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 I've never been proud of you, son... Prove me that I was wrong... [Marius Caesar]

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Hippolyte Caesar
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MessageSujet: I've never been proud of you, son... Prove me that I was wrong... [Marius Caesar]   I've never been proud of you, son... Prove me that I was wrong... [Marius Caesar] Icon_minitimeMer 23 Sep 2015 - 0:03

I've never been proud of you, son... Prove me that I was wrong...

Hippolyte Caesar & Marius Caesar
La main composa le même numéro pour la vingtième fois depuis le début de la journée. Il porta l'appareil à son oreille, laissant sonner une fois, deux fois... Jusque la voix de son fils aîné ne résonne, répétant inlassablement le même message sur son répondeur. Il soupira alors et reposa le combiné, sans laisser la moindre trace de son passage, si ce n'est un autre appel manqué. Assit seul dans son bureau, le PDG de Caesar pharmaceutics observait le spectacle déplorable qu'offrait cette pièce habituellement si bien rangée. Des papiers jonchaient le sol, des post-it chiffonnés, les corbeille débordaient... Cela faisait un mois que son fils aîné n'avait plus donné signe de vie. Un mois que Martial était introuvable et refusait de répondre au moindre appel. Et si au début, le père n'avait pensé qu'à un petit oubli de sa part, après tout il venait déjeuner tous les dimanches midi avec ses parents, il avait fini par s'inquiéter de n'avoir aucune réponse à ses messages. Puis il avait songé à la thèse de l'enlèvement... Voire pire. Et si Martial était allé chasser seul, s'était retrouvé face à un mutant un peu trop puissant et belliqueux... ? Il préférait ne pas penser à cela. Songer que son fils aîné, la prunelle de ses yeux, sa plus grande fierté, ait pu être abattu par un de ces dégénérés lui soulevait l'estomac. Inutile de dire que si cela était arrivé, il aurait fait aligner tous les mutants de la ville pour leur coller une balle dans le crâne à chacun.

Ce n'était plus l'agacement d'être ignoré qui l'animait... C'était l'inquiétude d'un père pour son enfant. Contrairement à Marius dont il avait pu suivre la trace pendant cinq ans, il n'y avait aucun signe de vie de la part de Martial... Le chasseur avait eu beau dépêcher tous ses hommes de main pour ratisser la vie, il fallait se rendre à l'évidence : Martial avait bel et bien disparu. Son père commençait à devenir fou, tel un ours en cage qui attendrait son passage sur scène. Mais que pouvait-il faire de plus pour le retrouver ? Soudain, l'évidence le frappa avec la puissance d'un trente huit tonnes. Marius. Elle était là, sa solution miracle. Et penser cela lui faisait mal. Il avait toujours vu en son cadet plus un problème qu'un aboutissement quelconque. D'autant que lui demander un service ou ne serait-ce qu'aller à sa rencontre... Etant donné leur dernière altercation, ne lui donnait pas très envie d'y aller. Leur dernier échange de sms s'était soldé par un silence total de la part de Marius et, trop fier de sa victoire, son père n'avait pas cherché à le relancer. Grossière erreur...

Il lui fallait un plan... Une idée, n'importe laquelle pour obliger Marius à se montrer et à lui parler sans lui dire allègrement d'aller se faire foutre. Ne pas lui laisser la moindre porte de sortie... Un sourire s'étira sur ses lèvres. Quoi de mieux pour l'empêcher de fuir que de le prendre par surprise ? Il composa alors un nouveau numéro, celui du médecin de Marius. Qui devait avoir bien du courage pour supporter les grognements de ce grand gamin allergique aux hôpitaux. Le praticien n'eut pas l'air spécialement ravi d'avoir le patriarche Caesar au bout du fil, et répéta à plusieurs reprises qu'il n'avait ni le droit ni l'envie de divulguer les dates et heures de consultation de ses patients.

- Ecoutez, je vous répète que je n'ai pas le droit de vous dire quoi que ce soit ! Si vous voulez savoir à quelle heure votre fils à rendez-vous, vous n'avez qu'à le lui demander !

- Nous pouvons aussi nous arranger, vous ne croyez pas ? Ce serait dommage que votre hôpital vienne à manquer de médicaments dans les semaines à venir pour un simple renseignement...

- … Vous devriez avoir honte d'user de ce chantage... Aujourd'hui à 11h...

- On me le dit souvent mais... L'ennui c'est que je n'ai encore jamais trouvé de technique aussi infaillible. Je vous remercie pour votre collaboration, docteur !

Puis il raccrocha, savourant cette petite victoire totalement déloyale. Il avait ce qu'il voulait, il ne lui restait plus qu'à organiser une rencontre surprise. Il était presque dix heures trente. Il avait encore le temps. Sans se soucier du désordre qui régnait, et qui en temps normal l'aurait prodigieusement agacé, il attrapa sa veste d'une main, l'enfila sur son bras gauche et la laissa retomber sur son épaule droite. Sa dernière chasse avait été un échec total. Jamais il n'avait été à ce point heureux d'être gaucher. Le bras en écharpe, il grimaçait au moindre mouvement. Le triceps et un tendon avaient sectionnés par l'attaque d'un mutant, et la convalescence était aussi longue que douloureuse. Il avait également pu ajouter une nouvelle cicatrice sur son visage, presque au même endroit que celle que lui avait fait Marius treize ans plus tôt. Quelle ironie... Au moins, si Marius tentait de l'assommer avec ses béquilles, son père pourrait répliquer à coups de plâtre.

Il quitta son bureau à grandes enjambées, tout en composant le numéro d'un taxi sur son téléphone portable. Il convint d'un rendez-vous avec celui-ci à l'entrée des locaux à dix heures quarante cinq, et s'engouffra dans l'ascenseur. Une fois confortablement installé dans l'élégante berline noire, il indiqua l'hôpital au chauffeur, et lui expliqua en chemin qu'il devait réceptionner une autre personne... Un jeune homme blond avec une jambe dans le plâtre. Et l'air d'un parfait crétin mais ça, il se garda bien de le préciser.

Il était presque onze heures vingt lorsque le taxi arriva devant l'hôpital et, dix minutes plus tard, Marius sortait du bâtiment, claudiquant sur ses béquilles. Et lorsqu'il fit signe au taxi, visiblement soulagé de trouver si facilement un moyen de transport, son père su qu'il avait gagné son petit pari. Il attendit que Marius se soit installé dans la voiture pour se tourner vers lui, le détaillant du regard.

- Et bien et bien... Tu deviens très difficile à trouver, Marius... Allez-y..., Ajouta-t-il à l'attention du chauffeur.

Une fois de plus, Hippolyte Caesar montrait toute l'étendue de sa fourberie et de son incapacité à simplement demander gentiment les choses à son fils. Pourtant, il savait que la manière n'avait jamais été la bonne solution avec lui. Mais on n'apprend pas au vieux singe à faire la grimace : S'il avait demandé les choses à Marius sans l'y forcer, il l'aurait envoyé paître. Et ce n'était vraiment pas le moment.
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Marius Caesar
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MessageSujet: Re: I've never been proud of you, son... Prove me that I was wrong... [Marius Caesar]   I've never been proud of you, son... Prove me that I was wrong... [Marius Caesar] Icon_minitimeMer 23 Sep 2015 - 20:06

I've never been proud of you, son. Prove me that I was wrong.
Hippolyte & Marius



Je plie la main comme un demeuré, comme si c’était la plus belle chose du monde. Je plie chacun de mes doigts l’un après l’autre, je ferme le poing, j’observe la solidité de cette cicatrice en étoile qui marque les deux côtés de ma paume, je ferme à nouveau le poing et l’envoie percuter avec violence mon punching-ball, me mordant la joue sous la douleur alors que la chaîne qui soutient le truc grince de mécontentement. Au moins, ça fait une blessure de résorbé. C’est déjà ça. Ma jambe plâtrée, en revanche, c’est une autre histoire, mais pour le moment, il faut que je reste positif. Ca fait des jours, des semaines que j’attends le moment où je pourrai frapper à nouveau dans mon sac de sable sans hurler de douleur ni faire hurler de colère le médecin qui tient à me voir tous les trois jours. Je me téléporte de l’autre côté de mon appart’, attrape mes bandes, reviens à côté du sac qui se balance encore un peu. En quelques mouvements, je suis prêt. La béquille calée sous la pliure de mon genou n’est peut être pas très académique, mais au moins je tiens debout : j’arme mes poings et je commence à me défouler réellement, dans des enchaînements de plus en plus puissants qui me décoincent les muscles, tirent sur la cicatrice, commencent à m’épuiser. Je me téléporte de l’autre côté du sac, lance un direct qui stoppe directement le balancement du sac, renchéris avec un crochet, me téléporte encore…

Une demi-heure plus tard, à ce rythme, je m’écroule sur mon lit, avec un sourire de crétin aux lèvres. Ca fait du bien. Bordel, ça fait du bien de pouvoir vraiment me défouler, de pouvoir enfin décharger ma colère quelque part, de pouvoir enfin à nouveau évacuer ma frustration et mon énergie dans la violence gratuite dirigée contre personne. Et mieux encore, ça fait du bien de savoir que je me rétablis vraiment, contrairement à ce que ma jambe pourrait tenter de me faire croire. Je m’écroule sur mon lit, donc et m’apprête à fermer les yeux pour piquer un somme lorsque mon portable commence à s’exciter comme un con dans son coin. Qu’est ce qu’il lui prend, à ce crétin ? Je tends la main. L’écran m’indique un RDV DOC 11H IMPORTANT. Hein ? Le temps que je connecte deux neurones, j’ai déjà bondi du lit, me suis déjà téléporté vers ma veste, vers mes clés, vers ma porte, vers l’extérieur. Bordel, j’ai failli oublier. Les rendez-vous, en général, je n’en ai rien à faire. Soit je les oublie, soit les personnes m’attendent, je ne suis pas vraiment du genre ponctuel et encore moins stressé d’être en retard. Mais là, c’est un rendez-vous avec un médecin de l’hôpital et il m’a clairement fait comprendre la dernière fois, lorsque je l’ai fait poireauter comme un con pendant deux heures, que si ça se reproduit il va être obligé de me refaire interner ou d’en référer à votre père, Monsieur Caesar avec sa voix la plus sifflante et menaçante possible. Et je n’aime pas ce genre de menace, surtout dans les milieux médicaux où les gens sont forcément les toutous de mon père. Une vingtaine de minutes plus tard, le taxi me dépose devant l’hôpital. Presque à l’heure, putain, j’ai que cinq minutes de retard, je pue la transpiration, j’ai un tee-shirt Pokémon et un jean déchiré et l’air avoir été coiffé avec une prise de courant – pour rester dans le thème de pikachu, tiens. Mais au moins, je suis là. Je m’écroule dans le bureau du médecin dans un sourire presque fier de moi.

Et un quart d’heure plus tard, je sors de l’hôpital. Crevé. Encore un mois minimum à me traîner ce plâtre, qu’il a dit, le connard. Et il faut que je fasse attention à mon cœur, surtout maintenant, parce que je le sollicite davantage dans un effort physique constant et blablabla et blablabla. Mes béquilles me traînent devant les marches, je sors mon téléphone, par réflexe. La sonnerie est insupportable lorsque je le cale maladroitement entre mon épaule et mon oreille, pour me maintenir en équilibre sur mes béquilles et signer les papiers attestant de ma venue. Vous êtes bien sur le téléphone de Martial Caes… Ta gueule Martial,  ta gueule bon sang. J’étais content de pouvoir à nouveau utiliser ma main meurtrie, mais là ma journée et ma bonne humeur volent en éclats. Par réflexe, j’ai joué au con et je l’ai appelé. Forcément, tiens. Par réflexe. Et comme par hasard, il ne répond pas. J’en ai marre, je veux le voir, je veux l’entendre, je veux savoir où il est et… non, rien, niet. Si ça continue, je vais devoir aller voir mes parents. Pourquoi je l’ai pas encore fait ? Parce que j’ai peur qu’ils aient plus de nouvelles que moi, voilà pourquoi. J’ai la trouille que Martial m’ait finalement tourné le dos pour les regarder dans les yeux et m’ignorer définitivement, j’ai la trouille que… je regarde l’allée qui héberge les taxis, fait un geste en direction du premier, trop heureux d’en trouver un aussi rapidement pour m’étonner de la coïncidence. Le chauffeur m’ouvre la porte, je me laisse tomber à l’intérieur sans un regard pour lui, trop concentré sur mon téléphone alors que j’essaye encore d’avoir Martial. Ce n’est que lorsque les portes se verrouillent et que je lève la tête de mon téléphone – encore le répondeur, sans blague – que je m’aperçois que je ne suis pas seul. - Et bien et bien... Tu deviens très difficile à trouver, Marius... Allez-y...

Je reste muet pendant une fraction de secondes alors qu’un mélange étrange de terreur, d’angoisse et de colère est en train de préparer une explosion aussi destructrice que la première bombe atomique venue. Le temps que je reprenne mes esprits, ma main file à la porte, verrouillée, bien sûr, parce que ce connard de chauffeur a déjà démarré. « Euh, en fait, non, ça va pas le faire. » J’ignore délibérément mon père pour mieux me redresser et me pencher vers le chauffeur. « Ecoute, t’arrêtes cette voiture tout de suite, là, je veux pas voir ce connard. » Son regard, par l’intermédiaire du rétroviseur central, me fait comprendre que ce n’est pas un chauffeur, c’est un toutou lèche-botte, c’est un vendu, c’est un corrompu. « Okay, putain, j’ai compris, ramène-moi chez moi, alors, si tu veux bien. » Que personne ne soit dupe, ce n’est pas au chauffeur que je m’adresse en réalité, c’est à mon père. Je balance mon adresse avant de soupirer et de me caler contre le siège. Je ne veux pas le voir. Putain, je ne veux pas voir mon père. Je ne veux même pas lui parler. Je veux mon frère, bordel, pas cet enfoiré. Mais qu’est ce qu’il fout là, hein ? Si je suis difficile à trouver, c’est parce que je ne veux pas te voir, c’est pas compliqué pourtant.


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MessageSujet: Re: I've never been proud of you, son... Prove me that I was wrong... [Marius Caesar]   I've never been proud of you, son... Prove me that I was wrong... [Marius Caesar] Icon_minitimeVen 25 Sep 2015 - 20:46

I've never been proud of you, son... Prove me that I was wrong...

Hippolyte Caesar & Marius Caesar
A cet instant... A la minute exacte où Marius était monté dans la voiture et avait ouvert la bouche, son père avait été pris de l'irrépressible envie de lui en mettre une. C'était physique, purement instinctif et gratuit, mais le simple fait de l'entendre parler avec un tel mépris lui donnait envie de le faire taire à grands renforts de claques. Ce qui était assez paradoxal, au final. Hippolyte avait envie de voir son fils, de savoir s'il allait mieux, il mourait d'envie d'avoir une discussion civilisée avec lui... Mais le simple fait de l'entendre le traiter le connard lui donnait l'irrépressible envie de lui limer les dents sur le bitume. Il poussa un profond soupir en levant les yeux au ciel, et fronça le nez en sentant l'odeur de transpiration que dégageait son fils. C'était nouveau, ça... Il était habitué à bien des choses avec Marius, mais il ne le pensait pas négligé à ce point. Reportant son attention sur sa tenue, il haussa un sourcil. Un jean qui n'aurait même pas mérité de finir en chiffons et un... T-shirt ridicule que même un enfant de huit ans aurait refusé de porter ? Enfin... Soyons honnête, un enfant avec le caractère d'Hippolyte. C'est à dire avec une conscience du fun et une capacité à s'amuser proche du zéro absolu. Et quant au reste et bien... Marius était mal rasé et décoiffé, mais au moins il était raccord avec le reste de sa tenue. L'extrême opposé de son paternel, qui apportait toujours un soin minutieux et presque maniaque à son apparence. Jamais une cravate mal nouée, un costume sur mesure toujours impeccablement repassé, jamais une once de folie, pas même dans les chaussettes. L'élégance à chaque instant de la journée.

- Ils ont du être ravi de te voir débarquer dans une telle tenue, à l'hôpital... Parfois je me demande vraiment si tu as 27 ans ou 6, Marius...

Une réflexion qui était faite avec un dédain évident, tandis qu'Hippolyte tournait à nouveau la tête vers la route. Il soupira à nouveau en entendant Marius tenter de soudoyer le chauffeur. Et il essayait encore ? Il aurait pourtant du savoir que lorsque son père mettait en place un tel plan déloyal, il ne laissait rien au hasard. Visiblement résigné, son fils se contenta de lui communiquer son adresse, ce qui arracha un sourire de requin à Hippolyte tandis qu'il se tournait pour le regarder droit dans les yeux.

- C'est gentil de me donner ton adresse, ça va bientôt faire six ans que je me demande où envoyer mes cartes postales...

Son sourire disparu aussi vite qu'il était venu, pour la simple et bonne raison qu'il s'étonnait lui-même d'avoir tenté une pointe d'humour. De mauvais goût, certes, mais tout de même. Il laissa planer un long silence, seulement ponctué par le moteur de la voiture et le son régulier du clignotant à chaque intersection. Lui-même n'avait aucune idée de l'endroit où ils allaient. Tout ce qui l'intéressait, c'était de savoir que Marius était là et n'avait aucun moyen de s'échapper, à moins de vouloir se briser l'autre jambe en sortant du véhicule en marche.
A nouveau tourné vers l'extérieur, Hippolyte repris.

