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 After all this time...? [Martial Caesar]

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Moira Kovalainen
Moira Kovalainen

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SUR TH DEPUIS : 30/04/2015
MessageSujet: After all this time...? [Martial Caesar]   After all this time...? [Martial Caesar] Icon_minitimeVen 18 Sep 2015 - 22:12

After all this time... ?

" Moira Kovalainen & Martial Caesar "
Ce matin là, je me levais. Mécaniquement. Machinalement. Sans aucun but particulier, je me rendais à la salle de bain. Le miroir ne renvoyait plus aucun reflet, je l'avais brisé d'un coup de poing rageur quelques jours auparavant. Je faisais couler un bain glacé, sans pour autant être gênée par les frissons qui me parcourais le corps. Plus rien n'avait d'importance... Plus depuis ce jour-là. Depuis Kingsley. L'immonde rat d'égout qui m'avait arraché l'amour de ma vie. J'avais vécu dans le mensonge et le déni pendant cinq ans, mais me rattacher à un infime espoir m'avait aidé à garder la tête hors de l'eau. Depuis, je coulais à pic et m'étonnais de ne pas m'être encore noyée. C'était donc ça que l'on ressentait ? Ce vide au creux de la poitrine, ce goût de cendre dans la bouche et l'incapacité à ressentir autre chose que du dégoût et de la haine ? Ironiquement, j'aurais préféré ne jamais rencontrer ce type et rester dans l'illusion. J'aurais passé le restant de mes jours à stagner, mais je n'aurais pas ressenti cette douleur insupportable qui me vrillait le crâne depuis près d'une semaine.

Je n'avais rien avalé depuis. Tout ce que je mangeais disparaissais dans les toilettes, et même les sucreries me soulevaient l'estomac. Je devais faire peine à voir, entre mon expression belliqueuse et les cernes d'une nana qui de devait pas avoir dormi plus de trois heures en quelques jours. Dès que je fermais les yeux, j'entendais le rire de Moren et j'avais l'impression de revivre en boucle la mort de William, chose qui était impossible puisqu'il l'avait tué bien avant... Et surtout, je n'avais pas été en mesure de lui exploser le crâne sur ses murs si blancs, si effroyablement blancs... Je ne rêvais plus que d'une chose : Lui faire la peau, lentement, sournoisement... Je voulais réduire ces cinq années de recherche et d'angoisse à quelques heures de torture pour expier mes propres péchés et lui faire subir le sort qu'il méritait. Je me sentais capable du pire... Absolument plus du meilleur. Et ça faisait mal... Dieu que ça faisait mal...

J'avais enterré un cercueil vide quelques jours auparavant, coupé mon téléphone et m'étais enfermée chez moi. Personne ne savait, et je ne me sentais pas capable de le dire à qui que ce soit. Si j'avais pleuré ? Non. J'en avais été incapable. Je ne réalisais pas encore totalement, et tant que je n'aurais pas passé le stade de la colère, je ne pouvais m'autoriser la moindre larme. Je me sentais simplement vide, répugnante et indigne. Comme si j'avais poussé la main du tueur qui avait assassiné William. C'était ça, la culpabilité du meurtrier ? Je m'en serais bien passé. Quoi que tu fasses, Moren, j'aurai ta peau...

Je m'extirpais alors de mon bain, le vidais et enfilais un peignoir avant de me laisser retomber sur le lit. Quatre jours de silence total, il était peut-être temps de rallumer mon téléphone. Ne serait-ce que pour voir si mon agent artistique ne s'était pas encore mis en tête que j'avais été enlevée. Deux messages. Des bêtises de Seth qui se demandait pourquoi je n'étais pas venue boire un coup avec lui la veille, et un de Marius. Je fronçais les sourcils. Depuis quand cette andouille me demandait d'aller vérifier si son frère n'était pas rentré chez lui ? Il m'avait donné un double des clés au cas où, mais à aucun moment je n'avais imaginé devoir m'en servir. Sur le coup, je fus tentée de lui répondre que j'étais malade, ou une connerie du genre... Et je me rappelais l'angoisse de l'attente, l'incertitude quand un proche disparaît... Je savais Marius très proche de son frère, et je me faisais aussi beaucoup de soucis pour Martial. Seulement, mon inquiétude avait été totalement balayée par les récents événements. Je soupirais, lui répondais un simple et bref « ok », et jetais le téléphone sur le lit.

Je ne pouvais de toute manière pas rester enfermée toute ma vie, à ruminer mon chagrin et ma haine... Il fallait que je bouge, et vite ! Alors je me levais, enfilais une sobre tenue noire et nouais mes cheveux en chignon. Quitte à m'introduire chez Martial par effraction, autant limiter le nombre d'indices susceptibles de me dénoncer : Jusqu'à preuve du contraire, il n'avait ni les cheveux longs, ni roux.

