life is more fun if you play games

— JEKYLL & RHAENA —

Les talons noirs qui claquent sur le sol mouillé. La robe noire protégée sous le parapluie sur la tête. La démarche assurée. La jolie silhouette brune s'avance dans les rues de la ville. La destination pourtant inconnue. Soudain, le cellulaire se met à sonner dans le claquement de la pluie sur les fenêtres environnantes. La vipère porte le combiné à son oreille et y entend la voix grave et si charismatique du patron. Nous avons besoin de noms et vite. Jekyll Stevenson... et aussitôt, elle bifurque pour se diriger vers le bureau du psychologue. Utilise tes fabuleux talents... de persuasion. Après tout, c'est pour cela qu'elle a été engagée. Attirer la sympathie, user des mots et de belles paroles pour le service du Lancaster. Son désir est un ordre. Elle raccroche et bientôt, elle arrive devant l'imposant bâtiment. Lorsqu'elle entre, les lieux commencent à être désertés, même que la secrétaire l'interpelle pour lui faire savoir que la fin de la journée approche. Revenir demain ? Non, la brune n'a aucune intention de rebrousser chemin. Une fois une mission en tête, elle la mène à bien aussitôt. Alors, la Dryden insiste, serre les poings dans une tentative de garder son calme. L'insolente secrétaire commence vraiment à lui taper sur les nerfs. Elle voudrait la faire taire, l'assomer serait tellement plus simple que de continuer à s'obstiner bêtement mais que penserait-on d'elle. La brune reste donc de glace et ne démord pas. Elle va voir le Stevenson, un peu c'est tout. Croit-elle vraiment pouvoir l'en empêcher ?

Elle entend soudain son nom derrière son épaule. Elle tourne ses yeux bleus vers l'appel et les posent sur le charmant visage de Jekyll. Celui-là même qu'elle vient visiter. Un rictus apparaît les lèvres du jeune homme qu'elle ne manque pas de remarquer.  « J'ai cinq minutes à t'accorder, avant que tu ne terrorises ma secrétaire. » Un intéressant choix de mots. Terroriser. Se servir de la peur pour obtenir ce que l'on désire, laisser la malveillance déformer les jolis traits après l'impatience de garder les apparences. La tyrannique, la violente ; un rôle qu'elle garde pour les nuits sombres de Radcliff et des plaisirs d'une chasse à chaque occasion nouvelle qui se présente. De jour, au contraire, la ténébreuse brunette a toujours essayé d'être charmante devant les autres. La face publique d'une véritable poupée. Un dégoût de ce rôle qu'elle doit jouer mais si le prix est la mort de ce meurtrier du paternel, elle est prête à faire tous les sacrifices du monde. Et avec le psychologue aussi elle a toujours adopté les sourires et charmantes flatteries. C'est vrai, aujourd'hui elle adopte l'identité de la charmeuse. Mais non, elle ne revient pas pour quelques plaisirs charnels. Elle s'était bien amusée la brune mais elle n'est pas du genre à renouveler les expériences, sauf quelques exceptions. Non, elle est là en noble mission pour ce cher maire. Lui, qu'elle doit servir docilement pour garder les apparences. Des apparences que le Stevenson avait percées depuis longtemps et ce, à l'insu de la ténébreuse qui croit ses secrets si bien gardés. Qui croit que le masque n'a jamais connu aucune fissure. Avec Jekyll, le masque a totalement éclaté sans même qu'elle ne s'en rende compte. « Une fille comme moi, ça fait tellement peur. » Ironie dans la voix. Semi vérité.

Elle s'avance vers le bureau dont le Stevenson vient d'ouvrir la lumière de nouveau. Bureau qui a connu quelques séances brèves entre les deux jeunes gens. Elle entre, calme et traverse la pièce en passant les chaises et divans sans s'asseoir. Elle n'est pas là pour se faire scruter le cerveau. Émotions trop vives qu'elle n'a aucune envie de déterrer. Elle se tourne enfin vers le brun qui referme à ce moment la porte. « Juste cinq minutes vraiment ? Je suis déçue. » Le regard charmeur qu'elle balade sur lui puis sur toute la pièce avant de le retrouver de nouveau. « Tu n'aimes pas ma compagnie ? » L'esprit joueur de la belle qui s'enflamme en même temps que le sourire charismatique qu'elle ne réserve qu'à ceux qu'elle veut faire craquer pour obtenir quelques faveurs. Suit aussitôt le coup d'habitude des yeux de biche, de la moue faussement vexée. C'est qu'il veut jouer le jeune homme ? Et bien cela se propage à la Dryden. De toute façon, peut-elle vraiment se pointer là et simplement lui ordonner de lui donner des noms de mutants ? Où serait le plaisir des jeux entre les deux manipulateurs. Ignorante devant les secrets qu'il a su mettre à nu par la dégénérescence dans son sang. Une main perdante mais cela ne l'empêchera jamais de jouer.

