i. comment êtes-vous entré parmi les hunters?
Disons que c'est une tradition familiale, tout simplement. Je n'ai pas eu le choix, mon père me l'a enseigné dès mon plus jeune âge. Je ne m'en plains pas. Les mutants sont des êtres dangereux et qu'il faut tuer. Certes, c'est la pensée qu'on m'a donné au cours de mon enfance qui me fait dire ça, mais j'ai aussi appris à me faire mon propre avis sur la question. Les mutants doivent mourir, pour la sécurité de tous.

ii. avez-vous déjà effectué votre devoir de chasseur ?
Par là, vous entendez tuer des mutants ? Si c'est le cas, alors la réponse est oui. Je n'ai eu aucune hésitation à le faire chaque fois que je l'ai fais et je n'en éprouve aucun remord. Ils ne sont pas comme nous, ce ne sont pas des humains. Leur prendre la vie, les empêcher de blesser et tuer des gens est l'une de mes plus grandes fiertés. Oui, je suis fier de mettre fin à leurs vies.

iii. les mesures du traité de protection des mutants vous font-elles peur ?
Peur ? Non, pas vraiment. Elles m'ont simplement déçues. Je ne comprends pas quel est l'intérêt de garder cette race en vie. Certes, il arrive à certains d'être utiles, mais de la à les protéger. Ils sont dangereux pour l'humanité, mais l'humanité prend la décision de les protéger. C'est le serpent qui se mord la queue, l'absurdité de notre monde. De toute façon, ça ne m'empêche pas de continuer à en tuer, je me fais simplement plus discret.

iv. que pensez-vous de l'élection récente de thaddeus lancaster à la tête du comté ?
Enfin un homme qui réfléchit et qui agit, voilà ce que j'en pense. Je me dit qu'avec un homme de sa trempe à la tête du comté, on finira peut-être enfin par faire quelque chose à propos de ces transmutants. Du moins, de la plupart. Son idéal est louable et cela nous permet, à nous chasseur, de pouvoir agir un peu plus à notre guise.

Ma naissance n'a pas été naturelle, du moins pas tant que ça. Mes parents ne pouvant concevoir, ils se sont adonnés à des pratiques médicales pour procréer. Ils se sont retrouvés avec deux garçons jumeaux et deux filles jumelles. Un quatuor Vassiliev pour leur plus grand plaisir. Ce n'était pas sans mal qu'ils ont dû tous nous élever, mais après tout, c'était leur choix. On peut dire qu'ils s'en son assez bien sorti, tellement qu'ils ont eu le temps de nous apprendre ce pour quoi ils se battaient, ce qui les rendaient unique. Baigné dans la chasse depuis mon enfance, je n'ai connu que ce monde. Je n'ai pas eu d'enfance, ni vraiment d'adolescence. J'étais plus préoccupé par mon apprentissage dans l'ombre. Bien sûr, ça n'a pas eu de très bonnes répercussions sur mon caractère, mais je ne m'en suis jamais soucié et aujourd'hui encore je m'en fiche complètement. Malgré tout, à l'âge de l'adolescence, j'ai commencé à me détourner un peu du chemin. J'ai découvert le plaisir que me procurait une bonne baston. J'en faisais souvent. Pour quelles raisons ? Aucune, juste parce que j'aimais la sensation de frapper mes adversaires et d'être victorieux. Mais j'ai aussi et surtout découvert un autre monde, qui me procurait plus de plaisir encore. Comme tout adolescent dont les hormones sont en ébullitions, j'ai découvert les plaisirs de la chaire et j'en ai fais mon addiction. Une délicieuse addiction que je peux rajouter à la longue liste à vrai dire. C'est ainsi que je peux résumer ma jeunesse, en un simple et court paragraphe. Mieux vaut ne pas en dire assez que trop après tout.

Je me souviens de mon premier meurtre, de ma première chasse. J'avais dix-neuf ans il me semble à l'époque. C'était mon père qui m'avait lancé dans ma première chasse. Il m'avait donné une cible, un transmutant avec une vie banal, mais un pouvoir dangereux. J'avais attendu qu'il sorte de son boulot pour le pister discrètement. Il regardait souvent derrière lui, comme s'il m'avait repéré. Au bout d'un moment, il a tourné dans un cul de sac, mais je ne me suis pas jeté bêtement dans la gueule du loup. J'ai attendu qu'il en ressorte, prêt. Par chance, personne n'était dans la rue lorsqu'il a décidé de sortir, se sentant en sécurité. C'est là que je l'ai attrapé par le col et que j'ai planté mon couteau dans son torse. Une fois. J'ai levé mes yeux pour croiser les siens et je l'ai planté une deuxième fois. Du sang coulait de sa bouche et la vie quittait doucement son regard. Je me cachais dans la ruelle avec son corps et l'observait, totalement inerte. Je me sentais puissant. Puissant de pouvoir retirer une vie si facilement. Aucun remord, aucun regret. J'étais heureux. Je me savais capable de tuer ces êtres immondes. C'est de là qu'à commencé mes nombreux meurtres, mes nombreuses réussites qui m'ont valu une certaine popularité auprès des autres chasseurs.

