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 there's no denying, you stop me falling (noaspen)

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Noeh Callahan
Noeh Callahan

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MessageSujet: there's no denying, you stop me falling (noaspen)   there's no denying, you stop me falling (noaspen) Icon_minitimeVen 1 Juil 2016 - 22:39

Ça ne fait même pas un mois que Noeh a commencé son nouveau job au lycée de Radcliff et, déjà, il se sent épuisé. Entre les copies à corriger, les élèves à surveiller et à conseiller - il est foncièrement très mauvais pour ça - les observations qu'il doit annoter dans 50 cahiers différents pour attester de l'efficacité de son boulot d'assistant, ça l'épuise, le gave et... lui plaît en même temps. Du Noeh tout crashé, pas fichu d'être constant dans ce qu'il ressent. Et pour la première fois depuis la rentrée, il s'autorise une sortie qui ne peut lui faire que du bien. Paumé entre l'éloignement oblige avec Aspen, l'absence de Pietra et le renouveau de sa relation avec sa jumelle, le Callahan n'arrête pas de jongler aussi en dehors du lycée. Comment il est censé y voir clair dans tout ce bordel ? C'est pas viable. C'est pas sain. C'est même tout sauf sain, mais il est bien le seul à s'être fichu dans un tel bazar. Aspen n'a rien demandé. Elle n'a jamais rien demandé si ce n'est arrêter de le voir se mêler de sa vie, chose qu'il n'a pas réussi à faire malgré toute sa bonne volonté... bon, très mauvaise volonté, certes, mais l'effort a manqué être là. Il a esquissé l'idée de pouvoir vivre loin d'elle, sauf que voir Aspen passer à autre chose, ça ne passe pas. Ça ne passe pas parce qu'il est jaloux, attaché, mordu, amoureux, tout ce qu'on veut, bien qu'il ne devrait pas avoir la moindre pensée aussi évidente en ce qui la concerne, sachant qu'à présent il est avec Pietra. En quelques sortes. Normalement ?

Au lieu de continuer à méditer sur tout ça, Noeh préfère repousser l'échéance. Il pousse la porte du cinéma de Radcliff, aujourd'hui, parce qu'il se dit que s'enfermer dans une immense salle sombre, isolé de toute personne susceptible de continuer à le faire cogiter de trop, c'est une merveilleuse idée qu'il aurait dû avoir plus tôt. Il a repéré dans la matinée que Pawn Sacrifice, le nouveau film avec ce gars dans la première trilogie Spider-Man qu'il trouvait bon acteur, venait de sortir. Idéal pour se vider l'esprit. A part si le film se révèle être un thriller à peine inquiétant, pas très intéressant, ce qui pousserait Noeh à repenser à Aspen, à la photo qu'elle a postée l'autre jour avec sans aucun doute le gars du téléphone, à leur dernière discussion à l'hôpital, à son état qui continue de l'inquiéter, à sa discussion avec Lorcan, celle avec Sam, puis celle avec Pietra aussi et... Ses cheveux. Noeh fronce les sourcils quand son regard repart se perdre sur la droite, dans la rangée de spectateurs qui attend de pouvoir acheter son billet en parallèle de la sienne. La troisième personne à attendre son tour ne peut pas être... Non, il ne la connaît pas. Elle a juste exactement la même couleur de cheveux que son ex-petite-amie, ce qui est possible car chacun a la couleur de cheveux qu'il souhaite à présent, il ne s'agit peut-être même que d'une simple couleur, couleur faite sur une personne qui aurait juste la même taille qu'Aspen et possiblement son style vestimentaire et... merde. Le premier réflexe du Callahan pour éviter de se faire repérer, c'est de prendre place derrière un grand truc en carton interpellant les futurs spectateurs du prochain dessin animé qui se jouera sur les écrans. Le machin est assez grand pour le masquer en partie, s'il se débrouille bien, il n'a plus qu'à croiser les doigts pour ne pas que la Wolstenholme tourne la tête de ce côté ou s'attarde sur le crétin qui se planque derrière une affiche.

Noeh se passe une main sur le visage. C'est pas possible. Pourquoi ? Pourquoi on le laisse pas faire des efforts ? Il veut tenir ses promesses. Il veut vraiment les tenir, d'une force inouïe, mais là, c'est trop.  Là, c'est le provoquer sur un terrain sur lequel il n'a jamais gagné. Qu'est-il supposé faire, à présent ? Oublier ce qu'il vient de voir ? Prendre le risque de la croiser bêtement à la fin de leurs deux séances ? Se concentrer sur un foutu film alors que même pour aller au cinéma elle est magnifique ? Le jumeau Callahan inspire avec maîtrise. Séance de cinéma ruinée, c'est officiel. Se décalant sur le côté, il s'aperçoit qu'elle est en train de payer. Dans moins de 30 secondes, elle disparaîtra de son champ de vision. Il n'aura même pas eu le temps de la saluer ou de lui demander si les choses vont mieux depuis qu'elle est sortie de l'hôpital... Est-ce qu'il a droit de lui parler, au moins ? Après ce qu'il a fait, après ce qu'il a juré de faire, après être parti, après avoir promis à Elspeth de pas faire n'importe quoi, d'attendre aussi le bon moment pour reprendre contact avec Aspen... Et si c'était le bon moment ? Combien de temps il va devoir l'attendre, même, ce moment qui pointe jamais le bout de son nez ? Sans plus réfléchir, il se concentre sur la discussion entre le vendeur et la jeune femme. Le temps d'une seconde, il se croit presque passé maître en l'art de lire sur les lèvres - qui s'avère être une science très inexacte en fin de compte. Quand elle s'éloigne au loin, tend son ticket pour qu'il soit déchiré et qu'on lui indique le chemin jusqu'à sa salle, le tour de Noeh de passer en caisse arrive. Frustré de devoir la quitter des yeux, incapable de confirmer ce qu'il pense avoir entendu plus tôt, le nouvel assistant du lycée accorde enfin son attention au vendeur. “Je me...”, qu'il balbutie, avant de serrer les dents. Il a pas le choix, il est obligé de tenter sa chance. Que ça passe ou ça casse, il est hors de question qu'il se dérobe. Il a pas envie de partir en sachant qu'ils auraient pu se retrouver dans la même salle de cinéma, devant le même film. Il sait d'avance que si ça arrive, finalement, la moindre de ses pensées sera tout sauf concentrée sur le grand écran face à lui, sauf qu'il s'en fout. Il a comme besoin de savoir ce qui pourrait se passer. C'en devient vital, à mesure que les secondes s'écoulent. Ses prunelles se perdent une ou deux fois en direction de l'endroit où il l'a vue disparaître, avant qu'il ne se décide à poursuivre. “Je me rappelle plus le nom du film, la personne que je rejoins m'attend déjà dans la salle...” Le Callahan sait que c'est moche de mentir, néanmoins tous les moyens sont bons pour parvenir à ses fins. “La salle 6 ?” Le caissier lève les yeux au ciel mais s'exécute, s'affairant à imprimer son ticket. Noeh lui donne le premier gros billet qui dépasse de son porte-monnaie sans vraiment se préoccuper du chiffre inscrit dessus. “Merci !”, qu'il lance avec un degré d'enthousiaste en trop dans la voix. Il est juste pressé de voir s'il s'est planté ou pas, si la chance qui semble avoir été placée sur sa route vient de lui passer sous le nez ou non.

La minute suivante, Noeh tend à son tour son ticket, se dirige d'instinct vers la salle numéro 6 sans plus écouter les indications du videur. Il le connaît ce cinéma, il s'en moque bien de ce qu'il peut raconter. Une fois la main sur la porte, il prend une légère inspiration avant de pousser cette dernière. Les lumières sont encore allumées, ils sont arrivés en avance. Oui, ils, parce que la première chose que remarque Noeh, c'est la présence d'Aspen dans un des rangs, ce qui fait accélérer les battements de son coeur, de soulagement et de passion. A présent, il sait pas quoi faire. S'avancer à côté d'elle ? Se mettre derrière ? Laisser un siège entre eux pour garder une certaine distance ? Il s'avance en tentant d'ignorer toutes ces questions. Il veut juste la voir, elle sera même pas obligée de lui parler, lui il va oublier toutes les mises en garde qui croulent sur ses épaules depuis mi-août et il va leur rire au nez. Éternel égoïste dans l'âme, surtout dans cette situation étrange qui a toujours été celle qui s'est instaurée entre Aspen et lui, le Callahan préfère se focaliser sur son point de vue plutôt que d'imaginer son ex-petite-amie se relever de son siège de cinéma pour s'éloigner au plus vite. Il faut juste... Il doit juste cesser de sentir le rouge lui grimper aux jours. Ou même arrêter d'être nerveux, ça lui ressemble pas... A moins que ce soit l'effet Aspen à présent ? Il doit surtout se débarrasser de l'envie terrible de la prendre dans ses bras. Okay, cette petite opération commando, c'était une très mauvaise idée. Il s'en rend compte quand il prend place dans le siège à sa droite. D'abord, il n'arrive pas à la regarder, par peur d'être confronté à un visage surpris ou énervé. Puis il réalise que s'ils en sont là aujourd'hui c'est par sa faute, encore une fois, alors... “Je savais pas que t'aimais ce genre de films.” Si c'est une comédie romantique, il est foutu.
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MessageSujet: Re: there's no denying, you stop me falling (noaspen)   there's no denying, you stop me falling (noaspen) Icon_minitimeSam 2 Juil 2016 - 0:15

Tu es au courant que c'est un film sur des filles qui chantent ? A capella ?


Au départ, elle s’était dit que non vraiment, elle ne pouvait quand même pas aller au cinéma toute seule, c’était pathétique. Elle n’était pas une de ces vieilles quinquas sans amies qui viennent s’empiffrer de pop corn devant une comédie romantique, avant d’aller pleurer sur leur oreiller, dans leur lit vide en calinant un gros chat à moitié endormi. Surtout qu’elle se connaissait, ce serait forcément une comédie romantique, et en plus, elle l’avait, le chat, à la maison, bien que Quinn ne soit pas du genre à la laisser mouiller son soyeux pelage avec ses larmes de crocodile. Sauf que voilà, elle avait joué de malchance, et pas qu’un peu : absolument aucun de ses amis n’était dispo ce soir pour l’accompagner, zéro, niet, nada. Certains étaient en famille, d’autres du boulot, certains avaient simplement la flemme. Même Elspeth avait refusé timidement son invitation, lui signifiant qu’elle avait d’autres projets pour ce soir, sans plus d’explication. Elle avait tout essayé pourtant, l’argumentation, les yeux doux, le marchandage, rien n’y avait fait : si elle voulait voir ce film ce soir – et c’était le cas- elle se devait d’être une femme forte et indépendante, faire fi des clichés et se pointer au guichet seule, comme une grande fille. Elle avait même décidé de ne pas trop s’apprêter pour se rendre au cinéma – après tout, dans le noir, personne ne la regarderait, si ? – laissant ses cheveux détachés cascader dans son dos, enfilant une petite robe d’été toute simple et une paire de sandales dorées avant de se rendre là bas à pied. En habitant à moins de dix minutes de là, ça aurait été un sacrilège de prendre la voiture alors que l’air était encore chaud et agréable, en cette fin d’été.

Arrivée au cinéma, elle avait vérifié l’horaire de sa séance, satisfaite d’être arrivée un peu en avance : elle avait envie de passer par le stand de confiserie pour grignoter quelque chose pendant la séance. Elle avait pris une boisson, un petit paquet de pop corn et un autre de crocodiles multicolores. Pas de fraises tagada cette fois ci, c’était le grand changement de la soirée. Dans la file d’attente, elle avait retrouvé une connaissance de lycée avec qui elle avait discuté quelques minutes : malheureusement, elle allait voir un autre film avec son petit ami, laissant s’envoler l’espoir discret de la Wol de se trouver une compagnie de dernière minute. Une fois devant le guichet, elle sourit au lycéen à lunettes qui tient la caisse, et lui demande un ticket pour Pitch Perfect 2 : elle avait adoré le premier, alors hors de question de louper la première de la suite. Elle savait que c’était pas bien sérieux comme film, mais elle était sérieuse à longueur de journée, alors le soir, il fallait que ses loisirs soient les plus légers et distrayants possibles. Et puis en plus, l’acteur qui jouait le fiancé de l’héroine était bien trop Mignon. Elle remercia l’adolescent en lui souhaitant bon courage pour sa soirée, une attention qui fit rougir le garçon, alors qu’elle lui tournait déjà le dos pour se rendre vers le vigile qui la dévisagea d’un air un peu hébété, puis déchira son ticket pour lui indiquer la salle 6. Une fois à l’intérieur, elle s’installa à peu près au milieu, posant ses confiseries et sa boisson sur l’accoudoir troué à cet effet, puis balaya la salle du regard : pas mal d’adolescentes, quelques couples et des mamans, mais pas tant de monde que ça. Tant mieux, personne ne l’entendrait glousser ou marmonner les chansons de Jessie J et les reprises d’Anna Kendrick. Parce que clairement, elle ne pourrait pas se retenir. En attendant que la lumière s’éteigne, elle avait dégainé son fidèle téléphone, consciente qu’elle avait largement assez de contacts à qui envoyer des messages pour tenir une dizaine de minutes. Marius lui avait envoyé une photo de lui avait Ada qui dormait sur son ventre, et elle poussa un petit « aw » attendri. Elle souhaita à Moira un excellent concert, puisqu’elle jouait ce soir, dans un autre état. Elle allait entamer un nouveau texto quand une voix juste à coté d’elle la fit sursauter, lui faisant faire un petit bond sur son fauteuil : elle était tellement concentrée qu’elle n’avait même pas remarqué que quelqu’un s’était assise juste à coté d’elle, et ses yeux s’arrondirent un peu plus en découvrant qui venait de lui poser cette question. Noeh. Noeh ?!