- Tu te doutes bien que je n'ai pas organisé tout cela pour le plaisir de... T'emmerder, comme tu dirais si bien. J'ai autre chose à faire. Mais soyons civilisés deux minutes, tu veux bien ? Il reporta son attention sur Marius. Ta main a l'air d'aller mieux... Tu te remets de tes blessures ?

S'il y avait bien un point sur lequel ils se ressemblaient énormément, c'était bien cette incapacité à tenir en place et à accepter d'être convalescent, malade ou blessé. Depuis qu'il avait un bras invalide, Hippolyte pestait deux fois plus que d'ordinaire, et envoyait paître tous ceux qui essayaient de l'aider. C'était idiot, mais il préférait encore passer dix minutes à enfiler sa veste plutôt que d'admettre qu'il avait besoin d'aide. Et quant à la chasse... Victoire avait juré de l'empoisonner au curare s'il osait mettre un pied dehors après 23 heures. Et il l'en savait capable, aussi préférait-il encore obéir que de risquer de finir dans un état encore plus pitoyable. Il préféra reporter son attention sur Marius plutôt que de se préoccuper de ce qui le mettait dans un état de colère permanent. Maintenant qu'il le regardait, il était frappé par cette expression belliqueuse et mécontente qu'il affichait délibérément.

Hippolyte aurait aimé être cet homme, ce héros que son fils voulait voir en lui... Ou plus humainement un père qui lui aurait demandé comment s'était passée sa journée, qui se serait intéressé à des choses aussi futiles que ses passions dans la vie... Seulement, il en était incapable, il n'avait jamais éprouvé le besoin d'essayer de feindre de l'intérêt pour quelque chose qu'il jugeait sans intérêt. Contrairement à ce que Marius pensait, ce petit manège ne lui était pas personnellement destiné. Hippolyte se comportait ainsi avec tout son entourage, au grand désespoir de son épouse, généralement. Pourtant, ce n'était pas faute de vouloir faire des efforts, mais... Le simple fait de demander à Marius comment il allait ressemblait sûrement plus à de la provocation qu'à de l'inquiétude, pour son fils. Et pourtant, sa santé était un sujet qui, pour le coup, intéressait véritablement son père. Il ne cessait de se tourner et retourner toutes les hypothèses possibles dans la tête, et il n'arrivait pas à s'imaginer autre chose qu'un passage à tabac... Imaginer que quelqu'un ait pu délibérément frapper son fils le rendait malade.

Seulement pour l'heure, ce n'était pas la question. Marius lui avait suffisamment prouvé qu'il n'était pas disposé à en parler avec son père. D'ailleurs il n'était pas disposé à grand chose d'autre qu'à l'insulter. Aussi Hippolyte laissa-t-il de côté le dédain et la froideur, son ton s'adoucissant lorsqu'il reprit la parole.

- Écoute-moi bien, Marius... Tu es la seule et unique personne capable de répondre à cette question, car je sais qu'il te fait confiance, bien plus qu'à moi et ta mère. Je ne te demande pas de me dire où il est s'il ne veut pas que ça se sache mais... Est ce que tu sais où est ton frère ? Est-ce qu'il va bien ? Qu'est ce qui se passe, bon sang ?

C'était souvent dans l'inquiétude qu'Hippolyte révélait son vrai visage : Celui d'un père soucieux du bien être de ses enfants – si tant est que leur bien être s'arrête à leur survie – et qui se rongeait les sangs depuis des semaines en se demandant où était passé son fils ainé.

- Je veux simplement savoir s'il va bien, et je te ramène chez toi, tu as ma parole...

Sa parole, qu'il aurait bien volontiers écrasée sans ménagement. Même s'il obtenait sa réponse, il entendait bien faire quelques détours dans Radcliff pour avoir un peu de temps pour discuter avec son cadet... Qu'il le veuille ou non.
crackle bones
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Marius Caesar
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MessageSujet: Re: I've never been proud of you, son... Prove me that I was wrong... [Marius Caesar]   I've never been proud of you, son... Prove me that I was wrong... [Marius Caesar] Icon_minitimeSam 26 Sep 2015 - 22:14

I've never been proud of you, son. Prove me that I was wrong.
Hippolyte & Marius



Si je n’avais pas été au téléphone, si je n’avais pas été concentré sur la sonnerie, à guetter la voix de mon frère, si j’avais regardé l’intérieur du taxi voire simplement jeté un coup d’œil au chauffeur que j’ai magnifiquement snobé, si j’avais fait un peu attention… je ne serais pas monté dans ce foutu véhicule. Si. Si. Avec des si, on arriverait à faire entrer Poudlard dans un chaudron, avec des si, mon père arrêterait de me rabaisser, avec des si, ma mère me dirait bonjour. Avec des si, surtout, on peut faire n’importe quoi sauf remonter le temps et me voilà coincé dans cette voiture à la con avec un connard à côté de moi. Je n’ai pas envie de le voir. Pourquoi ? Parce qu’il me terrifie par son simple regard de mépris, ce petit tic de la lèvre lorsqu’il considère ma tenue, ce froncement de narine lorsqu’il se rend compte que je pue la transpiration. Parce qu’il me fait me sentir misérable par ses sarcasmes articulés d’une voix si glacée et impassible qu’on se demande s’il les prononce pour me faire mal ou tout simplement parce qu’il les pense réellement. Ce qui n’est pas plus agréable. - Ils ont du être ravi de te voir débarquer dans une telle tenue, à l'hôpital... Parfois je me demande vraiment si tu as 27 ans ou 6, Marius... Je prends sur moi. Ne l’écoute pas, Marius me sifflote Chester. Non, ne pas l’écouter, d’autant plus que je n’ai pas vingt-sept ans, j’en ai vingt-six et je l’emmerde. Je l’ignore, ne m’intéresse qu’au chauffeur qui s’avère assez rapidement totalement corrompu. Je jure, je peste, je maugrée et je livre mon adresse avant de m’avachir dans mon fauteuil et de tourner obstinément la tête vers la rue pour ne pas le voir. Qu’il est beau, qu’il est mignon le pays de la mauvaise foi, avec ces petites collines de déni et son magnifique fleuve, le faux-semblant. - C'est gentil de me donner ton adresse, ça va bientôt faire six ans que je me demande où envoyer mes cartes postales... Ma mâchoire contractée, mon poing qui se serre, mes épaules qui se tendent, ma respiration qui s’intensifie… les signes ne manquent pas : je l’ai entendu. Mais je persiste et fixe l’extérieur du véhicule sans vouloir le regarder. Parfois, j’aimerais vraiment être sourd pour ne plus entendre sa voix. Mais non. Il n’y a que le cœur et le cerveau qui déconnent chez moi et sa tentative d’humour parvient à me faire réagir, dans un mélange de colère et d’amusement amer. Les cartes postales, tu sais où tu peux te les mettre, Papa ?

Le silence qui suit et que je refuse de rompre m’angoisse. Mes pensées se bousculent, la tension monte, mes soupirs et ma respiration se font de plus en plus sonores comme pour combler cette absence de bruits. J’ai envie de sortir de la voiture, j’ai envie de parler, j’ai envie de lui dire qu’il m’énerve, j’ai envie de lui demander s’il a des nouvelles de Martial. J’ai envie de pleurer à cette simple pensée, d’ailleurs. Mais plutôt, je préfère regarder mon téléphone, envoyer un SMS à mon frère même s’il ne répondra pas. Une première fois, j’inspire, j’ouvre la bouche pour lui demander ce qu’il fout là, me retient de justesse. Puis une deuxième, troisième, quatrième, huitième fois. Je m’agite sur le fauteuil, pianote sur le rebord de la vitre, regarde mon téléphone. Je m’apprête à véritablement céder lorsque la voix de mon père me fait sursauter et instinctivement je tourne la tête pour m’apercevoir qu’il… regarde lui aussi l’extérieur du véhicule. Je comprends vite pourquoi. - Tu te doutes bien que je n'ai pas organisé tout cela pour le plaisir de... t'emmerder, comme tu dirais si bien. J'ai autre chose à faire. Mais soyons civilisés deux minutes, tu veux bien ? Non je ne veux pas. J’ai une boule au ventre lorsqu’il tourne la tête dans ma direction. C’est trop tard : je ne peux plus feindre. Je déglutis. « Oh, tiens, t'es là toi. Va te faire foutre Papa, est ce que tu peux dégager de là ? » Je n’ai pas envie de le voir. Je soupire, agacé. Sans aucun respect ou politesse, il ne mérite rien de tout ça. Ta main a l'air d'aller mieux... Tu te remets de tes blessures ? Je ne peux pas m’empêcher de ricaner et de… hein ? « Et moi je vois que tu étais jaloux. » C’est quoi ces coupures, c’est quoi ces points de suture, c’est quoi ce putain de bras en écharpe ? Mon visage cesse d’être hostile, automatiquement, alors que je me réinstalle correctement, tourné définitivement vers mon père, presque dos à la portière. Son bras, son visage… j’imagine vraiment pas mon père se battre comme un chiffonnier. Le bagarreur de la famille, ça n’a toujours été que moi. Alors… Ma voix se fait inquiète malgré moi. « Qu’est-ce qui t’est arrivé Papa ? » Il faut que je me reprenne. Je suis supposé le détester, pas m’inquiéter de voir mon héros chuter, pas m’inquiéter de voir mon père, cet homme invincible, intouchable, être jeté à bas et blessé. Il faut que je me reprenne, malgré mon inquiétude. Tu le détestes, Marius. Tu devrais en rire. Tu devrais sourire. Tu ne devrais pas angoisser à ce point, t’imaginer que ton frère, ton jumeau, est peut être quelque part dans le même état. Je déglutis, tente un ricanement. « Tu aurais du m’appeler, j’aurais filmé la scène pour regarder ça mes soirs de déprime ! Je me doutais bien que tu avais du prendre un coup sur la tête pour ne pas te souvenir de mon âge... » Ce n’est guère convainquant. Mais bon, c’est tout ce que j’ai pu trouver, et je félicite mon self-control lorsque je souris une nouvelle fois, de manière bien plus convaincante. Je crois.

Puis le silence. A nouveau. Gênant. Angoissant. Oppressant. J’ai envie de lui demander ce qu’il fait là mais… qu’est ce qui me retient ? Je ne sais pas trop. Mon inquiétude. Peut être. Non, certainement pas, je ne suis pas inquiet, juste surpris. - Écoute-moi bien, Marius... Tu es la seule et unique personne capable de répondre à cette question, car je sais qu'il te fait confiance, bien plus qu'à moi et ta mère. Je ne te demande pas de me dire où il est s'il ne veut pas que ça se sache mais... Est ce que tu sais où est ton frère ? Est-ce qu'il va bien ? Qu'est ce qui se passe, bon sang ? Mon cœur vient de rater un battement et moi qui avais suffisamment détourné le regard pour ne plus être obligé de le voir… Voilà que je le regarde à nouveau. - Je veux simplement savoir s'il va bien, et je te ramène chez toi, tu as ma parole... Stop. Stop. Arrêt sur image. Je veux arrêter de respirer, arrêter le temps, pour respirer, pour penser, pour m’inquiéter. Vraiment. Je veux pouvoir sourire, me moquer de lui, lui dire que c’est bien fait s’il n’a aucune nouvelle de Martial parce que Martial ne veut plus le voir. Je veux lui mentir en le regardant dans les yeux. Je veux pourvoir lui sourire, exploser de rire, voir son visage se décomposer véritablement.

Mais non. La réalité, c’est qu’à ses mots, je panique. Je panique vraiment. J’avais peur que mes parents aient des nouvelles de mon frère alors que moi je n’en ai pas : je m’aperçois que la réalité est bien pire. Mon visage se décompose, je le regarde droit dans les yeux. « Tu te moques de moi… » J’ai peur. « Papa… tu… tu sais pas toi non plus où il est ? Dis moi que tu veux juste me faire flipper, là. » Je flippe. Vraiment. « C’est pour ça que t’es là ? Pour savoir pour Martial ? Pour… » Bon, déjà, je ne sais pas vraiment quoi penser de tout ça. Mon père qui fait des pieds et des mains pour me voir, ça me fait chier autant que ça me fait plaisir. Et le voir faire de même pour mon frère, se forcer à venir prendre de mes nouvelles pour avoir des siennes, ça me fait mal autant que ça me fait plaisir de voir que Martial, il s’inquiète pour lui.

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Hippolyte Caesar
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MessageSujet: Re: I've never been proud of you, son... Prove me that I was wrong... [Marius Caesar]   I've never been proud of you, son... Prove me that I was wrong... [Marius Caesar] Icon_minitimeMar 29 Sep 2015 - 0:03

I've never been proud of you, son... Prove me that I was wrong...

Hippolyte Caesar & Marius Caesar
Marius Caesar, un sale gosse fidèle à lui-même. C'était là la première pensée de son père en l'entendant lui adresser la parole pour la première fois en presque cinq minutes. Et en une phrase, il avait réussi l'exploit de placer deux de ses réflexions favorites : Vas te faire foutre, et dégage. Il ne manquait plus que « je te déteste » pour qu'il ait le tiercé gagnant.

- Je sais que tu meurs d'envie que je saute en marche, Marius, mais je ne te ferai pas ce plaisir.

A nouveau, Hippolyte se tourna vers l'extérieur. Aucune condition n'était en place pour que leur entrevue se passe bien... Marius était de mauvaise humeur, son père aussi, Martial avait disparu... Et surtout, Hippolyte ne supportait pas l'idée d'avoir l'air un tant soit peu faible ou diminué face à qui que ce soit. Encore plus face à Marius. Pour ses enfants, il se devait être fort, implacable et solide comme un roc... Il n'avait pas droit à l'erreur ni à la moindre faiblesse, or il montrait cet aspect de lui qu'il haïssait tant : Son humanité. Et lorsque Marius lui demanda ce qui lui était arrivé, il sentit une réelle inquiétude dans la voix de son fils... Devait-il lui expliquer qu'il s'était fait attaquer ? Non... Marius avait été écarté de l'héritage hunter des De Langlois depuis bien trop longtemps, hors de question de le mettre dans la confidence maintenant. Il se contenta donc de répondre sèchement, sur un ton toujours aussi cynique.

- J'ai eu un accident de moto, c'est de famille...

Ce qui était plutôt ironique, puisque Marius ignorait totalement que son père n'était pas si conventionnel que cela, et qu'il préférait cent fois la maniabilité d'une belle moto à celle de n'importe quelle voiture, luxueuse ou non. Mais puisque son fils avait refusé de lui dire ce qu'il lui était arrivé, pourquoi l'aurait-il fait ? D'autant que la remarque acide de Marius lui fit clairement comprendre qu'au fond, la seule chose qu'il voulait c'était pouvoir se moquer de son père. Celui-ci tourna la tête vers son fils, lui jetant un regard glacial et accusateur.

- Et bien tu te contenteras de pleurer sur ton misérable petit sort les soirs de déprime... Ne joues pas sur les dates, s'il te plais... Tu auras 27 ans dans moins d'une semaine, c'est du pareil au même.

Et voilà que le ton commençait déjà à monter, que des mots allaient être regretter... Ou non, finalement. Marius tapait tant sur le système de son paternel qu'il ne regrettait que rarement ses remarques désobligeantes. Tout au plus avait-il parfois le sentiment d'aller un peu trop loin. Garder son calme, c'était la clé pour obtenir quelques maigres informations au sujet de Martial... Car Hippolyte était loin d'imaginer que son aîné ait pu cacher quoi que ce soit à son jumeau. C'était impensable pour lui. Ils s'étaient toujours tout dit, tout confié... Savaient des choses l'un de l'autre qu'aucun de leur parent ne saurait jamais...

Aussi, lorsque Marius céda à la panique, laissant de côté toutes remarques désobligeantes, Hippolyte comprit qu'il avait eu tort de surestimer ce lien entre eux. Ou plutôt, il commençait à penser que Martial ne pouvait être parti de son plein gré, pour ne pas avoir prévenu son frère...

- Bon sang mais bien sûr que non, je ne sais pas où il est ! C'est toi son frère, pas moi ! C'est à toi qu'il se confie ! Merde... Je pensais que tu pourrais au moins me dire qu'il allait bien... Ca ne ressemble pas à ton frère de partir comme ça sans prévenir... Je n'aime pas ça...

Cette fois, la panique commençait à le gagner. Hippolyte sentait qu'il perdait pied, pour la première fois depuis bien longtemps : Il sentait vraiment que quelque chose lui échappait, quelque chose qu'il ne contrôlait absolument pas... Tout son masque de froideur se brisa au profit d'une inquiétude qui se lisait sur son front plissé. Qu'était-il arrivé à Martial ? Qui avait mis Marius dans cet état... ? Qui s'en prenait à ses enfants en toute impunité ? Hippolyte se sentait partagé entre une inquiétude dévorante et une colère viscérale qui le prenait aux tripes. Qui que soit celui qui s'en était pris à Marius, il comptait bien lui faire payer lentement ses actes... Mais qu'il s'agisse ou non de la même personne, celui qui s'était attaqué à Martial n'avait plus beaucoup de temps à vivre, il le jurait.
A aucun moment Hippolyte n'envisageait la possibilité que son fils aîné puisse être parti de son plein gré sans avoir ne serait-ce qu'avertit son frère. Il pensait si bien connaître Martial... Il se trompait.

