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 Caesar's disease [ft Marius Caesar -13 ans]

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Hippolyte Caesar
Hippolyte Caesar

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MessageSujet: Caesar's disease [ft Marius Caesar -13 ans]   Caesar's disease [ft Marius Caesar -13 ans] Icon_minitimeJeu 27 Aoû 2015 - 13:55

Caesar's disease

" What are you looking at ? "
C'est un calme sinistre qui s'était abattu sur le tribunal en cette froide journée de mars 2002. Le verdict du juge était tombé, l'assemblée s'était levée, et chacun commençait à sortir dans la discrétion la plus totale. Malgré l'acharnement des avocats, la défense l'avait emportée : Après l'audience préliminaire, l'affaire passerait devant un tribunal autrement plus important. Et si l'accusé aurait pu se retourner vers celui qui le défendait pour l'incendier, pour lui jeter à la figure les milliers d'euros qu'il dépensait pour le payer, il n'en fit rien.

Car pour la première fois de sa vie, Hippolyte Caesar se sentait totalement coupable de ce dont on l'accusait. Il restait fier et humble, le visage fermé, et lissa consciencieusement la manche de son impeccable et coûteux costume noir. Rien dans son apparence ne laissait entrevoir ce qui se passait dans sa tête. Il était toujours ce roc, cette imposante montagne devant laquelle on ne pouvait que courber l'échine, cet homme glacial qui toisait son auditoire avec un mépris évident. Il devait préserver cette image de pdg intransigeant, ne surtout pas risquer de fêler ce masque qui était le sien... Sans quoi la foule verrait l'expression ravagée d'un homme démuni et profondément meurtrit. Il ne pouvait se permettre de présenter une telle expression aux journalistes, aux familles des victimes... Pas même à la sienne.

Aussi Hippolyte sortit-il du tribunal, son épouse Victoire à son bras et ses deux fils. Il ignora les journalistes et chassa les plus entreprenant d'un geste de la main, tandis que ses gardes du corps tentaient d'aider la famille Caesar à se frayer un chemin parmi la foule. Meurtrier, assassin, monstre de cupidité, inconscient... Ces mots-là fusaient de part et d'autre des barrières que la police peinait à faire tenir autour du bâtiment. Ce soir-là, on ne regarderait pas les Caesar avec envie mais avec haine et mépris. Savaient-ils seulement à quel point Hippolyte se faisait violence pour ne pas implorer le pardon des familles des victimes ? Toute sa vie, il avait travaillé comme un forcené pour être sûr de gravir les échelons sociaux le plus rapidement possible. Il s'était fixé deux objectifs : Fonder une famille qu'il mettrait à l'abri du besoin, et travailler à rendre le monde meilleur.

Et il y était arrivé... Pendant un temps, du moins. Jusqu'à l'arrivée du projet malaria. Une idée brillante, ambitieuse, qu'un chercheur en biologie était venu lui soumettre quelques années plus tôt. Enthousiasmé à l'idée d'éradiquer une telle malade de la surface du globe, Hippolyte avait tout mis en œuvre pour que le projet voit le jour. Recherches, tests, évolutions du virus... Tout avait été prévu, des millions d'euros avaient été dépensés dans ce projet... Et puis il en avait eu assez. Les choses n'avançaient pas assez vite, certains résultats n'étaient pas concluant... Plusieurs de ses collaborateurs étaient venu lui faire part de leurs inquiétudes... Hippolyte refusa tout en bloc. Les tests seraient refait, et sur une centaines de cobayes, seuls un ou deux présentait des effets secondaires.

Alors le vaccin fut lancé sur le marché... Et le drame commença. Les malades semblaient aller mieux pendant un temps, la maladie s'estompait et l'on ne trouvait plus trace du virus dans l'organisme... Et quelques temps plus tard, quand le corps finissait d'assimiler le remède, celui-ci agissait comme une bombe à retardement. A la manière d'un anticoagulant démesurée, le vaccin provoquait des saignements des muqueuses, des yeux, des oreilles, des organes... Le patient finissait par mourir au bout de quelques heures, exsangue. On dénombra des dizaines puis des centaines de cas, jusqu'à ce que le verdict tombe : Le vaccin était responsable de la mort de ces patients. Il fut retiré de la vente, et les plaintes commencèrent à affluer au siège de Caesar Pharmaceutics, entachant alors la carrière si brillante de son directeur. On demandait justice, on voulait que le responsable de tout cela paye, purger une peine de prison ne serait pas suffisant pour compenser la douleur d'une mère enterrant son enfant, d'un mari contraint de dire adieu à sa femme prématurément. Et de tout cela, Hippolyte en avait conscience. Jamais sa fortune ne parviendrait à amoindrir la peine des familles, et son emprisonnement ne ramènerait pas les défunts. Rien. Rien ne pouvait rattraper son erreur.

Et plus que le sentiment de culpabilité, le Caesar voyait là son plus grand échec. Jamais encore il n'avait subit de si cuisante défaite. Il avait brillé pendant ses études, obtenu ses doctorats sans le moindre problème, gagné le cœur de la plus extraordinaire femme qu'il lui ait été donné de rencontrer, avant d'asseoir sa suprématie sur une entreprise qu'il avait renommé orgueilleusement à son nom. A quel moment tout avait basculé ? Un excès de confiance en soi et tout s'écroulait. C'était la fin d'un rêve, l'achèvement d'une vie dont il n'avait jamais profité. On allait fermé son entreprise, confisqué ses biens, et il finirait ses jours en prison, entouré de gens plus bêtes les uns que les autres. Tout cela lui donnait envie de vomir. Au grand désespoir de Victoire, Hippolyte avait tenu à assumer l'entière responsabilité de l'échec du vaccin, affirmant qu'elle ignorait tout du projet sur lequel il travaillait. En tant que père, il refusait l'idée même de laisser ses enfants sans soutient parental. Il n'aimait déjà pas l'idée que les deux ados ne soient plus les célèbres fils Caesar, mais les fils d'un meurtrier, aussi ne pouvait-il se faire à l'idée de les abandonner ainsi.

Le trajet en voiture se fit en silence. Personne n'osait ouvrir la bouche. Lorsqu'ils regagnèrent leur immense appartement parisien, Hippolyte ne prononça pas le moindre mot et s'enferma immédiatement dans son bureau. Un endroit impeccable, meublé avec goût, décoré de quelques toiles qu'il avait acheté aux enchères, et puis un grand bureau en bois vernis, sur lequel l'attendaient une pile de dossier... Des rapports concernant ce fichu vaccin qui venait de ruiner sa vie.
Jusqu'ici d'un calme olympien, Hippolyte sentit la rage monter de ses entrailles et jaillir comme un monstre. Une créature infernale, à la gueule béante et pleine de crocs, déterminée à tout détruire sur son passage. Le pharmacien arracha sa cravate d'un geste sec et la jeta sur son fauteuil, avant de renverser tous les objets et documents qui étaient jusqu'alors si bien rangés sur le bureau. Les feuilles s'éparpillèrent un peu partout, tandis que les quelques objets fragiles qui égayaient un peu l'ensemble allaient se fracasser au sol. Il ignora les morceaux de verre et de cristal qui crissaient sous ses pas et arracha du mur la première toile qui lui tomba sous la main. Jamais encore Hippolyte n'avait perdu à ce point ses moyens. Jamais il n'avait sentit son monde s'écrouler autour de lui sans pouvoir rien faire pour l'en empêcher.

Il poussa un hurlement de rage en jetant à travers la pièce le cadre dénudé et la toile déchirée, puis il se laissa tomber sur son fauteuil, emprunt d'une incroyable lassitude. Plus rien ne comptait, maintenant. C'était fini. Il avait échoué dans son entreprise et, s'il n'avait pas eu sa femme et ses fils, se serait sentit capable d'assumer la prison.

Désormais, la seule façon pour lui de s'en sortir, était de compter sur ses avocats, qu'il payait suffisamment cher pour s'assurer de leur réussite, et sur les preuves que les journalistes ne possédaient pas encore. Ces quelques documents qui attestaient de son entière responsabilité dans l'affaire... Il ne lui restait qu'à détruire ces papiers et étouffer l'affaire et tout serait en ordre... Il quitterait Paris avec sa famille pour mettre le plus de distance entre lui et cette affaire. Sur le papier, tout avait l'air si simple...
crackle bones
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Marius Caesar
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MessageSujet: Re: Caesar's disease [ft Marius Caesar -13 ans]   Caesar's disease [ft Marius Caesar -13 ans] Icon_minitimeJeu 27 Aoû 2015 - 13:59

Caesar’s disease
Hippolyte & Marius



Lorsque je sors du tribunal derrière mon père et ma mère, juste à côté de Martial, je dois être le seul Caesar à avoir vraiment la tête haute et presque un petit sourire aux lèvres. Je dois être aussi le seul Caesar à avoir fait une scène pour aller du côté des plaignants et non des accusés. Je n’ai rien à voir avec mon père : depuis des années je sais que c’est un connard, maintenant tout le monde le sait. Et pas question qu’on fasse d’amalgame entre lui et moi. Ce n’est pas sympa, je sais, mais je n’en ai rien à faire. Martial m’en veut, je sais aussi, mais pour la première fois depuis longtemps je n’en fais qu’à ma tête aussi. Et je peste quand Michel me retient fermement d’aller répondre aux journalistes qui nous assaillent, qu’ils entendent et réentendent, qu’ils savourent mon opinion agressive contre mon père. Je suis le fils Caesar qui se dresse contre son père du haut de ses quatorze ans tout juste fêtés. Et ils veulent m’interroger, et moi je veux leur répondre, et la poigne de fer de Michel sur mon épaule me conduit vers notre voiture et me force à y rentrer sans que je ne puisse riposter d’une façon ou d’une autre.

Dans la voiture, c’est le silence le plus total. Je meurs d’envie de provoquer mon père mais Martial me voit venir, et de loin, et fait lentement un signe de dénégation. Pas maintenant, c’est pas le moment articule-t-il silencieusement. J’hausse les épaules et regarde pas la fenêtre, actionnant sans succès la commande pour descendre la vitre alors que la voiture démarre et se fraye un passage dans la foule, Michel aux commandes, comme toujours. Martial dit que je suis injuste avec notre père, mais moi je sais que je ne fais que dire la stricte vérité : depuis toujours je sais exactement qui il est. Son comportement avec moi n’est qu’un symptôme de la maladie. Et quand les premiers morts ont commencé à apparaître aux médias et les accusations ont commencé à se tourner vers les Caesar, si Martial a préféré ne rien dire et défendre notre nom, moi j’ai sauté sur l’occasion : mon père, ce héros déchu, ce colosse, n’est pas si invincible et je compte bien en profiter pour lui faire payer ses punitions, son chantage, sa manière qu’il a d’utiliser ma passion pour le hand pour que je me plie à sa volonté. Tu vas me le payer, Papa. Mes yeux clairs le foudroient du regard alors qu’un petit sourire insolent s’étire sur mes lèvres sans que je ne puisse ni n’essaye de le retenir. Et lorsque la voiture ralentit, Martial me traîne presque de force dans notre partie de l’appartement pour que j’évite de dire quoique ce soit. Pourquoi il défend notre père à ce point ? Je ne comprends pas mon frère. Je ne comprends même pas son cheminement de pensées ou plutôt je ne veux pas le comprendre. Je suis sûr que si je lui montre ce que j’ai trouvé hier en fouillant dans les papiers de notre père, il changera d’avis. Et si en plus je lui montre le document que j’ai écrit, moi, il sera de mon avis : il faut envoyer tout ça à la presse.

Et notre père finira en prison.
Et je serai enfin débarrassé de lui et de sa tyrannie injuste.
Et à défaut de m’aimer, au moins il ne sera plus là pour me rabaisser constamment.

