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 Whoever brings the night [ft. Ciaran]

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Gene Warner
Gene Warner

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SUR TH DEPUIS : 20/03/2016
MessageSujet: Whoever brings the night [ft. Ciaran]   Whoever brings the night [ft. Ciaran] Icon_minitimeLun 18 Juil 2016 - 19:15



– suck from us and live forever –
GENE ET CIARAN / The Dark created to hide the innocent white, the lust of night. Eyes so bright, seductive lies, Crimson masquerade where I merely played my part, Poison dart of desire. – NIGHTWISH.


Ne rien ressentir, quand on avait été hyper émotif toute sa vie durant, c’était une drôle d’expérience. Enfin, sans doute que Gene l’aurait trouvée drôle, ou du moins intéressante, si seulement elle avait eu son mot à dire et si ce changement radical de perception n’était pas un bête effet secondaire de la disparition de sa mutation – temporaire, certes, mais disparition tout de même. Elle connaissait Jim – ou en tout cas, elle pensait le connaître – et elle savait qu’il ne l’aurait pas privée de ses illusions ; il devait se douter que c’était l’une des pires choses qui aurait pu lui arriver et s’il tenait vraiment à elle comme il le prétendait, alors son pouvoir reviendrait d’ici quelques semaines. Dans le cas contraire … eh bien, elle n’arrivait même plus à s’en inquiéter, alors ça ne lui faisait ni chaud ni froid. A dire vrai, rien ne la touchait plus, rien n’arrivait à éveiller en elle ne serait-ce qu’une once de sympathie ou d’antipathie depuis qu’elle avait été vaccinée par celui qu’elle considérait comme son frère, à tel point qu’elle était d’une honnêteté franche et d’un calme olympien qui en surprenaient plus d’un, surtout ceux qui étaient habitués à sa timidité presque maladive et son talent pour se faufiler dans les ombres pour ne pas se faire remarquer de trop. Si elle restait toujours discrète, c’était plus par habitude que par réelle volonté de se faire ignorer du reste du monde. Après tout, qu’elle craigne quelque chose ou non, ce n’était pas comme si ça allait réellement l’atteindre. Si elle devait se faire blesser, agresser ou quoi que ce soit d’autre, elle agirait en conséquences, calmement, absolument indifférente à ce qui pourrait en découler ; et si elle ne parvenait pas à se défendre, et bien tant pis. De toute façon, ce n’était pas comme si elle allait sortir de là traumatisée. Peut-être qu’elle serait un peu choquée, lorsque ses émotions reviendraient. Mais si jamais ça n’était pas le cas, alors le monde entier pouvait s’effondrer sur elle qu’elle l’aurait regardé avec un détachement tout à fait glacial.

L’après-midi de cours touchait à sa fin. Il n’était pas tout à fait quinze heures et Gene avait noté sa leçon avec une rigueur digne d’une machine. C’était un peu ce qu’elle était devenue, ceci dit : un robot sans sentiments auquel ne restait que la technique et une réflexion mathématique qui, pas si paradoxalement que ça, la faisait réfléchir plus vite et plus sereinement qu’autrefois maintenant qu’elle était débarrassée de tout le fardeau émotionnel qui pouvait altérer son jugement. Récupérant ses affaires, elle avait descendu les escaliers de l’amphithéâtre et était directement partie vers la cafétéria. Le bus qui la ramènerait chez elle ne serait pas là avant une bonne heure et demie, alors autant qu’elle passe le temps tranquillement. Un jus de fruit acheté plus tard, la jeune femme s’était isolée à une table seule plus loin dans la salle, là où on ne viendrait pas la déranger, et elle relisait ses prises de notes, rentabilisant son temps d’attente comme elle le pouvait, lorsqu’une ombre passa dans son champ de vision. Relevant la tête, son regard croisa celui, d’un bleu intense, du criminologue qui leur avait fait leur intervention quelques minutes plus tôt. On l’avait présenté comme monsieur O’Doherty, psychiatre et aide de la police criminelle. Le fixant avec une neutralité reflétant bien son manque de réaction ou de sentiment face à cette apparition soudaine, elle se rappelait tout de même des règles élémentaires de politesse, émotions disparues ou non.

- Bonjour. Je peux faire quelque chose pour vous ?
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Ciaran O'Doherty
Ciaran O'Doherty

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SUR TH DEPUIS : 26/01/2016
MessageSujet: Re: Whoever brings the night [ft. Ciaran]   Whoever brings the night [ft. Ciaran] Icon_minitimeLun 18 Juil 2016 - 19:20

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Gene & Ciaran



Ciaran était le genre d'individu à aimer qu'on le regarder et qu'on l'écoute. Mais paradoxalement, il ne supportait pas cette impression d'avoir une bande de singes écervelés devant lui. A vrai dire, Ciaran aimait qu'on l'écoute à partir du moment où il n'avait pas l'impression que ses paroles ennuyaient la moitié d'un auditoire. Il n'y avait qu'à les observer, assit ou plutôt avachit pour certains, dans cet amphithéâtre bondé... Des cours de criminologie en présence de professionnels du métier, il n'y en avait pourtant pas des masses ! Ils auraient tous dû être pendus à ses lèvres, le suppliant de leur enseigner tout son savoir jusqu'à pleinement les contenter... Ils auraient tous dû être éperdus d'admiration, mais ça, c'était peut-être un peu trop demandé et légèrement prétentieux. Tout à fait Ciaran, en soi ! Objectivement parlant, l'irlandais faisait partie des meilleurs dans son domaine. Pas seulement parce qu'il avait étudié la psyché des tueurs en série ni parce qu'il exerçait son métier depuis des années... Mais aussi et surtout parce que sa mutation était un atout formidable pour débusquer les meurtriers. Ciaran connaissait tous les sentiments humains sans vraiment les ressentir, et il pouvait les sentir chez ceux qu'il côtoyait, il pouvait voir leur expression dans les indices que laissaient les tueurs... C'était presque comme un radar à super vilain, cette mutation !

Tandis qu'il dispensait son cours, ayant totalement mis de côté ses fiches – de toute manière vierge, car le jour où Ciaran préparerait un cours n'était pas encore arrivé – il observait chaque individu présent dans la salle. Il y avait l'idiot qui ronflait au premier rang, celui qui levait les yeux au ciel en soupirant à chaque phrase prononcé par le psychiatre... Celui-ci était pétris d'un mépris et d'une suffisance à son égard qui frisait le ridicule. Un peu plus loin, au premier rang, il y avait celle qui le fixait d'un regard vitreux sans prendre de notes, une aura de luxure et d'envies mal placées suintants autour d'elle. Celle-ci fit sourire Ciaran, qui la fixa avec un regard amusé tout en attisant chaque sentiment déjà bien présent chez elle. Elle fini par rougir et baissa les yeux vers son cours... Vierge.

Tout en continuant de parler, Ciaran tourna la tête vers l'autre côté de l'amphithéâtre, c'est alors qu'il la remarqua. L'étudiante consciencieuse qui notait scrupuleusement tout ce qu'il disait... Mais qui ne dégageait rien. Pas le moindre sentiment ne l'entourait, rien que le vide, aussi vierge que la feuille de cours de sa camarade. Comment était-ce possible ? Comment pouvait-elle ne rien éprouver à l'égard de qui que ce soit quand l'humain était fait pour être une boule de sentiments et d'émotions complexes ? Intrigué, Ciaran manqua d'en perdre le fil de ses pensées, et se rattrapa de justesse, fixant toujours la jeune femme.

Lorsque le cours toucha à sa fin, il ramassa rapidement ses affaires, jeta un œil à la demoiselle qui prenait la direction de la cafétéria, et se plia de mauvaise grâce aux questions des élèves ainsi qu'au petit blabla du prof habituel qui voulait le remercier pour son intervention. Lorsqu'enfin il en fut débarrassé, il soupira et se dirigea en vitesse vers la cafétéria, croisant les doigts et priant tous les leprechauns du monde pour que la demoiselle ne soit pas déjà partie. Mais à son grand bonheur, lorsqu'il balaya du regard la salle bondée, il la trouva installée, seule, à une petite table dans un angle, le nez plongé dans une liasse de feuilles. Paaarfait ! Lui qui craignait de s'ennuyer, il venait de trouver l'occupation de sa journée. Il commanda un moka-caramel et un énorme beignet à la framboise, puis rejoignit la table où était installée la demoiselle. Armé de son fidèle sourire charmeur et de sa voix de velours, il observa avec fascination cette absence totale d'émotion en elle. Jamais encore il n'avait observé de tel phénomène... Quel scientifique n'aurais pas souhaite en savoir plus ?

