Radcliff, l'appartement de Blake. C'était un peu comme rentrer chez lui pour Caleb. Il savait que c'était un peu idiot et qu'il serait incapable de rester avec le blondinet plus de quelques jours. Il aurait trop l'impression d'être en prison dans une telle ville, dans un tel endroit. Il ne supportait plus d'être longtemps au même endroit depuis leurs années dans les Boot Camps. Impossible de rester ici, même pour Blake. Et puis, il devait se rendre à l'évidence, sa relation avec l'autre garçon n'avait rien d'établi, rien de normal non plus, il ne voulait surtout pas que cela change et qu'ils se doivent quoi que ce soit. Mieux valait profiter des choses sans chercher à comprendre.

Il était débarqué le soir assez tard. N'osant pas réveiller son hôte, il avait dormi dans le canapé après l'avoir débarrassé de quelques boîtes vides, un soupçon amusé par le bazar habituel de l'endroit. Il donnerait un petit coup de propre le lendemain. Il savait très bien qu'il serait réveillé par son « colocataire » infortuné. Contrairement à l'autre garçon, il n'était pas vraiment le genre à dormir d'un sommeil lourd. Il avait conservé des Boot Camps cette horrible paranoïa nocturne, cette sensation que s'il s'endormait trop profondément, on viendrait le poignarder dans le dos. Chacun ses traumatismes. Il ouvrit donc les yeux quand l'éboueur se réveilla à pas d'heure et alla travailler. Et impossible pour le brun de se rendormir après cela. Heureusement qu'il n'avait jamais eu besoin de beaucoup de sommeil...

Il commença donc à ranger vaguement l'endroit, vidant surtout le frigo du pauvre garçon au petit déjeuner... Bon, il alla faire les courses avant que son ami revienne, mais il était effectivement un affreux morfale. Il était -encore- en train de se préparer à manger quand l'autre rentra. Ils partagèrent donc un repas, mais l'éboueur alla se faire une sieste comme à son habitude... Caleb n'allait pas le blâmer, il faisait ce qu'il voulait, il était chez lui, non ? Enfin, il allait avoir quelques heures à occuper du coup. Il commença par ranger le salon, faire la vaisselle, ce genre de truc qu'il n'avait l'occasion de faire qu'ici. C'était sans doute con, mais il aimait bien ranger le bazar de son petit protégé. Sans doute aussi parce qu'il préférait squatter un appartement presque rangé. Et puis en utilisant à outrance son don, le rangement devenait très rapide. Il dut juste faire un gros goûter...

Finalement, il décida de ranger un peu la chambre, ramassant le linge sale, l'envoyant dans la machine à laver sans effort. Mais rester non loin de Blake finit par le déconcentrer. Il s'approcha du lit, se penchant sur son ami. Il l'embrassa délicatement. Cela ne le fit pas même bouger. C'était drôle. Le brun se glissa à côté de lui, un sourire pervers aux lèvres, celles-ci commençant à dévorer chaque pan de peau dénudée. Il n'obtint rien de plus qu'un léger grognement une fois. Pas très flatteur.

« Tu sais que ça devrait être interdit d'être aussi bandant que toi ? »murmura-t-il doucement en repoussant la tignasse du plus jeune, conscient que de toutes façons, il ne se réveillerait pas, quoi qu'il dise.

Il continua quelques longues minutes à chuchoter des insanités qui aurait fait se suicider n'importe quel prêcheur religieux, puis il se contenta d'observer le garçon. Il avait l'air si apaisé quand il dormait, presque serein. Il avait du bol. Caleb eut un soupir. Parfois, il enviait le peu d'ambition de son camarade, sa naïveté, sa simplicité. A son salut encore un peu endormi, le brun se contenta d'un sourire doux et protecteur, l'observant avec amusement. Il avait vraiment un réveil digne des plus gros dormeurs, c'était vraiment drôle à voir. Il resta encore quelques minutes allongé dans le lit, le plafond s’avérait presque passionnant à regarder.

Il finit par se lever, arrivant un peu avant l'autre dans le salon, ayant alors tout loisir d'observer son torse dénudé, ce qui lui arracha un sourire satisfait. Il haussa les épaules en l'entendant. « Ouais, mais bon, c'est un peu le comble pour un éboueur de vivre dans une poubelle, et puis, j'avais pas grand chose à foutre. Et puis, ça me dérange pas trop que tu sois un peu cochon... » Un sourire pervers s'étira sur ses lèvres à sa dernière phrase. Il se demandait s'il serait resté si attaché à lui, si à la sortie du camp, Blake ne l'avait pas laissé salir ses draps. Peut-être, quoiqu'il doutait de la pureté de son amitié pour le plus jeune. Sans doute n'était-il qu'un pervers. Mais, ce n'était pas nouveau.