« Martial, viens voir. » Je l’attrape par l’épaule et j’allume mon ordinateur tout neuf (cadeau d’anniversaire oblige, c’est du haut de gamme en plus). L’écran s’ouvre directement sur le document que j’étais en train de taper hier, inspiré par la mauvaise humeur de mon père et son silence désapprobateur devant mon bulletin, emmerde venue s’ajouter à la pile des lettres de menace reçue dans la journée. Je sors d’un tiroir un ensemble de papier, des résultats d’analyse et de tests du vaccin si j’ai tout compris au vocabulaire imbuvable. « Martial, notre père est un connard et un meurtrier, et si j’envoie ça à la presse, tout le monde le saura. Je l’emmène demain à la poste, avant les cours, tu pourras te débrouiller pour que Michel me lâche la grappe une dizaine de minutes ? » Je regarde mon frère dans les yeux. Dans ma tête, il n’est même pas envisageable qu’il ne soit pas d’accord ou qu’il ne trouve pas ça être un bon plan. « Non Marius, fais pas ça. Surtout, ne fais pas ça. » J’ouvre grand les yeux et je lâche les papiers. « Bah… pourquoi ? » J’en confiance en Martial, plus qu’en quiconque. Mais… pourquoi ? Ca me semblait être un bon plan, un excellent plan. C’est le bon moment pour faire tomber mon père, il n’a jamais été aussi vulnérable et je n’ai jamais eu autant l’ascendant sur lui. « Où tu as trouvé ces papiers ? Il faut les rendre à Papa, il saura gérer ça, il… » J’essaye de murmurer mais c’est plus fort que moi : je parle fort, comme d’habitude. « Mais Martial, je les ai trouvés dans ces affaires justement ! Tu te rends pas compte ? Il leur a cachés ça ! » Et forcément… Michel débarque. « Qu’est ce qui se passe ? Marius, c’est quoi ça… ? » En quelques pas, il est sur nous, sur moi, sur les papiers et les récupère avant que je ne puisse dire quoique ce soit. « Bon sang Marius, tu… » J’ai déjà vu mon père en colère. Beaucoup de fois. J’ai déjà vu mon frère, ma mère, la plupart de mes profs en colère. Mais Michel : rarement. Et là, lorsqu’il me prend par l’épaule, ramasse l’ensemble des papiers et le dossier patiemment imprimé qui expose en trois parties mon résumé de ces documents et mon interprétation des résultats (l’une des premières vraies dissertations que je produis et qui pourrait me valoir une sacré bonne note, je le sais), et me traîne hors de la chambre. En quelques minutes, il frappe à la porte du bureau de mon père et me pousse dans la pièce alors que je me masse l’épaule endolorie.

Et il jette l’ensemble des papiers sur la table, face à mon père. Sans un mot. Michel, je te déteste. Mais je relève le menton : pas question de m’écraser. Mes yeux bleus dans ceux plus foncés de mon père. J’assume totalement, contrairement à lui.
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Hippolyte Caesar
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MessageSujet: Re: Caesar's disease [ft Marius Caesar -13 ans]   Caesar's disease [ft Marius Caesar -13 ans] Icon_minitimeJeu 27 Aoû 2015 - 14:01

Caesar's disease

" What are you looking at ? "
Il avait un goût amer dans la bouche, le grand directeur de Caesar Pharmaceutics. Il grimaçait en sentant comme une saveur de fer désagréable sur sa langue, il sentait le sang de toutes ses victimes lui couler dans le gosier sans pouvoir l'arrêter. C'était une montagne qui venait de se briser, car pour la première fois, Hippolyte avait compris qu'il n'était pas invincible. Bien au contraire. Il avait été vaincu par le contenu d'une seringue hypodermique, par une molécule minuscule qui s'était jouée de lui, et le raillait à présent, car il était incapable de réparer son erreur ou de comprendre ce qui manquait à ce vaccin. Il avait brillamment obtenu un doctorat en pharmacologie et un en biochimie, il disposait de plusieurs diplômes en biologie cellulaire, mais... Ce n'était que des papiers... De ridicules feuilles de papier signées à la va vite par un directeur d'université lassé d'apposer son autographe sur les diplômes d'élèves qu'il ne connaissait pas. Malgré toutes ses connaissances, ses recherches et son incroyable intelligence, Hippolyte s'était fait flouer par une saloperie de virus. Il avait mené la partie pendant longtemps, avait acculé son adversaire jusqu'à ce qu'il ne lui restait plus que deux misérables pions et pourtant... C'était lui qui subissait le célèbre « échec est mat ». Le roi est mort.

Méritait-il seulement de continuer ? Bien sûr ! Hippolyte n'était pas seulement rusé et intelligent, il était surtout incroyablement orgueilleux, et son ambition ne connaissait aucune limite. Si par fierté il préférait assumer ses erreurs que de fuir, il savait pourtant que l'exil était la meilleure solution. Solution qui le répugnait et lui donnait envie de vomir, mais s'il fallait s'y résoudre alors... Il le ferait.
Mais pour l'heure il avait besoin de calme, de repos et de silence pour songer à tout ce qui l'attendait et mettre ses idées en ordre. Seulement, c'était sans compter les coups frappés à la porte. Hippolyte serra les poings et ferma les yeux, priant pour que l'importun s'en aille s'il ne répondait pas. Son fauteuil jusque là tourné vers la fenêtre pivota sur son socle, et son propriétaire poussa un long et profond soupir tandis qu'il découvrait qui lui faisait face.

Marius. Escorté par Michel, qui déposa une pile de dossiers sur le bureau ravagé de son patron. Hippolyte ne lâcha pas son fils du regard, tandis que sa mâchoire se crispait sous l'effet de la colère. Contrairement à Martial qui avait une attitude exemplaire depuis le débuts des incidents liés au vaccin, Marius se montrait de plus en plus odieux. Il s'amusait à augmenter le son de la télé dès qu'il était question de l'entreprise de son père, faisait le fanfaron face aux journalistes, et avait même tenté de migrer vers le bancs des plaignants, au tribunal. Il ne s'en rendait pas compte, mais son attitude avait plus blessée son père qu'elle ne l'avait mis en colère. Car Hippolyte comptait plus que tout sur le soutien de sa famille, et même ça, il ne pouvait l'obtenir. Il vivait cela comme une trahison.

Sans un mot, il baissa les yeux vers la pile de documents que Michel lui avait amené, et commença à les feuilleter, sans inviter Marius à s'asseoir. Il savait que tant que son père ne l'y aurait pas autorisé, il devrait rester debout. Il y avait là des rapports de tests peu concluants, des analyses défectueuses, des documents falsifiés pour faire croire que le vaccin était prêt... Un amas de papiers qui inculpaient immédiatement Hippolyte, et auraient à coup sûr causés sa perte si la presse avait mis la main dessus.

Puis il tomba sur un autre document, qu'il n'avait encore jamais lu. Il le parcouru des yeux, son visage passant de la méfiance à la stupéfaction en quelques phrases. Il reconnaissait là la prose acérée de Marius, et fut étonné de constater à quel point l'exposé était bon, comparé à ce qu'il avait l'habitude de rendre au collège. Lorsqu'il eut fini sa lecture, Hippolyte reposa calmement la feuille et regarda à nouveau son fils. De ses yeux noirs, il sondait le regard glacial de son cadet, se retenant de l'attraper par le col de sa chemise pour lui passer l'envie de recommencer. Et lorsqu'il ouvrit la bouche, le pdg était incroyablement calme. Du moins en apparence.

- Je suis impressionné... Impressionné par le talent dont tu fais preuve quand il s'agit de nuire à quelqu'un... Si seulement tu pouvais en faire de même quotidiennement...

Il marqua une pause, savourant chacun des mots qu'il prononçait comme une délicieuse sucrerie. Il savait où frapper, et frappait généralement juste. Attaquer Marius sur ce qui l'exaspérait le plus, à savoir ses résultats scolaires, était une bonne entrée en matière.

- Ca t'amuse ? Tu dois trouver cela hilarant, n'est ce pas... « Mon enfoiré de père a commis une erreur, si je m'amusais à le faire tomber encore plus bas, pour rire ? » Pauvre idiot... Tu as quatorze ans et tu n'es toujours pas capable de savoir quand tu vas trop loin... La limite, tu l'as franchis depuis longtemps, Marius...

Hippolyte sentait la colère monter en lui, il avait envie de passer l'envie à ce gamin de le défier, il voulait pouvoir en faire le pantin docile dont il avait toujours rêvé... Pire, il ne souhaitait qu'une chose à cet instant : Briser la garde et la volonté de Marius pour qu'il le craigne au point de trembler en sa présence. Aussi cruel que cela puisse paraître, il aurait voulu lire la peur et le respect dans son regard plutôt que le mépris et la colère.

- T'es-tu seulement posé la question... T'es-tu seulement demandé ce qui t'arriverait, ce qui arriverait à ton frère, si tu dévoilais tout ça ? Tu veux te venger ? Très bien ! Mais la vengeance est un plat qui se mange froid, fais marcher les deux pauvres neurones qui te reste, pour une fois !

Il allait trop loin... Il le savait... Hippolyte était en colère après Marius, mais ce n'était qu'un objet de son mécontentement, en aucun cas l'origine. Il était injuste avec lui car il le rabaissait pour ne pas avoir à se blâmer lui-même. Alors il soupira et ferma les yeux un instant, pour retrouver son calme. Marius avait fait une erreur, certes, mais il ne l'aurait jamais faite si son père n'avait pas mis le feu au poudre. Seulement, il ne pouvait pas s'excuser pour autant. Marius avait déjà le dessus sur lui, inutile de lui donner une raison de plus de le penser. Alors il se contenta de lui tendre son document, une lueur de défi dans le regard.

- Et bien vas-y... Tu voulais le publier, l'envoyer à la presse, non ? Fais donc ! Et amuse-toi bien !

Trahit par son propre fils. C'était plus dur à supporter qu'il ne l'aurait cru...
crackle bones
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Marius Caesar
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MessageSujet: Re: Caesar's disease [ft Marius Caesar -13 ans]   Caesar's disease [ft Marius Caesar -13 ans] Icon_minitimeJeu 27 Aoû 2015 - 14:02

Caesar’s disease
Hippolyte & Marius



Quelque part, pour être franc, j’ai conscience que niveau provocation, je ne suis jamais allé aussi loin. J’ai aussi vaguement conscience que je joue gros, très gros, et que je vais me faire tuer par mon père. Et pourtant, loin de me ramasser, de m’écraser, de m’excuser ou une autre foutaise de ce genre, je relève le menton avec insolence, assumant totalement ce que Michel vient de poser sans un mot sur le bureau de mon père. Michel. Je le foudroie du regard. Depuis huit ans maintenant il joue le rôle de garde du corps, de chauffeur, d’oncle et de mur des lamentations lorsqu’il me traîne à l’internat ou m’en ramène. Et jamais encore je n’avais eu à ce point l’impression qu’il était comme tout le monde : dans le camp de mon père et pas du mien.

Dans un grincement, le fauteuil de mon père pivote et le patron fait face à son employé et à son fils indigne. Je sais que mon père ne m’aime pas. Je le sais depuis aussi longtemps que je m’en souvienne. De toute manière, je n’ai jamais été assez bien, ni pour lui, ni pour ma mère qui fait comme si je n’existais pas. Quoique je fasse pour qu’on me remarque, pour qu’il remarque que je suis doué en sport, plus que la normale, que j’ai d’autres qualités, il se contente de me rabaisser en pointant mes défauts. Je sais que mon père ne m’aime pas, alors pourquoi est ce que je reçois comme un coup dans la rate son regard et sa mâchoire crispée ? J’en sais rien et ça me gonfle. Pas un mot n’est décroché quand il commence à feuilleter les documents. Moi, je n’ai pas le droit de m’asseoir ni même l’envie. Et je me doute bien que si je fais un pas de travers je vais finir fusillé sur place. Mon père ne m’aime pas et s’il ne m’a jamais frappé autrement que par des gifles apparemment méritées, je me dis que ce n’est qu’une question de temps, finalement, avant qu’il ne craque. Et ça ne me surprendrait pas qu’il craque aujourd’hui. Michel fait un pas en arrière, je ne peux pas retenir un regard angoissé lorsqu’il sort du bureau, nous laissant, mon père et moi, en tête à tête. Je déglutis. Ca va commencer à être marrant. Sans un mot, mon père considère les documents. Je commence à me sentir mal sans pour autant accepter de me démonter : je suis têtu. Extrêmement têtu. Je surveille les traits de son visage avec un soupçon d’angoisse et de fierté lorsqu’il commence à lire ce que j’ai rédigé, moi. J’ai envie de bouger. J’ai envie de m’asseoir, de faire les cent pas. J’ai envie d’attraper un truc et de jouer avec pour m’occuper les mains. Je ne sais pas rester immobile mais… je n’ai pas envie de lui faire le plaisir de craquer avant lui en disant quoique ce soit.

