Sujet: (fst, elspeth) hover like a hummingbird. Mar 3 Mai 2016 - 16:21
– hover like a hummingbird –
LÉDA ET ELSPETH / And I run from wolves, Breathing heavily At my feet. And I run from wolves, Tearing into me Without teeth. I can see through you, We are the same, It's perfectly strange. You run in my veins. How can I keep you Inside my lungs ? I breathe what is yours, you breathe what is mine. – OF MONSTERS AND MEN.
Aldrich parlait trop. C’était une réflexion que la métisse se faisait, chaque fois qu’elle voyait l’homme ouvrir la bouche, autour de la table de réunion d’Insurgency ; chaque fois qu’il s’adressait à elle, aussi. Pourtant, sa propre lucidité lui laissait entrevoir une frontière floue à cette constatation : parlait-il vraiment trop, ou ne supportait-elle tout simplement pas de l’entendre parler, quelle que soit la situation ? À y réfléchir brièvement, elle aurait conclu sur la seconde option. Pourtant, aujourd’hui, la première s’était imposée à son esprit. Il parlait trop, oui ; mais elle n’était pas certaine d’en être si chagrinée que ça, pour l’heure.
Veste légère sur le dos, elle gravit les quelques marches qui mènent jusqu’à l’appartement dont elle a récupéré le numéro sur les interphones. Au fond de sa poitrine, son cœur battait plus qu’elle ne l’aurait désiré. Un idiot aurait essayé de se faire croire qu’il s’agissait de la marche rapide qu’elle avait prise pour venir, ou de la montée d’adrénaline que passer devant le concierge en mentant lui avait procuré. Mais Léda, elle, n’était plus à ce genre de jeux d’enfants depuis longtemps. Elle savait parfaitement que son myocarde s’énervait à l’idée de voir la tête blonde apparaître sous ses yeux, après toutes ces années sans l’avoir côtoyée. Et bien au-delà de ça, elle appréhendait la réaction de la gamine. Elle avait toujours regretté d’avoir été obligée de la mettre dehors en même temps que son père — et à dire vrai, elle avait plus d’une fois pensé à signaler la chose aux services sociaux, pour éviter de laisser la petite avec ce meurtrier. Mais elle s’était abstenue, considérant que séparer l’enfant de son seul parent aurait sûrement été plus grave que de la laisser aux mains d’Aldrich. Il avait beau avoir commis nombre d’erreurs, elle n’avait jamais douté de la sincérité de l’amour qu’il portait à sa fille. Jamais.
Ça faisait quelques mois qu’elle savait qu’Elspeth était en ville. Pourtant, elle n’avait jamais éprouvé le besoin d’aller la confronter, ou d’aller lui parler. Elle savait que la petite ne lui réserverait pas le même accueil que ce que son père avait pu faire. Elle ne s’attendait pas à une réaction ouverte et spontanée, enjouée et soulagée. Elle avait vu de loin les ravages du caractère de la gamine, et savait d’ailleurs qu’Aldrich avait toutes les peines du monde à renouer contact avec elle. Il l’avait cherché, qu’elle ne pouvait s’empêcher de dire. Certes ; mais en quoi est-ce que tout ça serait différent avec elle ?
Sauf que voilà. Aldrich avait cafté, et Léda savait qu’Elspeth était dans le centre-ville pendant les attentats à la bombe qui avaient souligné le lendemain de l’élection d’Isolde. Et cette fois, l’inquiétude avait été trop forte. Elle avait attendu une heure où elle soupçonnait la petite Fitzgerald d’être rentrée chez elle, et elle y était allée. Tant pis si la porte lui claquait au nez, tant pis si Elspeth lui crachait à la figure. Marre de faire comme si de rien n’était, marre de respecter une distance qui compromettait parfois une sécurité.
Son doigt enfonce le bouton de la sonnette, à une unique reprise. Pas besoin de plus. Elspeth n’est pas une impolie. Elle ouvrira. Un instant, la basanée songea à dissimuler le verre du judas ; pourtant, elle n’en fit rien. Qu’aurait eu ce geste pour effet, si ce n’était de faire naître de l’appréhension dans l’esprit de la blondinette ? Mieux valait jouer franc-jeu tout de suite, si elle voulait espérer pouvoir lui parler.
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Sujet: Re: (fst, elspeth) hover like a hummingbird. Lun 9 Mai 2016 - 0:59
-léda & elspeth-
hover like a hummingbird
En ce moment, pour Elspeth, tout prenait des tournures complexes. Son plâtre qui l’empêchait de faire rentrer la quantité d’argent habituelle et déjà limite, son père qui décidait soudain de tenter de se racheter une conscience, Aspen à l’hôpital, ses éternelles interrogations quant à ses relations avec les autres, rien n’allait vraiment rond dans sa tête. C’était pour ça d’ailleurs qu’elle avait décidé de ne pas bouger de son petit appartement. Ça et le fait qu’Apsen avait déjà trop de visite le week-end et qu’elle ne se sentait pas à sa place au milieu de tout ces gens. Comme si sa place était illégitime, comme si elle n’était qu’une gêne. C’était si habituelle de penser comme ça qu’elle se rendrait à peine compte que ça contredisait sa volonté de justement voir Aspen plus souvent, ou tout simplement les gens à qui elle tenait même si elle avait peur qu’on lui tourne le dos. C’était maladif, profondément ancré en elle. Ce serait long. Assise en train de bouquiner pour éviter de penser, elle n’envisageait pas un seul instant avoir de la visite dans la journée. En vérité, quasiment personne ne venait frapper ou sonner à sa porte depuis qu’elle avait déménager. Les gens à être entrés chez elle et à y être resté plus de quelques minutes étaient peu nombreux. Jai, Finn et Aldrich. La liste était vraiment très courte. Aussi, quand la sonnette retentit, elle fronça les sourcils. Attrapant ses béquilles, elle clopina jusqu’à la porte pour voir qui était là. Elle s’attendait à voir Jai accompagnée de Finn mais, pas à voir Léda. Elle pouvait la reconnaître sans même se tromper, c’était elle. L’espace d’un instant, elle faillit ne pas ouvrir, la laisser là, sur le pas de la porte. Mais elle finit par inspirer et ouvrir, la fixant sans rien dire quelques secondes, sans bouger. Léda avait vieilli mais, elle était toujours aussi belle à ses yeux. Elspeth l’avait toujours trouvé magnifique, aussi belle que sa mère. Des opposées. Elle ouvrit la bouche pour parler puis se ravisa et finit par se décider.
- « Léda… Entre, reste pas là. »
Une fois son invitée surprise à l’intérieur, elle ferma la porte et avança dans la pièce à vivre. Elle ne savait pas quoi lui dire. C’était vraiment bizarre de la voir là, elle ne savait même pas qu’elle était en ville. En fait, quand elle y réfléchissait, Els se rendait compte qu’elle ne savait pas grand-chose. Elle supposait que son père n’avait rien dit, leur conversation étant déjà bien assez compliquée comme ça.
- « Qu’est-ce que je peux faire pour toi ? »
C’était difficile de la voir là. Difficile parce qu’elle était obligée de se souvenir de ce qui les avait amenés, son père et elle, jusqu’à sa porte. Difficile parce que ça ne pouvait que lui rappeler la brève période de stabilité qu’elle avait connue. Mais difficile, surtout parce qu’elle les avait mis dehors tous les deux alors qu’elle avait commencé à se sentir bien quelque part.