« Cette place est prise ? A vrai dire, j'espérais pouvoir... Discuter un peu avec vous... Vous m'aviez l'air très attentive pendant le cours, tout à l'heure, et étant donné le manque évident d'attention de vos camarades, je désespérais de trouver quelqu'un qui n'aurait pas dormis pendant la moitié de mon exposé... »

Sans attendre de réponse, Ciaran s'installa et commença à siroter son café. Aucune émotion... Rien... Et s'il tentait de teinter cette page blanche du bleu de la confiance ? Juste par petites touches, pour voir si malgré son absence de sentiments, elle y restait réceptive et sensible.

« Ce sont vos notes ? » demanda-t-il simplement en désignant du menton les feuilles que tenait la jeune femme.
© Grey WIND.
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Gene Warner
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MessageSujet: Re: Whoever brings the night [ft. Ciaran]   Whoever brings the night [ft. Ciaran] Icon_minitimeLun 18 Juil 2016 - 19:21



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Gene n’était pas quelqu’un de particulièrement sociable. Ce n’était pas une question d’une quelconque haine ou d’un mépris pour le reste de ses semblables, mais une timidité maladive et une confiance en elle-même approchant le néant ne l’aidaient absolument pas à aller vers les autres. Certes, il y avait quelques camarades de sa promotion avec lesquels elle s’entendait bien, voire un ou deux avec lesquels elle discutait plus qu’avec les autres, mais elle n’avait jamais vu naître de véritable amitié avec les autres étudiants. Ses amis se comptaient sur les doigts des deux mains, mais ils lui étaient très chers les uns comme les autres ; il n’y avait qu’à la voir présenter Jim comme étant son frère pour le comprendre. Quant à Jai, elle la voyait un peu comme la grande sœur qu’elle n’avait jamais eue. Elle avait pour eux une profonde affection et une admiration sincère, et il n’y avait rien au monde qu’elle n’aurait pas fait pour eux.
Enfin, ça, c’était en temps normal. En l’état actuel des choses, elle n’aurait rien fait sur un coup de tête, rien fait par passion ou par amour. Elle aurait calculé la meilleure des démarches et, si son cerveau lancé sans plus de limites éthiques ou morales avait jugé qu’il était préférable de leur tourner le dos, elle l’aurait fait sans aucun regret – puisque ça non plus elle ne pouvait plus le sentir. Il lui restait son libre-arbitre, mais elle avait l’esprit d’une machine : pour les semaines à venir, ou bien les années si le vaccin était définitif, son cœur serait mis en veille au profit de quelque chose de bien plus analytique, froid et impersonnel. Son âme, ses sentiments étaient morts en même temps que ses illusions. Aussi, ce fut avec une neutralité parfaite qu’elle accueilli le grand homme venu s’asseoir en face d’elle. En temps normal, elle n’aurait pu s’empêcher de le détailler et elle n’aurait pas osé croiser son regard. D’un point de vu objectif, elle acceptait volontiers le fait que ses yeux étaient magnifiques, et que lui-même semblait très bien fait. Mais elle le détaillait comme on aurait analysé une statue, comme on aurait détaillé la pierre et non pas ce qu’elle dégageait. Elle l’écouta sans rien dire, redressée dans sa chaise, les doigts croisés devant elle sur la table.

- C’est une mauvaise promotion. Nous ne sommes pas beaucoup à être efficaces.

Elle ne disait pas ça pour se vanter ; elle ne faisait que citer les chiffres. Elle n’était pas la meilleure de sa promo, mais elle n’était pas du tout la pire, et elle se maintenait dans le petit groupe qui rattrapait tout le reste. Et elle avait toujours trouvé dommage que des gens payent des fortunes pareilles pour ne pas s’intéresser aux cursus qu’ils avaient choisis.
Laissant le criminologue siroter son café, la jeune femme se surpris à le trouver sympathique. Ca n’avait rien de flagrant, bien entendu. Ca tenait plus de l’impression lointaine, voire de l’intuition. Peut-être que le vaccin commençait déjà à s’estomper, en fin de compte. Après tout, sa durée variait pour chaque personne ; peut-être était-il moins efficace sur elle, tout simplement. Baissant les yeux sur ses notes, elle répondit d’un hochement de tête.

- Si vous voulez y jeter un œil, allez-y.

Il y avait un contraste flagrant entre ses notes du jour et celles des leçons où elle n’était pas encore vaccinée. Son écriture bouclée était parsemée de petits croquis et d’annotations rapides çà et là sur ses feuillets plus anciens ; ceux sur lesquels elle avait rédigé plus tôt ne comprenaient aucun dessin. En revanche, chaque mot de monsieur O’Doherty avait été posé sur le papier, le tout à la virgule près. Son esprit n’avait pas eu le temps de s’égarer ailleurs, alors elle avait été des plus attentives.
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Ciaran O'Doherty
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MessageSujet: Re: Whoever brings the night [ft. Ciaran]   Whoever brings the night [ft. Ciaran] Icon_minitimeLun 18 Juil 2016 - 19:22

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Gene & Ciaran



Ciaran n'était pas un type bien. Non vraiment, il ne fallait pas chercher la bonté ou l'altruisme en lui, il en était tout simplement dépourvu ! Pétri d'orgueil, de narcissisme et de cruauté, voilà ce qu'il était. C'était un gamin capricieux qui prenait un malin plaisir à défigurer de jolies libellules en leur arrachant les ailes, pour les voir agoniser à ses pieds. Il aimait faire des monstres de gentils agneaux amoureux des coquelicots, mais ce qu'il aimait par dessus tout, c'était voir l'innocence incarnée se parer d'un sadisme et d'une haine artificiels pour commettre l'irréparable. Sur le coup, il y avait l'adrénaline et le sentiment de puissance, exacerbé par sa mutation... Puis tout s'estompait, la réalité reprenait ses droits et venait alors le temps de la réalisation. A ce moment-là, il était trop tard. C'était ainsi que Ciaran avait pu si bien manipuler les quelques esprits corruptibles qu'il avait à sa botte. Exacerber les mauvais penchants, jouer avec la culpabilité, puis les rassurer en se présentant comme leur allié alors qu'il était le plus terrible ennemi.

Seulement, Ciaran avait l'habitude de raturer des pages criblées de notes, de sentiments et de souvenirs. Il n'avait jamais composé lui-même sa partition sur une page vierge. Cette demoiselle a l'allure si angélique n'avait rien, pas le moindre sentiment, pas même les plus élémentaires. Tout pouvait être créé comme il l'entendait, c'était... C'était tout simplement stupéfiant. Tant de possibilités s'offraient à lui, il avait tant de projets merveilleux pour elle ! Pourquoi ne pas en faire un être docile et dépendant de lui ? Ou plutôt une bête assoiffée de haine et de sang ? Non... C'était trop facile de se contenter de ça. Il avait sous les yeux la plus belle chose qui soit : Un être dépourvu de sentiments, une toile vierge sur laquelle il pouvait laisser son talent s'exprimer.

Il en ferait sa pièce maîtresse... Oh oui, ce serait sa Vénus de Milo, sa Joconde, son Colisée... Quitte à faire dans le pompeux, Ciaran pouvait bien la comparer à tout ça, puisque de toute manière elle ne se doutait de rien. Elle n'imaginait probablement pas que le mutant avait déjà décidé de ne plus la lâcher d'une semelle. Pourquoi une décision si rapide ? Ciaran était un gourmet mais il ne faisait pas la fine bouche pour autant. Jamais il n'avait rencontré quelqu'un qui soit totalement dépourvu de sentiments. C'était peut-être l'occasion de tester les limites de sa mutation, qui sait ? S'installant face à la jeune femme, il lui offrit son plus beau sourire avant de se remettre à siroter son café. Quelle innocence dans son regard... Une sorte d'ingénuité émanait de son regard absent... Avait-elle conscience qu'en lui adressant la parole elle signait la fin de toute forme de liberté ? Qu'il allait faire d'elle celle qu'il voulait qu'il soit, quitte à lui marteler des sentiments contradictoires dans le crâne ?

« J'ai cru remarquer, oui... Il y avait plus d'étudiants en train de dormir que de personnes attentives dans cet amphithéâtre. Si ça n'avait tenu qu'à moi, je n'aurais fait cours qu'avec vous... », dit-il en distillant à nouveau un sentiment de confiance et de gêne qui allait de paire avec ses paroles.