Elle ouvrit la bouche, la referma, la rouvrit alors que ses yeux passaient de son téléphone à ceux de Noeh, puis furtivement à la place juste à droite de ce dernier : personne. Et par personne, elle pensait à Pietra. Il était tout seul ? Il était venu voir Pitch Perfect tout seul ? Elle battit des cils, prise de court par l’apparition totalement … Improbable de son ex petit ami – EX PETIT AMI Aspen, rien d’autre- sans trop savoir de quelle manière elle doit réagir. Se lever et changer de place sans lui adresser la parole ? C’était pas une sauvage non plus, et encore moins une malpolie. Mais c’était quand même trop bizarre. Allez courage, rouvre la bouche Aspen, il y a certainement quelque chose d’intéressant et de spirituel qui va en sortir :

- J’ai toujours adoré Anna Kendrick. Et le premier était super bien, surtout la fin et la scène où elle se retrouve avec…

Non mais elle n’allait quand même pas lui raconter l’histoire non plus, si ? Elle déglutit, jetant un coup d’œil vers l’entrée de la salle – toujours pas de Pietra ?! – avant de reprendre, cherchant un peu de contenance et surtout à ne pas perdre pied dans cette situation totalement improbable :

- Tu, euh, tu t’es trompé de salle, ou tu as perdu un pari ? Parce que c’est pas vraiment Ton genre en l’occurrence …

Son portable se mit à vibrer sur ses genoux, mais elle n’osait même pas baisser les yeux pour voir qui lui avait répondu : parce que si il y avait un nom de garçon sur ce téléphone, elle ne savait absolument pas comment il réagirait. Heureusement c’était Moira qui lui avait répondu un tas de cœur et un petit singe qui fait des bisous, mais ça, elle ne le savait pas …

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Noeh Callahan
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MessageSujet: Re: there's no denying, you stop me falling (noaspen)   there's no denying, you stop me falling (noaspen) Icon_minitimeVen 8 Juil 2016 - 20:49

Noeh aperçoit la surprise dans les prunelles d'Aspen, et ça fait naître un petit sourire tendre sur ses lèvres, malgré lui. Il constate qu'elle ne sait pas quoi dire, il réalise que c'en est de même pour lui. Lui qui brave les interdits, lui qui balance au loin les mises en garde. Lui qui se fout comme jamais des préventions, de la bienséance, de ce qu'il peut faire ou ne pas faire. Lorcan lui a dit de ne plus se mêler de sa vie, Sam en a rajouté une couche en évoquant Pietra, Aspen elle-même a dit qu'elle n'en pouvait plus, d'être à la merci de tout ce bordel qu'il peut avoir dans la tête mais... c'est pas sa faute, à Noeh, s'il éprouve pour elle des sentiments qu'il ne devrait plus éprouver. C'est pas non plus sa faute s'il est jaloux ou qu'il cogite trop, c'est pas sa faute s'il n'arrête pas de se poser des millions de questions, c'est pas sa faute s'il arrive pas à dériver sur une autre page internet que sa page instagram quand il se connecte. Le Callahan a toujours eu cette fâcheuse tendance à comprendre l'inverse ce qu'on lui conseille de faire : éloigne-toi signifie reviens, arrête équivaut à un continue, c'est fini n'est qu'une autre formulation de c'est pas encore la fin, accroche-toi. Alors le pianiste est là, planté dans le siège à côté de celui d'Aspen, parce que se refuser lui-même la plus belle personne qui lui est interdite, il n'en est pas capable. Sous la coupole de tous les gardes du corps que la Wolstenholme possède sur cette planète, son frère, Sam, ses amis, le gars du téléphone, l'autre @mariole ou Svenmachintruc, peut-être, mais pas ici, ni maintenant. Là, il se permet l'impensable car son cœur égoïste a besoin de se revigorer d'une nouvelle dose de sa présence, de ses nouvelles, de son moral, de tout ce qu'Aspen peut lui donner même si c'est en partie négatif, du moment qu'il peut avoir la chance d'entendre sa voix et de croiser son regard. Au final, Noeh ne demande pas grand chose, rien qu'un peu d'attention et de temps, même si tout ça a été provoqué par la force des choses.

Toujours de son initiative, toujours le même à ne pas être assez malin pour comprendre qu'il doit cesser ce petit jeu – bien que ça n'en soit pas un à ses yeux. Il est venu s'asseoir en connaissance de cause, il a osé s'installer en sachant que la dernière fois qu'ils se sont vus, les choses se sont mal terminées. La trace devenue presque inexistante de son bleu à la main droite en témoigne encore. Les larmes qui ont roulé sur ses joues sont le pire souvenir qui lui reste de ce jour si particulier, en plus de sa longue marche, la plus douloureuse d'entre toutes, une fois sorti de sa chambre d'hôpital. Noeh s'est pointé dans cette salle de cinéma malgré tout ça parce que plus le temps passe, plus rester loin d'elle est une torture qu'il ne peut plus endurer. Il a besoin d'elle. C'en devient vital et terrible, ça continue d'être bouleversant et destructeur, ça l'a guidé jusqu'à ce siège aujourd'hui et ça le fout devant le fait accompli. Le Callahan ne peut que comprendre son étonnement. Après lui avoir tourné le dos, il repointe le bout de son nez comme si de rien n'était. Au fond, il mesure l'étendue de son audace sans pour autant se laisser gagner par le sentiment d'insécurité qui chercher également à se frayer un chemin jusqu'à ses pensées. C'est pas le moment. Il se rendra compte de sa folie une fois qu'il aura constaté jusqu'à où cette dernière l'aura mené. Sur le moment, il ne pense plus à Pietra, à la colère de Sam, à celle de Lorcan, à la déception de tout le monde, il songe juste à Aspen. Aspen qui est encore à côté de lui, Aspen qui d'un battement de cils réussit à faire battre son cœur un peu plus vite, Aspen qui lui pose une question plus que légitime. “Non, je...” C'est pas un pari, ni une erreur de sa part. Il a juste foncé tête baissée jusqu'à passer les portes de la sixième salle du grand (et seul) cinéma de Radcliff, sans prendre le temps de regarder ce qui pouvait être écrit sur son ticket.

Ce dernier se trouvant toujours dans sa main gauche, Noeh aperçoit brièvement les premières lettres du titre du film, avant de faire mine de déjà le connaître. Plus il zieute longtemps, plus il prouve qu'il est là pour la regarder elle plutôt que les actrices sur l'écran. Et se faire griller aussi tôt, ça serait ruiner ses chances d'obtenir des réponses et des sourires. Ou au moins un sourire. Histoire de pas se montrer trop avare. “J'aime bien. Anna K-” Il a déjà oublié son nom. “Elle est cool”, qu'il insiste, en se redressant un peu dans son siège. Mentir aussi effrontément, ça le rend nerveux, sauf qu'il ne l'assume pas. Noeh préfère jeter un petit coup d'oeil aux alentours, pour chercher un autre terrain pour engager la conversation, jusqu'à comprendre qu'il aurait mieux fait de broder sur le film qui sera bientôt projeté sous leurs yeux. “Je voulais pas m'installer loin alors qu'on est dans la même salle, ça aurait été bizarre...” En plus d'avoir le don de comprendre de travers (de comprendre ce qu'il a envie lui d'entendre), le Callahan ne sait pas non plus éviter les moments gênants. Et sous-entendre qu'être séparés dans une salle de cinéma alors qu'Aspen n'a pas demandé à le voir s'approcher, se permettre de s'avancer, alors que leur dernière discussion a encore plus le goût d'étrange et de perturbant que ça, c'est con. Et foutrement maladroit. Il se revoit encore lui crier dessus alors qu'elle venait de vivre un truc difficile et son regard la fuit le temps d'une nouvelle seconde. C'est la lumière du téléphone de la jeune femme qui l'intrigue et le pousse à retourner la tête vers elle. Il est sans aucun doute trop tard pour le départir de sa curiosité mal-placée. Il n'a le temps d'apercevoir que les cœurs qui se sont affichés à l'écran, rien de plus avant que ses prunelles ne se relèvent dans les siennes avec un léger embarras coincé au cœur de ses iris tachées d'émeraude. “Mais si... euh... si t'attends quelqu'un, je peux...Me barrer... mais pas avant d'avoir cassé la gueule au gars du téléphone. Ça le démange depuis trop longtemps pour laisser passer une si belle occasion. Et même s'il n'a aucune preuve qu'il s'agit de lui, il a vu les photos, les commentaires, il s'est crevé le cœur à constater tout ça sans rien pouvoir y faire ni y changer et une chose est sûre depuis : il déteste les réseaux sociaux d'une force monumentale. D'une haine pure et sans limite envisageable. “Me mettre plus haut. Je crois que je vais gêner les gosses ici de toute façon...” Comme si ça le préoccupait rien qu'une seconde. Emmerder le monde, c'est le propre de Noeh depuis toujours, évoquer la possibilité que ça puisse lui faire mal au cœur de gâcher la séance de cinéma de familles et d'adolescents, c'est faire croire à un miracle qui ne se réalisera jamais.  Le pianiste veut juste faire bonne impression devant Aspen. Lui prouver, peut-être, qu'il a changé, voire même qu'il est apte à faire des efforts à présent. Et surtout qu'il continuera à en faire même si elle lui fait comprendre un jour qu'il n'y a vraiment plus aucune chance pour réparer le passé, améliorer l'avenir. Néanmoins, plutôt que d'initier un mouvement pour s'éloigner d'elle, Noeh choisit de se tasser dans son siège avant de lui jeter un nouveau coup d'oeil discret, cherchant parmi le trop-plein d'interrogations qui parsèment son esprit laquelle est la meilleure pour ne pas gâcher l'instant – ou du moins le faire trop vite.
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MessageSujet: Re: there's no denying, you stop me falling (noaspen)   there's no denying, you stop me falling (noaspen) Icon_minitimeSam 9 Juil 2016 - 9:37

Tu es au courant que c'est un film sur des filles qui chantent ? A capella ?


En temps normal, la jolie rousse se sortait de ce genre de situation avec une certaines maestria : un petit pique bien senti, un regard noir, et les inopportuns déguerpissaient avant même qu’elle eut à élever la voix. Sauf que voilà, Noeh n’était pas à proprement parlé un inopportun, plus un … un insolite, qu’elle ne s’attendait absolument pas à voir ici, maintenant. Elle aurait croisé le diable en personne que ça l’aurait moins surprise que de voir s’installer le Callahan juste à coté d’elle. Elle pensait sincèrement qu’après tout ce qu’ils avaient pu se dire la dernière fois qu’ils s’étaient vus, il n’oserait pas repointer le bout de son nez de si tôt. Elle avait pleuré sur son sort plus d’une nuit encore avant que son stock de larmes se tarisse qu’elle parvienne à se reprendre en main : parce que contrairement à Noeh, elle se savait raisonnable et surtout, surtout, elle était capable de lister toutes les raisons pour lesquels elle ne devait pas le recontacter. A chaque fois qu’elle faiblissait, ne serait ce qu’un peu, elle se répétait mentalement toute cette liste et en rajoutait un point, comme pour renforcer sa motivation. Jusqu’alors, elle avait réussi à tenir, en s’occupant au maximum, en voyant des gens, en rencontrant de nouvelles personnes, surement dans l’espoir de trouver enfin des gens qui seraient à la hauteur de Noeh. Enfin, tous ses amis étaient à la hauteur de Noeh, bien sur, mais ce n’était peut être pas d’amis dont elle avait vraiment besoin, alors… Elle avait repris un peu de contenance, fixant le jeune homme alors qu’il s’empêtrait dans ses réponses, comme souvent quand elle le mettait face à ses comportements étranges. Il hésite, il marmonne, il jette des coups d’œil à droite et à gauche, comme si l’environnement allait trouver une réponse à toutes ses questions. Aspen attendait, les bras légèrement croisés, un peu moqueuse sans être sur la défensive : clairement, il n’avait aucune excuse, il ne savait même pas quel film il allait regarder, il … Il l’avait suivi ? Depuis quand, pourquoi ? Elle ne voyait pas trop d’autres explications, mais celle-ci était un peu dérangeante, juste assez pour qu’elle n’insiste pas tant que ça : c’était un coup à ce que cela lui retombe dessus, c’était sur et certain.

- Très cool, oui. Et elle chante bien, ce qui est plutôt important, dans ce genre de film, hein ?

Ça aurait été bizarre ? Parce que là, ça ne l’était pas, Hyper bizarre ? Parce que clairement, pour le moment elle ne se sentait pas vraiment à l’aise. Elle avait envie qu’il sorte de la salle, qu’il vire de là vite fait pour qu’elle puisse se dire qu’elle avait juste halluciné. Sauf que clairement, ce n’était ce qui allait se passer. Alors à quoi bon le chasser de l’autre coté de la salle ? Ca ne changerait de toute façon pas grand-chose, elle saurait qu’il était là, à quelques mètres d’elle, probablement plus à l’observer qu’à regarder le film. Parce qu’elle n’était définitivement pas convaincue qu’il était là pour l’amour de l’a capella. Elle allait répondre qu’il faisait bien ce qu’il voulait, mais elle intercepta son regard alors qu’il baissait les yeux vers le téléphone qui venait de vibrer sur ses genoux : de la où il était, il n’avait du voir que les petits cœurs, pas le nom de son interlocutrice et … Oh non, pas ce petit regard là, non, stop, pause, c’était de la triche. Il n’avait pas le droit de prendre cet air de chien battu tout gêné d’un seul coup, lui qui venait de s’installer à coté d’elle au culot. Non mais quel tricheur… Et pourtant, ça marchait, beaucoup trop bien d’ailleurs. Alors qu’il se tassait dans son siège pour se faire le plus petit possible, lui jetant des œillades un peu abattus, Aspen soupira, attrapant son téléphone pour en débloquer l’écran, une photo de Lorcan et elle agrippés l’un à l’autre en riant en guise de fond d’écran avant de passer sur l’interface de messagerie :

- Les lumières vont bientôt s’éteindre, c’est un coup à ce que tu te casses la figure dans les escaliers et que tu t’assois sur un fauteuil dégueu avec un chewing gum encore frais dessus… Alors bon autant que tu restes ici. Mais vaut mieux que tu te redresses pas trop en effet, sinon la gamine derrière toi vas faire la gueule.

Elle tendit le portable en face d’elle pour faire une photo de l’écran, et l’envoya à Moira dont le nom, cette fois ci, était bien visible, signée d’un « bon concert, on retournera le voir entre filles » plein de cœurs et smileys clins d’œil. Elle appuya sur la touche d’envoi, puis rangea son téléphone mis en silencieux dans son sac avant qu’un autre message capable de faire sortir Noeh de ses gonds n’apparaisse sur son écran. Elle s’étira un peu, puis tourna à nouveau la tête vers Noeh alors que les premières lumières s’éteignaient et que la première publicité M&M’s apparaissait sur le grand écran :

- Je te préviens, si tu te mets à parler pendant le film, je t’étrangle. Et pas métaphoriquement.

