-charlie & duke-

I never claimed to be a Saint…

Plus de couvre-feu mais, toujours autant de hunters vindicatifs, toujours autant de mutants et encore plus de mutants téméraires. Duke avait passé son temps à esquiver les appels ces derniers jours, à passer entre les mailles du filet mais, il ne pouvait pas faire ça éternellement, pas alors que les suspicions étaient plus lourdes que jamais. Alors après avoir fait visiter plusieurs maisons et appartements à un jeune couple dégoulinant de bons sentiments, Duke avait cédé et répondu à l’appel. On lui avait donné le nom de la chasseuse qu’il devait rejoindre mais, elle ne lui disait foutrement rien. Preuve qu’il avait largement négligé la protection de son frère et pour cette raison, d’autant plus parce qu’Alfie s’en était sorti, il ne faillerait plus. Il n’en avait pas le droit.
En regagnant sa maison, il avait tourné comme un lion en cage se demandant s’il pourrait agir comme à son habitude, c’est à dire, ne rien faire du tout. Il commençait à accumuler les excuses et aussi valables soient-elles, ça finirait tôt ou tard par ne plus suffire. D’un geste sec, il écrasa sa cigarette fumée jusqu’au filtre dans le cendrier et partit ouvrir la malle qu’il gardait dans le placard de son dressing. Trop minutieusement pour ne pas se dégoûter, il prépara son arme et ses lames avec la ferme intention de ne s’en servir que s’il n’avait pas le choix. Il n’avait plus de vaccin et on traînait curieusement à lui en remettre, ce qui ne lui plaisait pas. À ses yeux, c’était lourd de sens. Les manipulations, il connaissait et celle-là était à peine dissimulée. Entraîné par son poids, le coffre se referma en claquant, le laissant indifférent alors qu’il retournait ses lames entre ses doigts en soupirant. Sans un regard pour son petit confort, il replongea dans la peau d’un personnage qu’il haïssait depuis en avoir fait la connaissance, lui.

Pas vraiment en avance mais, pas en retard pour autant, il en profita pour s’allumer une énième cigarette avant d’assister à un véritable... bordel, il ne savait pas ce que c’était. Vu l’heure et le lieu, il n’y avait absolument aucune raison qu’il y ait un tel genre de lumière dans le quartier. À moins que... Sa cigarette à la main, il verrouilla en vitesse sa voiture, déjà équipé, il tapa un sprint jusqu’à l’origine des sons. Les génies qui lui avaient dit avec qui il bosserait ce soir avait oublié de lui dire quelque chose d’important dont il n’avait toujours pas conscience à ce stade, son binôme était une mutante et du genre flippante avec ça. Il sortit son arme sifflant entre deux doigts. Les armes à feu n’avaient jamais été son truc mais, c’était plus dissuasif qu’un couteau. De son point de vue, une arme restait une arme, mais soit.

- « Vous allez vous éloigner gentiment de ces gens, qui, quoi que vous soyez. »

Franchement, la scène portait à confusion. Une femme, les cheveux tirant plus sur le blanc que le blond, l’air dangereux sans en avoir l’air -perturbant, vraiment- qui menaçait des gens visiblement inoffensif, qui irradiait d’une drôle de chaleur, phénomène, quoi que ce soit en fait. Chasseur ou pas, c’était le genre de moment où il était facile de sauter aux conclusions. Il n’avait aucune envie de tuer ou blesser personne mais, il n’avait le choix -pour l’instant- que d’afficher un regard dur, une expression fermée, être l’homme qu’il détestait le plus, juste après son père et cette facette de lui qui avait été capable de vouloir frapper son ex-femme. Ici et maintenant, il était censé être un chasseur et il devait se résoudre à en être un. Il ne pouvait pas se permette la vie de son frère en danger parce qu’il était faible, pas se permettre de laisser des gens mourir parce qu’il avait des scrupules.