Dans la rue, je marchais d'un pas vif en regardant le sol, le nez enfoncé dans mon écharpe. Il faisait toujours un froid polaire, mais ça avait le mérite de me réveiller. Je bousculais un couple au passage, me fichant royalement d'avoir gêné mademoiselle, et continuais mon chemin vers le centre ville. Je priais tous les dieux possibles et imaginables, de Vénus à Thor en passant par tous les Fir Bolg d'Irlande pour ne pas croiser une connaissance. Je n'avais pas que ça à faire, et surtout je ne voulais pas expliquer à qui que ce soit pourquoi j'avais l'air prête à tuer le premier venu.
Je m'engouffrais dans la rue menant à l'immeuble où vivait Martial, rentrais le code de la porte d'entrée et montait rapidement les marches menant au troisième étage. Je n'étais pas si loin de chez Moren... J'aurais pu faire un détour par chez lui et lui arracher les yeux avec la clé que j'insérais à présent dans la serrure... Mais c'était une mauvaise idée. J'avais pu constater qu'il était bien meilleur que moi en matière de meurtre.

Une fois à l'intérieur, je retirais mon écharpe et la posais sur la patère de l'entrée. Tout semblait... Normal. Comme si l'appartement avait été quitté le matin même. Une pile de courrier attendait d'être ouvert sur le meuble de l'entrée, un téléphone et quelques affaire étaient posés sur la table basse dans le salon... Tout était on ne peut plus normal, et pourtant l'appartement était inhabité depuis un mois, selon Marius. Méfiante comme je l'étais depuis ma rencontre avec Kingsley, je saisis le revolver que j'avais fixé à ma ceinture, et en retirais le cran d'arrêt. Sait-on jamais, je n'étais pas une grande tireuse, mais au moins j'aurais de quoi me défendre. J'évoluais entre le salon et la salle à manger à la recherche d'un indice, quelque chose qui indiquerait que Martial était passé... Lorsque soudain, la porte d'entrée s'ouvrit derrière moi.
Je brandis mon revolver, visant la tête de l'intrus, une expression haineuse sur le visage.

« Qui va là ? Déclinez votre identité ou je t... Martial ? »

Je baissais mon arme, ébahie. Je fis un pas, puis deux dans sa direction, et restais toujours bouche bée.

« Qu'est ce que... Mais t'étais où, pendant tout ce temps ? Marius s'est fait un sang d'encre et je... Minutes, vu ta tête, tu es déjà au courant. C'est ton frère qui m'a passé les clés, il s'inquiétait... Tiens, je te les rends. »

Je lui tendis alors le trousseau et me dirigeais vers la porte, fuyant comme la peste la moindre contact avec qui que ce soit. Je m'arrêtais néanmoins avant d'en franchir le seuil.

« J'imagine que tu es parti pour une bonne raison, alors si tu veux en parler... Je ne suis pas loin. Contente de te savoir de retour, Martial. »

C'était la pire entrée en matière du monde. Ou sortie, au choix. J'espérais simplement qu'il ne m'engueulerait pas pour être entrée chez lui sans permission... Bien que tout ceci aurait été parfaitement légitime.
crackle bones
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MessageSujet: Re: After all this time...? [Martial Caesar]   After all this time...? [Martial Caesar] Icon_minitimeMer 28 Oct 2015 - 23:29

Parmi les feuilles mortes, dans les décombres d’un ancien temps, où la nature, maîtresse a fièrement repris les rênes de son existence. Parmi la neige s’effaçant sur nos pas, une fois le soleil disparu derrière l’horizon. Dans ces lieux hors de la vague humaine vous rappelant continuellement la rapidité auquel ce dernier passe ; le temps vous emportera si vous le laissez prendre l’avantage. Il vous détruira, vous emportera si vous ne savez pas lui dire de ralentir la cadence, le forcer à durer, s’éterniser sur des journées sans lendemain, sans rien à faire. Dans cet état d’âme où votre folie se laisse transporter, où votre pensée se dissimule sous le bruissement des branches d’arbres dénudées de leurs feuilles. Quelques bourgeons affirment le présent, la grisaille n’ayant pas dit son dernier mot, enveloppant une fois de plus ces enfants sous une couche glacée à laquelle personne ne pourra échapper, pas même celui qui tente de la fuir, dissimulé sous un manteau. Ses pas inaperçus le fondent dans cette nature oubliée parmi ses paysages où il semble avoir trouvé un endroit où se calfeutrer. Somnolant dans la carcasse de sa voiture, il évolue dans un pays qu’il n’aurait pensé visiter de cette manière, dans cette atmosphère mystique qu’il n’aurait jamais pris le temps de découvrir s’il n’avait jamais eu ce déclic profond de s’en aller, fuir loin de cette ville l’emprisonnant depuis bien trop de temps. Bien trop longtemps.

