i. êtes-vous originaire de radcliff ?
Crescentia est née dans la ville de Radcliff, elle est d'origine allemande, mais ses parents se sont installés à Radcliff peu de temps après la naissance de son frère aîné, ainsi, la jeune femme a vu le jour dans cette petite ville. Radcliff est une ville à laquelle elle reste aujourd'hui très attachée, même si elle est en marge de cette société, plus scientifique que croyante, plus transmutante qu'humaine, bref, on pourrait facilement penser que la jeune femme n'a pas sa place dans une ville comme Radcliff et pourtant elle aime cette ville et n'a pas l'intention de déménager pour le moment.

ii. avez-vous déjà eu affaire à un ou plusieurs hunters ?
Elle s'est déjà retrouvée en face d'un chasseur sans le savoir, son ancien petit ami faisait parti des hunters et elle ne l'a jamais su, c'est un secret qu'il est bien déterminé à lui cacher et puisqu'elle lui a récemment avoué le sien, il a préféré mettre un terme au semblant de relation qui était en train de renaitre entre eux. Une décision qu'elle ne comprend pas et pour cause, les hunters elle ne connait pas vraiment. Elle a eu vent du grabuge en ville récemment, mais elle n'a jamais été attaquée personnellement.

iii. utilisez-vous beaucoup votre don ?
Crescentia n'a pas encore une très bonne maitrise de son don, en effet ce dernier est extrêmement soumis à ses émotions, ainsi, elle ne l'utilise pas souvent et en générale, quand elle l'utilise c'est plus par erreur que parce qu'elle en a envie. Elle a peur de ce qu'elle est et a beaucoup de mal à l'accepter alors, même si elle maitrisait son don à la perfection, elle essaierait au maximum de le cacher, quoi qu'elle a tendance à penser qu'il s'agit d'un don qui pourrait fortement l'aider dans son travail.

iv. pensez-vous que les mesures mise en place par le gouvernement sont suffisante ?
Elle ne sait pas vraiment, résidant à Radcliff depuis toujours, elle a été dépistée et elle espère vraiment que son dossier restera secret ; elle n'a pas envie de s'attirer des problèmes à cause d'un gène muté, qui scientifiquement parlant n'est pas un danger pour quoi que ce soit, la psychopathie, sociopathie et autres comportement dangereux ne sous pas soumis à la simple génétique, alors, elle n'est pas dangereuse pour la société, ainsi elle n'a pas envie de devenir la cible du maire complètement cinglé de radcliff ; avec l'aide de son psychiatre elle monde un dossier sur la génétique et les troubles mentaux liés aux comportement dangereux, un dossier qu'elle aimerait bien fournir un jour au maire pour lui prouver ses erreurs, cependant elle aurait probablement trop peur d'affronter l'homme en question.

