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 à quoi servent les chutes ? (hipporius -21)

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Marius Caesar
Marius Caesar

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MessageSujet: à quoi servent les chutes ? (hipporius -21)   à quoi servent les chutes ? (hipporius -21) Icon_minitimeDim 17 Avr 2016 - 17:51

A quoi servent les chutes, Marius ? A mieux se relever
Hippolyte & Marius



Un coup d’œil à droite, un coup d’œil à gauche, hop, je me faufile hors de ma chambre pour filer vers le salon comme un petit sprinter. Je sais que Martial, il est en train de travailler son violon parce que ça fait du bruit et c’est bien le seul moyen qu’il a trouvé pour le moment pour que je le laisse tranquille plus de dix minutes. Il est intelligent, Martial. Moi, je bouge. Beaucoup. Et pour le moment, mon objectif, c’est d’aller sur le balcon parce que Maman elle m’a dit qu’il fallait pas que j’y aille et que j’ai envie d’y aller et que c’est cool le balcon parce que je peux installer mon circuit de train et comme ça mon train il roule de partout et pas seulement entre ma chambre et celle de Martial et comme ça en plus je peux faire tchoutchou dans toute la maison en hurlant. Mais faut pas faire de bruit, là, je suis en mission spéciale. Les yeux grands ouverts, je me cache derrière le canapé, je me fais tout petit pour que Maman, elle ne me voie pas. Elle est en train de discuter avec notre cuisinière, Maman, parce que ce soir il y a encore un repas de grands avec Papa et les amis de Papa, ses collaborateurs qu’il les appelle. Je marche sur la pointe des pieds, avec toutes les parties de mon circuit cachée dans mon tee-shirt que j’ai remonté pour faire un sac, et ma locomotive dans une main. C’est pas facile d’ouvrir la porte vitrée quand on a les mains encombrées.

Ça fait vingt minutes que Maman, elle est en train de discuter et je la vois me lancer des regards désespérés. M’en fiche : je m’amuse comme un grand. Ma locomotive roule sur la rambarde du balcon, je cours en faisant des vrouuuum pour la faire aller plus vite et plus vite encore ! Je la fais escalader une chaise, puis une table. Puis je grimpe sur la chaise, puis je grimpe sur la table parce que ma locomotive, et bien c’est devenu un oiseau. Et je regarde Paris qui roule sous moi. La rue, sous ma maison. Il y a plein de voitures, j’oublie ma locomotive que je lâche sur la table avant de faire de grands pas pour atteindre la rambarde sur laquelle je grimpe. J’ai pas peur, parce que Papa il m’a dit de ne pas avoir peur et parce que de toute manière, tant que je reste debout, bah… il ne peut rien m’arriver. Je suis agile, qu’il a dit mon papa. Parce que je cours de partout, je grimpe de partout, je tombe presque jamais et que quand je saute, bah j’atterris là où je veux. Je me sens trop un explorateur, là-haut, à regarder tout le monde. Je me sens trop un grand, et je mets ma main au-dessus de mes yeux pour faire comme les pirates. Et je plisse les yeux pour voir le plus loin possible. J’ai pas peur, j’ai envie de montrer ça à Martial. Je me tourne, d’ailleurs, pour l’appeler mais une main se pose dans mon dos. Se pose sur mes omoplates. Me pousse. Tout simplement. Je hurle, parce que j’ai peur, parce que j’ai beau agiter mes bras, bah… je perds l’équilibre. Je hurle parce que je tombe. Je me retourne pour me rattraper mais je vois juste Maman qui me regarde tomber. Et c’est le noir, le trou noir.

J’ai peur. J’ai vraiment peur. Je vais faire pipi dans mon lit, encore, parce que j’ai peur. L’infirmière, elle est gentille, elle m’a dit de pas avoir peur mais ça aide pas beaucoup parce que tout ce que je veux, c’est mon frère, c’est ma Maman, c’est mon Papa, c’est mon hibou, c’est ma maison. Je veux pas de cette grande chambre blanche, je veux pas de ce grand lit, de ces machines qui font des bruits de partout et qui me font peur. Ca fait au moins beaucoup de temps que je suis là, et je n’ai toujours vu personne d’autres que les infirmières qui me disent d’être sage, et j’ai peur. J’ai très peur. J’essaye de me lever mais j’ai mal de partout alors je me dis que c’est pas une bonne idée. « Papaaa ? » Ma petite voix fluette fait du bruit dans la pièce. Je me recroqueville, ma main tombe sur Merlin et je le sers tout contre moi. Papa, il est pas là parce que Papa, il est parti travailler et pas en France. Il est parti pour longtemps, en plus. « Martiaaaal ? » Martial non plus il est pas là. Je veux mon frère, je veux mon jumeau. J’ai une larme qui me chatouille la joue et j’enfouis mon visage dans mon hibou. Quand je me réveille, y’a du mouvement autour de moi : c’est encore une infirmière, différente de l’autre. Elle me passe une main dans les cheveux, je me recroqueville comme je peux. « Je veux voir ma Maman » Je sens un instant son malaise parce que sa main qui m’ébouriffait s’arrêter juste un peu. « Je vais voir si je peux aller la chercher. » J’ai beau n’avoir que six ans, je sens que quelque chose ne va pas, qu’elle veut pas me dire que… « Maman veut pas me voir ? » Mais avant qu’elle ne me réponde, on entend une grosse voix dans le couloir. Une grosse voix que je reconnais immédiatement et qui me pousse à me redresser dans mon lit. « PAPA ! »