- « Maintenant ! »

Il avait l’air peu amène, ce qui était un euphémisme quand on avait déjà vu le visage de l’homme en privé. Homme aux multiples facettes, il avait fini par se perdre en route entre des identités qui n’étaient pas les siennes, n’en montrant aucune véritable, incapable de savoir qui il était vraiment n’ayant jamais été vraiment lui-même. Janus aurait pu être un surnom lui convenant parfaitement pour beaucoup trop de raisons. S’il devait laisser la part la plus horrible ressortir, il le ferait. Il aviserait avec les conséquences et sa conscience. Il n’y avait rien que beaucoup de musique, de sexe, de bourbon, de nicotine et un peu d’héroïne ne pouvaient finalement résoudre. Telle était sa vie.

-charlie & duke-

I never claimed to be a Saint…

Charlie courait comme une dératée depuis bien un quart d’heure et ne comptait pas s’arrêter en si bon chemin. Cela faisait bien une heure qu’elle traquait un couple de mutants qui lui donnait bien du fil à retordre : un téléporteur et une femme invisible, vous imaginez un peu ? C’était de la chasse sportive, d’abord parce que ces deux lascars là n’avaient pas franchement l’air d’avoir envie de se laisser attraper, et qu’en plus, ils semblaient armés et prêts à faire feu sur elle si elle s’approchait de trop près. Et quand c’était le cas, ils tiraient, une fois, deux fois, avant de s’évanouir dans la nature, forçant la petite chasseuse montée sur ressort à déployer des trésors d’inventivité et d’intuitions pour débusquer leur nouvelle cachette. Pour une raison qu’elle ignorait, ils refusaient de s’éloigner plus loin que ce paté de maisons. Peut être que l’un des deux était limité physiquement, où tout simplement ils commençaient à se fatiguer. Elle les aurait à l’usure, c’était certain, et quand elle aurait mis la main sur eux, elle en tuerait un, là, comme ça, sans sommation, sans coup de semonce. Juste comme ça, pour le plaisir, et pour montrer au survivant qu’elle ne plaisantait pas, et qu’il avait plutôt intérêt à avoir les réponses à ses questions. Cela faisait maintenant bien deux semaines que Charlie était sur les traces de Seth, reniflant son passage comme un chien de chasse au début de l’automne. Pour l’instant, aucune piste n’avait donné de résultat probant, mais elle ne désespérait pas. Elle retrouverait Seth, et ensuite … Ensuite elle lui donnerait 5 minutes, pas une de plus, pas une de moins, pour justifier son geste stupide. Si il était suffisamment persuasif, elle lui donnerait 24h, pour le sport, pour partir le plus loin possible avant de se lancer définitivement à sa poursuite, accompagnée de Roman. Si l’excuse était nulle, et bien … Elle l’exécuterait sur le champ, sans trompette ni tambour, comme un chien.

Bref, tout ça pour dire que depuis deux fichues semaines, Charlie avait repris la chasse de manière intensive et quasi obsessionnelle. La plupart de ses collègues avaient pris ça positivement, s’amusant de revoir la tornade aux cheveux blancs parmi leur rang, prête à taper du mutants à coup de laser : ça faisait quand même son petit effet, malgré les grimaces écoeurés de certains. La blondinette poursuivait donc son couple de fantome, les mains chargées de l’énergie chaude et grésillante qu’elle avait volé à un lampadaire non loin de là, quand un type  qu’elle ne connaissait pas l’interpella en la sifflant. Charlie plissa le nez : elle détestait qu’on la siffle. Elle était un être humain, toute monstrueuse qu’elle soit, pas un berger allemand. Elle fit volte face pour dévisager l’homme qui la tenait en joue de son regard sombre, littéralement.

- Sérieusement Mec, un flingue ?

Sans attendre qu’il réponde, un flash lumineux jaillit de sa main plus vite qu’une balle, explosant l’arme de Duke en mille morceaux. Sans plus s’inquiéter de ce naze, Charlie tourna la tête vers ses futures victimes. Enfin, vers l’endroit où elles se tenaient, quelques secondes auparavant. Et merde. Elle souffla pour ses mains pour les éteindre, avant de foncer sur le type qui l’avait déconcentré comme une furie :

- Non mais vous êtes complètement con ? On vous a jamais dit de pas déranger quelqu’un qui chasse ? J’ai des collègues qui auraient pas eu la politesse de viser la main, espèce d’abruti ! maintenant ils sont partis et je vais encore devoir me mettre à courir de partout pour les retrouver !

