anthea- le cadavre qui avait matérialisé tous les autres cadavres, la victime qui avait instillé le regret dans Cesare. Et presque pour une raison plus égoïste qu’altruiste- parce qu’Anthea avait été la meilleure amie d’Isolde, et que c’était pour cette exacte raison que la Saddler le haïssait si profondément. Alors certes, venir jusqu’à Isolde la veille avait pu sembler être un acte altruiste, mû par l’amour uniquement, mais le DeMaggio n’avait pu s’empêcher d’penser, encore et encore, régulièrement au cours de cette nuit, à quel point ça pouvait être dégueulassement ironique également. Parce que peu importait, que ce soit Rafael DeMaggio qui ait porté le véritable coup fatal à Anthea à la fin de l’histoire, au moment de pousser son dernier soupir, l’amie d’Isolde n’avait pas dû avoir une meilleure image du fils que du père. Ils n’s’étaient jamais revus, ils n’s’étaient jamais reparlé, et Cesare était toujours resté l’ennemi, le traitre qui avait sacrifié sa vie à elle et celle de tous les autres sans ciller une seconde. Ouais, il avait sauvé Isolde, et Aria, et irrémédiablement Clara elle-même ; mais c’n’était sûrement pas ça qui rendait ses choix et ses actions tout de suite plus louables d’une quelconque façon. Il avait toujours pesé la vie de certaines personnes, pour la mesurer à celles d’autres, pour faire un choix que personne n’aurait jamais eu à faire- un choix que bien des gens n’auraient jamais réussi à faire, pour la simple et bonne raison que ces gens-là auraient eu des meilleures valeurs morales et humaines qu’il n’en aurait jamais. Il en revenait à ce qu’il avait dit à l’hôpital à Isolde- elle méritait mieux, elle méritait d’être heureuse, et d’aimer quelqu’un qui n’lui ferait jamais douter de ces convictions si profondément logées en elle. Elle méritait le monde, et de n’pas ressentir tout ce qu’elle ressentait, dès lors que ça le concernait lui ou à sa famille d’une quelconque façon ; sans les DeMaggio dans son existence, la vie d’Isolde aurait toujours eu une allure bien différente – mille fois meilleure, et ça, même toutes les illusions créées par le cœur amoureux de la Saddler n’pouvait contredire ce fait. Certes, c’n’était qu’un si qui n’pouvait plus être changé désormais, mais qui pouvait changer sa vie par la suite : ça pouvait sauver Clara, ou ça pouvait sauver les quelques poignées de gens à qui elle tenait encore. Même sans vouloir la blesser, même sans vouloir blesser quelqu’un à qui elle tenait – même en menant sa propre vendetta cruelle et folle, Cesare avait réussi à laisser ses actions déborder sur sa vie à elle. Et quelles actions.
Peut-être bien qu’il avait bien fait d’parler de Moira Kovaleinen la vieille- la révélation s’inscrivait au moins dans un cœur logique d’idées qui collait à la peau de Cesare plus ardemment que tous les mots, toutes les promesses d’amour qu’Isolde avait pu lui faire. Elle ne l’détestait pas parce qu’elle l’aimait – et non pas parce qu’y’avait rien à détester chez lui, rien qui ne l’avait jamais détruite elle comme ç’avait détruit d’autres vies. Alors qu’est-c’qu’ils étaient, au fond ? Deux personnes qui auraient été vouées à s’détester s’il n’y avait pas eu une chimie bizarre qui s’était passée dès lors qu’ils s’étaient rencontrés, créant de l’amour ou un mix de substances apaisantes pour leur faire croire que c’était de l’amour ? Ils s’étaient déjà tant prouvé qu’ils s’accrochaient à ça, à eux deux, peu importaient les circonstances ou ce à quoi ça pouvait ressembler vis-à-vis des autres ; mais si Isolde était tout à fait apte à vivre sans le jugement des autres, c’n’était pas le cas de Cesare. Au fond, tous ceux qui tenaient à Isolde, ils le voyaient lui comme l’intrus, lui comme la personne à même de la blesser, lui comme le type qui l’avait déjà blessée trop souvent. Ouais, tout ça, ç’avait commencé sept ans plus tôt, indépendamment de leurs volontés à tous les deux ; mais ils avaient définitivement franchi un pas de plus dans l’horreur, la complexité, le cercle vicieux de leurs peines incessantes. Ils semblaient être juste écrits pour être une tragédie- mais Cesare portait en lui, plus particulièrement avec le nom d’Anthea résonnant à ses oreilles, le sentiment d’en avoir déjà fait trop. D’l’avoir trop blessée, d’y avoir trop participé, d’l’avoir trop faite l’aimer, quand bien même il était toujours incapable de voir, d’comprendre, de saisir ce qu’elle pouvait aimer en lui. Il était un hunter- et elle les haïssait ; alors où commençait la folie pure et dure, incontrôlable et déraisonnée ? Est-c’que c’était vraiment de l’amour, hein ? Y’avait au moins personne de plus approprié qu’Anthea, le souvenir d’Anthea, l’idée d’Anthea, pour soulever des questions aussi légitimes. « Tu sais que t’es la dernière personne à blâmer pour tout c’qui t’arrive. » ne put-il que répondre, aux paroles d’Isolde, sans même l’avoir regardée encore ; il lui avait déjà dit de n’pas penser comme ça, de n’pas laisser son père gagner en faisant glisser de telles pensées dans son esprit. Même après la mort de son père, y’avait eu un moment où elle avait été heureuse ; et tout avait dérapé dès lors que le nom DeMaggio s’était à nouveau mêlé au sien- peut-être était-ce aussi pour ça, qu’ils n’pouvaient aller nulle part, maintenant. Tant que sa famille à lui serait toujours une menace latente. Ou jamais. « Tu perdras plus jamais personne à cause de lui. J’te l’promets. » quand bien même il n’savait pas s’il pouvait tenir cette promesse, l’énergie du désespoir lui avait fait lâcher ces mots, comme une confession, au moins l’ultime promesse qu’il pouvait lui faire. D’une main, il ne put résister à lâcher une caresse sur sa joue, l’observant sans pouvoir chasser la gravité qui lui serrait la gorge. « Tu devrais être heureuse, Isolde. » admit-il dans un sourire, vague et transpirant une réalité qu’ils n’pouvaient contredire tous les deux : c’n’était pas avec lui qu’elle était heureuse. Pas alors que les gens mourraient partout autour d’eux, qu’ils s’détruisaient l’un l’autre, et que seuls les moments d’évasion, de mascarade et les promesses d’un avenir meilleur pouvaient leur donner la force de continuer.
