Sujet: cold shoulder (adrisan) Mer 21 Sep 2016 - 2:54
you say it's all in my head and the things i think just don't make sense so where you been then? don't go all coy, don't turn it round on me like it's my fault see i can see that look in your eyes, the one that shoots me each and every time coldshoulder@adele
Chaque pas est te rapproche de ton but. Chaque pas te fait du bien. Chaque pas te ramène les pieds sur terre, même si tu es si loin, perdue dans tes pensées et dans tes rêveries. La musique qui joue trop fort dans tes oreilles, elle n’a plus la même représentation, elle n’a plus la même définition. Chaque chanson te semble vouloir dire quelque chose de nouveau, quelque chose que tu n’étais pas capable, ou plus capable de percevoir. Ton regard sur la vie a changé, tout te semble plus beau, tout te semble plus beau. Tu aimerais pouvoir prétendre que tu ignores la raison de tous ces changements vis à vis des petites choses, des petits bonheurs, mais tu sais trop bien ce qui s’est passé entre aujourd’hui et la semaine passée. Elias Åkerfeldt. C’est lui qui provoque tout ça, qui change ta vision, qui te fait sentir un peu plus légère aujourd’hui que tu ne l’étais la veille. Ce bonheur que tu ne touches pas encore concrètement, mais qui est là, juste au bout de tes doigts, tu peux voir à quel point il est près de toi et tu as tellement peur de faire un faux mouvement et de tout gâcher. C’est tellement nouveau, tellement fragile que tu ne sais plus comment tu es censée agir, tu ne sais plus comment tu es censée te sentir, tu ne sais plus quelles sont censées être les prochaines étapes dans cette aventure qui est si nouvelle et si ancienne à la fois. Malgré toi, tu ne peux pas t’empêcher de penser à Adam, aux années qui ont passées depuis qu’il vous a quitté Eli et toi pour une destination inconnue, vers un monde dont on ne connaît absolument rien. Et toutes ces pensées, toutes ces idées, elles se mélangent constamment dans ta tête, demandant à être triées, à être comprises pour que tu puisses finalement retrouver la paix d’esprit. Tu as penser à texter ta sœur pour lui parler de ton besoin viscéral de lui parler, mais tu t’es plutôt dit qu’une visite en personne, ça parlerait bien plus fort que quelques lettres, quelques mots formées banalement sur un écran de téléphone. Alors sans attendre plus longuement, tu as enfilé tes souliers de course et tu as profité du fait qu’Eli soit parti chez un ami pour l’après-midi pour payer une petite visite à ta petite sœur qui te manque bien plus que tu ne veux l’admettre. Tu es contente qu’elle soit retournée chez elle, avec Adrian et toi, surtout vu la grossesse, mais tu ne peux t’empêcher de te dire que tu étais drôlement bien lorsqu’elle dormait dans la chambre en face de la tienne. Ça facilitait bien des choses et surtout, tu étais incroyablement rassurée de la savoir si près.
Devant la maison, tu t’arrêtes pendant quelques secondes pour reprendre ton souffle alors que tu fermes la musique qui jouait auparavant si fort dans tes oreilles. Tu peux presque entendre la voix de ta mère dans ta tête qui te rappelle sans cesse de baisser le son, que tu vas finir sourde un de ces jours. Un frisson te parcoure alors que ton esprit est envahi de tous ses gens qui ne sont plus alors que tu es perdue à savoir quelle place tu dois laisser à ceux qui sont encore là, ceux qui sont bien vivants, ceux qui t’attendant à bras grand ouvert. Tu échappes un long soupir avant de placer un sourire sur ton visage alors que tu frappes trois petits coups contre la grande porte massive de la maison de ta sœur. Décidément, ça va te faire du bien de la voir et de pouvoir lui parler de vive-voix. Tu n’es pas certaine qu’elle est là lorsque tu aperçois que sa voiture n’est pas dans l’entrée, mais tu ne peux pas t’empêcher de garder espoir que ce soit elle et sa grosse bedaine qui t’accueille à la porte. Ton sourire diminue légèrement lorsque la porte s’ouvre sur ton beau-frère, mais tu