(001), La famille d'Elias, elle est sacrée à ses yeux. Ses parents ont toujours été présents pour le soutenir, autant que ses frères, et il peut se venter d'avoir eu une jeunesse dorée et aimante. Petit dernier de la fratrie, Elias est pourtant le plus indépendant de tous, sans doute le plus rêveur aussi. Depuis qu'il est en âge de marcher, le cadet Åkerfeldt se voit parcourir le monde. Il a le nez en l'air, des idées plein la tête, et possède pourtant un caractère si calme et posé en comparaison que ce côté songeur n'est pas la chose que l'on remarque en premier chez lui. (002), Alors, lorsqu'il a eu 22 ans, Elias est parti. Il a quitté sa Suède natale pour céder à cette envie de fouler le sol des pays voisins, et voyager, encore et encore. En Europe, d'abord, avant de s'envoler pour l'Amérique du Nord. Le jeune homme a rencontré des centaines de personnes, toutes plus différentes les unes des autres, a appris à vivre à leurs côtés, a mémorisé des termes ou expressions, a tenté de conserver au mieux chaque instant vécu auprès de ces étrangers devenus sa famille d'un jour ou d'une semaine. Ouvert sur le monde et avide de connaissances et de souvenirs inoubliables, il est certain qu'Elias n'est pas prêt d'oublier cette partie de sa vie qui est, selon ses propres termes, « la plus belle qu'il ait jamais vécue jusqu'à présent ». (003), L'importance qu'accorde Elias à la famille est identique en ce qui concerne l’amitié : il n’exprimera pas verbalement son attachement mais le démontrera par de petites attentions inconscientes, toutes fidèles à Elias et si naturelles pour lui que l'altruisme dont il fait preuve pour les réaliser n’est pas à prouver. Ses amis savent qu’il est et sera là si besoin, aucunement besoin d’effusion de sentiments. (004), Elias écrit des lettres, des cartes. A sa famille, principalement, mais aussi pour lui. Il conserve jalousement une collection impressionnante, qui remonte à l'époque où il a commencé à voyager un peu partout. Ces dernières peuvent contenir des dialogues, des moments brefs, des choses vécues par Elias ou simplement aperçues. Elias ne veut rien oublier. Encore moins depuis qu'il a appris pour la maladie de son grand-père. Alors, à son arrivée dans la maison de son aïeul, où il s'est senti pour la première fois vraiment chez lui, il a envahi les murs de sa chambre de nombreuses cartes issues de ses voyages aux quatre coins de l'Europe, ainsi qu'en Amérique du Nord. Ses cartes et lettres, personne n'a le droit d'y toucher. Ce sont ses souvenirs à lui, pas ceux des autres, et seules les questions sont acceptées plutôt que les sales pattes sur ces (et ses) traces du passé.(005), Le grand-père d'Elias est mort de vieillesse. Une mort naturelle, sans souffrance. Tout du moins, c'est ce que les parents du Åkerfeldt lui ont expliqué au téléphone avant qu'Elias ne se décide à partir aux États-Unis pour s'occuper de tous les papiers et de l'enterrement de ce grand-père qui comptait beaucoup à ses yeux, malgré l'éloignement. Toutefois, une fois arrivé dans la maison, le cadet Åkerfeldt a compris qu'il n'y avait pas que ça, pas qu'une simple disparition au cœur d'un profond sommeil. Son grand-père maternel était atteint d'Alzheimer. En témoigne les papiers retraçant les batteries d'examen que ce dernier a passé il y a deux ans de cela, tout autant que les aides dont le vieil homme a eu besoin pour continuer à vivre sereinement. Elias n'en avait jamais eu connaissance, ses parents non plus. Au final, peut-être que ces derniers temps tous ne prenaient plus assez de nouvelles. Cette nouvelle a un peu remué Elias, sans pour autant réussir à le faire se sentir coupable. Jamais il n'aurait pu faire quoi que ce soit de plus, et les quelques personnes qu'il a rencontrées et qui s'occupaient de son grand-père n'ont eu que des mots élogieux à son égard.  (006), Cette maison, celle de son grand-père, Elias s'y sent bien. Pour la première fois de sa vie, il n'a suffi que d'un regard pour qu'il s'y projette. La stabilité n'a jamais été son point fort plus jeune, mais une fois devant la porte de ce petit habitacle au cœur de la forêt, à environ 35 minutes de Radcliff, entouré d'une nature paisible et reposante, le cœur du géant s'est senti absorbé par cet environnement pas comme les autres jusqu'à concéder à poser ses valises à l'intérieur. Aujourd'hui, Elias retape tous les petits défauts de la bâtisse : les murs qui se craquellent, les vieilles tapisseries, le manque de lumière, tant de petits détails plus ou moins importants qui nécessitent une forme d'amélioration, sans pour autant dénaturer ce que son grand-père a construit bien des années avant lui. Elias a juste encore du mal à passer la porte d'entrée, trop petite pour sa taille impressionnante, mais à part cette anecdote comique, la maisonnette commence à prendre forme, à s'imprégner de la personnalité typique et atypique d'un Elias désireux de bien faire, le tout formant le cocon douillé idéal pour lui.  (007), Avec ses excellentes notes et aptitudes (comprendre son côté malin mais également sa mutation), Elias aurait pu devenir facilement médecin ou professeur. Cependant, sa curiosité l'a emportée et il n'a fallu qu'une ou deux années au géant pour savoir tout ce qu'il y a à savoir sur le monde de la mécanique, d'où son métier. Lorsqu'une chose passionne Elias, il peut y passer des heures sans éprouver la moindre fatigue ou le plus petit signe d'agacement. Il se concentre, jusqu'au bout, et ne ressent pas l'effort. C'est d'ailleurs dans ces moments-là qu'il est d'un calme olympien, à la limite du flippant. Malgré sa carrure, sa stature, Elias passe parfois inaperçu. Il ne parle pas, ne sourit pas, peut même ne pas réagir à une quelconque sollicitation. Elias, il est parfois dans son monde mais on lui pardonne. Il fait ce qu'on lui demande, son travail, souvent plus, et c'est tout ce qui compte. (008), Rapidement, Elias s'est spécialisé dans les motos. Ayant eu un coup de cœur pour un modèle plutôt ancien, une Benelli noire, vendue dans un garage croisé durant son petit bout de chemin en Italie, le jeune homme a depuis monté et démonté un nombre incalculable de fois cette belle machine, ce qui lui a permis de finalement choisir de se focaliser sur les deux roues dans son travail plutôt que sur les voitures et poids lourds, qu'il laisse volontiers à ses collègues. (009), Elias est le deuxième de sa famille à avoir développé une mutation. L'un de ses frères a montré des signes avant-coureurs bien avant lui, sans pour autant que son don ne se dévoile de suite : à un an d’intervalle, Albin a démontré la capacité de contrôler la faune tandis qu'Elias a développé le contrôle des os. Appelée ostéokinésie, cette mutation a tout d'abord rendu ses parents légèrement nerveux, sans pour autant les effrayer : cette dernière est tombée entre les mains du plus raisonnable de leur trois fils, et il n'a jamais pris l'idée à Elias de se servir de sa mutation à mauvais escient, même si à l'évocation de cette ostéokinésie, le premier sentiment qui nous étreint est le plus souvent la peur. Actuellement, le trentenaire la masque aux yeux des autres plutôt que de s'en servir à outrance. De la même façon, cette mutation n'est pas d'utilité tous les jours, ce qui lui permet une certaine discrétion, malgré le dépistage ayant eu lieu à Radcliff et les problèmes avec certains chasseurs que ce dernier a engendrés. Elias n'a toutefois jamais songé à la vaccination. (010), Le seul inconvénient qu'Elias peut trouver à sa mutation, ce sont les bleus et cicatrices qui parsèment certaines parties de son corps. Ces derniers ont déjà manqué le griller aux yeux de plusieurs personnes, bien que les cicatrices sont celles qui perdurent le plus et le mettent le plus en danger. Les bleus ne sont là qu'en guise de blessures partielles, peu évidentes, aisément dissimulables, mais tout de même : Elias sait que l'utilisation de sa mutation a un prix, plus ou moins visible, qui pourrait risquer sa semi-couverture aux yeux des chasseurs qui parcourent les rues de la ville. (011), Elias a peur des enfants ; ou plutôt, Elias a peur de ce qu'il pourrait leur faire. Si sa mutation peut être parée par la maigre volonté des adultes, plus conscients de l'homme qui leur fait face qu'un enfant, le géant a peur que les choses ne soient pas les mêmes lorsque sa mutation concernera (sans le vouloir) un bambin innocent et inconscient de ce qui peut arriver, mais surtout fragile. Un accident peut vite survenir et Elias préfère éviter tout contact avec ces petits êtres si vulnérables pour lui, qui pourraient se retrouver, dans un moment de stress ou de colère rare pour Elias, brisés en un claquement de doigts par cette mutation à manier avec la plus grande des prudences. (012), Elias, ça a toujours été dans sa nature, il mange pour 4 à chaque repas. Il a un estomac de géant qui réclame sans cesse assez de vivres pour ne jamais ressentir la faim. Dès qu'il est parti de chez ses parents, le jeune homme a dû apprendre à cuisiner toutes sortes de plats, des plus typiques aux plus basiques, et ses voyages n'ont fait qu'accentuer le goût d'Elias pour les découvertes culinaires et les bonnes choses de la vie. Simple, il prend toujours plaisir à concocter de bons petits plats qu'il déguste en lisant un livre, en peignant ou en écrivant une nouvelle lettre. (013), Elias et les nouvelles technologies, c'est une histoire plutôt... compliquée. Elias, il se dit même parfois qu'il ne vit pas sur la même planète que tout le monde. Il n'aime pas ça, dépendre d'un petit engin qui sonne toutes les deux secondes pour signaler un message, ça le dépasse. Si