C’est ce que chaque passant, chaque inconnu dirait de moi, verrais si un observateur aguerri se prenait au jeu de cette folie inattendue. De cette incohérence du paumé dans les terres égarées, désormais oubliées par les hommes préféré se terrer aux mêmes endroits. Vivant à la petite heure, sans la moindre question du lendemain, je passe inaperçu à travers les stations essence pour mieux dissimuler ma présence, la passant invisible, imprévue mais également indifférente. Personne ne fera attention à ma personne si je reste suffisamment effacé pour ne pas attirer le moindre regard vers moi. Qui se poserait la question de ma présence, la ville est loin, pour eux je ne suis personne, je ne suis rien qu’un vagabond sous les traits épais de la fatigue. L’avocat semble carapaté parmi les décombres du passé, le rythme lent des jours passant m’apporte cette sensation que je suis partie des mois. Le sablier s’écoulant n’est pourtant pas ce qu’il semble être.

Dans les premières lueurs de la nuit tombée, j’ai retrouvé les clés pour rentrer, celles qui depuis plus d’un mois n’avaient pas quitté l’endroit où elles avaient été posées, dans l’attente d’un retour vers cette ancienne vie à laquelle j’avais fermé les portes ; fuir pour me donner la possibilité de marquer un temps, de stopper. D’arrêter toute cette folie, de marquer une pause. De pouvoir retrouver le contrôle de ce qui me dépassait, de ce auquel j’avais perdu toute emprise, les laissant glisser entre mes doigts. Pour finalement décider d’affronter, me retrouver au perron de mon appartement, d’entrer.
Et me retrouver le révolver au poing.
Dans mon propre appartement.

« Tu es sérieuse là ? »

Reconnaissant la silhouette, je n’ai pas bronché face à l’arme. Elle aurait pu tirer, rien ne l’empêchait d’appuyer sur la détente, mais la colère grondait bien trop fortement pour que je cherche à la rassurer d’une quelconque manière. Elle n’était pas supposée se trouver là. Elle n’avait rien à faire ici, chez moi, dans mon appartement. Alors que foutait-elle là ?
A ses questions, je n’ai pas répondu, me contentant d’observer, de regarder. Je l’ai dardé sans mot dire, rien pour la contrarier, alors que la colère grondait, que j’aurais lâché une tornade si j’avais pu.

« Je regrette déjà mon retour »

C’était cynique, gratuit, méchant. Pour mes proches pour tout le monde, même si je venais de voir mon frère quelques temps avant ; tout semblait aller si vite que je me sentais encore ailleurs, là-bas le là-bas qui m’avait accompagné voilà maintenant trop de temps. A vrai dire, je ne savais pas quoi faire, quoi dire, comment réagir me comporter, si je devais être souriant, aimable, accueillant, faire semblant, en parler. Je ne savais pas, je ne savais plus. A embrasser trop longtemps cette solitude désirée, je n’avais plus la moindre idée de la manière de procéder de me rapprocher d’eux, ceux qui m’aimaient, s’inquiétaient. Alors je choisissais de les laisser s’en aller, sans les retenir, ignorant presque, fermant les yeux pour ne pas réparer les évidentes erreurs, les laissant s’éloigner de moi. Pour leur propre bien, il était mieux qu’ils n’approchent plus.
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Moira Kovalainen
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MessageSujet: Re: After all this time...? [Martial Caesar]   After all this time...? [Martial Caesar] Icon_minitimeDim 1 Nov 2015 - 20:32

After all this time... ?

" Moira Kovalainen & Martial Caesar "
Qu'est ce que j'foutais là... ? A l'instant même où Martial avait posé un pied dans son appartement, son chez lui que j'avais honteusement et illégalement violé, je m'étais sentie comme brusquement tirée d'un rêve. Et le retour à la réalité était loin d'être agréable. Parce que je me sentais conne d'être venue, me contentant d'un « ok » en voyant la requête de Marius sur mon téléphone le matin même... Si j'avais eu toute ma tête, je lui aurais dis que c'était une mauvaise idée, que ça ne se faisait pas, blablabla... Je me serais moi-même énervée si j'avais trouvé quelqu'un chez moi en mon absence, même Marius ou Seth. Alors oui. Je me sentais totalement en tort, et je ne trouvais même pas les mots justes pour m'excuser, tant je me sentais de trop. Seulement, je n'étais pas idiote. Ou du moins j'espérais ne pas l'être.

Martial n'avait pas le visage de celui qui revient de vacances, reposé, détendu, rien de tout cela. Il avait les traits tirés, la mine d'un type qui ne dort pas assez, qui a trop de soucis à porter sur ses épaules pour pouvoir continuer à vivre correctement. Était-ce mon propre état quasi catatonique qui me rendait plus perspicace vis à vis de la mauvaise humeur des autres ? Pourquoi pas, après tout... Martial avait beau tenter de rester calme, ses quelques mots crachés sans la moindre sympathie ne mentaient pas, eux. Et je commençais à en avoir plus qu'assez de ces gens qui préfèrent repousser une main tendue plutôt que de se confier. A vrai dire, ça ne m'aurait pas étonnée qu'il ne veuille pas me dire pourquoi il avait l'air si mal. Après tout, trop d'années séparaient notre complicité passée, et ce n'est pas parce que j'avais lamentablement pleuré dans ses bras que ça me donnait un quelconque privilège sur ses confidences. Seulement, j'avais l'impression de voir le même phénomène qu'avec son frère : A préférer détourner le regard en lançant pour l'un une remarque acerbe, pour l'autre une connerie. C'était trop compliqué de baisser sa garde et de cracher ce qu'on avait sur le cœur ? C'était ironique, mais j'étais dans un tel état de colère, de tristesse, et de toute une foule d'autres sentiments négatifs, que je me sentais comme enfermée dans un cocon de noirceur. A tel point que si Martial s'était mis à me hurler dessus, soit pour me reprocher d'être entrée chez lui, soit pour enfin se décider à parler, je n'aurais pas bronché. Ou plutôt, j'aurais encaissé la chose, sans la prendre pour moi. J'avais dépassé le stade de la susceptibilité, et je refusais de rester ainsi, la main posée sur la poignée de la porte, prête à partir.