Isolde Saddler
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Sujet: Re: (stv|isolde), a bright light in a sea of dark Jeu 7 Avr 2016 - 1:12
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Anthea et son père, ils ne reviendraient pas. Quoi qu’elle puisse penser, quoi qu’elle puisse faire, c’était trop tard pour eux deux. Y avait rien qui pourrait changer l’histoire, pas même tous les si du monde. Alors oui, si elle était morte sept ans auparavant, les choses auraient été différentes pour son père et pour Anthea. Sa meilleure amie, elle s’en serait remise avec le temps. Elle aurait pu se construire une vie en étant heureuse, ça ne faisait aucun doute. Parce qu’elle avait été jeune, courageuse, avec la vie devant elle. Son père lui, ça aurait été une autre histoire. Il avait déjà perdu sa femme, le jour où elle, elle était venue au monde. Sa vie amoureuse, il ne l’avait jamais refaite. Il avait toujours été ce type, l’alliance au doigt qui se refusait à avancer. Elle savait bien qu’il avait tout sacrifié pour elle, que sa vie, il l’avait toujours mise entre parenthèses parce qu’y avait sa fille. Il avait été le meilleur père du monde, toujours parfait qu’importaient les accrochages qu’ils avaient pu avoir au cours de leurs vies. Isolde, ça avait été ce qu’il y avait de plus important dans son existence, à tel point qu’il n’avait pas hésité une seule seconde avant de se condamner pour la sauver elle. Alors, comment il s’en serait tiré lui, s’il avait fallu qu’il perde sa fille sept ans plus tôt ? Elle ne pouvait pas inverser les rôles, qu’importait qu’elle puisse parfois se dire que ce serait mieux ainsi. Parce que le plus triste dans l’histoire, c’était que si elle était morte ce jour-là y avait des chances pour que lui, il n’ait jamais réussi à s’en remettre. Alors est-ce que c’était mieux comme ça ? Elle n’en savait rien. Tout ce qu’elle pouvait dire c’était que c’était elle qui aurait dû mourir. Le reste, c’était juste une série de et si qui ne changeraient rien au monde.
Et encore une fois, elle s’en remettrait de la mort d’Anthea, elle se relèverait pour continuer sa route, parce qu’elle en avait encore la force, quelque part au fond d’elle. Le temps il n’aurait pas raison de ça, bien au contraire, le temps il l’aiderait à s’en remettre et un jour Anthea serait juste un souvenir qui la rendrait mélancolique, la ferait sourire alors qu’elle baignerait dans les mémoires d’une vie lointaine. C’était comme ça avec son père. Y avait encore une part de douleur associée à son image, mais ce qui restait avant tout, c’était les bons souvenirs, ceux qu’ils avaient construit ensemble. Tout ce qu’il avait voulu c’était qu’elle ait une vie pleine de bonheur, alors elle savait que pour lui, elle pouvait effacer les peines et simplement parler de lui en souriant, comme il l’aurait voulu. Ce serait peut-être pareil avec Anthea aussi. Parce qu’elle aussi, elle avait voulu qu’elle soit heureuse. Tout autant qu’elle, elle ne leur avait souhaitait que du bonheur. Mais eux ils n’étaient plus là et c’était peut-être en partie parce qu’elle, elle était encore là. Alors dans le fond, elle pouvait bien se blâmer pour tout ça, au moins un peu, jusqu’à ce que le temps, il ait raison de ce sentiment là aussi. Peut-être bien que Cesare pouvait promettre qu’elle ne perdrait plus personne à cause de son père, mais de toutes les promesses qu’il pouvait lui faire, c’était celle à laquelle elle avait le plus de mal à croire. Sans doute parce qu’elle le perdait lui un peu, à chaque fois qu’il devait retourner avec son père. Le regard plongé dans celui de Cesare, elle sentit un poids s’abattre dans son cœur à sa réplique. Parce qu’elle savait ce qu’il voulait dire par là, la même chose que cette nuit à l’hôpital et il se trompait. Elle l’avait dit quelques minutes plus tôt, y aurait jamais personne qu’elle aimerait comme elle l’aimait lui. Alors si elle devait être heureuse, ce serait avec lui, parce qu’avec un autre de toute façon elle ne le serait pas. « Je le serai. » Quand ça irait mieux, que toute la peine qu’elle ressentait en ce moment aurait quitté son cœur, elle serait heureuse. Mais pas sans lui. « On sera heureux. » Elle et lui, ensemble, y avait pas d’autre possibilité, pas après tout ce qu’ils avaient pu dire. Y aurait jamais d’autres possibilités. Ils seraient heureux ensemble, ils le pouvaient, ils se l’étaient promis alors elle ne voulait pas en douter.
Dernière édition par Isolde Saddler le Lun 11 Avr 2016 - 14:32, édité 1 fois
Cesare DeMaggio
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Sujet: Re: (stv|isolde), a bright light in a sea of dark Lun 11 Avr 2016 - 3:42
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and you can tell the world that you're tired. every time that i see your face i notice all the suffering. just turn to my embracei won't let you come to nothing. stand there and look into my eyes, and tell me that all we had were lies. show me that you don't care and i'll stay here if you prefer w/isolde saddler & cesare demaggio.
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L’explosion de l’entrepôt, l’ultimatum de ses parents, la découverte de ce qu’ils avaient fait à Aria- la mort de tous ces gens, ç’avait pesé sur Cesare plus qu’Isolde n’pouvait le savoir, ou même ne daignait le croire : elle avait bien aisément rejeté le blâme sur lui, ne l’considérant que comme le monstre qui l’avait trahie, manipulée, et n’avait éprouvé aucun remord à lui briser le cœur. Il savait toujours s’montrer froid, le visage fermé, l’œil noir, dès lors qu’il avait besoin de se couper d’une situation pour n’pas la laisser complètement le gouverner – ce soir-là, il avait eu besoin d’être avec sa sœur, de sauver Aria plus qu’il n’aurait eu besoin de balancer tous les prétextes du monde et toutes les vérités dégueulasses sur lui à Isolde. Peut-être avait-il fui, ou peut-être avait-il agi avec bravoure en la laissant elle partir, alors même qu’il n’en avait certainement pas eu envie : mais au moment où la culpabilité avait enserré son cœur, déchiré entre la femme qu’il aimait et sa petite sœur, Cesare avait fait son choix, et tout autant qu’y’aurait toujours une part de lui qui s’demanderait ‘et si’, il serait bien incapable de dire qu’il regrettait. Il n’y avait qu’à voir la façon dont ses parents géraient la mort d’Aria ; il n’y avait pas à douter que Rafael, lui, il n’aurait pas hésité à tuer sa fille juste sous le nez de son propre fils rien que pour prouver son point. Dans une autre vie, un autre monde, y’aurait eu mille façons d’faire les choses différemment ; Cesare avait fait son choix, et contrairement à c’que la transmutante avait bien voulu croire – elle et tous ses alliés sans doute, Anthea également – il avait dû vivre avec, celui-ci pesant plus lourdement sur ses épaules qu’il ne l’aurait imaginé. Combien de nuits avait-il passées sans dormir, happé par la torpeur de ses songes ? Les mots d’Isolde, ils s’étaient répétés à l’infini dans sa tête, tant et si bien qu’ils avaient fini par résonner vrais ; il était un monstre, pour pouvoir si facilement quantifier la vie des uns et des autres. Il l’avait trahie, quand bien même il l’avait aimée sans aucun mensonge, aucune retenue, ni aucune manipulation. Il s’y était cramé tout autant qu’elle dans leur histoire – y’avait un Cesare, fier hunter et fier fils DeMaggio quelque part, qui aurait bien aimé n’jamais tomber sous le charme d’Isolde, rien que pour ne jamais perdre complètement la boule et voir ses convictions s’effriter sous une évidence clairvoyante.