Charlie, la discrétion, elle s’en foutait un peu. Ce type pouvait être un habitant lambda comme un type d’insurgency, elle en avait absolument rien à cirer. De toute façon si il ouvrait la bouche, il lui en collait une, sérieusement. Elle était là pour botter des culs, pas pour se faire emmerder par un mec qui avait l'air tout droit sorti d'une pub Petrol Han.  Elle grogna, puis tourna les talons, non sans shooter dans une canette vide sur le sol comme un enfant contrarié. Non mais c’était quoi ses gens qui vous pointer une arme dessus comme ça alors qu’on faisait juste son travail ? C’était vraiment le monde à l’envers, à n’en pas douter …

-charlie & duke-

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Voilà pourquoi Duke détestait recevoir ses informations par message. C’était le meilleur moyen de ne pas savoir ce qui se passait, avec qui on travaillait et dans quelles circonstances. Il voulait bien jouer la carte adaptative mais il y avait des limites à ce qu’il pouvait faire et supporter. Ce qui était en train de lui tomber sur le coin de la tronche, c’était tout sauf évident à gérer. Il était censé chasser du mutant ! On lui avait jamais parlé de chasser avec un mutant, une mutante, peu importait ! Il avait l’air de quoi maintenant et sans flingue avec ça. Plus que toute autre chose, Duke tenait à son image et même si sa réputation de chasseur était loin, très loin de faire l’unanimité, il détestait être humilié. C’était d’ailleurs un de ses plus gros problèmes, son orgueil démesuré.
Quand la mutante avait fait exploser son arme, il avait dû se protéger rapidement, ce qui ne l’avait pas empêché pas de récolter une belle coupure à la joue. Il essuya le sang qui coulait d’un geste rageur. Ça commençait bien cette histoire. En revanche, quand la demoiselle lui arriva dessus, il ne bougea pas d’un pouce, la regardant de haut, littéralement parce qu’il avait quelques têtes de plus qu’elle. Blasé au-delà des mots par la situation, presqu’autant qu’il était énervé, il l’écouta râler en haussant un sourcil.

- « Rage donc contre l’imbécile qui a oublié de me préciser que j’allais chasser avec une mutante modèle réduit ce soir tu veux. Comment suis-je censé deviner que les cibles, c’est les gens acculés à un mur et pas la menace d’en face. Putain de merde ! Bon, c’est quoi leur mutation, qu’on en finisse une bonne fois pour toute. Parce que ça aussi, on a largement oublié de me le préciser. »

S’il était énervé ? À peine. Il venait de comprendre qu’il n’avait aucune chance de s’en tirer sans plus de sang sur les mains ce soir et ça le rendait passablement de mauvaise humeur, agressif et enragé. Ah ça, ils avaient réussi leur coup s’il voulait le tester. Il agirait comme on l’attendait de lui, comme il aurait dû agir depuis le début pour être pleinement efficace à protéger son frère. Comme quoi, il ne faisait jamais rien à fond. Il avait su qu’à un moment ou un autre, il allait devoir tuer à nouveau ou vacciner mais, il aurait préféré l’éviter, c’est certain. Au moins, il n’était pas désarmé malgré le fait qu’elle avait explosé son arme. Il allait devoir remettre en service son autre arme et il n’en avait aucune envie pour la bonne et simple raison que c’était celle qu’il avait utilisée à ses débuts, celle que sa femme lui avait offert, celle qui avait tué tant de mutants ces dernières années. En somme, une arme qu’il haïssait pour tout ce qu’elle représentait, une arme qui lui rappelait qui il avait été et qui il était toujours.