Il lui fit un clin d'oeil avant de s'emparer des feuilles qu'elle lui tendait. Elles étaient noircies de notes minutieuses, mais c'est la forme des lettres qui marqua le psychiatre avant même qu'il ne s'intéresse à son contenu. Chaque lettre était parfaitement alignée avec les interlignes de la feuille, toutes faisaient la même taille, comme si le texte avait été tapé à la machine ou écrit par un robot. Il n'y avait rien, dans cette écriture. Aucune déconcentration, pas la moindre trace de nervosité, d'empathie, de rêverie ou de colère. C'était l'écriture d'un pantin.

« Vous avez une écriture remarquablement régulière... Je n'en ai jamais vu de telle... »

Pas même chez certains sociopathes qu'il avait pu diagnostiquer. La demoiselle était de plus en plus intéressante. Alors seulement, Ciaran s'intéressa au contenu du texte. Il ne lui fallu pas plus d'une dizaine de lignes pour comprendre que la demoiselle l'avait pris sous la dictée, recopiant mot pour mot ce qu'il avait dit pendant près de trois heures. Incapable de masquer sa surprise, le mutant parcouru l'intégralité du texte en se demandant s'il ne rêvait pas. Jamais il n'avait vu ça. Jamais. C'était un peu comme lui offrir le plus cadeau de Noël qui soit, avec beaucoup d'avance ou beaucoup de retard. Quoi que son anniversaire avait eu lieux peu de temps avant... Peut-être un présent du destin qui tenait à le récompenser pour... Pour quoi au juste ? Qu'avait-il fait de bien dans sa vie, finalement ?

« Vous... Vous avez recopié l'intégralité de mes paroles... Au mot près... C'est impossible, je ne me suis pas répété et on me reproche souvent de parler vite... Comment avez-vous fait ? »

Il lui rendit ses notes et se penchant vers elle avec un regard de conspirateur.

« Quel est votre secret, mademoiselle... Vous avez un nom, je suppose ? »

Le sien, elle le connaissait déjà, il n'avait pas vraiment besoin de se présenter. Mais il ne pouvait envisager l'idée que sa nouvelle muse lui soit inconnue.

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Gene Warner
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MessageSujet: Re: Whoever brings the night [ft. Ciaran]   Whoever brings the night [ft. Ciaran] Icon_minitimeLun 18 Juil 2016 - 19:24



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De tous les traits de caractère de Gene, le bavardage n’était pas le plus notable. A dire vrai, il était rare, dans un lieu public, de l’entendre dire plus de mots que nécessaire, ou bien d’hausser le ton un peu trop haut – généralement, elle le gardait juste assez bas pour qu’on l’entende parler mais qu’une oreille indiscrète ne puisse rien saisir de plus que des fragments de phrase par ci par là au mieux. Elle n’était pas forcément avare de mots, mais elle n’aimait pas avoir l’impression de s’imposer. Elle était toute en discrétion et en timidité, en ombres furtives qui essayaient de ne pas se faire remarquer et filaient d’un point à l’autre sans s’arrêter ; lorsqu’elle marchait, elle avait souvent la tête basse et légèrement rentrée dans les épaules, comme pour se faire encore plus petite, plus discrète, moins repérable dans la foule qu’elle n’aimait pas fréquenter trop longtemps. Elle était légèrement paranoïaque sur les bords, aussi se cachait-elle d’autant plus du reste du monde. Elle était bien plus loquace, en revanche, lorsqu’elle se trouvait en présence que ces quelques personnes en lesquelles elle avait toute confiance et auxquelles elle aurait confié sa vie les yeux fermés. Avec eux, elle ne tarissait pas de paroles, répondant bien volontiers et alimentant la conversation avec plaisir, et lorsque les mots ne lui suffisaient plus à s’exprimer, il y avait toujours ses illusions pour prendre le relais, pour matérialiser ces sentiments qui ne pouvaient exister verbalement par faute de vocabulaire adapté.

Oui mais voilà : de mutation, Gene n’en avait plus. Pour les semaines à venir, elle était condamnée à être une simple humaine avec ses petits moyens limités – d’autant plus limités d’ailleurs qu’elle n’avait plus d’émotions pour faire passer ses messages. De toute façon, elle réfléchissait de manière bien trop rationnelle, bien trop crue pour en avoir besoin. Dépourvue de ses sentiments, elle avait développé une façon de penser très mathématique. Tout avait une logique, tout n’était que causes et conséquences sans que rien ne vienne parasiter ses pensées. C’était un état assez dangereux dans lequel elle se trouvait : c’était la logique qui primait sur l’éthique, les probabilités qui prenaient le pas sur toute retenue, toute empathie qui s’était envolée en même temps que son pouvoir. Elle avançait comme une machine, une redoutable intelligence artificielle qui n’avait plus rien d’humain. Elle ne se souciait pas le moins du monde de l’image qu’elle pouvait donner aux autres, qu’ils soient proches d’elle ou simples silhouettes de passage. Pourtant, son air neutre à la limite de la froideur ne semblait pas repousser le grand criminologue aux yeux clairs qui la regardait en souriant, charmeur et aimable. Et lorsqu’il prit les notes qu’elle lui tendit, elle se sentit … étrangement en confiance, et très légèrement timide. Elle plissa légèrement les yeux, attendant que les sensations passent. Après tout, elle n’était pas sensée en avoir, alors ça ne devait être que passager. Elle le regarda tandis qu’il détaillait son écriture.

- Elle n’est pas toujours comme ça.

Ciaran aurait été bien étonné de voir que ses notes habituelles étaient bien plus hâtives, qu’il y avait des annotations, des sauts à la ligne, des rappels et des contractions ; ses lettres étaient plus rondes, ses boucles larges et elles penchaient légèrement sur la droite. Rien à voir avec cette écriture qui aurait pu concurrencer celle d’une machine à écrire.
Cependant, ce ne fut pas la qualité de sa typographie qui sembla surprendre le psychiatre, mais la quantité de mots qu’il avait sous les yeux. Sans rien pour la distraire et sans autre objectif que celui de recopier ses paroles, la jeune femme n’avait pas loupé une miette de ce qu’il avait dit. Ce n’était pas par passion pour ce qu’il leur avait expliqué – bien qu’objectivement, l’intervention avait été particulièrement intéressante – mais parce qu’elle s’était donné ce but et qu’elle avait exécuté cette tâche avec la perfection et la rigueur d’une machine. Lorsqu’il se pencha vers elle, l’air suspicieux, elle soutint sans broncher son regard pourtant si hypnotique dans lequel elle se serait sûrement noyée en temps normal.

- Je n’avais rien d’autre à faire que vous écouter et prendre des notes.

Pas la peine de lui donner plus d’explication que nécessaire. Il n’y avait rien d’autre à dire sur le sujet de toute façon puisqu’il s’agissait de la vérité : il avait parlé, elle avait écrit. Elle s’occuperait de relire et d’assimiler ces nouvelles connaissances plus tard. Elle récupéra ses feuillets et les rangea soigneusement, relevant ses yeux bruns vers lui.

- Gene. Gene Warner. Sans distraction, ce n’est pas difficile d’avoir une prise de notes efficace.

Alors qu’elle avait tendance à divaguer en temps normal, la petite brune ne pouvait plus se perdre dans les méandres de son imagination – elle ne le pourrait plus pendant un temps. Sans désir de créer ni de rêver, elle n’avait aucun intérêt à plonger dans les tréfonds de ce qui faisait pourtant le terreau de ses illusions. Lorsque tout reviendrait à la normale, elle y retournerait avec plaisir. En attendant, elle était trop détachée de tout ça pour y songer. Elle avait des tâches plus intéressantes et plus productives à faire que de pleurer sur un esprit dont une partie avait été endormie pour un bon mois.

- Ca vous surprend.

Ce n’était pas une question mais une constatation, et l’expression de Ciaran ne pouvait pas être interprétée autrement. Qu’il explique sa surprise s’il le voulait, ou qu’il reste silencieux s’il préférait. Ca ne changerait pas la journée de la jeune femme s’il voulait ne rien dire … mais il semblait être assez bavard, l’air de rien. Peut-être aurait-il quelque chose à dire à ce sujet.
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Ciaran O'Doherty
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MessageSujet: Re: Whoever brings the night [ft. Ciaran]   Whoever brings the night [ft. Ciaran] Icon_minitimeLun 18 Juil 2016 - 19:25

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Gene & Ciaran



Il y avait tout de même un petit quelque chose qui chiffonnait Ciaran. Pas le fait que la Terre tourné désespérément autour du soleil, ni qu'il déteste pour raison injustifiée les choux de Bruxelles. Non, toutes ces petites choses de la vie qui lui laissaient un goût amer dans la bouche n'était rien en comparaison de ce qu'il avait sous les yeux. Comment avait-elle pu se retrouver ainsi, dénuée de sentiment comme au premier jour, comme si on venait tout juste de l'extraire de la matrice humaine en ayant omis de la pourvoir d'éléments pourtant capitale à sa survie ? Elle ne pouvait être née ainsi, à moins d'être comme lui, d'être une manipulatrice des sentiments. Ciaran se fourvoyait à ce sujet. Contrôlant les sentiments, il était persuadé de ne pas en avoir de réels et de se contenter de reproduire ceux qu'il voyait. Seulement... Il ressentait bel et bien les choses, parce qu'il était avant tout humain. Il ressentait les choses, mais ça ne signifiait pas pour autant que ses sentiments étaient positifs. L'amour ? C'était pour les enfants. L'attachement ? L'amitié ? La compassion ? Quel intérêt si c'était pour être déçu à l'arrivée ? Ciaran était avant tout empli de jalousie, de rancœur, d'animosité et de malice, de sadisme et totalement dépourvu de culpabilité. Pour culpabiliser, il aurait fallu qu'il comprenne les conséquences de ses actes et se mette à la place de ses semblables, mais il en était purement et simplement incapable.