Alors ouais, hier soir et ce matin tout autant, cette histoire d’Anthea commençait à étouffer son âme à nouveau, insidieusement et silencieusement : il avait eu beau se concentrer sur Isolde, favoriser son chagrin à elle au-delà de tout ce qu’il pouvait ressentir lui, plus ils parlaient, plus ça l’étouffait d’un réalisme qu’elle avait elle-même enfoncé dans son crâne à lui. Anthea l’avait détesté, quand bien même elle avait été miraculeusement ramenée à la vie, elle n’avait pas voulu qu’il le sache, elle n’avait pas voulu de quoique ce soit le concernant – à juste cause, probablement, mais ça laissait présupposer des dernières pensées que l’humaine avait dû avoir au moment de voir son sort être scellé par un autre DeMaggio. Et alors qu’ils avaient trop souvent l’impression que leur bulle de rêve était brisée par la réalité, Cesare se rendait compte soudainement, qu’elle ne l’avait pas été assez au contraire – il fuit le regard d’Isolde, dès lors qu’elle lui adressa ces réponses. Ils seraient heureux, et à quel prix ? Isolde tournant le dos à tout ce à quoi elle avait cru au nom de sa meilleure amie ? Ouais, il avait sauvé sa sœur à lui en faisant ça, ça n’avait rien changé à l’acte lui-même, et à la mort d’Anthea, et de tous les autres. « J’l’ai tuée, Isolde... » qu’il ne put s’empêcher de lâcher, comme un souffle de réalité qui n’avait été que trop longtemps retenu ; Cesare aurait voulu pouvoir se lever, pouvoir tourner en rond dans la pièce, quitte à laisser Isolde tomber sur ses fesses- au fond, ça n’pouvait pas être plus douloureux que ce qu’elle connaissait déjà. « Je-… je parle pas d’hier, je-… tu l’as dit toi-même Isolde, ça compte pas qu’elle soit revenue, qu’y’ait eu un mutant quelque part pour sortir de nulle part pour la ramener à la vie… » la ramener à la vie et non pas la sauver ; ça faisait une différence, puisque ça voulait dire qu’il avait tué Anthea, et que ç’aurait été un acte tout aussi immuable qu’aujourd’hui, sans ce miracle sorti de nulle part. Il avait tué Anthea, comme il avait tué Moira Kovalainen. Alors pourquoi est-c’qu’elle ne l’détestait pas, hein ? La question était lancinante, martelée dans sa tête depuis la veille, et c’n’était que maintenant qu’il réalisait pourquoi elle était si souvent revenue dans sa tête. C’n’était pas à cause de son nom, d’son père, d’sa nature de chasseur. C’était à cause de lui. « Pourquoi tu veux être heureuse avec moi, Isolde ? » il aurait voulu pouvoir lui infliger ces mots sévères qu’Anthea aurait probablement eu à son égard, si elle avait été vivante pour les découvrir comme ça, enlacés l’un à l’autre comme si rien n’s’était jamais passé. C’était comme s’il regrettait, soudain, qu’elle n’l’ait pas haï, frappé et chassé de sa vie la veille, rien que parce que c’était Anthea à nouveau qui subissait tout ça, rien que parce qu’il avait été le coupable fut un temps. Rien que parce que l’histoire se répétait, et que jamais, jamais ils n’seraient heureux, peu importaient leurs illusions.
Isolde Saddler
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Sujet: Re: (stv|isolde), a bright light in a sea of dark Lun 11 Avr 2016 - 15:59
if I fall and hurt myself, Would you know how to fix me
— cesare demaggio & isolde saddler —
I watched you sleepin' quietly in my bed, You don't know this now but There's somethings that need to be said And it's all that I can hear, It's more than I can bear. What if I fall and hurt myself, Would you know how to fix me? What if I went and lost myself, Would you know where to find me? If I forgot who I am, Would you please remind me? Oh, cause without you things go hazy. — hazy.
Anthea elle était déjà morte une première fois, un peu moins d’un an plus tôt. L’événement restait gravé dans sa mémoire, elle se souvenait de s’être rapidement rendue sur les lieux de l’explosion alors qu’ils étaient encore en train de retirer les corps des décombres. Elle se souvenait de la douleur lancinante qui s’était emparée de son cœur à chaque fois qu’un corps était passé devant ses yeux et qu’elle s’était montrée parfaitement capable de les identifier. Elle avait connu chacune des personnes qui étaient mortes dans cette explosion, ils avaient été ses amis, des gens qu’elle aimait et qui lui avait fait assez confiance pour venir à ces réunions qu’elle avait un jour décidé d’organiser dans le seul but d’aider les autres. D’une certaine façon, elle était également responsable de leur mort, parce qu’elle était celle qui les avait conduit jusque-là, elle avait été celle qui avait fait confiance à Cesare, celle qui l’avait aimé sans vraiment s’interroger sur son passé ou sur ce nom qu’il portait et qu’il n’avait pourtant jamais prononcé. Elle avait fini par voir le corps d’Anthea ce jour-là et ça avait été comme un coup fatal porté à son cœur. Rien que la vision de sa meilleure amie morte, celle qui restait gravée dans sa mémoire depuis des mois et des mois, ça aurait dû la pousser à ne jamais revenir vers Cesare. Les paroles d’Anthea aussi, quand elle était revenue, parce qu’elle l’avait détestait Cesare, pour ce qu’il lui avait fait à elle et à ceux qui n’étaient pas revenus à la vie. Elle avait essayé de s’y accrocher à ses propos, à la façon qu’elle avait de lui dire de rester loin de Cesare, aux images de cette catastrophe, mais depuis qu’il lui avait expliqué ce qui s’était passé ce jour-là, depuis le baiser à la fête foraine, elle n’y arrivait plus.