Bon, ça lui laissait encore tous les temps des publicités pour l’embêter, mais elle devrait pouvoir survivre. Ça durait quoi, les pubs, dix, quinze minutes ? Elle pouvait le faire. Elle avait assez de self control et de retenue pour ça. Il lui suffisait de ne rien prendre trop personnellement, absolument rien. Ne pas prendre les paroles, les hypothétiques questions de Noeh trop à cœur … Autant vous dire que c’était mission impossible pour la jeune femme qui avait des papillons dans le ventre simplement à cause de la proximité physique du Callahan. Brrrrr ça l’avait moins perturbé à l’hopital. Si elle avait su, elle aurait pris un cachet de morphine avant de venir, elle se serait sentie moins fébrile que maintenant. Il faudrait vraiment qu’elle règle ce problème de tachycardie aussi, un de ces quatre… Son cœur battait beaucoup trop vite…


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Noeh Callahan
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MessageSujet: Re: there's no denying, you stop me falling (noaspen)   there's no denying, you stop me falling (noaspen) Icon_minitimeSam 9 Juil 2016 - 22:11

Noeh savait qu'il se ferait griller. S'il avait su, il aurait fait une mini-recherche internet avant de rentrer dans la salle pour être un minimum au courant de ce qui va être projeté sur cet écran. Il a juste eu peur qu'Aspen disparaisse entre le temps où il a payé son billet et le moment où il est enfin arrivé ici. Chacun ses frayeurs. A présent, il en paye juste les conséquences. La Wolstenholme lui pose des questions si simples et pourtant si complexes à contrer que Noeh préfère tout bonnement faire mine d'être concerné par le futur film qu'ils vont voir. Même quand elle confirme son adjectif pour caractériser l'actrice qu'elle aime bien, le pianiste n'est toujours pas à l'aise avec tout ce petit mensonge qu'il monte tant bien que mal. “Très important.” Du chant ?! Okay, il est mal tombé. Il n'a aucune idée de ce qui va bien pouvoir se passer durant les 90 prochaines minutes, mais il sait que ça n'est pas un sacrifice vain. Il va pouvoir passer tout ce temps à côté d'Aspen ; ça vaut tous les films pourris du monde. Il aurait pu tomber sur pire, comme l'enregistrement d'un concert de violon dont la violoniste principale n'aurait pas été Aspen. Ça, ça aurait été terrible. Ou encore l'un des films hyper romantiques qu'elle aime tant... Mais même ça, tous ces films qu'il a vus et revus avec elle, ça lui manque. Pour peu, l'idée de les regarder à nouveau tous tout seul commence à faire son bout de chemin. Ça lui donnerait au moins l'impression qu'elle est auprès de lui, puisqu'il se souvient à la minute près à quel moment elle se met à sourire ou à verser une première larme. La seule chose qui changera, c'est qu'il ne tendra de mouchoir à personne et qu'il ne pourra pas embrasser son front pour la réconforter. C'est tout. C'est déjà trop.

Suivant ses conseils, Noeh jette un dernier coup d'oeil derrière lui pour apercevoir la petite fille dont parle Aspen. Effectivement, il a pas intérêt à trop bouger. Une mission qui s'avère plus que difficile sachant que son ex-petite-amie est juste à côté. Il a le don pour se foutre dans des situations périlleuses. Mais au moins, elle lui parle. Elle rétorque même sur ses bêtises à répétition et ça lui met du baume au cœur. Elle accepte de lui adresser la parole même si c'est pour le mettre en garde. Et sans doute aussi pour détourner son attention de son téléphone portable. Le prénom qu'il distingue sur l'écran ne lui dit rien. Moira. C'est qui ça ? Le ou la fameuse @mariole ? Un ou une collègue ? Noeh envisage toutes les possibilités parce que son esprit mi-espion mi-tordu s'imagine sans mal qu'Aspen a pu modifier le nom de ce correspondant pour être en paix. Pour le dissimuler aux paires d'yeux indiscrètes comme la sienne. Il vire parano. Complètement bouffé par une jalousie qu'il n'a pas le droit d'éprouver mais qui lui arrache un frisson quand elle recommence à ajouter trop de petits cœurs et de petits bonhommes colorés. Le Callahan suit le chemin du téléphone jusqu'à son petit sac, tout en prétendant détourner la tête au même moment. Il a bien vu le message qu'elle a écrit avec la photo qu'elle a prise de l'écran sauf qu'il n'ose pas y croire. La voilà qui se tourne vers lui, faisant manquer un battement de cœur à Noeh. Seule la lumière des publicités éclairent une partie de son visage, rend son regard brillant... Ça fait beaucoup trop longtemps qu'il ne l'a pas vue. C'est de sa faute, il le sait, et la voir aussi belle aujourd'hui, qu'elle soit aussi proche de lui, ça ne remue qu'une fois de plus le couteau dans la plaie qu'il s'est lui-même infligé. Lui reviennent alors les avertissements de Lorcan, Elspeth, des autres : laisse-la tranquille. Il devrait pas rester là. Il devrait se relever de ce siège et quitter la salle maintenant, pour pas recommencer ce qu'il sait si bien faire, pour ne pas tout gâcher une nouvelle fois mais... Faire ça, ça serait pas foutre en l'air ce moment aussi ? Aspen a dit qu'il pouvait rester assis ici, juste à côté d'elle, il l'a pas inventé, il l'a pas forcée à le dire, c'est venu d'elle. Il ne fait que suivre à la lettre ce qu'elle a dit, tel le bon petit soldat désespéré qu'il est quand elle lui accorde de l'attention, et surtout quand elle concède à le faire après sa dernière visite pitoyable à l'hôpital.

Callahan retient difficilement un petit sourire en coin. “Je parlerai pas.” Si elle évoque le fait d'être déterminée à l'étrangler s'il désobéit, peut-être que tout n'est pas perdu. Bien que Noeh préférerait une autre forme d'affection, il est prêt à prendre tout ce qu'elle veut bien lui donner. “Par contre chanter... je sais pas si je pourrais me contrôler.” Il a une belle voix, en plus, autant s'en servir. Il ne le fera pas, pour ne pas gâcher la séance d'Aspen, mais il prouve une nouvelle fois son besoin de toujours aller à l'encontre de ce qu'on lui dit, même si aujourd'hui ça ne peut pas être bien méchant. Peut-être qu'il va la voir sourire, maintenant ou durant le film, et aussi rire, il est assez proche pour que le son envahissant de la séance ne vienne tout gâcher et tout d'un coup, il a presque hâte que le film commence. Son cœur tambourine dans sa cage thoracique, à mesure que la crainte d'avoir fait une erreur en venant jusqu'ici, en la suivant, s'évapore de son esprit comme si l'idée n'y avait jamais fait son nid. Regardant les pubs qui défilent à l'écran sans le faire, ne captant pas vraiment le son que crache les haut-parleurs un peu partout autour d'eux, Noeh prend une légère inspiration. Il ne lui reste plus beaucoup de temps avant que le film débute, il peut bien réussir à grappiller quelques bonnes infos. “Quoi de nouveau depuis...” Ses mots se perdent instantanément. Il commence plutôt mal. Hors de question de reparler de ça, puis il ne sait même pas comment présenter les choses : depuis ton hospitalisation ? Depuis que je t'ai faite pleurer ? Depuis que je suis officiellement devenu le pire mec foulant le sol de cette planète ? Depuis qu'il a fait la plus belle connerie de sa vie ?  Il y a tellement de possibilités pour continuer sur cette lancée et avant tout pour la replonger dans un souvenir désagréable que Noeh préfère changer de suite de sujet. “T'as repris le travail ?” Ça, ça l'intéresse, même s'il a encore jamais eu l'occasion de la regarder travailler, et ça évitera de balancer n'importe quoi. Le travail c'est un terrain non-miné sur lequel il peut en théorie s'appuyer sans peur... Et pourtant. Pourtant il y a autre chose qui le travaille un peu plus, justement, un truc dont son cœur a besoin pour continuer à battre ou pour se décider à s'arrêter définitivement. C'est une question qu'il a envie de lui poser encore et encore depuis qu'il a vu les photos, alors qu'il s'était juré de stopper ses venues à répétition sur sa page instagram, vu que ça lui arrachait le cœur à chaque nouvelle publication, mais il... c'est Noeh. Noeh qui, plutôt que de suivre comme un robot les promesses qu'il a faites à Aspen avant de sortir de sa chambre d'hôpital, fait marche-arrière brutalement puisqu'il a réalisé que ce qu'il a juré de faire, c'est impossible. C'est juste impossible. Elle lui manque, il a besoin d'elle, il pense à elle, trop souvent, tout le temps, alors qu'il ne devrait pas. Sauf qu'il est là, à présent. Installé dans le siège à sa droite, avec son regard qui ne sait plus où se poser autre part que dans le sien, sur l'écran pour faire croire qu'il se préoccupe de ce qui s'y passe, sur sa main qu'il a envie de prendre dans la sienne pour s'électriser de ce contact qu'il meurt d'envie d'établir. “J'ai vu que ça se passait bien avec... Mariole ? C'est cool.” Qu'elle dise qu'elle est heureuse. Qu'elle le prétendre vraiment parce qu'il n'arrivera à entendre que ça. Ou alors, il devra masquer sa légère joie d'entendre que ça n'est pas véritablement le cas, que les photos ne sont pas le reflet de ce qui se passe vraiment entre elle et son nouveau copain, qu'il soit un ancien ami, un collègue, un ange... ça n'est qu'un pauvre crétin qui ne la mérite pas aux yeux du Callahan. Dans sa jalousie mal-venue, il considère de la façon la plus égoïste possible qu'il est seul à mériter Aspen, et il est prêt à beaucoup pour lui rappeler et lui prouver.
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MessageSujet: Re: there's no denying, you stop me falling (noaspen)   there's no denying, you stop me falling (noaspen) Icon_minitimeDim 10 Juil 2016 - 10:11

Tu es au courant que c'est un film sur des filles qui chantent ? A capella ?


La tête de Noeh quand il venait de se rendre compte qu’il allait devoir regarder exactement le type de film qu’il avait en horreur eu le mérite d’être tellement comique qu’elle tira un petit gloussement à Aspen. Oui, ce genre de films, elle aurait pu lui faire du chantage, à l’époque, pour le convaincre de venir le voir avec elle le jour de la sortie : elle aurait probablement troqué ça contre un massage, ou à peut près n’importe quoi d’autres impliquant que leurs corps se touchent sans tissu au milieu. Il n’était pas très difficile à convaincre en même temps, dans ces moments là. Aujourd’hui, qu’il soit venu de son plein gré lui paraissait tellement ridicule et improbable que le regard qu’elle lui lançait voulait tout dire : Elle ne relèverait pas, mais elle n’était pas totalement conne non plus.
Avant de ranger son téléphone, elle avait capturé le coup d’œil de Noeh vers ce dernier, et sa mâchoire qui s’était un peu contractée, signe évident de la jalousie chez Noeh. Elle le savait, elle l’avait provoqué une ou deux fois volontairement, cette tension de la mâchoire qui l’amusait follement, au lycée. Aujourd’hui, elle se sentait juste mal à l’aise de provoquer ce genre de réaction chez le jeune homme. Il avait pas à être jaloux de … de qui que ce soit en fait. Elle aurait du se ficher de ce genre de choses, ne pas relever ou alors faire comme si elle n’avait rien vu, mais c’était proprement impossible. Pourquoi ne pouvait elle pas s’empêcher de se justifier devant le Callahan, affectant de lui parler de quelque chose de tout à fait anodin ?

- J’étais sensée venir avec une amie, hum, Moira, mais elle avait un concert … Elle est musicienne, alors forcément, elle n’allait pas annuler sa performance pour m’accompagner…

Elle n’aurait pas du se justifier, elle faisait ce qu’elle voulait, elle envoyait des messages à qui elle voulait … Et pourtant elle le faisait quand même… Non mais quelle grosse nulle. Heureusement, elle avait réussi à se la fermer avant de se couvrir totalement de ridicule, tournant la tête vers l’écran et les pages de réclame. D’ailleurs, elle se contenta d’hocher la tête d’un air peu convaincu quand il lui promit de ne pas parler. Il promettait TOUJOURS de ne pas parler, et c’était toujours un échec cuisant. Alors elle n’avait pas franchement d’espoir que cela se fasse cette fois ci. D’ailleurs, il ne tint pas plus de trois secondes avant de rajouter qu’elle n’était pas à l’abri de l’entendre de pousser la chansonnette. Sauf que si il fallait ça, elle l’étouffait avec son paquet de pop corn. Pas avec les pop corn, avec le carton qui les contenait, hein. Elle le sent s’agiter à coté d’elle, et ça lui rappelle toutes ces fois où elle l’a entendu souffler, soupirer, ronchonner à cause des sièges pas assez confortables, trop petits, du manque de place pour étaler ses grandes jambes et le fait que « non mais vraiment, je suis sur qu’il va être trop nul ce film ».  A l’époque ça la faisait sourire, maintenant elle appréhende surtout tout ce qui peut sortir de a bouche du jeune homme. Elle sait qu’il peut passer de la conversation la plus légère et inoffensive aux sujets les plus délicats en moins de deux secondes, et elle espère, très fort, qu’il s’abstiendra aujourd’hui. Elle n’était clairement pas prête pour ça, et surtout elle n’en avait pas envie. Elle tourna la tête vers lui, un sourcil haussé alors qu’il laissait une phrase s’avorter au bout de ses lèvres, comprenant rapidement que ce n’était peut être pas la meilleure des introductions, alors qu’il cherchait une question un peu plus neutre. Gagné.

- Oui, j’ai repris au début du mois * qu’elle répondait de bonne grâce* Comme je n’ai pris que quelques jours de congés en juillet, je n’avais pas pris beaucoup de retard, mais j’ai des gros projets qui commencent à prendre forme, alors ce n’est pas le moment de lambiner.