D’un œil, l’adolescente regarda le chrono qui s’affichait sur le tableau. Elle n’avait presque plus de temps. Il fallait absolument qu’elle relise une dernière fois sa copie. Il ne fallait pas qu’il persiste dedans la moindre petite faute. Depuis qu’elle était entrée au lycée, elle avait toujours remporté la première place suite au concours des jeunes scientifiques, il était hors de question que cette année soit l’exception venant confirmer la règle. Elle devait remporter le premier prix. Crescentia était née de deux parents ingénieurs qui avaient faits leurs preuves en Allemagne. Ils étaient intelligents, ils étaient reconnus et elle voulait être à leur hauteur. Elle était une Spiegelman et elle voulait le montrer au monde entier. Elle était première de sa promotion, âgée de seulement quinze ans, elle avait déjà sauté trois classes. Elle était surdouée et on lui répétait souvent qu’elle n’avait rien à prouvé, cependant, c’était plus fort qu’elle, il fallait qu’elle se surpasse. Il fallait qu’on la félicite pour qu’elle se sente bien et fière de son propre travail. Elle allait gagner la première place à ce concours, comme elle l’avait fait les années précédentes et une fois qu’elle l’aurait, elle continuerait de travailler. Elle continuerait de lire les livres qu’elle trouvait dans la bibliothèque de ses parents et qui étaient beaucoup trop poussés pour une gamine de son âge et elle le ferait, entre son cours de piano, son cours de violon et celui de gymnastique rythmique. Limite hyperactive, l’adolescente avait besoin de toujours faire quelque chose. Elle passait son temps à étudier, faire de la musique ou du sport, là où, les autres filles de sa classe le passait à faire du shopping ou à sortir avec des garçons. Elle, ça ne l’intéressait pas. Quand elle faisait du shopping, c’était avec sa mère quand cette dernière jugeait que les vêtements qu’elle portait ne lui allaient plus assez bien – ce qui bizarrement était assez fréquent. Mme Spiegelman avait cette image de femme sérieuse, les traits tirés, les vêtements sans un pli, toujours propre sur elle, elle revoyait une image quasi-parfaite et il fallait que ses enfants en fassent de même. Mr Spiegelman était différent. Il avait plutôt l’air du scientifique fou , tout excité à l’idée de faire de nouvelles création, si bien que la maison était pleine d’objets confectionnés par le père de famille, tous plus fous les uns que les autres. Il y avait chez eux, comme un paradoxe entre les créations folles de leur père et le ménage plus qu’appliqué de sa mère. Cressy était parfois contente de n’avoir aucun ami a invité dans cette maison. Elle avait des amis, des gens comme elle qui travaillait beaucoup, mais ils se voyaient rarement en dehors des cours. Elle ne sortait pas beaucoup. Elle avait son rythme de vie à elle et personne n’osait le bousculer. Elle voulait être la meilleure et pour y parvenir, elle considérait qu’il fallait faire des sacrifices et franchement se priver d’un après midi entre copines à faire du lèche vitrine, elle ne considérait pas ça comme un très gros sacrifice. Elle n’allait pas pleurer pour ça, bien au contraire. Un soupire passa le seuil de ses lèvres au moment où une sonnerie se fit entendre pour indiquer qu’il était temps de poser les crayons. Elle posa le sien avant retourner sa copie. Elle avait bien réussi, elle avait parfaitement réussi et elle le savait, ainsi, c’est, un large sourire sur les lèvres que la brunette rendit sa copie à l’examinateur. Elle n’était pas seulement surdouée. Elle était la meilleure et c’était exactement ce qu’elle voulait, exactement ce qu’il lui fallait pour être heureuse.