Non je n'avais pas envie de voir qui que ce soit. Mais l'homme qui me faisait face, ce n'était pas le Martial que j'avais connu. Y avait en lui trop de colère, trop de haine refoulées pour que ce soit normal. J'ignorais ce qu'il avait pu traverser mais quelque part je le comprenais. La rancœur me bouffait les entrailles à m'en rendre malade, et je m'étonnais moi-même de m'entendre parler avec autant de calme.

« Je suis désolée, Martial. Vraiment. J'ai commis une erreur, je n'aurais pas du... J'aurais pas du entrer chez toi comme ça, c'est con, j'me faisais du soucis et... Laisse tomber. J'suis désolée. »

Difficile de chercher à s'excuser quand on marche sur des œufs... Je le sentais capable d'exploser à tout instant et pourtant, quelque part, j'avais le sentiment que c'était probablement ce qu'il lui fallait. Alors je lâchais la poignée, faisant un pas dans sa direction tout en respectant une certaine distance entre nous.

« Mais tu ne me feras pas croire que tu vas bien ou que t'es rentré de ton plein gré. Tu as la tête d'un type qui préférerait être à des années lumière d'ici... Je ne sais pas ce que tu as traversé ni ce qui t'a changé à ce point-là. Mais y a quelque chose qui cloche, et ce n'est pas en essayant de l'enterrer que tu parviendras à l'oublier. Tu penses te protéger en repoussant ceux qui veulent t'aider ? Ça ne fait que t'empoisonner, au contraire... »

Mon ton n'avait rien d'agressif ni de condescendant. Tout ce que voulais, c'était tenter d'aider un ami. Même si je m'y prenais maladroitement, même si je n'avais rien à faire là... J'aurais aimé que quelqu'un me tende la main si j'avais été dans son cas. Et quelque part, j'étais dans le même cas, à traverser probablement la pire période de mon existence. Ce n'était même pas la curiosité morbide qui me motivait, au fond je me fichais bien des détails. Si pour qu'il chasse cet air morose il fallait parler du temps qu'il faisait dehors, alors nous parlerions de la météo.

« Laisse-moi t'aider, au lieu de me repousser... »

Il m'enverrait peut-être balader, qui sait... Mais au fond, qu'est ce qu'on avait à perdre, lui et moi ?
crackle bones
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MessageSujet: Re: After all this time...? [Martial Caesar]   After all this time...? [Martial Caesar] Icon_minitimeLun 4 Jan 2016 - 17:13

Elle est entrée par effraction chez moi, sans réfléchir, sans se demander si effectivement c’était juste, c’était bien. Comme si Marius aurait pu le faire, supposant qu’il lui a donné le double de mes clés. Ironique, quand le propriétaire rentre sans pouvoir reconnaitre sa propre habitation, puisqu’en absence ceux qui le pouvaient se sont empressés d’en prendre possession de se l’accaparer. Un mois. Que se passerait-il si un an s’était écoulé. Cette arme ridicule fut reposée, et je campais face à elle, tandis que platement elle se confondait en piètre excuses. Piètre, c’est le mot, il sera difficile pour la pardonner. Quand vos propres amis semblent devenir vos ennemis, c’est à se demander s’ils ont été bien choisis. Les années écoulées ne permettent aucunement de le déterminer, deux inconnus peuvent se connaitre depuis des années sans leur permettre de se rejoindre sur des lignes similaires. Parfois leur chemin reste parallèle, jusqu’à les faire diverger dans des directions opposées qu’il n’est plus aisé de retrouver. C’est trop tard, c’est passé : rien ne permet de ramener le passé au présent, quand lui-même a amené la destruction des relations sans que personne ne s’en doute ou ne mesure sa portée avec intérêt.