tentes tant bien que mal de ne pas laisser la déception s’afficher complètement sur ton visage. Adrian. Tu prends sur toi lorsque ta sœur n’est pas loin, tu fais comme si rien n’avait changé, comme s’il n’y avait aucun problème, mais lui comme toi, vous savez que votre relation n’a plus rien à voir avec celle qu’elle a pu être autrefois. Tu le connais depuis toujours, et pourtant, tu as de plus en plus de mal à le reconnaître, ou du moins, à l’apprécier comme avant. Pour Evie, tu joues le jeu. Parce qu’elle a vécu des choses tellement difficiles ces derniers temps que la dernière chose que tu veux en tant que sœur, c’est de lui mettre de la pression sur les épaules parce que tu n’arrives plus à t’attendre parfaitement avec son mari. Alors tu joues un peu la comédie, pour faciliter. Mais ton jeu, il n’est pas toujours bon. Et le sien non plus, lui qui se fait doux et gentil pour remonter dans ton estime et toi qui te joue un peu de cet avantage. Malheureusement pour vous, ça ne pourra pas durer éternellement. Mais ce n’est pas ça que tu as envie de régler aujourd’hui. Tu as envie de rester sur ton nuage en ce moment. Tu as envie de parler d’Elias et d’avoir une discussion digne d’adolescentes de seize ans, malgré la quarantaine qui approche dangereusement. « Hey Adrian. » Ne pas paraître froide, ne pas paraître expéditive. Faire comme si de rien était, encore et toujours. « Est-ce que ma sœur est là? J’avais besoin de lui parler de quelques trucs. » Un autre sourire. Ils paraissent de plus en plus faux, mais tu t’en fiches complètement. Tu veux seulement voir ta sœur. Le reste, ça n’a pas vraiment d’importance dans l’immédiat.
Dernière édition par Susan Anderson le Dim 20 Nov 2016 - 7:06, édité 1 fois
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Sujet: Re: cold shoulder (adrisan) Jeu 6 Oct 2016 - 15:30
COLD SHOULDER
SUSAN & ADRIAN
the only thing I know is this: I am full of wounds and still standing on my feet
Pour Adrian, la famille avait toujours été quelque chose de compliqué. Si les Blackwood semblaient tout avoir de la parfaite famille américaine traditionnelle, il suffisait de passer la porte de leur foyer pour comprendre que les apparences étaient trompeuses. Jonathan Blackwood, le patriarche de la famille et militaire de carrière avait brillé par son absence et son autorité, au point de n'entretenir que des relations cordiales – au mieux – avec ses quatre enfants. Brynhild, femme au foyer, avait fait de son mieux pour élever ses quatre enfants quasiment seule, en les baignant dans la culture de son pays d'origine ; la Norvège. Et puis venait la fratrie des quatre enfants du couple. D'abord il y avait eu Cecily, la grande, belle et froide Cecily, l'enfant prodige à qui toute réussissait. Puis il y avait le tumultueux Nathaniel, qui n'obéissait à rien ni à personne, une véritable tête brûlée. Et enfin, les jumeaux Adrian et Amelia, le duo fusionnel du berceau à la tombe. Tous les enfants s'entendaient à merveille avec leur mère, tous vouaient à leur père un mépris pus ou moins fort. L'ambiance dans le foyer Blackwood avait rarement été au beau fixe lorsqu'ils étaient tous réunis. Dès que ses fils avaient été en âge de marcher, Jonathan leur avait répété qu'ils devraient entrer dans l'armée à leur dix-huit ans, et tant pis s'ils avaient d'autres rêves. Alors quand son père était à la maison, Adrian était la plupart du temps absent. Fourré chez ses copains d'école, ou chez Evie avec Amelia – quitte à jouer à la poupée avec elle, n'importe quoi pour échapper à son paternel. Et en grandissant, Adrian était entré en conflit direct avec lui, lui crachant à la figure qu'il n'en avait strictement rien à foutre de la tradition familiale, qu'il voulait simplement qu'il le laisse vivre sa vie comme il l'entendait. Sauf que ça ne s'était pas passé ainsi, à dix-huit ans Adrian s'était retrouvé en uniforme de soldat et le mépris qu'il ressentait à l'égard de son père s'était transformé en haine.