- « Comment ils procèdent ? Qu’on en finisse. »

Le pire dans cette soirée, dans cette histoire, c’était que Duke n’avait pas été un mauvais chasseur du tout avant d’ouvrir les yeux et de se mettre à avoir des cas de conscience. Il était efficace, rapide, avec des faiblesses bien sûr mais, il était bon au corps à corps malgré le fait que sa puissance se concentrait sur un seul bras. Il compensait avec les jambes, utilisant vicieusement les faiblesses de ses adversaires. Quelque chose qu’il n’était plus disposé à faire, détestant au plus haut point se comporter comme la pire des charognes. Son plus gros problème, Duke n’était cependant pas disposé à l’admettre ou à y faire face. Le nœud de ses regrets, c’était qu’il aimait la traque, que lorsqu’il se lançait véritablement dans une chasse, il ne s’arrêtait qu’à la toute fin. Il n’y avait plus que ça qui comptait. Une chasse, une vraie, avait le même effet sur lui que l’héroïne mais la retombée était dévastatrice et sa colère envers lui-même bien pire encore. S’il se lançait à corps perdu, il savait que malgré ses hésitations, il finirait le travail parce qu’il ne voyait plus ses cibles, il ne voyait que l’objet de sa rancune, de sa colère. Son ex-femme, ses parents, les chasseurs qui l’avaient entraîné là-dedans... Duke n’était pas sadique mais, il était tout accroc à l’adrénaline que lui procurait une vraie traque qu’à une prise d’héroïne. Il était un addict, un drogué. Il n’était juste disposé à le reconnaître que pour l’addiction la moins grave en termes de conscience. Au moins, l’héroïne ne détruisait que lui. La chasse détruisait des vies, des familles, des couples. Se sentant trembler de rage, il serra les poings, toujours sur les talons de la mutante pour obtenir ses réponses. Plus vite ce serait terminé, plus vite il pourrait s’apitoyer sur ses actes.

-charlie & duke-

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Charlie toisait le chasseur qui venait de faire son entrée, autant qu’il était possible pour une petite personne de son genre de le faire face à un grand type comme Duke. Ca l’agaçait, les gens grands, Charlie : en général, ils étaient prétentieux et s’imaginaient meilleurs que les autres, et ce type là, ne semblait pas faire exception. Elle plissa le nez alors qu’il la traitait de modèle réduit. Elle sentit l’énergie lui chatouiller les doigts : on verra qui serait le modèle réduit, avec les jambes en moins. Elle renifla, croisant les bras dans une position de défiance :

- Un imbécile qui donne pas d’infos à un imbécile qui en demande pas… ça fait rêver votre organisation… Enfin bref, je vais me débrouiller toute seule, c’est un invisible et un téléporteur, je les aurai à l’usure. Toi contente toi de faire le beau et de t’agiter un peu, je suis sure que t’es super fort à ça.

Elle n’aimait pas foncièrement se retrouver avec un binome avec un hunter inconnu : d’abord, elle ne savait jamais sur quel genre de type elle pouvait tomber, et certains n’étaient pas hyper chaud pour bosser avec une mutante. Ensuite, parce qu’elle avait ses méthodes de travail bien à elle, qui n’étaient pas toujours aux gouts des autres. Alors elle préférait bosser avec Roman, ou avec des gens comme les Lecter ou les Downer, qui ne faisaient pas dans le détail et cherchaient vraiment à faire les choses, pas juste à agiter les bras en jouant les acteurs de films policier.

- Hum… Ils essayent de me paumer dans le quartier, mais étonnement, ils ne se séparent jamais. Je suppose que le téléporteur utilisent son don sur les deux, idem pour l’homme invisible, mais leurs capacités sont temporaires, et surtout, j’en ai blessé un, mais je sais pas lequel. Du coup je le suis au bruit et à la trace, en essayant de pas réveiller tout le quartier. Il suffit qu’il y ait d’autres mutants dans le coin, et ça risque de devenir clairement délicat. Allez, viens, j’ai pas envie d’y passer la nuit.

Elle lui fit un signe de la tête, et s’enfonça à nouveau dans les entrailles de la ville. Elle avait bien l’intention de ne pas s’éterniser sur cette affaire. Elle voulait simplement les chopper, leur faire cracher tout ce qu’ils savaient sur Seth et sur ses agissements, et ensuite leur trouer la peau. Ensuite, si la pèche aux infos avaient été fructueuses, elle aurait taché de remonter la piste jusqu’au bout de la nuit. C’était son obsession du moment, et elle était comme un requin qui avait gouté au sang : elle ne se reposerait pas avant d’avoir remis ses mains luisantes sur le mutant à crête. Sur le chemins, elle tourna la tête en direction du chasseur, et sortit de son holster un pistolet chromé pour le lui tendre: c’était pas une œuvre d’art, mais c’était toujours mieux que de le laisser sans défense : il ne manquerait plus que les dégénérés s’en prennent à lui, en plus :

- Et tu es qui, toi du coup ? J’crois pas t’avoir vu chasser en ville souvent… T’es n’veau ?