« Sortir ? Ouais, ça peut se faire. Tu pensais à quoi exactement ? Enfin, il est un peu tôt pour sortir non ? On va encore croiser trop d'honnêtes gens pour que ce soit amusant... » déclara-t-il en s'approchant de son ami, lui tournant autour, presque carnassier, s'arrêtant dans son dos, se collant à lui sans aucune gêne, alors que ses mains glissaient sur ses cuisses pour remonter sur son torse. « Tu veux pas qu'on reste un peu seuls avant de sortir ? Parce que franchement, t'es sacrément aguicheur quand tu dors... »murmura-t-il d'une voix tentatrice à son oreille, alors que ses mains se promenaient avec sensualité sous son tee-shirt.

Sentir le corps de son ami se coller un peu plus contre lui, c'était à chaque fois une forme de victoire. Son léger soupir ne lui échappa pas non plus. Il connaissait assez bien ce cher Blake pour ne rien rater de ses réactions. Il aimait se rendre ivre de lui, de sa présence, mais il ne voulait pas risquer l'overdose, c'était pour cela qu'il quittait si régulièrement ce garçon si important à ses yeux, pour cela qu'il ne se privait pas d'aller dans d'autres bras, pour ne pas devenir trop dépendant de cette drogue si douce que représentait ce petit bout de paradis, un paradis cradingue, mais habité par un ange foutrement plus bandant que ceux que la Bible décrivait. Caleb avait beau n'y songer que par intermittence, il savait que ce qu'ils vivaient été voué à changer avec le temps et ne voulait pas être brisé par l'évolution de leur relation. Il ne fallait pas être devin pour savoir qu'ils ne fondraient jamais une belle famille. Ils valaient bien mieux que cela quand ils étaient tous les deux. Alors, il valait mieux ne croire qu'en l'éphémère plaisir et contribuer à son éternelle damnation. Amen.

Il n'eut pas vraiment le loisir de répondre à son protégé. Il était bien trop occupé par leur galochage. Il devait avouer que Blake était doué pour cela. Enfin, pour tout ce qui avait trait à la débauche en fait. Pourtant, ce n'était pas les expériences et les points de comparaison qui manquaient à Caleb. Il avait testé beaucoup de choses et il ne serait clairement pas bon d'évoquer certaines pratiques extrêmes qu'il avait pu apprécier dans sa démesurée perversité, mais dans le « modéré » Blake était ce qui se faisait de meilleur à ses yeux. Ses mains qui avaient quitté son corps pour le laisser se tourner se replaçaient avec une certaine douceur, l'une dans son cou, appuyant de ses caresses leur profond échange de salive, l'autre se glissant à nouveau sous son tee-shirt, son pouce taquinant la peau de son aine. Il fut presque déçu de l'entendre reprendre la parole, mais il combla sa frustration, en embrassant son coup, le mordillant par endroit.

« Hmm tu aurais dormi une heure de plus, je pense que je n'aurai pas résisté... Mais je t'assure que tu te serais réveillé... Ou alors, tu sous entends que je suis soporifique au lit ? Ce n'est pas ce que disent les autres pourtant... »souffla-t-il à son oreille avec un soupçon de provocation dans la voix.

Il releva la tête pour croiser le regard bleuté et pervers de son compagnon de débauche. Ils avaient quand même eu du bol de tomber dans le même camp de redressement... Ce n'était pas tous les mecs qui étaient aussi ouvert question sexualité. Enfin, c'était surtout lui qui avait de la chance, l'autre savait apprécié le charme des femmes de ce qu'il en avait vu. Alors que lui... Il plaidait coupable, il n'aimait que le culs des hommes. Oh bien sûr, il pouvait mécaniquement satisfaire une femme, mais il n'y prenait pas de plaisir et devait pour conserver un minimum de crédibilité songer qu'il faisait cela à quelqu'un d'autre, d'un autre sexe. Alors que là, sentir les mains déboutonner sa chemise suffisait à faire monter en lui une forte concupiscence.

« J'espère bien... Va falloir que tu travailles dur pour que j'accepte de te pardonner après ça... C'était une véritable torture de devoir me retenir de te violer.. Maintenant, au moins, j'ai ton consentement... »

Il attendit que l'homme finisse de déboutonner sa chemise pour la faire glisser de ses épaules, la laissant tomber sur le sol heureusement propre. Il enleva avec moins de lenteur le tee-shirt du jeune homme, collant leurs torses nus l'un contre l'autre, le poussant avec une certaine fougue contre le premier mur venu. Il dévora son cou avec avidité, alors que ses mains offraient des caresses sensuelles à son corps en partie dénudé, une main sur son torse, l'autre perdu dans sa crinière folle. Il avait tellement envie de lui. Il ferma quelques secondes les yeux, et le mur derrière eux disparut et ils tombèrent dans le lit alors qu'il refermait le portail qui les avait conduit là. Au moins, Blake pouvait aisément deviner que son amant était d'humeur impatiente.