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 I've found out a reason for me, to change who I used to be (noaspen)

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Noeh Callahan
Noeh Callahan

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MessageSujet: I've found out a reason for me, to change who I used to be (noaspen)   I've found out a reason for me, to change who I used to be (noaspen) Icon_minitimeSam 7 Mai 2016 - 17:41



Lorsqu'il a appris la nouvelle, Noeh était sur le chemin pour aller voir Pietra. Il avait un peu la tête dans les nuages, à essayer de se dire que, peut-être bientôt, il arriverait à revenir vers Sam. A arranger un peu les choses, à faire un premier pas pour au moins réentendre le son de sa voix. Même s'il a jamais été doué pour ça, et que les mots qu'il essaye d'assembler les uns après les autres pour former un monologue d'excuses cohérent, en présage de cette visite, n'ont pour le moment aucun sens (d'où sa « visite-surprise » qu'il n'arrête pas de repousser), il sent qu'il peut peut-être essayer. Le regard rivé au sol, il avançait d'une démarche plus naturelle qu'avant, car plus gênée par une béquille. Les médecins lui ont annoncé qu'il pouvait tenter de poursuivre la rééducation sans ; alors Noeh s'est pas gêné pour la fourrer au fond du placard de sa chambre avant de lui tourner le dos. Ça, c'est derrière lui. Un peu, d'une certaine façon. C'est pour ça qu'il avait un mince sourire aux lèvres et le regard pétillant alors qu'il foulait le sol des quartiers de la ville ; parce que montrer ça à Pietra, à une personne qui lui tient à cœur, c'était une motivation suffisante pour être de bonne humeur. Alors, au départ, avec son esprit vagabondant à travers les nuages ensoleillés de ses pensées, Noeh n'avait pas bien entendu la sonnerie de son téléphone, paumé au fond de la poche de son jean. Et, quand il avait enfin compris qu'on cherchait à le joindre, il s'était empressé de le faire apparaître dans son champ de vision. Dès qu'il avait fait ça, il avait hésité avant de répondre. Numéro inconnu. Noeh, généralement, il répond pas à ces appels. Il aime quand le nom de la personne s'affiche clairement, car il déteste ne pas savoir qui cherche à l'emmerder. Alors, le temps d'hésitation s'était allongé. Il avait duré dans le temps, bien une, voire deux secondes de plus, avant qu'il ne se décide à décrocher. Il sait toujours pas pourquoi il a fait ça, il sait pas pourquoi une petite voix lui a intimé de prendre cet appel, il a juste senti qu'il devait le faire. Pourquoi ce jour-là ? Pourquoi à ce moment-là ? Un pressentiment, peut-être. Une envie d'aventure ? Une curiosité maladive ? Non, rien de tout ça. Juste l'envie d'entendre il-ne-savait-qui parler à son oreille le long du chemin. Peut-être pour lui annoncer que ça y est, se faire aider par une béquille pour marcher, c'est du passé, et qu'il commence peut-être à retrouver un peu confiance même si c'est pas un pas de géant non plus. Néanmoins, Noeh n'avait pas eu le temps de transmettre la moindre bonne nouvelle. Parce qu'on lui en avait poignardé une mauvaise en plein dans le cœur sans le prévenir. Dès qu'il avait entendu le prénom Aspen, il avait ralenti le pas. Dès que ce dernier avait été associé à hôpital, il s'était arrêté. Dès qu'il avait entendu les termes blessée et coma s'y associer, il avait été obligé de s'appuyer sur le banc à côté duquel il venait de s'arrêter. Pour se raccrocher à quelque chose. Pour que le poids qui venait de s'écraser sur ses épaules ne gagne pas la partie.

Lorsque la femme à l'autre bout lui avait signalé qu'elle devait raccrocher, pour prévenir d'autres proches d'Aspen, Noeh avait d'abord acquiescé dans le vide, comme si elle pouvait le voir faire, avant de bafouiller un malheureux au revoir et un bref merci, puis de se retrouver seul. Complètement seul, au beau milieu de la rue déserte. Le silence était devenu pire qu'assourdissant, sur le moment, et le Callahan avait eu besoin de s'asseoir un petit peu, pour accuser le choc. Il en avait oublié où il allait, si on l'attendait, ce qu'il devait faire. Il avait fixé le sol un moment, sans réaliser que les dizaines d'une heures puis deux s'étaient écoulées comme de vulgaires secondes dans son esprit, jusqu'à ce qu'il se relève brusquement. La démarche encore fragile, il avait pris le chemin de l'hôpital. Il était même sans doute allé trop vite, parce qu'une fois arrivé à l'accueil, il avait ressenti une vive douleur dans sa jambe gauche. Il avait senti ses muscles se raidir sous l'effort trop important qu'il vient de faire pour arriver jusque-là au plus vite, sans pour autant y prêter plus d'attention. Il voulait la voir. Il avait besoin de la voir. Il fallait qu'il voit Aspen. Juste de loin, juste... Elle doit se reposer, ce n'est pas l'heure des visites, vous n'êtes pas de la famille. A chaque fois qu'il était revenu, Noeh a accusé un nouvel échec. Lui qui passait à l’hôpital par obligation avant, lui qui évitait l’endroit comme la peste par peur des mauvais souvenirs, n’avait cessé de faire le chemin jusqu’ici, jusqu'à cet étage, dans l'espoir fou de pouvoir lui parler, ou au moins avoir de ses nouvelles, et ce durant plusieurs jours. Autant qu'il en aurait fallu pour qu'on l'autorise à la voir enfin. Il avait réussi à obtenir quelques détails, mais rien de plus. Rien qui aurait été capable de panser un peu la plaie béante qui s'était formée au niveau de son cœur dès qu'il avait entendu la nouvelle à l'autre bout du fil. Rien qui aurait pu le rassurer. Rien qui aurait pu l'empêcher de renouer avec les cauchemars. Rien qui aurait pu annihiler la peur de l'avoir perdue à jamais. Rien.


---

Jetant un coup d'oeil dans le long couloir à sa gauche, Noeh cherche à savoir si des médecins ou des infirmiers se trouvent dans le coin. Depuis le début de la soirée, il prétend avoir rendez-vous avec son psychiatre, le docteur O'Doherty. Il le voit depuis un moment maintenant. Il a juré aux différents membres des équipes  de nuit qu'il a croisés que ce dernier avait accepté de le voir aussi tardivement, et qu'il arriverait d'une minute à l'autre. Le Callahan sait pas si quelqu'un l'a cru, mais en tout cas, il est encore là. Et il va se barrer. Se passant une main fatiguée sur le visage, l'ancien pianiste guette une dernière fois les alentours avant de s'élancer dans les dédales immaculés de l'hôpital. Il espérait jamais y revenir ; c'est manqué. A force d'avoir fait le chemin ces derniers jours, pour essayer d'obtenir gain de cause auprès de n'importe qui, de la moindre personne qui daignait lui accorder un peu d'attention, il connaît le chemin par cœur. Il sait où se trouve son étage, il sait par où y accéder sans être trop facilement repérer, et il a pris le soin de remettre à son poignet le bracelet blanc qu'il avait lorsqu'il était lui-même hospitalisé. Il pensait pas qu'un jour ce dernier lui resservirait ; encore manqué. L'illusion du patient paumé fonctionne au premier regard si on ne s'y intéresse pas trop ensuite, et c'est tout ce dont a besoin Noeh pour jouer sa dernière carte. S'il réussit pas ce soir à aller la voir, il pourra le faire que quand elle sortira ; et ça, il sait pas quand ça sera. Dans une semaine ? Un mois ? Plus ? Il n'en a aucune idée. Alors, dans l'incertitude, il s'est inventé des histoires, il s'est passé les pires scénarios en tête pour être préparé, mais sa maigre patience ne le supporte plus : elle est rognée jusqu'à la moelle par toutes ces idées noires, alors il faut que ça cesse.

Arrivé non loin de sa chambre, Callahan ralentit le pas. Il a l'âme d'un agent secret prêt à tout pour atteindre son but, ce soir, et un dernier coup d'oeil discret dans le couloir suivant lui donne le signal pour s'empresser de faire les derniers pas nécessaires pour enfin appuyer sur cette poignée, pousser la porte et la refermer sans un bruit. Un soupir soulagé lui échappe. Restant accroché un instant à la poignée blanche, le bruit du moniteur cardiaque derrière lui le fait se retourner brusquement. Comme s'il avait oublié que l'état dans lequel il allait la trouver n'était sans doute pas le même que la dernière fois qu'ils se sont vus. Et c'est le cas. C'est plus la même Aspen, à quelques pas. Le teint terne, la mine fatiguée, il remarque un bleu impressionnant le long de son bras et sa main relâche mollement sa prise sur la poignée de la porte à cette vision. Il n’y a qu’une chose qui martèle les parois de son crâne et qui efface tout le reste : mon ange, mon ange, mon ange. Et il ne la reconnaît pas. Il la reconnaît à peine, étendue sur ce lit d’hôpital, et le souffle commence à lui manquer. Noeh ne se rend pas compte qu’il a commencé à pleurer. Ce n'est qu'une toute petite larme ; mais on sent que c'est en fait la première d'une longue lignée. Toute la tension qu’il a accumulée ces derniers jours cherche une issue qu’elle ne trouve qu’en ce geste silencieux. La peur, la colère, l’incompréhension, toutes ces choses qui l’empêchaient de faire quoi que ce soit d’autre depuis l'autre jour. Manger, réfléchir, se concentrer, dormir. Il a passé des heures à cherche un moyen de la voir ; il en a zappé le monde entier. La tendance de Noeh à pas pouvoir se détourner des choses, elle peut l'amener à des extrêmes qu'il n'aime pas franchir, mais il peut pas faire autrement. Et se dire qu'Aspen était dans cette chambre d'hôpital sans savoir ce qui lui était arrivé, c'était une épreuve à laquelle il n'avait jamais été préparé.

Ses pas lents le guident jusqu'à son lit. D’abord, il reste au bout de ce dernier. Et il reste sans voix face à ce visage endormi mais épuisé. Puis il remarque les intraveineuses, les draps blancs, il est percuté par le silence. Le fameux sentiment d’oppression auquel il a été confronté de longs mois lui revient en pleine face : ça accélère son rythme cardiaque, jusqu’à le faire tituber un peu sur le côté lorsqu’il se force enfin à approcher, et son seul désir est qu’Aspen ressente pas un truc comme ça, jamais, pas tant qu’il sera là pour l'éprouver à sa place. Elle mérite pas ça, Aspen, elle mérite pas de vivre ça, de rester coincée sur un lit d’hôpital pour il ne sait quelle raison et... Et elle a manqué crever. Sa main gauche vient se saisir de la sienne, la presse doucement. C’est tout ce qu’il a compris, Noeh, parce que c’est tout ce qu’on a bien voulu lui expliquer. À force de le voir débarquer devant elle, un coup suppliant, un coup menaçant, l’hôtesse d’accueil a concédé à lui avouer qu’il y avait une histoire de poison. Rien de plus. Mais il n’y avait pas besoin de plus, sur le moment, pour le faire devenir encore plus pâle qu’en temps normal. On a essayé d’arracher Aspen à ce monde, à sa famille, à ses amis, à... à lui ? Même s’il s’est comporté comme un con la dernière fois qu’ils se sont vus, et aussi la dernière fois où ils se sont envoyés un message. En plus, s’il se remet dans le contexte, son copain avait pris son portable alors... Noeh préfère même pas se souvenir de sa réaction. “Merde, merde, merde”, qu’il bafouille en resserrant l’étreinte de sa main sur la sienne. Ses larmes redoublent d’intensité et le cadet Callahan trouve rien de mieux à faire que de venir les dégager rageusement de sa malheureuse main en rémission. Il doit pas pleurer, comme ça, elle est là, Aspen, elle est pas morte, elle est pas partie loin de lui. Elle est juste là, dans ce lit, et elle se repose... Mais Noeh peut pas s’empêcher une seule question : et si ? Et si le poison avait marché ? Et si elle était encore dans le coma ? Et si on se rendait compte qu’elle sortira finalement pas indemne de tout ça ? Et si elle avait succombé à ses blessures ? Si Noeh réagit de cette manière alors qu’elle est encore à ses côtés – à leurs côtés à tous - qu'est-ce qui se passera la prochaine fois ? Un monde sans Aspen c’est pas viable. Un monde sans Aspen c’est pas imaginable. Cette angoisse qui lui compresse les poumons, qui l’empêche de se calmer, c’est la même que lorsqu’elle lui a annoncé qu’elle s’en allait. Loin. Beaucoup trop loin. Alors que c'était juste pour des études ; là, le sentiment d'abandon s'est décuplé comme jamais. Et si la première fois Noeh s’est pas effondré devant elle, si la dernière fois ça faisait moins mal, cette fois-ci, c’est le pire sentiment qu’il ait jamais éprouvé. Le pire, c’est qu’en bon connard qu’il est, il sait que si elle l’avait abandonné maintenant, il lui en aurait voulu. Encore plus que pour tous les trucs dont il l’accuse pour rien. Des frayeurs pareilles, elle a plus le droit de lui en faire avoir. Plus jamais.

Du mouvement lui fait relever la tête vers elle. Ça doit bien être la première fois qu’il est si heureux de pouvoir croiser son regard. Il a pas changé, lui, c’est toujours le même. Et le Callahan en étouffe un sanglot avec difficulté. Il sait pas quoi lui dire, il sait pas quoi faire, il a juste envie de la serrer dans ses bras pour plus jamais la laisser partir. Mais s’il fait ça il va lui faire mal, alors il se retient. Il rive juste son regard de paumé dans le sien et il ose à peine bouger. Même s'il lui donne l'impression qu'elle est à des années lumières de ce moment et de cet endroit, ce regard porte à bout de bras un truc tellement rassurant pour Noeh qu'il sent une nouvelle couche de tension abdiquer. Il se calme un peu, en gardant le silence, et se laisse bercer par le bruit du moniteur à sa gauche. Son cœur bat. Il bat encore et il battra encore longtemps. “Me...”, qu’il articule dans un effort surhumain. Puis il se met à secouer la tête, détourne le regard et sèche les larmes qui recommencent à rouler le long de ses joues. Avec délicatesse, Noeh vient appuyer le dos de sa main contre sa joue. Il se dit que ça peut peut-être effacer les larmes, faire disparaître la tristesse. Sentir sa peau contre la sienne a ce côté apaisant supposé pouvoir faire s’envoler le plus petit des malheurs. Mais peut-être pas cette fois. “Putain refais jamais ça Aspen”, qu’il murmure en essayant de reprendre un peu contenance. Ce qui devait sonner comme une menace n’est plus qu'une supplique tout droit venue du coeur, et sur ça, le Noeh blessé, le Noeh en colère contre le monde entier, il n’a aucune maîtrise.
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MessageSujet: Re: I've found out a reason for me, to change who I used to be (noaspen)   I've found out a reason for me, to change who I used to be (noaspen) Icon_minitimeDim 8 Mai 2016 - 11:33


   

   
❝Said I wouldn't call but I've lost all control and I need you now.❞
   Noeh & Aspen