-charlie & duke-

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Génial, une tête dure en plus. Tout ce qu’il manquait à sa soirée pour qu’elle soit couronnée comme étant la pire de la semaine. Il haussa un sourcil, totalement indifférent à son petit coup de sang et à son insulte à peine dissimulée. Son estime de lui-même était tellement basse que peu de choses pouvaient vraiment l’atteindre.

- « C’est bon, on en a terminé avec les récriminations de cours de récréations, on peut redevenir adulte et se mettre au travail ? Pas que ça m’ennuie spécialement mais j’aimerai autant ne pas m’être déplacé pour rien. »

S’il s’était réellement déplacé pour rien, il allait rapidement s’énerver. Perdre son temps, Duke n’était pas disposé à le faire. Ses actes les plus répréhensibles protégeaient son frère tant qu’il était crédible et si pour ça il devait tuer deux personnes présumées innocentes dont le seul crime était d’être différent, et bien soit. Il n’était plus à une horreur près. Il avait commis de nombreuses erreurs et en commettrait d’autres, il espérait juste qu’elles en vaillent le coup, histoire de ne pas avoir replongé tête la première pour rien. Qu’une mutante chasse du mutant était une curiosité qu’il ne pouvait pas assouvir maintenant.
Ecoutant les réponses qu’il avait demandées, il grogna. Evidemment, on ne pouvait pas leur facilité la tâche en plus. Il allait devoir la jouer l’ancienne à cause de son flingue inutilisable qu’il venait d’ailleurs d’abandonner après l’avoir essayé et il détestait ça. Il sortit ses couteaux. Ambidextre qu’il était, il était meilleur lanceur de précision qu’on pouvait le croire, tout comme il était efficace au corps à corps. Les armes à feu n’étaient pas son domaine, elles facilitaient juste le travail, impersonnelles et rapides. Les choses seraient donc plus... personnelles ce soir.

- « Je vois, des cibles agaçantes en somme. Discrètes et volatiles. Temporaire ou pas, il faudra avoir les deux, l’autre risque de nous filer entre les doigts si on en abat un avant l’autre, provisoire ou pas, rien ne le retiendra dans le quartier si on n’agit pas très vite une fois l’un des deux morts. »

Il la suivit donc en silence, sa grande carcasse curieusement silencieuse bien qu’il ne cherche visiblement pas à se faire discret. Les mains dans les poches, ses lames prêtes avec sa cigarette au coin des lèvres, il cadrait bizarrement dans les ruelles et même en ville. Une sorte de mauvaise blague pour la ville qu’était Radcliff. Même le danger pouvait se promener en costard et il détestait être ce danger. Il avisa l’arme, hésita mais la refusa, il agirait selon ses anciennes méthodes, plus efficaces quoi que plus personnelles. Il assumerait, un temps du moins, ce qu’il ferait ce soir.

- « Ça ira, j’ai ce qu’il me faut. » Différent, il l’était en tout cas dans sa posture, plus rigide mais aussi dans ses gestes, plus fermes. « Duke. Disons que je suis de retour chez moi. Je chassais ailleurs. »

Indianapolis, Louisville, Elizabethtown. En somme, les villes dans lesquels il avait travaillé et surtout sur le chemin qui reliait son ancien foyer à celui qui l’avait vu naître. Il lui était arrivé de chasser avec d’autres à Cincinnati et Lexington mais, il n’y avait jamais été à l’aise, bien qu’il ne soit plus à l’aise pour faire ça nulle part.