- Je suis impressionné... Impressionné par le talent dont tu fais preuve quand il s'agit de nuire à quelqu'un... Si seulement tu pouvais en faire de même quotidiennement... Je sursaute avant de le foudroyer du regard. J’ai la bouche sèche quand je rétorque un colérique « C’est toi qui es la nuisance, ici. » qui va mal passer, je le sais. Mais je déteste quand il fait ça. Les gens pensent que mon père est sympa, d’autres se disent qu’il est juste un peu sévère. Lorsqu’on découvre que je suis un Caesar on me dit en général que j’ai de la chance d’être aussi riche et célèbre. Mais ils ne se sont jamais retrouvés face au calme de mon père, face à ses colères froides et si maîtrisées que j’ai envie de mourir quand je me retrouve face à lui. Mon père me fait peur. Mais je l’admire, sans savoir exactement comment je fais. Je me mords la lèvre. Mon père est un génie lorsqu’il s’agit de frapper là où ça fait mal pour me faire sortir de mes gonds. J’en ai rien à faire de mes résultats scolaires, au moins ils me démarquent de mon frère. Et les cours ne m’intéressent pas. Contrairement à l’idée que mon père dévoile au monde son vrai visage : celui d’un mec qui n’en a rien à faire des autres, pas même de son propre fils. - Ca t'amuse ? Tu dois trouver cela hilarant, n'est ce pas... « Mon enfoiré de père a commis une erreur, si je m'amusais à le faire tomber encore plus bas, pour rire ? » Pauvre idiot... Tu as quatorze ans et tu n'es toujours pas capable de savoir quand tu vas trop loin... La limite, tu l’as franchie depuis longtemps, Marius... Si ça m’amuse ? Il n’a pas idée. C’est presque jouissif de le malmener à ce point. Je sais que si Martial était là, à côté de moi, il me dirait de ne pas faire le malin et de faire, bien au contraire, profil bas. Mais je n’ai pas envie, pas maintenant. « Bien sûr que… » - T'es-tu seulement posé la question... T'es-tu seulement demandé ce qui t'arriverait, ce qui arriverait à ton frère, si tu dévoilais tout ça ? Tu veux te venger ? Très bien ! Mais la vengeance est un plat qui se mange froid, fais marcher les deux pauvres neurones qui te reste, pour une fois ! Je me redresse sous la claque verbale. Qu’est ce qu’il lui prend de parler de mon frère comme ça ? « Ramène pas Martial là dedans ! Et ce qui m’arrivera, c’est d’être débarrassé de toi, et ce sera génial ! » Je hausse le ton. Je ne souffre d’aucun esprit de survie, à ce qu’il paraît mais je n’en ai rien à faire parce que je suis en colère. Je suis juste tellement en colère contre mon père que tout se cristallise, là, du haut de mes quatorze ans.

Mon père ferme les yeux, j’ai envie de lui hurler de me regarder. Mais en même temps, je sais que s’il me regarde droit dans les yeux je vais me prendre de plein fouet sa colère et sa déception. Et que ça va faire mal. Je serre les poings en me demandant jusqu’où notre dispute va aller cette fois. En théorie, je retourne à l’internat après-demain. Ca fera au moins une journée et demi à être sous le même toi que lui. Et avec Martial. J’attends sa colère, ses remarques qui vont encore plus m’écraser et me rabaisser : je sursaute sous son regard de défi. - Et bien vas-y... Tu voulais le publier, l'envoyer à la presse, non ? Fais donc ! Et amuse-toi bien ! J’attrape, revanchard, le bloc de papier. Il compte me faire changer d’avis en jouant avec moi ? Pas question. Je ne suis plus le gosse auquel il disait qu’il fallait être courageux. Je le regarde droit dans les yeux : pour une fois que je n’ai pas nécessairement besoin de lever la tête pour le fixer et que je le surplombe même un peu, je ne vais pas m’en priver. « Je vais le faire, tu sais. Je suis cap de le faire, je le poste demain et avant la fin de la semaine, tu seras en taule, loin de moi, à te faire casser la tronche par des mafieux. Et moi je pourrai voir Martial quand je le voudrai, je pourrai vivre ma vie comme je l’entendrai, et le monde sera enfin débarrassé de ta présence nuisible. » Parce que j’ai le dessus, je prends mes aises et je me permets de lui balancer des conneries que je n’aurais même pas imaginer penser dans d’autres circonstances. Loin de saisir ma chance et de quitter le bureau, je plante mes poings sur le bureau pour m’y appuyer. « Je te déteste, et je vais faire en sorte que tout le monde te déteste et que tu comprennes enfin ce que c’est que d’être celui que tout le monde méprise. »

Je serre les poings, contracte la mâchoire, crache tout le venin que je peux. Mais je commence à me demander aussi si c’est vraiment une bonne idée. Parce qu’une des raisons pour lesquelles je suis autant en colère c’est aussi que mon père et mon frère sont nettement plus intelligents que moi. Et que j’angoisse déjà, à me demander ce qui peut arriver à Martial si jamais mon père tombe vraiment.

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Hippolyte Caesar
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MessageSujet: Re: Caesar's disease [ft Marius Caesar -13 ans]   Caesar's disease [ft Marius Caesar -13 ans] Icon_minitimeVen 28 Aoû 2015 - 16:29

Caesar's disease

" What are you looking at ? "
A force de toujours vouloir tout contrôler, Hippolyte ne se rendait pas compte que ce qu'il aurait voulu... C'était des pantins. Deux petites marionnettes obéissantes et dociles, qui se seraient gentiment plier à sa volonté sans broncher, deux petites choses dépourvues de volonté dont il aurait pu faire ce qu'il voulait. Et c'était inhumain de demander cela à ses enfants, au fond de lui il le savait. Même Martial, qui représentait tout ce dont il était fier, la réussite, le génie, le calme, la patience, n'accepterait jamais tout ce que son père lui disait sans protester. Il défendait toujours son frère quand il le pouvait, au grand damne d'Hippolyte qui voyait actuellement Marius plus comme un élément perturbateur qu'autre chose. Ce gamin, c'était l'esprit de rébellion à l'état pur. Lui et son père étaient en conflit constant, et plus les années passaient, moins ils avaient envie de céder. Mais ce qui mettait Hippolyte dans un tel état de colère, c'était de voir à quel point Marius gâchait son potentiel dans le but de le décevoir. Du moins imaginait-il que c'était la raison principale de ses échecs. Le glacial pharmacien retrouvait bien trop de lui en son fils pour accepter qu'il piétine à ce point son héritage. Et s'il lui fallait le briser pour qu'il cède... Alors il le ferait. Même s'il devait s'en mordre les doigts par la suite.

Pour l'heure, il décortiquait chaque document que Marius avait rassemblé pour le faire tomber et, si la colère avait vite pris le dessus, il s'était sentit profondément blessé l'espace d'un instant. Que les familles des victimes lui en veuillent, c'était légitime. Que les journalistes s'acharnent sur lui, c'était leur travail, aussi méprisable soit-il, mais son fils... Son propre enfant, la chair de sa chair... Cette fois, Hippolyte était assuré d'une chose : Marius le détestait et lui en voulait suffisamment pour vouloir l'envoyer en prison. Et bien soit ! Savoir que son fils le haïssait ne l'empêcherait pas de dormir, si seulement il arrêtait sa petite crise d'ado exaspérante.

« C’est toi qui es la nuisance, ici. »

Pris au dépourvu, Hippolyte écarquilla les yeux. Non seulement Marius se permettait de répondre, mais en plus il était odieux. En une fraction de seconde, le père se redressa dans son fauteuil et lui asséna une gifle retentissante et plus que méritée, à ses yeux. Jamais il n'avait parlé ainsi à son propre père, et Hippolyte avait une telle notion du respect et de la hiérarchie qu'il ne pouvait rester impassible face à cela. Il était horriblement sévère et intransigeant avec ses enfants, mais jamais il ne levait la main sur eux. D'ailleurs, Martial ne devait pas avoir jamais reçu la moindre gifle de sa part. Mais Marius... Même si c'était rare, lorsqu'il allait trop loin, la main partait, pour le faire taire.

- Je te préviens, Marius... Reparle-moi encore une fois sur ce ton, et tu peux dire adieu à tous tes matchs. Celui de samedi prochain, les entraînements, les matchs suivant... Et tu sais que j'ai les moyens de faire en sorte qu'aucun club ne veuille de toi...

Il défia Marius d'un simple regard. Il savait très bien que pour le faire reculer, il y avait deux sujets sensibles : Son frère et le hand. Et Hippolyte ne l'admettrait jamais, mais s'il y avait bien une chose qui lui aurait fait mal, c'était bien de priver son fils de son sport favori. Pas parce que ça l'aurait mis en colère ou parce qu'il était heureux de le voir se défouler sur un terrain de sport, non... Simplement parce que c'était une chose pour laquelle Marius était excellent, qui offrait un avenir de sportif radieux. Le reste, c'était de l'ordre du futile. La seule chose qui comptait, comme toujours, c'était qu'il mène son équipe à la victoire et ramène de médailles. Car c'était la preuve d'une victoire, c'était tout ce qui comptait aux yeux de ce phobique des échecs qu'était Hippolyte.
Mais s'il fallait en venir aux extrêmes, et bien... Il était prêt à soudoyer tous les clubs de la région pour mettre son propre fils sur leur liste noire. Et Marius savait que ce n'était pas des menaces en l'air. Il allait haïr son père plus encore, et c'était bien le cadet de ses soucis s'il pouvait obtenir un peu de respect de sa part. Il n'était clairement pas d'humeur à plaisanter.

Et la seconde remarque de Marius lui fit serrer les poings sur ses accoudoirs, dont le cuir grinça sous la pression. Ne pas lui en retourner une seconde, ne pas craquer... Ne pas lui passer l'envie d'ouvrir la bouche à nouveau... Hippolyte était dans un tel état de colère, de frustration et d'abattement qu'il aurait pu craquer et devenir violent avec son fils pour la première fois de sa vie. Il refusait de faire face à cette éventualité, il devait à tout prix rester maître de lui-même.

- Marius... Qu'est ce que je viens de dire ? Il me suffit d'un coup de fil et ta brillante carrière s'arrête ici... Je me suis bien fais comprendre ?

Il avait dit cela avec un tel calme que lui-même en était étonné. Pas un mot plus haut que l'autre, juste une froide menace qu'il était prêt à mettre à exécution. Il avait d'ailleurs inconsciemment saisit son téléphone en disant cela, preuve que son corps était prêt à réagir avant son esprit. C'était déloyal et fourbe, et il le savait. Il usait quotidiennement du chantage pour forcer Marius à se calmer plutôt que de l'écouter et de chercher à comprendre pourquoi il agissait ainsi. C'était tellement plus facile d'utiliser ses faiblesses contre lui que de chercher à faire preuve d'écoute, après tout ! Pour se fatiguer quand on pouvait simplement s'assurer qu'une menace le ferait taire ?

Alors il lui tendit ses fichus papiers, à moitié chiffonnés sous l'effet de la colère du père, le mettant au défi de tout publier. Et Marius ne se défila pas. Au contraire, il garda le menton relevé, et la hargne se lisait dans ses yeux bleus. Oui il était prêt à le faire, et pourtant il ne bougeait pas. Comme s'il était partagé entre l'envie de piétiner son père et de le faire réagir pour qu'il l'empêche de faire une énorme erreur. Mais Hippolyte n'était absolument pas disposé à le supplier d'arrêter. Bien au contraire. Borné et idiot qu'il était, il préférait encore risquer sa propre liberté que de donner à Marius ce qu'il voulait. Et la remarque haineuse de son fils provoqua chez Hippolyte une réaction plus qu'étrange. Ses épaules commencèrent à s'agiter tandis qu'il luttait pour que ce masque de froideur perdure sur son visage. Mais c'était trop tard. Sa figure se déchira, et il éclata d'un grand rire incontrôlable. Impossible de s'arrêter. Il riait, d'un rire qui sonnait faux, moqueur, rabaissant... Il riait tant la remarque de Marius lui paraissait absurde, et il lui fallu bien trente secondes pour recouvrer ses esprits, ses larmes perlant à ses yeux bruns.

- Ah Marius... Tu es si naïf qu'on pourrait appeler cela de la bêtise à l'état pur... Tu es persuadé que le monde tourne dans le sens que tu veux lui imposer, tu t'es fais une idée de moi, de toi-même, du monde qui t'entoure... Mais tu t'entends ? Pauvre gamin délaissé par son père, que c'est triste... Mais arrête de pleurnicher, tu veux ?