Un sourcil se haussa. D’où se faisait-elle du souci ? Nous ne partagions plus rien depuis la fin du conservatoire, avortée par mes études de droit. Une ligne avait divergé par rapport à l’autre, avortant tout ce que nous avions vécu ; je l’enviais d’avoir cette chance qu’il ne me serait plus permis d’avoir, certainement elle qui m’a empêché d’ouvrir davantage les yeux. Aujourd’hui encore, ils demeurent fermés face à l’éventail de troubles devant moi et auquel je ne peux échapper. Tout semble devenir noir quand devant vous se tient ce mur recouvert de ronces toutes aussi blessantes les unes que les autres. Mon absence n’a pu que confirmer l’ampleur du problème : au lieu de le détruire, la fuite en arrière s’est prononcée dans l’éventail des possibilités, dans la recherche d’un contournement pour passer de l’autre côté. Il n’y en aura pas. Il faut le détruire ou recommencer à partir de rien jusqu’à ce qu’il revienne vous rendre visite, une fois de plus. Effacer ses origines jusqu’à ne plus exister soi-même, est-ce vraiment ce que je souhaite ? M’oublier, c’est ça ? Sans oublier de blesser, faire mal à ceux qui n’attendent qu’une main dans leur direction pour vous relever. Est-ce si compliqué à comprendre ? Compter sur les autres n’était qu’une option à utiliser en dernier recours et à voir la réaction de Moira, autant ne même pas l’envisager.

« Je serai le seul à décider si tu es apte à m’aider ou me détruire. Ton inconscience a manqué de me tuer, et tu voudrais m’aider ? C’est assez paradoxal. »

Cynique, je demeure difficilement convaincu de sa bonne foi ; il m’en faudra davantage pour que la confiance revienne. Son intrusion l’a brisé en une fraction de seconde, la remettant directement en cause ; elle ne se regagnera pas si facilement à l’avenir. Sans réfléchir, elle a compromis la naissance d’une amitié retrouvée après des années de silence. Le pardon n’est plus une option à chacune des déceptions que je subis de la part de mes proches : il faudrait être convaincu que cela en vaudra le coup, qu’il pourra y avoir un dénouement prometteur. Auquel cas, autant ne rien faire ou dire : autant les choses s’envenimer et passer à autre chose. Est-ce vraiment cela que je souhaitais en revenant ? Avoir la confirmation que je pourrai désormais partir, que tous m’avaient oublié, que je ne valais plus rien à leurs yeux ? Peut-être. Se faire détester par tous peut aider à passer le cap, à couper le cordon, puisque vous ne comptez plus dans le cœur, ne valez plus rien. Sans mot dire, mes affaires se sont posées à mes pieds, tandis qu’à ses mots je ne réponds rien. La laisser m’aider, vraiment ? Pourquoi voudrait-elle se lancer dans une quête aussi désespérée ? c’est idiot de sa part, et j’ignore cette requête à laquelle il n’y a aucune réponse à apporter.

« Pourquoi es-tu là ? Certainement pas pour arroser les plantes ou ouvrir mes volets »

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Moira Kovalainen
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MessageSujet: Re: After all this time...? [Martial Caesar]   After all this time...? [Martial Caesar] Icon_minitimeDim 10 Jan 2016 - 13:59

After all this time... ?

" Moira Kovalainen & Martial Caesar "
Qu'est-ce que je pouvais bien lui dire ? M'excuser ne servait à rien, me justifier encore moins. De toute manière, je n'avais aucune excuse pour me trouver là. Si j'avais eu toute ma tête au moment de répondre à Marius, je n'aurais pas envoyé ce ridicule et bête « ok » mais plutôt quelque chose du genre « lâche-lui la grappe, à ton frère, j'vais pas entrer par effraction chez lui ». Oui... Si j'avais été en mesure de mettre mes idées et pensées en ordre, je lui aurais probablement répondu ça. Au lieu de ça, j'avais attrapé les clés qu'il m'avait confiées et était entrée dans cet appartement qui n'était pas le mien sans le moindre scrupule. Sans éprouver la moindre honte à l'idée de violer ainsi l'espace personnel de Martial. Pourquoi ? Tout simplement parce que j'avais l'esprit trop embrumé, trop perturbé pour réfléchir. Quand je cherchais distraitement un indice ici, c'était les paroles de Kingsley qui me revenaient en tête. Quand j'essayais de comprendre la raison de son départ, c'étaient celle d'Artur que j'entendais.

Il avait fallu que je me retrouve face à un Martial absolument pas ravi de me voir pour que mon cerveau se remette en route et me fasse comprendre que là, j'avais bien merdé. Alors, je me sentais conne, piètre espionne en quête d'informations et d'indices, prise sur le fait et incapable de me défiler. Car si j'avais un instant songé à partir sans demander mon reste, je n'arrivais pas à franchir la porte d'entrée de cet appartement. Et lui qui continuait à me regarder comme si j'étais un parasite... J'avais compris le message, mais ça je me gardais bien de le lui faire remarquer. Je n'étais vraiment pas en état de me disputer avec qui que ce soit. Si je m'étais tenue éloignée de tout le monde depuis deux semaines, c'était pour une bonne raison, et je n'aurais pas dû renoncer à cela aussi facilement. Je ne voulais pas me précipiter vers un conflit que je n'aurais pas su maîtriser, consciente que je risquais de monter aux créneaux en quelques secondes, ou contraire de rester sans voix et de simplement subir ses reproches. Alors pourquoi j'étais venu, alors que je savais pertinemment que je risquais de me retrouver dans cette situation délicate ? Je ne savais pas vraiment... Peut-être qu'au fond, j'avais envie de parler à quelqu'un qui semblait lire en moi comme dans un livre ouvert, qui ne risquait pas de prendre les choses à la rigolade... Ou peut-être étais-je simplement complètement idiote, c'était une solution à envisager.