Aspen rêvait. Elle ne faisait que ça depuis la veille, en dehors de quelques heures confuses d’éveil. Parfois même, elle avait du mal à distinguer la réalité et l’endormissement. Enfin, à un détail près : quand elle rêvait, elle n’avait plus mal de partout. En ce moment, elle rêvait beaucoup d’Hawaï, des plages de sable chaud, de la mer, d’un tas d’individus sans visage mais qui lui souriaient, et elle leur souriait aussi. Elle avait chaud, elle était allongée sur sa serviette et elle était bien, son verre à la main, un bouquin dans l’autre, et elle se laissait bercer par le ressac de l’océan un peu plus loin. Il y avait des odeurs de monoï et d’embrun, et parfois elle se retournait sur le vendre pour observer les gens qui jouaient au beach volley un peu plus loin, ou alors les enfants s’amuser dans les vagues. Elle les aurait bien rejoindre, mais elle n’avait pas envie de se lever, juste de sentir la chaleur des rayons du soleil mordre doucement sa peau laiteuse et réchauffer la rousseur de sa chevelure. Elle fermait à nouveau les yeux en sentant une paire de mains dans son dos, familière, réconfortante, rassurante même, qui venait étaler de la crème solaire sur sa peau fragile. Elle ne réussit pas à tourner la tête pour voir qui était cette bonne âme qui la massait doucement, mais elle en avait bien une petite idée. Tout cela était parfait, absolument parfait et elle ne voulait pas que cela s’arrête. Elle ne voulait plus réfléchir à rien, elle voulait juste profiter, sans plus bouger un orteil, et …

“Merde, merde, merde”

C’était lointain, presque dans un autre monde, mais cela suffit à tirer la jeune fille de son beau rêve thébaïque. Comme un crochet qui vous hameçonne pour vous ramener à la réalité, alors qu’elle sent une pression autour de sa main, celle qui tient un cocktail dans une noix de coco, alors que son paysage enchanteur se délite et que tout redevient sombre, comme le fond de ses paupières. Elle se réveille bien malgré elle, parce qu’elle sent cette chaleur moite autour de sa main, alors son cerveau enjoint le reste de son corps à s’activer. Même si elle le voulait, c’était impossible : chacun de ses membres était aussi courbatu qu’après un marathon, et même ses paupières lui semblaient peser des tonnes, sans compter la douleur lancinante dans son crâne. Elle était mieux dans son rêve, vraiment mieux, et pourtant elle devait ouvrir les yeux. C’était ce que les médecins avaient dit, essayer de répondre aux stimuli extérieurs, pour ne pas se laisser aller à la catatonie passive à laquelle l’invitaient la morphine et les autres anti douleurs. Pour être tout à fait honnête, elle n’avait pas reconnu la voix tout de suite. Elle n’avait senti que les vibrations de détresse dans cette dernière, qui tranchait avec la douceur de ses rêveries. Elle devait faire un effort, un tout petit encore, pour réussir à ouvrir les yeux. Elle craignait que la lumière l’aveugle, comme la veille, quand Lorcan et Calista étaient venus la voir. Quand on était dans l’obscurité pendant aussi longtemps, la moindre lumière brûle les rétines et donne envie de les refermer aussi secs. Peut être était ce pour ça que les morts ne revenaient jamais. Ça faisait bien trop mal aux yeux …

Elle battit des cils plusieurs fois pour s’habituer à la lumière du couchant, un peu moins agressive que ce qu’elle avait craint. Quelle heure était il ? Surement pas celle des visites en tout cas, pas alors que le soleil se couchait. Dans un effort qui lui parut insurmontable, elle tourna la tête en direction de la chaise où s’installaient ses visiteurs ou les infirmières, avait de fixer Noeh sans réagir pendant bien cinq secondes, le temps que l’information remonte jusqu’à son cerveau encore ralenti par les drogues, alors qu’il ne perdait, lui, pas une seconde pour reprendre la parole. Jamais refaire quoi ? Et puis d’abord, qu’est ce qu’il faisait ici ? Lentement, les brumes de l’esprit de la rouquine se dissipaient, pas totalement bien sur, mais assez pour qu’elle se sente totalement réveillée. Son regard descendit sur les doigts de Noeh agripper aux siens, et elle fronçait les sourcils : Il la détestait. Il la détestait depuis des semaines, des mois peut être. Il n’avait aucune véritable raison d’être ici, alors qu’est ce qu’il fichait là, à … Pleurer ? Que Lorcan ou Calista pleurent pour elle, elle le comprenait, mais Noeh ? Ca n’avait aucun sens. Absolument aucun. Alors elle prit une inspiration qui fit gémir ses côtes, avant de souffler doucement, de manière à peine audible :

- Qu’est ce que tu fais là ?

Il n’y avait pas d’agressivité dans sa voix éteinte, tout juste la lassitude d’être encore totalement perdue et de ne rien saisir de la situation. Peut être qu’elle était en train de rêver, au final, elle aurait bien aimé, tiens. Sauf qu’elle avait tellement mal de partout que ça ne pouvait être que la réalité. Une réalité qui avait encore moins de sens que toutes ses visions et ses rêveries. Elle releva son regard cerné mais de plus en plus alerte dans celui rougi de Noeh, attendant sa réponse. Elle ne pouvait faire que ça, de toute façon. Elle n’aurait jamais la force de lui crier dessus, ni même de le frapper pour lui dire de s’en aller. Alors autant comprendre pourquoi il était là. Elle avait déjà sa petite idée, mais autant l’entendre de vive voix…



 
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Noeh Callahan
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MessageSujet: Re: I've found out a reason for me, to change who I used to be (noaspen)   I've found out a reason for me, to change who I used to be (noaspen) Icon_minitimeLun 9 Mai 2016 - 2:01

Lorsqu'il réussit à aligner ces quelques mots sans se rater, un léger soulagement vient étreindre le cœur de Noeh. Il sait que ce n'est rien, rien du tout même, mais ça lui donne l'impression confuse de toucher un peu terre. Pourtant, si c'était véritablement le cas, il aurait compris de suite la question d'Aspen. Il n'aurait pas continué à l'observer comme si c'était la toute première fois qu'il la voyait, comme un gamin étonné de faire une nouvelle rencontre, mais il aurait peut-être détourné le regard. Encore. Cette fois-ci de honte. Il se serait peut-être même reculé, pour éviter de se retrouver trop sous les projecteurs de ce regard fatigué accroché au sien. Seulement, la question d'Aspen, plus que légitime, il est bien obligé de le reconnaître, lui parvient avec une seconde de décalage. Comme à peu près toutes les questions ou paroles qui lui ont été adressées ces derniers jours, son esprit étant trop accaparé par l'accident de la jeune femme pour parvenir à se concentrer sur autre chose. Non, les jours ayant précédé sa visite, Noeh a juste essayé de se souvenir du son de sa voix. Il est allé voir ses dernières photos sur les réseaux sociaux. Et il a relu ses sms aussi. Il s'est insulté de tous les noms en le faisant, mais il ne s'est pas arrêté : lire chaque mot qu'elle avait tapoté sur son minuscule clavier tactile, c'était les entendre mentalement. A chaque fois. Même s'il y en avait peu, vu que l'ancien pianiste avait eu un jour l'idée de tout supprimer, comme si ces messages n'avaient jamais rien signifié pour lui. Avec ce recul forcé par cet accident survenu de nulle part, il s'était rendu compte qu'il avait fait une belle connerie. Une magnifique parmi toutes les autres. Et même s'il n'avait pas grand chose pour se raccrocher à elle et à son souvenir, Noeh a tout fait pour tenir le coup. Mais cette question, elle ranime en un instant tout la douleur qui a commencé à s'évaporer de son esprit dès qu'il a fermé la porte de cette chambre d'hôpital. “Qu'est-ce que je...”, qu'il répète dans un murmure à peine audible. C'est pas qu'il a pas compris la question, bien au contraire, c'est juste qu'il s'attendait pas à l'entendre si tôt. Et il sait pas quoi y répondre. Ou peut-être que si, Noeh a trop de choses à dire. Trop de trucs sur le cœur pour pouvoir les garder encore pour lui jusqu'à ce qu'elle aille mieux. Même si elle s'en souvient pas, au moins il aura dit ce qu'il a à dire. Même si elle le croit pas, au moins il aura pas laissé passer sa chance. Exerçant une dernière pression sur sa paume, le Callahan cherche un autre point d'ancrage pour ne pas s'écrouler.

Il a pas l'habitude de livrer ce qui peut peser sur son palpitant, encore moins tout ce qu'il a dans la tête. Il est pas le meilleur pour ça, et il sait que si tout ce qu'il pense est un nœud incompréhensible à l'intérieur, ça ne peut être que pire une fois à l'extérieur, exprimé à toute personne concernée par toutes ces pensées contradictoires. Aspen en est sans doute le plus bel exemple, de cette attention démesurée capable de faire passer Noeh par tous les émotions et tous les sentiments. “D'abord, on m'a dit que je pouvais pas te voir parce que c'était trop tôt”, qu'il murmure. Il ne sait pas s'il a peur qu'on l'entende, hors de la pièce. Peut-être pense-t-il que sa voix va résonner tout contre les murs à peine plus épais que lui et que du personnel hospitalier va venir le déloger d'ici peu car Noeh n'est pas du genre à apporter du positif à qui que ce soit. Avec ses fêlures, ses blessures et tout ce qui fait qu'il arrête pas de se briser un peu plus chaque jour à l'intérieur, sans oublier d'entraîner les autres dans sa chute, qui est-ce qui pourrait considérer sa simple présence comme positive ? “Ensuite on m'a dit que t'étais fatiguée, qu'il fallait que tu te reposes. Ce que je comprends, avec ce qui t'est arrivée...” Ses mots se perdent, alors que son regard retrouve le sien brusquement. Il la contemple une seconde, puis deux, trois, avant que ses iris émeraudes dérivent vers ce petit bout de bras bleuté. Une marque voyant, imposante, écrasante, qui fait mal rien qu'en la regardant. “Même si je sais foutrement pas ce qui s'est passé. J'en sais rien, j'en sais rien du tout, on a rien voulu m'dire...”, qu'il essaye de plaisanter, alors que de nouvelles larmes se forment dans le chevet de ses paupières. C'est de la voir dans cet état qui le trouble. Il a pas l'habitude. Est-ce que... est-ce que c'est ça, qu'elle a ressenti, Sam, quand il était dans un de ces lits ? Est-ce que ce sont la peur et l'impuissance qui faisaient battre son cœur ? Parce qu'il comprend enfin ce que c'est, Noeh. Il saisit toutes les subtilités de l'inquiétude et de l'angoisse, et ce depuis qu'il a reçu ce coup de téléphone l'autre jour. Malheureusement, peut-être que Sam elle a su mieux gérer tout ça que lui. L'ancien pianiste n'en a aucune idée vu qu'il ne s'en est jamais vraiment préoccupé ; il a juste préféré la repousser, comme tout le monde, et à présent il se retrouve seul face à cette image qui le terrorise. Aspen qui souffre, Aspen qui ne semble plus être que l'ombre d'elle-même, Aspen qui a manqué s'envoler. “Et pour finir, on m'a empêché de rentrer dans cette putain de chambre parce que je suis pas de ta famille.

L'aveu est terrible, l'aveu est blessant. Ce n'est pourtant que la triste vérité. S'il s'était pas débrouillé pour forcer le destin ce soir, il ne serait pas là. Il aurait tardé à venir la voir, peut-être même qu'il n'aurait pas pu venir la voir à l'hôpital et qu'il aurait dû attendre de savoir s'il pourrait passer à son appartement ou pas. Relâchant sa main avec délicatesse, un abandon face à toute cette peine et cette colère qui ne cherchent qu'à sortir, Noeh s'éloigne un peu du lit pour venir se planter au pied de ce dernier. D'abord, il n'ose pas la regarder. Il ne sait pas par où commencer, une nouvelle fois, et il a presque l'impression d'en avoir trop dit juste avant. Parce qu'on sentait déjà dans le fond de sa voix toute l'incompréhension qui pesait sur ses épaules devenues si frêles à cause de ces derniers jours angoissants et qu'on devinait toute sa tristesse rien qu'à croiser son regard fuyant. Toutefois, il sent qu'il a pas fini. Même si c'est pas le moment pour lui dire tout ce qui va suivre, Noeh peut pas s'arrêter maintenant. Ça fait tellement mal qu'il peut pas garder ça pour lui. Il a besoin de lui dire trop de choses à la fois. Peut-être même des choses qu'il garde depuis longtemps, qu'il se refusait de lui dire pour ne pas la forcer à rester auprès de sa pauvre carcasse délaissée par un mutant aux idées démentes et pour la voir refaire sa vie avec un mec bien plutôt que lui. Lui et ses idées noires, lui et ses douleurs fantômes et bien trop vivaces, lui et ses peurs inavouables. Comme celle d'avoir cru l'avoir perdue pour de bon. Sans doute la pire de toutes. Relevant ses prunelles dans les siennes, le Callahan voit sa vision se troubler à cause de toutes ces larmes devenues trop lourdes et qui viennent de se décider à sortir sans le prévenir. “Je suis là, Aspen, parce que ces derniers jours passés à m'demander si j'allais te reparler un jour, ils étaient horribles, putain, et... et la dernière fois j'ai-” Baissant la tête, Noeh vient appuyer ses deux paumes contre la rambarde du lit d'hôpital. Pourquoi ça sort pas ? Pourquoi est-ce qu'il est pas capable de lui dire ce qu'il a sur le cœur ? Ça doit pas être si complexe. Tout le monde le fait. Les jeunes le font, les vieux le font, les cons le font, les gentils le font, tout le monde. Alors pourquoi chez lui ça coince ? Pourquoi est-ce qu'il en a jamais été capable avec elle alors qu'elle l'a mérité un nombre incalculable de fois ? “T'imagines si t'étais plus là ?”, qu'il assène durement.  “T'imagines si j-” Il se reprend. “Si on t'avait perdue ?” Est-ce qu'elle réalise à quel point rien que l'idée le bouffe ? Est-ce qu'elle arrive à imaginer qu'il est pas le seul ? Noeh préfère même pas songer à l'état de Lorcan – que ce soit quand il a appris ou maintenant. Si c'était Sam à la place d'Aspen, dans ce lit, il... il aurait plus répondu de lui. Parce que toucher à l'une comme l'autre c'est touché à des piliers dont le Callahan peut pas se passer, même s'il est aussi capable de leur faire le plus de mal.

Dégageant de son visage les petites gouttes de peine et d'agacement qui ne cessent d'affluer, l'ancien pianiste se met à secouer la tête. Il la regarde, à Aspen, autant qu'il le peut, avec une tendresse dans le regard qui tranche comme jamais avec toutes ces paroles qui s'enchaînent dans un flot inlassable et inébranlable. Ou presque. “J'peux pas dire que ça m'aurait rien fait parce que c'est faux, d'accord ? C'est complètement faux et la dernière fois qu'on s'est parlés j'ai été le pire des cons et si t'étais mo-” Noeh se freine brusquement. Le mot commence à peine à résonner dans la petite pièce que, déjà, il cherche à l'oublier en réitérant un nouveau mouvement négatif de la tête. “J'peux pas le dire”, qu'il se reprend dans un minuscule aveu, si infime qu'il passe inaperçu si on ne tend pas l'oreille. “Si t'étais partie, d'un coup, tout ce que j'ai pu dire la dernière fois c'était le pire des au revoir que je pouvais te faire.” Et Noeh peut pas se dire que les choses auraient pu se terminer comme ça. Jamais. C'est pas envisageable. Ça l'a jamais été. Noeh, il a balancé tout ça sous le coup de la colère, de la surprise, de la honte, il a laissé parler la partie la plus conne de son être pour se protéger et se barricader, parce que c'est tout ce qu'il semble savoir faire depuis son réveil. Voire même depuis toujours. Et qu'est-ce que ça peut le rendre stupide, et détestable. Il le sait, au fond de lui, il le sait très bien, mais il sait aussi qu'il a essayé de faire ça pour protéger les gens qu'il aimait – qu'il aime. Parce que souffrir lui c'est pas grave, mais les voir souffrir eux à cause de ce qu'il lui est arrivé, ça a toujours été le concept de trop pour lui. Jusqu'à ce qu'il entende qu'Aspen était blessée, et qu'il se rende compte qu'il avait vraiment merdé. Que si les choses avaient vraiment mal tourné, il n'aurait jamais pu lui demander pardon, alors que c'est la première chose qui a traversé son petit esprit étriqué par la bêtise quand il a appris pour son accident.