Hippolyte ne se rendait alors plus compte de la dureté de ses mots. Toute la colère qu'il avait enfoui en lui depuis le début de l'affaire malaria remontait, et il avait besoin de l'évacuer. Marius avait très mal choisi son moment, et son père ne prendrait jamais la peine de s'excuser par la suite, par fierté, et même si l'envie le prenait. Alors, quand Marius planta ses poings dans le bureau, toisant son père de haut, celui-ci releva les yeux et le regarda à son tour. Il détestait cette sensation de lui être physiquement inférieur, aussi finit-il par se lever à son tour, se penchant vers son fils pour le toiser à son tour de toute sa hauteur.

- C'est bien... Tu me détestes, et alors ? Tu crois que je n'ai pas l'habitude, dans mon métier ? Des rivaux, j'en ai, qu'on haïsse ça ne me fait ni chaud ni froid, alors tu crois que la menace d'un gamin de quatorze ans va me faire peur ? Allons, Marius... Si tu es si déterminé, pourquoi je lis de la peur dans ton regard ? Qu'est ce qui t'effraie à ce point ?

Ils n'allaient pas tarder à exploser. Tous les deux. Et Hippolyte savait bien qu'il ne devrait sa potentielle victoire qu'au fait que Marius était encore jeune et mineur. Une victoire déloyale, qu'il ne savourerait pas, de toute manière. Il aurait tant préféré que Marius vienne lui dire que tout irait bien plutôt que de chercher à l'abattre d'une balle dans le dos. Mais pourquoi lui demander de faire des efforts quand lui-même restait hermétique à cette idée ?
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MessageSujet: Re: Caesar's disease [ft Marius Caesar -13 ans]   Caesar's disease [ft Marius Caesar -13 ans] Icon_minitimeDim 6 Sep 2015 - 14:33

Caesar’s disease
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Je ne sais pas trop ce qui me pousse à dépasser à ce point les limites. Je sais qu’en général je suis insolent, provocant, je sais qu’en général je joue avec la patience de mon père et le self-control de ma mère pour qu’elle me regarde enfin droit dans les yeux sans donner l’impression de passer son regard sur un pot de fleurs, je sais que je ne suis pas le gosse rêvé sur bien des points mais là, je dépasse franchement les limites. Et je m’attends au retour du boomerang.

Il est violent. Très violent, ce retour de boomerang. Comme dans un rêve – ou plutôt un cauchemar – je vois mon père se redresser, se pencher sur la table, sa main heurter ma joue dans une gifle qui résonne dans le bureau. La douleur est telle que j’ouvre la bouche pour lâcher un petit cri et que les larmes me montent aux yeux alors que ma main vient tâter ma joue meurtrie. Je m’en doutais, je l’attendais cette gifle. Mais elle fait aussi mal que toutes les autres parce qu’elle est le signe visible que je suis allé trop loin cette fois, comme bien d’autres fois. Mon père m’a frappé et je sais que si je continue sur ma lancée, il n’hésitera pas à recommencer. Si je regrette ce qui m’a échappé ? Pas le moins du monde, loin de là. Une gifle, c’est le signe que je suis allé trop loin mais c’est surtout la preuve que la patience et le masque glacé de mon père ne sont que des faux-semblants que je peux faire tomber avec beaucoup d’acharnement et que… - Je te préviens, Marius... Reparle-moi encore une fois sur ce ton, et tu peux dire adieu à tous tes matchs. Celui de samedi prochain, les entraînements, les matchs suivant... Et tu sais que j'ai les moyens de faire en sorte qu'aucun club ne veuille de toi... Cette fois, c’est une massue qui s’abat sur moi. Je sers les poings, je veux l’insulter, je veux dire quelque chose, ma mâchoire articule des mots mais aucun son ne sort : le salaud, il sait comment me contrôler, il sait que je suis près à tout sacrifier, sauf le hand et mon frère. J’ai les moyens de faire en sorte qu’aucun club ne veuille de toi. J’ai toutes les insultes du monde sur mes lèvres mais j’ai aussi le souffle coupé et tout sauf le cran de les lui dire. « Non... t'as pas le droit... » Parce qu’il n’a pas tort : il a les moyens de ruiner mes vies dans un claquement de doigts et le chantage lui réussit si bien qu’il sait qu’il me tient par cette simple phrase.

Il a gagné, encore une fois, sur ce terrain là. Mais il n’est pas question que j’abandonne : aujourd’hui, tu n’es pas tout puissant, Papa, même si tu brandis la menace du Handball, aujourd’hui, tu sors du tribunal, et moi j’ai les moyens de te faire tomber. Et je vais te le prouver. Je le déteste, je le déteste tellement que j’ai envie de pleurer. Il a tué des gens, il me pourrit la vie, il va tomber, il va vraiment tomber et mes poings serrés en fond le serment. Et lorsqu’il ramène Martial au milieu de la conversation, j’oublie à nouveau toute prudence pour lui cracher encore une fois sans aucun respect ni retenue ce que j’espère voir ressortir de cette conversation et de ce dossier que je comptais envoyer à la presse : être débarrassé de lui. Définitivement. Je me crispe lorsque le cuir grince sous la pression de ses mains. Je le défie du regard avec une insolence et une colère non contenue : qu’est ce que tu vas faire, Papa, me gifler encore une fois ? Perdre ton sang-froid, encore une froid ? M’offrir cette petite victoire toi qui prends tant de plaisir à ne jamais réagir avec impulsivité à toutes mes autres provocations, qu’est ce que tu vas faire Papa ? - Marius... Qu'est ce que je viens de dire ? Il me suffit d'un coup de fil et ta brillante carrière s'arrête ici... Je me suis bien fais comprendre ? Ma respiration s’arrête, je fais un pas en avant en voyant sa main se saisir du téléphone. Il gagne, il gagne, il m’écrase et j’enrage d’être autant sous sa coupe, d’être à ce point ficelé par la loi et l’autorité paternelle, d’être à un loup en cache et qu’il essaye à ce point de me mâter et de me faire devenir caniche. Je tends par réflexe la main vers le téléphone comme pour l’empêcher de le saisir, réaction stupide mais impulsive. « Fais pas ça Papa. Si tu fais ça, je te jure que je te détesterai toute ma vie » Ca ne sert à rien, je sais, mais je sens aussi que s’il décroche et compose un numéro, je vais hurler et fondre en larmes, je vais lui sauter dessus pour piétiner ce téléphone et réduire à néant toutes mes chances de faire du Hand pour le reste de mes jours. Ta brillante carrière. Pourquoi est ce qu’il se souvient que je suis un génie en sport que pour m’écraser et me rabaisser, hein ? Pourquoi est ce qu’il me déteste à ce point ? Sa main s’éloigne du téléphone, je soupire. Et lui, il ferme les yeux comme si de rien n’était.

Alors c’est toujours comme ça, Papa ? Tu gagnes et tu fais comme si c’était normal d’obliger son fils à être poli sous la contrainte ? Tu sais que tu ne pourras pas éternellement me faire chanter, Papa, tu sais que tu joues des cartes qui te feront cruellement défaut à l’avenir et qu’à chaque fois, je te déteste un peu plus, j’enrage un peu plus, et tu me donnes encore plus envie de récupérer ces papiers, de courir à la poste la plus proche pour les faire publier et les faire paraître au journal de 20H ? Je serre les poings en me demandant d’où va venir la prochaine attaque lorsque… quoi ? Il me met finalement au défi de réellement le faire ? Après avoir promis de ruiner davantage ma vie au prochain faux pas ? Il joue à quoi ? Menton levé, mâchoire crispé, je récupère les papiers en les froissant davantage par la colère. Et bien tu sais quoi, Papa, je vais pas me dégonfler et je vais le faire malgré tout. Parce que le monde entier saura que tu es un monstre et on te mettra en prison et plus personne ne mettra ma carrière de Handballeur en jeu, surtout pas toi. Plus personne ne se mettra en travers de mon chemin et… il rit.

Pardon ? Décontenancé, je fais un pas en arrière. Il rit. Vraiment. Sincèrement. Il m’humilie encore une fois, il se moque de moi, il m’écrase par son rire et me piétine. Et plus il rit, plus j’ai envie de partir en claquant la porte sans m’en trouver capable ; plus il rit, plus j’ai envie de le frapper, de le frapper vraiment pour qu’il arrête de rire. Mais je suis totalement tétanisé. Qu’est ce qu’il y a de drôle ? Il ne me croit pas capable de le faire ? Il pense que les gens ne me croiront pas et que ma tentative sera totalement inutile ? Qu’est ce qu’il y a de drôle, bordel, dans le fait que tout le monde le méprisera comme lui me méprise, dans le fait que tout le monde le haïra et qu’il chutera, sera à son tour totalement humilié et par moi le premier ? - Ah Marius... Tu es si naïf qu'on pourrait appeler cela de la bêtise à l'état pur... Tu es persuadé que le monde tourne dans le sens que tu veux lui imposer, tu t'es fais une idée de moi, de toi-même, du monde qui t'entoure... Mais tu t'entends ? Pauvre gamin délaissé par son père, que c'est triste... Mais arrête de pleurnicher, tu veux ? Je me reçois tout dans la face, et ça cingle mon égo autant que la gifle d’un peu plus tôt qui me brûle toujours ma joue. Naïf ? Bêtise ? Mais il s’est regardé, ce connard ? Je respire fort comme pour garder mon calme mais je n’ai pas ce talent paternel, c’est totalement évident. « Je ne pleurniche pas. » Je ne sais pas quoi dire en dehors de cette phrase pitoyable que j’aurais bien aimé entendre mieux sonner. Je me prends sa colère dans la figure et je ne sais même pas comment y répondre. Je réfléchis peut être trop. Mes poings se plantent dans le bureau avec une rage non contenue. Et malheureusement pas dévastatrice du tout. Peut être que j’aurais du saisir ma chance et partir sans un mot, mais je refuse de perdre sans combattre, je refuse de lui offrir des victoires faciles, je refuse tout simplement de plier à moins d’y être contraint et forcé. Et mon père est encore assis, du haut de mes cheveux un peu longs d’ado, je tente de le toiser avec hargne et de profiter d’un petit sentiment de supériorité qu’il fait vite disparaître en me surplombant à nouveau. Je lève les yeux avec insolence et défiance, encore. - C'est bien... Tu me détestes, et alors ? Tu crois que je n'ai pas l'habitude, dans mon métier ? Des rivaux, j'en ai, qu'on haïsse ça ne me fait ni chaud ni froid, alors tu crois que la menace d'un gamin de quatorze ans va me faire peur ? Allons, Marius... Si tu es si déterminé, pourquoi je lis de la peur dans ton regard ? Qu'est ce qui t'effraie à ce point ? De la peur ? Quelle peur ? Je commence juste à me demander si, quelque part, il n’a pas raison, si, quelque part, je ne suis pas en train de faire du mal à Martial. Pourtant, tout est tellement simple dans ma tête que… je ne vois pas comment foutre mon père en prison pourrait nous nuire. Déjà, peut être que ma mère recommencera à me voir et à me donner le droit d’exister, ensuite… Martial sera avec moi, on ne pourra pas nous séparer. Non, je n’ai pas peur. Pas peur du tout.

Mais… mon père n’a pas tort. Ca me tue. Ca me tue tellement que je le déteste encore plus d’avoir à ce point raison alors que j’ai l’impression d’avoir constamment tort. Un père, c’est pas supposé rassurer son gosse, l’emmener voir des matchs de foot et l’encourager ? J’ai le cœur qui bat à toute vitesse dans ma poitrine lorsque je défie mon père du regard, suppliant mon cerveau de trouver quelque chose à dire d’intelligent. Pas question que je me défile, pas question que je m’écrase, pas question qu’il gagne aussi facilement. Et pas question d’avoir peur de mon père. Mon bras balaye l’intégralité de son bureau, du téléphone aux dossiers. Je m’aperçois alors enfin du bazar qui nous entoure : mon bras n’est pas le premier à s’abattre comme ça. « Je n’ai pas peur de toi. J'aurai jamais peur de toi. Tout ce dont j'ai peur, c'est que tu pourrisses la vie de Martial comme tu pourris la mienne, et que tu ne disparaisses jamais de ma vie. J'ai pas peur de toit, parce que tu peux faire et dire tout ce que je veux, je te détesterai toujours et je ferai toujours tout pour te détruire parce que je te déteste et que j'ai pas peur de toi. » Je crache dans sa direction. Mon discours n'a aucune cohérence mais je n'en ai rien à faire. J’ai quatorze ans, c’est mon père, mais je refuse d’avoir peur de lui, d’avoir peur de ses menaces, d’avoir peur de ce qu’il peut me faire. Je n’ai pas peur de lui. Mon poing se ferme sur une babiole qui traîne sur le bureau, renversée, fendillée. Dans un mouvement de colère, je la lui lance à la figure avec la précision du sportif que je suis et qu’il prétend m’interdire d’être. Il ne peut pas l’éviter, à cette distance et se la prend en pleine figure.