Toujours est-il que la jeune fille demeurait un mystère et qu'il entendait bien le percer, en joyeux Sherlock Holmes des temps modernes qu'il était. Cette façon qu'elle avait de poser ses phrases à la manière de constatation évidente, sans la moindre variation dans le ton, sans émotion, sans timbre... Nul doute que si on avait voulu la passer au détecteur de mensonges, elle aurait pu raconter avoir été enlevée par des extraterrestres que l'appareil ne l'aurait pas contredite. Et si l'idée amusait beaucoup Ciaran, il n'avait pas spécialement envie de la tenter, étant donné la paranoïa des américains à l'égard d'hypothétiques hommes verts.

« Qu'entendez-vous par « je n'avais rien d'autre à faire » ? Habituellement vous préférez faire autre chose que prendre en note le cours ? »

Lorsqu'enfin elle lui donna son prénom, l'irlandais esquissa un sourire.

« Enchanté, Gene ! J'avoue être un peu perdu avec ce que vous me dites... De quel genre de distraction parlez-vous ? Je suis curieux, je sais, mais je suis plus que fasciné par votre capacité à restituer si fidèlement un exposé... »

Posant son menton dans la paume de sa main avec un sourire d'enfant, Ciaran l'écouta, tout ouïe. Les sentiments étaient une distraction, à l'instar de toute considération humaine. S'inquiétait pour autrui, avoir de l'affection, de la haine, se l'empathie... Tout ça participait à déconcentrer l'esprit d'un but précis. Sans émotion, il n'y avait pas d'hésitation.

« Bien sûr que ça me surprend ! Je n'ai encore jamais croisé d'étudiant de votre... Genre. Vous présentez un mémoire cette année, n'est ce pas ? Avez-vous envisagé de poursuivre en doctorat et d'écrire une thèse ? Voyez-vous, je suis habilité à diriger ce genre de travaux... Et je sais à quel point il est difficile de trouver un directeur de recherche en criminologie... Aussi, si vous avez déjà des pistes de recherche, je serais ravi de les entendre ! »

Inutile de dire qu'en réalité, c'est elle qui serait son objet de recherche. Son cobaye. Sa poupée. Sa petite chose docile qu'il prendrait un malin plaisir à façonner comme il l'entendait. Quelque part, Ciaran est plus vieux et malsain qu'il n'y paraissait. Depuis longtemps, il cherchait un caractère neutre, vide de toute émotion, qu'il pourrait modeler à sa façon sans avoir à prendre en compte les autres sentiments de la personne. Et s'il l'avait sous les yeux ? S'il était enfin en présence de sa perle rare ?

« Vous n'êtes bien évidemment pas forcée d'accepter... »

Pas forcée... Mais ça ne l'empêcha pas de lui envoyer une vague de confiance à son égard pour l'aider dans son choix.

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Gene Warner
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MessageSujet: Re: Whoever brings the night [ft. Ciaran]   Whoever brings the night [ft. Ciaran] Icon_minitimeLun 18 Juil 2016 - 19:27



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Le danger d’être dans un état tel que celui de Gene, c’était qu’on ne se rendait plus compte du danger. Ou plutôt, on ne le voyait plus que comme des données à analyser et l’instinct n’entrait plus du tout en compte puisqu’il n’y avait plus aucune empathie pour réveiller la méfiance ou au contraire la sympathie. La jeune femme, eut-elle été dans son état normal, aurait sans doute rougit et sourit aux remarques du criminologue, flattée que quelqu’un de son standing fasse des compliments à une personne aussi banale qu’elle l’était. Peut-être aurait-elle aussi remarqué qu’il y avait quelque chose d’un peu étrange dans le comportement de l’homme, une lueur décalée dans ses yeux clairs comme un ciel d’été et qui avaient dû hypnotiser plus d’un auditoire. Mais puisqu’il n’avait aucune attitude menaçante, voire même qu’il lui inspirait une confiance bien extraordinaire étant donné les conditions, la petite brune ne se posait pas de question et se contentait de répondre aux siennes, calmement, posément, sans qu’un mot soit prononcé plus haut que l’autre. Elle ne développait pas plus que nécessaire, se contentant de donner la quantité d’informations adéquate et rien de plus. Elle parlait peu, mais Ciaran avait l’air bavard pour deux.

- Je dessine.

En guise de développement à cette réponse particulièrement concise, elle chercha ses notes datant de trois jours avant sa vaccination et lui montra trois feuillets différents. Son écriture était différente, il y avait des annotations, des contractions, et si l’essence du cours était noté, si le plus important avait été rédigé, lorsqu’elle n’avait pas jugé bon de suivre les digressions de ses professeurs, elle avait griffonné quelques petits croquis au critérium au-dessus de ses paragraphes, reproduisant sur le papier les illusions qu’elle matérialisait dans l’intimité de son petit appartement. Laissant le psychiatre se caler dans une nouvelle position, elle soutint son regard sans broncher là où d’ordinaire elle aurait baissé le sien, n’osant pas le regarder dans les yeux.

- Pas de pensée parasite, pas de distraction à cause de problèmes personnels. J’ai réécrit votre cours parce que je me suis concentrée sur ce que vous disiez et rien d’autre. Normalement, je ne fais pas ça.


Il n’y avait qu’à voir ses notes habituelles pour s’en rendre compte. Elle était toujours très sensible au monde qui l’entourait. Depuis sa dose de NH24, elle voyait tout comme une succession de données et d’enchaînements avec leur propre logique, logique à laquelle il suffisait de s’adapter. Et les problèmes qu’elle ne pouvait pas résoudre, elle les reléguait de côté pour s’en occuper plus tard et se concentrer sur autre chose.
Buvant une gorgée de son jus de fruit, la jeune femme écouta ce que le grand personnage face à elle avait à lui dire. Une thèse, voilà une chose à laquelle elle avait pensé mais qu’elle n’était pas encore certaine de faire. Cela dit … cela dit, les mots du criminologue ne tombaient pas dans l’oreille d’un sourd. Et à bien y réfléchir, elle avait déjà quelques pistes de réflexion qu’elle aurait bien aimé pousser davantage, surtout si elle avait un professionnel aussi chevronné que lui pour la guider. Mais s’il ne s’intéressait à elle que parce qu’il n’avait jamais vu quiconque réagir comme elle le faisait, il serait bien déçu trois semaines plus tard.

- Les psychopathologies criminelles chez les enfants, le conditionnement sociétal pouvant convaincre un parfait innocent qu’il est une bête assoiffée de sang, la séduction chez les psychopathes et comment repérer ces mécanismes … j’avais quelques idées, je ne les ai pas encore poussées.

Elle pencha très légèrement la tête sur le côté, ses mèches brunes dégringolant sur ses épaules, et elle détailla le visage de son vis-à-vis à la recherche de ses expressions à lui, d’un indice qu’il aurait caché derrière son sourire enjôleur.

- Mais quel est l’intérêt pour vous ? Pourquoi vouloir suivre ma thèse et pas celle de l’un de mes camarades mieux classés ?

Elle avait beau être une bonne élève, elle n’était pas la meilleure de sa promotion et elle ne comprenait pas l’intérêt que Ciaran avait pour elle. C’était un choix absurde de se porter sur la médiocrité plutôt que sur l’excellence. Récupérant ses notes, elle les rangea soigneusement en un tas bien classé.

- Les étudiants « de mon genre » n’existent pas. Et ce que vous voyez de moi n’existera plus dans un mois.