- « Une mutante qui en chasse d’autre de son espèce, c’est pas banal. Comme nous tous, tu dois avez tes propres raisons mais c’est très curieux. »

Lui avait les siennes en tout cas, tout comme Soren. Aucune n’était véritablement valable à ses yeux mais, certaines étaient à peine moins répréhensibles que d’autres. Rien ne valait que l’on chasse un être humain, une personne vivante mais, à ses yeux, si c’était fait par jalousie, haine ou rejet, c’était encore pire. Cela étant, ce qui l’avait lui-même poussé à le faire était peut-être pire encore, car il ne croyait même pas en ce qu’il faisait, il n’y avait jamais cru, pas un instant. Il n’avait agi comme ça que pour servir ses intérêts, des intérêts personnels bancals et maintenant par désir de protection. Au moins se rattrapait-il peut-être un peu aux yeux de certains mais, pas des siens.
En revanche, il était véritablement curieux de ce qui pouvait amener une mutante à traquer ses semblables. Il en avait déjà entendu parler, en avait vu à l’œuvre et il n’avait jamais pu en tirer un schéma particulier, ce qu’il ne pourrait de toute façon pas faire ce soir. Il n’était après tout pas là pour avoir une discussion sur leurs motivations respectives, motivations qu’il ne donnerait pas, bien entendu.

-charlie & duke-

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Il ne manquait plus qu’il fasse la gueule, l’autre mannequin pour slip Calvin Klein sur le retour. D’abord, elle n’avait absolument pas besoin de son aide, ni de celle de qui que ce soit d’autres d’ailleurs : des mutants, elle en chassait alors qu’il était surement encore en train de s’occuper de sa virginité tardive, alors ce ton pédant, il allait rapidement le mettre dans sa poche avant qu’elle lui arrache la langue de manière non métaphorique. Depuis son altercation avec Seth, elle avait de plus en plus de mal avec les beaux parleurs, et celui-ci semblait en être un de la plus belle sorte. C’était quoi déjà, son pourcentage de bavure tolérée ? Non, juste comme ça pour savoir …

- Si t’as rendez vous avec ta manucure je t’en prie, te gêne pas pour moi, je me débrouillerai bien toute seule ???

Qu’elle marmonne en se mettant en route d’un pas déterminé. Elle le dirait à Roman tiens, que lui, elle voulait pas bosser avec, ou uniquement si il avait du scotch sur la bouche. Elle ne prit même pas la peine d’acquiescer devant l’analyse aussi pertinente que dispensable du chasseur : qu’il pense donc à l’intérieur de sa tête, plutôt que d’essayer d’étaler sa science devant la petite blonde qui, de toute façon, avait décidé de ne pas être impressionnée par l’homme à la chevelure gominée. Il pourrait bien faire des saltos arrière et dézinguer les mutants façon Néo dans Matrix, qu’elle aurait quand même décidé que c’était qu’un guignol. Quand Charlie avait quelqu’un dans le nez de toute façon, c’était fichu, même avec toute la bonne volonté du monde. Et il n’avait même pas l’air d’en déborder, de bonne volonté, alors à quoi bon.

- Duke … Tes parents d’vaient vraiment pas aimer ta tête à la naissance pour t’appeler « Canard »… fin bon, chacun sa croix …

Avec un peu de chance, le chasseur allait lui dire d’aller se faire foutre et tournerait les talons pour la laisser se débrouiller toute seule. C’était un peu le but de la manœuvre d’ailleurs, pour tout dire, mais bon, il ne semblait pas plus décidé que ça à lui foutre la paix, et c’était bien dommage. Elle ne répondit pas non plus à son commentaire sur sa nature de dégénérée, tout simplement parce qu’il n’y avait rien d’autre à en dire : oui, elle était une de ces saloperies de mutants, oui, elle finirait par mourir des mains des siens, mutants ou chasseurs, puisqu’elle était les deux en mêmes temps. Deux fois plus d’ennemis, deux fois plus de plaisir.

- C’est curieux uniquement pour les gens qui ont du temps à perdre à s’y intéresser.