La dernière remarque de Marius le tira de ses pensées, l'empêchant de réfléchir à une réponse. Habituellement, il se serait muré dans le silence ou aurait répliqué que si ce n'était pas pour Martial, il ne se serait pas déplacé... Seulement il était bien trop ailleurs pour continuer à jouer la comédie.

- De... Quoi ? Non... Si j'avais simplement voulu des nouvelles de Martial, je t'aurais simplement envoyé des textos jusqu'à ce que tu daignes répondre. C'est aussi toi que je viens voir...

Les soucis financiers, Hippolyte savait les gérer. Son entreprise brassait des millions de dollars tous les jours, il savait faire face aux caméras, aux allégations de certains scientifiques idéalistes, à l'avis que se faisait de lui tous ceux qui le croisaient... Mais s'il y avait bien une chose qu'il n'avait jamais si pleinement supporter, c'était bien de savoir ses enfants en danger, en difficulté ou pire... Disparu. Sa nervosité était palpable, et il se rongeait les sangs à la fois pour Marius et pour Martial.

- Bon sang mais où est passé ton frère... Je ne peux pas croire qu'il soit parti sans t'avertir... S'il lui est arrivé quelque chose... Je te jure, Marius... Je te jure que je ferai la peau à celui qui t'a fait ça et à tous ceux qui s'en prendront à ton frère...

Seulement, si c'était là les paroles d'un père prêt à défendre ses enfants, c'était aussi celles d'un homme qui ne contrôlait plus vraiment ce qu'il faisait. Jamais encore Marius n'avait du voir son père dans un tel état de colère contenue... Du moins une colère qui ne lui était aucunement destinée. Hippolyte se sentait totalement démuni : Pour une fois, il ignorait quelque chose et n'était absolument pas maître de la situation. La raison et la logique dans l'histoire, ce n'était plus lui.
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MessageSujet: Re: I've never been proud of you, son... Prove me that I was wrong... [Marius Caesar]   I've never been proud of you, son... Prove me that I was wrong... [Marius Caesar] Icon_minitimeJeu 1 Oct 2015 - 16:41

I've never been proud of you, son. Prove me that I was wrong.
Hippolyte & Marius



Je n’ai aucun complexe à imposer à mon père et ma transpiration, et mon style vestimentaire qui doit lui faire avoir des sueurs froides. Mon tee-shirt pikachu, je l’assume, mon jean encore plus, mes cheveux totalement et ma barbe mal rasée, je n’en ai rien à faire. Et surtout, surtout, c’est lui qui s’est immiscé dans mon taxi, qui a tout manigancé pour qu’on soit obligé de s’adresser la parole alors… c’est de sa faute. Et lorsque je fais mine de m’apercevoir enfin de sa présence, ce sont trois de mes principales expressions lorsqu’il est question de mon père qui sortent d’eux-mêmes, comme des grands, puisqu’ils ont bien appris la leçon. La réponse de mon père ne se fait pas attendre, je l’ignore d’un haussement d’épaules désintéressé pour mieux… pardon ? Mon regard vient de tomber sur ce bras en écharpe, sur ces contusions, sur ces points de suture. L’inquiétude perce en première. Franche. Brutale. Déroutante. Spontanée. Je m’en veux d’être inquiet pour lui alors que je lui demande très sincèrement ce qui s’est passé pour qu’il se retrouve aussi… handicapé. Je ne suis pas stupide : mon père immobilisé est pire que moi dans le genre, ou du moins on se défend bien chacun de notre côté. Je suis un hyperactif, ou du moins un enfant très dynamique, mon père est un bourreau de travail et un connard à plein temps. Et être aussi diminué… ça ne lui ressemble pas. Pas plus que ma jambe cassée, même si ce n’est pas ma première. Son ton, cynique, me ramène les pieds sur Terre. - J'ai eu un accident de moto, c'est de famille… C’est ça, ouais, fous toi de ma gueule, je ne te dirai rien. J’hausse un sourcil, comme lui devant mes bulletins et mes excuses bidons. Un accident de moto, vraiment. Comme si lui faisait de la moto. Je sais qu’il aime les grosses voitures, bien imposantes, bien perfectionnées – sûrement quelque chose à compenser, tiens, je souris intérieurement – mais les motos ? Je croyais que c’était mon truc à moi. Il se fout de ma gueule. Et me donne la claque nécessaire pour me reprendre et masquer un peu mieux mon inquiétude. Depuis quand je m’inquiète pour mon père, de toute manière ? Je voulais juste filmer ça pour mieux immortaliser ce moment et me le repasser mes soirs de déprime, voilà tout. - Et bien tu te contenteras de pleurer sur ton misérable petit sort les soirs de déprime... Ne joues pas sur les dates, s'il te plait... Tu auras 27 ans dans moins d'une semaine, c'est du pareil au même. J’arque à nouveau un sourcil en le foudroyant du regard. « Du pareil au même ? Nan, c’est jusque t’en as rien à faire de moi et que je me demande bien ce que tu fous là » Le ton monte, l’animosité se cristallise déjà, je n’essaye même pas d’être patient ou de faire des efforts. Je n’avais pas envie de le voir et je ne tente pas une seule seconde de le lui cacher. Je n’ai pas la tête à me disputer avec lui, je suis juste fatigué de ne pas avoir de nouvelles de mon frère, de cette jambe qui me traîne, je n’avais pas en plus besoin de savoir que mon père s’éclate à se faire tabasser les samedi soirs.

Le silence. Voilà ce qu’il me répond. Merci bien, Papa, j’avais totalement besoin de ça. Je veux savoir pourquoi il s’est à ce point emmerdé pour me voir. Il n’a personne à aller rabaisser, ça lui manquait de pourrir la vie de son fils et de son souffre-douleur ? Quoi, j’exagère ? Non, si peu. Mais voilà. Ce n’est vraiment pas le moment de venir m’emmerder et… mon cœur rate un battement. Je le regarde droit dans les yeux alors que je suis incapable de cacher quoique ce soit sur mon visage. Il est beau, le menteur professionnel. Il est beau, le fils qui déteste son père. Il est beau le Marius : je panique. Totalement. J’en oublie même de l’insulter, j’en oublie même d’être désagréable : c’est mon monde qui tombe un peu plus en morceaux lorsque je me prends la réalité en pleine face. Mon père n’a aucune nouvelle de mon frère. Mon père. Notre père. A tous les deux. Aucune nouvelle. Et je suppose qu’il en est de même pour celle qui me sert – en théorie – de mère. J’ai peur.

Vraiment.
J’ai peur pour mon frère, j’ai peur pour sa vie, j’ai peur pour mon père, j’ai peur pour l’avenir. Et je n’ai qu’une envie, c’est de me téléporter chez Astrid et de la prendre dans mes bras ; je n’ai qu’une envie : me téléporter en sécurité là où je n’aurai pas de souci à me faire pendant au moins une trentaine de secondes. Mais je reste là. A paniquer stupidement. A me rendre compte que mon père est tout aussi inquiet pour mon frère que moi, et qu’en réalité, il n’en a rien à faire de moi. Mais ça ne me blesse pas : la panique va bien au-delà d’une misérable jalousie qui n’a même pas lieu d’être. - Bon sang mais bien sûr que non, je ne sais pas où il est ! C'est toi son frère, pas moi ! C'est à toi qu'il se confie ! Merde... Je pensais que tu pourrais au moins me dire qu'il allait bien... Ca ne ressemble pas à ton frère de partir comme ça sans prévenir... Je n'aime pas ça... Je dois pâlir à vue d’œil.

Mon père est dans le même état que moi. Et sans m’étonner particulièrement, ça me surprend de le voir être aussi… humain. Et ça m’effraie. Ca ne ressemble pas à ton frère de partir comme ça, je sais bien. Pire encore : il reconnaît ouvertement que je suis plus proche de mon jumeau que lui peut l’être, que je suis celui qui devrait avoir toutes les informations, que je suis… responsable de lui dans un sens. Je pâlis davantage encore. Je me demandais ce qu’il était venu foutre dans ce putain de véhicule, je comprends que je ne suis pas du tout le seul à ne plus dormir à cause de Martial. La seule question que je me pose, lorsque je souffle un c’est pour ça que tu es là, c’est depuis combien de temps s’est il aperçu que Martial ne répond plus. Mon murmure n’attendait aucune réponse, ni réaction, ni sarcasme. Je ne comprends pas tout de suite qu’il y répond. - De... Quoi ? Non... Si j'avais simplement voulu des nouvelles de Martial, je t'aurais simplement envoyé des textos jusqu'à ce que tu daignes répondre. C'est aussi toi que je viens voir... Il ment. C’est clair comme de l’eau de roche à mes yeux : il ment. Déjà parce que s’il m’avait envoyé des sms pour avoir des nouvelles de mon frère, j’aurais débarqué au centre de Caesar Pharmaceutics et démolis son bureau jusqu’à ce que lui me donne des nouvelles de mon frère, ensuite… et bien ensuite, il est comme moi vis-à-vis de mon jumeau, même si ça me fait mal de l’admettre, et que je ne le vois pas se contenter d’un sms lorsque son fils a disparu depuis un mois. Moi encore, qu’il n’ait pas de nouvelles de moi pendant cinq ans et qu’il s’en foute, ça ne me choque pas, mais pour Martial… Il ment, donc. « Ca ne sert à rien d’essayer de me faire avaler ça, tu sais. C’est pas moi que tu viens voir, celui que tu viens voir, c’est celui qui a des infos sur Martial, mais » j’insiste sur mon mais pour qu’il n’essaye même pas de se défendre par un autre mensonge ou une remarque dont il a le secret. « mais tu sais quoi ? Je m’en fous. Je m’en fous là, parce que si toi ni moi n’avons de nouvelles de Marty… » Je n’ose pas terminer ma phrase.

Je n’aime pas les si. Si blablabla, si patati, si patata, ça n’augure jamais rien de bon, un si. Déjà parce qu’au mieux on élabore hypothèse sur hypothèse pour mieux se dire que si on avait fait ça, alors ça ne serait pas arrivé, et qu’au pire, on laisse des phrases en suspens parce qu’on n’ose pas les terminer de peur de concrétiser l’horreur qu’on sous-entend. Personnellement, en l’occurrence, l’horreur c’est que mon frère disparaisse totalement de ma vie. Tout court. Qu’il m’abandonne, sans un mot, sans rien. - Bon sang mais où est passé ton frère... Je ne peux pas croire qu'il soit parti sans t'avertir... S'il lui est arrivé quelque chose... Je te jure, Marius... Je te jure que je ferai la peau à celui qui t'a fait ça et à tous ceux qui s'en prendront à ton frère... Je frissonne en le regardant à nouveau. Je te jure, Marius. Il me fait froid dans le dos et pourtant, je ne peux pas m’empêcher de le regarder comme un enfant qui voit son père s’élever entre lui et l’adversité, avec une armure, une épée, une cape et tout ce qui va avec, et qui brandit l’épée pour décapiter le monstre. Sauf que mon père ne peut pas soulever une épée parce qu’il a un bras en écharpe, qu’il ne s’intercale pas entre moi et un monstre mais plutôt entre Martial et l’absence et que je ne suis plus un gosse. Je ne peux pas croire qu’il soit parti sans t’avertir. Il vient d’appuyer pile là où ça fait mal. Je secoue la tête : j’ai du mal à respirer. « Tu sais, t’es pas le seul à le croire mais… »

Les flics ont rejeté l’hypothèse de l’enlèvement. Je prends conscience d’une chose. Mon père n’est pas allé voir les flics. Il est vraiment allé me voir moi, directement. Donc soit il ne tient pas autant à Martial qu’il n’y parait, soit… il vient juste de s’en apercevoir. Je fronce les sourcils : il n’y a qu’une seule de ces deux hypothèses qui ne tienne réellement la route : « Y’a pas de celui qui a fait ça, Papa. Martial s’est barré, c’est tout. Les flics ont dit que si Martial avait été enlevé et tout, au bout d’un mois on aurait forcément déjà eu des pistes, surtout que niveau rançon, tu aurais été prêt à casquer pour le récupérer. Martial s’est barré, tout seul, comme un putain d’égoïste. » J’hausse les épaules, presque défaitiste dans ma panique. « J’ai tout essayé, coup de fil, sms, mail, j’suis allé à son appart, j’ai prévenu les flics, j’ai regardé dans ses potes, même au bureau il a posé un congé longue durée, une connerie dans le genre. Mais j’imagine que t’as fait la même de ton côté. » Je sais que j’essaye plus de me persuader que mon frère s’est barré de son plein gré qu’autre chose, mais personnellement, même si ça fait mal, je préfère ça que d’autres possibilités qui m’empêchent de dormir. En m’écoutant, on pourrait croire que Marius l’optimiste s’est foutu une balle dans le crâne, je sais, mais pourtant… je suis optimiste. C’est jusqu’entre la peste et le choléra, bah moi, j’espère la rupture d’anévrisme, voilà. « Finalement, Martial est moins proche de moi que je le pensais, tu dois être content. »

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Hippolyte Caesar
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MessageSujet: Re: I've never been proud of you, son... Prove me that I was wrong... [Marius Caesar]   I've never been proud of you, son... Prove me that I was wrong... [Marius Caesar] Icon_minitimeDim 4 Oct 2015 - 19:17

I've never been proud of you, son... Prove me that I was wrong...

Hippolyte Caesar & Marius Caesar
« Du pareil au même ? Nan, c’est jusque t’en as rien à faire de moi et que je me demande bien ce que tu fous là »

Comme à son habitude, Hippolyte leva les yeux au ciel en soupirant. Parfois, il se demandait vraiment ce que voulait Marius : Il lui reprochait d'être venu à l'hôpital, et cette fois il lui en voulait d'avoir organisé cette petite rencontre. Mais en même temps, il semblait lui en vouloir pour toutes ces années de silence et ce désintérêt dont avait fait preuve son père. Il ne savait plus sur quel pied danser ni quelle attitude adopter. Marius préférait-il un père absent ou un père qui tenterait d'entamer un dialogue ? A première vue... Ni l'un, ni l'autre et les deux à la fois.

- Je n'en ai rien à foutre de toi, je suis un père indigne, j'ai compris. Peut-on passer à la suite, ou tu comptes encore venir pleurer comme un gosse ?

S'ensuivit un long silence, l'arme la plus sournoise qu'Hippolyte usait à tort et à travers avec son fils cadet. Son silence, c'était sa manière à lui de montrer que les paroles de Marius ne l'atteignaient pas – du moins en apparence – et qu'il gardait le dessus dans cette ridicule mascarade qui les opposait depuis des années. Il savait aussi à quel point Marius avait horreur de le voir l'ignorer ainsi, que plus d'une fois il avait du vouloir le secouer pour le faire réagir... Mais rien n'y faisait, Hippolyte restait ostensiblement tourné vers la route, silencieux. Du moins jusqu'à ce que Marius lui avoue que lui non plus n'avait aucune nouvelle de son frère. Sa voix tremblait sous l'effet de la peur, et il semblait on ne peut plus sincère. Alors seulement l'angoisse commença à monter, lui brûlant les entrailles et lui serrant la gorge jusqu'à l'étouffement. Que se passait-il ? Il en perdait ses moyens, s'exprimait de manière hachée et hasardeuse, et Marius ne l'aidait pas à y voir plus clair. Lorsqu'il se décida finalement à parler, Hippolyte tourna la tête vers lui, lui lança un regard de colère pure.

- Tu as décidé que tu voulais voir en moi le roi des connards ? Grand bien te fasse. Mais dans ce cas arrête de me le reprocher constamment, Marius. Peu importe ce que je pourrais dire ou faire, tu t'es mis cette idée en tête. Très bien ! Si ça t'amuse ! Mais arrête de venir m'emmerder avec ça si tu es si sûr de toi !

Il était fatigué de ce combat. Usé. Il ne pouvait nier qu'il avait toujours eu une préférence pour Martial. C'était l'aîné, le fils prodigue, l'enfant calme qui avait de bons résultats à l'école... Un bon chasseur, qui plus est. Alors bien sûr qu'il avait une préférence pour lui. Aussi triste et cruelle soit-elle, c'était la dure réalité des choses. Seulement, jamais il n'avait détesté Marius, tout au plus avait-il eu envie l'espace de quelques secondes de lui arracher la langue, mais pas au point de le haïr. Et plus que le fait de se battre constamment contre ça, ce qui laissait Hippolyte impuissant était le fait de pas comprendre cette réaction de la part de Marius.