L'amour, ah l'amour. Je n'ai jamais vraiment cru à ces conneries. L'amour, c'était juste un sentiment créé par les bouquins pour attirer les bonnes femmes. L'attirance oui, l'attachement d'accord, mais l'amour ? Non, c'était stupide. Pourtant, je me suis fait attrapé par ces absurdités. C'était une jeune femme brune qui avait perdu les clés de sa maison et qui tentait d'enfoncer la porte avec ses petites bras. Je n'ai pas pu m'empêcher de la trouver amusante et d'aller me porter à son secours. A partir de là, nous avons commencé à boire quelques verres, faire des sorties pour finir par se mettre ensemble. Je l'aimais, oh oui je l'aimais. Comme un fou ! Chaque instant passé loin d'elle m'était insupportable et chaque moment en sa compagnie me rendait heureux. Pour une fois avec quelqu'un, en dehors de ma famille, je savais sourire et aimer. Je l'ai demandé en mariage, au bord d'un lac et nous nous sommes mariés plus tard. C'était mon bonheur, mon ange tombé du ciel.

Sept longues années d'enfer se sont écoulés ensuite. Je suis parti à la guerre, avec mon frère jumeau Fenrir. Militaires tous les deux, nous étions dans la même équipe. Lui était sniper et moi homme d'assaut. J'ai toujours préféré la proximité en matière de combat. En même temps, c'était un choix judicieux puisque notre attachement nous rendait plus fort. J'ai toujours été particulier avec ma famille. J'aime ma famille, c'est évident, mais j'ai ma manière de leur montrer. Jamais ou alors très rarement je ne les ai pris dans mes bras ou quoique ce soit, mais j'ai brisé la main de celui qui avait quitté ma sœur et l'avait laissé en larme et je gardais toujours un œil sur mon frère lors de nos missions à l'armée. Je n'avais pas besoin de tous ces gestes d'affections inutiles, ce n'était pas pour moi. Enfin, j'ai donc passé sept ans en tant que militaire, à tuer et à protéger comme ce fut le cas tout le long de ma vie. Ma femme, Elise, m'a aussi annoncé la merveilleuse nouvelle de sa grosses pendant ces années là. Seulement, tout a viré au drame. On sait que j'ai toujours été badboy plutôt que bon élève. Des conneries, j'en ai fait tellement que les compter prendrait une éternité. Ma plus grosse avait été de détourner les fonds d'une entreprise plutôt célèbre. J'avais besoin de fric et c'était la solution la plus simple pour en emmagasiner beaucoup. Sauf qu'évidemment, ce n'est pas passé inaperçu. Il me fallait disparaître avant de tomber dans les ennuis. J'ai donc prétendu, lors d'une mission, avoir été touché par une balle perdue de mon frère. Ainsi, je mourrais aux yeux du monde et ma famille ainsi que ma femme et mon futur fils n'étaient pas en danger. Ça signifiait devoir me séparer d'eux et même si cette pensée m'était douloureuse, je préférais souffrir que les voir souffrir. Surtout ma chère épouse et mon futur fils...

Tout a changé, ce fameux jour. Ce jour où Elise devait donner naissance, ce jour où je l'ai aperçue pour la dernière fois. Il y a eu des complications, elle est morte en accouchant. Mon fils n'a pas survécu non plus. J'ai hurlé de rage en l'apprenant, j'ai frappé le médecin en pleine face et j'ai dévalisé l'hôpital telle une tempête. Même les gardes qui sont venues pour me faire sortir s'en sont sortis avec des côtés cassé et un bras tordu. Plus rien ne comptais, plus rien n'avait d'importance. La vie m'avait repris tout ce que j'avais, comme en guise de punition pour toutes mes mauvaises actions. Elle voulait que j'apprenne de mes erreurs sans doute, mais je n'en avais rien à  foutre. J'ai préféré faire un grand doigt d'honneur à la vie et me renfermé encore plus que je n'avais pu l'être. L'amour n'existe pas, je le savais. S'il existait, alors pourquoi partirait-il si vite ? J'étais amoureux, pour en sortir d'avantage blessé. J'ai décidé de partir, d'aller ailleurs. Radcliff, dans le Kentucky. C'était loin, c'était parfait. Il me fallait une nouvelle vie. J'étais mort, tout ce qui m'entourais aussi. Je devais être quelqu'un d'autre, changer du tout au tout. J'ai ouvert une boîte de luxure, une boîte destinée à accueillir toutes ces personnes en recherche de sensations physiques. La rose rouge, c'est son nom. Voilà ma nouvelle vie, loin de ma vie de couple et du militaire que j'étais. Le passé appartenait désormais au passé, je continuerais comme il me plait rien que pour emmerder cette salope de vie.

Saül, c'est un nom tellement évoquer dans mon esprit désormais. Qui est-ce ? Rien de plus que l'une de mes pétales comme je les appelle. Une simple marchandise qui vend son corps pour mon bon plaisir, comme les autres. Si seulement ça ne pouvait être que ça. Il est le seul à réussir à me troubler autant. Comme arrive-t-il à me faire rire alors que je ne riais plus ? Comment arrive-t-il à me faire éprouver des remords alors que je n'en ai jamais eu ? Parfois j'aimerais laisser mes mains entourer son cou pour l'empêcher de respirer, d'autres fois j'ai simplement envie de sentir sa peau contre la mienne. Son innocence me rebute autant qu'elle me fascine. Je le hais et le désire à la fois. Oui, il arrive à avoir cette influence sur moi. C'est du poison, un délicieux et dangereux poison. Je n'arrive plus à me contrôler en sa présence, je n'arrive plus à raisonner comme il faut. Pourtant, même en dehors de tout ça, il représente ce que je hais le plus. Un mutant. Ses dons me permettent de me faire encore plus de fric, mais il me dégoûte tellement. Et en même temps non. Il me déstabilise, il me rend fou et ça m'énerve. Quelle en sera l'issue ? Soit je le détruis et je m'en régale, soit je deviens intime avec lui et je prends mon pied. L'un ou l'autre, c'est ce que mes pulsions réclament. Comment fait-il pour éveiller mon cœur pourtant mort il y a plusieurs années déjà ?