Voilà, c’était bien comme réponse ça non ? Il y en avait ni trop ni trop peu, une vraie réponse, sans entrer trop dans le détail. Elle aurait pu rajouter qu’en plus il y avait une bonne ambiance au travail, rapport à ses supers collègues, mais elle avait le pressentiment que ce n’était pas une bonne idée. Elle allait se reconcentrer sur l’écran, parce que c’est pour ça qu’elle était venue, à la base, mais déjà il enchainait avec une question, enfin non, une affirmation sans aucun contexte. Sans aucun  sens aussi. C’était qui ça, Mariole ? Et pourquoi ça devrait bien se passer et … Oh. Mariole, le pseudo de Marius sur les réseaux sociaux, ce benêt de Caesar qui ne manquait pas de commenter le moindre de ses faits et gestes, probablement pace qu’il devait s’ennuyer comme un rat mort dans sa chambre d’hôpital en ce moment. Aspen fronça ses jolis sourcils, comme pour inviter Noeh à aller jusqu’au bout de sa bêtise. Déjà, premièrement, ce n’était pas ses affaires, et ensuite… Il l’espionnait sur internet, c’est ça ?  Elle ne lui donnerait pas la satisfaction de se justifier, cette fois. Moira, c’était une chose, son absence de vie amoureuse qu’il fantasmait florissante, s’en était une autre. Plissant les yeux comme un chat s’apprêtant à attaquer, elle déchira le plastique de son sachet de crocodiles pour en extraire un jaune, et lui déchirer la queue de ses dents blanches, avant de souffler doucement :

- Je ne savais pas que tu étais un lecteur assidu de mes tribulations sur Instagram. Mes Outfit Of The Day te manquent tant que ça ?

Non, elle ne répondrait pas sur Marius, pas tout de suite. Peut être même jamais tiens, ça lui ferait les pieds. Est-ce qu’elle lui demandait comment allait sa nana, à lui ? Parce que lui, il avait quelqu’un, officiellement et tout, alors qu’elle, non, alors c’était un peu fort que de venir la titiller sur ce sujet. Sans attendre que Noeh réponde quoi que ce soit pour se rattraper ou finir de se tirer une balle dans le pied, elle reprit un crocodile et lui tendit le paquet. Message : mastique au lieu de dire des conneries, ça vaut mieux pour tout le monde … D’ailleurs, le film allait commencer, ce n’était plus qu’une question de seconde.


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Noeh Callahan
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MessageSujet: Re: there's no denying, you stop me falling (noaspen)   there's no denying, you stop me falling (noaspen) Icon_minitimeDim 10 Juil 2016 - 20:48

Noeh sait que la discrétion n'est pas son fort. Il sait aussi qu'il est mauvais menteur, que la moindre de ses intentions peut se lire dans son regard soit lumineux, soit corrosif, tout comme le sens de ses mots devient double dès qu'il le désire. N'importe quel geste de sa part est parfois si compréhensible pour une personne qui le connaît bien qu'il est tout bonnement impossible pour lui de masquer l'essentiel. Aujourd'hui, devant Aspen, il s'agit de sa jalousie qui n'a rien à fiche là. Il est celui qui a tout gâché, il est celui qui ne doit pas se plaindre. Il est supposé assumer un choix qui lui ronge le cœur. C'est tout. Le Callahan a accepté de laisser partir la jeune femme pour espérer la recroiser heureuse un jour prochain. Pourtant il est là, à attendre sans le vouloir des réponses qu'il ne mérite pas, tout comme son attention. Ce qu'il mérite, c'est de récolter une pluie de regards noirs et d'insultes florissantes. Pas autre chose. Mais la réponse d'Aspen est au-delà de ses espérances, si bien que ses prunelles la détaillent avec attention alors qu'elle évoque cette amie à qui elle vient d'envoyer un message. Une amie musicienne, qui plus est, ce qui lui arrache un petit sourire, dans le même temps que son cœur s'apaise un peu – si ce n'est essaye de s'apaiser. Elle est toujours si proche que ça continue d'être bouleversant. “Ouais, ça se comprend...”, qu'il commente en haussant les épaules. Noeh a aussi envie d'ajouter que c'est tant mieux, au moins ils sont tranquilles, sauf qu'il se souvient de comment ont tourné les choses la dernière fois qu'ils ont été en tête à tête et... ouais, ça s'était mal passé. Très mal passé. Alors il garde sa joie de la retrouver seule dans cette salle de cinéma pour lui, préférant éviter d'afficher son regard pétillant dans le fond plus longtemps. Il est tellement rare de croiser un Noeh vraiment content, surtout depuis un an et demi, voire plus, que la moindre émotion s'en rapprochant devient flagrante chez lui.

Et entendre qu'Aspen a repris le travail, et qu'elle n'a pas insisté pour qu'il achève sa question manquée juste avant, ça le fait sourire comme un idiot. “Je suis content d'entendre ça.” Il s'empresse de le préciser. Ça lui fait plaisir de constater qu'elle semble s'épanouir là-dedans, comme à l'époque où elle arrivait à se passionner pour les cours les plus chiants. Le pianiste a toujours admiré cette qualité chez elle : celle de se donner jusqu'au bout pour une chose qui lui tient à cœur, de ne jamais abandonner et de ne rien vouloir lâcher. C'est peut-être cette assurance qui a fait défaut au Callahan quand l'idée de la voir partir pour une faculté éloignée de la sienne l'a fait disjoncter. Une autre erreur, la première d'une belle et longue lignée. D'une trop longue lignée. Une lignée qui se poursuit encore aujourd'hui, malgré tout ce qui s'est passé, quand Noeh a le malheur d'évoquer la nouvelle histoire d'Aspen. Une part de lui regrette, l'autre s'acharne à scruter la moindre petite réaction de la Wolstenholme. Il est malade. Complètement con et bouffé par des sentiments qu'il ne doit plus ressentir, et ce besoin semble-t-il viscéral de toujours avoir envie de savoir ce qui peut se passer dans sa vie. Elle a raison de l'envoyer balader, de ne pas rétorquer, de ne surtout pas affirmer ou infirmer ce qu'il avance, car cela ne fait qu'enfoncer le Callahan dans sa connerie. Voilà, tu te retrouves comme un idiot. T'as pas de réponse et tu l'as encore déçue. Ses pensées vagabondent entre l'envie de la pousser à répondre, ce désir prenant plus d'ampleur alors qu'elle détourne brusquement le regard pour se concentrer sur l'écran, et celle de s'excuser immédiatement, avant qu'il ne soit trop tard. Il réalise qu'il l'a blessée, si ce n'est a battu un nouveau record de temps dans cette discipline terrible. “Je suis tombé dessus par hasard...”, qu'il se défend finalement. S'il s'écoutait, il se frapperait la tête contre le premier mur à sa portée. Espèce de crétin. Serrant les dents, Noeh s'enfonce dans son siège, attrape deux bonbons du petit paquet qu'Aspen lui tend et se maudit encore un peu plus de donner l'air de n'être qu'un grand enfant capricieux. Il n'a pas eu ce qu'il voulait, alors il fait la tronche. Du Noeh tout craché. Du Noeh qui ne sait toujours pas comment s'y prendre correctement pour faire comprendre ses bonnes intentions (car il en a, quelque part, à n'en pas douter), un Noeh qui sent même son cœur se serrer face à sa bêtise flagrante et son envie d'effacer les dernières minutes pour tenter de rattraper le coup. Sauf que c'est impossible, ça aussi.  

Les premières notes du générique – a cappela, déjà?! – s'invite dans les haut-parleurs. Toutefois, l'attention de Noeh n'est pas près de se porter sur le film. Il a besoin de lui parler. Il peut pas laisser les deux prochaines heures s'écouler comme ça, il doit bien pouvoir faire quelque chose pour... “Aspen”, qu'il l'appelle doucement. Il se souvient avoir promis de la boucler durant toute la durée de son supplice, mais c'est important. Il doit s'excuser – encore – pour avoir merdé, et là il ne met même pas des jours pour le faire, ni même des semaines, il le fait de suite, c'est bien qu'il y a du progrès, pas vrai ? “Aspen, désolé, je disais pas ça-” Un shhht l'empêche de poursuivre. Arquant un sourcil, le regard soudain noir du Callahan vient se poser sur le visage de la gamine à deux rangées d'eux, derrière. Cette dernière lui adresse un petit sourire moqueur, croise les bras et se met à fixer l'écran. Elle a de la chance, c'est qu'une gosse. Trois ou quatre ans de plus et il l'attendait à la sortie pour lui régler son compte, tel le gangster qu'il n'est pas. Levant les yeux au ciel, Noeh repose son regard sur les images colorées qui défilent, non sans jeter un dernier coup d'oeil à son ange, un soupir passant ses lèvres avant qu'il ne se décide à arrêter de bouger. Les scènes comiques du film ne suffisent pas à lui rendre le sourire. Tout ce à quoi il pense, c'est à ce pauvre bonbon qui s'est vu sauvagement coupé en deux par sa faute, et la certaine colère de son ex-petite-amie dans ce geste. A plusieurs reprises, il se perd dans sa contemplation. Tant pis s'il n'est pas discret, tant pis si elle le remarque, elle est bien plus intéressante que les actrices qui s'égosillent sous leurs yeux. Bien plus jolie, bien plus incroyable, bien plus patiente. Surtout quand ça le concerne. Après toutes ces années, elle n'a même pas fui quand il est arrivé. C'est bien qu'elle est la plus adorable et merveilleuse des deux. Ce qui est tout bête, c'est le moment où sa main gauche exerce un petit geste en direction de la sienne. Il a encore dans l'idée de trouver un moyen de se faire pardonner, ça l'obsède tellement que son cerveau carbure là-dessus et associe ce qui se passe à l'écran à ce qu'il cogite depuis que le film a débuté. Un personnage vient de dire n'importe quoi à un autre, alors qu'ils étaient supposés passer un dîner paisible et somptueux à la belle étoile, et c'est son instinct qui prend le dessus sans que Noeh n'ait le temps de réfléchir. Par chance, il réalise à temps qu'il n'a pas intérêt de faire ça et sa main retombe sur l'accoudoir, doucement, sans un bruit.

J'ai bien cru qu'Amy et Bumper se mettraient jamais ensemble.” Le film vient de prendre fin et le Callahan a attendu la fin des crédits pour reprendre la parole, tout en n'osant pas encore vraiment regarder Aspen dans les yeux plus de trois secondes d'affilée. La plupart des autres spectateurs a déjà pris la poudre d'escampette, ce qui fait que personne ne peut plus rien reprocher à sa prise de parole. En particulier la gamine qui n'a pas manqué de lui faire un petit signe de la main avant de suivre sa mère et sa soeur vers la sortie. Noeh n'a pas envie de partir – ou en tout cas, il n'a pas envie de partir en lançant  à Aspen un bon bein salut, à plus puis de tourner le dos. Jamais il pourrait faire ça, même après avoir posé une question qu'il n'avait pas à poser. Triturant sa main droite de son autre main, ses doigts passant sans même plus faire attention sur le bleu qui a presque totalement disparu de cette dernière, le pianiste pèse le pour et le contre de proposer ce qu'il a en tête, tout en sachant que plus les secondes se perdent, plus la jolie Wolstenholme est susceptible de s'envoler. “Tu... tu rentres comment ?”, qu'il demande, encore moins assuré que lorsqu'il arrivé dans la salle. Même ado il n'avait pas l'air si nerveux auprès d'elle ; à présent, ne plus savoir sur quel pied danser pour éviter de commettre un nouvel impair malheureux, ça lui demande une vigilance accrue qui fait redoubler de puissance les papillons qu'il a dans le ventre. Fichue Aspen.Enfin si tu rentres maintenant. T'avais peut-être prévu d'aller en ville, j'en sais rien, je...” Il n'arrivera pas à se lever tant qu'elle, elle ne se sera pas levée. Se sortir de son siège avant elle, ça témoigne d'une envie déguerpir au plus vite, ce qui est tout sauf à l'ordre du jour. “J'veux pas t'embêter plus longtemps.
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MessageSujet: Re: there's no denying, you stop me falling (noaspen)   there's no denying, you stop me falling (noaspen) Icon_minitimeDim 10 Juil 2016 - 23:09

Tu es au courant que c'est un film sur des filles qui chantent ? A capella ?

Pour une fois, Noeh n’insistera pas après la réponse grinçante de la Wolstenholme. Ça la surprend, un peu, mais elle en profite pour se concentrer sur le film qui débutait. Pour une fois qu’il avait la délicatesse de ne pas s’étendre en excuse bidon… Parce que le hasard, elle n’y croyait clairement pas. C’est d’ailleurs pour ça qu’elle n’avait même pas pris la peine de lui répondre, le corps droit en face de l’écran, bien décidée à ne pas prolonger cette conversation si il s’obstinait à être con comme ça. Pire encore, si il insistait, elle partirait tout de suite à la fin du film, sans plus de politesse. Elle attrapa une poignée de pop corn, s’appliquant à les picorer un à un dans le creux de sa main, une habitude qu’elle avait depuis toute petite : Sa mère lui avait toujours dit que s’enfourner le mais soufflé dans la bouche par poignée était digne des cro magnons, pas d’une future jeune fille, et elle avait toujours gardé cette manière de déguster ses friandises, une par une, du bout des doigts. Concentré sur les tribulations de Becca, la rouquine ne tourne même pas la tête vers le Callahan quand celui-ci essaye de l’appeler, et c’est tout juste si elle avait penché la tête en sa direction pour écouter ce qu’il disait. D’ailleurs, elle n’avait même pas eu à lui intimer de se taire, une ado juste derrière eux l’avait fait à sa place, la brave petite. A priori, Noeh avait compris le message, puisqu’elle le sentit se tasser à coté d’elle, tout renfrogné qu’il fut, et il n’émit plus le moindre commentaire, jusqu’à la fin. Aspen lui tendit quand même le pop corn, à un moment, alors qu’elle s’attendrissait devant la douceur de Jesse face aux insécurités de Becca : c’était définitivement son personnage préféré ce Jesse, et ce depuis sa première scène dans le premier film … Si seulement elle pouvait en retrouver un comme ça en vrai …

Le reste de la séance se déroula sans anicroche jusqu’à l’ultime chance qui tira presque une petite larme à la rousse. Elle avait réussi à faire abstraction de Noeh presque tout du long, en tout cas elle avait réussi a ne pas tourner la tête pour ne pas l’observer directement. Elle avait cru sentir la main du jeune home frôler la sienne, mais avait fini par se persuader qu’elle n’avait fait que le rêver. Quand les lumières se rallumèrent, la jeune femme s’étira, un peu engourdie d’avoir du se tenir si droite pendant presque deux heures : dans d’autres circonstances, elle se serait probablement à moitié affalée sur la personne avec qui elle serait venue, mais là, comment dire… Elle ne pouvait décemment pas le faire avec Noeh. Ce serait trop bizarre. Elle jeta un coup d’œil en sa direction de ce dernier qui ne semblait pas motivé à se lever de son fauteuil. Ah bon. Pire encore, il se mettait à commenter le film. Il avait vraiment suivi l’histoire ? Il ne s’était pas endormi au milieu ?

- Moui, enfin, c’était cousu de fil blanc quand même. Par contre le final avec toutes les bella’s, c’était top. J'avais pas ça à la fac moi.