Inspirant profondément, Noeh laisse s'apaiser une nouvelle crise de larmes avant de reprendre. Il se concentre sur elle, sur ce regard qu'il a eu peur de ne plus jamais croiser de toute sa vie, et il serre les dents une dernière fois avant de délier les lèvres. “T'es déjà partie une fois, et j'ai eu tellement mal quand tu me l'as dit que j'ai cru que j'allais jamais m'en remettre.Espèce de menteur, tu t'en es jamais remis.Mais ça, ce que t'as fais là, à me foutre la trouille de ma vie, bein ça a tout réveillé. Okay ?” Oui, c'était il y a longtemps. Oui, il s'est jamais excusé. Oui, il a le sentiment d'être retourné huit en arrière depuis quelques jours. Et encore, c'est pire qu'il y a huit ans. Ça l'oppresse, cette simple idée qu'elle ait manqué passer dans un autre monde sans lui, sans qu'il ait l'occasion de la serrer une dernière fois contre lui, d'apercevoir son sourire et de croiser son regard pétillant de vie. Là, il était pas question d'une fac ou de mener la belle vie à des centaines de kilomètres de lui, d'eux, là, c'est la vie et la mort qui avaient menacé de les séparer. C'est pas rien. C'est foutrement pas rien. “Voilà.” Noeh acquiesce dans le vide. Il est un peu secoué par tout ce qu'il vient de balancer, alors il jette un petit regard embêté à Aspen avant de mettre la main sur l'un des sièges réservés aux visiteurs. Il s'en saisit de sa main valide, le dépose du côté opposé à celui où il s'était dirigé naturellement en arrivant, puis s'assoit. Et ses muscles, tous autant qu'ils sont, nerveux et douloureux, ne le remercieront jamais assez pour ce moment d'accalmie qu'il leur accorde. “J'suis là parce qu'on me l'a interdit, j'suis là parce que j'ai eu peur, j'suis là parce que j'ai encore peur et j'suis là parce que je préfère être à côté de toi qu'ailleurs. Ça te va comme explication ?”, qu'il achève en relevant le visage vers elle. Expiant un dernier soupir soulagé, le Callahan vient déposer ses coudes sur ses genoux, le faisant pencher légèrement en avant, vers le lit, avant qu'il ne fasse disparaître les dernières larmes qui commencent à sécher sur ses joues. “Je savais que la seule façon pour arrêter d'avoir mal c'était de venir te voir. J'pouvais plus rester chez moi à me demander comment t'allais. Fallait que je te vois. Ça s'explique pas”, qu'il termine dans un dernier souffle, après plusieurs secondes de silence, sans plus oser se confronter à ses grands yeux fatigués. Noeh n'a plus qu'à se passer une main sur le visage et attendre le moment où elle supportera plus de le voir ici. Et c'est ce qu'il fait, le dos un peu courbé et la mine défaite, il attend.


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MessageSujet: Re: I've found out a reason for me, to change who I used to be (noaspen)   I've found out a reason for me, to change who I used to be (noaspen) Icon_minitimeLun 9 Mai 2016 - 14:19


   

   
❝Said I wouldn't call but I've lost all control and I need you now.❞
   Noeh & Aspen


En temps normal, Aspen aurait probablement couper la parole à Noeh pour lui éviter de trop en dire. Leur pudeur réciproque les avait toujours empêché de s’ouvrir de trop , de s’épancher trop longuement sur leurs sentiments, à part peut être à l’apogée de leur relation, et encore, c’était plus souvent murmuré que dit à haute voix. En temps normal, elle aurait trouvé une réplique un peu cinglante, à la limite de la méchanceté mais pas tout à fait, pour le faire bisquer et détendre un peu l’atmosphère qui se faisait bien trop lourde. En temps normale, elle aurait surement fini par le frapper, lui enfoncer un index dans les cotes ou mit une petite tape derrière la tête en lui disant d’arrêter de chougner, qu’il avait plus huit ans nom de dieu. Sauf que ce n’était pas un temps normal, il n’y avait rien de normal dans cette situation et Aspen continuait de fixer le Callahan sans piper mot, tâchant tant bien que mal de comprendre son monologue, incertaine parfois qu’il ne se parlait pas à lui-même. Les médecins l’avaient prévenu qu’elle aurait du mal à se concentrer, à suivre le fil d’une conversation normalement plus de quelques minutes, surtout si elle était fatiguée, mais de toute évidence, Noeh, lui, n’avait pas été prévenu. Il continuait à parler, parler, parler, et les yeux à demi éteints de la rouquine naviguaient entre ses mains qui tremblaient, sa bouche qui se tordait de tics et de grimaces pendant son monologue et ses yeux. Enfin, non, pas vraiment ses yeux, elle fixait plutôt ses larmes, des larmes qui dévalaient ses joues sans discontinuer, et qu’il écrasait parfois rageusement d’un revers de manche. Dans sa semi léthargie, Aspen songea qu’il était beau même quand il pleurait, avant de se rendre compte qu’elle avait arrêté de l’écouter. Mince. Non, en fait, ça allait, il disait juste qu’il avait eu du mal à se faufiler jusqu’ici, et qu’on lui avait interdit d’entrer, parce qu’il était pas de la famille. Le cœur d’Aspen se serra un peu, de culpabilité sur tout, en plus de l’empathie qu’elle ressentait devant la détresse totalement démesurée à ses yeux de Noeh : à son réveil, la veille, les médecins lui avaient fait remplir une feuille avec les noms de toutes les personnes dont elle acceptait les visites en dehors de son frère, sa sœur et son père : c’était un dispositif normal dans les cas comme elle – comme elle, ça voulait dire les cas d’agression dans le langage policé des médecins- , pour éviter que des inopportuns se fassent passer pour des amis. C’était logique, enfin plus ou moins, et elle avait inscrit une dizaine de noms de gens susceptibles de venir la voir : Salomé bien sur, ça allait de soi, mais aussi Elspeth, Isobel, Graziella, Laura, Marius, Moira, Priam … Même si elle avait prévenu ce dernier de ne pas venir aux horaires où son père risquait de se pointer, juste au cas où. Maintenant qu’il lui faisait la remarque, elle se rendait compte qu’elle n’avait pas noté le nom du second Callahan sur la liste. Un acte manqué surement, témoignant de la résignation d’Aspen à voir Noeh s’éloigner inexorablement d’elle pour ne devenir qu’un point indistinct du fin fond de son passé. Le jumeau de sa meilleure amie. C’est tout. Certainement pas quelqu’un qui viendrait à son chevet.

- … Ben t’as quand même fini par réussir à rentrer …

Sa voix était enrouée, chaque mot lui écorchant la gorge malgré toute la bonne volonté du monde. Elle n’était même pas sure de ce qu’elle devait répondre à Noeh, si elle devait l’éclairer sur toutes ses interrogations ou pas. Il avait l’air tellement, tellement tourmenté que lui annoncer de but en blanc qu’elle avait été agressée par une tueuse de hunter qui lui avait inoculé un poison mortel ne lui paraissait pas être une bonne idée. Il savait surement qu’elle chassait encore, mais ils n’en avaient jamais vraiment reparlé, comme si la violence dont été capable la jeune architecte était un tabou à ne pas évoquer, sous aucun prétexte. Pourtant, c’était la vérité, cruelle, implacable : Aspen était une chasseuse, et c’était pour ça que Rhaena avait décidé d’écourter sa vie au plus stricte nécessaire. Aspen était une chasseuse, et talentueuse avec ça, et c’était surement pour ça qu’elle était dans un lit d’hôpital, et pas dans sur une table d’autopsie, deux étages en dessous. La main de Noeh lâcha la sienne et cela tira Aspen de ses réflexions ouateuses, son menton tremblant sous l’effort d’avoir à relever la tête vers ce grand dadet qui s’agitait un peu plus. Elle devait surement avoir l’air au bord des larmes, elle aussi. Ses yeux papillonnaient sous le poids de la fatigue, mais elle les gardait ouverts, silencieuse : si elle fermait les yeux trop longtemps, elle prenait le risque qu’il ne soit plus là quand elle les rouvrirait. Elle devrait s’en foutre, mais ce n’était pas le cas, alors qu’elle se raccrochait au son de sa voix et à quelques mots pour rester consciente. « horrible », « plus là », « perdue »… ça pour être perdue, elle l’était, plutôt deux fois qu’une. Elle se serait bien mis des baffes pour se réveiller un peu, mais ses mains étaient plus lourdes que du plomb, et elle avait un mal de chien à les soulever. C’était frustrant, d’avoir un cerveau en peine et un corps en panne. Elle ne pouvait que subir, subir le flot incessant de paroles de Noeh, sans en comprendre le but, sans en comprendre la finalité. Il souffrait, oui, bien sur, mais elle avait du mal à envisager qu’il avait craint sincèrement de la perdre. Pour la perdre, il aurait fallu qu’elle soit à lui, d’une manière ou d’une autre. Or, il le lui avait très bien fait comprendre, plus d’une fois, elle n’était plus rien. Même pas une amie. Alors pourquoi il s’en voulait comme ça ? Etait-ce une sorte de pieuse culpabilité, d’avoir simplement été Méchant avec elle si souvent ses derniers temps ? Il n’avait pas besoin de s’affliger comme ça… Surtout si ce n’était que pour alléger sa propre conscience…

- Je … Suis vivante… Alors pas besoin d’y penser …

C’était qu’elle avait le cuir épais. Même pas une fracture, juste cette saloperie dans son organisme à évacuer à grand renfort de perfusions et de liquides écœurants à boire toute la journée. Elle serait sortie rapidement, devrait s’imposer un peu de repos, et tout redeviendrait normal. A part qu’elle n’avait plus d’appartement. Qu’elle était en haut de la liste des cibles d’une tueuse en série. Et qu’il était possible que le poison ait attaqué certaines de ses terminaisons nerveuses. Mais ça, il était encore trop tôt pour le dire, apparemment. Elle fronça les sourcils –tiens, c’était pas trop dur à faire ça-, quand il lui annonce que c’est déjà la seconde fois qu’il craint de la voir partir. Elle n’a jamais vu la mort d’aussi près, alors de quoi parle t’il ? Elle ouvre la bouche, mais déjà il enchaine, parce qu’il a l’air d’en avoir des choses à dire, ce fichu Noeh qui est en silence radio depuis des semaines. Elle aurait du tomber dans le coma plus tôt tiens, elle aurait peut être eu les réponses à certaines questions à une époque, avant que tout cela n’ait plus vraiment d’importance pour elle, puisqu’il n’y avait plus rien à sauver. Elle soupire en le voyant se rasseoir, enfin, il lui filait le tournis à s’agiter comme ça, ça l’oppressait un peu même, tant de mouvement alors qu’elle-même ne pouvait en faire que si peu. Elle grimaça ce qui devait être un sourire sans enthousiasme. Elle n’avait pas le courage de se disputer, de toute façon.

- Ça… Me va…

Elle avait réussi à se montrer plus loquace la veille avec Lorcan, mais il fallait dire que la présence de son jumeau lui avait donné une énergie peu commune aux gens dans son état. P’t’être qu’il avait réchauffé son sang, l’avait rendu plus performant, elle savait pas, mais elle s’était sentie mieux. Maintenant, elle se sentait juste lasse. Et dans l’incompréhension de ce que Noeh voulait d’elle. Son pardon ? Une extrême onction, avant qu’il ne retourne à sa nouvelle vie normale ? Sa nouvelle vie sans elle ? Dans un effort surhumain, elle se redressa un peu pour se retrouver presque assise, alors que tout son corps lui hurlait que non, vraiment, c’était pas la meilleure des idées. Mais parler en étant totalement allongée comme ça, c’était vraiment trop bizarre. Une nouvelle grimace, plusieurs battements de cils, avant qu’elle ne marmonne doucement :

- … Tu peux me donner mon verre d’eau s’il te plait ? J’ai soif…

Elle but précautionneusement à la paille le liquide chargé d’électrolytes et d’autres médicaments infects, avant de reprendre doucement :

- T’as plus du tout ta béquille … C’est super …

Elle ne voulait pas parler d’elle. Sa situation, ses bleus, ses cernes, ses joues creuses et tous ses bidules connectés à son corps parlaient d’eux même. Elle était bien amochée alors que Noeh se réparait enfin. Si ce n’était pas le cercle de la vie, tout ça …Alors elle le complimentait, comme elle aurait pu le faire avant, avant qu’il ne passe son temps à étouffer sa bonne volonté dans un silence pesant et des répliques blessantes. Alors ils allaient causé un peu et, quand il serait  rassuré, il pourrait rentrer tranquillement chez lui retrouver sa petite amie, et elle se rendormirait dans les bips de ses machines en s’injectant un peu plus de drogues dans les veines, jusqu’à demain . Elle ne voulait pas parler d’elle parce qu’il n’y avait rien à en dire. Pas à lui. Plus à lui.


 
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Noeh Callahan
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MessageSujet: Re: I've found out a reason for me, to change who I used to be (noaspen)   I've found out a reason for me, to change who I used to be (noaspen) Icon_minitimeMer 11 Mai 2016 - 2:15

C'est facile à dire, de pas y penser. C'est facile à dire qu'elle accepte tout ce qu'il vient de dire sans plus de conviction. Le cœur de Noeh se serre un peu, quand il entend ces réponses si brèves et pourtant si lourdes de sens, premières conséquences sans doute et de la fatigue d'Aspen et du fait qu'elle n'a peut-être pas envie de lui parler. Sauf que le Callahan est buté, depuis toujours, et il n'a pas envie de partir. Il impose sa présence presque sans honte, alors qu'il sait qu'il n'a pas sa place entre les quatre murs de cette chambre. Il ne la mérite pas, aucunement, quand on sait qu'il a été capable de lui balancer les pires horreurs et de s'énerver contre elle alors qu'elle n'avait rien fait. Strictement rien fait. Ce n'est qu'avec le recul que Noeh en a pris conscience, au même moment où il a réalisé qu'il n'avait été guidé que par cette impulsivité qui lui colle à la peau. Il faut toujours que ce qu'il pense passe ses lèvres brusquement. Il faut toujours qu'il fasse ce que son esprit lui ordonne d'exécuter, sans plus se poser de questions, parfois. C'en est sans doute maladif. Ensuite, il ramasse les peaux cassés. Il ne les répare pas, presque jamais, ne sachant pas faire et donnant l'illusion, même, qu'il est bien meilleur pour les piétiner un peu plus, pour que jamais tous les morceaux éparpillés ne puissent être recollés. Du grand, de l'immense, du gigantesque Noeh. Mais au fond, tout au fond, il ose penser qu'il mérite quand même d'être là. Parce qu'Aspen possède dans son cœur et dans son esprit cette place que personne ne peut prendre, malgré ses efforts pour l'oublier. Il s'était promis de la laisser vivre sa vie, de ne plus en faire partie, ou à peine, pour ne pas l'affecter de son lamentable état, mais il a fallu qu'il déconne à la fête des fondateurs, et il a fallu qu'il recommence après avoir appris pour la mutation de Sam. Mais qui pouvait-il aller voir d'autre ? Si Aspen est celle qui peut être à la hauteur de ses attaques depuis toujours, simplement moqueuses ou véritablement blessantes, plus avec les autres qu'avec elle au départ, elle est aussi la seule capable de l'apaiser. C'est pour ça qu'il est venu la voir, avec son esprit embrumé par l'alcool et l'esprit tourmenté : parce qu'Aspen est ce phare au milieu de la nuit qui ramène le petit bateau Noeh à bon port. Ou ramenait, il y a encore pas si longtemps.