Vexée, j'ouvrais la bouche pour répliquer lorsqu'il me rappela que j'avais failli le tuer, mais la refermais immédiatement. Préciser que je tirais aussi bien au pistolet qu'un aveugle, c'était sûrement une mauvaise idée. Je me contentais de croiser les bras avec un hochement de tête entendu. Très bien. S'il voulait de mon aide il l'aurait, sinon... Et bien sinon j'avais survécu à bien pire. J'avais surtout oublié que s'ils étaient jumeaux, Marius et Martial n'étaient pas franchement fait sur le même modèle. Marius, il suffisait de lui raconter une ânerie et d'attendre cinq minutes pour qu'il arrête de bouder. Martial... C'était plus subtil, et je l'avais oublié, avec les années. J'avais oublié que nous avions perdu le contact au point de ne plus être que des étrangers l'un pour l'autre... Je l'avais oublié, car pour moi les années ne comptaient pas. Cinq, dix, quinze ans... Avait-on vraiment besoin de s'attarder sur le fait que nous avions grandi, vieilli, mûri... Changé ? A croire que oui.

Lorsque Martial me demanda ce que je faisais chez lui, je restais un moment silencieuse. Ah ça non, je n'étais pas là pour arroser les plantes... Non, j'étais là pour rendre service à Marius. Parce qu'il me l'avait demandé. Ca, c'était la version officielle, la plus bateau... La moins honnête.

« Ton frère se faisait du souci, il m'a demandé de passer pour voir si je ne trouverais pas quelque chose qu'il aurait pu rater. C'était idiot, je n'aurais pas dû accepter et... »

Et même si c'était vrai, j'avais l'impression de lui mentir. J'étais une très mauvaise menteuse, et ce depuis toujours. Quand je commençais à monter un char à n'importe qui, il y avait écrit « coupable » sur mon front et je finissais généralement par cracher la vérité, même si elle était parfois difficile à entendre. Sauf que cette fois... La vérité impliquait que je me confie à quelqu'un dont je ne savais plus grand chose depuis dix ans et ça... C'était autre chose. Car la véritable raison de ma présence était bien plus tordue, bien plus complexe, et je doutais qu'il soit en mesure de comprendre. Il aurait fallu vivre quelque chose de similaire pour comprendre, de toute manière. Seulement, au point où j'en étais, je lui devais bien la vérité. Je m'étais mise dans la merde toute seule comme une grande, je ne risquais plus grand chose à m'enfoncer plus encore.

« Ok... Ça c'est la version officielle. Tu veux la vraie raison de ma présence ici ? Y a cinq ans, j'étais fiancée à un violoncelliste, j'étais même prête à me marier. Sauf qu'il avait le malheur d'être un mutant, tout comme moi. Il a disparu, sans laisser la moindre trace et sans qu'on sache s'il était parti de son plein gré ou s'il s'agissait d'un enlèvement. Je l'ai cherché partout sans succès, et j'ai appris il y a deux semaines qu'il avait été... Qu'il avait été assassiné par un type que tu connais bien, puisque tu travailles avec lui. Alors quand Marius m'a dit que tu avais disparu sans un mot, j'ai fais un calcul très con, j'ai pensé que tu pouvais avoir subi le même sort, et je ne souhaite ça à personne. Je ne voulais pas non plus que Marius traverse ce que je vis en c'moment. »

Voilà. C'était dit, et j'en refoulais les larmes d'amertume et de chagrin que je refusais de verser depuis deux semaines. Je détestais cette vérité, car était elle bien trop emprunte de tristesse pour qu'on ne me prenne pas en pitié. Ou pire, qu'on me pense assez bête pour l'utiliser pour attendrir les gens. J'avais extrapolé ce que m'avait dit Marius, j'avais imaginé que parce qu'il était un mutant, son frère l'était peut-être aussi, que travaillant avec Moren, ce dernier l'aurait pris en chasse... Maintenant que j'y repensais, ça relevait plus de la paranoïa qu'autre chose.