En même temps, il n’y avait même pas assez de filles dans sa promo pour créer une sororité, alors un club de musique… Bon par contre, elle elle n’allait pas s’éterniser dans la salle pendant dix ans encore, alors qu’elle se redressait pour lisser un pli invisible de sa robe fleurie, attrapant son sac pour vérifier qu’elle n’avait rien perdu en route : clés, portable, porte feuille, couteau papillon… non il ne lui manquait rien, elle allait pouvoir y aller :

- … Je rentre à pied, j’habite à tout juste dix minutes. En plus, il fait encore bon le soir, c’est l’occasion de prendre l’air !

Evidemment, il y avait ses histoires de mutant sauvages en liberté dans la ville, éminemment dangereux et blablabla, mais bon, un mutant dans la nature ne l’avait jamais empêché de se balader seule la nuit dans la ville, ce n’était pas celui-ci qui allait l’en empêcher. Elle considéra les balbutiements de Noeh d’un air circonspect, la bouche légèrement de travers, le nez plissé : elle était venue seule, elle rentrait seul, non, évidemment que non, elle n’allait pas descendre en ville à plus de vingt deux heures, si cela avait été le cas elle aurait convaincu des amis de l’accompagner au cinéma… A quoi il jouait, encore, avec sa petite voix hésitante et et ses grands yeux humides de chien battu ? Elle soupire, vaincue.

- Comme si j’étais du genre à écumer les bars après un ciné. Non, Noeh, je rentre chez moi, pyjama, tisane et au lit, comme la bonne vieille grand-mère que je suis.

Elle lui agita le paquet de pop corn encore à moitié rempli sous le nez, avant de lui faire signe de se relever. Il fallait lui clouer le bec, au moins assez longtemps pour qu’il ne lui vienne plus à l’idée de poser des questions qui fachent :

- Raccompagne moi chez moi, on passe par le parc, comme ça tu termines mes pop corn, je n’ai plus faim et ce serait du gaspillage de les jeter. Et puis comme ça, tu verras où j’habite maintenant, que tu saches à quelle porte frapper la prochaine fois que tu es saoul et en déshérence.

Bon, c’était un peu gratuit. Mais ça faisait tellement du bien de lui rappeler, pour une fois, à quel point il avait été un GROS nul. Et à quel point il n’avait absolument pas intérêt de recommencer un jour. Jamais, même. Elle enfila sa veste, avant de se diriger vers la sortie, les mains dans les poches, comme si de rien n’était, ajoutant même d’un ton presque léger.

- En plus, t’es le dernier à ne pas être passé, Sam était chez moi avant-hier, et Lorcan est venu diner à la maison le week end dernier. Il était atterré par les habitudes alimentaires d’Elspeth, ma colloc, alors il a promis de revenir lui donner des cours de cuisine, ce qui n’est pas du luxe parce que la pauvre, elle va finir avec les veines totalement encrassées à cause de … Mais tu m’écoutes au moins ? Allez avances !

Trainer des pieds, ça il n’avait pas perdu l’habitude… Et c’était quoi, ce petit sourire debile encore, l’air frais lui montait déjà à la tête ?


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MessageSujet: Re: there's no denying, you stop me falling (noaspen)   there's no denying, you stop me falling (noaspen) Icon_minitimeLun 11 Juil 2016 - 1:20

A dix minutes ? Noeh situait le nouveau logement d'Aspen bien plus loin. Enfin, vu qu'Elspeth avait concédé de lui montrer tout en l'obligeant à se placer à une distance raisonnable, normal que le pianiste galère à recoller tous les morceaux. Fort de cette nouvelle information bonne à conserver, précieusement, le Callahan se redresse de son siège, alors qu'il comprend dans le ton de la jeune femme que le complément de sa question a un goût de... superflu. Sincère mais encore une fois à côté de la plaque. Au moins, il tente des trucs, on peut pas lui reprocher ça. Chose à retenir pour la prochaine fois (car il y aura une prochaine, il va y mettre un point d'honneur) : il ne pourra pas la croiser dans un bar un soir, seule du moins. Aspen n'hésite pas non plus à lui dévoiler sa petite routine dès que la porte de chez elle est franchie, ce qui lui arrache un petit sourire amusé. “T'es pas une grand-mère...” Ou alors c'est la grand-mère la plus jolie de l'univers. Par envie de rester en vie, il ne s'étend pas sur le sujet. Il se contente juste de l'imaginer se blottir contre son coussin et se caler devant un livre. Une image toute simple, toute banale pour certains, mais qui suffit à gonfler le cœur de Noeh d'un sentiment indescriptible. Même si elle a l'impression de ne pas partager grand chose, une description aussi fidèle d'une partie de sa journée représente beaucoup pour le pianiste. C'est un petit pas en avant ; dans la reconquête de sa confiance ? Dans l'espoir qu'un jour elle réussira à lui pardonner ? Un peu des deux. Il ne laisse pas passer sa chance de voir en cette confidence un cadeau inestimable. Relevant son regard dans le sien, Noeh fronce les sourcils quand elle se met à secouer son paquet de pop-corn sous son nez. Qu'est-ce qu'elle cherche à faire, l'engraisser ? Il a déjà avalé des bonbons un peu plus tôt, il ne va pas en plus terminer ça, il est pas... Sa main se saisit du paquet avant qu'elle ait terminé sa phrase. Heureusement.

Les pop-corns tremblent un peu au creux de sa main face à l'affront. Ok, c'est mérité. Totalement fondé, logique et juste, même si ça fait foutrement mal au bide et au moral. Noeh n'a même pas le temps de se réjouir de sa nouvelle chance de pouvoir la ramener chez elle que la fin a balayé toute envie de sourire. Ça, c'est une des nombreuses conneries. La plus belle avant que son départ précipité de sa chambre d'hôpital ne prenne d'office la première place. Malgré le souvenir partiellement flou dans l'esprit du Callahan, force est d'admettre qu'en dépit d'une envie dévorante de le faire, il ne peut pas oublier ce jour. Il ne peut pas oublier cette nuit où il a eu besoin de son amour et de sa présence plus que n'importe quoi d'autre. Elle non plus n'a pas oublié. Aspen n'a pas oublié le fait qu'il s'est pointé comme un moins que rien au pas de sa porte, complètement à l'ouest, qu'il s'est amusé à renouer avec un passé qui allait la faire souffrir, tout ça pour partir comme un voleur au petit matin. Noeh sait qu'il n'a pas d'excuse, qu'il n'en a plus, d'où le silence qu'il garde aux lèvres et ce regard désolé qu'il lui lance. Est-ce que ça signifie qu'il doit s'en aller avec son pauvre paquet de pop-corn ? Si c'est ce qu'elle désire, il va le faire. Et pour le coup il sera tellement dégoûté qu'il cherchera à gober tous les maïs soufflés d'un seul coup pour ne jamais rentrer chez lui. L'envie de partir de son plein gré n'est pas là, alors... Aspen reprend la parole. Elle file jusqu'au bout de la rangée de siège, enfile sa veste, avance vers la sortie, lui parle. Elle lui parle. Ni une, ni deux, le pianiste s'empresse de rattraper son retard en de grandes enjambées, tandis que son regard recommence à scintiller de cette malice bienheureuse qui lui sied tant. Il est heureux. C'est tout bête mais il est heureux ; preuve que Noeh n'a pas besoin de beaucoup, juste de passer un peu de temps avec elle et le tour est joué. La Wolstenholme est une magicienne qui s'ignore, le Callahan n'en a plus aucun doute.

J'écoute !”, qu'il s'écrie, alors qu'un nouveau pas le mène à ses côtés. Jetant un pop-corn dans les airs, Noeh l'attrape en bouche comme un pro. A force de s'entraîner à le faire avec Lorcan, quand ils étaient gosses, la preuve en est qu'il n'a pas perdu la main et qu'il est le meilleur dans le domaine. Sans doute que sa réussite est boostée par le frisson qui ne cesse de parcourir sa peau, en sachant que son petit ange marche avec lui, non sans le distancer, non sans l'éviter, juste... juste en étant elle. Et lui, lui. Une configuration bizarre et presque inédite après tout ce temps à ne pas réussir à s'entendre, à s'écouter, se comprendre un minimum et se parler. Surtout se parler. “T'as vu Sam et Lorcan récemment, ce dernier a promis de revenir pour apprendre à ta colloc à bien se nourrir. Tu vois que j'ai écouté, j'sais tout par cœur.” Son résumé est le meilleur qu'elle pourra entendre. Jamais elle trouvera mieux, parce que Noeh a saisi cette belle occasion qui se présentait pour démontrer qu'à présent, tout ce qu'elle peut dire, il va être là pour l'écouter. Il ne va pas chercher à la repousser, l'embêter ou mal lui parler, il va juste faire ce qu'il a envie de faire depuis son réveil : la regarder et l'écouter durant des heures s'il le faut, sur tous les sujets, quel que soit le temps, le jour, l'heure et l'endroit. Noeh veut rattraper ce temps qu'il a gâché, sans quoi il continuera à rester coincé dans cette période sombre qui a suivi sa sortie du coma. Sauf que tout ça c'est terminé, il ne lui manque plus qu'à réparer pas mal de choses. Et comme il ne peut pas encercler ses petites épaules de ses grands bras pour lui prouver tout ce qu'il peut ressentir pour elle, Noeh va devoir trouver un autre stratagème pour qu'Aspen arrête de le voir comme le petit con qu'il est. Il doit pouvoir réussir à lui prouver que derrière se cache encore Noeh, juste Noeh, son Noeh. “T'es sûre que t'en veux pas un autre ? Si Elspeth cuisine si mal que ça, j'ai pas envie que tu rentres le ventre vide”, qu'il propose en secouant les restes de maïs sous son nez. Haussant les épaules, le pianiste se saisit de nouveaux pop-corns, avant de glisser un coup d'oeil espiègle en direction de son ex-petite-amie. Il a beau se dire qu'elle a annoncé qu'il était le dernier à pas être passé chez elle comme elle l'aurait fait avec n'importe qui, il peut pas s'empêcher de penser que c'est parce que c'est lui. C'est pas une banale invitation, c'est plus que ça. “Tu sais, je veux bien passer quand tu veux”, qu'il annonce, masquant péniblement ce sourire en coin qui revient en force dans ses habitudes depuis peu. “Et sobre, en plus.” Autant faire croire que ce qu'elle a dit plus tôt ne l'affecte pas, même si elle n'a pas dû louper son pauvre regard triste et embarrassé. “Totalement clean ! ” Ses yeux viennent se perdre dans le ciel étoilé au-dessus de leurs têtes, à présent qu'ils sont dehors depuis quelques instants, préférant économiser avec minutie les secondes où il peut la contempler. “Ni chiant, ni con, ni maladroit. Rien de tout ça”, qu'il achève d'une voix plus calme, plus douce. Effacer ce souvenir douloureux prendra du temps, il en a bien conscience. Toutefois, s'il ne commence pas maintenant, quand est-ce qu'il trouvera le bon moment ? “Faudra bien que je visite un jour ce nouveau chez-toi.” Là, il replonge son regard dans le sien, un nouveau frisson parcourant son échine, qui n'est sans doute pas dû à la fraîcheur de la soirée qui berce leur promenade. “Puis je prendrai bien des conseils pour rendre mon nouvel appartement potable, d'ailleurs, j'ai encore des cartons qui traînent partout, j'arrive pas à me décider à les défaire pour tout ranger...” Peut-être que Sam a informé Aspen de ce changement de quotidien radical, peut-être pas. Quoi qu'il en soit, Noeh se lance dans une confidence sympathique à égal de la jolie Wolstenholme, une première depuis un bon bout de temps.
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MessageSujet: Re: there's no denying, you stop me falling (noaspen)   there's no denying, you stop me falling (noaspen) Icon_minitimeLun 11 Juil 2016 - 23:29

Tu es au courant que c'est un film sur des filles qui chantent ? A capella ?

Le fond de l’air était doux, juste suffisamment frais pour être agréable et donner envie de trainer un peu plus que d’ordinaire en extérieur. Elle avait bien fait de ramener un gilet, mais elle n’avait pas besoin de plus sur les épaules. En tout cas, rien qu’elle ne pouvait s’autoriser pour le moment. Pas par Noeh. Elle avançait d’un pas tranquille que le jeune homme n’eut pas de mal à rattraper, calquant son rythme sur celui de la jeune femme. Elle lui jeta un regard entendu quand il lui répondit qu’elle n’était pas une grand-mère : c’était lui qui l’appelait comme ça, même quand elle n’avait pas vingt ans, quand il l’avait surpris à refuser une soirée hyper sélect juste pour le plaisir de se poser devant la cheminée du salon du manoir de Wolstenholme avec un bouquin à l’eau de rose et une énorme tasse de chocolat bourrée de guimauves. Et c’était pendant le mois de février, elle n’avait même pas eu l’excuse de la période de noel ou d’un froid véritable. Il s’était moqué de ses chaussettes tricotées mains avec des pompoms aussi, même si au fond, elle était sure qu’il les adorait, à cette époque. Chouette époque. Non, Aspen, pas de nostalgie, un peu de tenue.

La belle savoura presque sans culpabilité le regard peiné du jeune homme quand son pique le heurta de plein fouet : il ne pouvait rien dire, probablement parce qu’il était conscience qu’il n’était absolument pas défendable, sur ce coup-là. Elle aurait pu en remettre une couche, encore, mais … A quoi bon ? Il était au courant d’avoir joué au plus gros des cons, elle s’en était suffisamment voulue de son côté d’avoir voulu y croire, mais c’était il y a plus de six mois, et Aspen n’était pas du genre à laisser une erreur l’empêcher d’avancer dans la vie. Encore moins quand cette erreur n’était pas la sienne. Cela n’avait rien à voir avec du pardon ou de l’oubli, tout cela était simplement derrière elle, alors elle n’avait plus envie d’y penser. Et puis, Noeh … non, elle n’allait pas se remettre à réfléchir au pourquoi du comment qui expliquait que Noeh restait Noeh, et qu’elle n’arrivait pas à raisonner de manière rationnelle quand il faisait partie de l’équation. Alors autant arrêter de chercher à comprendre, et laisser les choses faire, elle serait surement moins frustrée comme ça. Elle esquisse un petit sourire non feint quand il lui récite ses dernières phrases, presque à la virgule près : il n’était pas si déconcentré, finalement.