Si elle avait vraiment été « vivante », comme elle le dit, elle l'aurait peut-être poussé hors de cette chambre. Et là, il aurait compris. Là, il l'aurait reconnue, sa Aspen qui ne prend pas de pincettes et qui le pousse à bout quoi qu'elle fasse. La fille qui se trouve dans ce lit, ça n'est pas Aspen. Pas tout à fait. C'est tout ce que Noeh peut se dire pour essayer de se rassurer un peu. C'est tout ce qu'il se dit parce qu'il n'arrive pas à se faire à l'idée qu'elle puisse être affaiblie, par quoi que ce soit, la jeune femme étant ce modèle de force et de combativité qui l'a toujours impressionné. Même avant qu'ils ne se mettent ensemble, adolescents ; c'est juste qu'il ne lui aurait jamais dit, pour ne pas se l'entendre répété et répété durant des mois après l'aveu. Malheureusement, aujourd'hui, cette image est sérieusement entachée par ce qui lui est arrivée et Noeh aimerait être capable de faire quelque chose. N'importe quoi, rien que pour redonner un peu de vigueur à ce sourire douloureux qu'elle lui adresse. Il n'arrive même pas à confronter cette mimique plus longtemps, détournant son regard encore rougi sur le côté. Sa demande le fait se lever sans qu'il n'ait le temps d'y réfléchir. “Oui, bien sûr...”, qu'il répond, peut-être avec une pointe d'enthousiasme en trop, car soulagé de pouvoir l'aider un peu à aller mieux, à son niveau, à sa toute petite échelle d'impuissance. “Tiens.” Noeh soutient le verre de sa main valide le temps qu'Aspen en ait assez, et il en profite pour la regarder, tatouer une nouvelle fois les traits de ce visage qu'il connaît pourtant par cœur.

Une fois le verre reposé sur la table à côté du lit, un bref sourire pare les lèvres d jeune Callahan. “Ouais.” Jetant un coup d'oeil à ses jambes, il se rassoit sur sa chaise en poursuivant : “Les médecins ont dit qu'il était temps que je m'en sépare, la semaine dernière. Normalement elle va rester dans le placard où je l'ai mise pour un bon moment.” Passant sa paume gauche sur sa jambe encore un peu blessée par son accident, afin d'éviter qu'elle ne se mette à trop trembloter de façon incontrôlable, Noeh songe à ce qui ne peut se voir comme ça mais qui témoigne aussi de ses progrès les plus récents. Ce n'est peut-être rien, rien du tout même, mais puisqu'elle parle de cette jambe qui a concédé à se débrouiller de nouveau seule, pourquoi ne pas parler de ce renouveau initié début juillet ? “Je... J'ai repris le piano aussi. Depuis un mois environ.” Noeh aimerait pouvoir parler de toutes ces sensations au niveau de son autre main qui ont commencé à se réveiller. Il aimerait aussi lui dire qu'il songe à recommencer à composer un jour, peut-être. Et il aimerait même qu'ils puissent se lancer dans une longue et grande discussion au sujet de leurs deux instruments préférés... mais le bruit incessant du moniteur de l'autre côté du lit d'hôpital rappelle Noeh à l'ordre. Et, comme si c'était la toute première fois qu'il les voyait, il remarque à nouveau les différents liquides qui s'immiscent dans ses veines grâce aux intraveineuses. Il y en a beaucoup. Il se souvient du jour où il avait essayé d'arracher les aiguilles de ses bras blafards, une dizaine de jours après son réveil. Il ne pouvait pas encore se lever, à ce moment-là, et il n'avait plus réussi à supporter tous ces trucs qui l'empêchaient de faire le moindre mouvement. La torture avait été grande pour lui, alors qu'en temps normal il n'était pas le plus nerveux ou le plus actif qu'on puisse connaître, alors Noeh se doute que cette immobilité forcée inflige à Aspen une torture supplémentaire. Il n'en dit pas mot, préférant reporter son attention sur les traits de son visage qui sont tournés dans sa direction, tandis qu'un léger silence vient de s'installer entre eux.

Quand il croise son regard, il est prêt à se perdre dedans. La respiration toujours un peu secouée par toutes les choses qu'il a pu dire juste avant, le Callahan l'observe sans rien dire. Il la regarde, la contemple, détaille les moindres traits de son visage fatigué et cherche même à savoir s'il a manqué quelque chose, depuis la dernière fois. Si on devait compter le nombre de fois où Noeh a regardé Aspen comme ça, le chiffre serait bien trop important. Il a toujours fait ça. En gardant le silence, la plupart du temps, pour ne pas troubler ce qu'il pouvait voir ; Aspen endormie, Aspen pensive, Aspen énervée, Aspen amusée. Ce soir, c'est différent. Le Callahan le ressent à cette lueur dans le creux de ses prunelles, d'habitude si évidente à percevoir, qui n'apparaît plus du tout à cet instant précis. Plus il cherche, plus les secondes s'écoulent sans qu'il ne parvienne à mettre la main dessus. Mais qu'est-ce qu'il s'est passé ?Aspen...”, qu'il l'interpelle dans un murmure doux. Fini les larmes, il promet d'essayer de ne plus pleurer à présent, mais il a besoin de savoir. Il veut savoir. Il est prêt à tout entendre. Même un mensonge si elle en a envie. Mais il veut juste entendre encore un peu sa voix, et quelque chose pour le rassurer. Même s'il sait qu'il n'y arrivera pas, Noeh se dit qu'il n'y a que de cette façon qu'il pourra se dire qu'elle ne risque plus rien. Se levant de son siège, sa main vient encercler l'un des barreaux blancs du lit d'hôpital. Il hésite, ouvrant la bouche avant de la refermer aussi sec, tandis que son regard la fixe de trop pour qu'il puisse ne serait-ce qu'espérer jouer les mecs détachés. S'il avait réussi à le faire sur le toit du lycée, lors de cet anniversaire qu'il avait foutu en l'air, rien n'était plus pareil à présent. La peur a secoué Noeh au point de sentir les petites fêlures qui parent son armure face au reste du monde se fissurer petit à petit. Ce soir, il n'y a que le Noeh blessé qui s'adresse à Aspen, un Noeh qui regrette ce qu'il a fait, tout comme sa jumelle le lui avait prédit il y a de ça deux mois à peine.

Écoute, même si tu me...”, qu'il tente de reprendre, avant de soupeser ses mots. Est-ce qu'il peut présenter les choses sous cet angle. Après tout, il ne voit pas ce qu'elle pourrait éprouver d'autre à son égard qu'une rancœur et une colère toutes aussi tenaces l'une que l'autre. Il n'a eu de cesse de la blesser, car Noeh ne sait plus faire grand chose d'autre dans la vie, alors à sa place il n'aurait que ces deux sentiments forts en tête. Serrant les dents, l'ancien étudiant prend une certaine inspiration, histoire de gonfler ses poumons d'un air vital pour continuer à parler, avant de se lancer, sur le même ton un peu paumé et suppliant : “Même si tu me détestes, tu veux... Tu veux bien me dire ce qui s'est passé ?” Son regard émeraude soutient le sien pour ne pas défaillir. Il s'y raccroche comme si c'était la chose la plus précieuse qui puisse exister – et à cet instant précis, ce regard est la chose la plus précieuse pour Noeh. Il signifie qu'Aspen est peut-être encore là, quelque part, qu'elle va enfin se réveiller, réagir, partir d'ici, s'ériger contre ce qui lui est arrivée et ne pas regarder en arrière. Puis le Callahan a toujours eu un faible pour ces jolies iris couleur chocolat, capable d'exprimer la plus terrible des colères comme le plus adorable et touchant des bonheurs, alors il veut bien continuer à le regarder encore longtemps. “Qui t'a fait ça ?”, qu'il reformule, dans l'espoir d'obtenir plus de détails si sa question devient plus axée sur un potentiel coupable de toute cette situation.
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MessageSujet: Re: I've found out a reason for me, to change who I used to be (noaspen)   I've found out a reason for me, to change who I used to be (noaspen) Icon_minitimeMer 11 Mai 2016 - 13:30


   

   
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   Noeh & Aspen


Elle sent bien que ses réactions ne rassurent pas Noeh. Elle sent bien qu’elle devrait lui sourire, lui crier dessus, être volubile et faire du bruit, parce que ça lui prouverait qu’elle n’a pas changé et qu’elle est toujours la même. Seulement voilà, là, maintenant, tout de suite, elle n’en a pas la force. Elle l’aura surement dans quelques jours, après une cure de vitamines et de sommeil, mais actuellement elle a plus de psychotropes que de sang dans les veines, alors c’est déjà un miracle qu’elle arrive à aligner deux paroles sensées, alors que son esprit vagabonde d’idées en idées, avec le plus grand mal pour rester concentrée plus de dix secondes. Elle est totalement shootée, et elle n’y peut rien. Elle fait un effort, vraiment, promis, même si elle ne devrait probablement pas. Pas pour Noeh. Mais les médicaments sont tellement puissants que son caractère, lui, se ramollit, et qu’il n’y a plus vraiment de place pour la fierté ou pour le ressentiment. Il est là ? Très bien. Il ne serait pas là ? très bien aussi. En tout cas c’est ce qu’elle imagine, buvant encore un peu d’eau dans l’espoir que ça la réveille, que le nuage qui bouche son esprit se dissipe un peu, enfin. Courage ma grande, ça va passer, promis. D’ailleurs, elle se sent presque mieux. Dans quelques minutes, elle arrivera peut être même à réfléchir correctement. Presque. D’ici là, elle s’accroche aux paroles de Noeh comme à une bouée de sauvetage, totalement imperméable aux expressions de son visage. Elle est incapable d’y lire la douceur qu’il y met, la tendresse dans son regard, ni de voir le sourire presque timide sur ses lèvres, parce qu’elle ne le voit pas vraiment. Par contre, elle l’entend, et projette toute sa concentration sur ses phrases succinctes. Médecins. Semaine dernières. Un bon moment. Chaque wagon se raccorde péniblement au train de sa pensée, alors qu’elle hoche doucement la tête dans un murmure :

- C’est bien, c’est super ça… Bravo … Tu peux être fier de toi …

Elle serait surement fière de lui, une fois que l’idée aura fait son chemin dans son cerveau, d’ici quelques jours. Et puis elle se souviendra que ça n’a pas d’importance, au fond, parce qu’il en a probablement rien à foutre de ce qu’elle pense. C’est ce à quoi elle songe alors qu’il poursuit, plus bavard qu’il ne l’a jamais été ces deux dernières années. Quand il parle de piano, une lumière clignote dans le cerveau engourdi d’Aspen, allumant un éclat dans ses iris éteintes. Du piano. De la musique. Ça, ça déclenchait quelque chose en elle. Ça lui faisait… Plaisir ? Consciente que les mots de Noeh avaient le pouvoir de l’aider à se réveiller un peu, elle voulait qu’il continue d’en parler. C’était très bien, ça, le piano, la musique en général. Il ne pourrait pas se fâcher sur un sujet aussi neutre. Enfin elle espérait. Il fallait juste qu’elle choisisse ses questions avec précaution.

- Ça veut… dire… Que tu peux … bouger tes doigts à la main gauche ? Ou tu as repris … D’une main ?

Ça l’intéressait, oui, vraiment, d’ailleurs, ses paupières ne brulaient presque plus, elle arrivait à le regarder sans papillonner constamment. Il fallait qu’il enchaine, vite, avant que l’adrénaline ne se noie dans le reste du miasme des produits qui rushait dans ses veines et qu’elle se retrouve à nouveau totalement à plat. Elle le voit se lever et se rapprocher du lit, l’air tourmenté –tiens, maintenant, elle s’en rend un peu plus compte- , puis hésiter, un temps qui lui parait infini, avant d’enfin rouvrir la bouche. Bon sang Noeh, parle plus fort, si tu veux qu’elle t’entende et surtout, qu’elle te comprenne ! C’est quand même pas dur d’articuler et … Oh. Voilà pourquoi ça semblait lui arracher la bouche de préciser sa pensée. Aspen sembla se figer sur place, mais peut être pas pour la raison qu’imaginait Noeh.

- Je ne te déteste pas.

La phrase était sortie d’un trait, contrairement aux précédentes, alors qu’elle le fusillait du regard : comment osait-il être aussi hypocrite ? C’était lui qui l’avait ignoré pendant des moins, puis était revenu, puis était reparti. C’était lui qui l’avait envoyé bouler à la soirée qu’elle avait organisé exprès pour lui et Sam –non mais qu’elle idiote- quelques mois plus tot. C’était lui qui l’avait traité de tous les noms après le canular de Marius et maintenant, maintenant c’était elle qui le détestait ? Non mais elle aurait tout entendu. La maladresse de Noeh aura au moins eu un bienfait : elle semblait bien, bien plus réveillée maintenant. Rien de telle qu’une bouffée de colère pour reconnecter les neurones. Elle claqua la langue d’un air agacé, avant de détourner la tête pour regarder le mur devant elle. Il en voulait, de la culpabilité ? Il allait être servi.

- J’ai été empoisonnée par ma colocataire, qui était en réalité une tueuse de chasseurs. Apparemment, mon pedigree ne lui plaisait que très moyennement, et elle a décidé que le monde se porterait mieux avec une Wolstenholme en moins dessus. On s’est battu, elle s’est enfuie, mais les lames dont elle se servait étaient imbibées d’une substance à effet décalé qui a pour effet de paralyser un à un tous les muscles du corps, qui commencent par les plus gros, puis remonte jusqu’au cœur, ce qui entraine la mort. Sauf qu’elle a loupé son coup, puisqu’apparemment elle a déjà utilisé ce truc là sur d’autres victimes, et donc les médecins ont identifié la molécule plus vite. Ils m’ont endormi le temps que l’antidote soit préparé, et boum, me revoilà. On se débarrasse pas de moi aussi facilement, on a pas du lui donner l’info…. Enfin bref.

Elle avait réussi à s’exprimer d’un ton beaucoup plus Aspénien, mais s’était refusée à regarder Noeh dans les yeux pendant qu’elle racontait son histoire, ou plutôt ce qu’elle en avait déduit à force de demander aux médecins et à Isobel les détails de la dernière semaine. Elle finit par hausser les épaules, comme si le débat était à présent clos, avant de reprendre sur un sujet totalement différent. Hors de question qu’elle ait l’air de s’apitoyer sur sort : c’était une survivante, pas une victime :

- Tu as vu la demi tonne de fleurs et de cadeaux sur la commode ? A la fin, l’infirmière de l’accueil ne demandait plus pour qui elles étaient aux livreurs, elle indiquait directement ma chambre. Et y a du chocolat aussi. Plus que je pourrais en manger en une année je crois. Les gens sont dingues.