« La vérité la voilà. Je ne te demande pas de me faire confiance ou d'avoir pitié de moi, c'est vraiment pas ce que je cherche. Seulement que je n'avais aucune mauvaise intention en venant ici. J'ai commis une erreur, j'en suis désolée et je tâcherai de me racheter. »

Comment ? Aucune idée. Il fallait déjà qu'il ne me rit pas au nez pour ce que je venais de lui dire... Je voulais bien assumer mes erreurs, mais certainement pas me laisser fusiller en place publique pour avoir eu la pire idée de l'année.
crackle bones
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MessageSujet: Re: After all this time...? [Martial Caesar]   After all this time...? [Martial Caesar] Icon_minitimeMer 3 Fév 2016 - 19:27

Il n’y a rien à dire. Rien que ne vaille la peine d’être prononcé. Rien qui pourrait lier les deux morceaux de la corde tranchée, rien qui pourrait donner un semblant d’espoir dans un monde paradoxal où à la fin il ne reste que votre instinct pour vous assurer que votre folie semble réelle et justifiée. Se transformer en monstre pour se débarrasser des semblables à son propre frère et sang, voilà où elle mène, cet idéal où les origines génétiques des individus déterminent dans quel camp ils seront. Injuste et pourtant réel, j’ai participé à cette pression sans jamais admettre combien elle s’éloignait de mes idéaux à mesure que j’ouvrais les yeux. Coincé dans une spirale infernale, la seule manière d’en sortir a été d’y échapper en m’en allant aussi vite que je le pouvais, sans me retourner, sans penser à tout ce que je serai susceptible de perdre, pour ne voir que du mal dans cette vie bâtie sur un mensonge. L’étendue des personnes capable de s’inquiéter pour votre propre personne vous prenait parfois de court, particulièrement quand ils arrivaient sans prévenir dans votre appartement alors qu’ils n’auraient jamais dû s’y trouver. Depuis ma dernière visite à l’hôpital, Moira semblait avoir cherché à s’approcher d’une certaine manière de ma famille sans pourtant percevoir avec certitude de quels côtés ses intentions se portaient ; certains secrets semblaient mieux fermés n’est-ce pas ? Jusqu’à ce que je sache ce qu’il en était de ses agissements, elle se tiendrait au minimum requis de la situation trop complexe à laquelle elle ne devait aucunement se retrouver confrontée. Aucune prise de risque supplémentaire, quitte à blesser ses propres sentiments pour la protéger.

« Et pourquoi Marius n’est pas avec toi ? »

Quel inconscient ! A accorder sa confiance sans réfléchir, voilà où cette histoire nous menait ! A devoir me justifier devant une amie de longue date mais en qui rien n’avait été construit depuis des années ! Et il faudrait que je m’explique face à elle plutôt qu’un autre ? En quel honneur… pour trop s’immiscer, il n’y aurait rien qu’elle ne pourrait savoir, rien à se mettre sous la dent.
Le déluge s’abattit dans mes oreilles pour recevoir des aveux dignes d’une confession à un curé pour obtenir l’onction. Je n’avais pas besoin d’entendre toute cette histoire, encore moins qu’elle ne me la tambourine telles les vagues d’un tsunami. Douche froide, comme pour m’assurer une fois de plus que sa présence n’était qu’une conséquence de ma disparition inattendue. Personne n’a pu comprendre que mon refus de répondre ne traçait finalement que ma volonté de ne jamais être trouvé ? J’avais simplement besoin de prendre cette distance de tout ce qui devenait trop néfaste, sachant évidemment que si j’en informais qui que ce soit, on se chargerait de m’en blâmer d’une raison ou d’une autre ou de me chercher alors que je ne souhaitais avoir la paix.

« Je suis désolé pour ton ami. »

Il n’y avait rien de plus à ajouter, puisque rien ne pourrait changer cette distance que son erreur venait de créer. Cette méfiance me grignotait le cœur, arrachant jusqu’au moindre pan de ma conscience sans que je puisse y échapper véritablement. Pourtant, je demeurais stoïque, sans l’ombre d’un mouvement, observant la jeune femme avec cette once de vigilance qui ne me quittait pas. Poings serrés malgré moi, je semblais effrayant. Epuisé.
En revanche, la suite fut plus intéressante à entendre, plus déroutante d’ailleurs. Secouant la tête, je refusais une fois encore.

« Tu n’as pas à te racheter. Aucunement. Il serait préférable que tu rejoignes ta famille et que tu t’occupes des tiens. Marius est au courant de mon arrivée, toi aussi maintenant, tu n’as plus à t’en faire pour quoi que ce soit. »

L’éternel refrain de l’avocat prêt à balayer d’un revers de main ceux qui pourraient lui apporter davantage qu’un simple refus. Il demeure pourtant palpable, celui que personne ne souhaite affronter. Je n’attends rien de la part de Moira, rien qui pourrait la mettre en danger. Se trouver ici représente déjà un risque non négligeable. Quand mes parents sauront mes intentions, la situation ne fera qu’empire, devenu ennemi des hunters mais également des mutants me craignant encore dans le camp des ennemis. Il n’y a aucune place dans cette situation à partager à mes côtés, pas même pour m’aider. C’est à moi de nettoyer le bordel que je créerai. Moi et moi seul.
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Moira Kovalainen
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MessageSujet: Re: After all this time...? [Martial Caesar]   After all this time...? [Martial Caesar] Icon_minitimeSam 20 Fév 2016 - 20:09

After all this time... ?