« Lequel tu veux ? » La jeune femme arqua légèrement un sourcil face à l’étalage de peluches qui lui faisait face. Elle était trop vieille pour avoir des peluches, elle s’était débarrasser des siennes depuis longtemps, toutes, sauf celle d’un petit personnage ressemblant à Einstein que lui avait offert son père quand elle avait réussi son premier concours de mathématiques. Qu’est-ce qu’elle pourrait bien faire d’une peluche ? Elle haussa vaguement les épaules avant de croiser les bras sur sa poitrine. « Je ne sais pas. J’ai plus l’âge pour les peluches. » En face d’elle son camarade leva les yeux au ciel avant de glisser un billet au gars qui tenait le stand. Il l’avait trainée jusqu’à la fête foraine, un endroit où elle n’avait pas franchement l’habitude d’aller dans ce genre d’endroit, ni même de payer dix dollars pour une peluche qui en valait même pas la moitié en commerce. Mais elle avait promis qu’elle ferait des efforts et elle devait bien l’admettre, elle s’amusait bien avec lui. Rares étaient ceux qui avaient réussi à la faire sortir de ses bouquins, lui, il avait réussi. Il s’était accroché, décidé à lui faire connaitre autre chose que la pression avec laquelle elle vivait. Il était le premier homme à faire autant d’efforts pour elle, le seul à avoir insisté après qu’elle lui ait fait comprendre de tracer sa route, elle avait mieux à faire de sa vie. Régulièrement, il lui montrait le monde comme elle ne le connaissait pas. Loin des données scientifiques qu’elle connaissait par cœur, loin des bouquins qu’elle lisait pour enrichir ses connaissances déjà blindées. Elle voyait du monde, elle sortait et elle s’amusait vraiment. Avec lui elle avait découvert l’amour. Elle l’aimait vraiment, elle aimait être avec lui et ce, même si ça l’obligeait à sortir de chez elle en laissant ses cours de côtés. Attentive elle le regardait, un léger sourire aux coins des lèvres. Une carabine entre les mains, il devait viser une cible en son centre pour remporter la fameuse peluche de son choix. Elle était déjà en train d’analyser les probabilités qu’il avait de réussir et, vu la position de la cible, vu le poids de la carabine, la distance, le vent, franchement, c’était assez truqué pour qu’il n’est que très peu de chance pour y parvenir. Pourtant, un tir et il était dans le mile comme s’il avait fait ça toute sa vie. Lui, il n’avait rien calculé, il s’était lancé sans réfléchir et d’après lui, c’était comme ça que la vie marchait, trop de réflexion ne faisaient que la pénalisé, alors que lui, en se débarrassant de ça, il réussissait ce qu’il entreprenait comme s’il s’agissait d’un jeu d’enfant. Il disait que c’était parce qu’il ne se mettait pas la pression, alors qu’elle, elle était toujours sous pression. Il avait probablement raison. Elle laissa échapper un soupire avant d’évacuer ses pensées  d’un léger mouvement de tête et de se reconcentrer sur son petit ami qui tenait à présent juste devant lui, un énorme ours en peluche tenant un cœur sur lequel était inscrit « i love you » Elle rigola face à la scène avant de commencer à s’éloigner. « Tu l’as gagné, tu le portes et il y a encore plein de trucs que je veux voir, pas question de retourner à la voiture tout de suite. » Un sourire aux lèvres, elle commença à s’éloigner, son petit ami sur ses talons, le visage caché par un énorme ours en peluche.

Un soupire passa le seuil des lèvres de la jeune femme. Lentement, elle se posa sur un banc qui faisait face au parc. Ce coin était apaisant et en fermant les yeux, elle pouvait presque ce croire toute seule en pleine nature. Elle était bien là. Apaisée. Elle était toujours stressée, angoissée d’un rien et là, elle ne pensait plus à rien, ses problèmes ne pouvaient plus interférer avec la paix soudaine qui régner dans son esprit. Le soleil chauffait légèrement sa peau,  le vent venait agiter ses cheveux et elle était bien. Elle n rouvrit les yeux que lorsqu’elle sentit quelqu’un s’installer à ses côtés. En apercevant le visage de son psychiatre, un sourire vint se dessiner sur ses lèvres. Ici, il était la seul personne à qui elle s’était ouverte. Pendant un moment elle était restée dans son coin, perdant toute motivation, toute envie de se battre. Elle avait finie dans cet hôpital psychiatrique parce qu’elle avait tenté de se suicider. Elle avait perdu pieds. Le bonheur qu’elle avait eu pendant un temps avec son petit ami s’était envolé. Elle avait perdu trop de temps à profiter de la vie avec lui et bien qu’elle aurait voulu que ça continue, elle avait dû se replonger dans ses études, mais les examens approchaient et elle avait eu l’impression qu’elle ne serait jamais prête, alors qu’elle l’était depuis longtemps. Elle avait choisi la mauvaise solution, usant des drogues dopantes pour mieux réussir, c’était ce qu’elle pensait, alors elle avait sombré. Elle n’avait même pas écouté l’homme qu’elle aimait quand il lui avait tendu la main pour l’aider et elle avait sombré. Elle ne voulait écouter personne. Il était parti, il l’avait abandonnée et d’un coup, le monde avait changé, il était devenu noir, sombre et elle qui avait une passion pour la biologie végétale, elle avait commencée à rendre les plantes complètement folles. Elle avait eu peur, elle était mal, elle avait voulu en finir. On l’avait envoyée ici pour l’aider et même si pendant un temps, elle n’y croyait plus, le fait était qu’à présent, elle se sentait beaucoup mieux. « Comment ça va gamine ? » Elle haussa légèrement les épaules avant de fixer le paysage devant elle, un sourire sur les lèvres et les paumes de ses mais accroché au tissu de la jupe qui recouvrait ses genoux. « Ça va. » Elle ne mentait pas. Pour la première fois depuis longtemps, elle allait bien. Il lui rendit son sourire avant de lui tendre une rose aux pétales refermés. « Tiens, c’est pour toi. » Elle hésita quelques secondes avant de poser ses doigts sur la rose dont les épines avaient été au préalable retirées. Aussitôt qu’elle l’eue prise entre ses doigts, elle ouvrit ses larges pétales d’un rouge vif. « Maintenant, je sais que tu vas bien. » Il avait appris à la tester comme ça, quand elle allait mal, les fleurs qu’elle touchait fanaient instantanément, quand elle allait bien, elle fleurissait. « Encore quelques semaines, quelques tests et tu pourras sortir. » Le sourire de la brune devint plus large, elle était ici depuis presque un an et enfin, elle voyait la porte de sortie. « Merci, merci pour tout. » Il avait été le père qu’elle n’avait jamais eu. Elle aimait son père, bien entendu, mais contrairement à son psychiatre, il n’avait jamais été particulièrement attentif à ses problèmes. Lui, il l’avait écoutée, il l’avait conseillée comme personne ne l’avait jamais fait. Cressy était une fille intelligente, indépendante qui n’avait pas besoin qu’on la guide ; depuis trop longtemps, on disait ça autour d’elle et pourtant, elle avait besoin qu’on la guide, qu’on la soutienne. Elle avait enfin trouvé quelqu’un qui voulait bien faire ça pour elle et enfin, elle avait l’impression que sa vie était équilibrée.