 
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Noeh Callahan
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MessageSujet: Re: I've found out a reason for me, to change who I used to be (noaspen)   I've found out a reason for me, to change who I used to be (noaspen) Icon_minitimeJeu 12 Mai 2016 - 17:03

Quand Noeh comprend que l'évocation du piano semble intriguer Aspen, le Callahan la revoie avec son violon dans les mains. Il réentend les mélodies qu'elle jouait autrefois, sans relâche, celles qu'il écoutait avec plaisir, les plus connues, et les autres qu'il découvrait toujours avec curiosité. Il aurait pu l'écouter des heures ; c'est dans ces moments-là qu'il était le plus calme, d'ailleurs. En dehors de ceux où il prenait place devant un piano. Grâce à Aspen, un autre instrument que le sien avait attiré son attention et élargi ses connaissances. Si ça avait été quelqu'un d'autre, ça n'aurait pas fonctionné. Noeh n'aurait pas partagé un lien aussi fort que celui qu'ils avaient pu tisser autour de la musique, en partie parce qu'il n'y a que la jeune femme qui a la même vision des choses à ce sujet. Elle est tel son égal, sauf qu'à la place d'appuyer sur les touches d'un piano, elle frotte les cordes les unes contre les autres. Sa question parvient à éclairer un peu le regard de Noeh, avant qu'il ne se lève et se rapproche du lit, et il hésite peu (par crainte de faire divaguer la discussion sur lui plutôt qu'elle) avant d'y répondre. “Pour l'instant, j'ai juste repris d'une main, oui. Je continue les exercices de rééducation avec l'autre mais je sens qu'elle réagit quand je joue. Elle tremble un peu ou me fait mal, en général. Je sais pas si c'est possible mais j'ai l'impression que la musique l'éveille un peu...” Le Callahan observe ses deux mains, les tourne et les retourne ; l'une est ouverte, vive, l'autre est encore crispée, apeurée. Cette vision, il ne la contemplera peut-être plus, un jour. C'est vraiment tout ce qu'il désire. Alors sans doute que cet espoir futile de la voir bouger quand il joue de la main gauche n'est là que pour lui remonter le moral, d'une certaine façon. “Je dois me faire des idées”, qu'il souffle avec toujours ce même sourire, doux, un peu las à présent, de sentir qu'il en attend trop de cette main alors qu'elle n'est toujours pas prête à aller de l'avant, tandis que ses épaules se haussent mollement.

Ses yeux sont encore un peu humides, mais Noeh est désormais debout, à côté d'elle, de ce lit d'hôpital triste à en mourir, et ces derniers continuent d'observer Aspen même lorsqu'elle tourne la tête. Pour une première réponse franche, c'en est une. Et même si elle surprend le visiteur du soir, dans le sens où il ne comprend pas comment elle peut affirmer aussi catégoriquement ne pas le détester, après tout ce qu'il a fait, elle ne l'étonne pas. Au contraire, sa réponse a le don de faire pulser un battement nouveau au creux de son cœur, jusqu'à ce que le bref soulagement ne se disperse dans tout son être. Il la reconnaît un peu mieux, un peu plus, quand elle se montre aussi affirmée. Toutefois, la suite ne permet toujours pas à Noeh de sourire – ni de continuer à s’enthousiasmer de ce regain d'énergie. Les mots s'écroulent un à un sur le moment, tant, que le pianiste sent le poids qui s'était évaporé de ses épaules après avoir lâché la plupart des choses qu'il avait sur le cœur se reconstruire pièce par pièce. Aspen évoque sa colocataire, elle évoque les chasseurs, elle évoque un combat, le poison, la mort proche, le sommeil, l'antidote. Et après tout ça, Noeh arrive à peine à ouvrir la bouche. Il n'a pas le temps, même, de plus réagir que la jeune femme parle des bouquets et des chocolats qu'elle a reçus, ce qui fait tourner la tête au Callahan. Arrêter de la regarder, de détailler ses traits et ses expressions, juste deux secondes, ça lui fait mal autant que ça le soulage. Il se perd dans l'observation des cadeaux, au fond de la chambre d'hôpital, sur la petite table collée contre le mur blanc, alors que ses pensées sadiques et insensibles s'amusent à inventer cet affrontement qu'Aspen vient de conter. Il n'y a pas assisté mais l'apprendre comme ça, d'un coup, ça l'affecte comme jamais. Cependant, il l'a demandé. A présent, il sait. Et ajouter tous ces détails à l'état de la jolie rousse affole le cœur du Callahan.

Il acquiesce doucement à sa remarque sur les jolis bouquets, les cartes, les chocolats. “Ouais, dingues...”, qu'il confirme d'une voix blanche. Noeh est peut-être devenue encore plus baffard qu'a l'accoutumée, tout d'un coup, sans doute est-ce pour cela qu'il garde encore un peu le visage orienté vers cet ailleurs qu'Aspen ne peut pas remarquer depuis sa position. Sentant l'air se raréfier dans ses poumons, le pianiste s'efforce d'inspirer une grande quantité d'air avant de refaire entendre sa voix. “On choisit très mal nos collocs tous les deux.” Son humour à deux balles va rien arranger à toute cette situation, mais il a essayé sans le vouloir. C'est si vrai qu'il est impossible de trouver ça drôle. Ils ont chuté, tous les deux, ils sont tombés à cause de personnes qui leur voulaient du mal, en fin de compte, sans qu'ils n'en devinent rien avant que ça arrive. Ce constat fait plus mal au cœur qu'autre chose ; Aspen le méritait pas. Il sait qu'il se répète, depuis tout ce temps, mais elle méritait pas ce qui lui est arrivée. Noeh sait plus très bien ce qu'il a pu faire pour qu'Adriel se mette en tête de le détruire, peut-être une blague aussi foireuse que celle qu'il vient d'esquisser ou une remarque incisive sur sa personne, il ne s'en souvient plus, mais peut-être qu'il le méritait, au fond. Pas Aspen. Aux yeux du Callahan, elle est intouchable et personne ne peut lui faire du mal de la sorte. Lui-même s'est traité d'idiot à chaque fois qu'il lui en a fait. Et il continuera à le regretter jusqu'au bout.

Je suis désolé.” Noeh balance ça avec une sincérité qu'on ne lui reconnaît plus depuis longtemps. Dès qu'il a enfin accordé à nouveau toute son attention à la jeune femme, que son regard n'a peut-être pas croisé le sien mais s'est échoué sur ses traits blêmes, il a lâché ces trois petits mots venus tout droit du cœur. Il sait pas s'il sera pris au sérieux, mais lui sait que c'est vrai. Reposant une seconde le regard sur les chocolats au loin, il se souvient que dans la poche de sa veste se trouve un petit paquet de bonbons acheté au distributeur de la salle d'attente de O'Doherty, une heure plus tôt. Il savait pas quoi faire pour se changer les idées, pour penser un peu à autre chose avant d'entrer en scène et de faire le chemin jusqu'à cet étage et cette chambre interdite, quand il avait aperçu les bonbons derrière la vitre. Des petits trucs roses et à la fraise. C'est tout con mais il a pas mis cent ans à se lever. Il restait que deux paquets, il suffisait donc qu'une personne minimum et surtout mal intentionnée remarque son intérêt pour ces bonbons en passant dans le couloir, et il pouvait les oublier. Par rapport aux boîtes de chocolats et aux fleurs, le seul minuscule cadeau qu'il a apporté est ridicule, voire honteux. Il se met à regretter de le sortir dès que le paquet n'est plus masqué dans sa poche, mais tant pis. Il est trop tard pour reculer, et elle peut juste considérer ça comme un clin d'oeil. Tu vois, il y a des choses que j'oublie pas. “Moi je... j'ai ça mais elles sont peut-être un peu écrasées. Puis tu dois pas encore pouvoir en manger...” Serrant légèrement les dents, Noeh pose son maigre butin sur le drap blanc du lit, sans réussir à relever son regard d'enfant triste dans celui de la ravissante malade. L'une des mains de cette dernière n'est pas loin, mais le Callahan résiste à l'envie de s'en saisir comme il a pu le faire en arrivant plus tôt.

Non, à la place, il se dit qu'il peut peut-être essayer de prouver que ce soir, il ne veut pas s'énerver ou de céder à la panique comme il l'a fait juste avant. Ses yeux s'embrument juste de larmes, par moment, mais ils ne pleurent plus. Noeh prend sur lui pour ne pas montrer qu'à l'intérieur, une partie de son monde s'est écroulée quand il a reçu le coup de téléphone, et il s'ordonne à lui-même de continuer dans cette voie. Mais aussi de se dépêcher, parce que les secondes qu'ils ont tous les deux sont comptées ; dans peu de temps, on viendra le sortir d'ici, peut-être, et Aspen ne voudra peut-être pas le voir avant longtemps. Si ce n'est plus jamais. “Moi je me déteste”, qu'il affirme à son tour. Il se hait pour tous ses mauvais choix, et pour ces idées à la con de penser que se séparer des autres pour leur permettre d'avancer, ça serait mieux. Parce que Noeh a jamais été vraiment capable de les laisser s'en aller. Au final, il était toujours et encore là, à leurs côtés, même si ça s'est rarement bien terminé. Inspirant doucement, son visage se redresse pour s'orienter vers celui de la Wolstenholme. “J'aurais jamais dû revenir en avril parce que c'était pas le moment. Je voulais attendre d'aller mieux. Je voulais vraiment attendre d'aller mieux. Je voulais essayer de faire les choses bien plutôt que de recommencer la même connerie qu'à la fête des fondateurs et de m'en prendre à vous. Mais j'ai craqué. J'ai craqué parce que la seule qui a toujours su me rassurer, c'est toi, alors j'ai pas réussi à faire demi-tour ce soir-là. Je pensais qu'à te voir.” Aussi ne pensait-il qu'à être le pire des égoïstes. Noeh espère sincèrement qu'Aspen le croit, ou est en mesure de le croire, rien qu'un tout petit peu. Toutes ces choses, il aurait dû les avouer dès le début, dès le lendemain même, plutôt que de partir comme un voleur sans lui souffler un au revoir. Mais l'ex-étudiant agit toujours avant de réfléchir ou de se poser les bonnes questions. Toujours. D'où tous ces problèmes et ces reproches qui lui sont faits depuis l'enfance, mais qu'il n'avait pas réussi à écouter jusqu'à récemment.

Je suis désolé, Aspen, pour ça mais aussi pour l'anniversaire et pour pas t'avoir soutenue quand il le fallait.” Quand ils étaient plus jeunes, surtout. Noeh y revient beaucoup, ce soir, à ce moment où leurs chemins se sont séparés par sa seule faute, et par sa hantise de voir d'imaginer Aspen loin de lui durant des mois entiers, mais c'est parce qu'il n'a – ils n'ont – jamais pris le temps de revenir dessus. Et il sait qu'une grande partie de toute cette colère qu'il peut ressentir à l'égard des autres, sans doute celle qui a motivé le choix d'Adriel sur sa personne à son arrivée à l'université, elle vient de là. Elle est toujours venue de là. “Avant qu'Adriel décide de s'en mêler, je me... Je me souviens qu'on était repartis sur de bonnes bases.” Ils avaient recommencé à se parler. A cette époque, Noeh n'avait pas encore réussi à lui demander pardon mais il sentait que s'ils avaient continué à se voir et à se parler, il y serait arrivé. Seulement tout est parti en fumée. Tout s'est cassé la gueule par sa faute, par sa mauvaise rencontre, encore. “La seule chose que je voulais c'était retrouver ça.” D'où le silence radio, d'où l'absence, d'où le nouveau départ, d'où l'éloignement soudain. D'où toutes ces conneries qu'il a pu lui balancer alors qu'il ne pouvait s'en prendre qu'à lui d'avoir rompu ce contrat passé avec lui-même. Rester loin d'Aspen le temps d'être réparé, le temps d'oublier. Aspen, elle n'a jamais rien fait. Aspen, elle ne s'est retrouvée que dommage collatéral de tout ce bordel dans son esprit et Noeh s'en veut. “Te voir dans cet état ça me fait réaliser qu'il y a des trucs que j'aurais dû te dire depuis longtemps. Et aussi que j'aimerais que tu restes en vie le temps que j'arrive à te dire tout le reste.


Dernière édition par Noeh Callahan le Ven 13 Mai 2016 - 16:29, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: I've found out a reason for me, to change who I used to be (noaspen)   I've found out a reason for me, to change who I used to be (noaspen) Icon_minitimeJeu 12 Mai 2016 - 21:36


   

   
❝Said I wouldn't call but I've lost all control and I need you now.❞
   Noeh & Aspen


Que Noeh ait repris la musique était une excellente chose, de l’avis d’Aspen : s’il avait envie de se rapprocher d’un piano, c’était qu’un énième blocage s’était déverrouillée dans son cerveau, et qu’il se sentait prêt à s’ouvrir à quelque chose à nouveau, quelque chose qui le rendait heureux. Décidément, il en avait fait du chemin, depuis quelques mois, et c’était surement grace aux efforts de son … Nouvel entourage. Elle acquiesça à ses dires tranquillement, se sentant obligée de surenchérir un peu, qu’il ne se sente pas trop seul dans leur étrange échange :

- Ça doit faire du bien, je n’en doute pas … Il n’y a pas très longtemps, j’ai eu l’occasion de jouer du violon avec une concertiste de renommée internationale, une fille qui a joué un peu partout dans le monde … C’était assez dingue comme moment, surtout qu’à la base j’étais juste sensée aller voir des amis, et au final … Concerto dans un salon .

Oui, bon, un ami normalement, et cet ami, c’était Marius, mais elle n’était pas obligée de lui préciser. Pas besoin de lui dire non plus qu’il avait en partie ruiné cette superbe soirée avec ses messages odieux non plus. Elle baissa les yeux vers la main encore raide de Noeh : il ne la cachait plus, et c’était bien plus significatif qu’il ne voulait bien le prétendre.

- Ça va revenir, tu verras, ça va finir par revenir …

Qu’elle murmure gentiment. Il faut qu’elle soit gentille, et en même temps ce n’est pas dur, elle n’a pas vraiment assez d’énergie pour se facher vraiment. Et puis, l’instant est tellement improbable, tellement hors du temps, que ça ne servait à rien de tout casser. Elle reste silencieuse un moment après lui avoir craché tout le morceau sur les raisons de sa présence à l’hopital, un silence qui lui fait un peu de bien : C’est que c’’est éprouvant, tout ça, et qu’il y a tellement de questions à laquelle elle n’a pas encore de réponses. Elle ne sait même pas où elle va vivre, une fois sortie de l’hopital. Elle n’a pas envie d’embêter Isobel en squattant chez elle encore des semaines. Chez son père … Considérant la tension entre lui et Lorcan – quel euphémisme- elle n’en avait pas trop envie. Il y avait bien l’option d’aller vivre chez son frère, mais son appart était surement trop petit pour eux deux, et surtout, elle n’avait pas envie d’être un poids pour lui non plus. Enfin, elle n’était pas encore dehors, alors elle aurait surement le temps de voir un peu venir. La remarque de Noeh lui tira un rictus, entre le sourire et la grimace douloureuse : ça, il pouvait le dire …

- Ça doit être ça quand on a un instinct en carton …

Parce qu’il fallait l’avouer, ces derniers temps, elle était tombée de surprises en désillusions comme on dégringole du haut d’un escalier : d’abord il y avait eu la découverte de la mutation de Lorcan, puis celle de la relation entre Noeh et Pietra, et puis la mutation de Priam, et c’était terminé en apothéose avec la découverte de la nature meurtrière de sa colloc depuis plus de deux ans. Elle n’avait absolument rien vu venir, à aucun moment, alors parfois elle doutait même de sa propre intelligence, pour s’être faite menée par le bout du nez tout ce temps. Pour une obsédée du contrôle comme elle, c’était tout de même un peu perturbant. Il allait falloir qu’elle lâche du lest, un peu, si elle voulait ne pas devenir totalement dingue.