Et je le liquéfie en voyant du sang perler de sa joue et de sa lèvre. Je vais mourir. Qu’est ce que j’ai fait cette fois ? Par réflexe, un très très étranglé « pardon... » sort de mes lèvres.

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MessageSujet: Re: Caesar's disease [ft Marius Caesar -13 ans]   Caesar's disease [ft Marius Caesar -13 ans] Icon_minitimeLun 7 Sep 2015 - 21:28

Caesar's disease

" What are you looking at ? "
« Non... t'as pas le droit... »

Il s'en délecte, de cette phrase. Quatre ou cinq mots prononcés à mi voix qui arrachent un rictus de contentement sadique à Hippolyte. Ce n'est pas tant le geste, la gifle qui font reculer Marius. C'est la menace de se voir priver de hand qui le remet à sa place. Son père le sait : Un simple coup de fil peut détruire la carrière montante de Marius et le priver de cet avenir auquel il aspire, de ce sport dans lequel il excelle comme nul autre... Car Hippolyte en a conscience, son fils est un génie en devenir, capable d'élaborer de complexes stratégies de jeu, et ce même s'il n'a jamais pris la peine de venir le voir disputer un match. Les échos suffisent. Alors quoi de mieux pour être certain de le tenir fermement dans sa poigne que de le menacer sur ce point sensible ? Et plus que jamais, Hippolyte savoure ce contrôle qu'il peut avoir sur son fils. Car c'est une chose qu'il maîtrise encore, qui ne lui file pas entre les doigts. Du moins pas totalement.

- Pas le droit, tu dis ? Et toi ? Crois-tu sincèrement que tu peux t'octroyer le droit de détruire tout ce que j'ai mis tant de temps à bâtir simplement pour assouvir ta petite vengeance personnelle d'adolescent en pleine crise ? Un droit ça se mérite, Marius...

Mais rien n'y fait. Marius continue ses provocations, toujours plus acerbe, et joue avec les nerfs de son père. Celui-ci ne tarde pas alors à réitérer la menace, allant jusqu'à poser la main sur son téléphone. Il n'hésitera pas. Oh non il n'hésitera pas une seule seconde à composer le numéro, et Marius le sait. Depuis tout petit il sait que son père n'est pas un homme qui plaisante ou revient en arrière. Il est froid, calculateur, impitoyable et intransigeant. Et c'est probablement la conscience de ce caractère glacial qui rend Marius presque suppliant lorsqu'il demande à Hippolyte de ne pas appeler. Il hausse alors un sourcil, incrédule.

- Tu me répètes cinq fois par jour que tu me détestes, Marius... Est-ce pour t'en persuader ou simplement parce que tu as peur que je l'oublie ? Je suis ton père, mon rôle n'est pas d'être ton super copain mais de t'éduquer. Même si tu dois me haïr pour cela.

Et malgré ces mots durs, Hippolyte ne peut nier qu'au fond de lui il aimerait entendre un « je t'aime papa », un jour... Son caractère a beau être dur, froid et difficile à vivre, il aimerait connaître des moments de complicité avec son fils, moments qu'il a presque l'impression de vivre avec Martial lorsqu'il l'entraîne. Mais Marius a décidé de se fermer comme une huître face à son père, refusant en bloc tout ce qui vient de lui. L'entendre lui dire qu'il le déteste fait plus de mal à son père qu'il ne l'aurait imaginé. Se pensant intouchable et inaccessible, il se rend compte qu'un gamin de quatorze ans arrive à percer sa carapace avec quelques mots seulement.

Seulement, quand il éclate de rire, nerveusement, sans pouvoir contrôler quoi que ce soit, il sait au fond de lui qu'il ne fait que blesser Marius davantage. Il se moque, ouvertement, méchamment, sournoisement. Sans la menace du hand, Marius répliquerait certainement, mettant un peu plus à mal la patience de son père, mais celui-ci le tient au dessus d'un précipice avec la ferme intention de l'y lâcher s'il fait le moindre pas de travers. Alors il se lève à son tour, toisant Marius de toute sa hauteur, avec la même hargne dans le regard. D'un point de vue extérieur, il aurait été curieux et presque coquasse de voir à quel point ils peuvent se ressemble et si peu s'entendre. Hippolyte aurait du saluer le talent de son sportif de fils, Marius aurait du tenter de rassurer son père, qui aurait pu l'encourager... Toute leur relation n'est faite que d'hypothèses qu'ils semblent prendre un malin plaisir à piétiner pour ne jamais garder qu'une chose en tête : Le contrôle, la rébellion, l'incompréhension. Plus encore maintenant qu'Hippolyte était suffisamment en colère pour prononcer des mots qu'il regretterait sûrement plus tard, mais qu'il ne prendrait jamais la peine de faire pardonner.

- … Et ? Je suis censé avoir peur, c'est ça ? Je n'ai jamais cherché à pourrir ta vie ou celle de ton frère. C'est toi qui t'évertue à prétendre que je fais tout pour te nuire. Ce doit être un trait commun, tu ne crois pas ? Mais tu es bien le seul à détester, dans cette pièce...

Une provocation dans un premier temps, un aveu dans un second. Hippolyte ne déteste pas son fils, mais il ne supporte ni l'insubordination, ni l'irrespect. Deux choses dans lesquelles Marius est passé maître. Aussi, trop occupé à accuser la prochaine attaque verbale, Hippolyte ne voit pas venir le coup. Il n'imagine pas un seul instant que Marius osera lever la main sur lui. Et surtout, il n'envisage pas l'idée de ne pas pouvoir parer l'attaque.

Il a à peine le temps de voir Marius s'emparer d'un petit presse papier brisé et aux bords tranchants que déjà, il sent l'objet le frapper durement au visage. A cette distance, avec le poids de l'objet et surtout la force et la précision d'un jeune handballeur, Hippolyte recule d'un pas, manquant de trébucher sur son fauteuil de bureau. Une exclamation de douleur lui échappe tandis qu'il porte la main à sa joue endolorie. La lèvre est fendue, l'épiderme également, et il regarde le sang sur sa main avec une profonde expression de dégoût. La douleur est lancinante, et sa pommette commence déjà à se colorer d'une teinte aubergine, tandis qu'il devine une légère fracture. Si celle-ci ne laissera aucune trace de son passage, sa joue ouverte formera une longue cicatrice, à l'avenir.

Alors Hippolyte relève les yeux, plongeant un regard emprunt de colère, de déception, de rage, de haine dans celui de Marius. A cet instant, il éprouve l'irrésistible envie de frapper le visage de l'adolescent, de lui faire passer l'envie de recommencer... De lui donner une véritable raison d'avoir peur de lui. De faire de ses habituelles menaces verbales des coups, jusqu'à le faire taire ou mieux : Le voir l'implorer. Mais il n'en fera rien. Car Hippolyte sait que le moindre geste le mettra en tort, et qu'il brisera toutes ses chances de se réconcilier un jour avec son fils. Pire, il sait qu'il regrettera le premier coup à la seconde où il le portera. Bien que sévère et souvent injuste, Hippolyte n'est pas un père violent, qui a les maltraitances physiques en horreur et ne supporterait plus de se regarder dans une glace après. En revanche, il sait aussi que si Marius n'était pas son fils... Il lui aurait déjà passé l'envie de recommencer. Alors il se contente de continuer à le regarder, attrapant au passage un mouchoir pour éponger le sang qui commence à goutter sur sa chemise blanche. Il reste silencieux, la colère émane de lui telle une ombre menaçante, mais il ne prononce pas un mot. Il entend l'excuse à peine murmurée de Marius, il sait que son fils a conscience d'être allé trop loin, mais cette fois, il n'est plus question de menace. Il est temps de les mettre à exécution. Aussi Hippolyte reprend-il d'un ton étrangement calme et voilé.

- Je vais te confier un secret, Marius...

Il fait alors le tour du bureau, venant faire face à son fils avec l'intention évidente de l'impressionner.

- J'hésitais entre plusieurs alternatives, après cette histoire de vaccin. Assumer mes torts, enterrer les événements... Mais finalement, tu viens de me convaincre que la solution la plus extrême est la meilleure. Tu vas pouvoir aller dire à ton frère que grâce à toi, il va devoir dire adieu au conservatoire et à ce concours qu'il attendait avec tant d'impatience. Et tu peux faire une croix sur toutes les équipes françaises de hand.

Il tend alors la main pour que Marius lui remette le dossier à moitié chiffonné qu'il comptait remettre à la presse.

- Nous partons pour les Etats-Unis dès que j'aurai réglé quelques affaires. Je te remercie pour avoir contribué à cette décision, j'hésitais justement à cause de vos engagements, à toi et ton frère... Mais comme ça n'a pas l'air de beaucoup t'intéresser, pourquoi m'en préoccuper ? Commence déjà à travailler ton anglais...

Il se contente alors un regard où brûlent colère, revanche et satisfaction. Il ne laissera pas cette erreur impunie. Même s'il doit pour cela impliquer Martial.
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MessageSujet: Re: Caesar's disease [ft Marius Caesar -13 ans]   Caesar's disease [ft Marius Caesar -13 ans] Icon_minitimeMar 8 Sep 2015 - 16:48

Caesar’s disease
Hippolyte & Marius



Je me liquéfie. Je crois que je n’ai jamais été aussi loin, que je viens d’exploser le record pour les années à venir. Et que je vais mourir. Mon pardon… sort instinctivement de mes lèvres avant même d’avoir le temps de le penser, comme si ce simple mot pouvait me sauver. Mais il ne va pas me sauver. Parce que contrairement à tout ce que je peux affirmer, contrairement à tout ce que je veux prouver par cet acte totalement débile, j’ai peur. Mon père me terrifie. Et ce sang angoissant qui coule de sa lèvre, de sa joue, de sa pommette éclatée,… je n’ai jamais fait saigner mon père avant ça. Bien sûr, il est déjà tombé en marchant sur une de mes petites voitures, bien sûr, j’ai déjà essayé le frapper sous le coup de la colère, bien sûr, j’ai eu bien des fois envie de le pousser, de le secouer, de m’imposer, mais là… j’ai fait saigner mon père. Je déglutis avec peine, alors que je me force à rester droit et à lui tenir tête alors même que tout en moi lui dévoile et lui hurle mon malaise. Je suis stupide. Je le sais. Mais je ne suis jamais allé aussi loin et… Il a dit quoi juste avant ça ? Tu es bien le seul à détester, dans cette pièce… Je crois que non. Il doit me détester. Non, pire encore : il me détestait déjà avant, maintenant il doit me haïr. Parce que je connais mon père : il n’aime pas qu’on le rabaisse, il exècre l’humiliation, il abhorre ceux qui lui tiennent tête. Et je viens de le blesser, du haut de mes quatorze ans, et ce sang qui coule et qui coule encore de sa joue, qui imbibe ces doigts, cette moue de dégoût qui déchire ses lèvres, ce petit cri de douleur qui lui a échappé, je ne les oublierai jamais pas plus que lui.

Et il ne me permettra pas de les oublier. Je sais que je peux faire une croix sur le hand. Définitivement. J’ai envie de le supplier, j’ai envie de pleurer, j’ai envie de m’effondrer mais… il faut bien que j’assume, non ? Et… j’ai du mal à respirer. Son regard me foudroie sur place. J’articule dans un souffle étranglé un « J’suis désolé Papa » qui ne sert à rien. Je fais même un pas en arrière sous son regard, parce que si je me doute bien depuis toujours qu’un jour il me frappera vraiment, je n’attends pas ce moment avec impatience et là… j’ai juste envie de partir en claquant la porte. Mais mes muscles tétanisés par la terreur et le choc n’acceptent pas de fonctionner, n’acceptent pas la reddition. « Si tu me frappes, ça se verra. » Je ne voulais pas dire ça. Je voulais dire ne me frappe pas, je le jure. Pourquoi est ce que le fond de ma pensée ne peut pas s’empêcher de sortir, sans faux-semblants, sans censure, sans réflexion ?  Parce que je suis moi. Et que… voilà. Il continue de me regarder, son silence m’accable davantage que tout le reste.