life is more fun if you play games

— JEKYLL & RHAENA —

Sa secrétaire n'en démords pas mais elle est mal barrée puisque la brune non plus ne compte pas rebrousser chemin. Le psychologue intervient... heureusement pour l'employée derrière le comptoir. Bien que patiente, minutieuse, Rhaena aurait usé de n'importe quel stratagème pour la déloger de sa position. La voix de Jekyll s'élève de nouveau, moqueur. « Les talons d'une fille comme toi feraient peur à un puceau, en effet. » Oh s'il savait ce qu'elle a pu faire de ses talons dans de nombreuses situations. Une arme dans des mains agiles comme les siennes. Ou peut-être qu'il sait et c'est pour cela qu'il en fait la remarque. Alors elle lève un sourcil, intriguée mais chasse tout de suite cette pensée absurde. Quelles sont les chances qu'il connait ses petits secrets ? Pratiquement nulles. Certes dans une ville comme Radcliff ou de voir quelqu'un apparaître sous son nez - et sorti de nulle part - est pratiquement devenu chose courante. Tout peut arriver. Rien est impossible et la prudence est de mise. Devrait-elle se méfier du psychologue qu'elle croit avoir si bien joué ?  De ses charmes, de ses si belles paroles pour obtenir le poste aux côtés du maire. Elle a travaillé fort la brune. Elle ne peut pas croire qu'il sait quelque chose sur elle et qu'il n'en est rien dit. Tout de même, l'ombre d'un doute continue de planer sur les pensées sombres de la brune.

Elle finit par le suivre à son bureau, la secrétaire laissée derrière. Première étape de franchie. Elle pénètre dans la salle qu'elle connaît bien après y avoir passé quelques séances. Pas besoin d'analyser les lieux, elle en connaît déjà chaque détails. Alors elle se retourne vers le jeune homme qui lui lance l'un de ses sourires diablotin. Comme s'il a une idée derrière là tête. Elle ne manque pas de remarquer ses regards qui la jaugent de haut en bas et lui renvoie l'appareil aussitôt. Elle aussi peut jouer la carte de la narquoise. Elle a beau ignorer tout de lui, ignorer qu'il sait tout d'elle, ça ne l'empêche pas de jouer. Chance du débutant, peut-être qu'elle pourrait le prendre à son propre jeu. D'une moue faussement désolée - moqueuse - il dépose ses choses à son bureau. « Je comptais t'en accorder trois, mais j'étais d'humeur généreuse. » Un sourire étire les lèvres de la brune. Elle pourrait être offensée, brusquée mais non. C'est le genre de choses qu'elle dirait elle-même. Elle pose son sac à main par terre près du fauteuil et soupire amusée. Il devra essayer plus fort pour lui taper sur les nerfs, la virer ou peu importe ce qu'il tentait de faire. Quand elle a une idée en tête, elle va jusqu'au bout, contenir les obstacles. L'ancien amant ne fera pas exception, peu importe ce qu'il sait ou non sur elle. « Tic, tac, Rhaena. Garde ton sourire, certes très joli, pour le maire. Tic, tac. » Il s'est avancé de quelques pas vers elle avec assurance et même arrogance. Bordel, elle a l'impression de se voir dans un miroir mais en mode masculin. Alors elle l'imite, un pas puis deux pour s'arrêter à quelques centimètres de lui, de son visage. « J'ai bien peur que Monsieur Lancaster est bien moins sensible à mes sourires que toi. » Et pas juste ses sourires, ils le savent tous les deux. Pourtant, elle n'est pas là pour ça.  Elle se montre aguicheuse un instant avant de remettre un peu de distance entre eux, comme un dresseur qui tend un bout de viande au tigre avant de lui retirer. Cruelle tentation. « Oh mais je suis pas là pour ça. » Sa mission.