Elle avait tout fait pour le haïr de tout son être, elle avait voulu le détester ne jamais plus avoir à entendre parler de lui, mais ça avait été impossible. Elle avait probablement arrêté de maudire tout en lui à la seconde où elle avait accepté Clara. Parce que Clara elle ne serait pas là sans lui. Ça avait mis du temps, parce qu’à un moment, elle n’avait même plus su qui elle détestait le plus entre Cesare et le bébé qui grandissait au fond de ses entrailles. Une interrogation qu’elle se détestait d’avoir eue à une époque, parce qu’à présent, elle n’en détestait aucun des deux. Elle les aimait tous les deux, même si concernant Cesare, c’était peut-être compliqué à comprendre. Ouais, il avait tué Anthea a une époque, il avait tué le reste de leurs amis avec elle et qu’elle soit revenue à la vie dans un miracle qu’elle-même elle avait eu du mal à comprendre, ça n’avait jamais rien changé au geste. Elle se redressa, sans pour autant quitter ses genoux, elle ne voulait pas qu’il puisse se relever ou partir, pas maintenant, qu’importait le message qu’il avait bien pu recevoir. « Tu voulais pas ça … » Il l’avait dit la dernière fois à l’hôpital, il n’était pas venu auprès d’elle pour ça, il l’avait dit qu’il n’avait pas cherché à se jouer d’elle, qu’il l’avait vraiment aimée, alors ça comptait. « Ils auraient tué ta sœur si tu l’avais pas fait. Après, ils les auraient tués tout pareil et ils m’auraient tuée moi et Clara, quand bien même on savait pas qu’elle était là … » S’il n’avait pas fait ce qu’il avait fait, y aurait eu plus de morts et elle ne serait même pas là aujourd’hui pour en témoigner. « J’ai essayé de te détester, parce que c’était la chose la plus logique à faire. J’ai vraiment essayé mais t’es revenu et t’as dit que tu m’avais sauvée et que tu me sauverais toujours. On s’est embrassés et c’était la première fois depuis des mois que j’me sentais bien et pas complètement seule … » Et pourtant y avait eu du monde à ses côtés, Léda, Aldrich, Absalon, puis Anthea quand elle était revenue, mais à aucun moment à leurs côtés elle avait pu ressentir ce qu’elle avait pu ressentir le soir de la fête foraine, avant que la sœur de Cesare ne meurt. Mais même avec leur dispute dans son appartement, elle n’avait eu de cesse de penser à lui, de se demander ce qu’il pourrait bien penser de ce qu’elle faisait et elle avait été là à se répéter qu’il avait probablement raison alors même que si elle l’avait vraiment détesté, elle n’en aurait rien eu à faire de ce qu’il pouvait penser. « Au final c’est pas logique de se forcer à détester quelqu’un, alors que ça fait vraiment mal, alors qu’aimer y a pas besoin de se forcer, c’est naturel et tellement mieux … » Ouais ça faisait mal aussi d’aimer, mais ça faisait mal que lorsqu’ils devaient se séparer. Se forcer à le détester ça avait fait mal tout le temps, sans lui, avec lui, quand elle avait réalisé qu’elle était enceinte. « Je veux être heureuse avec toi, parce que je t’aime et tout ça c’est pas de ta faute. » Elle avait arrêté de le blâmer pour tout ça, le jour où il lui avait expliqué ce sui s’était passé, quand bien même elle n’avait pas vraiment voulu le montrer. Maintenant qu’elle avait eu un face à face avec son père, c’était encore plus simple d’oublier cette rancœur qu’elle avait eu pour Cesare et la renvoyer sur son père. Et ce n’était pas du déni, c’était que ce qu’il avait fait faire à Cesare, c’était monstrueux, et qu’elle savait au fond d’elle qu’il n’aurait jamais agi de la sorte si l’autre cinglé n’avait pas été près à tuer sa propre fille pour qu’il le fasse. C’était de la manipulation, c’était l’obliger à faire un choix en essayant de faire celui qui serait le moins pire, parce qu’y en avait pas de bons dans le lot. C’était Rafael qui était responsable de tout ça et Cesare qui en devenait au même titre qu’elle, ou que sa sœur, une victime. Elle passa sa main contre sa joue avec tendresse. « Je me sens pas coupable pour ce que je ressens et je m’en fiche de ce que les autres pourraient en penser. » Y compris les morts, et même si ça pouvait venir entacher la mémoire d’Anthea, ça n’avait pas d’importance, elle avait été son amie, sa meilleure amie, alors dans la logique des choses, elle aurait dû juste la vouloir heureuse. « Mais toi c’est pas pareil. Je m’en fiche pas de ce que tu penses. Est-ce que tu te sentirais mieux si j’te détestais ? » Moins coupable en tout cas - quand bien même y avait pas de raison, d'après elle, de se sentir coupable des sentiments qu'elle, elle pouvait ressentir. Peut-être qu'il trouverait au moins ça, plus dans la logique des choses, quand bien même elle l’avait dit, y avait rien de logique dans le fait de se forcer à le détester alors même que c’était si naturel de l’aimer.
Cesare DeMaggio
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Sujet: Re: (stv|isolde), a bright light in a sea of dark Jeu 21 Avr 2016 - 14:58
cause here, everybody here's got somebody to lean on
ALL THAT I KNOW, THERE'S NOTHING HERE TO RUN FROM.