Mon père ne se met que rarement en colère ouvertement. Mais ses silences sont pires que ses gifles, ses yeux déçus, pire que tous les hurlements du monde. Lorsque je m’énerve, je ne suis qu’un gamin capricieux qui tape du pied. Lorsque mon père s’énerve, je n’ai qu’une envie : mourir. Disparaître. Comme maintenant. Je déglutis encore une fois, difficilement. « Papa je… » - Je vais te confier un secret, Marius... J’en veux pas de ton secret, Papa. Je veux juste que tu sois un père normal, que tu m’envoies dans ma chambre en hurlant ou que tu me dises que ce n’est pas grave et… il fait le tour de son bureau pour me surplomber de toute sa hauteur. Je ne peux pas m’empêcher de lever la tête, le menton légèrement tremblant, alors que je prends totalement sur moi pour continuer à le regarder dans les yeux. - J'hésitais entre plusieurs alternatives, après cette histoire de vaccin. Assumer mes torts, enterrer les événements... Mais finalement, tu viens de me convaincre que la solution la plus extrême est la meilleure. Tu vas pouvoir aller dire à ton frère que grâce à toi, il va devoir dire adieu au conservatoire et à ce concours qu'il attendait avec tant d'impatience. Et tu peux faire une croix sur toutes les équipes françaises de hand. J’ouvre la bouche. Adieu… adieu ? Genre, il punit Martial parce que j’ai merdé ? Genre, c’est Martial qui paye alors que c’est… « C’est injuste, Martial il t’a rien fait. » C’est sorti tout seul, encore. Je fais un pas en arrière, une nouvelle fois. Je serre le dossier dans ma main, en me mordant la lèvre, lorsqu’il veut le récupérer. - Nous partons pour les Etats-Unis dès que j'aurai réglé quelques affaires. Je te remercie pour avoir contribué à cette décision, j'hésitais justement à cause de vos engagements, à toi et ton frère... Mais comme ça n'a pas l'air de beaucoup t'intéresser, pourquoi m'en préoccuper ? Commence déjà à travailler ton anglais...

Je ne sais pas quoi dire. Je n’arrive pas à détacher mon regard du sang qui continue à couler patiemment de sa joue et de sa lèvre. Je n’arrive pas à respirer, je n’arrive pas à penser, je n’arrive même pas à encaisser ce qu’il vient de dire. Martial, privé de violon ? De conservatoire ? Moi, interdis de Hand ? Déménagement aux Etats-Unis ? Anglais ? « Nan… nan, Papa, nan. Tu peux pas lui faire ça ! » Une larme coule de ma joue. Il faut que je me reprenne. Martial, non, pas Martial. Il va me détester s’il apprend que c’est à cause de moi qu’il ne passera pas son concours de crincrin. Il va me déteste si mon père m’oblige à aller le dire, moi, à Martial, à aller, moi, lui apprendre la nouvelle. Il va me détester s’il… Je me mets une claque mentale qui se superpose à tout le reste. Qu’est ce que j’ai à perdre, là ? Qu’est ce que j’ai encore à perdre alors que mon père n’a aucun scrupule à tout me prendre ? J’inspire profondément pour me calmer. Ca ne marche pas des masses. Alors j’inspire plus profondément encore, comme avant les matchs, pour faire fourmiller ma concentration au bout de mes doigts. « T’as pas le droit de faire ça. Martial, il n’était pas d’accord pour ça. » Je lui lance le dossier dessus dans un geste de rage, juste avant de me souvenir qu’il faut que j’évite de faire d’autres conneries. Mais… pourquoi j’éviterais ? Il m’a tout pris, là. Le choc passé, je fais un pas en avant, au comble de l’insolence et de l’effronterie. Il veut jouer à ce jeu-là ? Et bien soit. Je n’en ai rien à faire. Je le déteste. Je serre les poings. « Tu dis que le droit, ça se mérite et tout, mais le respect, c’est la même chose Papa. Et si tu fais vraiment ça à Martial, tout le respect que je peux encore éventuellement avoir pour toi, tu sais où tu peux te le mettre. Et si tu nous obliges à fuir aux States, alors t’es qu’un lâche, un gros lâche et j’ai honte que tu sois mon père. Martial, il ne te pardonnera jamais ça. Et moi encore moins. » Je pleure vraiment, là. Les larmes dévalent mes joues alors que je prends conscience de tout ce que ça va impliquer. Des larmes de terreur, de désarroi, de colère. Je connais mon père : lorsqu’il dit quelque chose, il ne revient jamais en arrière. Et on va partir de France. A cause de moi. Et Martial va me détester. Et je vais devoir arrêter le Hand. Mais là, j’en ai rien à faire du Hand face à cette injustice, face aux dommages collatéraux. Face à la tristesse de Martial. « C’est tellement injuste, c’est injuste que tu aies autant de pouvoir sur moi, parce que tu le mérites pas. T’es pas un super-copain, mais t’es pas mon père non plus : tu n’es qu’un tyran, Papa, et peu importe le continent où tu veux nous emmener, tu resteras un meurtrier et un tyran. »

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MessageSujet: Re: Caesar's disease [ft Marius Caesar -13 ans]   Caesar's disease [ft Marius Caesar -13 ans] Icon_minitimeMer 9 Sep 2015 - 23:05

Caesar's disease

" What are you looking at ? "
Le silence. La lourdeur oppressante d'un long silence s'était installée entre le père et le fils. Voilà de quoi était constituées leurs discussions, la plupart du temps : De hurlements et de silence. La compréhension et la quiétude n'étaient pas des composantes de leur relation, et ce depuis près de dix ans. Plus les années passaient, plus le fossé se creusait entre eux, les rapprochant inévitablement du point de non retour. Parfois, Hippolyte aurait presque préféré être ce monstre de haine que Marius voyait en lui... C'était plus facile mépriser et de haïr que d'aimer sans savoir comme s'y prendre. Il avait plus souvent envie d'arracher la langue de son fils que de l'écouter déblatérer des inepties.

A présent, cette douleur fulgurante sur son visage lui montrait à quel point Marius était allé trop loin. Il lui avait laissé encore trop de liberté, trop de chance de se dresser contre lui... Lui fallait-il donc être ce tyran qui terrifiait à ce point l'adolescent ? Ses excuses sonnaient faux... Il ne les balbutiait que parce qu'il avait trop peur que son père se mette en colère. Mais Hippolyte ne lui ferait pas ce plaisir. Il ne hurlerait pas. Il savait à présent à quel point Marius était mal à l'aise lorsque son père gardait le silence, bien plus que lorsqu'il haussait le ton. Il en mourait d'envie, pourtant. Il aurait voulu hurler sur Marius, le secouer, n'avoir aucun scrupule à le blesser aussi bien physiquement que psychologiquement... Mais non seulement il n'avait que quatorze ans, mais c'était surtout son fils. Lui et Martial resteraient à jamais ses plus grandes faiblesses, il en avait bien conscience. Ses ennemis, Hippolyte les abattait de sang froid ou les détruisait... Mais Marius n'était pas son ennemi. C'était un petit con d'adolescent en pleine crise et qu'il lui fallait à tout pris calmer.

- Te frapper... ?, murmura Hippolyte d'une voix toujours aussi calme. Tu penses sincèrement que je vais m'abaisser à ce genre de chose ? Je ne suis pas comme toi, Marius... Je n'ai pas besoin d'apposer une marque physique sur qui que ce soit pour prouver que j'existe...

C'était cruel... De plus en plus froid et calculé. Chaque mot était prononcé pour enfoncer un peu plus le clou et amener Marius à endurer les remarques acerbes de son père, sans pouvoir rien répliquer derrière. Non il ne frapperait pas son fils. Même si le coup retenu lui crispait le bras au point de lui donner des fourmis, même s'il aurait ainsi pu calmer le jeu quelques secondes. Car s'il commençait, il craignait de ne plus avoir de raison de s'arrêter.

Alors il se contenta de s'approcher de Marius, lentement, calmement, tandis que le sang continuait à couler sur sa chemise. Peut-être lui faudrait-il cinq ou six points de suture, mais c'était bien le cadet de ses soucis à l'heure actuelle. Il exposa froidement ses projets à Marius, et sa réaction ne se fit pas attendre. Bien sûr qu'il tenterait tout pour lui faire changer d'avis, mais la décision du père avait été prise à la minute où Marius avait brandit le presse papier dans sa direction. Il était trop tard pour revenir en arrière.

- Si Martial n'était pas d'accord avec tout ça, pourquoi as-tu quand même tenu à monter ce torchon contre moi ? Tu aurais du te douter que ce qui te toucherait le toucherait également... Comme d'habitude tu as oublié de réfléchir...

Le traiter à présent d'idiot, le rabaisser... Hippolyte ressentait une telle colère à l'encontre de Marius qu'il se comportait comme un parfait connard avec lui. Mais sans cette énergie qui accompagnait la plupart du temps les colères vives, celle là même qui donnait souvent l'impression que l'on ne pensait pas ce que l'on hurlait. Or, dans le cas d'Hippolyte, tout semblait parfaitement calculé et sincère. Tout comme il n'eut pas la moindre expression de remord en voyant les larmes couler sur le visage de Marius. Au contraire, c'est une moue dégoûtée qui se peignit sur son visage. L'expression même de la faiblesse, à ses yeux... La reddition, voilà ce qu'il attendait... Mais Marius savait très bien que son père n'irait ni s'excuser, ni le prendre dans ses bras pour le consoler d'une manière ou d'une autre. Et la seconde gifle, plus sèche et violente que la première, partie d'un coup. Immédiatement, Hippolyte la regretta. Parce qu'il s'était juré de ne plus lever la main sur Marius, et qu'il commençait à perdre ses moyens.

- Quelle ironie... La honte est partagée... Et ne me traites plus JAMAIS DE LÂCHE, C'EST COMPRIS ?

Le ton montait, la tension également. Hippolyte luttait contre l'envie de retourner d'asseoir dans son fauteuil, pour ignorer les remarques de Marius, oublier le monde qui l'entourait, simplement se replonger dans ses lectures quotidiennes et sa solitude... Qu'on le laisse en paix, qu'on arrête de braquer sur lui les lumières aveuglantes de la culpabilité... Il craignait plus que tout que Martial lui en veuille, que Victoire lui dise qu'il était allé trop loin... S'il avait été l'odieux personnage qu'il présentait au monde, il aurait demandé à Marius de foutre le camp, mais c'était trop lui demander. Il se contenta de se pencher vers Marius, le sang coulant de sa lèvre lui donnant l'air peu avenant d'un cannibale.

- Le jour où tu sauras de quoi tu parles, Marius, nous pourrons reparler de cette histoire... Mais tu n'es qu'un gosse... Un petit con qui se croit tout permis parce qu'il a deux ou trois informations compromettantes en sa possession... J'ai du sang sur les mains, c'est vrai. Et ce n'est certainement pas toi qui pourras comprendre ça. Parce que tu t'en fiches bien, n'est ce pas ? Tu ne connais même pas le sens du mot culpabilité...

Puis il se redressa, s'éloignant de Marius pour contenir sa colère. Tout ici lui donnait des envies de destruction. Il ramassa les papiers que son fils lui avait jetés à la figure et les reposa sur le bureau dévasté, avant d'aller se rasseoir dans son fauteuil, tournant délibérément le dos à Marius.

- Ferme la porte en sortant... Et puisque tu y tiens tant, tu diras à ton frère pourquoi l'odieux connard qui te sert de père vous envoie à l'autre bout du monde... Ou raconte-lui ce que tu veux, je m'en fiche totalement...