" Moira Kovalainen & Martial Caesar "
« Et pourquoi Marius n’est pas avec toi ? »

Je plissais les yeux, silencieuse. Lorsque j'avais rallumé mon téléphone pour consulter mes messages, je n'avais pas regardé la date à laquelle Marius m'avait envoyé son message. Aussi, je ne savais pas si Martial était passé le voir avant de rentrer chez lui – bon sang qu'est ce que je foutais là ? – et s'il était au courant que Marius était prêt à être papa. Cette raison là expliquait à elle seule l'absence du second des jumeaux. Seulement, je gardais cette réflexion pour moi, lui préférait un haussement d'épaules et une version plus diplomatique.

« Je n'en sais rien... J'imagine que ces derniers temps, il passe plus de temps avec sa... Copine, ou la mère de son enfant, je sais pas trop comment on doit l'appeler, étant donné la situation. »

Je ne savais pas trop comment formuler ça, c'était un simple constat de ma part. De toute manière, j'avais depuis longtemps abandonné l'idée de suivre la vie amoureuse de Marius. Déjà parce que ce n'était pas mes affaires, mais surtout parce que c'était un merdier sans nom et que j'avais bien mieux à faire. Et ce jour-là, j'aurais eu bien mieux à faire que ruiner la fragile amitié que nous avions retrouvé avec Martial, bien mieux à faire que me pointer ici sans permission... J'aurais eu bien mieux à faire, comme me morfondre en rejouant inlassablement les mêmes concertos de Vivaldi qu'il aimait tant. Ressasser sans cesse les mêmes souvenirs si douloureux, que j'aurais dû pouvoir évoquer avec joie mais qui maintenant me fendaient le cœur. Ouais... J'avais bien mieux à faire que m’immiscer ainsi dans la vie des autres.

Pourtant, malgré mes excuses et mon envie évidente de foutre le camp au plus vite, je ne pouvais m'empêcher d'observer Martial et d'être frappée par son changement. J'avais presque l'impression de voir quelqu'un d'autre, un reflet déformé de ce qu'il avait été lorsque nous étions ados. Que t'était-il arrivé, Martial Caesar pour ne plus être toi, pour à ce point tenir à un rôle qui ne t'allait pas ? J'avais presque envie de le secouer pour lui remettre les idées en place ou le réveiller, pour le pousser dans ses retranchements, finalement... C'était comme si derrière ce masque de froideur se cachait autre chose. Plus sombre ou plus lumineux, ça j'étais bien incapable de le deviner. Et alors que je lui confiais la véritable raison de ma présence, sa remarque me fit sursauter. Mon ami ? J'avais envie de rire jaune. William n'avait pas été mon ami. Il avait été bien plus que cela, tant et si bien que je n'étais pas capable de le définir. Car finalement, il avait été ma première histoire sérieuse après Martial. Et encore... Nous étions ados, est ce que cela comptait vraiment ? Si l'on comptait que mon affection pour lui ne s'était jamais réellement tarie, probablement.

Je restais silencieuse alors que les mots me démangeais. L'acidité des paroles que j'avais en tête me brûlait la langue, mais je me contentais, consciente que c'était avant tout ma colère et ma douleur qui s'exprimeraient, pas la raison. Mon frère avait raison, finalement... Quelque part, mon chagrin brisait tout autour de lui et me poussait à commettre des erreurs que je regretterais tôt ou tard. Je fini par secouer la tête en baissant les yeux. Que je ne m'en fasse pas ? Il tirait une tête d'enterrement, s'était absenté pendant un mois sans dire un mot à qui que ce soit et ne voulait pas que je m'en fasse ? Bon sang Martial, à quoi joue-tu ?

« Je ne sais pas à quoi tu joues, Martial, mais tôt ou tard tu perdras la partie. Tu peux chercher à tromper qui tu veux avec ça, mais il y a des gens qui te connaissent assez pour savoir que ça, ce discours prémâché, ce n'est pas toi. Je me souviens d'un autre Martial, qui n'avait pas besoin de porter à ce point un masque. »

Consciente que cette discussion n'irait pas plus loin et qu'il était temps pour moi de rentrer, je me dirigeais vers la porte.

« Demande-toi pour qui tu le joues, ce rôle. »

Pour ton père et ses idées absurdes ? Pour ton frère qui t'idéalise tant qu'il ne t'imagine pas agir comme toi tu le voudrais ? Ou simplement par facilité ? Quelque part, je m'en voulais de lui mettre ça sous le nez, mais je ne pouvais le garder pour moi. J'aurais préféré voir le vrai Martial, celui qui se cachait sous le rôle du comédien. Seulement j'étais bien mal placée pour exiger ça de lui.

« Prends soin de toi, Martial, j'espère que les choses s'arrangeront pour toi, quelle qu'ait été la raison de ton absence. »

Je sortis dans le couloir, poussant un soupir de lassitude en sentant l'atmosphère se radoucir. Trop de questions encombraient mon esprit et trop d'incertitudes également. J'avais brisé quelque chose, et n'avais aucune idée de la façon dont je pourrais replacer les pièces du puzzle pour reconstruire quelque chose de logique et agréable à regarder. Bravo, Moira. Toujours aussi douée pour t'attirer des emmerdes.
crackle bones
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After all this time...? [Martial Caesar]

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