« si toi ni moi n’avons de nouvelles de Marty… »

Cette phrase fit frissonner Hippolyte. Il n'aimait pas du tout ce qu'elle annonçait ni ce qu'elle sous entendait. Un si s'accompagnait très souvent d'un alors... Et ce alors n'avait rien de positif. Alors il a peut-être été enlevé, alors il est peut-être parti... Alors il est peut-être mort. Une éventualité qu'il exécrait et qui pourtant ne cessait de tourner en boucle dans sa tête. Il perdait pied chaque fois qu'il pensait qu'un malheur arrivait à l'un de ses enfants. Son sang n'avait déjà fait qu'un tour lorsqu'il avait appris la malformation cardiaque de Marius, et savoir Martial introuvable ne faisant que renforcer ce sentiment d'impuissance. Chose étonnante, Marius était plus calme et lucide que son père dans cette histoire. C'était même lui qui avait les réflexions censées, et non l'inverse. Martial était parti. De son plein gré, il avait quitté la ville sans prévenir qui que ce soit, sans donner signe de vie... Et ce depuis un mois. Pourquoi ? Que s'était-il donc passé dans sa vie pour qu'il décide de fuir ? Sans même en parler à son jumeau ? Hippolyte ignorait ce que c'était, mais se doutait que ce devait être quelque chose de grave. D'assez grave du moins pour qu'il décide de tout lâcher.

- J'ai quelques contacts au commissariat de Radcliff, oui... Quand j'ai voulu signaler la disparition de ton frère, ils m'ont dit que tu l'avais déjà fais, et que ça ne ressemblait pas à un enlèvement mais... J'ai préféré croire que Martial n'était pas parti de son plein gré. J'aurais pourtant du m'en douter lorsque Kingsley m'a dit que ton frère serait absent quelques semaines...

Perdu dans ses pensées, Hippolyte ignorait que le simple fait de prononcer le nom de l'associer de Martial risquait de hérisser les cheveux sur la tête de Marius. A ses yeux, le jeune Moren représentait le fils parfait : Il était brillant, soigneux, c'était un chasseur déterminé, qui ne reculait devant rien et pouvait se targuer d'avoir un superbe tableau de chasse. Il était loin de se douter qu'il était à l'origine du passage à tabac de Marius... Et que ce dernier était en plus un dégénéré. Aussi insensé que sa dernière remarque, qui arracha de nouveau un soupir à son père.

- Par pitié, Marius, arrête. On dirait un gosse qui fait une crise de jalousie ! Est ce qu'à un moment, un seul instant j'ai dis que je pourrais être content de vous voir moins complice, ton frère et toi ? Fais marcher les deux neurones qu'il te reste, bon sang ! Vous êtes frères ! Et jumeaux, qui plus est ! J'aurais pu m'inquiéter si je vous avais vu vous disputer tout le temps ! Non je ne suis pas content... Car il m'aurait semblé logique que ton frère te dise tout. Même ça.

Hippolyte était définitivement fatigué de se battre. Il avait beau paraître odieux dans ses paroles, il y avait une forme de sincérité dans sa voix. S'il avait souvent tenu à garder un œil sur Marius pour être certain qu'il ne serait pas une mauvaise influence sur son frère, il n'avait jamais tenu à les séparer – excepté lorsque Marius était à l'internat. Pour la simple et bonne raison que Martial était la seule et unique personne capable de faire entendre raison à son jumeau. Les séparer serait revenu à lâcher un électron libre dans la nature et ça, c'était inenvisageable. Finalement, Hippolyte se tourna et se pencha vers son fils.

- J'aurais été prêt à « casquer », comme tu dis si bien, pour Martial, pour toi, ou pour ta mère. Une poignée de billets n'a aucune valeur face à une vie humaine, et je ne suis pas pingre. Seulement cette fois, il n'est pas question d'argent, d'enlèvement ou de chantage, il est question de la disparition de Martial. Aussi, nous pouvons procéder de deux manières. Nous pouvons tous les deux jouer aux cons, nous reprocher tous les maux de la planète... Ou bien chercher ensemble une solution ou l'endroit où ton frère a pu se rendre. La balle est dans ton camp, ne compte pas sur moi pour être le premier à lancer les hostilités si c'est réellement ce que tu souhaites.

Un dialogue, une discussion d'adulte, voilà ce qu'il désirait. Un véritable échange comme ils avaient presque réussi à avoir à l'hôpital quelques semaines plus tôt. Brisé par leur bêtise à tous les deux, il ne leur avait laissé qu'un goût amer dans la bouche. Et plus que jamais, ils avaient besoin de l'un de l'autre pour retrouver Martial. Quand bien même pensaient-ils la même chose : Lui demander de l'aide ? Plutôt crever !
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MessageSujet: Re: I've never been proud of you, son... Prove me that I was wrong... [Marius Caesar]   I've never been proud of you, son... Prove me that I was wrong... [Marius Caesar] Icon_minitimeJeu 8 Oct 2015 - 11:03

I've never been proud of you, son. Prove me that I was wrong.
Hippolyte & Marius



C’est mal. C’est pas bien. Je sais que j’abuse à ne même pas tenter de faire d’efforts pour être aimable avec lui. Je n’ai même pas envisagé d’en faire, en vrai. Dès que je me suis aperçu de sa présence, je l’ai ignoré, insulté, snobé dans les règles de l’art. C’est mal : c’est pas comme ça que je vais me réconcilier avec lui. Mais la question, c’est : est-ce que je veux me réconcilier avec lui ? Et la réponse c’est… j’en sais foutrement rien. Je ne fais pas d’efforts, donc : c’est mal. Mais lui non plus n’en fait pas des masses, il me provoque tout autant que je me provoque. Ce taxi, c’est une putain de cocotte-minute qui va exploser d’une minute à l’autre. Le ton monte, ma colère s’oppose à ses sarcasmes, mon agressivité à ses soupirs. Je ne sais pas pourquoi ni même comment ça se fait : il suffit de nous mettre dans la même pièce pour que ce soit constamment la même chose. Cinq, presque six ans de trêve, et voilà qu’il redébarque de manière intensive dans ma vie pour mieux recommencer à me rabaisser, me piétine, me surplomber de sa supériorité évident. - Je n'en ai rien à foutre de toi, je suis un père indigne, j'ai compris. Peut-on passer à la suite, ou tu comptes encore venir pleurer comme un gosse ? Je ne réponds pas. Je ne réponds même pas si on je vais retomber dans des insultes limitées qui constituent ma défense finale lorsque je n’ai rien à répondre. Il se moque de moi ? Et bien qu’il se moque, je n’en ai plus rien à faire. J’en ai marre : je veux mon frère. Et même les provocations de mon père n’arrivent pas à me faire penser à autre chose, même cette journée totalement pourrie n’y arrive pas. Peut-on passer à la suite. J’ai envie de lui faire bouffer ses dents. Et je sais pourquoi, en plus, c’est le pire ! Je sais pourquoi je suis autant en colère contre lui : c’est parce que je sais que quoique je vais répondre, il trouvera à répliquer, plus blessant, plus acide, plus sarcastique, et que même s’il ne répond pas, son silence fera office de réponse et me donnera d’ouvrir la portière pour me jeter à l’extérieur de la voiture. Même ma téléportation ne peut pas me venir en aide parce que je sais d’expérience que me téléporter d’un véhicule en marche… voilà. Alors je suis condamné à subir sa présence.

Et son silence. Mes doigts s’agitent. Je supporte mal le silence. J’ai toujours mal supporté le silence, l’ignorance, l’indifférence. Je ne sais pas vraiment d’où ça me vient, mais j’ai toujours été angoissé par le silence. Il faut qu’on parle, il faut qu’on me parle, il faut qu’on me remarque. Et forcément, quand il est question de remarquer comment faire chier son fils, mon père est champion. Il le sait que je n’aime pas ça, il sait aussi que je n’ai pas envie de craquer, il sait aussi que chaque seconde passée sans bruit fait monter la tension et que je vais forcément céder à un moment où à un autre et qu’il va gagner la partie, il sait, encore, que… il ne sait pas où est mon frère. La discussion prend un angle brutal, mon cœur rate des battements, mon animosité file au placard et laisse tout la place à l’inquiétude : brûlante. Où est mon frère ? Ce n’est pas moi qu’il est venu voir, il est venu voir son informateur le plus logique pour savoir où est son unique fils. Je ne sais pas si je dois me réjouir qu’il prouve que je suis celui de nous deux qui est le plus proche de mon jumeau ou si ça me fait mal qu’il n’en ait à ce point rien à battre de mon existence. Mes mots s’entrechoquent d’eux-mêmes, je n’ai pas le temps de les réfléchir – et je suis d’accord, ça ne change pas de l’habitude. Mais là… je suis totalement démuni. Pas de faux-semblants, pas de mauvaise foi, pas de colère mal placée, il n’y a que l’inquiétude et ces je m’en fous qui n’auraient dans un autre contexte aucune crédibilité. Depuis quand je m’en fiche que mon père me méprise à ce point ? Depuis quand je m’en fiche qu’il mette Martial dans ses priorités ? Et depuis quand, surtout, je le lui dis aussi clairement ? je n’ai aucune cohérence, aucune logique face à mon père et encore moins lorsque Martial est concerné. Mon père, lui, en revanche, c’est un autre histoire… - Tu as décidé que tu voulais voir en moi le roi des connards ? Grand bien te fasse. Mais dans ce cas arrête de me le reprocher constamment, Marius. Peu importe ce que je pourrais dire ou faire, tu t'es mis cette idée en tête. Très bien ! Si ça t'amuse ! Mais arrête de venir m'emmerder avec ça si tu es si sûr de toi ! J’explose. Au quart de tour. « MAIS TA GUEULE ! JE TE DIS QUE JE M’EN FOUS LÀ ! T’as pas besoin de mentir, j’en ai rien à battre, je te reproche rien là, pour une fois. Je veux mon frère, c’est tout. Et toi, tu veux ton fils. Et si on n’a pas de nouvelles de Marty… » J’arrive pas à finir ma phrase. Je n’ai même pas envie de la finir. La colère de mon père, ses promesses, tout ça m’effleure, m’achève. … qu’il soit parti sans te prévenir. Le coup porte, j’ai du mal à respirer, je me prends la tête entre les mains. Il n’est pas le seul à avoir du mal à le croire, qu’il me fasse confiance sur ce plan là. J’ai mal, mon père remue le couteau dans la plaie. Mais pire encore : il semble aussi paniqué que moi. Ce n’est pas logique : il faut que l’un de nous deux soit calme et lucide, et si mon père refuse d’endosser ce rôle… ma voix est totalement défaite lorsque je résume ce qui se passe. Il n’y a pas de celui qui a fait ça, il n’y a que… Martial. Qui est parti. Les flics, j’ai beau les mépriser de toute ma hauteur, juste parce que par principe, j’aime pas ceux qui m’arrêtent, je suis d’accord avec eux. Et ça me tue. Mais Martial s’est barré tout seul, comme un enfoiré. Et je préfère cette hypothèse à… aux autres réponses possibles.

- J'ai quelques contacts au commissariat de Radcliff, oui... Quand j'ai voulu signaler la disparition de ton frère, ils m'ont dit que tu l'avais déjà fais, et que ça ne ressemblait pas à un enlèvement mais... J'ai préféré croire que Martial n'était pas parti de son plein gré. J'aurais pourtant du m'en douter lorsque Kingsley m'a dit que ton frère serait absent quelques semaines... Mon poing se serre. Kingsley. Martial. En voilà un que je ne suis pas allé voir alors que l’envie me démange. En voilà un que j’aimerais voir disparu à la place de mon frère, en voilà que je crains autant que je déteste. Comme mon père, tiens. Sauf que Kingsley est allé plus loin que mon père : il m’a blessé, plus violemment que des gifles, plus vicieusement que la torture psychologique que mon père a pu m’infliger. Je prends sur moi pour garder contenance voire tout simplement garder mon calme. Ce pénible calme que je m’inflige. Il est allé voir Moren avant d’aller me voir moi. Il est allé voir ce putain de Pingou avant d’aller me voir moi. Je ne sais même pas si c’est de la jalousie, de la colère ou de la déception, mais dans tous les cas, je le vis mal. En même temps, les mauvaises langues diraient que je prends toujours tout mal. Pas faux. Pas vrai non plus. La seule chose que je sais – et que je ne me prive pas de dire – c’est que mon père doit être content de s’apercevoir que finalement, Martial n’est pas aussi proche de moi que ce que je crie sur tous les toits. Je suis peut être le seul des deux à être aussi dépendant de lui.

- Par pitié, Marius, arrête. On dirait un gosse qui fait une crise de jalousie ! Est ce qu'à un moment, un seul instant j'ai dis que je pourrais être content de vous voir moins complice, ton frère et toi ? Fais marcher les deux neurones qu'il te reste, bon sang ! Vous êtes frères ! Et jumeaux, qui plus est ! J'aurais pu m'inquiéter si je vous avais vu vous disputer tout le temps ! Non je ne suis pas content... Car il m'aurait semblé logique que ton frère te dise tout. Même ça. Ca me fait l’effet d’une gifle, ça me traine de force devant la réalité. On est frère. On est jumeau. Mon regard se fixe sur la glace, je serre les dents, je me retiens de jeter un coup d’œil à mon portable. Je fais une crise de jalousie. Je sais. Mais est ce que ça fait de moi un gosse ? Sûrement. J’ouvre la bouche, mais une nouvelle fois je ne trouve rien à répondre. Si je réponds qu’il ment, qu’il se fout de moi, il va encore partir sur son habituel je ne te déteste pas qui pue l’hypocrisie. Ou mieux, sur le arrête de faire ta victime, de geindre, de te plaindre et toutes les déclinaisons possibles. Je ne sais pas quoi répondre alors je me mure dans le silence et c’est le monde à l’envers. Mon père qui parle, moi qui me tais. C’est beau, ce serait presque émouvant si ce n’était pas une preuve de ma détresse totale et du caractère désespéré de la situation. Je ne veux pas le regarder.

Je sens qu’il se penche vers moi, qu’il se rapproche : je me tasse la fenêtre dans un mouvement totalement futile mais porteur de sens. - J'aurais été prêt à « casquer », comme tu dis si bien, pour Martial, pour toi, ou pour ta mère. Une poignée de billets n'a aucune valeur face à une vie humaine, et je ne suis pas pingre. Seulement cette fois, il n'est pas question d'argent, d'enlèvement ou de chantage, il est question de la disparition de Martial. Aussi, nous pouvons procéder de deux manières. Nous pouvons tous les deux jouer aux cons, nous reprocher tous les maux de la planète... Ou bien chercher ensemble une solution ou l'endroit où ton frère a pu se rendre. La balle est dans ton camp, ne compte pas sur moi pour être le premier à lancer les hostilités si c'est réellement ce que tu souhaites. Je déglutis. Cette situation est dérangeante. Mon père qui parle, moi qui me tais, c’était déjà pas mal dans le genre exceptionnel. Mais mon père qui propose qu’on fasse… une alliance ? Une trêve ? C’est juste perturbant. Et alors le fait que j’envisage sérieusement de répondre à l’invitation par l’affirmative… Comme toujours lorsque je suis mal à l’aise, ma main file dans ma nuque, se perd dans mes cheveux.

Je finis pas hausser les épaules. « La prochaine fois, si tu veux pas qu’on s’engueule, passe un coup de fil au lieu de m’imposer ta présence, alors. » Autant pour la trêve, Marius. Je ne fais pas d’efforts. Est-ce que j’en ai déjà fait face à lui ? Oui, à de nombreuses reprises. Au moins douze fois en vingt-sept ans. Je soupire. « D’accord. » Ca tombe comme la guillotine sur ma nuque. Charmante métaphore. Je lève les yeux au ciel, me mords la lèvre. La voiture s’arrête. Je reconnais le bas de mon immeuble. Et bien, synchro le chauffeur ou alors il tournait autour du pâté de maison depuis vingt minutes. Je pose la main sur la portière mais alors même qu’elle se déverrouille, je ne l’ouvre pas. « Alors tu arrêtes de me rabaisser, tu fais aucune remarque négative et moi je me retiens de t’insulter. Sinon tu dégages de ma vie et tu n'y débarques plus. On a un deal ? » Il ne va pas tenir, je me doute bien. Et à la moindre remarque, je ne vais pas tenir non plus. Mais… je me demande s’il est sérieux, pour une fois. Ca m’étonnerait. C’est un menteur, c’est un enfoiré. Mais c’est de Martial dont il est question. Je réfléchis à toute vitesse en ouvrant la portière.

« J’ai fait une liste hier des endroits où il pourrait aller et j’ai craqué le mot de passe de sa boite mail. J’en doute, mais peut être que tu vas voir un truc que j’ai pas vu… » Oui, c’est une invitation que je lui fais. Une invitation à venir dans mon appartement. Qui est un bordel pas possible, surtout depuis que je suis rentré de l’hôpital. Un appartement à mon image, totalement. Je n’attends pas de voir s’il me suit, je m’extirpe du taxi, fais signe au chauffeur que c’est mon père qui va régler, monte les étages et ne m’arrête devant la porte, légèrement essoufflé, le temps que mes clés trouvent leur chemin dans ma serrure. Ca me fait bizarre de ne pas me téléporter comme j’en ai l’habitude. Mais mon père est là. Et je ne lui fais pas confiance. J’ouvre la porte. C’est vraiment le bordel. Entre mes habits qui traînent, les boites de jeu, le punching-ball suspendu dans un coin, les différentes affiches ça et là, de Hand, de Maths, des films dans lesquels j’ai tourné, mon tableau blanc rempli d’équations et de démonstrations, des photos, nombreuses, de moi et certaines de mes exs – quoi, des souvenirs de vacances ! – et celles, plus nombreuses, avec Martial et/ou Astrid… mon appartement est l’incarnation du kamoulox. Oh, c’est quoi là ? Une bière, pas terminée. A côté de mon tee-shirt de la veille. Je vais chercher mon ordi dans ma chambre, reviens en le portant malgré ma béquille, lui fais une place sur la table basse en virant le reste de McDo qui y traîne et y affiche la liste dont je parlais à mon père. « Tu touches à rien, je vais prendre une douche. »

Alors, Papa ? La balle est dans ton camp, ne compte pas sur moi pour être le premier à lancer les hostilités si c'est réellement ce que tu souhaites ? On va voir si tu tiens tes promesses, enfoiré. Je te parie un mot gentil que tu vas en être incapable.