Un mois, trois semaines, six semaines, elle ne savait pas combien de temps dureraient les effets du vaccin. Mais une fois qu’ils s’évaporeraient, elle redeviendrait la jeune adulte rêveuse et timorée qu’elle était réellement, et Ciaran réaliserait l’erreur redoutable qu’il aurait commise.
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Ciaran O'Doherty
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MessageSujet: Re: Whoever brings the night [ft. Ciaran]   Whoever brings the night [ft. Ciaran] Icon_minitimeLun 25 Juil 2016 - 14:06

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Gene & Ciaran



La conversation avait l'air banale, presque ennuyeuse pour qui l'aurait suivi de loin. Pourtant, pour Ciaran, elle était d'une importance capitale. Il n'avait même pas besoin de la mettre en confiance, il pouvait créer ce sentiment de sécurité en sa présence. C'était tout de même jouissif de n'avoir pas besoin de forcer les choses, d'effacer des sentiments pour en créer d'autres... Il n'avait qu'à tracer son propre schéma sur une page vierge, et c'était bien la première fois qu'il assistait à ça. On aurait pu penser que ce serait facile, d'envisager de créer un caractère de toutes pièces, mais c'était au contraire la porte ouverte à l'illogique, aux excès... Un caractère ce n'était pas seulement une suite d'attitudes, de goûts et de sentiments, c'était aussi un équilibre difficile à atteindre, que tout mutant semblable à Ciaran se devait de maîtriser pour garder l'anonymat. Avec Gene, toute la difficulté viendrait de cet équilibre qu'il mourait d'envie de transgresser pour en faire une œuvre d'art humaine inégalable. Seulement à trop vouloir briller, il s'en brûlerait les ailes avec le premier hunter un peu trop suspicieux venu. Non... Définitivement, Ciaran n'aimait pas l'idée de voir son talent artistique dénigré par une bande de rustres, et n'aspirait pas plus que ça à la fuite. Il avait réussi à rester discret pendant quarante ans, usé de sa mutation au nez et à la barbe de ses chasseurs de parents, ce n'était pas pour tout laisser tomber sur un coup de tête à présent ! Sirotant son café, il s'amusait de voir à quel point la demoiselle était directe et laconique lorsqu'elle prenait pas la parole. Pas de mots superflus, pas d'emphase, un ton monocorde... Rien ne l'animait. Comme si on lui avait subtiliser son âme. Si tant est que l'âme existât, mais Ciaran n'était clairement pas là pour discuter de l'existence ou non d'une chose immatérielle relevant davantage de la superstition que d'autre chose.

Je dessiner, disait-elle... C'était bien là l'attitude d'un esprit en constante effervescence, incapable de rester concentré sur quelque chose et obligé d'évacuer un trop plein d'imagination en griffonnant dans la marge de ses cours. Le total opposé de ce qu'elle semblait être depuis qu'elle n'avait plus la moindre émotion. Lorsqu'elle lui montra quelques feuilles de cours datant d'une période où était encore autre chose qu'une coquille vide, le contraste frappa le psychiatre. Une écriture chargée d'émotions, plus féminine, des flèches en tous sens, et surtout ces petits croquis presque abstraits qui auraient sûrement eu une signification si le mutant avait pris le temps de les étudier. Mais il n'était pas là pour ça, et tout ce qu'il remarquait pour le moment, c'est à quel point il avait l'impression d'avoir affaire à une schizophrène.

« Qu'entendez-vous par « normalement » ? On dirait que vous avez conscience de ne pas être dans votre état normal, sans pour autant nommer ce qui vous a changé à ce point... »

Il voulait la confirmation. Il voulait savoir si son état était purement psychologique ou le résultat d'une bombe chimique implantée dans son code génétique. En résumé, si elle était sous l'influence d'un vaccin anti-mutation ou simplement dérangée. Avec Ciaran, les raccourcis allaient souvent bon train.

« Loin de moi l'idée de vous psychanalyser, bien sûr... », même s'il était totalement en train de le faire avec une innocence totalement crédible.

Mais plus que la sonder pour savoir ce qui se cachait derrière l'indifférence qu'exprimait son visage, Ciaran voulait d'abord s'assurer qu'elle et lui auraient à se revoir rapidement et régulièrement. Et quoi de mieux pour cela que de s'intéresser à son projet de thèse ? Le menton posé sur ses doigts joints, il la regardait avec toute l'innocence du monde imprimée sur le visage. Difficile de comprendre que Ciaran O'Doherty était tout sauf le psychiatre altruiste qu'il prétendait être. Un sourire pour masquer la haine, un clin d'oeil pour camoufler la jalousie, parfois un baiser pour taire la rancœur, et quelques vers passionnés pour endormir la vigilance des plus réticents. Ainsi donc, elle s'intéressait aux psychopathologies criminelles chez les enfants... Intéressant, Ciaran se retrouvait quelque peu là-dedans. Le conditionnement, ça aussi ça lui parlait ! Il aurait pu citer Artur, le gentil, l'adorable, le timide Artur comme cible de son sadisme... Le jeune homme faisait partie de ces individus influençable à qui Ciaran avait tendu la main, leur promettant aide et bienveillance pour mieux les poignarder dans le dos. Bien, très bien, sujet intéressant. La séduction chez les psychopathes ? Seigneur, l'avait-elle déjà percé à jour ? Le sourire du mutant ne fit que plus franc, flatté qu'il était de voir tout le vice de sa personne se cristalliser dans les centres d'intérêts professionnels de la jeune femme. Il connaissait chacun de ces sujets sur le bout des doigts pour avoir eu le meilleur objet d'étude qui soit : lui-même. Pourquoi aller chercher ailleurs quand on avait sous la même l'un des plus beaux spécimens du genre ? Narcissique jusqu'au bout des ongles, Ciaran ne serait pas allé se contenter d'analyser la médiocrité d'un malade de bas étage.

« Mon intérêt ? Oh croyez-moi j'en ai plus d'un ! Déjà, vos quelques idées sont toutes intéressantes. Elles ont certes déjà été traitées, mais on en apprend tous les jours sur les mécanismes psychologiques des malades, vous savez. Tout dépend de l'angle sous lequel vous envisagez votre recherche. Ensuite... Je dois bien vous admettre que vous me fascinez. N'y voyez pas là une remarque déplacée, je ne me permettrais pas, mais je serais très curieux de comprendre ce qui a provoqué chez vous un tel changement... D'autant que je suis persuadé de pouvoir vous aider. »

Gentillesse, dévouement, main tendue comme s'il s'était pris pour un dieu, c'était du Ciaran tout craché. Le syndrome du Messie était une chose qu'il avait en horreur chez les humains. Ces imbéciles qui sortaient leur cape rouge et collants bleus pour s'en aller sauver une veuve et un orphelin qui n'avaient rien demandé lui donnaient tout bonnement envie de vomir. Et pourtant, il adorait jouer dessus pour mieux camoufler ses véritables intentions. Penchant la tête sur le côté à son tour, il eut finalement la réponse qu'il attendait tant. Vaccin... NH24, pour être plus précis. C'était du moins ce que sous entendait la demoiselle. Baissant d'un ton, il repris.

« Aah... Je vois... Mutante vaccinée, je suppose ? C'est fâcheux, qui est donc l'odieux personnage qui vous a imposé cela ? A moins que ça ne soit volontaire ? »

Il ne l'aurait pas blâmée pour ça, à vrai dire. Ciaran faisait partie de ces quelques mutants imbus de leur personne qui considéraient que lui seul était digne d'être un mutant. Le reste de l'humanité pouvait bien s'en passer et rester dans l'ignorance.

« Simple curiosité, qu'étiez-vous capable de faire, avant ça ? »

Y avait-il des risques qu'elle lui passe la permanente au grill une fois ses pouvoirs revenus, ou était-elle simplement capable de lire l'avenir dans les pâtes alphabet ?
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MessageSujet: Re: Whoever brings the night [ft. Ciaran]   Whoever brings the night [ft. Ciaran] Icon_minitimeMer 27 Juil 2016 - 0:27



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En temps normal, Gene aurait eu du mal à garder contenance pendant cette conversation. L'assurance de Ciaran, ses propos flatteurs, et son physique qui, objectivement, était loin d’être banal auraient fini de réveiller chez elle sa timidité et sa gêne légendaires. Elle l’aurait regardé en luttant pour ne pas laisser ses pensées divaguer, et elle aurait également lutté pour le regarder dans les yeux, pour ne pas baisser le regard en permanence et pour ne pas se laisser impressionner de trop. Au moins, sans émotions, elle n’était plus impressionnable et pouvait tenir une conversation décente – quoique marqué par une froideur et une concision effrayantes. Elle était plus proche du robot que de l’être humain tant son côté purement analytique était sollicité pour compenser la disparition de ses sentiments. Elle ne disait pas un mot de plus que ce qu’il fallait, donnant des informations claires, précises et pas élaborées à moins qu’on ne le lui demande ou que la situation l’exige. Elle ne parlait pas beaucoup en comparaison du criminologue qui avait l’air plus bavard que la moyenne, mais elle écoutait absolument tout ce qu’il disait et réfléchissait à chacune de ses paroles. Ce fut d’ailleurs pour cela qu’elle ne répondit pas à sa question, ne sachant s’il était de ces personnes neutres ou bien s’il était prêt à brandir fourche et torche à l’évocation de sa mutation, et si la mutante n’avait plus d’émotions, elle n’en avait pas perdu son instinct de survie pour autant. Elle se contenta de pencher légèrement la tête sur le côté et de le détailler de son regard vide.