Alors à partir du moment où Evie et lui avaient commencé à se fréquenter – intimement – il s'était réfugié chez les Anderson à chaque fois qu'il en avait eu l'occasion. Tant pis s'il devait rester sagement dans un coin pendant qu'Evie faisait ses devoirs, ou l'aider à s'occuper des huskies, il aurait fait n'importe quoi pour échapper à son militaire de père. Compatissants, les Anderson avaient toujours accueilli le petit Blackwood à bras ouverts, et Adrian avait découvert ce que c'était qu'une vraie famille. Ça avait duré des années et des années, jusqu'à ce qu'Evie et Amelia ne décident de déménager à Radcliff. Jeune marié, Adrian n'avait pas réfléchi et suivi son épouse aveuglément, en fin de compte bien heureux d'échapper à la présence de son père, qui quoi qu'il puisse faire ne semblait jamais entièrement satisfait. À l'époque, il avait vu le Kentucky comme un nouveau départ, l'endroit où ils fonderaient enfin une famille, celle dont il avait toujours rêvé... Et puis Amelia était morte, et il avait perdu celle qui était littéralement son âme-sœur. En perdant sa jumelle, Adrian avait eu l'impression d'être amputé d'une partie de lui-même, et comme un imbécile il avait été incapable de résister au discours vengeur de son frère et s'était transformé en meurtrier. Il avait passé trois ans derrière les barreaux, et les liens qui lui restaient avec les Blackwood s'étaient fracturés. Il n'avait plus eu de contacts avec ses parents, ni avec Cecily, et Nathaniel n'avait été qu'une épine dans sa paume. La seule qui était restée... C'était Evie. Encore et toujours Evie. Sa véritable famille ne s'était plus résumée qu'à une seule personne.
Et puis il y avait eu Aurora. Quand elle était née, Adrian n'avait pas su comment s'y prendre avec elle, par peur de mal faire. Il lui avait fallu des semaines pour se faire à l'idée qu'il était père, mais une fois que cette idée s'était imprimée dans son esprit, Aurora s'était retrouvée au cœur de son existence et s'il s'était promis que personne, personne, ne lui ferait jamais le moindre mal. Et personne n'avait fait de mal à Aurora, Adrian pouvait au moins se vanter de cela. Pour elle, pour Evie, il aurait donné sa vie sans y songer à deux fois, parce que sans elles il n'était rien et il n'avait rien. Depuis sa sortie de l'hôpital, il prenait soin d'elles comme jamais auparavant, et faisait de son mieux pour être un père et un époux irréprochable. Passer à un fil de la mort lui avait ouvert les yeux, il avait réalisé ses erreurs plutôt brutalement et avait remis ses priorités bien en ordre. Ce qu'Evie voulait, Evie l'obtenait, il n'y avait pas à réfléchir. Quand elle lui avait dit un peu plus tôt en début de journée qu'elle voulait passer l'après-midi avec Scarlett, Adrian s'était contenté de lui sourire en lui annonçant qu'il s'occuperait d'Aurora, et même du fils de Scarlett si elles voulaient passer un moment entre filles. L'Anglaise était passée la chercher, et Adrian s'était retrouvé seul avec sa fille et leurs animaux de compagnie ; et les trois étaient très occupés à faire la sieste. Aurora dans son berceau, le chiot sur son coussin et le chat roulé en boule sur le canapé. Puisque tout le monde s'y mettait, Adrian s'était dit qu'il ne lui restait plus qu'à faire la même chose. Malheureusement pour lui, il n'eut pas le temps de s'allonger que l'on frappa à la porte.