« Je-je … Je suis désolé Cressy. Je ne peux pas continuer à te voir … » Elle arqua un sourcil et elle senti son cœur se brisé. Elle avait cru pouvoir retrouver celui qu’elle aimait. Pourtant, peu de temps après sa sortie de l’hôpital, elle l’avait vu avec une autre fille. Paniquée et encore fragile, elle avait bu, elle avait rencontré un type au bar et une chose en entrainant une autre, elle venait d’apprendre sa grossesse. Pourtant, ils s’étaient retrouvés, ils étaient sortis ensemble quelques fois et là, juste devant ses yeux, elle avait fait fleurir une fleure. « Pourquoi ? Je ne suis pas dangereuse, ce n’est qu’un gène muté sans importance. Les comportements ne sont pas définit génétiquement, un psychopathe n’engendra pas nécessairement un enfant psychopathe. La génétique est un facteur à risque certes, mais l’environnement joue un rôle beaucoup plus important dans le comportement humain. Personne ne me prédire le comportement humain, posséder le génome X ne veut pas dire qu’on va nécessairement tuer quelqu’un … » Elle avait parlé trop vite, exposant des théories scientifiquement prouvées qui étaient remises en cause par le fameux génome X par certaines personnes, mais certainement pas par elle. Elle n’était pas dangereuse. Elle avait eu des problèmes psychiatriques, mais elle allait mieux, elle était une personne comme une autre. « Je le sais. Je sais que tu ne feras jamais de mal à personne, mais je ne peux pas. Je suis désolé. Je t’en prie, ce truc cache le. » Elle senti une larme couler sur sa joue et aussitôt, la fleur qui venait d’ouvrir ses pétales colorées entre eux se fana. En face d’elle, il pinça les lèvres, ferma les paupières un court instant et les ouvrit dans un soupire avant de partir. Elle avait vraiment tout perdu. Presque tout. Lentement elle posa sa main sur son ventre encore plat, au moins, elle l’avait encore lui. Elle n’était pas sûre de pouvoir être une bonne mère, mais il était hors de question, qu’elle échoue quelque part encore une fois, alors, elle ferait tout ce qui était en son pouvoir pour offrir à cet enfant, tout ce dont il aurait besoin.