En fait, pour être honnête, elle s'en fichait éperdument de la mener à bien. Elle ne veut pas vraiment aider le maire. Ne se sert que de sa position pour s'immiscer au milieu des chasseurs qu'il dirige. Rien de plus. Le Lancaster lui ordonne, elle s'exécute pas par idéologie partagée mais pour garder les apparences. Et le jeune Jekyll qui semble vouloir jouer, ça la détourne inlassablement de sa mission. Mais elle se reprend, lui envoyant un nouveau sourire charmeur. « Ce serait à propos de certains de tes patients. Notre cher maire cherche des façons de les approcher. Des patients... particuliers. Ton aide serait très appréciée. » Elle marque une pause, regard ardent. « Et récompensée. » Qu'il entende ce qu'il veut par là, tout ce qu'elle veut c'est jouer. L'amusement de deux joueurs-nés qui se renvoient la balle. Immatures mais tellement plus vivants. Et maintenant, la balle est dans son camp.

Life is more fun if you play games.

But I must explain to you how all this mistaken idea of denouncing pleasure and praising pain was born and I will give you a complete account of the system, and expound the actual teachings of the great explorer of the truth, the master-builder of human happiness. No one rejects, dislikes, or avoids pleasure itself, because it is pleasure, but because those who do not know how to pursue pleasure rationally encounter consequences that are extremely painful.

La roulette russe. C'était cela la vie après tout, un coup de chance puis un autre pour finalement mater cette dernière s'envoler en se prenant une balle dans la boîte crânienne pourtant pleine de confiance. Jekyll s'était pris une balle dans le pied avec la disparition de sa mutation, mais cela ne fut qu'un obstacle de plus sur sa route. S'écrouler pour un gêne ? Qui était assez con pour se rendre malheureux ? La différence ne se limitait pas à une capacité, et regretter cette dernière n'était pas une perte totale d'identité. La mutation était un facteur aléatoire qui touchait sans prévenir et sans pouvoir réellement s'expliquer. Se rendre malheureux pour une perte aussi ridicule serait digne d'un pire caprice qui vaudrait une belle paire de claques à la première petite fille pleurnicharde – ou mec pleurnichard pour ne pas faire de jaloux. Jekyll s'en était relevé et ce n'était que pour mieux écraser à nouveau les autres. Il n'allait pas changer son attitude et son comportement pour le simple plaisir des autres, et Rhaena était l'exemple typique d'un personnage issu du passé et qui n'aurait jamais la capacité de deviner le changement entre l'avant et l'après puisque le changement était inexistant. Laissant rentrer la demoiselle avec une remarque dont le seul but était la distraction, tuer le temps, ce temps rare qu'il avait le privilège de lui accorder puisqu'elle venait – en connaissance de cause – le faire chier. Elle avait un caractère de guerrière, mais cette pauvre avait une fâcheuse tendance à se croire trop belle et privilégiée de par son statut de caniche de monsieur le maire. Jekyll fut un des acteurs dans cet accès au pouvoir qu'elle convoitait non sans intentions néfastes. Il était facile de se perdre à trop vouloir jouer avec les règles, et elle finirait par ronger ses ongles en réalisant qu'elle était prise aux pièges de ses propres rêves désastreux. Personne ne savait mieux que lui la terrible nuance entre les rêves et les cauchemars. Les deux aliénaient d'une façon particulière, mais le supplice final était nécessairement similaire.


Une fausse ambiguïté dans la proximité. Cette relation était éteinte, ce n'était que pour le plaisir de jouer avec un petit passif qui ne signifiait rien – ou pas grand-chose. Les deux bruns jouaient en sachant – sans le cacher – que ce n'était que pour passer le temps. Jekyll avait clairement mieux à faire que de lui parler, alors autant rajouter un peu de piment dans la conversation pour la rendre plus distrayante. L'ennui fut toujours l'ennemi principal de l'ancien mutant, qui voient en cette activité le simple fait d'avoir un baobab dans la main droite ainsi que dans la main gauche. Le brun ne comprenait pas le plaisir de ne « rien faire », et préférait donc toujours rajouter de la tension dans ses conversations même si cela pouvait sembler être proche d'une provocation. Elle continue sur la lancée avec une absence de distance presque énervante, évoquant le maire, et se reculant dans un silence orné d'un sourire qui sonnait victorieux. Sa confiance en elle est – elle aussi – fortement agaçante. Rhaena est persuadée qu'il suffit de connaître quelques réponses et d'être assez fourbe pour gagner, mais le psychologue comptait ses coups d'avance depuis leur première rencontre et n'avait cessé d'en gagner pour une simple et bonne raison : le mensonge ne se cachait pas lorsqu'ils se croyaient à l'abri. « Si tu avais fait le déplacement uniquement pour ça tu serais repartie les mains dans les poches. » Il n'avait pas besoin de se la taper, et il ne le voulait pas particulièrement d'ailleurs. Le passé était très bien là où il était, et cette demoiselle n'irait pas prétendre le contraire.