Comme un ours tiré de l'hibernation, Adrian se redressa et se traîna jusqu'à la porte, qu'il ouvrit après s'être forcé à afficher un air à peu près aimable. Il afficha une expression aussi étonnée que gênée lorsqu'il réalisa que c'était Susan qui se tenait sur le pas de sa porte, et regretta aussitôt l'absence d'Evie. Entre sa belle-sœur et lui, c'était la guerre froide depuis qu'il était passé par la case prison, et les choses semblaient à peine s'arranger avec le temps, ce qui ne plaisait à personne, et surtout pas à Evie qui détestait se retrouver entre eux. Adrian s'en doutait, ce n'était pas lui que Susan était voir, ils s'évitaient autant que possible. « Hey. » Le jeune homme s'éclaircit la gorge et passa une main dans ses cheveux, mal à l'aise. « Euh... Désolé, Evie n'est pas là. Elle est avec Scarlett, elles passent l'après-midi ensemble. Je garde Aurora. » C'était ridicule, mais il ressentait le besoin d'expliquer pourquoi il était chez lui. « Je sais pas trop quand elle va rentrer... Elle vient à peine de partir... » Réalisant qu'il se tenait dans l'entrée, Adrian s'écarta, pour ne pas donner l'impression de lui refuser l'entrée. Avec Susan, il faisait profil bas depuis des années, comme un gamin pris en faute, parce qu'il savait qu'elle lui en vouait d'avoir fait souffert Evie. Au fond, elle représentait cette culpabilité dont il n'était jamais parvenu à se débarrasser. « Tu... Tu veux entrer ? Tu veux boire un café, quelque chose ? Reste pas dehors, ça caille. » C'était sorti comme ça, une invitation spontanée. Pas encore regrettée, mais pas tout à fait assumée.
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Sujet: Re: cold shoulder (adrisan) Dim 20 Nov 2016 - 7:06
you say it's all in my head and the things i think just don't make sense so where you been then? don't go all coy, don't turn it round on me like it's my fault see i can see that look in your eyes, the one that shoots me each and every time coldshoulder@adele
Tu fais des efforts. Du moins, c’est ce que tu te fais croire chaque fois que tu te retrouves en présence de ton beau-frère, Adrian. Tu te dis que pour ta sœur, tu fais des efforts de le supporter. D’accepter ce qui est arrivé. De ne pas sans cesse lui remettre en pleine face les événements des dernières années, parce qu’on te rappelle – du moins, Evie te le rappelle – qu’il n’a pas besoin de toi pour se souvenir de ce qui est arrivé. Tu te dis que tu joues bien ton rôle de belle-sœur, que tu prends ta place quand nécessaire, mais pas trop non plus. Tu te dis que tu gères la situation et que tout va bien. C’est ce que tu dis à ta sœur lorsqu’elle t’en glisse un mot. Tu souris, tu fais comme si rien ne te dérangeait. Parce que les choses ont été difficiles dernièrement et que tu ne veux pas être une source de stress de plus, inutilement. Après tout, Adrian et toi, vous êtes des adultes. Et puis, vous vous connaissez depuis toujours, c’est pas comme si vous étiez pas en mesure de vous parler. Et pourtant. Tu sais que ce n’est pas tout à fait vrai. Tu sais que depuis quelques temps, ce n’est pas comme avant et tu ne fais pas vraiment d’efforts pour que ce le soit non plus. Tu fais des petites remarques ici et là, tu insinues des choses que tu ne devrais pas insinuer, tu lui fais comprendre qu’Evie lui a peut-être tout pardonner mais que clairement, ce n’est pas encore ton cas. Alors quand tu lui fais face, tu te sens forcée de sourire, et ça paraît. « Hey. » Ton sourire ressemble presque à une grimace alors que ton regard vagabonde derrière lui, à la recherche de signes qu prouveraient que ta sœur n’est pas trop loin. Sauf que ce n’est pas ton char de chance, et tu le vois dans le regard du norvégien lorsque tes yeux croisent de nouveau les siens. « Euh.. Désolé, Evie n’est pas là. Elle est avec Scarlett, elles passent l’après-midi ensemble. Je garde Aurora. » Eh merde. Pendant un moment, tu te demandes si ça vaut la peine de continuer cette conversation. Tu te dis que tu pourrais le saluer et continuer ta course, comme si de rien était. Mais quelque chose te retient sur place et soudainement, tu te retrouves à faire du small talk. « Ah, okay. La p’tite dort? » Ça te ferait du bien de la prendre dans tes bras, juste de voir son petit visage. Ça te ferait aussi une distraction du jeune homme qui semble aussi à l’aise que toi face à la discussion – si on peut appeler ça ainsi, vraiment c’est plutôt un échange maladroit de répliques semi-convaincantes.
« Je sais pas trop quand elle va rentrer.. Elle vient à peine de partir.. » Clairement, tu regrettes de plus en plus d’avoir fait le détour. Et pourtant, tu as tellement besoin de lui parler à ta sœur. Tellement de choses à lui raconter, sur Elias particulièrement. Tu ne peux t’empêcher de te dire que tu aimerais beaucoup plus être avec elle et Scarlett que de devoir faire face à ton beau-frère dans l’immédiat. « J’aurais probablement dû appelé, j’étais dans le coin et je me suis dis que.. » Tu ne termines pas ta phrase, ne sachant pas trop quoi rajouter de toute façon. Maladroitement, tu joues avec ta montre, ne serait-ce que pour avoir l’impression de faire autre chose que simplement rester immobile dans le cadre de porte. Si Evelyn avait été là, il y a longtemps que tu serais rentrée dans la demeure, mais clairement, le fait que tu sois seule face à face avec Adrian parle plus fort de l’état de votre relation que tu ne veux l’admettre. « Tu.. tu veux entrer? Tu veux boire un café, quelque chose? Reste pas dehors, ça caille. » Il a bien raison et pourtant, tu n’es pas certaine que ce soit réellement une bonne idée. Tu essayes de lui offrir un autre sourire, et pourtant, ça semble toujours aussi faux et forcé. T’es prise au dépourvue et ça paraît plus que tu ne voudrais le laisser paraître. « Oh, j’veux pas te déranger. » Et ça pourrait être tout. Une fois de plus, tu as l’occasion rêvée d’en finir avec ce moment de malaise, et une fois de plus, tu décides de ne pas le faire, pour une raison que toi-même tu n’arrives pas complètement à comprendre. Peut-être parce que tu as besoin de te prouver que oui, tu peux en faire des efforts pour être gentille avec ton beau-frère. Pour rendre ta sœur fière, même si elle n’est pas là pour voir ça – et c’est mieux ainsi. « J’prendrais bien un café. Merci. » Et comme ça, tu rentres dans la maison dans l’espace qu’il te laisse alors qu’il ferme la porte derrière toi. Tu enlèves rapidement tes souliers alors que tu viens t’installer sur le canapé. Tu ne le regardes pas, mais tu te doutes qu’il est dans la cuisine, a préparer ce café que tu lui as si gentiment demandé. « Alors hm. Comment tu vas? » Tu ne sais pas vraiment si la réponse à cette question t’intéresse réellement, mais au moins, elle t’ouvre la porte pour d’autres commentaires. Le genre de commentaires que tu es censée éviter. Ceux qui sont plus de sous-entendus et de rancoeur. Ceux que tu ne devrais pas faire dans ta tentative de jouer la gentille belle-sœur. Mais Evelyne est pas là et c’est tellement plus fort que toi. De lui rappeler encore et encore que tu as plus de contrôle que lui. Même si cette réalité n’est peut-être pas aussi vraie que tu voudrais qu’elle le soit. « Comment tu trouves ça de ravoir les filles à la maison? »
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Avant qu'Adrian ne s'engage sur le chemin de la vengeance, Susan et lui s'étaient très bien entendus. Elle l'avait accueilli à bras ouverts dans leur famille, et lui avait toujours tout fait pour se rendre agréable. Ils avaient été amis, ils avaient été proches... Et puis Amelia était morte et Adrian avait dégringolé dans l'estime de Susan, à force d'enchaîner les erreurs. Il avait fait souffrir Evie, et son aînée ne le lui avait jamais pardonné. Il avait compris, initialement... Puis le comportement de Susan à son égard avait fini par s'apparenter à de l'acharnement. Cela faisait des mois qu'il faisait des efforts pour rattraper ses erreurs, pour se racheter auprès d'Evie et Aurora. Il avait trouvé un nouvel emploi, il n'avait de cesse de courir d'agence immobilière en agence immobilière pour leur retrouver une maison, il préparait l'arrivée des jumeaux de son mieux... Il faisait de son mieux, vraiment. Mais Susan semblait ne pas le voir, et cela avait de quoi frustrer Adrian. Il n'avait pas besoin qu'on lui rappelle qu'il avait été stupide, il le savait très bien et luttait chaque jour contre les conséquences de ses erreurs. Il essayait d'avancer, il voulait être un mari parfait et un père exemplaire pour ses enfants. Leur famille allait passer de trois à cinq membres, le changement allait être radical... Susan le pensait-il irresponsable au point de ne pas prendre soin de ses enfants ? Il n'en savait rien, il n'avait jamais vraiment eu envie de lui poser la question... Ni même l'opportunité, étant donné qu'ils s'évitaient autant que possible. Et quand ils étaient forcés de se fréquenter en présence d'Evie, ils jouaient tous les deux d'hypocrisie pour préserver les apparences et ne pas lui faire de peine. Ce qui agaçait le plus Adrian dans cette histoire, c'était que sa femme se retrouvait prise entre le marteau et l'enclume, coincée au milieu du conflit qui opposait son époux et sa sœur.
« Aurora fait la sieste, ouais... » Dommage, il aurait presque été tenté de la réveiller pour ne pas se retrouver seul en compagnie de sa tante. Mais s'il osait faire une chose pareille, Susan y verrait sans doute là un énième prétexte pour l'accuser d'être un mauvais père. Pendant un instant, Adrian avait vraiment eu envie de claquer la porte au nez de sa belle-sœur, mais il avait finalement opté pour la diplomatie. Passer un moment seul avec elle, il n'en rêvait pas, mais au moins elle ne pourrait pas dire qu'il ne faisait pas d'efforts... Au fond, tout ce qu'il voulait, c'était enterrer la hache de guerre une bonne fois pour toutes, et ne plus jamais en parler. Il voulait aller de l'avant, et toute cette rancœur l'en empêchait. Même s'il était clairement mal à l'aise, Adrian s'écarta de l'entrée pour laisser Susan entrer, et referma doucement la porte derrière elle. Quand elle lui répondit qu'elle prendrait volontiers un café, le Norvégien acquiesça sans un mot et disparut dans la cuisine, presque soulagé de pouvoir s'éclipser quelques minutes. Prendre un café avec Susan, c'était faire un grand pas en avant. Si les choses ne dérapaient pas, Evie serait sans doute fière d'eux, quand elle l'apprendrait... Mais autant dire qu'entre le moment où Adrian tendrait sa tasse à Susan et le moment où elle repartirait, il pouvait tout arriver. Quand il réapparut avec le café et le sucre, Adrian prit place sur le canapé à côté de Susan, à une distance trop précise pour ne pas être calculée. Sa tasse entre les mains, il se sentait carrément con. Il ne savait pas quoi faire, il ne savait pas quoi dire, il avait l'impression d'être un collégien pris en faute face au proviseur.
Comment il allait ? La question aurait pu lui tirer un sourire, si les dernières semaines n'avaient pas été aussi éprouvantes. « Je suis vivant, et Evie et Aurora vont bien, c'est tout ce qui compte. » Le reste n'avait finalement pas beaucoup d'importance. Il était sorti de l'hôpital, il garderait quelques cicatrices de sa rencontre avec les chasseurs, mais d'après les médecins il s'en était bien tiré. Et le moins que l'on puisse dire, c'était que cet événement lui avait remis les idées en place de façon définitive, ses priorités avaient été bien remises en ordre. Les yeux baissés sur sa tasse de café, Adrian fit la grimace quand Susan lui demanda comment il se sentait avec Evie et Aurora de retour dans son quotidien. Évidemment, qu'elle allait lui poser une question pareille... Était-ce difficile à ce point pour elle d'accepter que les choses allaient bien entre Evie et lui ? Qu'ils étaient heureux ? Ou alors se sentait-elle obligée de lui rappeler à quel point il avait été minable ? Il prit une profonde inspiration, désireux de ne pas craquer le premier. « C'est naturel. C'est comme si elles n'étaient jamais parties. » Et puis de toute façon, elles n'avaient eu nulle part où aller, étant donné qu'Evie refusait de retourner vivre dans leur ancienne maison, le lieu du drame... Susan devait être au courant, puisque sa sœur lui disait tout. « Enfin, on ne va pas rester à l'appartement très longtemps. On compte déménager avant l'arrivée des jumeaux, dans un quartier tranquille. » Ce ne serait jamais aussi tranquille que l'Alaska, c'était certain, mais c'était mieux que rien. Adrian s'éclaircit la gorge et quitta sa tasse des yeux, pour regarder Susan. « Et toi... ça va ? Le petit ? »