- Par cœur ? Fais gaffe à ce que je te demande pas de tout répéter la prochaine fois, pour voir si tu as tout retenu.

La prochaine fois ? Quelle prochaine fois, ils étaient censés éviter de se revoir… Enfin non, c’était plus compliqué que ça, mais ça faisait presque 10 ans que c’était compliqué entre eux alors au pire, un peu plus, un peu moins. Elle repoussa le carton de pop corn sans douceur, exactement comme elle aurait pu le faire … Avant.

- Arrête, j’ai dit que ma colloc cuisinait mal, pas que je l’autorisais à mal me nourrir ! c’est pas ma bonne quand même, ça veut juste dire qu’en général, je cuisine pour deux, comme ce soir… D’où le fait que j’ai plus faim, j’ai encore eu les yeux plus gros que le ventre sur la quantité de sucreries…

Elle faillit rajouter un « tu me connais », mais en fait, ce n’était même pas nécessaire : évidemment qu’il la connaissait, et le fait qu’elle en ait bien trop pris ne devait même pas le surprendre. Combien de fois avait il réussi ses négociations et autres tentatives d’attendrissement à coup de tablettes de chocolat de qualité ou de patisseries encore emballées dans leur carton du traiteur du coin ? Plus qu’ils ne pouvaient le compter tous les deux, et ceux dès le collège, et les premiers déboires scolaires du Callahan. C’était dire s’il était au courant. Ils arrivaient tout juste à l’entrée du parc –ils trainaient vraiment des pieds, décidément-, alors que Noeh lui tendait une nouvelle perche, plus grosse encore que les premières : qu’il passe, ah bon ? Elle ne répondit pas tout de suite, alors qu’il s’empressa de rajouter que cette fois ci, il serait irréprochable, ce qui ne manqua pas de provoquer un petit ricanement à la rouquine, alors qu’elle soufflait dans un demi sourire et un regard en coin :

- Ni saoul, ni chiant, ni con, ni maladroit ? On va sacrément s’ennuyer alors …

Faut dire que ces derniers temps, il ne s’était pas montré à elle sous son meilleur jour. Depuis un sacré moment même, et de le voir presque… Normal ce soir, ça remuait des choses en elle qu’elle pensait enterrées depuis bien, bien longtemps. Pensait. Elle ne savait pas si elle devait en profiter ou se méfier, et puis elle est où Pietra et Bon sang Aspen arrête de réfléchir tu te fais du mal pour rien. Vraiment. Elle soupira exagérément fort, se retournant pour marcher à reculons, en face de Noeh. Heureusement qu’elle connaissait le chemin absolument par cœur, sinon dans cette semi obscurité, c’était la chute assurée.

- Booooon si il le Faut alors … On trouvera peut être bien un moment dans nos agendas de ministre.

Elle continua son petit chemin à l’envers, suivant parfois le regard de Noeh dans le ciel, avant d’acquiescer doucement : évidemment que Sam lui avait dit, en même temps, elle était son seul moyen d’avoir des nouvelles du Callahan, et même si elle ne lui demandait pas, la jumelle brune avait la délicatesse de lui en donner juste ce qui fallait pour satisfaire sa malsaine curiosité, sans entrer dans les détails, comme sa vie parfaite avec sa superbe nouvelle petite amie tout aussi parfaite, voilà. Elle haussa un sourcil vaguement taquin, mais intéressé :

- Et t’as personne pour t’aider à vider tes cartons peut être ? Pauvre chaton, tu as perdu de tes talents de négociation, je t’ai connu plus persuasif … Même pas un de tes nouveaux petits élèves dans l’espoir d’esquiver une sale note ou pour avoir un délai pour rendre un devoir ?

Oui, parce que ça aussi, elle savait. Elle avait probablement des sources beaucoup plus sures que lui et ses pauvres recherches internet, parce qu’elle doutait fortement que Lorcan, lui, ne lache la moindre information sur sa sœur à son (ex ?) meillleur ami…


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Noeh Callahan
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MessageSujet: Re: there's no denying, you stop me falling (noaspen)   there's no denying, you stop me falling (noaspen) Icon_minitimeJeu 14 Juil 2016 - 0:03

Noeh se marre quand sa proposition de pop-corn est repoussée sans ménagement. Il ne s'en formalise pas, tout comme il ne s'en est jamais formalisé autrefois. Il connaît les réactions d'Aspen sur le bout des doigts, bien qu'il apprenne toujours plus d'elle quand il peut être à ses côtés, ce qui fait qu'elle ne peut tirer que des sourires de sa part avec de telles réponses. Ça n'est pas ça qui froissera le Callahan, au contraire : Aspen est ce savoureux mélange entre douceur et aplomb qui a le don de canaliser Noeh comme peu de personnes arrivent à le faire. Il n'y a qu'elle qui y arrive comme ça, dans tous les cas. Il n'y a qu'elle qui peur réussir à le faire taire au moins plusieurs minutes d'affilée d'un simple regard, il n'y a qu'elle qui peut le faire sourire bêtement un peu plus longtemps encore. Il n'y a qu'elle qui peut refuser ses pauvres pop-corn pour la seconde suivante lui lancer une nouvelle pique au sujet de sa visite surprise quelques mois plus tôt. Très bien, il a saisi, il n'y coupera pas. Et inutile de renchérir par-dessus, c'est une mauvaise idée. Le pianiste avait oublié qu'elle pouvait se montrer aussi incisive que lui quand elle se décidait à le faire, entraînant sans mal une contraction involontaire de son palpitant. Un cœur qui n'a pourtant pas le droit de lui en vouloir, même s'il désire désespérément passer à autre chose. Noeh veut vraiment parvenir à effacer ce qu'il a fait, mais est-ce que ça n'est possible qu'en le reprenant en pleine face ? Est-ce qu'il doit se replonger franchement dans ce moment qu'il n'a pas oublié pour mesurer toutes les conséquences de ses actes ? Ce qu'elle répond n'est pas une indication évidente à cette interrogation silencieuse, toutefois Callahan suppose qu'il va devoir se contenter de ça. De son sourire étrange, qui en dit trop comme pas assez, et de ce regard tout aussi indescriptible. Ça fait partie des choses qu'il a gâchées, ça, la possibilité de comprendre Aspen au premier coup d’œil.

Cependant, Noeh se persuade de ne pas poursuivre sur cette route et s'engouffre dans la brèche quand la jeune architecte accepte de le voir débarquer chez elle. “Super !”, qu'il commente, peut-être un peu trop enthousiaste pour que cela reste innocent. Tant pis, elle a dû saisir à certains de ses regards ou sourires qu'il est plus que content d'être avec elle, là, maintenant. Il ne va pas s'en priver alors qu'ils ont l'occasion de pouvoir reparler – alors qu'il a l'occasion de commencer à réparer les pots cassés. Si Aspen accepte qu'il entre, il n'arrive pas à arrêter de penser que tout n'est pas perdu. Tout reste à jouer. Tout reste à prouver. Son cœur s'emballe de nouveau, tandis qu'il cherche à masquer cette étincelle qui fait pétiller son regard en avalant le reste de pop-corn qui lui reste. Néanmoins, cette dernière refait surface presque aussitôt. Quand il est de nouveau confronté à son ravissant minois, constatant que marcher à l'envers ne lui pose pas de problème, son petit sourire en coin veut dire plus qu'il n'ose en dire. Haussant les épaules avec désinvolture, le pianiste fait mine d'apercevoir quelque chose à sa gauche, pour qu'Aspen puisse considérer ce qui va suivre comme une nouvelle remarque purement candide de sa part. “Mon talent ne s'adresse pas à tout le monde...” Ça ne l'est pas. Ce n'est pas innocent et désintéressé comme ça devrait l'être, c'est empreint d'un sens qu'Aspen saisira si elle en a envie. Le regard malin et légèrement plus sérieux que replonge Noeh dans le sien ne doit en aucun cas l'influencer. Le fait qu'il minimise ses talents à un seul, rendant les choses plus intimes, non plus.

Au bout d'une demi-seconde supplémentaire, où le Callahan continue de l'observer avec une fourberie bien digne de lui dans les prunelles, ce dernier reprend la parole pour éviter que ses mots deviennent, pour le coup, vraiment mal interprétés. “Et j'peux pas faire ça, Porter, le prof que j'assiste, vérifie pas mal ce que je fais.” Malachi veille sur lui, plutôt. Mais pour ça, ce que le pianiste trouve logique, son attention doit être portée sur toutes les tâches qu'il donne à Noeh. Il lui accorde la même confiance qu'au tout début de leur amitié, ce qui incite le Callahan à venir vers lui dès que le moindre problème se pose. Avec Malachi, impossible pour lui de se braquer ou de baisser les bras ; une forme nouvelle de modèle dans le quotidien de l'ancien étudiant qui le change. Vérifiant que des grains de pop-corns ne sont pas venus se loger dans les coins du paquet, il reprend :  “Ce qui est normal, sauf que je soupçonne la direction de flipper depuis qu'ils ont vu qui j'étais. C'est pas pratique le téléphone pour reconnaître les gens.” Un petit rire lui échappe, alors qu'il s'autorise à regarder encore un peu Aspen – juste un peu. “La directrice est toujours la même, et vu qu'à part la coupe de cheveux et quelques centimètres en plus, j'ai pas beaucoup changé non pus... La réunion dans son bureau avait des airs de retrouvailles entre amis qui ne s'étaient pas croisés depuis longtemps.” Noeh abandonne son idée de trouver des traces de nourriture quand il n'aperçoit plus rien au fond de la boîte en carton à la lumière d'un réverbère. “T'aurais vu sa tête quand je suis arrivé !”, qu'il rigole, en secouant la tête. “Pour elle je sais pas mais moi au final ça m'a rappelé de bons souvenirs.” Le lycée, cette période de sa vie qui lui manque cruellement. A cette époque, il n'avait pas rencontré Adriel, il n'avait pas encore tout envoyé valser avec Aspen, il n'avait pas appris pour la mutation de sa jumelle. Jamais il n'aurait soupçonné vivre tout ça après de belles années en compagnie de Lorcan, Sam et, surtout, Aspen. Quand il y pense, il trouve encore ça complètement surréaliste. Et c'est aussi quand il ressasse tout ça qu'il réalise qu'il est allé trop loin ; est-ce que Sam, Lorcan, Aspen ou Laura aurait agi de la même façon ? Est-ce qu'ils auraient pris des chemins relativement différents, après avoir été à la merci d'un mutant capable de les détruire de l'intérieur ?

Noeh fronce les sourcils, préférant arrêter de cogiter ici. C'est pas le moment, ni l'endroit. Il doit profiter de chaque seconde en présence de la jolie Wolstenholme plutôt que de broyer un peu du noir. Ces petits moments durent moins longtemps depuis juillet, mais ils sont en échange plus fréquents. “Le seul truc qui me manque vraiment dans cet appart' c'est un piano. Celui du manoir aurait pris la moitié de ma minuscule pièce principale, c'était mission impossible...” Serrant les lèvres, le pianiste laisse son regard courir un peu partout sur le chouette paysage qu'offre le parc qui les entoure. “Surtout que j'ai pas prévenu grand monde que je m'en allais, là-bas. Imagine si je m'étais tiré avec le piano...”, qu'il marmonne, pas forcément fier de laisser entendre à Aspen que si ses parents n'avaient pas entendu ses tribulations à même sa chambre, il se serait barré sans un mot. Il n'est pas fier, mais il a au moins le mérite de se vouloir honnête et sincère. Après une dizaine de pas supplémentaires, Noeh aperçoit une poubelle, de laquelle il s'approche d'un petit pas rapide, avant de revenir se planter devant l'adorable architecte. “Mais pour répondre à ta question : non, j'ai personne pour m'aider.” Parce qu'avec tout son blablah, il n'a même pas encore pris le temps d'offrir une phrase, même si très banale, en réponse à sa question. Le propre de la politesse et du désir du Callahan de se racheter – toujours. “Qui est venu vous aider, vous ?” Inclure Elspeth dans l'équation rendra les choses plus innocentes, c'est évident. L'idée qui vient de germer dans son esprit, pour tenter de lui-même obtenir les réponses qu'il espère, autant mettre toutes les bonnes conditions de son côté pour faire mine qu'il n'a (presque) rien derrière la tête. Son nez s'élevant vers le ciel, pour éviter qu'Aspen lise une nouvelle fois dans sa façon d'agir comme dans un livre ouvert, Noeh commence à réfléchir à voix haute. “Lorcan, Moira, des collègues peut-être, Mariole aussi sans doute...” Pas un raclement de gorge, pas de prénom en trop, juste ce qu'il faut pour avoir l'air indifférent. “T'es pas obligée de confirmer, je fais juste des suppositions...”  Du moins souhaitait-il que cette indifférence reste efficiente, juste avant que son regard dérive une brève seconde dans celui de son ex-petite-amie. Merde. “Faut bien que je te pique tes bonnes idées.” Sa justification arrive sans doute trop tôt, dans la précipitation de vouloir paraître tout au plus cordial, pas à la merci de ce qu'Aspen voudra bien accorder à son cœur enclin à imploser si elle refuse de nouveau de lui offrir un peu de répit. Une confirmation, même sommaire, mystérieuse, tout ce qu'elle souhaite, mais une confirmation, enfin, de ce que Noeh s'est risqué à avancer au cinéma plus tôt.
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MessageSujet: Re: there's no denying, you stop me falling (noaspen)   there's no denying, you stop me falling (noaspen) Icon_minitimeJeu 14 Juil 2016 - 19:30

Tu es au courant que c'est un film sur des filles qui chantent ? A capella ?