Vient finalement le sujet de sa venue : monsieur le maire avait un nouveau service à quémander en envoyant son caniche. Ce caniche qui d'ailleurs, finirait par se retourner contre son maître pour lui bouffer le visage. Le gosse ne disait rien, et se contentait d'écouter sa demande. Etait-elle assez stupide pour croire sincèrement qu'il répondrait avec joie à sa demande ? Probablement pas. Jekyll avait de nombreux défauts, mais il n'était pas idiot et savait pertinemment ce que le maire attendait et donc, ce qu'il n'aurait pas. Gardant un sourire au coin des lèvres pour finalement soupirer faussement à sa dernière remarque. « Monsieur le maire pourrait fortement me vexer, s'il croit que j'irais briser le secret professionnel. Le pauvre, s'il savait. » Rajoutant de l'hypocrisie dans sa dernière remarque pour finalement faire taire son sourire. « Livrer des mutants à Lancaster ? Je présume qu'il doit s'agir de cela, sinon, tu n'aurais pas fait le déplacement. Il devrait pourtant se douter que je ne vais pas bêtement notifier une mutation dans un dossier et te le donner.  » Jekyll marqua une légère pause en renonçant à toute forme de charme sincère pour ne laisser qu'un visage froid et dur. Il en savait assez sur elle pour la condamner à la mort, alors, elle devrait remballer son narcissisme prépondérant et rentrer chez elle. « Ça sera tout, et je ne pense pas qu'il soit nécessaire de te raccompagner jusqu'à la sortie.  »

acidbrain

ps: tu m'excuseras des fautes qui traînent, ne le postant pas depuis chez moi j'ai un peu de mal

life is more fun if you play games

— JEKYLL & RHAENA —

Le jeu, ça a toujours été plus amusant que la vie ennuyante du levé, boulot, dodo. Tant de rencontres, d'âmes qui passent dans une vie pour s'amuser un peu. Et ils jouent les deux bruns mais lentement, elle voit le Stevenson commencer à s'ennuyer. Quoi, il n'aime pas sa présence ? Elle a toujours été de bonne compagnie, à croire qu'elle avait manqué une étape, qu'il lui manque des informations car son vis-à-vis commence lentement à perdre patience avec elle. Mais avant, il se permet une nouvelle pique moqueuse, dernière flamme d'un jeu qui avait si bien commencé. « Si tu avais fait le déplacement uniquement pour ça tu serais repartie les mains dans les poches.  » Elle aurait presque pu prendre cela pour un défi mais elle n'est pas là pour ressasser cette nuit reléguée au passé comme bien d'autres - avec d'autres conquêtes - d'ailleurs. « Dommage... » Lâche-t-elle nonchalante en haussant les épaules. Pas vraiment puisqu'au fond, elle est sur la même longueur d'ondes que lui sur ce passé charnel partagé. Ce n'était voué qu'à une nuit, une fois et ça lui convient très bien à la jeune femme. Elle n'a que peu d'amants réguliers et ça lui convient parfaitement comme cela, la découverte de nouveaux draps est bien plus amusante que l'ennuyeuse routine. Bientôt, cependant, Jekyll recule, brisant cette proximité joueuse entre eux et Rhaena l'observe sans broncher. Impassible. « Monsieur le maire pourrait fortement me vexer, s'il croit que j'irais briser le secret professionnel. Le pauvre, s'il savait. Livrer des mutants à Lancaster ? Je présume qu'il doit s'agir de cela, sinon, tu n'aurais pas fait le déplacement. Il devrait pourtant se douter que je ne vais pas bêtement notifier une mutation dans un dossier et te le donner. » Elle est sur le point de répliquer, d'essayer de gagner des points ou peu importe. De détourner l'attention, jouer de ses charmes. Danser avec les mots, déjouer les règles. Car après tout, elle savait, avant même d'arriver, que ce ne serait pas facile. Elle s'était doutée qu'elle risquait de repartir les mains vides... pour ce soir. N'étant pas le genre à abandonner, et elle est patiente, elle voulait surtout établir les bases, tâter le terrain mais le jeune homme ne semble pas très patient. Encore moins quand elle lui demande des informations sur ses patients.