- Vous êtes en train de le faire.

Ce n’était pas un reproche mais un simple constat. Après tout, c’était aussi son travail, alors il devait passer son temps à psychanalyser les autres, volontairement ou non – mais la manœuvre avait l’air parfaitement volontaire dans ce cas précis.
Les mains croisées sur sa pile de notes, la jeune femme répondit aux questions du grand homme et écouta, attentive, ce qu’il avait à lui dire. Pour elle, ça n’était pas logique qu’il la choisisse alors qu’elle n’était pas première de sa promotion. Elle n’était pas bête, loin de là, mais il lui manquait une certaine rigueur et une hygiène de travail qui lui auraient permis d’atteindre le sommet. Et monsieur O’Doherty avait l’air de quelqu’un cultivant l’excellence, alors qu’il jette son dévolu sur elle pour suivre une thèse éventuelle, ça n’avait aucun sens à ses yeux. D’autant que les sujets qui l’intéressaient avaient été étudiés encore et encore. Cependant, il avait raison : on en apprenait tous les jours sur les mécanismes de la psyché humaine ainsi que ses dérives, et rien ne l’empêcherait d’apporter sa pierre à l’édifice, aussi humble soit-elle.
Là où elle n’était plus tout à fait d’accord avec lui, en revanche, ce fut lorsqu’il lui affirma qu’il pouvait l’aider. A moins qu’il ne sache inverser les effets du vaccin, ou bien qu’il ne puisse mettre les deux mains dans les cendres de ses émotions pour en rallumer les braises, il ne serait capable de rien. Rien, à part se penser suffisamment bon psychiatre pour parvenir à inverser quelque chose qui était purement physique, un accident arrivé par la science et non pas à cause d’un quelconque traumatisme psychologique.

- Vous ne le pouvez pas.

Là encore, aucune trace de reproche ou d’animosité. C’était comme ça, tout simplement. Ciaran ne pourrait rien faire pour elle. Et elle ne put rien faire d’autre que de lui affirmer une nouvelle fois que son intérêt pour elle ne durerait pas, et qu’elle redeviendrait la jeune femme timorée et rêveuse qu’elle était réellement dans une poignée de semaines à peine. Pourtant, elle ne s’était pas attendu à ce qu’il comprenne tout de suite qu’elle parlait du NH24. Cela dit, c’était un homme intelligent, et quiconque avec deux sous de jugeote et les bonnes informations aurait réussi à faire ce lien. Il avait raison : c’était une mutante vaccinée. Depuis peu, certes, mais vaccinée quand même. Jim lui avait assuré que ça ne serait que temporaire, que c’était pour sa sécurité, qu’il n’avait pas le choix. Elle saurait bien assez tôt s’il lui avait menti ou non. Elle ne l’avait plus revu depuis, alors il lui manquait encore quelques détails pour être certaine de ce qu’il avait avancé.

- Mon meilleur ami, répondit-elle lorsque l’homme aux yeux clairs lui demanda qui lui avait imposé cette vaccination.

Elle n’en voulait pas à Jim, mais c’était sans doute à cause de son absence totale d’émotions qu’elle n’avait aucun grief contre lui. Elle se souvenait avoir eu peur lorsqu’elle avait senti l’aiguille mordre sa chair, mais après, plus rien. Et ce vide perdurait encore aujourd’hui, pour elle ne savait combien de temps.
Son regard plongé dans celui du criminologue, elle réfléchit un instant à sa réponse. Cela dit, il lui apparut bien vite que, s’il était hunter, il avait de toute façon compris quelle était sa véritable nature, et s’il avait voulu la tuer, il aurait très bien pu le faire plus tard, le tout sans laisser de traces. Perdu pour perdu, elle pouvait bien lui répondre.

- Je suis illusionniste.


Elle avait parlé de son pouvoir au présent, car jusqu’à preuve du contraire il était encore là, simplement endormi pour un temps, jusqu’à ce que son code génétique soit libéré de l’emprise du sérum qui coulait dans ses veines.
Parlant du même ton bas que le psychiatre, profitant du brouhaha et de leur éloignement de la foule pour être sûre qu’aucune oreille indiscrète ne les surprenne, ce fut à son tour de poser des questions.

- Et vous, docteur ? Qu’est-ce que vous savez faire ? A moins que vous ne soyez chasseur, ou alors vous êtes un humain avec une préférence pour l’un ou l’autre camp de cette guerre.

Gene n’était pas certaine d’avoir des réponses. La probabilité que Ciaran lui réponde n’était pas très élevée, mais elle ne risquait rien à lui demander ces informations, le pire qu’elle puisse obtenir de lui était un silence éloquent, ou quelques insultes bien senties. Rien qui ne trouble les statistiques de sa vie d’automate.
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MessageSujet: Re: Whoever brings the night [ft. Ciaran]   Whoever brings the night [ft. Ciaran] Icon_minitimeDim 4 Sep 2016 - 18:42

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S'il y avait bien une chose peu commune chez Ciaran O'Doherty, c'était bien cette capacité impressionnante qu'il avait de songer à mille et une choses à la fois, et de préférence sans rapport les unes avec les autres. A cet instant précis, il songeait à tout le potentiel que lui offrait Gene, à cet univers de sentiments discordants qu'il pourrait implanter dans son esprit, à la magie de ce feu d'artifice que serait alors son caractère, construit de toutes pièces par un artiste fou... Et à une énorme coupe glacée mirabelle, citron vert, orange, couverte de meringues et de coulis de fruits rouges, le tout surmonté d'une cerise griotte bien mûre. Et bon sang qu'elle l'obsédait, cette coupe glacée ! Presque autant que la demoiselle dépourvue d'émotions... Mais certainement de pas départie ni de logique. Elle était franche, c'était le moins que l'on puisse dire, et elle n'était pas dupe. L'Irlandais cherchait à la psychanalyser, peu importe les pincettes qu'il prenait ou la finesse de son vocabulaire, c'était bel et bien le cas.

« Oups... Touché... », dit-il avec un sourire amusé.

Futée, certes, mais surtout libre de tous sentiment, libre de tout ce qui pouvait entraver sa réflexion, libre de tous doutes, douleurs psychologiques ou affection... Elle était libre de faire ses choix avec un pragmatisme qui aurait froid dans le dos de n'importe quelle personne ne s'appelant pas Ciaran O'Doherty. Et il voulait l'aider, oh oui il voulait l'aider ! Certainement pas de la manière dont le commun des mortels concevait l'aide, mais il était prêt à donner de sa personne de manière totalement altruiste et désintéressée pour qu'elle retrouve des sentiments et une vie normale. Personne n'aurait songé un seul instant à ce qu'il soit de mauvais foi, bien sûr. Seulement... Il était étonné qu'elle lui affirme de but en blanc qu'il ne pouvait pas l'aider, et ce sans ajouter quoi que ce soit. Si elle avait su...

« Vous pensez réellement que je ne peux pas vous aider ? Comment pouvez-vous en être aussi sûre ? »

Mais plus important encore, qui donc avait vacciné cette fascinante jeune femme ? Qui donc était à l'origine de la blancheur plus pure encore qu'une perle de nacre de ses sentiments ? Ciaran lui aurait volontiers serré la main et remercier, car cette jolie perle immaculée, il n'allait pas tarder à la souiller de la plus odieuse des manières qui soit. Mais pour le moment, il tâtait le terrain, la sondait, distillait la confiance en elle pour qu'elle s'ouvre un peu plus à lui et se sente bien en sa présence. L'avantage avec une absence de sentiments comme la sienne, c'est qu'elle avait moins de risques de se poser des questions au sujet du psychiatre. L'Irlandais fut d'autant plus amusé lorsqu'il appris que le responsable des malheurs de la demoiselle... Etait son meilleur ami. Quel genre d'ami était-il pour la vacciner ainsi ?

