Sujet: hold me, wrap me up. (salomé) Sam 25 Oct 2014 - 8:04
▲ We were here yesterday, now we seem so far away. So open wide your wounded heart, feel yourself be blown apart, open wide your wounded heart, it’s a funny place to start. But in the light of the sun, we are found we are undone. In the light of the sun, we are all one.
Il a commencé à marcher, sans trop savoir pourquoi, sans trop savoir vers où. Noeh a enfilé sa veste et s'est éloigné de l'hôpital, les poings enfoncés dans ses poches, le pas rapide, presque désordonné. S'éloigner, de crainte de vouloir y rester, pour se garder du monde, pour se protéger des autres, là, entre les murs. Noeh marche, à travers des rues qu'il a déjà tant parcourues mais qu'il redécouvre avec les yeux de la méfiance, comme si le diable pouvait se cacher là, derrière un angle, au-delà d'une allée. Il file au travers de ses tourments, désorienté, presque égaré, rappelé en ces lieux par la force de l'habitude. Noeh l'impétueux, le provocateur, ne rit plus du tout, il a perdu l'éclat, la lumière, et il erre à la recherche de familiarités, d'un rien, pour se rassurer. Le bar qui a si souvent accueilli ses insomnies s'equisse sous la pluie, qui trempe les vêtements du jeune homme et nimbe sa peau d'une fraicheur bienvenue. Il n'a pas l'cœur à y pénétrer pourtant, c'est un territoire qui ne lui appartient plus, c'est le territoire de celui qu'il n'est plus, et ce Noeh là en serait malade, s'il pouvait se voir, debout sous l'orage, à contempler un passé qui s'est échappé, qui lui a échappé. Seulement Noeh n'est plus vraiment Noeh et qu'importe s'il essaie de marcher dans les mêmes traces, cette force de vie qui l'habitait n'est plus qu'une ombre, elle s'est laissée ravager par la démence, par ce monstre qui dort en chacun de nous et que ne réveille que la douleur et l'humiliation, la faiblesse et la trahison. Puisque ce que le destin ne peut obtenir de notre raison, il l'obtient de notre folie, en infligeant le coup de grâce propre à chaque être, ce point de rupture décisif. Et Noeh, on lui a volé sa liberté, son précieux libre-arbitre, à lui, le libre penseur, le rêveur, l'insoumis. Il porte une cigarette à ses lèvres, inspirant la fumée salvatrice, ce bout de souvenirs, ce geste mécanique, trace indélébile de ce qu'il a été, de ces instants secrets comblés des rires de sa sœur et de ses amis. Ça a quelque chose de rassurant, de sacré. Quelque chose qu'il avait avant Adriel, qui lui appartient, et qu'il n'a pas pu lui prendre. Les secondes s'écoulent et se transforment en minutes, et la solitude l'étouffe autant qu'elle le protège. Il sent qu'il lui manque quelque chose pourtant, une partie de lui, un pan entier de son être. Une sorte de vide que très peu de choses pourraient occuper, une seule à vrai dire, mais Salomé n'est pas là, et ce néant au creux de son âme se transforme en vertige. Plus que tout le reste, c'est ça qu'Adriel lui a pris pendant des mois. Il serre le poing, alors que la pluie masque ses yeux embués de larmes, et la colère se mêle à la tritesse, au désespoir presque vorace. Il arrache à sa cigarette une autre bouffée de nicotine et, étrangement, il sent l'apaisement, doucement, ses doigts se relâcher pour libérer la peau qu'ils abîmaient de leurs ongles. Il lève le nez vers la voûte celeste imprégnée de rage, qui lui renvoie l'écho de sa propre détresse. Et son regard lentement redescend vers le sol, mais il sait avant même de la voir qu'elle n'est pas loin. C'est elle, qu'il ressent et qui lui réchauffe le cœur. Elle n'est pas loin, sa Salomé, il sait sans même la voir, et un sourire, timide, se teinte au coin de ses lèvres.
Dernière édition par Noeh Callahan le Sam 25 Oct 2014 - 19:06, édité 1 fois
Salomé Callahan
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Sujet: Re: hold me, wrap me up. (salomé) Sam 25 Oct 2014 - 14:21
tearstream down on your face.
When you try your best, but you don't succeed, When you get what you want, but not what you need, When you feel so tired, but you can't sleep, stuck in reverse. When the tears comes stream and down your face. When you lose something you can't replace. Could it be worse? Lights will guide you home, and ignite your bones. And I will try... to fix you.