Par contre, elle ne peut répliquer, les mots s'étouffent dans sa gorge alors que Jekyll la coupe sèchement, plus du tout aguicheur comme ils étaient jusque là. « Ça sera tout, et je ne pense pas qu'il soit nécessaire de te raccompagner jusqu'à la sortie. » Elle glousse de rire. Sincèrement amusée car s'il croit qu'elle va lâcher le morceau aussi facilement, il se trompe. Elle se doute bien qu'elle ne tirera rien de lui ce soir avec l'attitude qu'il adopte et si elle reste, ce n'est pas vraiment pour cela. Elle reste car elle est vivement piquée dans son orgueil. Pour qui se prend-il de lui montrer la porte comme ça ? Mais aussi, elle est piquée d'une étrange sensation... comme un danger qui flotte au dessus de sa tête. Ce qu'il a dit plus tôt a résonné à ses oreilles lui laissant une drôle sensation que le jeune homme fait des allusions sur elle... Mais c'est impossible, il ne peut pas être au courant de toute cette noirceur qu'elle cache. Tous les secrets. « Lancaster n'aurait pas le temps de passer les dossiers en revue. C'est surtout pour moi... même pas besoin de voir les noms sur les dossiers si ça peut arranger. » Elle s'en fiche pas mal des dossiers, en fait. Toute son attention est portée sur le psychiatre. Méfiante, les sourcils froncés, elle cherche à comprendre. Les paroles s'échappent de ses lèvres dans un automatisme pour essayer de retrouver sa contenance. Désamorcer les choses, n'importe quoi car pour une des premières fois de sa vie, elle est prise au dépourvu... et elle déteste cette sensation. Elle aurait déjà pu lui sauter à la gorge si elle ne se retient pas ardemment pour garder le masque bien haut... même s'il a été fracassé par le jeune homme il y a longtemps alors qu'elle ne s'en ait même pas rendu compte... Elle secoue la tête, adoptant alors la même attitude que le jeune homme. Froide. Elle s'avance vers lui, cette fois, ce n'est pas aguicheuse ou charmeuse mais un regard noir dans les yeux. « Et je ne compte pas partir si tu ne me dis pas avant qu'est-ce que tu voulais dire par ; Le pauvre, s'il savait. S'il savait quoi ? » Il se joue d'elle ou quoi ? Que veut-il dire ? Parlait-il d'elle, ou de d'autres membres dans l'entourage du maire ? Comme un instinct de survie, elle a l'impression d'être en danger sans être capable d'identifier la menace...

life is more fun if you play games

— JEKYLL & RHAENA —

La vie est un immense jeu d’échec. Les pièces avancent, tombent et se tournent autour dans le but de toujours avancer et coincer le roi en échec et mate. La brune est de celle à ne voir que des ennemis ou des cibles partout mais cela ne l’empêche pas d’adorer jouer. Jouer de ses charmes. Jouer de ses mots. Et elle avait tenu les apparences jusque-là avec le psychologue aussi arrogant qu’elle mais bientôt, la paranoïa reprend dessus sur tout. Elle n’aime pas ce qu’il semble insinuer, elle déteste avoir l’impression qu’il sait quelque chose qu’elle ignore. Ça lui rappelle vivement à quel point elle déteste les psychiatres ou tout ceux qui essaient d’analyser ses plus intimes pensées. C’est à croire que son ancien amant a réussi à déduire, identifier exactement quelle genre de femme elle est simplement grâce à des mots… ou peut-être cette nuit passée sous les draps. C’est l’agaçante impression, l’instinct, qui pulse dans les veines de Rhaena et qui lui font perdre tout masque, toutes belles parures. Une erreur peut-être. Le jeune homme cherchait probablement simplement à lui faire comprendre qu’il ne trahirait pas ses clients et malheureusement, sa méfiance maladive lui avait fait interpréter comme une subtile menace de ses secrets dévoilés. Elle doit probablement se tromper… c’est impossible… « Je ne ferais aucun arrangement avec toi. » À ce point, elle s’en fiche. Elle ne pense plus à la raison qui l’a menée ici. Qu’il les garde ses dossiers si précieux, Lancaster n’en serait probablement pas heureux de la voir revenir bredouille mais ce n’est plus ce qui la préoccupe maintenant. Maintenant, ses barrières s’élèvent de nouveau, sa chaleureuse présence retrouve sa nature profonde et froide. Glaciale. La vipère sous la rose maintenant bien visible.