Elle le laissa se marrer de bonne grâce, sans même se laisser tenter par une seconde réflexion assassine qui doucherait définitivement la bonne humeur de Noeh. C’était la première fois depuis tellement longtemps qu’elle le voyait en si bonnes dispositions, elle n’allait peut être pas tendre le bâton pour se faire battre à nouveau. Alors à son exclamation enthousiaste, trop enthousiaste d’ailleurs pour la laisser totalement de marbre, elle sourit un tout petit peu plus : elle n’était pas sure de quelles circonstances pourraient la pousser à inviter Noeh chez elle, mais une chose était sure, elle ferait en sorte de ne pas être seule avec lui dans la maison ce jour là. Elle savait comment ça se terminerait, sinon. Enfin, elle s’en doutait, enfin  … vous avez compris. Elle leva les yeux au ciel quand il sous entendit qu’il ne faisait pas ses grands yeux suppliants et sa petite voix suppliante à tout le monde : elle n’était pas sure de comment elle devait le prendre, d’autant que d’en d’autres circonstances, avec Marius ou Priam par exemple, elle aurait surement surenchéri éhontément. Sauf que voilà, elle ne savait pas vraiment si elle pouvait se permettre ce genre de taquineries avec Noeh maintenant, ou si il était encore trop tôt. Et puis il y avait ce petit truc dans les prunelles du jeune homme qui fit qu’elle n’osa pas. Et pour qu’elle n’ose pas, la Wol’, c’était surement qu’il y avait assez pour la troubler sincèrement. Pas vraiment bon signe.
Heureusement, le sujet changea brusquement, assez pour qu’elle reprenne un peu de recul, au moins dans sa tête, alors qu’il lui expliquait ses retrouvailles avec le corps enseignant. Le professeur Porter était, genre, le fantasme absolu de presque toutes les terminales l’année où il était arrivé, fraichement débarqué de sa Grande Bretagne natale, avec ses grands yeux bleus et son accent délicieux. Aspen l’avait laissé aux autres sans problème : à l’époque, elle n’avait déjà d’yeux que pour Noeh, alors il n’y avait pas assez de place dans ses rêves de jeune fille pour deux bruns ténébreux. Néanmoins elle se souvenait des qualités pédagogiques de l’enseignant, et de la bonne entente qui régnait entre lui et le Callahan à l’époque. C’était même l’un des seuls enseignants qui avait le respect de ce dernier, cela voulait tout dire. S’il était le tuteur de Noeh au lycée, c’était qu’il était plutôt entre de bonnes mains. En tout cas des mains liées à une tête saine. L’épisode de la directrice lui tira un véritable rire, bruyant et franc, tout simplement parce qu’elle voyait exactement quelle tête avait pu tirer cette dernière en voyant apparaitre un de ses anciens cauchemars, un grand sourire moqueur aux lèvres. Elle devait encore en avoir des sueurs froides de l’imaginer en train de conduire ses petits secondes encore purs et innocents du coté obscur de l’enseignement. Et ça, c’était véritablement tordant.

- Mais nooooon ? Elle est encore là ? Mais c’est pas possible, elle va mourir dans son bureau, elle est là depuis des dizaines d’années non ? Tu vas peut être enfin pouvoir répondre à l’une des questions qui a hanté notre adolescence : elle a une perruque ou pas ?

Ça faisait du bien, de rire comme ça. En même temps, Noeh avait toujours bien raconté les histoires, pour le meilleur comme pour le pire. En l’occurrence là, c’était du grand Noeh, et elle en pleurerait presque, pour la bonne cause pour une fois.

- J’avais du mal à t’imaginer prof, mais en en fait, au fait, ça ne te vas pas si mal… Au moins tu sauras parler aux élèves difficiles, t’as l’expérience de ce qu’il se passe dans leur tête.

C’était un compliment, sincère qui plus est. Sur cette bonne note, Noeh continua sur sa lancée en lui détaillant son tout nouvel appartement, probablement bien plus modeste que la maison de le jeune femme. En même temps, ils n’avaient pas le même budget à investir dans l’immobilier. Elle plissa le nez, désolée qu’il n’ait pu emmener son fidèle piano avec lui : elle savait qu’il avait repris la musique, alors ne pas avoir son instrument chez lui devait être terriblement frustrant. Sans son violon elle, elle serait malheureuse, même si elle n’avait pas l’occasion d’en jouer souvent. Elle lui offrit un sourire mi taquin, mi complaisant :

- Ouais, j’imagine en effet qu’Adelaide aurait moyennement apprécié que tu te tires avec le mobilier.

Elle adorait la mère Callahan, qui avait été la figure maternelle de toute sa jeunesse après la mort de Maebhe. Elle était aussi bien au courant de la relation chaotique entre la matriarche et son héritier, et elle imaginait déjà cette dernière fulminer après la fugue définitive de son fils.

- Je vois … Et tu leurs as donné l’adresse depuis, ou tu n’as pas osé encore ?

Elle doutait qu’il l’ait fait, mais elle pouvait le comprendre aussi. Les relations familiales chez les Callahan, c’était un sujet assez sensible. Se remettant dans le sens normal de la marche à coté du jeune homme, Aspen sentit sa nuque se raidir un peu quand il lui répondit qu’il n’avait personne pour l’aider pour ses cartons. Ça voulait dire quoi ça, que Pietra n’était pas du genre à aider … Ou que c’était déjà de l’histoire ancienne entre eux ?  Elle se contenta d’hocher la tête, pensive, n’osant pas creuser trop la question. Trop tôt, trop sensible. Trop de risque qu’elle réagisse de trop aussi, alors autant éviter. D’ailleurs, Noeh lui-même avait du sentir que la pente était glissante, puisqu’il changeait déjà de sujet lui aussi. La question de Noeh lui tira un sourire goguenard : il ne lâchait pas l’affaire avec Marius hein ? Elle ne savait pas d’où venait cette obsession pour le français, mais Aspen ne culpabilisait presque pas d’apprécier cette jalousie flagrante. Parce que là, le mentionner deux fois en moins d’une demi heure, c’était juste gros comme une maison. Elle hésitait à le faire marcher un peu, mais en le voyant affecter cet air indifférent qui ne fonctionnait absolument pas, encore moins après ce coup d’œil inquiet qu’il venait de lui lancer, elle n’en eut pas le cœur. Elle était décidément bien trop faible le concernant.

- J’avais embauché des déménageurs pour mes affaires, Els’ n’avait que quelques cartons qui tenaient largement dans ma voiture, et ensuite le rangement, on l’a fait toutes les deux en un week end, en se faisant livrer à manger. Et Marius n’était pas disponible ce jour là, il était à la maternité. Avec sa fille. Et la mère de son enfant.

Voilà, plus clair, elle ne pouvait pas faire. Pas de Marius dans sa maison, pas de Marius dans son lit. Surtout pas dans son lit.

- Donc au mieux, je peux te donner mes astuces de rangement, mais à priori, je pense que tu les connais déjà, désolée et … Arg !

Il fallait bien qu’elle se torde la cheville sur le seul bout de bois qui trainait au milieu du chemin tiens. Elle grimaça de douleur en sautillant, sa cheville la lançant comme pas permis. Elle claudiqua jusqu’au premier banc, à quelques mètres, plissant le nez en faisant rouler sa cheville pour faire passer la tension. Au moins elle ne s’était pas cassée la figure, c’était toujours ça de pris.

- Rahhhh c’est malin ça tiens …


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Noeh Callahan
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MessageSujet: Re: there's no denying, you stop me falling (noaspen)   there's no denying, you stop me falling (noaspen) Icon_minitimeMer 20 Juil 2016 - 11:07

Face à la réaction positive d’Aspen, Noeh sourit de plus belle. Il savoure ce rire qu’il entend, ces secondes qu’ils partagent tous les deux sans que rien ni personne ne vienne tout gâcher. Même pas lui. Évoquer le passé, cette connaissance commune qu’ils ont eu de Madame la Directrice du lycée il y a de ça plusieurs années, c'était garantir le rappel d’un souvenir un tant soit peu sympa. Le résultat est mieux que dans les rêves les plus fous du pianiste. Il sait qu’il l’observe de trop quand sa jolie voix parvient jusqu'à lui, mais il ne peut pas s’en empêcher : pour la première fois depuis longtemps, il la fait rire. Aucune larme ne roule sur ses joues et aucune lassitude ou aucun reproche ne fend l’air. Ils sont juste tous les deux sur le chemin du retour jusqu'à chez elle comme deux personnes normales le feraient ; deux personnes qui n’auraient pas souffert, deux personnes qui ne se seraient pas éloignées. Retrouver un peu de cette complicité d’antan, même s’il est trop tôt pour dire que c’est vraiment le cas, ça redonne du baume au coeur au Callahan. La mémoire infaillible d’Aspen concernant la supposée perruque de la Directrice aussi ; elle n’a pas oublié. Glissant un petit regard amusé dans sa direction, Noeh acquiesce : “Je me suis remis sur l'enquête, je te tiens au courant. Interdiction que je meurs avant de l'avoir enfin découvert !” Ce mystère terrible a occupé une bonne partie du temps libre de Noeh durant le lycée. Chaque discours officiel servait à ce dernier pour se remettre à la recherche du plus petit indice confirmant sa théorie de la perruque. Pour lui, impossible qu’une personne douée d’un minimum d’estime d’elle-même puisse arborer des cheveux aussi bien peignés, décolorés et emmêlés (à force d’essayer de capter leurs mouvements dissonants avec le reste de la tête pour prouver ses dires, Noeh a retenu certaines choses), impossible, pas logique. Quelque chose cloche inévitablement depuis outes ces années et il va bien finir par le découvrir. Alors c’est vrai que renouer avec ce défi personnel après tant de temps, et surtout sentir qu’il est proche du but, ça replonge le Callahan dans ses folles années où rien n’avait déconné. En particulier pas lui. 

La remarque d’Aspen concernant son nouveau boulot lui fait froncer les sourcils, n’ayant jamais envisagé les choses sous cet angle (seuls quelques rares élèves ont fait un pas vers lui pour le moment), mais c’est vrai qu’il pourra peut-être comprendre les plus réfractaires. “Pas faux.” Noeh n’a jamais réussi à tenir en place longtemps sans se sentir déconnecter de l’instant quand il était en cours, hormis en Histoire, pourquoi est-ce qu’a son tour il ne deviendrait pas un jour ce fameux prof à l’écoute des élèves... récalcitrants ? C’est pas idiot comme idée. Il peut pas être assistant toute sa vie non plus, qui plus est, c’est une évolution juste des choses à laquelle il est en droit de songer. Même si tout d’un coup ça lui fout une trouille monstre, de s’imaginer planté devant une trentaine de paires d’yeux le fixant et pas juste devant leurs copies à corriger. Le pianiste adresse un sourire un peu gauche à Aspen, incapable de savoir comment réagir alors qu’elle réussit malgré elle, peut-être, à lui ouvrir un peu les yeux. Elle a toujours les mots magiques. Ou presque. Quand il s’agit de ses parents, le Callahan trouve n’importe quoi les concernant superflu. Il aurait bien aimé voir la tronche de sa mère s’il s’eta barré avec le piano ; déjà que sa tête le jour où il a plié soudainement bagages était mémorable... “Leur donner l'adresse ?”, que Noeh s’exclame avec un petit sourire moqueur. Plus fort que lui, pour le coup, on parle de ses chers papa et maman.  “C'est pas dans mes plans. Et ils la réclament pas non plus, alors...” Dans un haussement d’épaules, le pianiste démontre une nouvelle fois sa mauvaise foi. Bien sûr qu’il pourrait faire un effort et leur donner cette adresse. Il pourrait essayer de recoller les morceaux plutôt que de continuer de les briser, comme il tente maladroitement de le faire avec déjà la moitié  des personnes qui font (acceptent encore ou n’ont pas le choix, plutôt) partie de sa vie. Pourtant il n’y arrive. À chaque fois qu’il songe à sa mère ces derniers temps, il ne se confronte qu’une énième fois à son absence. Il n’arrive pas à la digérer. Quant à son père qui prend le même chemin et enchaîne les conneries, Noeh ne préfère même pas s’en mêler. Se tenir loin d'eux pour le moment est la meilleure chose à faire. Le temps, au moins, de réparer tout le reste.

La chose bien plus intéressante dans cette conversation, c'était les petites informations que l’ex-étudiant  pouvait réussir à grappiller au sujet du nouveau petit-ami d’Aspen. Ce mystère le hante tellement qu’il n’arrête pas de se remémorer ce qu’il lui a dit à l’hôpital : il veut qu’elle trouve quelqu’un de bien. Quelqu’un qui n’est pas lui. Il a promis de se tenir loin pour le permettre, à elle, mais aussi à Lorcan qui n’a pas manqué de lui rappeler que les choses ne pouvaient pas être autrement. Elspeth aussi a conseillé de la laisser tranquille, au moins le temps qu’elle se remette bien de son accident... Mais est-ce qu’ils auraient tenu, à sa place, s’il l’avait aperçue au cinéma après tout ce temps à être rongé par des foutues questions plus douloureuses les unes que les autres ? Non, ils n’auraient pas tenu. Ils auraient craqué exactement comme lui ; parce que Noeh doit bien se trouver une excuse à peu près potable quelque part. La vérité c’est qu’il est incapable de laisser passer une si belle chance de pouvoir être avec elle et qu’il est prêt à ce que tout le monde lui tombe dessus lorsque ça se saura. Le Callahan ne peut pas résister à Aspen. C’est un fait, qui s’avère encore plus écrasant quand il a en tête d’effacer l’image du Noeh affreux qui s’est incrusté dans toutes les têtes.  “Ah, je vois...”, qu’il commente le plus détaché possible. À l'intérieur,  son coeur s’est remis à battre la chamade. Le doute subsiste encore, parce que les choses qu’il a pu lire le rendent méfiant, mais il croit les mots d’Aspen d’une force décuplée. Noeh se disait bien, aussi, que Mariole c'était pas un prénom. Marius. Papa, en couple, vraisemblablement... mais à surveiller quand même. Les commentaires sur les photos de son ex-petite-amie ont réussi à tromper son cœur une première fois, sans doute réussiront-ils à nouveau sans qu'il ne puisse l'empêcher. Ce n’est pas qu’il ne veut pas la voir heureuse, au contraire, il ne demande que ça, c’est juste que... les sentiments forts, beaucoup trop forts, qu’il a pour elle l’empêche d’avoir envie de la laisser faire. Le pianiste se souvient du fameux conseil de Lorcan, comme quoi mettre les choses au point avec certaines personnes serait bien. Préférable. Sauf que pour le moment, Pietra n’est pas là, Noeh continue à chercher les bonnes réponses à ses questions, seul, et la plupart d’entre elles ne mènent vers qu’une seule personne : Aspen. Un “Woh !” mi-amusé mi-surpris passe d’ailleurs ses lèvres quand cette dernière se blesse à ses côtés. Il doit avoir une aura négative quand il est avec elle, il n’y a pas d’autre explication. Suivant sa petite démarche claudiquante jusqu'au premier banc non loin, il tente de retenir le sourire enjoué qui envahit son visage. S’asseoir sur ce banc, c’est gagner encore des minutes tous les deux. Le karma doit être avec lui, pour une fois. “Ça va ?” Sa petite question est plus sérieuse, puisqu'il est vraiment préoccupé par cette cheville qui risque d’enfler dans les prochaines secondes. “Je t'aurais bien proposé un massage, mais ça risque d'être compliqué...” Bon, celle-là, il aurait pu l’éviter. Noeh réalise trop tard que ça dépasse sûrement le cadre de l’amical, vu leur passé commun, mais également encore plus de cadres complexes et trop nombreux à énumérer sachant qu’il est avec Pietra. Et pire que tout, il a eu la bonne idée de lever les deux mains en l’air pour illustrer sa proposition, laissant entrevoir sous la lumière du réverbère les couleurs verdâtres-jaunâtres de l’hématome qui occupe encore une bonne partie de sa main droite. Ce qu’il a réussi à masquer jusqu’ici pour éviter que ça ne replonge qui que ce soit dans un moment difficile. Comment merder en 5 secondes top chrono. “Par contre je peux te porter jusqu'à chez toi ?”, qu’il tente de reprendre sans se préoccuper de sa précédente bourde. Son sourire redevient plus lumineux, coloré, alors qu’il offre à la jeune femme un de ses fameux sourires en coin. “Je peux marcher comme un grand maintenant !” Son regard dérive le long de ses jambes à elle (en toute innocence) pour revenir observer l’étendue des dégâts au niveau  de sa cheville blessée. “J'ai pas envie que tu prennes froid ou que tu te fasses dévorer par les insectes le temps que la douleur passe, demoiselle.
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MessageSujet: Re: there's no denying, you stop me falling (noaspen)   there's no denying, you stop me falling (noaspen) Icon_minitimeMer 20 Juil 2016 - 23:43

Tu es au courant que c'est un film sur des filles qui chantent ? A capella ?