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Anthea, c’était l’idée lancinante qui se posait toujours sur son chemin : peu avait importé l’ardeur avec laquelle il avait essayé de se racheter, d’faire les choses mieux, peu avait importé le nombre de fois où il était venu en aide à Isolde après, ou toutes les démonstrations d’amour dont il avait pu faire preuve avant tout ça, y’avait toujours eu Anthea. Anthea comme ancre à la rancœur de la Saddler- Anthea comme seul repère de ce que la blonde pourrait un jour, peut-être pardonner, et ce qu’elle ne serait jamais capable d’oublier. Même ici et maintenant, si proches l’un de l’autre qu’ils étaient, à vouloir défier les lois physiques du monde, les exigences de tous les autres, la meilleure amie d’Isolde était toujours entre eux. Pas comme un obstacle, mais comme une plaie douloureuse, qui n’se refermerait jamais : est-c’que ça importait vraiment, qu’elle soit morte tuée par Rafael et non pas par son fils ? Au fond, s’il n’s’était jamais laissé aller à déborder autant sur la vie d’Isolde, peut-être bien que son père n’aurait jamais eu connaissance de l’existence d’Anthea. Ou peut-être qu’il n’aurait pas ressenti une telle hargne, au point d’aller chercher l’humaine hors de la ville, simplement pour l’amener ici et la tuer. Il s’en était donné de la peine, le patriarche DeMaggio, pour prouver son point et faire comprendre à la transmutante qu’il était toujours là, une ombre pernicieuse perchée dans son sillage. Mais dans une certaine mesure, morte ou vivante, Anthea avait toujours été une distance qu’ils n’auraient jamais pu franchir à nouveau : parce qu’il l’avait tuée, et que ça n’avait pas eu d’importance qu’un dégénéré la ramène à la vie. Ces mots, Isolde les avait prononcés elle-même, et combien d’fois se les était-il répétés ? C’était compliqué sans doute- une notion qui revenait bien souvent entre eux pour justifier bien des choses : ouais, sa vie était putain de compliquée à Cesare, et il avait eu tort de prétendre que ça pouvait être l’inverse, sous prétexte qu’il pourchassait la simplicité de jours tranquilles. Il n’aurait jamais dû- une réalité qui s’imposait tous les jours à lui, parce qu’au fond, tout c’qui était arrivé ensuite n’était qu’une suite d’événements découlant de ses propres erreurs. S’il n’avait pas quitté la maison, il aurait été là pour Aria, et il aurait pu l’aider plutôt que d’la laisser tomber entre les pattes revanchardes de leurs parents. S’il n’avait pas quitté la maison, il n’aurait jamais rencontré Isolde, et dans une certaine mesure – pragmatique, glaciale, douloureuse – ç’aurait été pour le mieux. Ou peut-être pas. C’était impossible de réécrire le passé, s’il le pouvait, il le ferait sur tellement d’étapes de son existence que ç’en filerait le tournis à n’importe qui. Alors quoi, comment était-il censé espérer qu’y’ait quelque chose de bien qui puisse ressortir à la fin de l’équation, quand il regardait Isolde ? Dans un monde où ils n’auraient été que tous les deux, ils pourraient être heureux, sans conteste, rien que par la force des sentiments qui avaient entremêlé leurs existences. Mais dans c’monde-là. Dans c’monde-là y’avait le cadavre d’Anthea, la mort du père d’Isolde, ses parents à lui, leurs origines, diamétralement opposées. Et toujours une cause plus grande à laquelle se vouer.
Le pessimisme de Cesare était permanent, c’était devenu un réflexe, qui s’rappelait à lui en une vague de ressentiments acerbes qu’il appelait réalisme. Dans sa vie à lui, c’était être réaliste, ouais, que d’craindre jour après jour le moment où ses parents découvriraient qu’il n’avait pas été honnête avec eux, qu’il voyait Isolde, et qu’il l’aimait toujours, malgré la douleur sourde que chaque séparation pouvait provoquer en lui. C’était être réaliste, que d’remuer encore et encore des erreurs en imaginant le jour où ces erreurs seraient de véritables obstacles infranchissables entre eux deux. Il l’attendait, ce jour, il le craignait, en mourait d’appréhension, et pourtant, il savait bien qu’il finirait par exister : parce qu’y’avait toujours un moment où il s’retrouvait confronté aux conséquences de ses actes de manière plus brutale que jamais. Devant le cadavre d’Aria, devant la réaction d’Isolde vis-à-vis de cette histoire avec Moira Kovalainen. Maintenant que la confession était sortie de lui, combien de temps avaient-ils avant que ça n’serve d’argument contre lui, contre eux deux, contre tout ce qu’il pouvait faire ? C’n’était pas parce qu’Isolde le détestait, ou parce qu’elle le jugeait qu’elle gardait ça dans un coin de sa tête – c’était parce qu’ils étaient différents, et peut-être trop différents pour qu’ils soient un jour capables de surmonter tout ça pour devenir ce couple uni et idéal qui dormait dans les promesses. Le regard fuyard, il écoutait malgré tout, les paroles de la jeune femme, oubliant volontiers le jour qui était bien levé, si tôt en été, ou le message qu’il avait reçu sur son téléphone pour le rappeler à ses responsabilités. Il n’avait pas voulu partir avant même qu’ils n’commencent à parler de ça, et il savait très bien que ce serait n’importe quoi que de couper la conversation en plein milieu sous prétexte qu’y’avait sa famille qui s’impatientait : au fond, cette discussion, ils l’avaient trop fuie, et peut-être qu’ils la fuyaient encore, malgré les apparences. Est-c’que ses parents auraient vraiment tué Aria ? Acculé, sur le moment, il avait cru que ouais- mais au fond, s’ils avaient dû le faire, s’ils avaient vraiment eu la volonté de le faire, pourquoi n’pas l’avoir fait avant ? Cesare n’cessait de se répéter ça- ils n’l’avaient pas tué lui non plus, ses parents, et maintenant, il n’savait plus. C’est pas de ta faute ; et ses poumons avaient brutalement besoin d’air, d’un air qu’il ne se sentait pas pouvoir avoir dans cet