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Hippolyte Caesar
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MessageSujet: Re: I've never been proud of you, son... Prove me that I was wrong... [Marius Caesar]   I've never been proud of you, son... Prove me that I was wrong... [Marius Caesar] Icon_minitimeDim 18 Oct 2015 - 20:44

I've never been proud of you, son... Prove me that I was wrong...

Hippolyte Caesar & Marius Caesar
Hippolyte grimaça en entendant Marius hurler, ses poings se serrant sous la colère. Son bras blessé se rappela à son bon souvenir, le faisant frémir de douleur tandis qu'il serrait les dents pour ne pas hurler à son tour.

- Arrête avec tes si... Tant qu'on ne sera sûr de rien, je persisterai à dire que ton frère va bien, et tu ferais bien d'en faire autant...

Hippolyte refusait de songer à une éventualité plus funeste. Il s'en rendait malade, mais il ne pouvait imaginer un seul instant que l'un de ses enfants, et plus encore son fils aîné qu'il chérissait tant, puisse être blessé ou pire. Cette solution là n'existait pas, elle ne faisait pas partie des résultats envisageables dans l'immense et complexe équation qu'était toute cette histoire. Martial aillait bien, son père était prêt à le jurer même s'il n'en avait aucune certitude. Vingt ans plus tôt, il avait craint le pire pour Marius, lorsque celui-ci avait chuté du haut du balcon en jouant. Aucune chance que son fils s'en souvienne, mais Hippolyte avait passé les trois nuits suivantes éveillés à ses côtés, pour s'assurer qu'il allait bien, allant jusqu'à poser une journée de congés pour pouvoir récupérer un peu et harceler les médecins. Malgré son caractère glacial et son expressivité digne d'un mollusque, il ne supportait pas l'idée que l'un de ses enfants puisse aller mal.

Et tout s'enchaînait bien trop vite depuis quelques temps. Il avait appris la malformation cardiaque de Marius et travaillait à chercher un dégénéré capable de le guérir, Martial avait disparu sans laisser la moindre trace... Et il n'avait pas de nouvelles d'Ileana, sa petite dernière, depuis près de trois semaines. Que se passait-il donc ? Pourquoi tant de bouleversements d'un coup ? Et à présent, il devait composer avec un fils qui le détestait ouvertement et refusait de coopérer. Pendant leur conversation houleuse, Hippolyte fut plus d'une fois tenter de balancer quelques billets au chauffeur pour régler le trajet, avant de sortir de l’habitacle pour rentrer à pieds chez lui. Marius n'était pas idiot. Il savait pertinemment que sans cette histoire de disparition, son père ne serait pas revenu si tôt le voir. Tout simplement parce qu'ils étaient tous deux conscients de leur incapacité chronique à se parler et se comprendre. Ils préféraient encore se fuir en ayant l'illusion que leur dernière conversation ne s'était pas si mal terminée que ça. Si l'on excluait leur dernier échange de textos incendiaires.

Préférant faire le premier pas que lui déclarer la guerre, Hippolyte se pencha vers son fils pour lui proposer une trêve, une sorte d'entente entre eux muée par la volonté de retrouver Martial. Et à son grand étonnement, Marius sembla vouloir reculer, se recroquevillant contre la portière. Allons bon... Le craignait-il encore à ce point ? Si par le passé Hippolyte avait beaucoup joué sur la peur qu'il pouvait provoquer chez Marius pour le calmer, il pensait cela fini depuis des années... Après tout, son fils mesurant facilement dix centimètres de plus que lui, il pouvait difficilement le regarder de haut, et il se gênait rarement pour lui hurler dessus. C'était presque curieux et quelque part étrangement gratifiant de voir qu'il avait toujours la même influence sur son fils. Et loin de chercher à atténuer ce sentiment chez son cadet, Hippolyte préférait continuer à en jouer. Au moins, il avait le contrôle de la situation, quelque part.

Et à son grand étonnement, même si Marius fit une remarque désobligeante qui faillit lui faire perdre son calme pour de bon, il se rasséréna rapidement en prononçant un simple « d'accord ». Le signe de sa reddition, de son assentiment... C'était une chose que l'on ne voyait pas tous les jours : Le père Caesar proposant une trêve à son fils, et celui-ci l'acceptant. S'il ne neigeait pas le lendemain, se serait un miracle. Aussi, lorsque Marius posa ses conditions, son père pinça les lèvres. Il ne voulait pas seulement l'arrêt net des insultes, il voulait aussi un peu de respect. Mais c'était apparemment trop lui demandent, et il préféra hocher la tête en se contentant de ça.

En revanche, il lui fallu quelques secondes pour comprendre la suite. Lorsque la voiture s'arrêta au bas de l'immeuble où vivait Marius, Hippolyte s'apprêtait à lui proposer de discuter de tout cela dans un café ou n'importe quel autre lieu public. Pour une fois, Marius le prenait vraiment au dépourvu. Fronçant les sourcils, son père se demanda s'il avait bien compris le sens caché de la remarque de son cadet. Etait-ce une invitation à le suivre jusque chez lui, ou était-il en train de rêver ? Le temps qu'il comprenne de quoi il s'agissait, règle la commission au chauffeur et sorte de la voiture, Marius s'était déjà engouffré dans l'immeuble sans l'attendre. Levant les yeux au ciel, Hippolyte s'avança à grands pas vers la porte du hall avant qu'elle ne se ferme, jeta un coup d'oeil aux boîtes aux lettres pour noter le numéro d'appartement de Marius, et commença à monter les escaliers à sa suite. Il se retint d'ailleurs de lui faire remarquer que dans son état, l'ascenseur aurait été une bien meilleure idée. Marius lui avait dit « pas de remarque », il n'en ferait pas. Ce qui risquait de le rendre encore plus silencieux que d'habitude, vu qu'il s'adressait rarement à son fils sans faire de remarque.

En arrivant dans l'appartement, Hippolyte écarquilla les yeux. Il savait Marius désordonné au possible, mais il était presque impressionné par la performance. Des vêtements jonchaient le sol, des boîtes de jeux vidéo orphelines, tout un tas de magazines... Tout ça traînait un peu partout dans l'appartement, les moutons de poussière côtoyaient les restes d'une nourriture dont Hippolyte n'aurait même pas voulu dans une prison... Comment diable Marius faisait-il pour vivre ici ? Maniaque et soigneux au possible, son père se sentait presque mal à l'aise dans un environnement pareil. Il avait envie de ranger les choses, de classes ces boîtiers de jeux par ordre alphabétique, de mettre les magazines en pile, de plier le linge propre et mettre le sale dans un panier... Autant de choses qu'il ne pouvait se permettre de faire maintenant que Marius lui avait interdit de toucher à quoi que ce soit. Lorsque son fils fut parti prendre une douche, Hippolyte posa son manteau sur le dossier du canapé en prenant soin d'éviter les vêtements sales et autres restes de nourriture, puis il fit le tour du salon. S'attardant sur les photos, il reconnu bien évidemment les jumeaux, mais fut incapable de mettre des noms sur les visages des demoiselles qui accompagnaient Marius. Encore des cœurs brisés par ce Don Juan qui ne connaissait apparemment pas le sens du mot fidélité. Ironiquement, Hippolyte se demanda si le petit en route était le seul petit fils qu'il aurait, ou si Marius lui en avait déjà caché cinq ou six.

Enfin, son regard fut attiré par le grand tableau blanc qui occupait une partie de la pièce. Il y avait là un nombre incroyable de symboles qui auraient fait vomir d'angoisse n'importe quel allergique aux maths. La plus belle forme d'art aux yeux d'Hippolyte. Pour les calculs, pas pour le fait de voir un imbécile rendre son déjeuner à la vue d'une simple addition, bien sûr.
C'était une démonstration complexe, à base de chiffres, de lettres, de racines carrées et d'hypothèses alambiquées qu'il avait sous les yeux et, pendant un instant, Hippolyte en vint à la conclusion que c'était probablement la demoiselle dont lui avait parlé Marius, Crescentia, qui avait écrit tout ça. Seulement, il ne connaissait que trop bien l'écriture de son fils pour nier qu'il s'agissait de son œuvre. Quand avait-il appris tout ça ? Ou plutôt pourquoi l'avoir si longtemps caché ? Quel intérêt ?

Machinalement, Hippolyte attrapa le feutre sur la table d'à côté pour compléter les calculs, avant de se rappeler que s'il touchait quoi que ce soit, Marius le mettrait à la porte. Il le reposa donc, se contentant de faire le calcul de tête. Lorsqu'il entendit son fils revenir de la salle de bain, il était toujours plongé dans ses réflexions mathématiques.

- Tu es sûr de ne pas avoir oublié une racine carrée ici ? Ton résultat est étonnant... Que cherches-tu à démontrer ?

Ce n'était une remarque désobligeante, ni condescendante. Simplement la curiosité d'un féru de mathématiques cherchant à résoudre une énigme, et plus encore, c'est une lueur de stupeur mêlée de joie qui illuminait son regard lorsqu'il se tourna vers Marius.

- Depuis quand sais-tu faire tout ça ?

Il lui fallu bien quelques secondes pour se souvenir qu'il n'était pas là pour parler de maths avec Marius, et il s'éclaircit la gorge en retrouvant son habituelle expression glaciale. Il fallait qu'ils découvrent où était Martial avant d'en venir aux chiffres. S'approchant du canapé, Hippolyte se pencha vers l'ordinateur que Marius avait posé sur la table basse.

- Alors ? Tu m'as dis que tu avais fais une liste des endroits où il pouvait être... J'imagine que tu en as déjà éliminé par mal. Il te reste quoi ?

Les adresses de ses amis proches, son lieu de travail, les endroits qu'il fréquentait le plus souvent... Autant de choses que Marius devait connaître par cœur, autant de pistes qu'il avait sûrement déjà exploitées deux ou trois fois... Que restait-il, finalement ? Est ce que Martial cachait vraiment des choses à son jumeau ?
crackle bones



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Marius Caesar
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MessageSujet: Re: I've never been proud of you, son... Prove me that I was wrong... [Marius Caesar]   I've never been proud of you, son... Prove me that I was wrong... [Marius Caesar] Icon_minitimeDim 18 Oct 2015 - 23:12

I've never been proud of you, son. Prove me that I was wrong.
Hippolyte & Marius



Je viens d’inviter mon père dans mon appart. Vraiment. Je ne sais pas lequel des deux est le plus choqué, j’aime à me dire que c’est lui et que ma décision et mon invitation sont totalement normales et cohérentes vis-à-vis de mon comportement habituel. Ce qui est stupide. Dans tous les cas, je me retrouve face à la porte, à l’ouvrir et à y entrer sans même faire signe à mon père de me suivre. Il comprendra comme un grand. Je me faufile entre le bordel et le bazar en grand expert que je suis, ma condition de sportif et mon habitude aident à savoir où mettre mes béquilles et le pied sans le moindre problème. Vas-y, Papa, fais une remarque, je t’attends au tournant pour te hurler dessus que j’ai bien la preuve que tout ce que tu peux baver de sympa ou de louche, c’est que du flan et que tu es incapable de tenir tes promesses. Je guette une remarque, je note son regard, j’hausse les épaules. Qu’il dise ce qu’il veut, ici c’est chez moi. Ce capharnaüm, c’est le mien. Ce tee-shirt qui traîne, c’est le mien aussi. En général, j’ai une femme de ménage qui passe toutes les semaines mais j’ai le chic pour savoir remettre les choses en ordre juste après son passage, naturellement, sans même faire exprès. Et plus encore depuis que je suis en béquille. Je fais de la place sur la table basse, je dépose mon PC que j’allume d’un raccourci clavier, avant de taper d’une main mon mot de passe très sécurité, martial. La liste dont je lui parlais s’affiche directement vu que c’est la dernière chose que j’ai faite avant de me coucher, la veille. Je lui baragouine qu’il n’a pas intérêt à toucher à quoique ce soit – oui c’est un défi que je lui lance – avant de m’enfoncer dans la salle de bain pour enfin reprendre véritablement figure humain.

Je sors rapidement de la douche mais je ne m’extirpe pas pour autant de la salle de bain, je préfère me regarder dans la glace. Mon père est dans la pièce juste à côté. Il y a un mois, ça faisait cinq ans qu’on ne s’était pas croisés, pas parlés. Cinq ans que je comptais transformer en décennie, en vie. Et voilà qu’on s’échange des SMS, et voilà qu’il vient chez moi parce que je l’y invite, qu’on conclut une trêve, qu’on essaye de parler posément. Je foudroie mon reflet dans la glace en prenant conscience de tout ce que ça implique. J’ai du mal à respirer. Je me demande ce qu’il est en train de faire, là, dans mon salon. Torse nu, j’attrape mon tee-shirt pikachu, hésite à le remettre. Je considère mon jean. Une petite moue, un soupir, je me regarde à nouveau dans le miroir, appuyé au lavabo, mes poignets protestant contre ma position. « Alors Marius, la trêve va aller jusqu’à un certain effort vestimentaire ? » Mon murmure refuse de me répondre. Et puis merde : je sors de la salle de bain pour me faufiler dans ma chambre et jeter mon tee-shirt dans le coin linge sale, ouvrant mon armoire et considérant ma penderie. J’attrape une chemise au hasard, l’enfile avant de la boutonner en équilibre sur un pied. Je clopine jusqu’à l’entrée de ma chambre pour voir mon père s’intéresser à la seule partie de mon appartement que j’aurais du garder loin de lui. Et merde. Mon tableau. J’aurais du l’effacer avant qu’il rentre. Un petit sourire de fierté se dessine malgré moi sur mes lèvres. Avant de se transformer en moue agacée. Je le surveille du regard, me téléporte sans un bruit dans la salle de bain, récupère mes béquilles et me téléporte à nouveau dans ma chambre d’où je sors en clopinant.

- Tu es sûr de ne pas avoir oublié une racine carrée ici ? Ton résultat est étonnant... Que cherches-tu à démontrer ? Depuis quand sais-tu faire tout ça ? Hein ? Je m’immobilise. Avant de me souvenir que mon père est un putain de surdoué inégalable. Et qu’il n’a pas intérêt à avoir raison parce que sinon ça va me faire suer de me faire planter dans mon… « Euuh… » Je m’approche davantage, arrive à son niveau. Je suis trop concentré sur le tableau pour percevoir la curiosité dans sa voix, le regard qu’il pose sur moi. Rapidement, je parcours le tableau du regard, reviens à l’endroit qu’il m’a pointé. Penche la tête sur le côté, attrape un feutre et me cale correctement sur mes béquilles. C’est moi ou… Machinalement, j’oublie toute méfiance – on parle de maths, là, ce qui peut expliquer cet instant de stupidité – et j’écris en petit dans un coin deux trois symboles et éléments. J’ai toujours eu une écriture en pattes de mouche, encore plus en maths. Et pourtant, j’imagine qu’on ne peut pas croire un seul instant en me voyant écrire que je ne comprends pas ce que je fais. « Nan, j’ai rien oublié, regarde, là j’ai monté au carré l’ensemble pour éviter ça comme problème. Nan, le truc sur lequel je bute c’est plutôt cette partie là : J’encadre en rouge une partie. « Parce que mon idée, c’était de passer via le principe de… » Je m’interromps. Je suis en train de parler de maths avec mon père. De maths suffisamment poussées pour qu’on puisse croire que je parle et que j’écris en chinois. Je m’étrangle en faisant un pas en arrière et en reposant précipitamment le feutre. « Okay. Cette situation est particulièrement gênante. » Oui, c’est con. Mais j’ai honte, dans un sens, que mon père me voie comme ça. Ou plutôt… je me sens mal à l’aise. Je rougis presque dans un sourire débile de celui qui ne sait pas où se mettre. Situation bizarre, situation gênante, je m’ébouriffe les cheveux d’une main nerveuse en me rendant compte que je n’ai pas envie de répondre à ses questions, à savoir ce que j’essaye de faire et depuis quand je sais faire ça, mais qu’en même temps… je ne sais pas.