Il sentait à peine la douleur de sa joue. Sa colère était telle que même si les plaies ne cessaient de saigner, il n'avait ni l'envie ni le besoin de les soigner. Il s'en fichait totalement. Son attitude et le geste de Marius venait de marquer un point de rupture tel entre eux qu'il se sentait totalement anesthésié.
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MessageSujet: Re: Caesar's disease [ft Marius Caesar -13 ans]   Caesar's disease [ft Marius Caesar -13 ans] Icon_minitimeMar 15 Sep 2015 - 23:08

Caesar’s disease
Hippolyte & Marius



La réalité me rattrape avec une violence non contenue. Et la violence, elle se cristallise dans les yeux de mon père lorsqu’il pointe son regard sur moi. La douleur, il a transforme en rage et en colère. Et en glace. J’aimerais qu’il hurle, qu’il crie, qu’il perde ses moyens et exprime clairement ce qu’il ressent. Mais il m’inflige la pire des punitions : le silence. Oppressant. Angoissant. Dis quelque chose, dis quelque chose Papa pour étranger mes excuses étouffées. Il le sait, en plus, que ça me met mal à l’aise qu’il se taise autant. Il est plus facile de subir lorsque l’autre hurle. Là, le silence… est angoissant. Je ne trouve pas d’autres mots. Et ceux que j’articule sans m’en rendre compte, bien loin de ceux que j’avais pensés dire, retranscrivent sans difficulté ma peur et mon agressivité. Si tu me frappes, ça se verra. Nous n’en avons pas fini avec la presse et les tribunaux, Papa, alors ne me frappe pas même si je t’en sens capable. J’ai envie de partir en courant mais en même temps, je n’ai pas envie de lui tourner le dos. - Te frapper... ? Son murmure me frappe de plein fouet. Le silence fait ressortir sa voix comme un tueur en série caché dans l’ombre. Si je regarde trop de films ? Peut être. Mais la voix de mon père me glace le sang et il m’achève sans état d’âme. Tu penses sincèrement que je vais m'abaisser à ce genre de chose ? Je ne suis pas comme toi, Marius... Je n'ai pas besoin d'apposer une marque physique sur qui que ce soit pour prouver que j'existe... Je cesse de respirer. C’est cruel de sa part. Surtout que tout dans mon attitude clame mon malaise. J’ai envie de pleurer et de m’excuser, je suis au bord des larmes. Mais… il me surplombe totalement. Je ne fais pas le fier, pas du tout. A l’internat, je passe pour un dur qui ne se laisse pas marcher sur les pieds et encore moins intimider par qui que ce soit. Mais ils ne m’ont jamais vu face à mon père – il n’a jamais pris la peine de m’y emmener puisque c’est Michel qui s’occupe de tout – et c’est tant mieux pour moi. Le sang qui coule sur sa joue me tue à chaque seconde, j’ai du mal à en détourner le regard et à continuer de fixer mon père, menton tremblant.

Je vais te confier un secret, Marius. Les Etats-Unis. La fin du hand. La fin du conservatoire. Le passage à l’âge adulte pour Martial et moi. J’ai du mal à respirer. J’ouvre la bouche sans savoir quoi dire.  C’est injuste, c’est juste injuste. - Si Martial n'était pas d'accord avec tout ça, pourquoi as-tu quand même tenu à monter ce torchon contre moi ? Tu aurais du te douter que ce qui te toucherait le toucherait également... Comme d'habitude tu as oublié de réfléchir... Ce torchon, oublié de réfléchir. Il ne m’épargne plus rien, il ne m’épargne vraiment rien, frappant là où ça fait mal. Il me connait bien, mon père, lorsqu’il s’agit de me détruire et de m’écraser. Et le pire dans tout ça, c’est que son ton froid et calculé ne laisse aucun doute sur le fait qu’il pense ce qu’il dit. Et c’est sûrement le plus douloureux… Sa moue dégoûtée est réelle, sa déception brûlante. Et je cède une nouvelle fois à la tentation. Les larmes dégringolent, la colère aussi, je crache, je peste, je tiens tête. L’insolence remplace la peur. Qu’est ce que je risque, maintenant qu’il m’a tout pris ? Qu’est ce que je risque, qu’est ce qu’il peut m’enlever, qu’est ce qu’il peut me faire alors qu’il a déjà frappé Martial par son injustice ? La claque, je ne la vois pas venir. Et sa force encore moins.

Elle m’envoie au sol dans un petit cri de surprise et de douleur. Je sens le goût métallique du sang lorsque sans me relever, je regarde mon père. - Quelle ironie... La honte est partagée... Et ne me traites plus JAMAIS DE LÂCHE, C'EST COMPRIS ? Je tremble lorsqu’il hausse la voix. Pour que mon père perde son calme jusqu’à me frapper non pas une mais deux fois, c’est que j’ai dépassé ses limites. Pour qu’il hausse le ton… J’ai envie de m’excuser, j’ai envie de l’insulter, j’ai envie de disparaître, j’ai envie de m’imposer. Mais je n’ose même plus bouger à ce niveau là, de peur qu’il me frappe réellement alors que je le suis assis par terre, trop estomaqué pour oser faire un seul geste. - Le jour où tu sauras de quoi tu parles, Marius, nous pourrons reparler de cette histoire... Mais tu n'es qu'un gosse... Un petit con qui se croit tout permis parce qu'il a deux ou trois informations compromettantes en sa possession... J'ai du sang sur les mains, c'est vrai. Et ce n'est certainement pas toi qui pourras comprendre ça. Parce que tu t'en fiches bien, n'est ce pas ? Tu ne connais même pas le sens du mot culpabilité... Je pleure sans parvenir à me retenir. J’ouvre la bouche, je renifle, je ne dis plus rien à ce niveau là. Qu’est ce que je pourrais dire de toute manière ? Que je m’excuse ? Je ne sais même pas si je m’excuse. Tu n’es qu’un gosse, un petit con… Je le sais, je le sais que je suis allé trop loin, mais c’est de ta faute, Papa, c’est de ta faute si je te pousse jusque là, parce que tu m’as cherché. Il se redresse, je reste au sol. Il ramasse les papiers, je reste au sol, à le suivre du regard. Il retourne s’asseoir, je me relève enfin pour m’apercevoir qu’il me tourne le dos. Pourquoi ça ne m’étonne pas de sa part ? - Ferme la porte en sortant... Et puisque tu y tiens tant, tu diras à ton frère pourquoi l'odieux connard qui te sert de père vous envoie à l'autre bout du monde... Ou raconte-lui ce que tu veux, je m'en fiche totalement...

Alors c’est comme ça ? Je me frotte la joue, je me passe la langue sur ma joue éclatée qui saigne et pique. Juste retour des choses, j’imagine. Sauf que… il l’a fait exprès, j’en suis sûr. Il n’appose pas sa marque physique ? Si, il l’appose, mais… comme toujours, c’est comme ça qu’il fonctionne. Les gens ne voient pas à quel point il est vicieux, à quel point c’est un connard parce qu’il paraît bien. Il est génial, il est parfait : c’est un connard et un enfoiré. Pourquoi ça ne m’étonne vraiment pas ? J’ai envie de planter les poings sur la table, j’ai envie de hurler, encore une fois. Mais ma joue me brûle, Martial m’attend derrière la porte. Et on va déménager aux Etats-Unis. Mes mains tremblent et se posent presque calmement sur le bureau, fébriles. « Papa… » J’essaye de me reprendre, j’ai du mal à être calme. Je suis en train de perdre la partie, je l’ai perdue à partir du moment où je l’ai frappé. « Je suis désolé Papa. Fais moi ce que tu veux, interdis moi le hand, fais ce que tu veux, mais tu peux pas faire ça à Martial… j’suis désolé, je voulais pas te frapper, je voulais pas… » C’est la reddition. La reddition totale. Si je commence à m’énerver, c’est de désespoir, pas d’insolence. « Regarde-moi ! Regarde-moi, Papa ! J’te promets, j’aurai la moyenne partout, mais laisse Martial passer son concours ! » Et laisse moi terminer la compétition de handball. Je devais jouer en capitaine de mon équipe junior. Pourquoi est ce que je m’obstine ? Parce que je n’aime pas perdre, je n’aime pas lâcher prise, je ne veux pas m’avouer vaincu. Et c’est pourtant ce que je fais. Pour Martial. Toujours pour Martial. « S’il te plait… »

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MessageSujet: Re: Caesar's disease [ft Marius Caesar -13 ans]   Caesar's disease [ft Marius Caesar -13 ans] Icon_minitimeMer 16 Sep 2015 - 22:14

Caesar's disease

" What are you looking at ? "
La colère avait-elle un paroxysme ? Si oui, comment pouvait-on le savoir ? S'exprimait-elle de la même manière chez tout un chacun. Chez les plus sanguins, la rage explosait sous une forme destructrice, par des hurlements, des bris d'objets voire de la violence à l'état pur... Pas chez Hippolyte. Il ne pensais pas avoir jamais atteint le seuil de non retour en ce qui concerne la colère. Et pourtant, il avait rarement été dans un tel état. L'attitude de Marius combinée à l'amertume d'un échec certain au tribunal lui remuaient les entrailles et lui donnait presque la nausée. Sa colère a lui était froide, minutieusement calculée pour inspirer la crainte et la gêne plutôt que l'envie de jouer à celui qui atteindrait le plus haut niveau en décibels. Il savait bien que Marius aurait préféré qu'il explose. Combien de fois lui avait-il demandé de se mettre en colère plutôt que de le regarder en silence, avec toute la déception du monde dans les yeux ? Peut-être deux à trois par semaines...

Mais ça n'avait jamais été dans le tempérament d'Hippolyte. Son sérieux était froid, sa colère aussi glaciale qu'un iceberg... Même sa joie se teintait tout juste d'une tiédeur timide. C'était en partie ce qui le rendait aussi antipathique : Cette absence quasi totale de variation entre les différentes émotions qui pouvaient le toucher. Il donnait même l'impression de ne rien ressentir... C'était faux. Il avait rarement été aussi en colère et désarmé face à Marius. Il avait d'ailleurs perdu la confiance de l'adolescent le jour où il lui avait tourné le dos pour la première fois. Aujourd'hui, il refaisait la même erreur. Résolument tourné vers la fenêtre, il regardait le ciel gris parisien, les grands avenues que leur luxueux appartement surplombait, et la tour Eiffel que l'on voyait à quelques centaines de mètres seulement. Tant de choses accomplies, tant d'années de dur labeur gâchées... Tout cela allait bientôt disparaître s'il ne faisait rien pour y remédier.

« Papa… »

Hippolyte fit claquer sa langue contre son palais avec agacement, avant de répliquer sèchement.

- Je t'ai dis de me foutre la paix, tu es sourd ?

Puis vinrent les excuses. Rien à voir avec ce pardon murmuré à mi voix, ces excuses là étaient sincères, presque suppliantes... Elles signaient la reddition de Marius, là où Hippolyte n'avait espéré qu'un « je te déteste ! » suivi d'un claquement de porte. Pourquoi un tel revirement ? Toujours est-il que, malgré lui, Hippolyte sentit les muscles de son corps, crispés sous l'effet de la colère, se détendre. Il se contenta d'écouter simplement ce que Marius disait, appréciant tout particulièrement le fait qu'il ne faisait pas tout cela égoïstement, mais bien pour défendre avant tout son frère. S'il y avait bien une chose qui était honorable chez ce garçon, c'était bien sa loyauté vis à vis de son aîné. Aussi, lorsque Marius lui hurla de le regarder, Hippolyte se retourna, le visage toujours aussi fermé. Le sang qui coulait quelques instants plus tôt de sa joue meurtrie commençait à sécher, mais il ne semblait pas se préoccuper le moins du monde de cette blessure qui commençait à lui donner mal au crâne. Elle lui donnait surtout l'impression que tout ceci était vrai. Que ces dernières minutes avaient marqué une énième rupture entre le père et le fils.

Mais lorsqu'il regarda Marius, Hippolyte sentit son masque se fissurer. Jamais... Non, jamais encore il n'avait donné plus qu'une gifle à son fils. Jamais il n'avait laissé la moindre marque son corps, et il avait toujours été le premier à ruminer intérieurement une vengeance contre les enfants qui osaient se bagarrer avec son fils dans la cour de récré... Mais cette fois, c'était lui qui lui avait fait du mal. Ce sang qui coulait sur les lèvres de Marius, c'était de sa faute. Et à lui, et à lui seul. Le père crispa les poings sur ses accoudoirs, non plus d'agacement vis à vis de l'attitude de Marius, mais vis à vis de lui-même. Il ne lui pardonnerait pas son geste, et quand bien même l'aurait-il fait, Hippolyte ne parviendrait jamais à passer outre la culpabilité qui l'envahissait à cet instant. Il aurait voulu revenir quelques secondes en arrière, pour empêcher sa main de frapper ce visage juvénile.

- Marius je... Tu... Prends ça...

Il ne savait comment s'y prendre dans une telle situation, et lui tendit un mouchoir pour éponger ce sang qui tombait goutte à goutte sur le bureau. Cette fois, il était allé trop loin. Hippolyte savait depuis leur naissance que les jumeaux étaient sa plus grande faiblesse, mais jamais il n'aurait pu imaginer qu'il serait le monstre qui oserait lever la main sur l'un d'eux.

A cet instant, le plus responsable des deux ce n'était pas l'adulte qu'il était censé être. C'était Marius. Il prenait sur lui pour ne pas partir en claquant la porte comme il le faisait d'habitude, et surtout il défendait son frère avec l'énergie du désespoir. Hippolyte était certes sévère et souvent injuste, mais il n'était pas non plus insensible. Il se devait de faire un geste... Et de lui présenter des excuses, même si cela lui coûtait. Il resta un moment silencieux, comme à son habitude, et poussa un profond soupir en baissant les yeux vers son bureau ravagé.