appartement- combien d’efforts dut-il faire pour simplement inspirer un brin d’oxygène ? Les mâchoires crispées, la gorge contractée, le DeMaggio était muet depuis longtemps, incapable de faire le tri entre ses propres pensées et celles qu’Isolde livrait du bout des lèvres. Pourquoi est-c’qu’elle ne le détestait pas ? Cette question était si répétitive dans sa tête qu’elle finirait par lui en filer la migraine ; c’était un véritable casse-tête, qu’aucune logique humaine ou morale n’semblait pouvoir expliquer. C’était ça le problème- le fait qu’elle ne le déteste pas, relevait plus d’un caprice du cœur, d’une fluctuation de ses sentiments, plutôt que de la morale dictée par les croyances d’Isolde. Heureusement. Mais ça voulait dire que jamais ça n’disparaitrait, et que jamais plus ça n’aurait pas d’importance. Il en envierait presque cette période où il avait été tristement incapable de ressentir toute culpabilité, ou toute empathie quelle qu’elle soit. « Tu sais qu’tu devrais m’détester, Isolde. » qu’il signifia simplement ; sinon, pourquoi aurait-elle essayé si ardemment de le faire ? Elle savait qu’entre son cœur et sa raison, y’avait un décalage qui n’serait jamais effacé ; parce qu’y’avait pas de rédemption possible pour lui, et que le résultat, c’était qu’elle avait perdu trop de gens. Son père, Anthea, ses amis. Et le destin qu’il avait rencontré si brusquement, au milieu de la fête foraine en retrouvant sa sœur sans vie, il l’avait probablement mérité autant que le reste ; on n’pouvait pas prétendre vouloir sauver la vie de quelqu’un en prenant la vie des autres- y’avait un paradoxe, qu’une main omnisciente avait puni, et Cesare n’pouvait certainement rien dire, ou faire contre ça. Il n’pouvait plus prétendre qu’c’était injuste, parce qu’au fond, ça n’l’était pas. La main tendre de la mutante sur sa joue, le chasseur vint l’attraper, doucement, enserrant ses doigts avec les siens, avant de l’entrainer dans une chute jusque sur leurs genoux. « Me dis pas que tu t’es jamais sentie coupable pour c’que t’as pu ressentir pour moi. » parce qu’il n’y croirait pas, il l’avait vue dans ses yeux, dans son attitude, il l’avait entendue dans ses paroles, cette honte, cette haine qu’elle avait à l’égard des sentiments qu’elle avait éprouvés à cause de lui – vérité ou non vérité, ça n’y changeait rien. « Même hier soir, tu-… tu savais c’que t’aurais dû faire. Mais tu l’as pas fait, peut-être plus parce que t’avais besoin de moi que vraiment envie. » parce qu’Isolde n’avait pas voulu être seule pour affronter le deuil d’Anthea- parce que ouais, il le connaissait, ce sentiment, qui disait que peu importaient les autres, y’avait qu’avec Isolde qu’il n’se sentait pas si seul lui aussi. « T’es celle qui sacrifierait sa vie pour sauver des mutants. J’suis celui qui a passé… vingt-six ans à les tuer. A vouloir les tuer. Et y’aura rien qui effacera ça. » pas même leurs sentiments, ou leurs espoirs, ou leurs promesses. Ou ces promesses devenues avenir. Un jour, Clara s’demanderait ce qu’étaient les DeMaggio, et leur longue lignée tâchée de sang se révélerait tout aussi dévastatrice pour elle que ça l’avait été pour Isolde. Il était venu là, porté par une dévotion désespérée, et c’était toujours au petit matin qu’ils s’rendaient compte que ç’avait été une erreur.
Isolde Saddler
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SUR TH DEPUIS : 15/02/2015
Sujet: Re: (stv|isolde), a bright light in a sea of dark Jeu 21 Avr 2016 - 18:37
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I watched you sleepin' quietly in my bed, You don't know this now but There's somethings that need to be said And it's all that I can hear, It's more than I can bear. What if I fall and hurt myself, Would you know how to fix me? What if I went and lost myself, Would you know where to find me? If I forgot who I am, Would you please remind me? Oh, cause without you things go hazy. — hazy.
C’était plus simple quand même d’ignorer les problèmes, d’essayer de les enfermer au placard dans le but de continuer à avancer sans avoir l’impression d’être sur le point de s’effondrer. C’était ce qu’Isolde avait fait pendant une bonne partie de la soirée de la veille, parce que penser à Anthea ça avait été trop compliqué et ça l’était tout autant ce matin. Ça le serait aussi pour le restant de la journée, mais fallait croire que l’idée s’imposait d’elle-même à son esprit. Anthea était morte et y avait rien qu’elle puisse faire pour changer ça. Elle avait été si jeune, elle aurait dû avoir la vie devant elle et puis être heureuse, mourir vieille, tranquillement au fond de son lit après avoir accompli tout ce qu’elle voulait de sa vie. C’était ce qu’Isolde, elle avait toujours souhaité à sa meilleure amie et elle avait toujours pensé qu’elle serait à ses côtés dans toutes les grandes étapes de sa vie, toujours avec elle, quoi qu’il puisse arriver. L’inverse aurait été vrai aussi. Elle avait toujours imaginé son futur avec Anthea dans le coin. Elle avait toujours cru qu’elle n’aurait besoin que de franchir la rue pour retrouver sa meilleure amie dès qu’elle en aurait besoin. Mais ça, ça s’était terminé depuis un moment maintenant. Parce qu’Anthea était morte une fois. Elle n’était pas revenue pendant si longtemps que ça, avant qu’elle ne soit obligée de quitter la ville pour sa propre sécurité et maintenant elle était morte. Ça avait été une grave erreur que de penser qu’elle serait plus en sécurité ailleurs. Ça avait été débile même. Elle regrettait d’avoir eue une idée pareille. Maintenant Anthea était morte et certainement pas tranquillement dans son lit. Elle avait dû souffrir avant que Rafael ne se décide à l’achever. Ce n’était pas juste ce qui lui était arrivé et simplement s’enfermer dans le déni pour oublier tout ça, ce n’était certainement pas la solution, Isolde en avait bien conscience.