Heureusement, il change de sujet, on se rapproche de l’ordinateur et je me laisse tomber dans le canapé. Non sans jeter un regard au tableau qu’on laisse derrière nous. - Alors ? Tu m'as dis que tu avais fais une liste des endroits où il pouvait être... J'imagine que tu en as déjà éliminé par mal. Il te reste quoi ? Hein ? Je mets quelques secondes à comprendre de quoi il parle, trop concentré que je suis sur mon problème. Je fronce les sourcils. J’ai une idée et… Non. Je me concentre sur l’ordi qui s’est mis en veille entre temps. « Ouais, une liste, tiens. » J’oriente l’ordinateur dans sa direction. J’ai l’impression qu’on est dans un monde parallèle. Je jette à nouveau un coup d’œil vers le tableau, me retenant de me lever pour me téléporter noter mon idée. « J’ai essayé de cibler en dehors de Radcliff, ça fait pas des masses de trucs. » J’ouvre un nouveau document. Avant de soupirer. « Bon écoute… sinon je vais pas arriver à me concentrer là-dessus… les maths, c’est juste un passe temps, d’accord ? Y’a rien d’extraordinaire, ça me détend et puis c’est tout. Et c’est la conjecture de Birch et Swinnerton-Dyer que j’essaye de prouver, donc bon, d’ici vingt ans je serai encore dessus mais ça m’éclate de me prendre la tête sur ce truc et… voilà. Point final. » Je me mordille la lèvre. Je ne sais même pas s’il voit ce que c’est comme conjecture, je ne sais même pas s’il sait qu’elle appartient aux problèmes du prix du millénaire et que… bon. Ce n’est qu’un détail. C’est surréaliste comme conversation. Je me lève du canapé. « Assieds toi, regarde si un de ces endroits te parle et… » Je m’immobilise pour le regarder dans les yeux. « Nan, laisse tomber, c’est une putain de mauvaise idée cette affaire. »

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Hippolyte Caesar
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MessageSujet: Re: I've never been proud of you, son... Prove me that I was wrong... [Marius Caesar]   I've never been proud of you, son... Prove me that I was wrong... [Marius Caesar] Icon_minitimeMer 21 Oct 2015 - 11:21

[quote="Hippolyte Caesar"]
I've never been proud of you, son... Prove me that I was wrong...

Hippolyte Caesar & Marius Caesar
Imaginer Marius et son père ensemble, c'était les voir se regarder en chien de faïence, se lancer des piques acerbes ou encore hurler l'un sur l'autre. Ce n'était certainement pas les voir côte à côte en train de débattre d'un résultat mathématiques complexe. N'importe qui aurait suggéré l'idée à l'un des deux aurait eu des éclats de rire en retour. Ou plutôt un regard noir de la part d'Hippolyte, qui n'aurait jamais pu imaginer que son fils soit si familier avec les théories les plus obscures de l'algèbre.

Et cette conversation aurait pu durer si Marius n'y avait pas coupé court au milieu d'une phrase. Haussant les sourcils, Hippolyte le regarda s'éloigner du tableau comme s'il y avait vu quelque chose de particulièrement répugnant, rougir et changer de sujet. Pour une fois, on ne pourrait pas accuser son père d'être le premier à lui avoir tourné le dos. D'un autre côté, Marius n'avait pas tort : La situation était vraiment gênante et déstabilisante pour eux-deux. En vingt-sept ans, on pouvait affirmer qu'ils n'avaient jamais songé à avoir ce genre de conversation. Pourtant, Hippolyte reporta de bonne grâce son attention sur la liste dont Marius lui avait parlé. Plusieurs lieux avaient été surlignés en rouge, d'autres étaient juste illustrés par des points d'interrogation.

- Hum... Il faudrait voir avec l'aéroport le plus proche s'ils n'ont pas dans leurs archives du dernier mois un Martial Caesar d'enregistré... Même si, connaissant ton frère, s'il a voulu se faire oublier il aura changé de nom, ça ne coûte rien d'essayer... Je m'en occuperai to...

Il fut coupé dans son élan par l'intervention de Marius et garda le visage résolument tourné vers l'écran. S'il regardait son fils, il risquait de ne pas pouvoir masquer sa lassitude et l'envie de lui dire qu'il était complètement idiot à s'angoisser pour si peu. Lorsqu'il entendit de quel problème il s'agissait, un sourire amusé fendit son visage. Marius avait toujours été du genre à relever les défis mais là... Il s'attaquait à un gros morceau. Et son père était curieux de voir s'il aurait la patience de chercher une solution pendant plusieurs années.

- Et bien, et bien... Tu t'attaques au prix du millénaire, ce n'est pas rien... C'est ambitieux, même.

Finalement, il daigna se tourner vers Marius, peinant à cacher ce sourire à la fois moqueur et impressionné.

- Ce que je trouve ironique, Marius, c'est que tu n'as jamais pris la peine de te justifier pour quoi que ce soit, surtout tes âneries. Alors pourquoi cherches-tu maintenant à m'expliquer que résoudre l'un des problèmes les plus complexes de l'histoire te détend ? Je n'ai émis aucun jugement, je te signale...

On ne changerait pas si facilement Hippolyte. Il n'y avait certes ni animosité, ni mépris dans sa voix, mais on n'y percevait pourtant un peu de moquerie. Rien de méchant, mais Marius étant prompt à tout interpréter dans le sens contraire des intentions de son père, tout était possible.

- Ecoute... Il n'y a rien de mal à vouloir passer le temps à aligner des chiffres plutôt qu'à risquer sa vie en moto... J'aurais simplement aimé pouvoir discuter de ça avec toi, tu sais. Ce n'est pas avec ton frère que j'aurais ce genre de conversation.

C'était probablement la chose la plus sincère et gentille qu'Hippolyte puisse dire à Marius. Et pourtant, on était encore loin de compliments, de la fierté et autres attitudes débordantes de positivisme dont son père était clairement incapable. Seulement, il admettait pour une fois, pour une seule fois qu'il aurait pu discuter avec son cadet d'un sujet autre que leurs sempiternelles disputes, d'égal à égal, loin de toute volonté de se montrer clairement meilleur que lui. Tout ceci aurait pu être un débat, une discussion certes animée, mais sans réelle opposition. La bizarrerie ultime au service de la science, finalement.

Il allait alors répondre à l'invitation de Marius et s'asseoir, mais soupira et préféra rester debout en l'entendant à nouveau hésiter, sur la défensive. Hippolyte voulu croiser les bras dans une position de froideur instinctive, mais il regretta bien vite son geste en sentant ses tendons blessés se rappeler à son bon souvenir. C'était comme sentir une décharge électrique à chaque fois qu'il faisait le moindre mouvement brusque. Il avait mal, ne savait plus quoi penser de Marius, était angoissé à l'idée de ne pas retrouver Martial... Il avait envie d'une cigarette. Maintenant. Et il savait qu'il ne pouvait céder à la tentation, Marius lui ayant plus d'une fois fait la guère vis à vis de son addiction au tabac. Aussi resterait-il simplement frustrer de ne pouvoir s'encrasser un peu plus les poumons.

- Je m'assois ou je ne m'assois pas ? Aide-moi un peu à comprendre ce que tu veux, Marius... Qu'est ce qui est une mauvaise idée ? Que nous essayions de trouver une solution pour Martial ? Ou simplement que je sois là ?

Oui, l'agacement commençait à pointer le bout de son nez. Mais non, il refusait de s'énerver. C'était davantage l'incompréhension qui s'exprimait dans sa voix. Hippolyte était fatigué de voir Marius hésiter sans cesse et se casser derrière son insolence pour ne pas avoir à assumer la moindre conversation avec son père. Se doutait-il que c'était aussi difficile pour lui de faire abstraction de tout ce désordre autour de lui ? De se retenir de faire des remarques, comme à son habitude ?

- Tu es à cran, je le suis aussi. Mais est ce qu'on pourrait arrêter de se faire la guerre cinq minutes et s'interroger sur le bizarre de cette journée plus tard, s'il te plaît ?

Voilà qu'il y mettait formes et politesse... S'il ne neigeait pas le lendemain, il était prêt à céder sa fortune entière à la construction d'un autel à la gloire de la bêtise de son fils.

- Je préfère cent fois que l'on s'escrime à retrouver ton frère ou que l'on passe des heures à polémiquer sur une équation plutôt qu'à se tourner le dos simplement parce que tout ça a l'air bizarre.

Il fini alors par s'asseoir sur le canapé, jetant à nouveau un œil à l'écran de l'ordinateur pour analyser chaque lieu répertorié par Marius. Il y avait eut une accalmie de quelques minutes, et malgré le ton calme et posé d'Hippolyte, il se doutait qu'une seconde tempête ne tarderait pas à s'abattre entre eux.
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MessageSujet: Re: I've never been proud of you, son... Prove me that I was wrong... [Marius Caesar]   I've never been proud of you, son... Prove me that I was wrong... [Marius Caesar] Icon_minitimeLun 26 Oct 2015 - 11:48

I've never been proud of you, son. Prove me that I was wrong.
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Je ne sais même pas d’où il me vient, mon amour pour les mathématiques. En plus, on ne peut même pas parler d’amour ou de passion, sérieusement pas. Vaguement un jardin secret ou une connerie dans le genre. Dans tous les cas… je ne sais pas d’où ça me vient et quand je commence à penser à mon intérêt, légèrement moindre, pour la physique, j’ai envie de me pendre. Parce que j’imagine bien que ce n’est pas normal et que, pire encore, ça doit me faire un point commun malvenu avec mon père. Mon intérêt pour les maths, l’algèbre, les démonstrations, en général je ne l’étale pas. Astrid ne doit pas être au courant, Moira ne l’est certainement pas, Martial doit s’en douter tout en ne connaissant à coup sûr que la partie émergée de l’iceberg. Il n’y a au final que Crescentia qui soit au courant que j’aime les maths et encore, ça s’arrête là. Et je suis fier dans un sens lorsque je me fais la remarque que tous mes potes prendraient ma température s’ils me voyaient crayonner, raturer, effacer, réfléchir devant mon grand tableau blanc.

Bref. Tout ça pour dire que faire des maths avec mon père, ce n’était pas dans mes prévisions pour les mois à venir, voire les décennies à venir. Déjà que l’inviter dans mon appartement et faire une sorte de trêve avec lui, je ne pensais pas ça possible alors… Non, c’est trop bizarre. Je ne peux pas simuler plus longtemps, je ne peux pas faire davantage genre que c’est tout à fait normal et logique qu’on discute comme ça, ça me met sur les nerfs. Depuis aussi loin que je m’en souvienne, toutes mes discussions avec mon père se sont terminées en dispute, ma relation avec mon père n’est elle-même qu’un conflit et un abcès bien rempli de pus qu’on ne veut surtout pas soigner. Surtout pas. J’en perdrais tous mes repères. Alors non : ça ne va pas le faire. Je ne peux pas lui permettre de me donner des faux espoirs alors que je sais pertinemment comment ça va finir, je ne peux pas me permettre d’y croire alors que dans vingt minutes, il va craquer et me rabaisser et moi je vais craquer et l’insulter. Au final, c’est encore plus sadique de notre part de nous faire croire qu’on peut se réconcilier ou quelque chose dans le genre alors qu’au fond, je ne sais même pas s’il en a envie, si j’en ai envie. Je me tais. Je m’arrête au milieu d’une phrase, conclus que cette discussion est bien trop étrange et gênante pour que je la poursuive et tente de me reconcentrer sur ce qui nous a amenés là. Martial. Comme toujours, comme souvent. Je me laisse tomber dans le canapé, déverrouille mon ordinateur pour le tourner dans sa direction alors que mon regard dérive immanquablement vers les gribouillis derrière nous. Je manque même de louper la réponse de mon père. - Hum... Il faudrait voir avec l'aéroport le plus proche s'ils n'ont pas dans leurs archives du dernier mois un Martial Caesar d'enregistré... Même si, connaissant ton frère, s'il a voulu se faire oublier il aura changé de nom, ça ne coûte rien d'essayer... Je m'en occuperai to... Non. Non, c’est pas possible, je ne peux pas, tout simplement pas, faire comme s’il n’en est rien, il faut qu’on parle de ça et qu’on conclut le chapitre pour qu’il ne se fasse pas d’illusion : les maths, c’est juste un passe-temps, il est hors de question qu’il me pense comme lui, qu’il pense une seule seconde que j’ai quelque chose en commun avec lui niveau intelligence. Je suis con, pas lui, point final.

Il refuse de me regarder, je me mordille la lèvre et préfère me lever du canapé, indifférent à la protestation légitime de ma jambe. Je ne peux pas me tenir à côté de lui comme si… comme si on était normaux dans un sens. Ce qui est loin d’être le cas, faut être lucide deux secondes. Mes mains se serrent sur le dossier du canapé. Laisse tomber, c’est une putain de mauvaise idée cette affaire. Ma phrase résume tout et je ne sais même pas de quoi je parle et encore moins à qui je m’adresse. - Et bien, et bien... Tu t'attaques au prix du millénaire, ce n'est pas rien... C'est ambitieux, même. Je me fiche, le foudroie du regard, l’attendant au tournant, le mettant au défi de faire la moindre remarque supplémentaire. Ce n’est pas ambitieux, je ne suis pas ambitieux. Ce n’est même pas impressionnant. C’est juste ridicule, je me sens ridicule. Et son sourire, je ne sais même pas comment l’interpréter, alors je me contente de fixer mon regard dans les yeux de mon père, la mâchoire contractée comme lorsque j’étais gosse et qu’il tenait mon bulletin catastrophique en me demandant des comptes. - Ce que je trouve ironique, Marius, c'est que tu n'as jamais pris la peine de te justifier pour quoi que ce soit, surtout tes âneries. Alors pourquoi cherches-tu maintenant à m'expliquer que résoudre l'un des problèmes les plus complexes de l'histoire te détend ? Je n'ai émis aucun jugement, je te signale... Putain. Le con. Il n’a pas tort : j’ai beau retourner tous ses mots et même son attitude dans ma tête, il n’a émis strictement aucun jugement en dehors de ce c’est ambitieux que j’aimerais interprété comme une provocation gratuite afin d’avoir une bonne raison de le foutre à la porte et d’être tranquille. L’un des problèmes les plus complexes de l’histoire. Une pointe de fierté me fait trembler, alors qu’il étale clairement ce qu’est véritablement la conjecture de Birch et Swinnerton-Dyer. J’ai envie de lui rétorquer que c’est toujours moins compliqué qu’essayer de le comprendre mais je me retiens, me plongeant dans un mutisme qui me dépasse. Parce que je ne sais pas comment recevoir ce qu’il vient de me dire.

Je ne fais que soupirer, imperceptiblement, parce qu’il faut bien que je respire et que je recommence à respiration, moi qui étais en apnée sans m’en rendre compte depuis la fin de ma tirade ridicule. Je suis ridicule. Je reste figé, comme dans l’attente de quelque chose. Sans savoir de quoi. - Ecoute... Il n'y a rien de mal à vouloir passer le temps à aligner des chiffres plutôt qu'à risquer sa vie en moto... J'aurais simplement aimé pouvoir discuter de ça avec toi, tu sais. Ce n'est pas avec ton frère que j'aurais ce genre de conversation. Discuter ? Avec moi ? Risquer ma vie à moto ? Qu’est ce que Martial vient faire là dedans ? Je ne sais pas quoi répondre, je me contente de fixer mon père toujours debout. Assieds toi, Papa, fais pas chier et… non, reste debout. Je ne sais plus où j’en suis. - Je m'assois ou je ne m'assois pas ? Aide-moi un peu à comprendre ce que tu veux, Marius... Qu'est ce qui est une mauvaise idée ? Que nous essayions de trouver une solution pour Martial ? Ou simplement que je sois là ? Tu es à cran, je le suis aussi. Mais est ce qu'on pourrait arrêter de se faire la guerre cinq minutes et s'interroger sur le bizarre de cette journée plus tard, s'il te plaît ? Je préfère cent fois que l'on s'escrime à retrouver ton frère ou que l'on passe des heures à polémiquer sur une équation plutôt qu'à se tourner le dos simplement parce que tout ça a l'air bizarre. Il s’assoit, certainement tout fier de ce qu’il vient de dire. Je ne sais pas quoi répondre, je ne sais toujours pas quoi répondre, moi qui trouvais pourtant toujours une connerie à lui rétorquer lorsque j’étais gosse. Oh, il ne faut pas croire, j’ai bien quelques idées mais aucune qui ne soit exempt de jurons, d’insultes ou de provocations. Il faut croire que parler avec mon père sans aller à la confrontation n’est pas dans mes compétences. Alors que je préfère lui tourner le dos et clopiner vers ma cuisine pour me sortir une bière. Je me pose devant le frigo que j’ouvre sans y trouver ce que je cherchais. Je respire l’air frais, parcours l’ensemble des rayons, plus ou moins vide, plus ou moins intéressant. Je finis par récupérer ma bière, fermer la porte, m’y adosser. « Martial aussi, il s’y connait en maths. » Oui, mais pas à ce niveau. Pourquoi parler de Martial ? Parce que c’est le seul terrain neutre que je vois. Et une bonne façon de mettre fin à mon mutisme. « Je sais pas, c’est une mauvaise idée de faire genre qu’on s’entend bien, de faire genre qu’on supporte la présence l’un de l’autre sans hurler. » Non, il ne faut pas s’y méprendre : ma voix se veut davantage lasse qu’agressive. Il faut dire les choses comme elles sont : c’est une foutue mauvaise idée que d’être à ce point hypocrite. Mon père en a peut être l’habitude, mais moi non. « Je ne sais même pas si Martial veut être retrouvé, si on fait bien de le chercher. Il en a eu peut être ras-le-bol de moi, de nous. De toute cette merde qu’entoure notre nom de famille à la con. » Je suis fatigué il faut croire. Pendant des années, depuis toujours en fait, je pars du principe que mon père me déteste et que Martial est la seule personne au monde qui ne me laissera jamais tomber. Que mon père me propose une trêve ça me fait tout remettre en question. Y compris Martial. Je serre le poing autour de ma bière qui me gèle les phalanges, je la décapsule sur le bord de la table et en avale une gorgée. Je sais qu’avec tous les médicaments qu’on me refile pour ma jambe, mon cœur et tout, il est déconseillé que je boive mais bon, une bière n’a jamais tué qui que ce soit. Surtout que vu que j’ai mon père face à moi, j’ai une sacrée bonne excuse. « De toute cette merde, en ville. »

Je ne peux pas m’empêcher de penser à Moren. A Martial. A ce malaise qui me prend à chaque fois que j’y pense et que je refuse de me poser davantage de questions, de faire trop de conclusions. C’est fou de se rendre compte à bientôt vingt-sept ans que je ne peux pas survivre sans mon frère mais que de toute évidence, il peut très bien vivre sans moi. Si je disparaissais, maintenant, je doute que quiconque remue terre et ciel pour me retrouver. Martial, mon père et moi sommes prêts à collaborer pour avoir une seule piste vers lui, alors même qu’il est évident qu’il… je ferme les yeux en m’appuyant davantage encore sur le frigidaire. « Ecoute Papa… je sais vraiment pas ce que je vais faire si Martial nous a définitivement lâché et je me doute bien que ça doit te faire flipper que ton seul fils potable soit aux abonnés absents mais… tout ça, c’est une putain de mauvaise idée, au final. Tout. Qu’on se parle, qu’on se voie, qu’on essaye de se parler calmement, qu’on cherche Martial, qu’on l’emmerde avec nos conneries. » J’en viens presque à me dire que jamais je n’aurais du parler à mon frère de ma mutation, il aurait peut être eu moins d’emmerdes ou de trucs dans le genre. « Ca sert à rien parce que ça va rien changer à la réalité. J’veux pas être hypocrite. » Dixit celui qui cache à tout son entourage qu’il est loin d’être aussi stupide qu’il en a l’air. Je désigne du menton le tableau blanc. « Même ça, c’est une mauvaise idée. J’suis pas au niveau de la médaille Fields, faut pas se leurrer, c’est juste pour me la péter. J’suis pas au niveau de Martial pour le reste. » Sous-entendu, je ne suis pas à ton niveau. Et je ne peux pas remplacer Martial, je resterai toujours ta plus grosse déception. Il ne faut pas croire, je ne cherche pas à le provoquer, je ne cherche pas même pas la guerre : je suis juste amer, lucide et complètement désabusé là-dessus.