Un gouffre s'était ouvert sous ses pieds, et elle se voyait plonger dans un néant prêt à la garder captive, son esprit se perdant dans les brumes de l'incompréhension. Il n'était pas là. Vide la chambre de son frère, et voilà que son coeur dans sa poitrine s'affolait. Ses yeux parcouraient la pièce d'un bout à l'autre, comme si la brune s'attendait à le voir apparaître dans un coin, incapable d'imaginer qu'il lui soit à nouveau arrivé quelque chose. Et puis, la douce colère, bien plus agréable que la panique qui commençait à l'envahir. Familier péché capital qui l'habitait depuis des mois désormais, plus facilement contrôlable que de céder aux affres de la tristesse. Une infirmière de passage, vivement interpellée et foudroyée sous le regard noir de la chasseresse, qui d'un geste brusque retint son avant bras, laissant la marque rouge de la poigne de ses doigts sur son poignet. « Où est mon frère ? Noeh Callahan, où est-il ? » Les mots sortaient brutalement, parce que Salomé n’avait pas le temps pour la politesse, elle devait aller droit au but, alors ses paroles se bousculaient dans l’urgence du moment, que son interlocutrice ne semblait pas saisir. « Mais il est sorti il y a une heure, mademoiselle. » Sorti. Un instant, les lumières du couloir se mirent à se dessiner en étoile autour d'elle, sous l'étourdissement de la nouvelle. Et un grand vide qui se creusait, là, dans sa poitrine. Immobile, ses nerfs se relâchant un peu trop brusquement peut être, voilà que sa gorge se serrait dans un étau invisible et que devant ses yeux tout se brouillait. Et en à peine une seconde, Salomé disparaissait au bout du couloir, totalement perdue. Ses pieds se mélangeaient dans l'escalier, et elle passa les portes vitrées de l'hôpital sans bien savoir ce qu'elle devait faire. Matthias deviendrait fou, s'il apprenait que Noeh avait quitté l'hôpital seul, au risque de se retrouver repris dans les griffes du danger à peine dehors. Un frisson glaça l'échine de la jeune femme, qui sortit un instant son portable de sa poche, ses mains tremblantes s'activant sur les touches dans l'espoir d'y découvrir un signe de vie de son jumeau. Rien. Ses jambes étaient prêtes à défaillir sous son corps. Avec maladresse, elle extirpa de son sac son paquet de cigarette, en allumant une comme si celle ci se révélerait salvatrice, tentant de se canaliser. Où es tu, Noeh ? Est-ce que cela s'arrêterait il jamais ? N'y avait-il pas une once de lumière au sein de ces ténèbres qui avaient englouti leurs vies sans prendre la peine de s'annoncer ? Ne pleure pas, Salomé. La brune releva la tête, son regard s'assombrissant. Elle avait assez pleuré, assez déconné. La folie ne devait pas s'insinuer dans son esprit, comme elle menaçait de le faire depuis des semaines. Le sang des Callahans brûlait dans ses veines, donnant à son corps la force nécessaire pour avancer. Elle devait le retrouver. Et elle le retrouverait. Inéluctablement.
Ses lourdes mèches brunes gorgées d'eau tombaient en désordre de part et d'autre de son visage, et la pluie la glaçait jusqu'aux os. Ses pas l'avaient guidée jusqu'à ce lieu dans lequel avait si souvent résonné la musique de Noeh, les notes s'y dispersant encore et encore, en faisant le sanctuaire du génie artistique de son frère. Une intuition viscérale, inexplicable, et la voilà qui avec raideur s'arrêtait subitement, là, au beau milieu de l'étroit parking faisant face à la bâtisse. L'énième cigarette continua à se consumer dans sa main, avant de venir trouver le sol et se noyer dans une flaque. Un instant, tout se bouscula dans sa tête, et puis, enfin un silence, un calme qui y prit place, apaisant chaque tension, détendant chaque muscle, et offrant à son visage une expression paisible, pour la première fois depuis le début de cette année cruelle. Un sourire se dessinait sur ses lèvres, et elle ferma les yeux une seconde, les larmes jaillissant entre ses longs cils et se répandant sur ses joues humides, savourant ce moment. Elle fixait son frère, il savait qu'elle était là, elle le lisait sur les traits de son visage qu'elle arborait en miroir sur le sien. Combien de fois au juste, avait-elle imaginé un instant similaire, seule dans la pénombre de son appartement, enchaînant verres après verres ? Ne t'enfuis pas, Noeh. Reste avec moi. Ne me laisse pas. Ce n'était pas comme dans les films, Salomé ne courrait pas vers lui en sautillant, en criant son prénom au ralenti. Elle avançait, simplement, son pas s'accélérant légèrement tout en ouvrant les bras pour l'attraper et le serrer contre elle, de crainte qu'il ne lui glisse entre les doigts, une fois encore. Serrant sa tempe contre la sienne, le souffle court tandis que son cœur tambourinait dans sa cage thoracique, incapable de souffler mot, et les larmes continuant à se mêler à la pluie en dégringolant sur les vêtements de son frère. Ce moment pourrait durer toute une éternité, qu'elle ne s'en plaindrait guère. Enfin pouvait elle redevenir elle-même, retrouvant cette moitié si précieuse qui faisait ressortir le meilleur en elle. Avec tendresse, elle serrait ce jumeau perdu, et enfin depuis des mois, cet instant lui arracha un sanglot, puis deux, puis trois. La libérant de la noirceur qui l'avait emprisonnée sans même lui permettre de pleurer correctement sa douleur. Et puis, un léger mouvement en arrière, et ses mains se posèrent sur les joues de son frère, le temps de contempler ce visage adoré enfin libéré de cette chambre d'hôpital, enfin de retour auprès d'elle.