Et pourtant, ça aurait été tellement plus simple, tellement moins douloureux. Maintenant, ça faisait trop d’un coup, elle devait supporter le deuil d’Anthea, le départ imminent de Cesare et ce truc, qu’elle n’arrivait pas à nommer et qui venait de se glisser entre eux deux. Les doutes qui revenaient, les problèmes qui ressortaient et elle ne savait pas franchement comment gérer tout ça. Elle aurait voulu que ce soit possible de faire table rase du passé et d’avancer. Mais ça ne l’était pas, le passé il fallait vivre avec et l’ignorer c’était peut-être pas la meilleure chose à faire parce qu’il finissait toujours par ressortir, tôt ou tard. Qui est-ce qui avait décidé qu’elle devrait le détester Cesare dans le fond ? Pas elle, sinon, y aurait pas de question à se poser, elle le détesterait. Peut-être bien que si elle n’avait jamais réussi à n’avoir pour lui que de la haine, ça avait été parce qu’elle n’en avait pas vraiment eu l’envie. Son regard retomba en même temps que leurs mains. Peut-être bien qu’elle s’était sentie coupable de ce qu’elle pouvait ressentir à un moment, quand ses pensées s’étaient trop souvent égarées vers lui alors qu’elle prétendait ne plus vouloir de lui à ses côtés. Mais plus maintenant. Maintenant elle voulait qu’il soit avec elle et elle n’en avait pas honte. « Si j’avais voulu te foutre à la porte hier soir je l’aurais fait. » Peut-être bien qu’elle avait dit qu’elle devrait le faire. Logiquement, parce que c’était ce que tout le monde aurait fait. Mais elle n’était pas tout le monde. Elle était surtout une grande fille qui était capable de penser par elle-même et de décider d’elle-même ce qu’elle voulait, plutôt que d’écouter ce qu’on lui disait qu’elle devrait faire. « Si j’avais vraiment voulu te détester, je te détesterais. » Fallait bien qu’ils restent réalistes, Isolde, elle restait quand même une fille sûre d’elle, déterminée et quand elle voulait vraiment quelque chose, elle se donnait les moyens pour y parvenir. « Je me suis sentie coupable à un moment. Plus maintenant. » Maintenant qu’elle les avait enfin accepté ses sentiments, elle avait l’impression qu’y avait plus aucune raison de se sentir coupable. C’était sa vie, elle en faisait ce qu’elle voulait, elle aimait qui elle voulait et y avait personne qui avait le droit de juger ça, pas même Anthea si elle l’avait pu. Elle laissa échapper un léger soupire avant de remonter les yeux vers lui. « Ouais, t’as fait des choses que je pourrais jamais comprendre. Et moi, je t’ai déjà pardonné et j’ai aucun souci avec ça. » Elle était au clair avec ses sentiments, avec ce qu’elle voulait dans la vie et à qui elle en voulait pour les malheurs de sa vie et ce n’était pas à Cesare. « Peut-être que tu devrais moins t’occuper de ce que je devrais faire ou ressentir parce qu’on s’en fiche. Je fais et je ressens ce qu’ce j’ai veux. » Ouais et si y avait quelqu’un qui n’était pas d’accord avec ça, elle pourrait lui dire d’aller cordialement se faire foutre. « Et tu devrais te demander c’que toi tu veux. Si tu cherches la rédemption, t’as juste à choisir d’agir mieux qu’avant et si tu considères que t’as déjà fait le pire, faire mieux, ça doit pas être si compliqué que ça. » Agir mieux qu’un chasseur dans le fond, ça commençait par arrêter de tuer des gens, ce qui en soi, n’était pas si compliqué que ça. Y avait pas besoin de chercher à être un héros pour la trouver la rédemption juste à se dire qu’au bout du compte on a trouvé le moyen d’agir mieux. T’façon y avait pas de héros dans ce monde pourris. « Si c’est moi que tu veux, je suis là et j’vais nulle part. » Elle n’abandonnait pas, elle l’avait déjà dit la veille et elle pouvait bien le répéter des millions de fois si y avait besoin de ça pour que ça rentre dans son crâne. « Mais, si tu veux être malheureux parce que tu crois que c’est c’que tu mérites, compte pas sur moi pour t’aider à t’enfoncer là-dedans. Moi, je t’aime et je veux que tu sois heureux et j’veux l’être à tes côtés. » Alors qu’il arrête de lui dire qu’elle devrait le détester, parce que ça marchait pas comme ça. Elle l’aimait et si elle avait eu la chance de pouvoir vraiment s’en rendre compte, c’était parce qu’il était revenu vers elle dans cette chambre d’hôpital, c’était lui qui avait fait le premier pas, pourquoi est-ce qu’il l’avait fait s’il était aussi peu sûr de lui ? Qu’est-ce qu’il avait attendu d’elle cette nuit-là à l’hôpital ? Qu’est-ce qu’il attendait d’elle maintenant ? Est-ce qu’il savait seulement ce qu’il attendait de lui-même ? Elle s’était relevé finalement, elle ne savait pas si c’était parce qu’elle avait besoin de prendre ses distances en cet instant ou juste de bouger. « Qu’est-ce que tu veux Cesare ? » Qu’il réponde, qu’il soit clair avec elle, parce que c’était pas le moment de la laisser s’accrocher à des promesses, à ses sentiments comme elle le faisait, si au final il pensait que tout ça c’était juste une putain d’erreur, parce qu’elle était censée le détester. Comme si c’était elle qui commettait l’erreur, comme si c’était à elle de laisser tomber parce que c’était ce que lui, il pensait qu’il méritait. Est-ce que c’était ça tout le but de l’entreprise, la laisser revenir dans l’espoir qu’elle lui brise le cœur parce qu’il méritait pas son bonheur avec elle ? C’était carrément pas juste, ce serait pas comme ça que ça se passerait. Si ce qu’il voulait, c’était une vie sans elle à ses côtés, qu’il le dise maintenant plutôt que de la laisser continuer à y croire.
Cesare DeMaggio
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Sujet: Re: (stv|isolde), a bright light in a sea of dark Sam 23 Avr 2016 - 5:36
cause here, everybody here's got somebody to lean on
ALL THAT I KNOW, THERE'S NOTHING HERE TO RUN FROM.
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and you can tell the world that you're tired. every time that i see your face i notice all the suffering. just turn to my embracei won't let you come to nothing. stand there and look into my eyes, and tell me that all we had were lies. show me that you don't care and i'll stay here if you prefer w/isolde saddler & cesare demaggio.
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Depuis cette nuit à l’hôpital, fallait croire qu’ils étaient trop soulagés, soulagés de s’être retrouvés et d’s’être dit tant de mots plein de vérités, pour même penser à tout ce qui pouvait dépasser l’eux deux qu’ils avaient tant cherché. C’était comme ça que Cesare interprétait le brusque retour à la réalité, en tout cas : galvanisés par leurs paroles, leurs déclarations d’amour, leur affection familière, ils n’avaient pas tenu bien longtemps lorsqu’ils s’étaient retrouvés entre les murs sécurisants, secrets et protégés de sa planque. Une fois que le ton diminuait, que les problèmes, les chagrins et les difficultés étaient écartées, il n’restait ouais, plus qu’eux, qui semblaient irrémédiablement incapables de résister à la prescience de leurs sentiments. C’n’était certainement pas une mauvaise chose, certainement pas quelque chose qu’il voulait rattacher à quelque culpabilité que ce soit : et lorsqu’il n’avait été question que d’eux deux, leur couple, leurs espoirs, il n’en avait pas ressenti la moindre. Parce que cette nuit-là avec Isolde avait eu plus de saveur encore que celles qu’ils avaient connues avant – ç’avait été Isolde, embrassant le chasseur qu’elle avait découvert qu’il était. C’avait été Isolde, choisissant de l’aimer sans remord tout en sachant celui qu’il avait été, ce qu’il avait fait, les choix qu’il avait pris, à une époque dans sa vie. Anthea, elle ramenait pourtant brutalement le cœur du problème entre eux ; morte ou vivante, ça n’semblait pas être la question – le DeMaggio était bien incapable de détester l’humaine, puisqu’irrémédiablement, par le biais de la Saddler, il s’en était presque pris d’affection pour la jeune femme. Mais dans le flot des visages qui se rappelaient à lui en ces erreurs tortionnaires, la Martell avait été la figure de proue des spectres qui le hantaient- c’était bien pour ça qu’il avait si mal pris le fait qu’Isolde n’ait pas daigné lui dire qu’elle était finalement en vie. Parce que ça voulait dire que la transmutante avait manifestement et sans remord, ignoré la culpabilité qui lui avait tordu les entrailles, qu’elle n’en avait rien eu à faire ou que sa propre rancœur l’avait rendue aveugle à tout ça. Pendant combien de temps s’était-il torturé l’esprit, à mille kilomètres de la vérité ? Et pourtant, avait-ce été la vérité, le fait qu’Anthea vivante, elle pouvait s’ôter de ses entrailles comme d’un rappel de ses erreurs ? C’n’était probablement pas au chasseur de juger- d’juger la quantité de peine qu’il méritait ; et dès lors qu’il avait confronté la Saddler à ce sujet, elle avait été plutôt claire sur la question. Il avait tué Anthea, qu’importaient les jours qui avaient suivi, les événements qui s’étaient précipités ensuite, ou les secrets qu’elle avait gardés de lui.