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MessageSujet: Re: I've never been proud of you, son... Prove me that I was wrong... [Marius Caesar]   I've never been proud of you, son... Prove me that I was wrong... [Marius Caesar] Icon_minitimeMer 28 Oct 2015 - 12:21

I've never been proud of you, son... Prove me that I was wrong...

Hippolyte Caesar & Marius Caesar
Piétiner les espoirs et les efforts d'autrui devait être une attitude typiquement Caesar. A une époque, Hippolyte usait simplement de sa place de père et de son regard sévère pour asseoir son autorité sur Marius, mais à présent... Son fils approchait de la trentaine, c'était bien mal le connaître que de croire qu'il pourrait encore lui obéir maintenant. Cette trêve, Hippolyte l'avait initié sans trop y croire, sans la moindre conviction, et c'était peut-être en ce qui la rendait impossible : Ni lui ni Marius n'avaient l'air d'y croire. Il n'avait confiance ni en l'autre, ni en eux-même pour maintenir un status quo, même fragile. Ils savaient en leur for intérieur qu'ils étaient bien plus prompt à tout briser qu'à faire des efforts. Et que, finalement, ces six années de silence leur avait été bien plus bénéfiques qu'ils ne le pensaient. C'était dans la distance qu'ils s'entendaient le mieux, dans des pièces séparées qu'ils parvenaient à dialoguer... En ne s'intéressant ni de près, ni de loin à la vie de l'autre. Et c'était triste. Incroyablement triste de constater cela.

Pour avancer réellement, il aurait fallu que l'un d'eux rendent les armes pour adoucir l'autre. Et ils avaient un caractère bien trop abominable pour accepter d'être le premier à courber l'échine. Pour tout l'or du monde, Hippolyte n'aurait pas admis de se plier à toutes les exigences de Marius sans rien demander en retour. Il était habitué à tout diriger d'une main de fer, à ce que l'on acquiesce à chacune de ses demandes, à ce qu'on déroule le tapis rouge sous ses pieds... Il estimait que c'était à son fils de lui obéir et non l'inverse. Et pourtant, cette trêve il la voulait, même s'il ne parvenait pas réellement à dire pourquoi. Les rôles semblaient s'être inversés, et Hippolyte commençait à perdre pieds. Il avait pris l'habitude d'anticiper chacune des réactions de Marius, à contrer chacune de ses insultes ou remarques acerbes toutes faites. Il n'était pas habitué à le voir aussi résigné, blasé... Lucide. Il avait on ne peut plus raison. C'était se mentir que de croire que dans cette pièce, il n'y avait aucune tension, aucune atmosphère tellement lourde qu'elle les clouait pratiquement au sol. Chacun aurait préféré se trouver loin de l'autre, ils étaient comme les pôles contraires de deux aimants : Ils se repoussaient, et Marius l'avait bien plus compris que son père.

Marius avait accepté l'idée que Martial puisse être parti de son plein gré, que lui et Hippolyte ne pourrait probablement jamais s'entendre, qu'il était des choses immuables que l'on ne pouvait tenter de faire bouger aussi facilement. Et si Hippolyte refusait pour le moment de s'en rendre compte, c'était bien parce qu'il avait horreur de faire face à un échec. Marius était résigné, portait son nom comme un fardeau, fatigué de se battre pour des illusions, et son père ne pouvait que l'écouter, impuissant. Il n'avait aucun argument, cette fois. Car il était face à la cruelle, franche et froide vérité. Toute cette histoire était une mauvaise idée, et à mesure que Marius parlait, Hippolyte mettait enfin le doigt sur ce qui le motivait réellement.

Le contrôle.

Tout ce qu'il cherchait depuis le début, c'était à reprendre la main sur cet électron libre qu'était devenu Marius. A la fois pour s'assurer qu'il ne ferait plus de bêtise, ne mette plus sa vie en danger, mais aussi parce qu'il ne comptait pas laisser passer un tel potentiel maintenant qu'il savait Marius capable de bien plus que de compter jusqu'à dix. Qu'est ce qui l'avait motivé, au départ ? Les problèmes cardiaque de son fils. C'était une malformation physique qui l'avait poussé à parler à nouveau à son cadet, pas l'envie ni le besoin d'aller à sa rencontre. Hippolyte ne supportait pas l'idée de savoir l'un de ses enfants dans une fâcheuse situation, ça le rendait tout simplement malade. Il les aimait à sa façon, mais son amour était bien trop muselé par son besoin de contrôle et de rationalisme.

Et la maturité, la lucidité dont Marius faisait preuve depuis quelques minutes le décontenançait. Finalement, ce n'était pas que son fils voulait à tout prix le chasser, il s'était simplement depuis longtemps fait à l'idée que son père le détestait et ne voulait pas de lui. Et c'était sur ce point qu'il se trompait. Seulement, se raccrocher à cette idée l'aidait certainement bien plus à avancer que de voir son père tenter une trêve, chose qui bouleverserait totalement son attitude. Finalement... Peut-être Marius n'avait-il pas besoin de cela en ce moment. Alors s'il lui fallait s'y résigner, Hippolyte pouvait bien, une fois de plus, tenir le rôle du méchant de l'histoire. Mériter son titre de connard de l'année, comme l'avait si souvent dit Marius. Pour une fois, il fallait qu'il lâche la bride et donne à son cadet ce qu'il attendait : L'enfoiré qu'il voyait en regardant son père, et non le type qui tentait d'avancer pour des intentions bien peu louables. Tout au fond de lui, Hippolyte aurait réellement souhaité se réconcilier avec son fils. Sans son abominable caractère introverti et glacial, il aurait pu être un bon père. Seulement, le conditionnel ne suffirait jamais à faire de lui ce qu'il n'était pas. Alors il allait donner à Marius ce qu'il voulait. Ce dont il était persuadé. Le manque de conviction d'Hippolyte risquait fortement de se faire sentir dans sa voix, mais la certitude de Marius suffirait amplement à faire le reste.

Après un long silence, c'est un rire qui secoua la carcasse du père Caesar. Ce même rire qui l'avait pris treize ans plus tôt lorsque Marius avait tenté de le faire tomber face au tribunal qui l'accusait d'avoir tué une centaine de personnes avec un vaccin défectueux. Les hostilités étaient lancées, et même s'il jouait la comédie, Hippolyte tenait ce rôle depuis bien trop longtemps pour ne pas le jouer à la perfection.

- Eh bien eh bien... On dirait que tu as grandis plus que je ne l'imaginais, Marius. Quel dommage que la maturité t'ai rendu aussi défaitiste et aigri. Et regarde-toi ! Toujours à te rabaisser, encore et encore... « Ton seul fils potable, j'suis pas au niveau »... Ca t'aide à te sentir mieux, de penser tout ça ? Ou c'est simplement un masque que tu t'es fabriqué pour ne pas accepter qui tu es ou d'où tu viens ?

Lassé de cette discussion et pourtant bien trop lancé pour s'arrêter, Hippolyte se leva, s'approcha de la cuisine sans pour autant y mettre les pieds. Marius était peut-être estropié, mais il avait toujours une bière dans la main et d'excellents réflexes de handballeur. Autant ne pas jouer avec lui sur ce terrain.

- C'est toi qui m'as invité ici, je ne t'y ai pas forcé. Il serait peut-être temps de savoir ce que tu veux, mon garçon. Tu voulais que je sois fier de toi, il y a quelques années. J'aurais pu l'être avec ce que je vois sur ce tableau, mais si toi même n'éprouves aucune satisfaction pour ce que tu as accompli, ça ne sert à rien. Tu te débrouilles très bien pour dénigrer ce que tu fais et piétiner tes efforts, tu n'as plus besoin de moi pour ça.

C'était de la méchanceté gratuite, pourtant emprunte de réalisme. Marius se débrouillait très bien pour se rabaisser lui-même. La faute à qui ? A son père, qui avait passé plus de quinze à lui dire qu'il n'était jamais assez bien, jamais assez bon, toujours inférieur à son frère... Il avait fini par l'en persuader, loin de s'imaginer que Marius cachait en lui un tel potentiel.
Nerveux, Hippolyte sortit de la poche de son manteau un paquet de cigarette et un briquet. Il n'allait certes pas pousser la provocation au point d'en allumer une chez Marius, mais il signifiait très clairement qu'il était sur le départ.

- Tu avais raison... Tout ça, toute cette mascarade, c'était une mauvaise idée. Ca ne sert à rien, tu n'as pas envie qu'on se parle, qu'on tente quoi que ce soit, moi non plus. Ca me fatigue, Marius... Tout ça ne sert à rien... Mais je vais continuer à chercher ton frère, tu m'as l'air bien trop résigné pour faire quoi que ce soit, et ce n'est pas en claudiquant que tu arriveras à le rattraper.

C'était si facile de prononcer ces mots, si simple d'enchaîner des réflexions acerbes qu'il n'en éprouvait pas la moindre culpabilité. Pas encore, du moins. Il tenait son rôle, il donnait à Marius ce qu'il voulait, quand bien même le regretterait-il une fois la porte refermée derrière lui. Il aurait aimé que son fils ait la lucidité pour voir qu'il jouait la comédie, mais il n'était pas dupe.

- Je te souhaite bon courage avec tes calculs, en espérant qu'un jour tu arrêteras de te dénigrer à ce point. Tu n'es pas idiot, Marius, tu te fais simplement passer pour le roi des crétins.

Et sur ces mots, il coinça une cigarette entre ses lèvres et se dirigea vers la porte sans demander son reste.
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MessageSujet: Re: I've never been proud of you, son... Prove me that I was wrong... [Marius Caesar]   I've never been proud of you, son... Prove me that I was wrong... [Marius Caesar] Icon_minitimeVen 30 Oct 2015 - 20:29

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Hippolyte & Marius



Pour être franc, moi-même je ne me reconnais pas, là. Déjà, ça doit faire largement plus de vingt minutes qu’on se parle sans s’engueuler. Ensuite, je prends sur moi pour ne pas déraper le premier. Enfin… je ne me reconnais pas lorsque je parle parce que celui qu’on entend, c’est un Marius fatigué. Résigné. J’ai l’impression de revivre le même enfer qu’il y a six ans lorsqu’on m’a appris que je pouvais faire définitivement une croix sur ma carrière sportive. J’ai l’impression de vivre le même enfer en accéléré sauf que face à mon père je ne hurle pas mais je suis déjà totalement résigné. Désabusé. Fatigué. Oui, fatigué c’est le mot : j’ai envie de m’écrouler. C’est pour ça, aussi, que je m’appuie au meuble le plus proche. C’est pour ça, aussi, que je suis muet là où d’habitude je suis supposé hurler ou raconter des bêtises. Adossé au frigidaire, je m’entends expliquer à mon père le fond de ma pensée avec une lassitude aussi saisissante que le détachement dont je fais presque preuve. Tout ce qu’on fait, là, ça ne sert strictement à rien. Au mieux, ça sert à me faire espérer voir mon père un jour fier de moi ce qui, entendons nous bien, n’arrivera jamais. Mais alors, jamais. Je l’ai compris depuis des années, je suis stupide de croire que ça peut changer. Je ne suis pas au niveau de mon frère, Papa, je ne pourrai jamais le remplacer. Et ce n’est pas une bonne idée, au final, de le chercher. Il ne veut pas être retrouvé, tu n’as pas compris ? Je l’ai saoulé, tu l’as saoulé, notre famille de merde a dû finir par le saouler.

Le silence qui suit me fait peur. M’angoisser. M’épuise. Je déteste le silence depuis toujours, surtout lorsque j’attends une réaction qui ne vient pas. Parle, putain, parle moi Papa. Dis quelque chose ! Le silence me donne l’impression de ne pas exister, de disparaître de la surface de la Terre, de n’être qu’une merde dans un coin. Parle-moi, putain. J’ai envie de le secouer, j’ai envie de m’effondrer, j’ai envie de hurler. J’ai envie de l’insulter de tous les noms. Mais non. Je reste silencieux. Pourquoi ? Parce que même si je n’y crois pas, on a fait une trêve et quelque part je suis suffisamment stupide pour persister à espérer qu’il va me rassurer d’une certaine manière. Son rire se fait en éclat de verre dans ma poitrine. Par automatisme, tous mes muscles se contractent et mon poing se serre autour de ma bière, se durcissant, rêvant de percuter la joue de mon père pour briser sa mâchoire et le faire taire. Son rire me lacère de toute part, je m’étonne d’y être encore à ce point sensible. Sauf que je n’ai plus treize ans et que même si j’ai encore cette impression d’être humilié, je ne vais pas rester figé. - Eh bien eh bien... On dirait que tu as grandis plus que je ne l'imaginais, Marius. Quel dommage que la maturité t'ait rendu aussi défaitiste et aigri. Et regarde-toi ! Toujours à te rabaisser, encore et encore... « Ton seul fils potable, j'suis pas au niveau »... Ca t'aide à te sentir mieux, de penser tout ça ? Ou c'est simplement un masque que tu t'es fabriqué pour ne pas accepter qui tu es ou d'où tu viens ? Je serre le poing, le défie du regard lorsqu’il se lève pour s’approcher de moi. Provoquant, je me détache du meuble pour me tenir le plus droit possible et le surplomber ouvertement. - C'est toi qui m'as invité ici, je ne t'y ai pas forcé. Il serait peut-être temps de savoir ce que tu veux, mon garçon. Tu voulais que je sois fier de toi, il y a quelques années. J'aurais pu l'être avec ce que je vois sur ce tableau, mais si toi même n'éprouves aucune satisfaction pour ce que tu as accompli, ça ne sert à rien. Tu te débrouilles très bien pour dénigrer ce que tu fais et piétiner tes efforts, tu n'as plus besoin de moi pour ça. La colère monte, brûlante. Défigurante. Je crache un « Mais t’en n’as pas marre d’être con ? » Je suis totalement aveugle au reste, je n’entends que la provocation gratuite. Finalement, c’est lui qui a craqué le premier. Comme prévu. Comme espéré, presque. « Je vois que tes petites trêves ne marchent que lorsque ça t’intéresse, au final. Pourquoi ça ne m’étonne même pas ? » M’appuyant au plan de travail, je fais un pas dans sa direction, grimaçant lorsque je pose mon pied plâtré au sol. « D’où tu sors que j’ai un jour voulu être fier de toi ? T’es rien pour moi, juste un moyen comme un autre de retrouver Martial, un parasite dont je n’arrive pas à me débarrasser. » Je suis en colère, je suis tellement déçu que je n’arrive même pas à savoir si je pense mes mots ou si ce n’est finalement que du fiel que je vais regretter. Pour le moment, ça me défoule, ça me permet d’évacuer ma frustration et mon angoisse.