Et ça l’amuse ! Il sourit, plus arrogant que jamais et la Dryden sent son cœur sauter un bond. Elle essaie de garder son sang-froid… douloureux inconfort devant un tel effort. Il se moque d’elle et la brune a envie de lui sauter dessus. Et pas de façon aussi agréable que la dernière fois, non. Lui faire ravaler ce rire qu’il fait sonner à ses oreilles déjà agacées. Par, elle ne sait trop quelle force supérieure et omnipotente, elle reste immobile, se contentant de serrer les poings pour ne pas commettre de gestes qu’elle pourrait regretter. « Que faut-il réellement savoir des autres mademoiselle Dryden ? Crois-tu sincèrement que lorsque le maire me demande des services, je me contente de lui fournir toutes les informations ? Je ne suis pas un marchand de mort, moi.  pourquoi irais-je révéler des secrets à un homme qui ne saurait quoi en faire ? Je suis psychologue, et un patient ne peut pas, me mentir, mais moi je peux sans conteste cacher la vérité au maire et le patient fera donc de même. » N’importe qui pouvait mentir s’il le désirait. Elle la première. Qu’il soit psychologue ou non, croit-il vraiment que les gens n’ont pas de secrets pour lui. Mais il se prend pour qui ? Elle est loin de réaliser qu’elle a affaire à un ancien mutant mais tout de même, elle ne peut s’empêcher de sentir planer encore une sombre menace au-dessus de sa tête. Elle essaie de décortiquer chacun de ses mots, chacun de ses regards, dont celui qu’il pose alors sur elle – insistant – lui indiquant toujours autant de prendre la direction de la porte.

Elle garde le silence un moment, immobile et de glace pendant quelques secondes, une minute même sans le lâcher des yeux. Analysant un quelconque regard de travers, un quelconque indice qui pourrait confirmer ses craintes mais rien. Il se joue d’elle, sourire mesquin aux lèvres, c’est le seul détail dont elle a droit. Parfois, elle jalousait les mutants, ceux qui peuvent lire les pensées par exemple. La vie serait tellement plus facile, pas avoir à craindre de baisser sa garde, savoir exactement qui sont ses véritables alliés. À ce moment, la tueuse ne sait plus si elle doit voir Jekyll comme un ennemi, un allié ? Les deux rôles qui s’entremêlent dangereusement. Elle relâche la tension dans ses épaules pour essayer de se calmer. Ce n’est qu’illusion, le petit Stevenson n’est pas une menace, elle ne veut pas y croire. Son esprit lui joue des tours, sa paranoïa franchissant de nouveau sommet… les seules explications possibles. Elle veut s’en convaincre bien qu’un malaise continu de planer sur ses pensées. « Tu as une bien mauvaise opinion de notre maire, dis donc. » Elle ne peut pas vraiment le blâmer. Elle non plus, forcée de faire de jolis sourires totalement faux à longueur de journée. La brune écrase son orgueil sur proportionné et réussit tant bien que mal à envoyer un sourire moqueur au jeune homme en réponse au sien. « C’est bon, j’vais arrêter de t’embêter. Pour le moment. Je suis certaine qu’on se reverra bientôt. » Civilisée ? Meurtrière ? Une prochaine fois pleine de mystères.

Elle attrape son sac à mains, tourne les talons sans oublier de lui faire un clin d’œil charmeur avant de se diriger vers la porte. Perdante de cette petite joute mais d’une certaine manière aussi gagnante. Ses barrières maintenant jamais plus hautes, plus infranchissables. Plus méfiante, plus froide. Elle ne doit laisser personne la percer à jour même si elle a l’impression malsaine que le psychologue l’a déjà fait. Rhaena, jamais plus sur ses gardes alors qu’elle disparaît du bureau du Stevenson sans se retourner, impatiente de ficher le camp avant de perdre patience et s’en prendre à son ancien amant l’ayant désagréablement déstabilisée.

Spoiler: