Tout cette histoire était bien étrange, mais vu la vie qu’il menait, y avait il encore des choses capables de véritablement surprendre Malachi ? En tout cas celle-ci était tout de même assez dingue pour lui tirer quelques haussements de sourcils et interrogations au tellement placide professeur. Il faut dire que retrouver une jeune femme inconsciente et totalement nue dans son jardin, il y avait de quoi être vaguement surpris. Enfin, pour être vraiment précis, c’était Jumbo, le dalmatien des Porter, qui avait trouvé Bobbi dans les feuillages, sous les arbres au fond de la propriété. Le chien avait aboyé comme un dément jusqu’à ce que son maitre vienne vérifier ce qu’il lui arrivait, et avait découvert la jeune femme recroquevillée et inconsciente sur le sol, sans aucun vêtement sur elle, respirant avec difficulté. Sans hésiter une seconde, il l’avait ramené à l’intérieur, et avait demander à Elsa de l’aider à lui trouver quelques vêtements,- un survêtement assez chaud pour la saison, d’ailleurs- pour refaire monter sa température, et l’avait mise dans l’une des chambres du rez de chaussée, sans réussir à la réveiller pour autant. Il avait appelé Scarlett pour lui demander quelques conseils, mais la médecin n’avait pas pu l’avancer énormément, lui conseillant simplement d’attendre qu’elle ouvre un œil. La suite, il ne pourrait la découvrir qu’une fois qu’elle se réveillerait, puisqu’elle n’avait pas le moindre papier sur elle. Il ne connaissait même pas son nom, ni même comment elle avait pu se retrouver là. Alors tout ce qu’il pouvait faire, c’était attendre pas loin. Il avait demandé à Peter de ne pas aller déranger l’inconnue dans sa chambre pour la laisser se reposer, malgré la curiosité maladive du petit garçon qui posait un million de questions à la minute : qui était elle, était elle blessée, quel était son nom, était ce une mutante ou non ? Autant d’interrogations qu’il partageait avec son père, sans qu’aucun d’entre eux n’aient de réponse à tout ça.
Malachi s’était installé dans le salon pour lire, quand il vit Peter détaler du couloir comme s’il avait vu un fantôme. Il releva la tête, conscient de ce que cela devait vouloir dire : la jeune inconnue avait du se réveiller, d’une manière ou d’une autre, et elle avait du croiser le petit garçon dans le hall. Si tout allait bien, elle finirait par apparaitre dans l’encadrement de la porte : elle ne pouvait pas sortir de la maison sans passer par le salon d’abord. Et à entendre les pas hésitants qui résonnaient dans la maison silencieuse, elle n’était pas bien loin …

"Ou suis-je?"

Malachi ne se leva pas tout de suite, observant la petite demoiselle qu’il n’avait encore jamais vu éveillée : elle n’était pas très grande, c’était peu de le dire, et elle paraissait incroyablement jeune. Il mettrait son second pied à couper qu’elle n’était pas majeure, elle avait l’air d’une de ses étudiantes de première ou de terminale. Il lui sourit, fermant lentement son livre pour le poser sur la table devant lui :

- Nous sommes à Radcliff, plus précisément chez moi, dans ma maison. Mon chien t’a trouvé dans le jardin, inconsciente, très tôt ce matin. Il est plus de quatre heures de l’après midi maintenant. Tu as soif peut être, ou envie de manger quelque chose ?

C’était une règle basique et essentielle à respecter quand il y avait une personne inconnue dans le manoir : les questions, ça venait toujours après un sandwich ou un verre de lait. Mitrailler les gens au réveil de questions n’était pas la meilleure stratégie, et de ce qu’il pouvait voir de l’instabilité émotionnelle de la jeune femme, mieux valait qu’il y aille doucement avec cette demoiselle …

Malachi doit se faire violence pour ne pas envoyer une puissante onde de calme en direction de la jeune fille, qui lui aboie dessus plus qu’elle ne lui parle. Elle a une aura étrange, grésillante mais tenue, comme si… Comme si elle venait de réapparaitre, il ne savait pas trop comment expliquer ce phénomène. Toujours était il qu’elle était tout sauf rassurée, malgré le ton calme de la voix du professeur et son comportement non agressif. Elle avait l’air d’un animal sauvage acculé au fond d’un garage, qui montre les dents pour ne pas montrer qu’il est terrifié. Il se releva, lentement, en faisant des gestes lents et apaisants. Pas besoin de la stresser plus que ça, sans quoi elle risquait de lui filer entre les doigts dès qu’il aurait le dos tourné…

- Je ne t’ai rien fait, je t’ai juste trouvé dans mon jardin, toute nue. Alors une amie t’a mis des habits pour pas que tu attrapes froid, et nous t’avons laissé te reposer. Tout simplement. Et tu es comme quoi, exactement ?

Le discours de la demoiselle n’avait pas beaucoup de sens, même pour lui. Alors il se contente de lui rapporter une jarre de cookies aux noix de pécan faits par Moira. Personne ne pouvait résister bien longtemps à ces biscuits, pas même une petite sauvageonne au mauvais caractère. Il posa le bocal devant la jeune femme, et il ne fallut pas longtemps pour qu’elle se jette à l’intérieur, dévorant les biscuits à pleine bouche sans prendre le temps de mâcher ou presque. Elle avait l’air affamée, ni plus ni moins. Il la laissa se nourrir tranquillement, observant son étrange aura se teinter d’un peu de contentement. Au moins, elle appréciait les biscuits, ça ne pouvait donc pas être un cas désespéré. Patiemment, il répondit aux nombreuses questions de la jeune femme.

- Je m’appelle Malachi, Malachi Porter, je suis professeur d’histoire et c’est ma maison, cet endroit comme tu dis si bien. J’y habite avec mon fils et une amie, et occasionnellement d’autres personnes que j’héberge de temps à autres, comme tu l’as fait. Tu es en sécurité ici, qui ou quoi que tu sois.

Quoi qu’elle soit, parce que pour l’instant, l’aura de l’adolescente était tellement trouble qu’il était bien incapable de déterminer si elle était mutante ou non. Pas que cela soit une condition sin equanone pour obtenir son aide, mais cela pouvait peut être expliquée sa tenue de la veille et son comportement actuel.  Il se posa contre l’encadrement de la porte, l’observant sans dire un mot, pendant de longues minutes, avant de reprendre :

- Et toi alors, tu sais comment tu as pu en arriver là ? Tu as de souvenirs de ce qui a pu se passer dans la nuit, ou hier ? Tu … tu te souviens de ton prénom ?

La question pouvait paraitre absurde, mais elle était au contraire primordiale : si la jeune fille était amnésique, cela expliquerait beaucoup de choses, et notamment son agressivité, et son comportement étrange. Simplement, si elle était vraiment amnésique, il ne pourrait pas faire grand-chose pour elle, si ce n’était l’emmener à l’hopital. Et puis elle était si jeune, si frêle… Elle devait bien avoir des parents quelque part qui la cherchait, non ?

Malachi ne savait pas encore s’il pouvait s’approcher de l’étrange demoiselle, et pourtant l’anarchie des émotions de cette dernière le poussait inexorablement à son contact, dans l’espoir de pouvoir la soulager un peu. Ses larmes lui brisaient le cœur. En même temps, il fallait être totalement insensible pour ne pas être touché par la détresse visible de la jeune inconnue, et son air d’animal traqué. Il s’approcha doucement de Barbara –Bobbi, apparemment-, et posa doucement sa main sur son épaule pour lui envoyer une première vague douce de soulagement et de réconfort. Il essayait de comprendre le discours totalement décousu de l’adolescente, cherchant la logique entre ses sanglots :

- Te transformer ? Te transformer en quoi, Bobbi, c’était ta capacité, te transformer en autre chose ? Inspire profondément, tu es en pleine crise d’angoisse, c’est normal quand on est dans un environnement inconnu et dans une situation stressante …voilà, respire lentement, expire encore plus lentement. Je reste là, je ne bouge pas, et je te laisse reprendre ton souffle…

Il s’assit à coté de la jeune femme, passant sa main dans le dos de cette dernière, sans plus rien dire. Ses gestes ressemblaient à ceux qu’on faisait pour apaiser un animal acculé. A la voir de plus près, il s’apercevait qu’elle était recouverte de petites griffures et de cicatrices, un peu partout sur les bras et le cou. Plus important encore, il aperçut une blessure reconnaissable entre mille sur son épaule : elle avait été vaccinée, très récemment. Ce n’était pas une piqûre de médecin, mais bien la marque d’un vaccin de chasseur, qui avait du la traquer jusqu’à ce qu’elle se trouve hors de portée, dans la propriété privée de Malachi. Il la laissa reprendre son souffle, restant patiemment à ses cotés en bougeant le moins possible, assis en tailleur auprès d’elle en plein milieu du salon. Quand la respiration de Bobbi se stabilisa un petit peu, il lui tendit un mouchoir en papier, avant de reprendre d’une voix douce :

- D’accord Bobbi, je crois comprendre, en partie, ce qui t’es arrivée… Tu étais en train d’utiliser ton don, tu étais donc sous une autre forme, d’après ce que tu m’as dit, quand une personne a du te tirer dessus avec une seringue, qui t’a inoculé un produit spécial. Ce produit empêche les mutants, les gens comme nous, d’utiliser leur pouvoir… Tout le monde réagit différemment à ce produit, et ça a du te forcer à reprendre ta forme humaine, et t’étourdir assez pour que tu t’évanouisses dans le jardin … Est-ce que tu te souviens de quelqu’un, une image, un lieu qui pourrait coller à ce que je te raconte ?

Il savait que cela faisait beaucoup de questions et d’informations d’un coup pour la jeune fille, mais il n’avait pas vraiment le choix : s’il y avait des chasseurs qui avaient vu son visage, il fallait qu’il puisse la protéger et lui permettre de se remettre sur pieds au plus vite. Et surtout, il fallait qu’il l’emmène voir un médecin des uprisings pour savoir si sa vaccination était temporaire ou non …

Malachi tentait tant bien que mal de relier toutes les informations délivrées chaotiquement par l’adolescente dans une version plus claire de sa situation : la petite était donc une animorphe, ou une change forme, qui s’était prise une décharge de vaccin qui était destinée à un autre. Elle s’était montrée très courageuse en s’interposant. Très imprudente aussi. Il la laissa continuer d’abord sans rien dire, songeant que si la jeune fille était restée si longtemps sous forme animal, il y avait de grandes chances qu’il y ait un passé tragique derrière tout cela. Il avait déjà rencontré des mutants changeant de forme, sa première femme elle-même avait été métamorphe, et la dimension émotionnelle de leur capacité était énorme. Rester bloquée sous une autre forme que celle que la nature vous a donné, ou refuser de retourner à sa forme originale, c’était souvent signe d’un traumatisme profond. Il laissa sa main sur son épaule, continuant de lui envoyer quelques ondes de réconfort, avant de répondre d’une voix toujours aussi douce et calme :

- Je suis mutant oui, comme la plupart des gens que tu pourras rencontrer dans cette maison. Je suis motiopathe, j’ai la capacité de voir les émotions des gens, ce qu’ils ressentent, et de les influencer. Je ne peux pas forcer les gens à faire des choses, mais je peux leur donner l’impression de ne plus être triste, ou d’être très très heureux, ou très énervé. Et concernant le vaccin, il en existe deux, un temporaire et un permanent, donc je ne peux pas te dire. Après, le permanent est rare et cher, aussi si ce chasseur comptait neutraliser sa proie pour l’abattre comme tu sembles l’expliquer, il est peu probable qu’il gaspille une dose de vaccin permanent pour une mise à mort…

Il n’était sur de rien, bien sur, mais cette réponse était la plus raisonnable et rassurante qu’il pouvait lui offrir. Si elle avait été vaccinée, de toute manière, elle était sans pouvoir pendant au moins un mois, au bas mot. Désemparé par la tristesse terrible qui exsudait de tous les pores de la peau de la jeune femme, il passa doucement la main dans le dos de cette dernière, choisissant ses mots avec la plus grande précaution :

- C’est à toi de voir, si tu as un … un adulte de confiance à contacter, je peux te prêter mon ordinateur ou mon téléphone pour qu’il vienne te chercher, ou que je te dépose quelque part. Si ce n’est pas le cas… Tu peux rester ici pendant un moment, le temps de te reposer, et éventuellement de faire un bilan de santé, pour savoir avec quoi tu es vaccinée. Tu pourrais avoir ta chambre à toi, avec une clé, si tu veux être certaine de ne pas être importunée. Tu ne serais pas la première à venir au manoir pour se refaire une santé, je peux te le promettre.

Il lui laisserait le choix, de toute façon, il n’était pas du genre à forcer la main de qui que ce soit. Cependant, il ne laissait jamais les enfants perdus continuer à errer sans protection, et Bobbi semblait être exactement de ceux là. Si il y avait des adultes dans sa vie, responsables, parfait. Sinon, il la convaincrait de rester ici quelque jours, au moins le temps qu’Elsa découvre sa véritable identité et que Scarlett puisse l’osculter.

Alors qu’il finissait d’expliquer la situation à la jeune fille, celle-ci lui coupait déjà la parole pour lui affirmer que de toute façon, elle n’avait personne pour s’occuper d’elle, ce qui confirmait la première intuition du Porter : elle était orpheline, une enfant sauvage qui n’avait survécu que grace à une mutation qui avait exacerbé ses capacités pour survivre. Si elle avait passé des mois, peut-être des années sous une forme animal, cela expliquait que son aura soit aussi étrange et surtout, qu’elle ait l’impression d’être totalement à côté de la plaque. Cela ne faisait que conforter le professeur dans sa résolution d’aider l’adolescente. Il devrait en parler à Elsa bien sur, mais il doutait que cette dernière ait quoi que ce soit à redire sur le sujet. Elle serait même probablement encore plus sensible que lui à la situation de Bobbi. Il se releva pour laisser un peu d’espace à cette dernière, tachant de trouver les mots pour lui expliquer au mieux les raisons d’une bienveillance dont elle n’était apparemment pas coutumière. Comme si il en fallait vraiment pour vouloir aider son prochain …

- Pour ta vaccination, j’ai bien peur qu’il n’y ait pas d’autres alternatives que d’attendre un mois, voir si cela te reviens. Et, oui, je suis sur. Comme je te l’ai dit plus tôt, ce n’est pas inédit, tu ne serais pas la première à rester ici le temps de te reposer et de trouver une solution. Ma maison est grande, très grande, et il y a de la place pour tous ceux qui en ont besoin. Et tu n’es même pas majeure, j’en suis sure, quel genre de tordu je serais de vouloir quelque chose en échange de mon aide ? Après, si tu préfères, je peux aussi appeler les services sociaux, si tu penses te sentir plus en sécurité au sein d’une institution étatique… Je pourrais le comprendre aussi.

Le comprendre oui, être pour, pas vraiment. Laisser une petite mutante dans les rouages agressifs d’une administration impersonnelle, ce n’était pas vraiment dans sa philosophie. Mais si c’était vraiment ce qu’elle voulait faire, il ne pourrait pas s’y opposer, malheureusement.

- Je te laisse bien sur le temps d’y réfléchir. Est-ce que tu veux faire le tour du manoir, pour voir à quoi la maison ressemble, et éventuellement te trouver la chambre que tu préfères ? De même, si tu veux prendre un douche, ou encore manger ou boire encore quelque chose, surtout, n’hésite pas, il y a tout ce qu’il te faut … L’importe c’est que tu te sentes bien, tout simplement.

Il sourit à nouveau, doucement, comme il sourirait à un petit animal effrayé, attendant patiemment la réponse de la jeune femme pour refaire le moindre mouvement …

Malachi ne pouvait pas répondre à toutes les questions de l’adolescente, même si il en avait envie. Il aurait voulu la rassurer, lui dire que tout se passerait bien, simplement seul le temps pour confirmer ses différentes théories. En attendant, tout ce qu’il pouvait faire, c’était lui offrir un environnement sain et sauf.

- C’est long oui, mais tu n’as pas vraiment le choix malheureusement. Une fois ce délai passé, nous aviserons, tout simplement.

La remarque de Bobbi sur sa préférence pour le manoir le fit sourire un peu, alors qu’il invitait d’un geste de la main la demoiselle à se redresser pour le suivre à travers la maison. Elle avait tellement de questions… Il mettrait un moment à tout lui expliquer en détails, mais il pouvait bien faire l’effort, au moins le temps qu’elle soit le plus rassurée possible. Il commença la visite par le salon où ils se trouvaient déjà, avant de l’amener rapidement dans la véranda remplie de plantes et d’orchidées, puis la cuisine, où dormait paisiblement le jeune dalmatien de la famille, Jumbo.

- Je te l’ai déjà dit, c’est mon rôle d’aider les mutants en difficulté. Bon, voici la cuisine qui est, hum, une cuisine classique. Tu peux te servir dans le frigo, je le remplis régulièrement, et si tu as besoin d’aide pour que l’on te prépare à manger, Elsa et moi seront ravis de t’aider, si nous sommes à la maison. Par contre, si tu termines quelque chose, c’est toujours plus pratique de le marquer sur le tableau, que l’on puisse en racheter.

Au rez de chaussée, il lui indiqua la chambre occupée par Elsa, puis la sienne, avant de l’emmener à l’étage, suivi par Jumbo qui reniflait les mollets de Bobbi en laissant pendre sa langue sur le coté. Malachi lui montra les premières chambres, avant de s’arrêter dans le couloir :

- Il s’appelle Peter, c’est un mutant, lui aussi. Et mon épouse est décédée, il y a quelques mois.

La vérité était un petit peu plus complexe que cela, mais il était un peu tôt pour en expliquer tous les tenants et les aboutissants à la jeune femme. Pour l’instant, cette version de l’histoire suffirait très bien.

- Beaucoup de gens oui. En général, il y a toujours une ou deux personnes venant de l’extérieur qui occupent ces chambres le soir, ça peut être des mutants ou de simples humains qui nous aident dans nos missions. Tu vois ce que je veux dire ? … Allez viens, je vais te présenter Pete’.

Le motiopathe toqua à la porte de la chambre de son fils, que ce dernier ouvrit timidement, ne laissant apparaitre que la moitié de son visage en ouvrant de grands yeux :

- Peter, je te présente Bobbi. Elle a perdu son chemin, du coup elle va rester à la maison quelque temps. Tu viens lui dire bonjour, s’il te plait ?

Le petit garçon hésita, puis sortit de sa chambre pour embrasser timidement la joue de Bobbi, et de lui attraper la main.

- C’est pas souvent qu’on a des pas adultes a la maison. Tu veux jouer avec moi ? S’il te plait s’il te plait s’il te plaiiiit ?

A mesure qu’ils avançaient dans la découverte du manoir, Malachi sentit la jeune fille se détendre, lentement mais surement. Ce n’était pas encore tout à fait ça, mais la terreur et la confusion qui régnaient en elle à son réveil s’étaient largement apaisées, ce qui n’était pas gagné au départ. La présence de Jumbo semblait la rassurer plus que n’importe laquelle de ses paroles, alors qu’elle observait chacun des détails de chaque pièce dans un silence presque absolu. Elle ne se dérida vraiment qu’en voyant Peter : ça n’étonnait même plus Malachi avec le temps, le garçonnet avait la capacité extraordinaire d’attendrir même les individus les plus réservés. C’était d’ailleurs ce qu’il faisait avec la jeune femme, qui le dévisageait comme si c’était un fantôme, un gentil fantôme. Cette petite avait probablement encore bien des secrets a lui révéler. Il passa la main dans la chevelure bouclée de son fils avec un sourire attendri, avant de répondre à l’adolescente :

- Je pense même que Peter fera un excellent guide si tu lui demandes gentiment. Et pour les questions, si tu penses que cela peut attendre, cela me va aussi, je vous laisse à l’étage, n’hésitez pas à descendre tous les deux si jamais vous avez besoin de quoi que ce soit.

D’ordinaire, il n’aurait jamais laissé Peter une seule seconde avec une parfaite inconnue. Simplement, l’aura de Bobbi ne montrait pas la moindre trace d’hostilité, du moins plus maintenant. Et puis il n’était pas très loin et pourrait intervenir rapidement s’il le fallait. Alors il retourna dans le salon, sortant le téléphone portable de sa poche pour appeler Elsa : il avait besoin de son avis pour toute cette histoire, et surtout ce qu’ils allaient pouvoir faire pour retrouver les parents de Bobbi … ou n’importe qui lié à son passé...

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