Et comme une pierre, comme une chape de plomb, la réalité l’avait fustigé, avec la voix de la transmutante, le regard glacé de celle qu’il avait aimé- encore, et encore, en une hantise qui se superposait si souvent à celles qui le poursuivaient déjà. La mort d’Anthea, la mort d’Aria, la rage d’Isolde, la mort de tellement d’autres, la mort de Moira Kovalainen ; combien d’coups allait-il devoir marteler au reste du monde avant que l’reste du monde arrête de croire en lui ? Même ses parents, il les avait trahis- lui qui s’était toujours cru si honnête, il était désormais la cible qu’on montrait du doigt dès lors qu’il était question de désigner quelqu’un qui poignardait les autres dans le dos sans le moindre état d’âme. Alors ouais, il avait fait des choses qu’elle n’pouvait pas comprendre et plus encore ; mais elle avait pardonné qu’elle disait – et quand, au juste ? Quand elle lui avait balancé ces reproches qu’il s’répétait déjà à lui-même en pleine tronche ? Quand ils s’étaient disputés pour la millième fois en l’espace de quelques mois ? Les mâchoires collées l’une à l’autre, le DeMaggio gardait le silence, bien peu enclin à couper la jeune femme avec ces questions qui lui brûlaient les lèvres, malgré tout. Il avait bien peur de s’confronter à cette image si vive dans sa tête, une Isolde, hagarde, incapable de savoir quand elle lui avait pardonné ; parce qu’au fond, l’avait-elle fait ? Ou était-ce juste l’Isolde amoureuse, désespérément accrochée à une part de bonheur illusoire qui la protégerait de la solitude qui parlait ? Elle venait d’perdre Anthea, alors était-ce seulement le moment de parler de tout ça ? C’avait été trop pressant pour lui, trop présent aux frontières de son esprit, comme une migraine lancinante qui naissait peu à peu à mesure que les secondes s’étendaient- il allait finir par la refiler à Isolde tout autant, presque sans remord, tant ça l’obsédait. Le regard ailleurs, il tentait parfois de remonter ses yeux noirs en direction des prunelles claires de la Saddler, rien que pour lui signifier un minimum qu’il écoutait ses paroles, quand bien même elles ressemblaient à ces miettes d’assurance desquelles il n’savait pas quoi faire. Plus quoi faire. « Désolé. » c’est le seul mot qui parvint à trouver le chemin jusqu’à la sortie, alors que sa gorge enserrée retenait tout le reste, chaque brin d’air et chaque idée constructive- combien de secondes avaient défilé depuis la fin de la litanie d’Isolde déjà ? Et comment était-il censé trouver une réponse à sa question ? Ça n’avait que trop rarement été sur ce qu’il voulait, la vie. « Ouais- peut-être que... » dans sa voix un souffle d’hésitation, qui le ramena à son mutisme. Peut-être qu’il n’aurait jamais dû faire les choses différemment si ça devait signifier alimenter des espoirs qu’il n’devait pas avoir. Peut-être qu’il n’aurait jamais dû entrainer Isolde avec lui, en revenant vers elle dans cette chambre d’hôpital. « Peut-être qu’y’a des choses-… qu’on aurait pas dû s’dire cette nuit-là. » c’était paradoxal, qu’il regrette cette nuit-là à l’hôpital, quelques jours après la naissance de Clara, plus que celle qu’ils avaient passée la veille. Cesare en soupira, se passant vaguement une main sur le visage, sans que ça n’apaise en rien ses pensées, si contradictoires : comment pouvait-il regretter avoir fait table-rase des rancœurs avec Isolde pour la retrouver ? Peut-être parce que c’était trop tard. « C’que j’veux… j’peux pas l’avoir. » parce qu’il voulait des trucs débiles, comme le fait qu’aucune de ses erreurs n’ait existé, comme le fait de pouvoir remonter le temps pour changer tout c’qu’y n’allait pas dans son autrefois. Comme le fait de ramener sa sœur, de n’jamais être confronté au choix que ses parents avaient fait. De n’jamais avoir été ces ténèbres, entrant dans la vie d’Isolde. « Et-… c’que tu peux vouloir de moi, tu l’auras jamais non plus. » peu importait s’ils s’aimaient, Moira Kovalainen était toujours morte, et Isolde connaissait le père de celle-ci. Et des Moira, y’en aurait peut-être d’autres, parce qu’il n’savait pas si quoique ce soit pouvait le retenir dès lors qu’il plongeait dans les méandres de sa rage : alors à quoi bon ? N’l’avait-elle pas dit, qu’il n’fallait pas qu’y’en ait d’autre ? Mais y’avait aucune raison pragmatique, aucun bon fonctionnement de ses pensées qui l’avait retenu d’attaquer la mutante ce jour-là. Alors même en pensant à Isolde, il semblait bien qu’il serait incapable de s’retenir. Ça, c’était sans compter sur sa rédemption qui n’viendrait pas de sitôt – parce qu’il n’avait pas sauvé Anthea, et qu’il ne l’aurait peut-être même pas fait, parce que ça aurait foutu en l’air tous ses projets à lui. Il n’savait pas, il n’savait plus, partagé, oscillant entre le chasseur qu’il était, et s’rappelait en lui si souvent – et celui qu’il voudrait être. Pour Isolde avant le reste. Dans un monde idéal qui n’existait clairement pas. Il n’serait jamais le Cesare qui n’aurait pas d’histoire dramatique, meurtrière, emplie du sang des innocents, à chaque tournant de conversation qu’ils auraient. Il n’serait jamais le Cesare altruiste qui mériterait sa salvation. Fallait bien qu’elle voit ça au moins, Isolde ; Anthea l’avait vu, elle, probablement, au moment de mourir.
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Sujet: Re: (stv|isolde), a bright light in a sea of dark