- T’as pas à l’être. Je suis pas morte, j’suis à peine abimée. Dans deux mois on en parlera même plus.

Elle se tortilla un peu, autant qu’elle en était physiquement capable, pour voir ce qu’il venait de déposer sur ses draps, au niveau de ses jambes encore trop raides pour se plier. Des bonbons roses, des fraises Tagadas, un tout petit paquet, comme on en trouve dans les distributeurs de l’hopital. Ça la fit sourire, à nouveau. Elle n’en avait pas mangé depuis … Le soir avec Marius et Moira, et elle n’avait rien mangé de sucré depuis presque une semaine. Non, la compote dégueu de son plateau repas ne comptait pas. Elle tendit une main tremblante pour en attraper une – son coude gémit sous l’effort-, alors qu’elle l’amenait à sa bouche pour l’enfourner sans plus de cérémonie :

- T’es dingue ? Ils me font diner à 18 heures ici, j’ai juste trop Faim … Pis à quoi ils me servent mes chocolats, si je peux même pas me lever pour les atteindre ? au moins tes fraises, je peux les attraper ! Merci.

Bon, les bonbons n’étaient pas toujours super faciles à mâcher, et surtout à déglutir avec ses muscles paresseux, Mais premièrement, c’était beaucoup trop bon, et ensuite, il avait l’air tellement gêné qu’elle n’avait pas envie qu’il ait l’impression qu’elle ne faisait la mauvaise tête. Elle attaquait son troisième bonbon quand Noeh enchainait, crescendo, comme si il avait absolument besoin de sortir tout ce qu’il avait sur le cœur avant de se faire virer par la sécurité de l’hopital. Elle garda le silence, tout du long, assimilant ce qu’il racontait à mesure qu’elle vidait son petit paquet de bonbons. Malgré la quantité d’informations libérée par la voix un peu rauque de Noeh, il n’y avait qu’une seule et unique question qui tournait, en boucle, sous sa chevelure rousse : Pourquoi, Pourquoi maintenant ? Pourquoi pas plus tôt, pourquoi pas jamais ? Parce que ses révélations ne lui faisaient surement pas du bien, à elle. C’était sa propre conscience qu’il soulageait, mais elle doutait sincèrement que cela change grand-chose à sa situation : elle avait passé des mois à espérer entendre ces mots, d’une manière ou d’une autre, et maintenant qu’il s’était enfin décidé, et bien … Il était trop tard. Il avait bien un, deux mois de retard sur le calendrier des révélations et des aveux plein d’émotion. C’est dommage, à une demi douzaine de semaines près, elle aurait absolument tout gober sans sourciller ou presque. Aujourd’hui, cela ne résonnait plus qu’à la manière d’une fable à ses oreilles, un truc qu’il racontait comme ça pour se faire plaisir et pour se pardonner à lui-même, probablement. Elle lécha le sucre sur son pouce, les yeux baissés, avant de ranger une mèche de cheveux derrière son oreille, mutique. C’était tellement … Tellement compliqué. Elle aurait aimé être en pleine possession de ses moyens, physiques et émotionnels, pour être capable de gérer tout ça comme elle en avait l’habitude. Mais elle devait faire avec les moyens du bord, alors…

- … Allez, viens là …

C’était surement le plus facile à faire, le plus efficace aussi pour ôter toute cette culpabilité des épaules de Noeh. Aspen avait tiré sur le passant du jean de Noeh sans force pour lui intimer de s’asseoir sur le bord du lit, puis leva ses bras dans un grognement étouffé pour serrer le Callahan contre elle. Elle ne pouvait pas l’étreindre trop fort, juste assez pour ne pas avoir le souffle coupé, alors qu’elle intimait déjà à son cœur de ne pas s’emballer alors qu’il n’y avait pas lieu de le faire : Ce câlin n’était rien d’autre qu’une autorisation de sa part à ce que Noeh se défasse de sa honte et de leur passé commun, qu’il fasse table rase de ses erreurs pour ne pas les commettre plus tard, avec d’autres personnes. Quand elle glissa ses doigts dans la nuque du jeune homme, il n’y avait pas vraiment la même tendresse qu’avant, un peu plus de retenue peut être, quelque chose de presque maternelle. Comme pour réconforter un enfant, pas l’homme que l’on aime.

- Tu es pardonné va. Pour tout.

Parce que c’était bien ce qu’il voulait, hein, qu’elle lui pardonne ? Alors elle le ferait, de bonne grâce malgré son cœur lourd, pour qu’il puisse enfin passer à autre chose une bonne fois pour toute. Il était déjà en bonne voie, et ce pardon serait le dernier lest qui l’empêchait encore de prendre de la hauteur et de s’envoler vers d’autres horizons, d’autres bras, sans un regard derrière. Elle resta un moment là, un peu raide, à se répéter inlassablement que c’était surement la dernière fois qu’elle le serrerait dans ses bras ainsi, ne pouvant s’empêcher de laisser couler quelques larmes que Noeh ne pourrait pas voir, dieu merci, avant de les chasser rapidement et de reculer un peu, se détachant de la grande carcasse de l’ancien amour de sa vie.

- Je, hum …Il faudra que tu remercies Pietra, enfin, pour les fleurs je veux dire. Son bouquet était le plus beau de tous ceux que j’ai reçu. Puis merci pour t’avoir fait venir ici, ça m’a fait plaisir de te voir …

Parce que c’était ça, la vérité, elle s’en doutait depuis qu’elle l’avait vu passer le pas de la porte, et en avait eu la confirmation alors qu’il s’était excusé de choses dont ils n’avaient pas abordé ensemble, ne serait ce qu’une fois. Avec Pietra en revanche, si. Elle ne savait pas trop qui avait pu lui dire qu’elle était hospitalisée, peut être Noeh lui-même d’ailleurs, mais le geste, ou plutôt les gestes de Pietra la touchait, d’une certaine manière. Le bouquet l’avait surprise, le mot qui allait avec l’avait fait sourire, et maintenant Noeh qui venait la voir … C’était vraiment un beau cadeau de la part de la mutante. Douloureux, mais beau… Enfin du moins le pensait elle…



 
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Noeh Callahan
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MessageSujet: Re: I've found out a reason for me, to change who I used to be (noaspen)   I've found out a reason for me, to change who I used to be (noaspen) Icon_minitimeVen 13 Mai 2016 - 0:26

Quand Noeh voit Aspen se saisir d'un bonbon, malgré la douleur qui se lit sur ses traits à cause du mouvement que ça lui demande, son regard se fait bienveillant, protecteur. Au moins, il est dingue, comme toutes les autres personnes qui lui ont amené des fleurs ou des chocolats, et c'est pas plus mal. Ça rend sa petite participation à l'édifice réelle et non imaginaire ou inférieure. En quelques sortes. Lorsqu'il sent son jean bouger, son visage s'abaisse au niveau de la main d'Aspen à l'origine du mouvement. Il ne comprend pas très bien, d'abord, jusqu'à voir ses bras graciles qui s'ouvrent et dans lesquels il ne se fait pas prier pour se caler. Alors qu'il s'apprête à l'étreindre à son tour, une petite voix le rappelle à l'ordre. Fais gaffe. Parce que Noeh est pas connu pour sa délicatesse, même s'il a toujours essayé d'y bosser pour s'améliorer, mais le résultat a toujours été le même : le Callahan est un nounours géant donc la mousse s'avère parfois n'être autre que des fils barbelés. Ses bras s'efforcent de ne pas presser le corps tout frêle de la Wolstenholme contre le sien, alors qu'il inspire son odeur qu'il arrive à reconnaître malgré la senteur si particulière de la chambre d'hôpital tout autour d'eux. Noeh, il aimerait se perdre dans cette étreinte. Il voudrait ne pas ressentir le manque dès qu'Aspen s'éloigne, il voudrait ne pas sentir ce moment s'évanouir comme tous les autres. Il ne veut pas qu'on l'oblige à oublier si vite. C'est trop tôt. Il n'est même pas prêt. Pourtant, c'est ce qui se passe, quand le Callahan sent la jeune femme s'éloigner et reprendre la parole. Et le constat reste le même tout en s'aggravant : il est pas prêt. Pas pour ça. La demande le percute de plein fouet, alors qu'il prend l'initiative de s'écarter un peu à son tour. Son regard la dévisage plus qu'il ne l'observe, dorénavant, et lorsqu'Aspen termine, Noeh est debout. Un pas difficile sur le côté, et il n'est plus sur le lit, avec elle, mais bien ailleurs, loin. Très loin de tout le reste. Il se repasse les dernières secondes en boucle sans réussir à s'arrêter. Aspen a dû comprendre que sa demande, elle trouve pas d'écho chez le pianiste. Il pige rien à ce qu'elle veut dire, où elle veut en venir, surtout quand il continue de la fixer avec des yeux plus alertes qu'il y a une quinzaine de minutes. Il doit avoir l'air d'assister en direct à l'accident d'Aspen, Noeh, ou alors à son propre accident. Et encore, quand il avait constaté ce dernier à travers le point de vue de Sam, il avait pas eu l'air si bousculé. Là, il est complètement à côté de la plaque. La Wolstenholme lui conte une histoire qu'il n'a jamais entendu auparavant et le trouble continue à s'insinuer dans ses veines alors qu'il arrive enfin à articuler un semblant de réponse à ça.

Les fleurs ?”, qu'il répète, l'air absent. C'est simple, on dirait qu'il a vu un fantôme. Un mix entre son pire cauchemar d'enfance et le souvenir d'Adriel, peut-être, quelque chose qui continue à faire disparaître chaque petit pigment supposé coloré sa peau albinos. Sous la faible lumière de la chambre d'hôpital, Noeh a des airs de mort-vivant. Peut-être est-ce parce qu'il vient de se transformer en l'un d'eux, sans s'en rendre compte, à l'entente de mots qui n'ont aucun sens dans son esprit. “Pietra t'a... elle t'a envoyé des fleurs ?” Il continue de réagir en décalé, alors que son regard vient enfin de se détacher d'Aspen. Le cadet Callahan observe les bouquets de fleurs. De loin, d'abord, avant de faire un minuscule pas sur le côté. Il y va sans y aller ; il s'en approche sans le faire. La réaction idéale lui manque, alors qu'il est partagé entre ne pas réagir, acquiescer à ce que la rousse vient de dire sans plus chercher d'explication, en mettant cette demande qui n'a ni queue ni tête sur le compte de la fatigue, jusqu'à ce qu'il secoue la tête. Dès que ses pensées s'entrechoquent les unes aux autres, elle ne donne qu'un résultat, qu'un seul ordre que Noeh exécute sans plus attendre. Il fait plusieurs pas de géant, se poste face aux bouquets, laisse son regard se promener sur eux pour de vrai. Cette fois-ci, il les inspecte vraiment, il voit des prénoms, des noms, des écritures, plusieurs fois, en repassant dans un sens puis dans l'autre, avant qu'une écriture n'attire son attention. Sa main valide s'approche de la carte, voit qu'elle est signée d'une autre personne, s'en détourne aussitôt. Et il remarque la carte suivante, apposée à côté d'un ravissant bouquet. Les deux phrases ne laissent aucune place au doute.

Comme si la carte venait de le brûler, Noeh la coince comme il peut au milieu des fleurs, faisant tomber quelques pétales au passage et courbant une ou deux tiges. Il s'en fout de ces plantes. Vraiment. Il les dégage même de son champ de vision en se retournant vers le lit, ou en tout cas vers le reste de la petite chambre. Poussant un soupir, le dernier de la famille Callahan dépose ses yeux sur le plafond blanc, inspire encore, expire à nouveau, cherche un point d'ancrage pour ne pas laisser libre-court à toutes ces questions qui le tourmentent soudain et surtout l'incompréhension qui le guette. Est-ce qu'il y a eu des indices de ce... cette amitié ? Est-ce que c'en est une ? Est-ce qu'il a droit de réagir comme ça ? Oui. Non.  “Okay, je...”  Il en a aucune idée. Comment il doit réagir au juste face à une telle annonce ? Pourquoi Pietra n'a rien dit ? Pourquoi elle n'a rien dit ? Est-ce qu'elle savait quand Aspen lui a offert le livre à son anniversaire ? Est-ce qu'elle a aussi rigolé pour ça ? Noeh avait peut-être pas toutes les cartes en main pour tout comprendre. Il se sent con. Puis il réalise qu'Aspen se plante, elle aussi. Il est pas le seul à tout voir de travers d'un coup, et elle c'est dix fois, cent fois, mille fois plus grave. Reportant son attention sur elle, l'ex-étudiant sent son cœur s'emballer pour la énième fois. Pas parce que c'est Aspen, pas parce qu'il peut la serrer contre lui, pas parce qu'il a aperçu un brin de sourire. Parce que comprendre qu'elle n'est plus capable de le croire, ça fait foutrement mal.

Tu crois que je suis venu parce qu'elle me l'a demandé ?”, que Noeh questionne d'une voix grave. Il la regarde, cette Aspen blessée et installée dans un lit d'hôpital, il se dit qu'elle peut pas lui dire ça après qu'il ait essayé d'arranger un peu les choses, enfin le pensait-il, pas.. “C'est vraiment ce que tu crois ?”, qu'il reprend d'un ton plus tranchant. Il s'était juré de plus s'énerver. Il s'était promis de plus jamais s'en prendre à Aspen, encore moins quand elle est dans un tel état. Mais ça, ça peut pas passer. Il peut laisser passer. Il peut pas prendre le risque qu'elle s'endorme avec une idée aussi folle dans la tête, parce que si Noeh est là ce soir, c'est pas à cause de Pietra, ça vient de lui. Tout ce qu'il a fait ces derniers jours juste pour espérer l'apercevoir au détour d'un couloir ou tous ces moments où... “Putain mais... mais t'as vraiment rien écouté, je...” Noeh secoue la tête, doucement, avant de jeter un dernier coup d'oeil au bouquet de Pietra. Il sait pas ce qui le retient de le balancer à travers la pièce. Juste pour se défouler, pour alléger un peu ce palpitant qui continue de battre à plein régime dans sa poitrine, à un rythme si infernal que ça lui fait mal physiquement. Et personne n'est là pour désamorcer cette bombe à retardement qui se façonne seule dans son organisme, même plus Aspen. “J'vais la remercier, ça, t'en fais pas, je vais le faire.” Une mimique moqueuse passe sur ses traits. “C'est vrai qu'elles sont belles ses fleurs, puis son p'tit mot est si touchant.” Un instant, Noeh balance d'un pied sur l'autre en se disant que ça ne sert à rien de s'énerver pour tout ça, ce sont que des conneries, Aspen est juste pas bien, elle peut pas penser une telle connerie, alors il doit juste mettre les choses au clair. Juste faire ça, et souffler un grand coup pour faire s'envoler au vent toute cette nervosité qui le démange soudain.