Le fait que le visage de Noeh soit aussi expressif parfois avait toujours décontenancé Aspen. Quatre-vingt-quinze pourcent du temps, il se montrait terriblement tranquille et détaché de tout, comme si rien ne pouvait l’atteindre, comme si il se fichait de tout. Et puis parfois il y avait un truc qui s’allumait dans ses yeux, un pli au niveau de son front ou de la commissure de ses lèvres, qui trahissait ses émois plus que n’importe quelle parole. Et c’était ce petit rictus, qui n’avait pas duré plus d’une demi seconde, qu’elle avait attrapé au vol après qu’elle ait précisé que Marius était juste Marius, son ami, son meilleur ami, et rien d’autre. Ce qui troublait Aspen, c’était qu’elle était sure d’y avoir lu un peu de soulagement. Or, n’était il pas censé être content qu’elle ait un petit copain. Bon, ce n’était pas le cas, mais quand bien même, il n’avait pas à se satisfaire tant que ça de son célibat, si ? Cela n’avait aucun sens, et c’était bien pour ça qu’elle avait choisi de ne pas renchérir sur le sujet, préférant laisser le silence s’installer… jusqu’à la chute.

Evidemment, il fallait qu’elle se casse la figure pile dans ce genre de situation, alors qu’elle arrive à rester digne, concentrée et tout, malgré son trouble qu’elle avait pour l’instant réussi à dissimuler. Plus ou moins quoi. Et là voilà, elle se prend bêtement les pieds dans elle ne savait quoi, alors qu’elle était en sandales plates. En sandales plates ! Elle passait ses journées sur des talons vertigineux, parfois même sur des chantiers et pas un seul pas trébuché, et là elle se prenait les pieds dans rien du tout, c’était quand même risible. Heureusement, Noeh avait eu l’intelligence –ou l’instinct de survie- de ne pas se moquer d’elle. Il avait même presque l’air inquiet alors qu’elle clopinait jusqu’au banc le plus proche. Seigneur, pourvu qu’il ne s’imagine pas qu’elle l’avait fait exprès. Elle en serait mortifiée de honte : elle n’était pas désespérée au point de feindre la blessure juste pour s’asseoir à coté de lui, sous la lune et les étoiles, dans le calme le plus absolu, si rare en centre ville. D’ailleurs, elle n’était pas du tout désespérée de quoi que ce soit, non mais. Alors elle faisait bonne figure, un air bravache sur le visage malgré la tension qui la lançait dans la cheville et qui remontait lentement dans son mollet.

- Non mais ça va, hein, je suis sure que ce n’est pas foulé, elle s’est juste tordue… Faut juste que la douleur passe.

Il n’avait surement pas écouté un mot de ce qu’elle venait de dire, c’était sur, à entendre cette blague nulle –parce que c’était forcément une blague, n’est ce pas ?-, à laquelle elle ne répondit que par un regard très, très, très sombre. Elle l’aurait probablement frappé si elle n’était pas trop concentré à tâter sa cheville pour vérifier qu’elle n’avait rien de déplacé ou de cassé. En tout cas, ça picotait sec. Elle poussa un petit grognement alors qu’il enchainait avec une autre ânerie, mais avec un air trop sérieux pour être rassurant.

- … T’es sérieux là ?

Pitié, dis que non. Sauf que l’imbécile persiste et signe, avec un grand sourire lumineux en plus. Vous savez, ce sourire lumineux qui est souvent accompagné de ce regard avec ses grands yeux de chaton, qui avec la réverbération de la lumière de la lune se pare de paillettes dorés et BON SANG ASPEN RESSAISIS TOI on dirait Marius devant une grosse paire de seins. Tu vas quand même pas juste te perdre dans ses yeux comme une gamine de quatorze ans non ? non, non non non . Elle était plus forte que ça. Elle se respectait, elle, et il était hors de question qu’elle perde ses moyens. D’ailleurs, elle n’avait pas rougi du tout, absolument pas. C’était la douleur qui rendait son souffle court aussi.

- C’est ça, comme un grand éclopé quand même… Il est hors de question que tu prennes le risque de te faire mal en me portant. Pis on en a encore pour cinq bonnes minutes à pied, alors n’y pense même pas.

Elle avait adopté ce ton autoritaire un tout petit peu sec, qui ne souffrait d’aucune contestation.  C’était celui qu’elle utilisait au boulot, ou avec certains jeunes hunters, à l’époque où elle chassait. Pourtant, il y avait un peu plus de douceur quand elle parlait à Noeh que lorsqu’elle aboyait sur les autres. Elle ne le faisait même pas exprès. Elle ne s’en rendait pas compte. Elle continuait de se frotter la cheville pensivement, en attendant que la douleur passe un peu. Elle posa la main sur l’épaule de Noeh pour se redresser, grimaçant quand son talon toucha le sol. Ça n’allait pas être très agréable de marcher jusqu’à la maison, mais elle pouvait le faire, elle en était sure. Elle avait juste besoin d’une petite béquille pour alléger le poids sur sa jambe endolorie.

- Allez debout Callahan, qu’on voit si tu as retrouvé ta stabilité ou pas ! comme tu dis, j’suis trop jeune pour mourir dévorée par les moustiques.

Sans attendre qu’il réplique quoi que ce soit, elle attrapa son bras pour pouvoir s’appuyer à lui, puis se remit en route en boitant un peu. Elle était proche, bien trop proche de Noeh pour sa santé mentale et émotionnelle, mais c’était toujours mieux que d’être accrochée dans son dos ou dans ses bras, le nez dans son cou. Non ça vraiment, elle l’aurait mal vécu. Alors que là, ça allait, ce n’était que son bras. Son bras et le rythme de ses pas, elle devrait réussir à gérer.

- Et euh, du coup, ton appart est loin de là ? Tu vas pas mettre trop de temps à rentrer chez toi ?

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MessageSujet: Re: there's no denying, you stop me falling (noaspen)   there's no denying, you stop me falling (noaspen) Icon_minitimeVen 29 Juil 2016 - 12:23

Les explications d'Aspen quant à sa cheville blessée entrent pas une oreille et sortent pas l'autre. Évidemment que Noeh les a retenues, c'est juste qu'il s'applique tellement à se montrer sérieux dans ce qu'il dit, que se concentrer pour ne pas reculer face au regard noir qu'elle lui lance d'abord, puis la question étonnée qui survient ensuite, relève presque de l'impossible. Presque, car le Callahan a plus d'un tour dans son sac. Et si ce dernier ne se montrait pas fier de n'importe laquelle de ses bêtises, il ne serait plus le même. Preuve que malgré tout ce qu'il a dit, il n'a peut-être pas tant changé que ça... Quoi qu'il en soit, il ne trouve rien de mieux que de répondre à son interrogation par un sourire encore plus malicieux et un “Bien sûr.” qui rend le tout bien trop réel. Il n'a pas envie qu'elle continue à se faire mal. Chaque nouveau pas va être difficile à faire jusqu'à chez elle, il préfèrerait qu'elle fasse le choix de se reposer sur lui dès à présent plutôt que de jouer les têtes brûlées... mais Noeh réalise qu'il est sans doute trop tôt pour espérer une telle chose. Et qu'il sera même à jamais trop tôt, voire trop tout court. “Je disais ça pour aider...”, qu'il élude, en se retenant de rire face à la justification qu'Aspen apporte à son refus. Il a vachement moins l'allure d'un éclopé quand il marche désormais, toutefois il se doute qu'avoir coup – avoir essayé de son mieux, sa visite à l'hôpital le jour où il a croisé Lorcan ne doit pas compter -  les ponts avec elle l'empêche d'en avoir conscience. “Je tiens quand même à préciser que je me suis amélioré”, qu'il souffle, d'une mine à la fois fière et taquine, avant qu'un truc ne l'empêche de continuer. Les petites réflexions internes du pianiste cessent en effet dès l'instant où la main de la jolie Wolstenholme se retrouve sur son épaule.

Dès lors, l'attention de Noeh se retrouve happée. Il oublie tout le reste, le parc, la nuit, le film qu'ils viennent de voir, le fait qu'il ait râlé au sujet de ses parents, il se souvient tout juste du souvenir de la directrice et de sa perruque qu'ils ont évoqué ensemble à l'instant. Tout ce qu'il perçoit, ce sont les battements effrénés de son cœur qui s'aventurent à rythmer également le sang qui afflue à ses tympans. Ça l'assourdit un peu, le temps d'une seconde ou deux, avant que son regard ne remonte le long de son bras pour croiser son regard, et entendre enfin quelque chose de positif. Préférant ne pas faire plus de commentaire, Noeh s'exécute face à l'ordre donné, se relève et s'assure qu'Aspen lui donne tout le poids qu'elle peut enlever de sa cheville plutôt que se souffrir inutilement. “Dis-le si t'as trop mal.” Il a l'idée de venir déposer son bras son dos, pour qu'elle puisse définitivement arrêter d'avoir mal pour rien, avant que cette dernière ne disparaisse aussi vite qu'elle est apparue. Il n'a pas envie de perdre un bras ce soir. A la place, il a droit à une question qui lui redonne le sourire. Noeh se dit qu'il devrait peut-être arrêter de montrer qu'il est content de ces minutes qu'ils passent ensemble, mais il s'en fout. Honnêtement, il préfère profiter de tout ça plutôt que de se laisser gâcher la vie par tous les avertissements qu'il a reçus au sujet d'Aspen. Il prendra les reproches dans la tête plus tard, pas besoin de se les inventer seul. “A peine quelques minuscules rues à traverser, un raccourci à retrouver, et le tour est joué. Ça devrait aller.” Il appuie sa réponse d'un petit regard dans sa direction. “Je suis allé me perdre dans le quartier sud, ça me change.” Noeh dit ça comme ça. Il n'a aucune arrière-pensée derrière, juste l'envie de lui indiquer que si un jour, par hasard, il lui arrive de passer par le quartier sud, elle pourra faire un saut chez lui. Histoire qu'elle constate qu'il ne sera en aucun cas celui qui la défiera au niveau de la décoration d'intérieur...

On est encore loin ?”, que le pianiste s'enquiert, tandis qu'ils arrivent enfin au bout de la rue où se trouve la maison d'Aspen. Callahan préfère continuer à faire croire qu'il n'est jamais venu par ici, qu'il ne connaît personne que la Wolstenholme pourrait connaître et que c'est la toute première fois qu'il met les pieds ici. Est-ce qu'il est bon pour faire croire à l'incroyable ou pas ? Il n'arrive pas à en juger lui-même. “Va falloir faire gaffe, au moins demain, à pas trop appuyer dessus.” Il rabâche volontiers les petits « attention » ou « ça va ? » qu'il a pu laisser entendre sur le chemin. Le côté borné de Noeh n'a pas que des inconvénients ; quand il s'agit de veiller à peu près correctement sur les autres, il peut même s'avérer utile. “Joues pas les aventurières”, qu'il lâche avec un sourire, alors qu'ils se trouvent enfin devant chez elle. Le pianiste espère ne pas s'être dirigé trop naturellement vers la bonne maison, mais plutôt qu'il a bien laissé supposer que le mouvement venait d'Aspen et pas de lui. Observant les premiers pas de la jeune femme seule, avec prudence, Noeh poursuit sur sa lancée. “Si t'as encore besoin d'aide pour te déplacer, tu peux toujours...” Sa main gauche a presque atteint son oreille, pour signifier un coup de téléphone, qu'il se stoppe dans sa toute nouvelle connerie. Pour le coup, elle est sortie sans même qu'il n'ait le temps d'y réfléchir. Le mélange inquiétude et maladresse ne fait jamais bon mélange quand il s'agit de Noeh. “C'était débile.” C'est qu'il deviendrait pire que Benji avec Emily dans le film qu'ils ont vu plus tôt. Mince, il a retenu les noms. Tant qu'il ne se met pas à bafouiller comme le gars, Noeh se dit qu'il n'a pas atteint de stade critique. “Ça va aller ?” Il se répète, le Callahan, dans l'espoir d'obtenir une nouvelle confirmation pour enfin cesser de s'inquiéter. Il n'arrive pas à lui dire au revoir sans avoir entendu deux ou trois petits mots rassurants, ceux qui panseront son cœur et lui permettront d'initier un nouveau mouvement de recul de la vie d'Aspen. Parce qu'en théorie... il devrait pas se trouver là, au pied de chez elle. L'association de défense d'Aspen Wolstenholme pourrait lui tomber dessus si elle était un jour au courant. Pour éviter ce problème majeur, cet ennui probable, il devrait déjà être en train de faire demi-tour pour retourner chez lui – loin d'elle, dans le quartier sud. A l'opposé de son beau regard et de son sourire qui le fait fondre. Mais voilà, justement, c'est le fait tellement fondre que ses jambes sont dorénavant reliées au sol, au pas des petits escaliers qui mènent au minuscule perron, si bien que Noeh n'a rien trouvé d'autre que de la contempler sous la lumière de la Lune, en l'attente des fameux mots pour se dire rassuré.
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