Ses mains sortent un paquet de cigarette, je ne cache pas une moue méprisante et mon regard noir. C’est ça, qu’il aille s’empoisonner ailleurs, ce bâtard. Je n’arrive pas à croire que j’ai pu penser une seule seconde qu’il était sincère. Ce petit moment de complicité, presque, devant mon tableau d’équations,… c’était un rêve, finalement. Juste un soupir, c’était n’importe quoi. - Tu avais raison... Bien sûr que j’ai raison. Tout ça, toute cette mascarade, c'était une mauvaise idée. Ca ne sert à rien, tu n'as pas envie qu'on se parle, qu'on tente quoi que ce soit, moi non plus. Ca me fatigue, Marius... Tout ça ne sert à rien... Mais je vais continuer à chercher ton frère, tu m'as l'air bien trop résigné pour faire quoi que ce soit, et ce n'est pas en claudiquant que tu arriveras à le rattraper. Ce n’est pas en claudiquant que tu arriveras à le rattraper. Ca fait mal, ça fait très mal. C’est un coup de poing dans la cage thoracique. Mais quel connard… « Parce que tu crois qu’avec ton bras en moins, tu vas pouvoir éviter mon poing dans la gueule, peut être ? » C’est inutile de me dire à quel point ma remarque est elle-même superflue. Mais il vise tellement bien mes points faibles qu’en trois remarques, il m’étale par terre, KO. A la seule différence près que je suis incapable d’accepter l’abandon du combat. - Je te souhaite bon courage avec tes calculs, en espérant qu'un jour tu arrêteras de te dénigrer à ce point. Tu n'es pas idiot, Marius, tu te fais simplement passer pour le roi des crétins. Tu n’es pas idiot, Marius. Comment fait-il pour articuler ce que j’attends de lui depuis des années et me faire mal en même temps ? Ce que j’espère entendre de lui, il le détourne, il le déforme, il l’empoisonne si bien que je me demande comment j’ai pu espérer ça. Je ne suis pas idiot ? Alors pourquoi est-ce que tu m’as rabaissé pendant plus de vingt et un ans ?

Il se détourne, fui, se barre l’enfoiré. Et moi, je suis agrippé au plan de travail sans pouvoir m’en détacher puisque mes béquilles sont à quelques mètres de là. « Alors c’est toujours comme ça, chez toi ? T’as un problème, au mieux tu l’étrangles, si tu peux tu l’éloignes et lorsque tu ne peux pas c’est toi qui fuis ? » Je fais un pas sans support, dans une grimace qui me ramène à portée de mes béquilles. « Tu es un lâche, en fait, Pa… » Je prends mon inspiration. « Hippolyte. » Ce n’est pas la première fois que je le traite de lâche, je crois, mais c’est la première fois que je lui refuse le papa pour lui préférer son prénom. Et ce n’est pas une expérience agréable : son prénom m’écorche la bouche, racle dans ma gorge. C’est la première fois et ça risque d’être la dernière. « Un hypocrite, un menteur, tu n’as aucune parole.» Mes béquilles me ramènent à son niveau. « Tu refuses de voir la réalité en face. J’t’interdis de chercher Martial. Et ouais, j’ai pas envie qu’on se parle parce que c’est toujours comme ça que ça se termine, en fait. Ca sert à rien de faire genre, j’ai rien en commun avec toi, on n’a rien à se dire. Je ne suis qu’un outil, pour toi, pour retrouver ton fils. Et tu sais quoi ? Pareil : t’es juste un outil pour retrouver Martial. Et en tant qu’outil, tu crains. Tu ne sers à rien. » Je déglutis, entremêlant ma colère à ma déception. Je ne sais pas ce que je dis, j’essaye juste de trouver un moyen de le blesser autant qu’il me blesse, de le jeter aussi loin de moi que possible. Alors qu’en fait, la seule chose dont j’ai besoin, c’est qu’il me dise qu’on va retrouver mon frère, c’est qu’il me prenne dans ses bras et qu’il me dise que quoique je fasse, je reste son fils. J’ai l’air con à penser ça, je sais. C’est totalement impossible et surréaliste, je sais aussi. Mais c’est ce dont j’ai besoin, là. Et c’est ce que je n’aurais pas. « Alors ouais, dégage. Fuis, tourne moi le dos, comme à chaque fois que je te pose problème, comme à chaque fois que tu ne sais pas comment me gérer. C’est ça, dégage, va fumer ta clope, encrasse tes poumons, ça règlera vachement la situation et peut être même que tu te feras écraser, réglant mes problèmes à moi aussi. » J’ironise, j’amplifie ma rancœur et ma colère. Je m’écoute parler, aussi, je m’écoute l’agresser. Je m’écoute piétiner mes espoirs et les efforts qu’on a pu essayer de faire un peu plus tôt. Je veux qu’il dégage, je veux qu’il reste : je veux qu’on parle. Mais je sais aussi que si on parle, on ne parlera ni de moi, ni de notre relation pire que conflictuelle, ni de mon caractère de merde, mais qu’on parlera de Martial. Notre rideau de fer à nous, cette muraille qui nous sépare et nous empêche de vraiment discuter. « Et après, c’est moi l’idiot. Parfois, tu me fais pitié. »

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Hippolyte Caesar
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MessageSujet: Re: I've never been proud of you, son... Prove me that I was wrong... [Marius Caesar]   I've never been proud of you, son... Prove me that I was wrong... [Marius Caesar] Icon_minitimeSam 31 Oct 2015 - 11:55

I've never been proud of you, son... Prove me that I was wrong...

Hippolyte Caesar & Marius Caesar
Toute sa vie, Hippolyte l'avait passée à manipuler le monde pour le modeler à sa guise. Il savait user des mots justes pour asseoir son autorité et sa façon de penser, il avait embobiné ses parents et ses frères et sœurs dès l'enfance, puis avait appris à manipuler de plus grandes pointures dans le milieu des affaires... Il avait imposé sa façon de penser à tant de gens qu'il lui semblait normal de reproduire la même attitude avec ses enfants. Quelle fierté éprouvait-il en voyant un homme aussi accompli que Martial ! Et à quel point pouvait-il ignorer que la chute serait dure lorsqu'il apprendrait que son fils adoré se jouait de lui depuis des années... Calquant ses paroles sur celles du paternel, imitant avec brio ses discours manipulateurs. Déterminé à forger Marius à son image, Hippolyte s'était acharné à sculpter la perfection dans un bloc de granit qui refusait catégoriquement de lui renvoyer autre chose comme image que celle d'une grossière caricature.

Six ans plus tôt, c'était la colère et la déception qui l'avaient amené à baisser les bras. Mais aujourd'hui, il voulait reprendre la main sur son fils cadet, cherchait à renouer les liens autour de ses poignets pour mieux le manipuler et faire de lui un pantin docile dont il pourrait enfin être fier. Mais la jolie petite marionnette avait fini par s'émanciper de son marionnettiste, pour mieux se rire de lui à présent. Ce n'était plus Marius qui était emmêlé dans les ficelles de la rigueur et d'une attitude hypocritement mesurée. C'était son père. Lui qui s'était imposé de carcan de droiture, ce sérieux, cette sévérité, pour mieux masquer au monde son vrai visage : Celui d'un homme dont la solitude était la plus fidèle amie et amante. Il n'en souffrait pas, c'était son entourage qui la subissait.

- Si j'en ai marre d'être con ? Oh non, je commence tout juste à me mettre à ton niveau..., cracha-t-il, relançant la balle à Marius avec une violence qu'il ne contrôlait plus.

Hippolyte avait lancé les hostilités, il ne pouvait plus qu'en assumer les conséquences. Il était totalement inconscient des efforts que Marius avait pu faire, à l'énergie qu'il avait déployé pour ne pas craquer le premier... A la lucidité dont il avait fait preuve. Et ce que son père ne supportait pas, c'est qu'il soit plus naïf que son fils. Qu'il ait pu croire un seul instant que quelques mots suffiraient à calmer le jeu entre eux. Rien n'était simple, surtout pas chez les Caesar. Et lorsque Marius lui cracha qu'il n'était rien pour lui, Hippolyte se surpris à être blessé par la remarque. Il n'était pas vexé, il venait simplement d'être percuté de plein fouet par des mots qui le touchaient bien plus qu'il ne l'aurait imaginé. Etait-ce donc ce qu'on l'on ressentait face à des paroles aussi blessantes ? Etait-il donc impliqué dans le histoire au point de sentir les mots de Marius le traverser de part en part comme un millier d'aiguilles ? Le coup était d'autant plus difficile à accuser qu'Hippolyte n'avait pas l'habitude de ressentir cela. Tout simplement parce qu'il ne tenait réellement qu'à quatre personnes dans ce monde, et qu'aucune d'elles ne lui avait jamais parlé comme cela avant. Le mot « parasite » tournait en boucle dans son esprit jusqu'à lui en donner la nausée. Et malgré tout ce qu'il pouvait avoir en tête, malgré la blessure qui pu se lire un instant sur son visage, Hippolyte continua sur sa lancée, toujours plus acide et cruel.

Aussi, lorsque Marius menaça de lui mettre son poing dans la figure, Hippolyte aurait pu ne pas relever, laisser couler les choses comme d'habitude... Ou encore se souvenir que son fils en était parfaitement capable. Au lieu de cela, il ricana à nouveau, moqueur.

- J'aimerais bien voir ça, tiens... Encore des paroles en l'air, comme toujours !

Il allait finir par le prendre, ce poing dans la figure. Et il répliquerait. Certainement pas avec des mots. Et ils auraient l'air de deux parfaits idiots en train de se battre comme des chiffonniers plutôt que de tenter de mettre enfin des mots sur le malaise qui les poursuivait depuis vingt ans. Il lui cracha alors les derniers mots venimeux qu'il lui restait et fit volte face, déterminé à ne pas poursuivre plus avant ce débat. Ils venaient d'atteindre le point de non retour, et mieux valait encore laisser les choses où elles en étaient plutôt que de les aggraver plus encore. Hippolyte pensait avoir donner à Marius ce qu'il voulait, et s'étonnait lui-même d'être capable de dire tout cela sans sourciller. C'était devenu si facile pour lui de dire ce genre de choses, si évident... Que pour la première fois de sa vie, il comprenait que ce n'était pas ce qu'il voulait. Il voulait reprendre le contrôle sur Marius, mais pas comme ça. Pas en le contraignant à rentrer dans ce moule qu'il rejetait depuis trop longtemps.

Et ça, il ne le compris que trop bien lorsque, la main sur la poignée de la porte, les mots de Marius vinrent le percuter avec plus de force encore que les précédents. Mais plus que de s'entendre à nouveau traiter de lâche, c'est d'entendre son prénom dans la bouche de Marius qui le fit frissonner d'horreur. Jamais en vingt sept ans il ne l'avait appelé par son prénom. Jamais il n'avait coupé ce lien paternel qui les unissait l'un à l'autre. Ce soir, il venait de le rompre. Froidement, simplement. En un mot, il venait de mettre plus de distance entre eux qu'il n'y en avait jamais eu. Et ce petit détail là faisait mal, lui aussi. Alors il resta silencieux, se tournant machinalement vers Marius, qui s'approchait de lui en sautillant avec ses béquilles. Cette dispute, elle n'avait rien à voir avec les précédentes. Elle était viscérale, elle était l'expression furieuse de leur incompréhension, de leur colère, de leur angoisse vis à vis de Martial... C'était l'incarnation même d'un conflit désespéré qui ne semblait pouvoir trouver aucune issue. Alors s'il n'y avait pas de solution... Pourquoi s'acharner à chercher une réponse qui ne viendrait jamais ? Pourquoi lutter en vain contre une équation sans solution ? Peut-être justement parce qu'ils étaient trop acharnés pour se laisser abattre ainsi. Hippolyte était partagé entre l'envie dévorante de partir en claquant la porte, et celle d'écraser le visage de Marius au sol pour lui arracher des excuses qu'il ne méritait pas.

Et lorsque son fils lui fit face, Hippolyte fut obligé de lever les yeux. Et Dieu sait à quel point il avait horreur de cela. Il ne supportait pas que Marius le regarde de haut, haïssait cette dizaine de centimètres ingrats qui le forçait à se sentir inférieur face à son fils. Il serra les poings, la mâchoire, mais ne détourna pas le regard. S'il y avait bien une chose qui ne changerait jamais, c'était bien le pouvoir que ses yeux avaient sur Marius. Aussi déloyal que cela puisse paraître, il en jouait toujours. Intérieurement, il bouillonnait d'une rage sourde, aveugle, qui ne demandait qu'à se déverser sur Marius, son propre enfant qu'il aurait à cet instant volontiers écrasé comme il le faisait par le passé. Mais au lieu de cela, il restait silencieux, encaissant durement chacun des mots de son fils. La tension montait, petit à petit, irrémédiablement, et elle n'allait pas tarder à arriver à son paroxysme. C'était impensable que les mots de Marius touchent son père à ce point, qu'il se sente pleinement concerné par ce qu'il lui disait... C'était cela, se sentir coupable ? A quel moment les vannes s'étaient-elles rompues, envahissant son esprit de tout un tas de sentiments trop complexes et illogiques pour son cerveau si rationnel ? Plus Marius lui demandait de partir, moins il en avait envie. Et quand bien même son fils donnait-il l'impression de vouloir le mettre à la porte, il n'avait fait aucun geste pour cela... Comme s'il espérait lui aussi que son père ne lui tournerait pas le dos une fois de plus.

« Et après, c’est moi l’idiot. Parfois, tu me fais pitié. »

Son visage se décomposa, il serra un peu plus le poing et le sentit prêt à partir. Quel père pouvait avoir l'envie de frapper son enfant, sinon le dernier des enfoirés ? Hippolyte aurait pu user de la même technique que Marius, assaisonnant son discours de tout un tas d'insultes et autres mots vulgaires... Mais ça ne lui ressemblait pas. En aucun cas. Alors il reprit, trop calmement. D'une voix posée bien trop artificielle pour sonner juste. Son discours n'était plus synonyme d'agressivité mais de fatigue.

- Je ne sais plus quoi penser de tout ça, Marius. J'ai essayé. J'ai voulu qu'on discute, toi et moi, ça n'a pas marché. J'ai essayé de te donner ce que tu voulais, un sale type à haïr, une bête noire sur laquelle cracher, mais tu n'en veux pas non plus. Alors si je te fais pitié à ce point, c'est qu'il ne peut pas y avoir de dialogue entre nous. La preuve : Que ce soit toi ou moi, nous nous arrangeons toujours pour détruire ce que l'autre tente de bâtir.

Ces mots lui coûtaient. Le calme également. Hippolyte se sentait à la fois vidé de son énergie et emprunt d'une colère sourde et dévastatrice. Il aurait du faire demi-tour, claquer la porte et en rester là, mais il en était incapable. Pas maintenant qu'il avait dit tant d'horreurs à Marius et que celui-ci lui avait si bien renvoyé la balle.

- C'est terminé, on arrête. J'ai eu six ans pour réfléchir à tout ça, aux raisons qui nous ont amenées à nous disputer sans cesse, et j'avais fini par en arriver à une conclusion : Nous n'avions simplement pas pris le temps de nous écouter. Seulement, la vérité c'est que nous n'avons rien à nous dire, Marius. Nous sommes deux étrangers qui tentons de nous faire passer pour ce que nous ne sommes pas.

Ecoeuré, Hippolyte rangea sa cigarette dans son étuis, et le briquet dans sa poche. Il releva à nouveau les yeux vers Marius, peinant à cacher à quel point ces mots lui coûtaient. C'était les premières phrases véritablement honnêtes qu'il lui disait en se sentant en nette position d'infériorité.

- J'ai raté quelque chose avec toi, et on ne revient pas sur un échec. On l'accepte simplement. J'ai mes torts, dans cette histoire, je ne suis pas assez naïf pour ne pas le voir. Cette fois j'arrête de me battre, quoi que je dise, quoi que tu dises, ce débat est stérile. Maintenant si tu veux bien m'excuser, le lâche que je suis va aller voir ailleurs s'il y est avant que l'envie ne nous prenne de nous battre.

Il était tout simplement... Blasé par la situation. Encore sous le choc de se sentir si mal alors que les paroles de Marius étaient on ne peut plus légitimes. Il sentait toujours autant la colère bouillir en lui, et peinait à la retenir. Et c'est finalement après avoir fait volte face qu'il la sentit jaillir de ses entrailles comme un répugnant symbiote.

- Bon sang mais c'est si difficile pour toi de comprendre que ce n'est pas de ta foutue liste que je voulais parler tout à l'heure ? Tu est aveugle au point de ne pas voir ce que tu as sous les yeux ? Ouvre-les, bordel ! Ca, sur ce tableau, c'est concret ! C'est là, devant nous ! Je me fous que ce soit des chiffres, des citations latines ou des conneries ! Je m'en fous complètement ! La seule chose qu'il y a à retenir, c'est que pendant deux minutes, deux malheureuses minutes, nous avons eu un conversation normale, Marius ! Enlève-toi la merde que tu as dans les yeux !

La respiration saccadée, Hippolyte regrettait déjà ses mots. Il se montrait bien trop faible et sentimental, ça ne lui ressemblait pas. Il aurait du partir depuis longtemps, aurait du en rester au venin de ses paroles précédentes... Il n'aurait pas du à ce point essayer de se raccrocher au minuscule petit lien qui pouvait encore exister entre lui et son fils. Il était fatigué de courir. Fatigué de se battre pour un contrôle qu'il avait perdu depuis des années. Fatigué de faire face à son propre rejet de s'ouvrir un peu à Marius.
crackle bones
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