ça n'avait tenu qu'à lui, il se serait contenté du téléphone fixe du garage pour passer les rares appels dont il avait besoin, et c'en était terminé. Mais non, ses collègues semblent avoir constamment besoin de le contacter, tout comme les connaissances qu'il s'est fait en arrivant à Radcliff, alors on l'a aidé à choisir un téléphone très simple (alors qu'il avait tenu toutes ces années de voyage sans en avoir besoin – ce qui sonne comme un premier échec pour lui). Néanmoins, Elias, on l'appelle pour lui exposer clairement les faits, on ne lui envoie pas de sms ou de photos, on lui parle et on ne transige pas à cette unique règle. De toute manière, ce n'est pas comme s'il savait lire ces derniers. Le rôle de la télévision dans sa vie suit exactement le même chemin : Elias en a une dans son salon car appartenant son grand-père disparu, mais le jour où elle ne fonctionnera plus, ce ne sera pas un problème pour lui, puisqu'il ne l'allume presque jamais (on se demande même comment il saura que cet engin ne sera plus en état de marche un jour...). Elias préfère le silence et le bruit de la nature qui passe par ses fenêtres ouvertes. (014), Elias s'habille en éternel adolescent. Ou alors d'une simplicité effarante. Ou bien les deux, selon les perceptions. Ses placards sont remplis de simples t-shirts noir ou blanc, de jeans basiques et de grandes baskets, le tout accompagné d'une large veste. A l'aise pour travailler, pour faire ses travaux ou pour une quelconque activité, il ne lui est jamais venu à l'idée de changer de « style » car ce dernier lui convient à merveille. (015), Récemment, Elias s'est trouvé une nouvelle occupation : la peinture. C'est l'atelier de son grand-père, installé dans l'une des pièces avoisinant la chambre de ce dernier, qui a donné l'envie à son descendant de se lancer dans ce nouveau projet. Pour le moment, les premiers résultats ne sont pas très concluants à ses yeux, mais Elias est du genre persévérant et l'impression d'établir un certain lien avec son ancêtre à travers cette nouvelle passion motive ses efforts. (016), Elias est souvent désarmant. Il a ce coté à part qui le fait passer pour froid, distant, aux yeux de ceux qui ne le connaissent pas. Il peut ne pas vous remarquer car trop concentré. Il peut vous ignorer s’il n’est pas d’humeur. Certains jours, il ne sourit pas beaucoup. Souvent, il répond à peine ou pas. Mais on s’y habitue, à tout ça, une fois qu’on le connaît bien, car on réalise ensuite que ce n’est pas contre nous. Elias est juste comme ça, discret, dans sa bulle, et son rapport à l’autre évolue avec le temps. Sans doute est-ce pour cette raison que ses amitiés sont si solides, comme une deuxième famille dans ce pays qui n’est au départ pas le sien. Il n’a pas conscience de blesser les plus susceptibles, et ce n’est pas quelque chose qui l'empêche de vivre. C'est un Elias vrai qui vous fait face, pas de la contre-façon. Elias ment peu, il livre ce qu'il a vraiment sur le cœur sans passer par quatre chemins. Il est trop direct, parfois, et on soupçonne rarement ce qui peut se passer dans sa tête. Elias, on ne lit pas dans son regard, il n'est en rien un « livre ouvert ». Il est juste lui. Et c’est vrai qu’il a ce côté je-m’en-foutiste. Il arrive qu'on ne le comprenne pas, mais généralement Elias, c'est le gars facile à vivre qui ne cherche pas les histoires. Il fait sa vie, c'est tout. (017), Elias parle peu de ses conquêtes amoureuses. Il ne sait pas s’il a déjà été amoureux ; il n’a eu que des histoires de passage, durant ses voyages, au détour de la découvert d’une ville, sans jamais s’attacher. Il paraît que les femmes le décrivent comme énigmatique. C’est pas son fort, les rendez-vous, les balades main dans la main, les longues discussions surtout (surtout), alors peut-être qu’inconsciemment il  repousse l'autre s’il sent que les choses prennent trop d’importance. Et, parfois, c’est assez violent : déjà qu’il est difficile de garder contact avec lui, puisqu’il n’a pas arrêté de bouger durant un temps avant d’atterrir ici, et, maintenant, que l’utilisation de son « portable » est aussi douloureuse qu’un coup de poing dans le ventre pour le géant, Elias a la mauvaise tendance... d'ignorer. Comme s’il n’y avait pas eu de rencontre, aucune accroche, aucun échange, ni les prémices d’une histoire pas plus que les débuts d’une amitié à la base, rien. Il a cette sorte de mode opératoire inconscient, on ne manque pas de le charrier avec ça, mais ce n’est pas ça qui empêchera Elias de continuer son p’tit bout de chemin sans  se préoccuper du reste. Ce n'est pas un bourreau des cœurs non plus, Elias, juste un gars qui mène sa barque seul, les mains dans les poches de son jean et le nez en l'air, constamment en train d'observer le monde sans réaliser que le monde l'observe, à lui aussi.