Sauf qu'il n'y arrive pas. Dès que son regard croise à nouveau celui d'Aspen, Noeh assimile ces prunelles fatiguées à deux poignards qui s'enfoncent dans sa chair pour atteindre son cœur en plein épicentre et ça le force pourtant à faire un nouveau pas en avant. Sa main gauche est venue serrer la droite dans un geste protecteur, quand il a ressenti dans un instant de répit infime cette dernière le faire souffrir. “J'me fous de savoir ce qui vous lie toutes les deux.” Qu'elle s'ancre ça dans le crâne, il en a rien à faire. Et s'il veut savoir quoi que ce soit, il a juste à demander à Pietra, c'est ça ? Il aura juste à poser franchement ses questions et il saura tout ce qu'il a besoin de savoir. Quand il pense qu'il a pas arrêté de lui répéter de faire gaffe alors qu'elle faisait amie-amie avec Aspen au final. Il comprend pas. Toute cette situation lui échappe et commence même à faire naître un mal de tête qui s’avérera sans doute fulgurant dans quelques minutes. En attendant, c'est pas encore qu'il pourra comprendre ce qui peut bien passer par la tête de Pietra. Lui qui pensait commencer à la comprendre vient de voir une grosse partie de l'estime qu'il peut avoir pour elle s'effondrer d'un coup. Mais elle n'est pas là pour lui expliquer, poser une main sur son épaule et lui présenter les choses clairement. En général, c'est tout ce dont a besoin l'ex-étudiant pour s'apaiser. Sauf que ce soir il est tout seul face à ça et qu'il est pas le meilleur pour gérer calmement les situations extrêmes. “Mais que tu puisses penser que je suis ici parce que, quoi, Pietra m'a supplié, selon toi ?”, qu'il balance avec dédain à l'attention d'Aspen, alors que son regard se gorge de quelques fines larmes qui viennent lui picoter les paupières. Acquiesçant doucement ses paroles, il poursuit en essayant de ne pas se départir de son ton incisif. Ce qui s'avère de plus en plus complexe, quand on comprend que Noeh est plus à fleur de peau qu'autre chose après ce qu'il a réussi à avouer un peu, ce soir, mais aussi ce soulagement, toujours le même, de constater que la Wolstenholme est toujours auprès d'eux.

Tu crois que tout ce que j'ai dit ça signifie rien ?” Le pianiste essaye de se mordre la joue, pour pas rouvrir la bouche, jusqu'au sang s'il le faut pour ne pas aggraver la situation, ou pour ne pas qu'Aspen se foute de sa gueule comme elle vient de le faire si subtilement. Il échoue, au bout d'un temps plus ou moins long, parce qu'il se dit que s'il doit la perdre ce soir, autant tout dire pour qu'elle détruise tout en bloc et l'empêche de sentir son cœur s'effriter sur la longueur. C'est à cet instant précis que Noeh Callahan réalise qu'il a vraiment foutu tout ce qu'ils avaient en l'air. Tout. Le début, le milieu, même la fin. Surtout la fin. “Tu crois que je ressens rien pour toi ?, qu'il crache tel du venin, en se remettant à faire un mouvement négatif de la tête. Puis il suit une pulsion qui lui arrache un cri rageur. “Merde !”, qu'il s'écrie, sa main valide revenant se saisir de la seconde pour l'empêcher de trembler après ce choc imprévu. Le barreau du lit n'a rien, lui. Quel putain de chanceux. Noeh a toujours eu la mauvaise habitude de trop s'écouter, ou au contraire pas assez. Il songe pas avant de réagir, encore moins quand il s'agit de se protéger de la plus petite douleur, physique ou morale. Et parfois, il lui prend l'idée de se faire du mal à lui, pour exulter ce trop plein de tout qui le ronge, plutôt que d'exploser. Peut-être qu'il aurait dû tester cette méthode depuis un bon petit moment, pour éviter d'en arrive là avec Lorcan, Sam, ou Aspen. Noeh, c'est qu'un grand gamin, qui ne peut supporter de voir le moindre truc lui échapper, qui n'a pas compris que la vie ne pouvait pas toujours être rose et qui ne ramasse aujourd'hui que les pots cassés d'une grande partie de son existence en se coupant au passage. En se creusant une entaille dans le cœur si profonde qu'il ne pourra et ne voudra jamais soigner, pour ne pas l'oublier, Elle. “J'en veux pas de ton pardon, j'en veux pas, parce que t'as pas cru un seul mot de tout ce que je viens de dire et tu préfères me mentir plutôt que de...” Noeh arrête de parler, brusquement, confrontant le regard d'Aspen sans plus se détourner. Un sourire, minuscule, presque invisible, à la fois triste et moqueur étire ses lèvres tandis qu'il s'autorise une dernière question, en espérant que la réponse puisse assez occuper son esprit pour ne plus sentir les décharges électriques qui vrillent sa main droite. “T'as la force de me dire ce que tu penses vraiment ou toujours pas ?


Dernière édition par Noeh Callahan le Ven 13 Mai 2016 - 16:29, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: I've found out a reason for me, to change who I used to be (noaspen)   I've found out a reason for me, to change who I used to be (noaspen) Icon_minitimeVen 13 Mai 2016 - 13:33


   

   
❝Said I wouldn't call but I've lost all control and I need you now.❞
   Noeh & Aspen


Aspen fut le témoin privilégié de la lente mais inexorable décomposition du visage de Noeh, quelque chose de tellement progressif et frappant qu’elle se serait imaginée observer une séquence en slow motion. Elle le vit reculer lentement, le regard vide, avant de se tourner vers la commode fleurie, puis à nouveau vers elle, et ensuite vers la commode, encore, les bras ballants, le teint se dépigmentant comme si tout son sang s’était désolidarisé de son visage pour le rende plus pâle que la mort. Pendant un instant, la rouquine craint qu’il ne tourne de l’œil, tellement ses gestes étaient erratiques.

- … Noeh ?

Il ne lui répond pas, s’avançant vers le monceau de présents à l’entrée de la pièce, observant chacun des bouquets, chacune des cartes sans la moindre expression sur le visage, machinalement, comme un robot. Elle leva la main pour l’interpeler, alors qu’il avait le bouquet si sophistiqué et délicat de Pietra dans les mains. Elle vit ses mâchoires se contracter, ostensiblement, et se ratatina un peu. Elle pensait qu’il savait. Qu’il était au courant. Enfin, elle s’imaginait que Pietra lui en aurait parlé, peut être, puisque ça s’était plutôt bien fini entre elles. Intelligemment, en tout cas, pas de cris, pas de feulements de chattes jalouses, pas de rabaissements mesquins. Elles s’étaient comportées en adultes, en tout cas du mieux que le pouvait Aspen dans ce genre de circonstances. Elle n’avait pas vraiment eu le choix. Mais que Pietra n’est rien dit à Noeh l’étonnait un peu, persuadée que ses deux là se disaient tout, puisqu’ils avaient l’air tellement … complices. Elle continuait de le fixer alors qu’il faisait ses allers retours, qu’il s’arrêtait, repartait, comme un système qui essaye de redémarrer en mode sans échec, en vain. Il avait l’air d’assimiler beaucoup trop de choses d’un coup, et de toute évidence, ce n’était pas le moment pour lui non plus. Quand enfin il reprit la parole, c’était pour s’adresser à elle plutôt que de marmonner dans sa barbe, la dardant d’un regard qu’elle ne connaissait que trop bien, et qui ne lui disait rien qui vaille.

- Et bien, je …

Mais il l’a coupa dans son élan, réitérant sa question d’un air plus mauvais encore, et elle n’eut d’autre chose que de se recroqueviller un peu contre son oreiller, alors que ses mains se mettaient à trembler sous le coup du stress et de l’appréhension. Les médicaments exacerbaient ses réactions et ses émotions, c’était d’ailleurs la raison pour laquelle les médecins lui avaient déconseillé de recevoir la moindre visite un peu stressante. C’était loupé.  Noeh avait démarré, pas au quart de tour comme à son habitude, mais maintenant qu’il était lancé, elle savait que plus rien ne l’arrêterait. Ce qu’elle ne savait pas en revanche, c’était quel avait été le facteur déclencheur d’une telle réaction, alors qu’il se balançait sur ses pieds, une main dans l’autre, le visage agité de tics nerveux. Elle sentait dans les trémolos de sa voix qu’il faisait tous les efforts du monde pour ne pas lui crier dessus, bien que sa voix passe d’une octave à l’autre en plein milieu d’une phrase, étranglée par l’émotion. Le problème, c’était qu’elle n’arrivait juste pas à saisir pourquoi il se mettait dans un état pareil. Elle grimaça d’un air contrit quand il lui balança qu’il ne manquerait pas de remercier Pietra, saisissant parfaitement l’ironie dans la tournure de sa phrase, avant qu’il ne poursuive sur son inintérêt totalement pour la nature de leur relation. Aspen n’avait pas vraiment de Lien avec Pietra, on ne pouvait même pas parler d’affinité véritable, c’était juste qu’elles… Qu’elles se comprenaient. Et qu’elles se ressemblaient aussi, beaucoup. Sur un tas de points. Ceci expliquait peut être cela, d’ailleurs. Elle releva la tête, un peu pour soutenir le regard dur de Noeh, alors qu’il réitérait sa question. Enfin, était ce vraiment une question, ou juste de la rhétorique ? Il connaissait apparemment déjà la réponse, puisqu’il persistait et signait à chaque phrase.

- Je n’ai jamais dit que ça ne signifiait rien enfin, juste que …

Une interruption, encore, et Aspen avait l’impression que son cœur allait exploser, totalement paniqué au fond de sa poitrine. Bientôt, si cela continuait, elle aurait du mal à respirer, et le moniteur branché sur elle allait commencer à s’emballer, prévenant ainsi  le médecin de garde. C’était ça dont il avait envie ? De la mettre dans un état tel que le médecin devrait l’assommer, à nouveau ?  Tu crois que je ne ressens rien pour toi ? Elle ne sait pas, Noeh, elle en sait fichtre rien, parce que depuis des années, tu ne lui dis plus rien du tout. Et quand elle ose faire un pronostic, elle se prend un vent, une porte, un mur dans la gueule. Alors elle part du principe, maintenant, que non, tu ne ressens plus rien pour elle, parce que ça fait un tout petit peu moins mal. A peine moins.  Enfin, non, en fait, ça fait un mal de chien de se dire ça, et d’ailleurs les larmes se mettent spontanément à couler alors qu’elle sursaute quand le poing du jeune homme entre en collision avec le barreau du lit. Quand il se rapproche du lit en se retournant vers elle, elle a un mouvement de recul. Elle n’aime pas ce sourire. Elle n’aime pas ce qu’il dit. Pas du tout. Parce que ça n’a aucun sens, ni maintenant, ni dans aucune autre circonstance. Bien sur que si, elle a cru à tout ce qu’il disait, simplement, elle savait qu’il n’avait pas décidé de s’ouvrir ainsi spontanément. Parce qu’il n’avait aucune véritable raison de le faire, plus maintenant, plus jamais, alors pourquoi, si ce n’était pas l’œuvre des conseils bienveillants de Pietra ? Elle secoua la tête, alors qu’il se penchait un peu pour poser une toute dernière question. Une vraie, cette fois.

- Je ...

… Ne sais pas par où commencer. C’est le bordel dans la tête d’Aspen, dans son cœur, de partout, ses mains tremblent et elle n’arrive plus à le regarder, parce qu’elle n’arrive même plus à saisir ce qu’il y a dans ses yeux, oscillant entre peine, déception et rancœur. Et elle n’a pas besoin de ça, pas en pareil situation. Elle ne sait d’ailleurs même pas où il veut en venir, avec sa question à la con. Oh et puis peu importe. Puisqu’il était l’heure des grandes révélations, et que cette entrevue s’augurait bel et bien comme la dernière de leur existence respective, autant qu’elle vide son sac une bonne fois pour tout. Il l’avait bien fait, lui, alors pourquoi pas elle. Elle inspira profondément entre deux sanglots, avant d’ouvrir la bouche et de déverser son cœur sur les draps de son lit d’hopital.

- Je pense que tu avais aucune véritablement bonne raison de venir me voir, surtout pas après les horaires de visite, surtout pas alors que je suis réveillée depuis même pas 24 heures. Ça fait un mois que c’est le silence radio, et plus encore, si on compte tout ce temps entre ce soir d’avril et ton anniversaire. Et plus encore, si on compte toutes les fois où, depuis que tu es sortie de rééducation, j’ai essayé de t’appeler et de te voir, pour une raison ou pour une autre. Je pense que j’ai fait une erreur en pensant que ce qui s’est passé ce soir là voulait dire quelque chose pour toi. Parce que ça voulait dire quelque chose pour moi. Et que j’ai été bête, bête, parce qu’après, j’voulais vraiment que votre anniversaire soit une date clé pour qu’on se retrouve enfin tous les quatre, pour de vrai, avec Sam et Lorcan. Et je pense que quand je t’ai vu à la bibliothèque avec Pietra, mon cœur s’est définitivement brisé en mille morceaux. Que je me suis sentie stupide d’avoir pu croire que ça aurait pu redevenir comme avant, alors qu’au final, je m’étais juste fait des films. Je pense qu’il m’a fallu des semaines pour digérer une colère qui ne t’était même pas totalement destinée, mais qui me consumait de l’intérieur, une rage contre moi-même, celle d’être incapable de tourner la page alors que, de toute évidence, tout tu l’avais fait, et plutôt deux fois qu’une. Et c’est bien hein, très bien même, parce que c’est un signe que tu laisses à nouveau des gens rentrer dans ta vie, plutôt que de tous les faire sortir les uns après les autres. Mais je suppose que j’étais jalouse, jalouse d’être encore coincée dans une romance vieille de dix ans que j’étais incapable de me sortir de la tête. Mais quand je vous ai vu, ça a fait une sorte de … De déclic, comme un truc pour me dire que là, c’était bon, c’était sur, c’était terminé. Définitivement, sans retour en arrière. Et comme tu m’as dit ensuite que mon amitié, tu n’en voulais pas … Et bien… Nous y voilà. Je ne suis plus ton amie. Je ne suis pas de ta famille. Je ne suis plus rien d’autre que la meilleure amie de ta sœur, et je suppose qu’il en sera ainsi jusqu’à la fin, maintenant. Alors oui, te voir là, ça me fait plaisir parce que moi, j’avais pas forcément envie que tu ne sois plus rien. Mais je sais aussi que tu ne seras plus rien, parce que tu en as décidé ainsi, clairement. Et que je vais apprendre à vivre avec, comme n’importe qui devant rayer de sa vie une personne qui en a fait partie pendant longtemps. Ça va finir par venir. Et j’ai bon espoir de pouvoir tourner la page, moi aussi, et de trouver quelqu’un qui pourra me rafistoler comme Pietra l’a fait pour toi …Parce que je le mérite aussi. Je crois.