« Votre meilleur ami ? J'imagine que... Votre détachement vis à vis de tout ça est inhérent aux effets secondaires du vaccin, mais ne lui en voulez-vous pas ? Pas du tout ? »

Tout en disant cela, il troqua la confiance pour un sentiment fait de rancoeur et de colère, qu'il insuffla tout doucement à la jeune femme, le laissant tranquillement enfler et faire son chemin dans son esprit. Oh à dire vrai, Ciaran se fichait bien de savoir si le meilleur ami de la jeune femme était un escroc, un type respectable ou un meurtrier... Tout ce qu'il cherchait, c'était à expérimenter, à titiller et pour cela, il ne s'embarrassait d'aucun scrupule d'aucune sorte. D'autant que... Une illusionniste ? C'était tout bonnement fascinant. Quelqu'un capable de donner vie en quelque chose à ce qu'il imaginait, ou encore susceptible de détruire la réalité pour y imposer ses illusions... C'était un don aussi féerique que dangereux. On pouvait imaginer des décors tout droit sortie d'un conte, ou encore un brasier infernal... A quel point pouvait-elle être dangereuse ? Difficile à dire. En l'absence d'émotions, la jeune fille ne possédait pas son véritable caractère ni son tempérament.

« C'est vraiment fascinant... Vous pouvez donner vie à ce que vous imaginez ? Comment ça fonctionne ? Navré, je suis curieux, mais je suis toujours captivé par les mutations que je peux rencontrer... »

Captivé... Inquiet, oui ! Si elle retrouvait sa mutation, qui sait ce qu'elle serait en mesure de faire ? De lui faire ? Mieux valait être prudent, et prendre les choses avec des pincettes. Seulement, à peine avait-il posé cette question que la jeune femme commençait à lui renvoyer la balle, cherchant à savoir qui il était ou plutôt... S'il était lui aussi capable d'une quelconque chose formidable. Devait-il lui dire ? Ou garder cela pour lui, comme il l'avait toujours fait ? Dans un sens, ne rien dire lui garantissait cette immunité à laquelle il tenait depuis toujours. D'un autre côté... S'il lui disait qu'il possédait le don d'influencer les sentiments, il lui prouverait qu'il pouvait l'aider et lui était absolument indispensable. Après un moment de silence, l'Irlandais esquissa un sourire.

« J'observe les gens, mademoiselle. J'observe leur attitude, leurs réactions, leur façon d'être... J'analyse. C'est mon métier, mais c'est aussi une chose que j'apprécie en dehors de mes heures de travail. Si cela peut vous rassurer, je ne suis pas un chasseur, si tant est que vous poussiez sembler inquiète. Je ne prends parti pour personne dans cette... guerre que se mènent mutants et chasseurs. A vrai dire, je prône simplement le respect et l'acceptation de chacun dans un monde en paix. Je suis un peu un idéaliste... »

Mon dieu Ciaran, t'écoutes-tu parler ? Lui chuchota sa conscience. Bien sûr qu'il l'aimait, cette guerre ! Bien sûr qu'il cultivait la haine de ces groupes en l'attisant depuis des années auprès de chasseurs sensibles et influençables... En réalité, si les chasseurs devaient disparaître et la société accepter les mutants, Ciaran se serait beaucoup ennuyé. Il n'aurait plus eu à cacher son don, et aurait été susceptible d'être arrêté pour l'avoir utilisé à mauvais escient. Il n'aimait pas beaucoup cette perspective et pourtant, il la servait si bien qu'on ne pouvait imaginer qu'il mentait.

« Tenez, prenons un exemple... », dit-il en se tournant vers le reste de la salle, où discutaient d'autres étudiants. « Vous voyez le jeune homme qui tient la main de la jeune fille blonde, deux tables plus loin ? Au premier abord, ils ont l'air d'un parfait petit couple qui s'aime, non ? »

Et comment... Il sentait pulser un amour plein de guimauve et de mièvreries jusque-là, à tel point qu'il en était écœuré. Aussi, jugeant la distance encore acceptable pour faire jouer sa mutation, il laissa glisser en direction de la jeune fille un certain dégoût vis à vis de son partenaire.

« Vous voyez son recul ? Le pli sur son front et sa moue ? Sans ces petits détails, on croirait presque à une affection réciproque, mais en réalité... »

A peine avait-il dit cela que la jeune fille assénait une gifle retentissante sur la joue de son présumé petit ami qui resta là, éberlué, tandis qu'elle récupérait ses affaires pour s'en aller la tête haute.

« J'observe, j'analyse, c'est comme ça que j'ai remarqué votre attitude tout à l'heure. Il n'y a rien de magique ou de mutant dans tout ça. »

En réalité... Il y avait une part d'observation mais surtout beaucoup de mutation. Et ça, il se garda finalement bien de le lui dire. Il le lui révélerait tout en temps voulu... Peut-être. Il se retourna vers la jeune fille avec un grand sourire et repris :

« Alors ! Ce doctorat ! Vous n'êtes pas obligée d'accepter, hin... »

Même s'il serait particulièrement peiné, ou plutôt contrarié, de son refus. Il la voulait sous sa direction, même s'il se fichait totalement du sujet de doctorat qu'elle pourrait choisir. Le sujet qui l'intéressait, c'était elle, rien de plus, rien de moins.
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MessageSujet: Re: Whoever brings the night [ft. Ciaran]   Whoever brings the night [ft. Ciaran] Icon_minitimeDim 25 Sep 2016 - 4:54



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Gene n’était pas quelqu’un de bête. Elle n’était pas forcément dotée d’une intelligence prodigieuse, mais elle était bien plus maline que la plupart des gens, et c’était une vérité qu’elle ne pourrait pas changer malgré tout le peu de confiance en elle qu’elle possédait. Elle réfléchissait beaucoup et vite, parvenait à faire des déductions qui échappaient aux autres et se débrouillait bien plus que correctement pour résoudre des problèmes ou trouver des solutions. Elle n’était peut-être pas la meilleure mais elle n’était certainement pas la pire, et maintenant que ses sentiments n’étaient plus là pour entraver ses pensées, elle était incroyablement plus efficace, le doute, les remords et toute autre forme de considération qui aurait pu la ralentir envolée au profit d’un raisonnement efficace et d’une avalanche impitoyable de démonstrations. Alors, avec un peu d’observation, ça n’était pas bien difficile de comprendre que Ciaran était en train de la psychanalyser. C’était son métier, après tout, et son cas pouvait en intéresser plus d’un. Ca ne la surprenait pas plus que ça – à dire vrai, ça ne la surprenait pas du tout.
Les mains croisées sur ses notes, elle soutenait son regard sans broncher. Elle ne savait toujours pas pourquoi, mais elle le trouvait sympathique. Etait-ce le signe que le vaccin commençait à ne plus faire effet ? Peut-être. Mais sa compagnie ne lui était pas désagréable tout en ne lui était pas parfaitement indifférente.

- Parce qu’à moins que vous ne sachiez créer des sentiments de toutes pièces, vous ne pourrez rien y faire.

Si l’homme en face d’elle n’était pas mutant et qu’il ne possédait pas un tel pouvoir, alors il aurait beau essayer, il n’arriverait à rien avec elle – pas tant que le sérum qui avait réécrit son code génétique serait encore actif. Ce qui adviendrait par la suite était encore un mystère. Peut-être garderait-elle des séquelles à vie, ou bien peut-être reprendrait-elle sa vie comme si rien ne s’était passé. Elle ne pouvait pas prévoir de quoi ces jours-là seraient faits, pas tant que le NH24 continuerait à tuer ses rêves, ses illusions et ses sentiments.
Sentiments qui semblèrent se réveiller doucement lorsque le psychiatre évoqua Jim et ce qu’il lui avait fait. Une petite bouffée de colère lui monta au nez, et elle réalisa qu’elle lui en voulait peut-être plus que ce qu’elle ne l’avait cru après qu’il lui ait expliqué avec quoi il venait de la piquer.

- … Peut-être un peu, je suppose.

Elle n’en était pas certaine car la sensation était très diffuse, mais la rancœur était là, nichée quelque part dans son cœur, plus forte que le reste puisque c’était tout ce qui avait fini par réapparaître de ses véritables émotions.
Petit à petit, elle finit par refluer, redevenant quelque chose de parfaitement diffus quoique toujours présent, et le sujet changea à nouveau pour dévier sur la mutation de la jeune femme. Expliquer en quoi elle consistait n’était pas bien difficile, cependant sans y mettre du cœur, ça n’aurait pas le même impact que lorsqu’elle en faisait la description en temps normal.

- Il me suffit d’imaginer quelque chose – un objet, une personne, un animal. L’illusion touche tous les sens, les cinq. Je peux façonner des paysages aussi, mais ça me demande plus d’efforts et ils ne peuvent pas s’étendre sur une aussi grande surface que pour un mirage seul.