Est-ce qu’elle se proposait à le psychanalyser pour expliquer sur le pourquoi du comment de sa tête à claque et sur la puanteur de la clope qui lui pendait du bec ? Le bec de Canard, ouh, elle était rigolote celle là, elle la raconterait à Iv… A personne, on se concentre Charlie, chasse, mort, destruction, une douche et au lit. C’était le programme, on ne se déconcentre pas. Heureusement, elle entendit au loin le craquement caractéristique d’une téléportation imminente, et elle se mit à courir en direction de la détonation : ces deux idiots s’étaient téléportés juste à coté, volontairement ou non. Peut être avaient-ils des armes maintenant, mais cela n’avait pas d’importance pour la chasseuse : déjà elle chargeait ses doigts de l’électricité des lampadaires alentours, juste assez pour ne pas les faire griller, alors que ses pupilles se dilataient jusqu’à engloutir ses iris. Que l’autre gugusse reste à l’arrière et prenne des selfies, elle avaient deux dégénérés à exterminer …

-charlie & duke-

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Si Duke avait la capacité de rendre palpable son indifférence, elle aurait ravagé cette partie du quartier. La façon dont il haussait un sourcil et penchait la tête légèrement vers elle en disait long sur son ennui profond quant à la tournure de la conversation. Cependant, il ne s’était pas déplacé pour rien et il avait des preuves de sa bonne fois à fournir. Il ne tourna donc pas les talons pour la laisser seule à la chasse qu’elle avait parfaitement en main. Agacé, blasé, il se massa entre les sourcils, juste au dessus de l’arrête du nez, à l’aide de son majeur, indicateur indésirable de son mépris profond.

- « J’ai annulé pour venir chasser, quel dommage. Tu as fini ou tu as un besoin urgent de retomber à l’âge méprisable de l’adolescence ? »

C’était plus fort que lui, il fallait toujours qu’il en rajoute, qu’il se montre aussi exécrable qu’agaçant au point d’en laisser un souvenir désagréable aux gens qu’il croisait. Heureusement qu’il ne travaillait pas de cette manière, auquel cas, il n’aurait aucun client. Paradoxal pour un homme qui était capable de vendre des habitations et le bon dieu avec si nécessaire. On ne pouvait pas dire qu’en privé, il se donnait la peine de mentir au moins. Si tant est que ceci puisse être qualifié de privé. Personne n’était assez proche pour véritablement savoir qui il était. Lui même l’ignorait, c’était dire.
Il emboîta donc le pas à la tornade modèle réduit, décidé à faire ce que l’on attendait de lui et mettre les voiles pour s’arranger ensuite avec sa conscience, sans y parvenir au final. Quelle joyeuse perspective... Il allait adorer ça. Esquissant un sourire narquois, il leva les yeux au ciel.

- « Tu n’as même pas idée de la véracité de tes propos. »

S’il était amusé, c’était qu’il le cachait bien et ce malgré le sourire plaqué sur son visage. Ce sourire était désabusé, narquois, loin d’être amusé, ou alors d’une manière particulièrement tordue. La blague n’amusait que lui cependant, qu’elle soit drôle ou non. Non, ses parents ne l’avaient pas particulièrement aimé, pas assez pour lui laisser le loisir de choisir sa vie. Ils ne l’avaient pas aimé lui tout comme ils n’avaient pas aimé son frère qu’ils s’étaient empressés de chasser et qu’ils souhaitaient à présent tué. Avec des parents comme ceux-là, pas besoin d’ennemis et pourtant, Duke s’en était sans doute fait une liste longue comme le bras voire plus. Il était bien des choses mais, certainement pas quelqu’un à qui l’on assignait des adjectifs positifs.

- « J’ai du temps à perdre. »

Mais, un bruit en décida tout autrement. Fini le temps à perdre. Il n’ajouta rien, se tenant prêt, aux côtés de la blonde décolorée qui se la jouait seigneur sith. Parfait. Depuis quand sa vie ressemblait-elle à ça ? Il serait temps de se poser la question lus tard. Tendu, dans l’attente, il n’eut pas à se forcer pour passer par-dessus les barrières qu’il avait érigées pour tenter de contourner les problèmes de meurtres dans une chasse. Ce soir, il devait tuer, point. Il n’avait pas le choix. Ce n’était pas un besoin, c’était juste facile à faire. Ce serait plus compliqué à gérer cependant. Tout en se préoccupant de sa partenaire de chasse, il lança une lame de chaque main, lames qui allèrent se ficher dans la jambe d’un des deux individus. Il ne savait pas qui faisait quoi mais, une jambe blessée en deux points, dont le muscle était touché faisait souffrir. Un muscle était toujours extrêmement douloureux, il le savait par expérience. Ne sachant pas combien de temps il avait, il avait choisi d’handicaper plutôt que de chercher à tuer, histoire de s’assurer un peu de marge en cas de problème. Ses doigts n’avaient rien oublié du lancer mais, il n’affichait aucun air satisfait, aucune étincelle ne s’était allumée dans ses yeux. Il agissait froidement, trop peut-être pour que ce soit honnête. Duke se dissimulait, il dissimulait toujours, aussi bien le bon que le mauvais, tout dépendait des circonstances et de ce qu’il choisissait d’afficher.