 
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Noeh Callahan
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MessageSujet: Re: I've found out a reason for me, to change who I used to be (noaspen)   I've found out a reason for me, to change who I used to be (noaspen) Icon_minitimeVen 13 Mai 2016 - 16:28

Aspen est mal. Aspen vient à peine de se relever d'un truc terrible, et tu fais ça ? Maintenant ?! Il a honte, Noeh, de se foutre à agir de la sorte alors qu'elle a manqué mourir y'a pas longtemps, alors qu'elle est faible et qu'elle n'a pas besoin de ses conneries pour affoler un peu plus son cœur. Ni pour l'éveiller, elle, tout court. Elle doit se reposer, en théorie, prendre des forces pour la suite et pour sa sortie de l'hôpital. Malheureusement, une fois que le Callahan est lancé, son esprit façonne seul l'image d'une Aspen capable d'encaisser les coups. Sauf qu'elle ne l'est pas, pas ce soir. Dès qu'il remarque ses larmes, dès qu'il aperçoit son mouvement de recul, ses mains qui tremblent et son regard qui fuit le sien, il comprend qu'il est allé trop loin. Trop loin pour reculer, une fois de plus, une fois de trop. Cependant, il attend. Il attend cette réponse qui ne tarde pas à venir et à laquelle il ne s'attendait pas. Des mots, des phrases, des aveux, des souvenirs, qui compressent un à un sa cage thoracique jusqu'à ce que l'air s'y raréfie à la limite du viable. Se raccrochant au barreau du lit qu'il a frappé juste avant, le pianiste dévisage la jeune femme comme si c'était la première fois qu'il la voyait. Pour la deuxième ou troisième fois depuis qu'il est arrivé. Toutefois, cette fois-ci, il le fait parce qu'il s'en que ça sera la dernière fois qu'il pourra le faire. Il a des bribes de réponse qui cherchent à passer ses lèvres, mais Noeh les retient. Ça voulait tout dire. Ça signifiait que je t'avais pas perdue alors que je suis plus le même. Il inspire doucement, pour reprendre contenance, alors que le décor autour de lui s'écrouler, mur par mur, machine par machine, émotion par émotion. Je veux pas que tu sortes de ma vie.

Quand Aspen ne parle plus, quand ses lèvres redeviennent closes et que le silence s'écrase sur l'instant, durant de longues secondes, Noeh ne sait plus quoi faire. Il est paumé. Il n'a aucune idée de quoi répondre, de quoi faire, de quoi penser. Il a peur de pas bien saisir tout ce qui vient de s'enchaîner et de le percuter, alors il se contente juste de la regarder. Si ça comptait pour elle, ça veut dire que... Et si elle était coincée dans ce qu'ils ont vécu il y a 8 ans, c'est que... Noeh entrouvre la bouche, avant de la refermer, d'un geste tout aussi lent. Il a pas droit de dire ce qui voulait s'échapper. Il peut pas penser un tel truc, pas quand Aspen veut passer à autre chose. Il peut pas lui dire que lui aussi, il l'aime. Et qu'il n'est jamais passé à autre chose, qu'il est plus perdu qu'autre chose et que les sentiments qu'il éprouve pour elle il arrive pas à s'en débarrasser, malgré le temps qui passe. Malgré le fait qu'il ait essayé de le faire pour la laisser s'en aller. Non, il revient à chaque fois, toujours au mauvais moment, toujours au pire moment, tel le fantôme terrible du passé qu'il est, dans l'espoir qu'un jour viendra où il réussira à arrêter de lui faire subir ça. Alors... est-ce que c'est le moment ? Est-ce que c'est ce moment, qui se présente à lui, qui est juste sous ses yeux, et qu'il doit saisir à la volée avant qu'il ne lui échappe encore ? Ses sentiments, tous ces sentiments qu'il peut éprouver pour elle, Noeh les range dans un coin. Il place tout dans la boîte qu'est son cœur et il la délaisse pour s'aventurer sur le terrain d'un mensonge qui permettra à Aspen de se sortir de tout ça. Le pianiste ne sait pas s'il pourra arrêter de la blesser s'il lui avoue tout, il ne sait pas s'il réparera tout ce qu'il a brisé, ni même s'il lui prouvera qu'il commence à vraiment redevenir le même, à l'intérieur. Au lieu de la rassurer, Noeh ne dit rien. Il ne dit pas que ce soir-là a peut-être plus compté pour lui que pour elle, que Pietra peut-être qu'elle l'aide, mais qu'elle, elle lui donne un objectif, un but à atteindre, qu'elle incarne cette lumière au bout du tunnel qu'il veut pouvoir embrasser lorsqu'il sortira de cet enfer dans lequel l'a plongé Adriel. Il ne lui avoue pas non plus qu'il ne veut pas la voir passer à autre chose parce que ça fait trop mal. Bien plus que les blessures physiques. Bien plus que cette main droite qui tremble et ce mal de crâne qui lui donne le sentiment d'avoir la tête coupée en deux. Sauf que Noeh est tout d'un coup déterminé à lui prouver qu'il ne veut que son bonheur plutôt que de la retenir auprès de lui, le gars incapable de lui avouer son amour, le gars juste bon à lui faire du mal jusqu'à la fin de ses jours.

Aspen, arrête de pleurer, s'il-te-plaît...”, qu'il murmure enfin, avant de se décaler sur le côté pour contourner le lit et revenir vers elle. Il ne s'approche pas plus, pour ne pas se confronter à un nouveau mouvement de recul,  pour éviter de lui faire peur. “Je...”qu'il reprend, avant que son attention ne se répercute sur sa main nouvellement blessée. Il sait pas ce qu'il a pu se faire mais Ezekiel va gueuler. Il ira pas se faire soigner, comme ça personne ne lui reprochera rien. Sa main se remettra sur pied toute seule, sans l'aide de personne, comme lui va le faire après être sorti de cette chambre. Noeh va marcher jusqu'au bout du couloir, des couloirs, il va prendre l'ascenseur, descendre au dernier étage, passer devant l'accueil et s'éloigner de cet hôpital sans se retourner. Il ira s'asseoir sur un des petits murets qui longent l'hôpital, et il regardera le ciel sombre jusqu'à ce qu'il réalise ce qu'il vient de.. Sa main part se cacher doucement derrière son dos, alors que le Callahan relève la tête vers Aspen. “J'voulais pas, pardon, je... j'recommencerai plus...”, qu'il promet comme un enfant, alors que l'envie de venir sécher ses larmes de son autre main est plus forte que tout. Mais il se retient. Noeh se contente de baisser les yeux et de s'en mordre les doigts. Il l'a faite pleurer, il lui a fait peur. Quel putain de monstre. Il s'étonne même plus que Lorcan le déteste. Il comprend même sa réaction à la fête des fondateurs, avec le recul. Quand il se souvient lui-même des mots qu'il a pu employer à l'intention d'Aspen, de sa soeur ou de son meilleur ami, il ne peut que comprendre enfin qu'il est celui qui n'a eu de cesse de tout gâcher. S'ils pouvaient savoir à quel point il regrette. Vraiment. 

Enfin, il se calme. Il fait un effort pour prendre une voix moins troublée, plus sereine, pour qu'Aspen puisse deviner toute la sincérité qu'il incorpore dans chacun de ses mots à son intention, désormais. “J'espère que tu trouveras le bon.Un mec gentil, aimant, qui t'aimera pour tout ce que tu es et qui ne cherchera pas à te changer, qui réalisera dès le premier regard  que t'es la fille la plus belle qu'il ait eu la chance de rencontrer et que ton sourire c'est juste la plus belle image qui lui ait été donné de voir.Enfin, c'est pas j'espère, je sais que tu vas le trouver. Parce que t'as raison, Aspen, tu le mérites.Tu mérites de vivre une histoire aussi belle que celles que tu adores tant dans les films romantiques, avec un prince charmant prêt à tout pour te rendre heureuse et qui ne passe pas son temps à te blesser. Un homme qui te protégera de tout le reste comme j'ai jamais réussi à le faire.Je peux pas te promettre que je vais t'oublier parce que j'en suis incapable”, que Noeh souffle pour arrêter de poursuivre des phrases qui ne peuvent être poursuivies. Il préfère évoquer une dernière vérité, la plus franche de toutes celles qu'il a pu poser sur la table avant, tentant d'y apposer un sourire doux, si triste qu'il ne ressemble sans doute qu'à une grimace en finalité. “Mais je vais te laisser tranquille, je veux plus te faire de mal. Plus jamais.” Ça sonne comme une promesse. C'en est une.  Sauf qu'après toutes les promesses non-tenues, peut-être qu'Aspen n'aura même plus la force de croire en celle-là. Après s'être perdu une dernière fois dans la contemplation de ses traits, Noeh laisse passer un nouveau sourire tordu sur ses traits secoués. Il est secoué, tout son être l'est, de haut en bas, de son crâne douloureux jusqu'à la pointe des pieds, il vient de s'arracher lui-même le coeur pour lui offrir sans qu'elle ne le sache, la plongeant dans un mensonge qu'il lui sera plus simple de croire plutôt que s'il avait affirmé encore l'aimer. Le Callahan ne songe plus qu'à la voir heureuse. Il faut qu'elle soit heureuse, qu'elle trouve le bonheur, il faut qu'elle s'envole vers un autre horizon pour ne pas s'éteindre avec lui.Je... J'crois que je vais y aller...” Et là, il devrait lui dire au revoir. Après avoir commencé à tourner le dos, il devrait s'arrêter pour la regarder une dernière fois et prononcer ces deux petits mots pour signer la fin de tout. Mais s'il le fait, Noeh devra assimiler l'idée qu'il ne la reverra plus. Ou qu'il la reverra, au bras d'un autre, bercée par une autre vie, souriante et épanouie dans un univers qu'il ne partagera pas avec elle. Plus il se dit ça, plus il se force à l'imaginer, plus son cœur se serre et plus il s'oblige à se dire qu'il n'y a pas d'autre solution. Dans ses épaules basses, il y a la tristesse qui se devine, l'abattement. Dans ses pas lents, il y a l'abandon. Dans ses yeux rougis, il y a le déchirement. Dans chacun de ses gestes meurtris, il y a l'adieu. L'instant fatal qui planait au-dessus de leurs têtes depuis si longtemps mais qui n'avait pas réussi à s'abattre. A présent, c'est fait, et Noeh ne doit que souhaiter le meilleur à Aspen. Parce qu'il l'aime, qu'elle le mérite, et qu'on ne fait pas souffrir les gens qu'on aime sans raison. Et le Callahan vient soudainement de prendre conscience qu'il n'avait jamais eu de bonne raison. Aucune.
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MessageSujet: Re: I've found out a reason for me, to change who I used to be (noaspen)   I've found out a reason for me, to change who I used to be (noaspen) Icon_minitimeDim 15 Mai 2016 - 22:32


   

   
❝Said I wouldn't call but I've lost all control and I need you now.❞
   Noeh & Aspen


Aspen se demanda, un instant, si il y avait assez de codéine dans les tubes qui s’enfonçaient dans ses bras pour qu’elle s’endorme, une bonne fois pour toute, pour ne jamais se réveiller. Parce que vraiment, ça faisait un mal de chien, et même son cœur qui battait d’un rythme désordonnée dans sa poitrine semblait perclus de courbatures. Que ça cesse, par pitié. Qu’il arrête. Qu’il se taise. Elle savait bien qu’il allait dire n’importe quoi, exprès, autant de phrases qu’elle allait tourner et retourner dans sa tête inlassablement pendant des heures où elle serait seule et immobile dans cette foutue chambre d’hopital, et où elle aurait tout le temps et le loisir de venir se tourmenter sur le cas Noeh. Noeh le lâcheur. Noeh le menteur. Noeh infoutu d’être un jour clair et sur de ses choix dans sa vie. Noeh le plus flamboyant échec de sa vie. Noeh l’ouragan, à qui pourtant elle était incapable de fermer la porter. Foutu Noeh.

Alors quand il s’excusa, encore, ça faisait beaucoup pour la même soirée, elle ne répondit pas, les lèvres scellées par les larmes qui coulaient encore silencieusement de ses yeux délavés par la fatigue et la lassitude. Tu le referas plus, vraiment ? Et quoi donc ? La faire espérer ? Lui briser le cœur ? de toute façon, ou ne brise pas à nouveau quelque chose qui est toujours cassé. Elle ne bougea pas quand il fit un mouvement vers elle, puis se reprit, reculant en regardant partout autour de lui, avant de reposer ses yeux de jade sur elle. Arrête de la regarder Noeh, enfin, va t’en, ça fait trop mal. En es tu seulement conscient ? Non, probablement pas, joli cœur que tu es, godzilla en guimauve, avec tes grands yeux écarquillés devant des révélations aussi abruptes. Toi qui es toujours si franc, si direct, ça fait bizarre quand c’est toi qui prends la vérité en pleine tronche, pas vrai ? On fait moins le malin d’un coup, hein ? Quand il se remet à bafouiller, ou à parler normalement, peut être – Aspen n’est pas sure, son ouïe est bousculé par ses propres sanglots intérieurs -, elle ne l’écoute qu’à moitié. De toute façon, c’est du vent, ses mots. Ça n’a jamais rien été d’autres que du vent, et maintenant, il n’y avait plus rien à en dire. Qu’il la bénisse de tous ses bons présages sur sa future vie sentimentale, elle n’en avait strictement rien à foutre. Tout ce qu’elle voulait, c’était qu’il parte, vite, qu’il lui donne du vide, du silence, de l’air, qu’il disparaisse bien vite plutôt que de retenir son cœur en otage. Parce que dans un sursaut d’espoir, il était possible qu’elle eut espérée, une dernière fois. Oh, pas qu’il puisse l’aimer encore, c’était bien trop improbable, mais peut être qu’il lui avoue que pour lui aussi, ça avait été une belle occasion de manquée. Que même si c’était une erreur, qu’il ne regrettait pas cette nuit là, ni aucune autre avant. Mais à la place, il s’éternisait sur des conneries qu’il ne devait penser qu’à moitié, plus par pitié vers une Aspen affaiblie et à moitié consciente, l’ex qui met mal à l’aise parce qu’elle se met à ouvrir son cœur au pire moment, quand on attend de retrouver sa petite amie et dont on a juste envie de tapoter l’épaule d’un air gêné. Elle avait honte, terriblement honte de ce truc qu’elle lisait dans les yeux de Noeh et qu’elle confondait avec de la pitié et de la condescendance.

Aussi, quand Il murmura qu’il allait devoir y aller, Elle ne répondit pas, là encore. Elle se contenta de détourner la tête et de s’enfoncer dans ses draps, tournant le dos à la porter. Tournant le dos à Noeh. Elle ne voulait pas le voir partir. Elle ne voulait pas le voir disparaitre, puisqu’ils ne se reverraient pas. Elle ne voulait pas lui laisser le privilège d’être le témoin des dernières larmes qu’elle verserait pour lui. Elle s’était promise de ne plus jamais pleurer pour ce garçon, et ça aussi, c’était loupé. Elle ne bougea plus avant d’entendre la porte se fermer, retenant son souffle encore quelques secondes. Puis elle baissa les armes, et les sanglots redoublèrent, convulsifs, bruyants. Aspen pleurait, Elle pleurait toutes les larmes de son corps alors que sa main crispée venait attraper le gros livre qu’elle avait de planqué derrière son oreiller. Le carnet qu’elle avait rempli avec Salomé pendant plus de dix ans à base de petits mots, de photos, d’extraits de chanson ou de jeux qu’elles faisaient sur des bouts de papier quand elles s’ennuyaient en cours : parmi eux, il y avait un jeu de « la première lettre »,  inventé en littérature en terminale : elles donnaient chacune leur tour la première lettre de leur favori sur un thème, et l’autre devait trouver sans aucun indice. Sans surprise, le fruit préféré d’Aspen commençait par la lettre F. Sa couleur préférée commençait par la lettre R. En revanche, Sam n’avait jamais deviné le nom du garçon le plus mignon du lycée, quand Aspen, dans un excès de folie, avait annoté un N sur le petit bout de papier. Aspen serra le livre contre elle comme un doudou, recroquevillée sur elle-même, alors que les larmes brulèrent encore ses joues pendant de longues minutes avant que le sommeil des drogues vienne enfin apaiser son souffle et ses tourments …



 
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