Si elle avait pu, elle lui aurait montré ce qu’il en était vraiment ; après tout, elle adorait pouvoir faire rêver les autres avec son pouvoir. Seulement, maintenant qu’elle n’imaginait plus rien en bonne petite machine qu’elle était devenue, elle ne pouvait que donner une idée approximative de la chose. Combien de créatures fabuleuses et de décors grandioses avait-elle matérialisé durant ses vingt-six années de vie ? Si elle avait pu s’en rendre compte, elle aurait réalisé à quel point ça lui manquait. Ses illusions donnaient vie à ses personnages et à tout un tas d’animaux fantastiques qui lui tenaient compagnie et qu’elle considérait autant comme sa famille que Jim. Alors, ne plus pouvoir rien faire, même sans ses sentiments, laissait un vide immense que rien ne pourrait jamais combler.
Renvoyant bien volontiers la balle au criminologue, elle le laissa réfléchir à sa réponse avant de l’écouter. Analyste, ça il l’était et plutôt deux fois qu’une. La jeune femme l’écouta parler sans broncher de son désir de voir mutants et humains vivre en paix. Il en parlait avec tant de conviction que personne n’aurait pu le penser menteur, et elle ne chercha pas à remettre sa parole en doute une seule seconde. Au lieu de cela, elle suivit avec une curiosité discrète la petite démonstration qu’il lui fit de ses talents de déduction. Ses yeux bruns suivirent le mouvement de l’étudiante qui se levait après avoir assené une claque monumentale à son compagnon.

- Je vois.

Le fameux doctorat fut de nouveau cité, et cette fois la petite brune prit le temps d’y penser. Après tout, continuer ses études encore quelques années pourrait lui apporter plus de connaissances et de qualifications, et si elle parvenait à faire publier ses recherches, elle aurait déjà de la matière à présenter lors de ses entretiens d’embauche. Et puis, en toute objectivité, Ciaran O’Doherty était reconnu comme excellant dans son domaine de compétences, et il aurait été parfaitement idiot de refuser de travailler sous sa direction. Plongeant son regard dans le sien une nouvelle fois, elle lui donna sa réponse.

- D’accord. Je veux bien faire ce doctorat avec vous comme maître de thèse.

Peut-être regretterait-il sa décision une fois qu’elle serait redevenue elle-même, mais en attendant, elle saisissait l’occasion qui se présentait à elle, et pour le reste, advienne que pourra.
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Ciaran O'Doherty
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MessageSujet: Re: Whoever brings the night [ft. Ciaran]   Whoever brings the night [ft. Ciaran] Icon_minitimeLun 10 Oct 2016 - 21:38

suck from us and live forever
Gene & Ciaran



Un sourire fendit le visage de lutin de Ciaran, tandis que brillait dans ses yeux un éclat malveillant. Il avait envie de dire à la jeune femme qu'elle n'aurait pas pu mieux supposer, qu'elle était tellement dans le vrai qu'elle ne songeait même pas à l'éventualité que Ciaran soit vraiment un mutant, et celui-ci était fasciné par la situation. A moins que vous ne sachiez créer des sentiments... Oh que oui, il savait faire ça ! Il savait même très bien le faire ! Mieux que quiconque, car jamais Ciaran n'avait rencontré d'autre mutant capable de faire ce qu'il faisait. Et jamais personne ne serait en mesure d'accomplir ce qu'il accomplissait car il... Car il quoi, déjà ? Il le faisait pour le bien du monde ? Pour sauver la veuve et l'enfer ? Bah ! Foutaises ! C'était pour s'amuser, pour s'occuper, qu'il faisait tout ça ! Jamais il n'y aurait le moindre altruisme dans l'usage de la mutation de Ciaran, et il ne cherchait pas à accomplir quoi que ce soit sinon à plonger le monde des humains, déjà sur le déclin, dans le chaos. Et qui de mieux pour alimenter sa soif de contrôle et d'horreur qu'une innocente jeune fille malmenée par un vaccin mal calibré ? Quel monstre aurait-il été s'il ne lui avait pas tendu la main, comme un dieu s'adressait à un ignorant mortel pour le mener vers un havre de paix dont lui seul avait le secret ? Car oui, Ciaran avait légèrement tendance à se prendre pour moins mortel qu'il ne l'était, à tel point que c'était à se demander comment faisait ses chevilles pour rentrer dans ses chaussures de ville hors de prix et cirées avec un soin quasi psychorigide.

« Vous n'avez pas tort... Créer des sentiments ? Voilà bien une mutation que je n'ai jamais croisée, et il me semble peu probable qu'elle existe... »

Pourtant, c'est exactement ce qu'il fit en parlant de ce soit disant ami qui avait privée la jeune femme de sa mutation. Peu lui importait qu'elle soit capable de modeler la réalité à sa guise ou de lire l'avenir dans des pâtes alphabet, il fit naître en elle une colère timide qui ne tarda pas à enfler en elle jusqu'à ce qu'elle finisse par admettre qu'elle lui en voulait. Ciaran jubilait intérieurement, se retenant de ne pas prendre le visage de la jeune femme entre ses mains pour lui coller un baiser aussi bruyant que déplacé sur la joue, tant il était heureux d'avoir enfin face à lui la future œuvre de sa vie. Mais pour l'heure, ce qui le fascinait tout autant, c'était de savoir comment fonctionnait la mutation de la jeune femme, comment elle parvenait à créer tout ce qui lui passait par la tête. Et à vrai dire, il n'était pas déçu, bien au contraire. C'était un don époustouflant, à la fois merveilleux et dangereux, cruel et bienfaisant. Elle pouvait tout à fait rendre un Homme fou, avec une mutation pareille, c'était intéressant !

« Mais... Si les illusions s'étendant au toucher, vous voulez dire qu'un personnage créé de toutes pièces par votre imagination pourrait aussi bien enlacer une personne réelle ? Ou lui faire du mal ? Pardonnez ma curiosité, je trouve ça véritablement fascinant ! »

Oh que oui, il trouvait cela fascinant... Peut-être aurait-il le temps de façonner de nouveaux sentiments en elle avant qu'elle ne retrouve sa mutation ? Peut-être pourrait-il mettre en place un stratège, de sorte qu'elle puisse lui servir d'arme originale pour se débarrasser de ses adversaires ? Après tout, qui irait se méfier d'une aussi innocente jeune femme ? Tant de belles choses pouvaient voir le jour, Ciaran en avait le vertige ! Un tel vertige qu'il ne se voyait pas refuser l'occasion de lui proposer de diriger sa thèse. Après tout, il était éminemment reconnu dans son domaine, respecté, et la plupart des étudiants se battaient pour travailler sous sa direction, tandis que Ciaran prenait un malin plaisir à les refuser 90% du temps. Pour accepter de diriger une chose aussi barbante qu'une thèse de doctorat pondue par un petit ignorant ambitieux, il fallait qu'il y trouve un intérêt, et cet intérêt, il était tout trouvé chez Gene. Elle attiserait sûrement la jalousie de ses collègues, mais c'était elle, et pas un autre, qu'il avait choisi. Elle qu'il désirait, pour lui, pour son propre plaisir, son propre amusement, sa propre cruauté. Elle dont il voulait balayer jusqu'à l'identité pour en faire sa marionnette. Aussi fut-il ravi lorsque, après avoir réfléchi et vu son petit tour de magie truqué, Gene accepta finalement de travailler sous sa direction. Oh il prendrait soin d'elle, pendant ces trois années ! Il lui ouvrirait des portes qu'elle serait ravie de franchir, mais le prix à payer ne serait-il pas un peu démesuré, en comparaison ?

« Je suis ravi de vous l'entendre dire, mademoiselle ! Je suis certain que nous allons faire un très bon travail ensemble... Voudriez-vous bien me donner votre numéro de téléphone ? N'étant que rarement présent à l'université, ce sera plus simple pour nous de communiquer par téléphone. »

Et il ne manquerait pas de la contacter au plus vite, pour ne pas perdre ce lien qu'il commençait à tisser entre eux, ni même risque de le voir se briser à cause de l'éloignement. Sortant un stylo de la poche intérieur de sa veste, il griffonna son propre numéro sur une serviette en papier, se leva, salua la jeune femme en l'informant qu'il avait une autre conférence à diriger, et quitta rapidement la cafétéria. A vrai dire, il aurait préféré continuer à la cuisiner plutôt que de devoir aller présenter les subtilités de l'esprit humain à une bande de mollusques attardés échoués sur les bancs branlants de l'université.
© Grey WIND.
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Whoever brings the night [ft. Ciaran]

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