-charlie & duke-

I never claimed to be a Saint…

Charlie s’appliqua tout particulièrement à ignorer Cochrane, et ça tombait bien, elle était très forte pour ignorer les gens inintéressants. Et Duke était à peu près tout ce qu’elle aimait ignorer dans la vie. Ce qui tombait bien, puisqu’il y avait bien d’autres choses bien plus intéressantes sur lesquelles elle pouvait se concentrer, là, maintenant, tout de suite. Par exemple, ce tandem de cafards qui semblaient se faufiler entre les murs et lui chatouiller les moustaches sans qu’elle n’arrive à leur mettre la main dessus. Main qui rougeoyait à présent en grésillant comme un grillon sous exctasy, alors qu’un sourire malsain s’étirait sur les lèvres de la petite blonde : s’ils voulaient jouer au plus malin avec elle, ils se trompaient d’adversaire : elle n’était pas maline. Elle était diaboliquement rusée. Elle vit une lame lui passer sous le nez, et entendit le gémissement sourd de la cible. Il était blessé, c’était absolument parfait. Il ne pourrait plus se cacher bien loin si il saignait comme un porc. Charlie remontait les escalier de la petite ruelle au pas de course, rapide comme un prédateur qui flaire l’odeur de la viande fraiche. Elle devait s’approcher assez près pour que ses jets, d’une précision chirurgicale, atteignent directement la chair du dégénéré. Elle ne devait pas abimer les bâtiments autour ou encore le mobilier urbain. Cela faisait une très mauvaise publicité aux hunters, quand ils cassaient des choses.

- Petit petit petit … Viens la mon joli

Qu’elle sifflota de sa voix étrangement métallique d’engin de mort. Ses petites mèches flottaient autour de son visage, lui donnant un air angélique qui tranchait avec la noirceur de ses pupilles. Charlie était en colère, Charlie était triste. Charlie voulait tuer, faire couler le sang et enfoncer ses mains dans les entrailles de quelqu’un, réduire un cœur en morceaux pour ne pas penser que le sien lui faisait mal, et qu’elle ne savait pas quoi en faire. Les traces sur le sol, elle les piste jusqu’au fond de la ruelle, où le mutant blessé essaye fébrilement d’escalader un grillage. Sa jambe saigne, abondamment, et il n’arrive pas à la lever suffisamment. Quel dommage. Charlie n’était pas du genre à faire de grand discours de méchant de film. Elle était plutôt du genre expéditive, sans fioriture ni chichi. Un flash dut passer devant les yeux peu entrainés de Duke, et le corps du mutant tomba lourdement sur le sol, un trou béant à la place de la poitrine. Un cri. Ou plutôt, un hurlement. Charlie roula les yeux : C’était tellement prévisible, que l’autre se jette sur le corps d’un air horrifié, secouant le cadavre comme si le trou allait se reboucher. Désolée Chérie, mais si ça marchait comme ça, ça se saurait. La chasseuse tira dans l’épaule de la mutante qui glapit. Plus de jus. Ben mince alors, tant pis. Elle ne bougerait plus avec une épaule en miette, mais il fallait la finir quand même. Elle attrapa sa proie par les cheveux sans douceur, avant de relever son regard abyssal dans celui de Duke :

- C’était joli, ton tour avec tes cures dents. Recommence, je te la tiens !

Bah oui, quitte à ce qu’il soit là, autant qu’il participe, le guignol gominé. Elle enserra la gorge de la mutant acculée de son petit bras nerveux, offrant ce même sourire inquiétant et excité à son camarade :

- Bah alors qu’est ce que tu attends Brad Pitt? Tue là !