- Comme je te l'ai dis, j'ai encore beaucoup de choses à régler ici, alors... Soit. Termines ta saison de hand, je sais qu'il te reste plusieurs matchs à disputer. Et ton frère pourra passer ses examens et son concours. En revanche nous devons tout de même partir. Mais ce n'est pas un problème, il y a de bons conservatoires et de bonnes équipes aux Etats-Unis également...

Depuis combien de temps Hippolyte n'avait-il pas parlé si calmement à Marius ? Bien trop longtemps... A tel point qu'il en avait perdu l'habitude et se sentait bête. Il avait le sentiment qu'il n'aurait pas du céder et qu'il s'agissait pourtant de la meilleure chose à faire. Pour lui comme pour sa famille. Toute cette histoire, c'était son erreur, son épée de Damoclès, il n'avait pas forcer qui que ce soit d'autre à en subir le poids. Et si malgré tout la colère subsistait, Hippolyte semblait s'être apaisé à cause de l'état dans lequel il avait mis Marius.
Il fini par se lever, contourna le bureau et s'accroupit face à son fils, lui tendant le mouchoir qu'il avait toujours en main.

- Je suis désolée, Marius... Je n'aurais pas du m'emporter à ce point, je... Ce n'est pas ta faute, toute cette histoire, c'est la mienne... Laisse-moi le temps, s'il te plais...

Ce devait être la première fois qu'Hippolyte se montrait réellement en position de faiblesse face à Marius. Mais aussi la première fois qu'il s'excusait face à lui. Et il était loin de s'imaginer que la prochaine fois qu'il le ferait, ce serait treize ans plus tard. Mais il se sentait vidé de son énergie, de sa volonté, de tout... Il avait laissé le monstre s'emparer de lui jusqu'à commettre l'irréparable.

- Comprends bien que si je pouvais tout maîtriser, ce serait plus simple...

Il aurait voulu pouvoir demander à Marius de réfléchir et se comporter en adulte... Mais il ne lui en avait jamais donné les clés, trop occupé qu'il était à voir en lui un gosse capricieux...
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MessageSujet: Re: Caesar's disease [ft Marius Caesar -13 ans]   Caesar's disease [ft Marius Caesar -13 ans] Icon_minitimeDim 20 Sep 2015 - 15:03

Caesar’s disease
Hippolyte & Marius



J’ai mal. J’ai du mal à respirer, j’ai du mal à garder contenance. Ferme la porte en sortant. Alors c’est comme ça ? Tu gagnes, tu m’expulses, je redeviens un élément du décor ou mieux, un de tes employés que tu congédies comme ça ? J’ai presque peur de faire un geste, j’ai presque peur qu’il me refrappe et cette crainte que j’ai de lui, à me dire qu’il peut me réduire à rien et frapper sans qu’on ne lui dise rien… je recommence juste à respirer maintenant qu’il n’est plus dans mon champ de vision. Et qu’il m’ignore. Je me passe la langue sur la joue, éclatée à l’intérieur, avec ce goût métallique. Il va avoir des points de suture, on saura que son fils est violent. Lui, personne ne saura qu’il m’a fait mal volontairement et qu’il me déteste, vicieusement. J’ai envie de hurler, j’ai envie de pleurer, j’ai envie de partir en claquant la porte et de lui hurler que je le déteste. Mais je peux pas aller voir Martial, pas maintenant, pas comme ça. Il n’a pas à payer pour mes conneries, et il a pas à être une victime de notre père. Je me relève, tremblant, m’appuie sur le bureau. C’est la reddition, totale, qui s’échappe de ma bouche dans un Papa suppliant. Il ne se retourne même pas, me gifle par son rejet. - Je t'ai dis de me foutre la paix, tu es sourd ?  Je prends sur moi, presque, pour continuer. Je veux pas que Martial paye, il n’en est pas question. J’ai perdu, totalement perdu la partie : de toute manière mon père gagne toujours. Physiquement, juridiquement, psychologique, c’est le plus fort et il ne se gêne pas pour me le rappeler et en profite même pour m’écraser et me cracher dessus une fois que je suis à terre. J’ai envie de lui hurler que je le déteste mais je m’écrase, volontairement, dans des suppliques et ces excuses sincères qui n’ont au final qu’un seul but : tenter, pour la première fois de ma vie, de le faire revenir sur une décision. J’en ai rien à faire qu’il me punisse, je le mérite même si c’est un enfoiré. Mais pas Martial, Papa, t’as pas le droit de t’en prendre à Martial. Je pleure, comme un bébé, je m’énerve, je lui hurle de me regarder par désespoir. Jamais encore je ne me suis rendu à ce point. Je promets tout : des bonnes notes, presque d’être obéissant. Il peut ruiner ma carrière dans le hand, il peut ruiner ma vie, il peut faire ce qu’il veut, même me frapper encore, mais qu’il laisse à Martial sa vie, bordel ! Je sais qu’il me déteste, je sais que je le déteste mais pire encore, je sais que Martial voit encore en lui un père et je veux pas priver mon frère de ses parents, même si ce sont des enfoirés.

Je frappe sur la table dans des sanglots alors qu’il réagit. Il me regarde. C’était inespéré. Et son visage n’est pas le même que tout à l’heure, il semble même… presque conciliant. Je me passe la main sur les lèvres pour en chasser le sang qui s’y est aggloméré avant de le regarder dans les yeux et de saisir ma chance au vol : « S’il te plait, Papa… » Il va se moquer de moi. Il va me rabaisser. Il doit me mépriser, là, de me montrer aussi… pathétique. Il ne m’aime pas, il n’y a aucune raison qui pourrait le pousser à accepter ma reddition et, mieux encore, à alléger la sentence. Je me mords la lèvre en tentant de me calmer et je… ne m’attends pas à ce qu’il me tende un mouchoir que je prends sans y penser. - Marius je... Tu... Prends ça... Pardon ? Je ne comprends pas. A quoi il joue, d’un coup ? Il culpabilise, cet enfoiré ? Il… je ne sais plus où on en est, où passe du tout en tout sans signes avant-coureurs et je doute grandement que mes geignements en soient la cause principale. Mon père est un roc, mon père est un monstre, mon père n’accepte jamais les humiliations et les redditions, il ne connait que la victoire et la destruction. Je crache dans le mouchoir le sang qui coule dans ma bouche, je m’essuie les lèvres et hésite même à le mettre dans ma poche plutôt que de le lâcher sur le bureau comme je le ferais en temps normal, pour mieux le provoquer. J’ai l’impression qu’on est en train de… faire une pause. Je ne comprends pas. C’est n’importe quoi. Et le pire, c’est que j’ai presque un sursaut d’espoir, là.

- Comme je te l'ai dis, j'ai encore beaucoup de choses à régler ici, alors... Soit. Termines ta saison de hand, je sais qu'il te reste plusieurs matchs à disputer. Et ton frère pourra passer ses examens et son concours. En revanche nous devons tout de même partir. Mais ce n'est pas un problème, il y a de bons conservatoires et de bonnes équipes aux Etats-Unis également... Je n’ose pas bouger, tenant toujours le mouchoir dans ma main. Pardon ? Il accepte ? « Quoi ? Tu… tu… » J’ai encore beaucoup de choses à régler ici… Il nous laisse du temps ? Ton frère pourra passer ses examens. Je peux continuer à faire du hand ? Je dois être en train de rêver. Ou il y a anguille sous roche et… non. Non, il est juste un peu plus humain que d’habitude, et j’en viens même à me demander si, quelque part, peut être qu’il voit quand même en moi un fils ou quelque chose dans le genre et… Minute. - Je suis désolée, Marius... Je n'aurais pas du m'emporter à ce point, je... Ce n'est pas ta faute, toute cette histoire, c'est la mienne... Laisse-moi le temps, s'il te plait... Je ne l’écoute plus, je fais même un pas en arrière. Ce n’est pas possible, il joue la comédie. Il n’a jamais été comme ça fasse à moi, et vu les gifles qu’il m’a foutu, il voulait me les mettre les deux. Il ne s’est pas emporté, à aucun moment. Il était froid, il était déterminé, il était parfaitement lucide.

Il se fout juste de ma gueule.

La colère revient. En revanche, nous devons tout de même partir. Il est là, le coup fourré. Et même si je suis content de l’avoir trouvé, de m’en rendre compte, ça fait mal parce que j’y ai presque cru. - Comprends bien que si je pouvais tout maîtriser, ce serait plus simple... Je le pousse en arrière, violemment, avant de lui cracher dessus un peu de ce sang qu’il a fait couler. « JE LE SAVAIS ! Tu peux pas t’excuser sans que ça cache quelque chose ! Tu avais prévu qu’on parte depuis le début, tu viens de le dire ! Et tu voulais ME faire porter le chapeau pour que Martial ME déteste et pas toi ! » Je me déteste d’avoir pu croire une seule seconde qu’il ne me détestait pas. Je suis stupide, bordel, je suis tellement stupide de continuer à espérer un peu de… je ne sais pas quoi de sa part. Mais non, ça reste un connard ! Et même si je n’ai plus les papiers nécessaires pour le foutre en prison, ça ne change rien au fait qu’il me conforte dans mon idée que ma vie et celle de Martial ne sera que mieux lorsque je serai débarrassé de lui.

Je m’enfuis vers la porte d’un pas précipité avant de la claquer dans un presque traditionnel « JE TE HAIS PAPA ! » qui résonne dans l’appartement.


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Hippolyte Caesar
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MessageSujet: Re: Caesar's disease [ft Marius Caesar -13 ans]   Caesar's disease [ft Marius Caesar -13 ans] Icon_minitimeDim 20 Sep 2015 - 22:10

Caesar's disease

" What are you looking at ? "
Quelques gouttes de sang crachées au visage, voilà tout ce qu'Hippolyte récolta pour s'être comporté en parfait connard avec son fils. S'attendait-il à autre chose ? Au fond, non. Mais il avait espéré un peu plus de compréhension de sa part, un peu plus de... Souplesse. Quelle ironie de demander cela à son fils quand lui même était incapable de faire preuve d'autre chose que d'intransigeance. Marius était le digne fils d'Hippolyte dans le sens où lui non plus ne laissait rien passer à son père. Chaque erreur il la retenait, chaque écart il le notait.

Et il ne manqua pas de le lui faire remarquer à nouveau. Hippolyte se redressa en grognant, une goutte de sang lui brûlant la rétine, et foudroya Marius du regard. Quel petit con... Ingrat, inconscient, incapable de comprendre quoi que ce soit... L'idiotie incarnée, que son père aurait volontiers balayé d'un geste dédaigneux de la main s'ils n'y avait pas eu ce fichu lien du sang entre eux.

- Et bien tu viens de me donner une raison supplémentaire de ne plus jamais m'excuser auprès de toi, Marius... Puisque c'est inutile, tu prends tout de travers. C'est à se demander si ta bêtise est une tare ou si tu le fais vraiment exprès...

Il n'eut pas le temps d'ajouter quoi que ce soit que déjà, l'adolescent était partit en claquant la porte, sur un dernier « je te hais ! » qui résonna dans tout l'appartement. Victoire n'allait probablement pas tarder à venir voir ce qui se passait, et serait sûrement étonnée de trouver son époux avec la pommette fracturée et du sang sur le visage. Qu'importe. Hippolyte n'en avait que faire, et surtout il n'avait pas envie de répondre à la moindre question. Plus maintenant. Il aurait aimé avoir une conversation civilisée et polie avec Marius, mais c'était à croire que dès lors qu'ils se trouvaient dans la même pièce, une sorte de tension montait et les poussait à se disputer violemment.

Hippolyte avait tenté une forme de sympathie douteuse et maladroite... Pour finalement lamentablement échouer, car une fois de plus il prouvait que ce qui passait bien avant le bonheur de ses enfants, c'était sa propre réputation. Les prochains mois seraient difficiles. Très difficiles. Probablement plus que tout le reste, mais Hippolyte ne s'en formalisait pas plus que ça. Etant donné toutes les démarches qu'il avait à remplir avant leur départ, il ne risquait pas d'être très souvent chez lui. Il apparenterait cette forme de lâcheté à du devoir, prétendant qu'il avait besoin de travailler... Mais c'était en réalité une manière détournée et totalement fourbe d'éviter le moindre contact avec Marius... Et ainsi les disputes.
crackle bones
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