Je crie pour l’appeler, je crie pour qu’il vienne me sauver, je crie pour qu’il vienne me rassurer. L’infirmière me dit de me calmer, mais je m’en fiche, j’essaye de me lever, j’agite mes bras parce que je ne peux pas bouger mes jambes. « Papaaaaaa ! C’est mon papa, je veux voir mon papa ! » Il est là, il discute avec le médecin, il ouvre la porte. Je suis trop petit dans ce lit trop grand, je veux me perdre dans les bras de mon papa, sur les genoux de mon papa. J’ai le cœur qui bat à toute vitesse dans ma poitrine, je pleure et mon soulagement s’étrangle dans ma gorge. « Papaaaa… »

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Hippolyte Caesar
Hippolyte Caesar

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MessageSujet: Re: à quoi servent les chutes ? (hipporius -21)   à quoi servent les chutes ? (hipporius -21) Icon_minitimeDim 17 Avr 2016 - 17:58

A quoi servent les chutes, Marius ? A mieux se relever
Hippolyte & Marius



Assit dans un fauteuil inconfortable au milieu du couloir d'une maternité de Tokyo, il attendait, fébrile et nerveux. L'ongle de son pouce faisait les frais de son stress, et il ne manquait pas de héler sèchement toutes les infirmières qu'il croisait dans un japonais fluide quoi qu'un peu mécanique. Il faisait tâche, avec son costume d'homme d'affaire et ses traits européen, tout comme on le regardait de travers en se demandant bien ce qu'il venait faire ici. Il attendait, et l'attente devenait insupportable. Les responsabilités professionnelles, les contrats à plusieurs milliers de francs... Il était capable de gérer ça sans éprouver le moindre stress. Mais cette fois, beaucoup d'autres choses étaient en jeu. Il avait mentit à son épouse, à ses deux fils, avait prétendu devoir négocier un contrat au Japon pour assister à la naissance d'un enfant déjà aimé mais non désiré. Un accident, une erreur, qu'il ne pouvait imputer au bébé qui n'avait rien demandé à personne. Rien demandé sinon le droit de vivre. Et parce qu'il ne pouvait se résoudre à abandonner le nourrisson ni à lui tourner le dos, il avait pris la décision de le reconnaître et de faire son possible pour être présent dans sa vie. Quelle idée saugrenue avait-il eu... C'aurait été plus simple de l'ignorer, de dire à la mère de se débrouiller... Il fallait croire que tout homme impitoyable qu'il était, cette idée le révulsait au plus haut point.

Après plusieurs heures d'attente, une infirmière vint à sa rencontre, un petit paquet de langes dans les bras et un sourire radieux aux lèvres. Immédiatement, il se détendit, pris le bébé dans les bras et ses traits soucieux se détendirent, jusqu'à ce qu'un sourire ne fende son visage. C'était une fille, une minuscule petite fille qui dormait profondément dans ses bras. Dans son sommeil, elle serra son petit poing autour de la cravate de son père, qui eut toutes les peines du monde à la faire lâcher. Voilà qu'il était père pour la troisième fois, et s'il savait que c'était une erreur, toute culpabilité s'était envolée face au bonheur et à la fierté. Rejoignant la chambre qu'occupait Kanae, la mère de la petite, il serra doucement sa main dans un geste aussi affectueux qu'amical. Une nuit. Il avait suffit d'une nuit, de quelques tensions au sein du couple Caesar et d'un peu d'alcool. Si peu d'éléments qui avaient conduit à la naissance de la petite. Et après quelques minutes de discussion, l'enfant fut prénommée Ileana, un prénom aussi curieux au Japon qu'il l'aurait été en France.

Littéralement sur un petit nuage, Hippolyte quitta l'hôpital quelques heures plus tard et ralluma son téléphone, qu'il avait volontairement éteint pour ne pas être dérangé en de telles circonstances... Et quelle ne fut pas sa surprise de découvrir plusieurs appels manqués, et tout autant de messages vocaux. Perplexe, il déclencha le répondeur... Et son cœur manqua non pas un mais sûrement plusieurs battement. S'appuyant contre le mur le plus proche pour ne pas tomber, il réécouta plusieurs fois les messages pour être sûr d'avoir bien tout enregistré. Marius. Une chute. Inconscient. Hôpital. La terreur supplantant largement la joie qu'il avait éprouvé un peu plus tôt, et sa décision fut prise avant même qu'il n'ait à y réfléchir. Se précipitant à nouveau à l'intérieur de la maternité, il alla expliquer la situation à Kanae, qui ne pu que renforcer sa décision de rentrer plus tôt en France. Il aurait aimé passer les deux semaines qu'il lui restait à ses côtés, pour l'aider à s'installer avec le bébé, faire en quelque sorte son devoir de père... Mais ce devoir-là, il le devait avant tout à Marius. Il se serait volontiers donné des gifles pour avoir été absent en de telles circonstances.

Une fois rentré à son hôtel, il fit ses valises et se précipita à l'aéroport. Se fichant royalement de ce billet d'avion hors de prix qu'il avait déjà acheté pour le retour, il réclama le premier vol pour Paris. Avec le décalage horaire et la durée du voyage, il arriverait probablement deux jours après l'accident... Deux jours de trop, à son humble avis. Le prochain vol ne partait que le lendemain tôt dans la matinée, mais Hippolyte était bien trop inquiet pour trouver la force de retourner à son hôtel pour dormir un peu. Il préféra arpenter la galerie de l'aéroport, sa valise dans une main, son téléphone dans l'autre. Après une dizaine d'appels sans réponse à l'attention de Victoire, il abandonna.

Et puis il passa devant cette petite boutique de souvenirs, où peluches et jouets se disputaient la devanture. Un instant d'hésitation, puis il entra, ne sachant absolument pas quoi prendre. Il n'avait pas l'habitude d'offrir ce genre de chose à ses fils... Aux anniversaires et à Noël, il privilégiait les jeux éducatifs, et maintenant que les jumeaux commençaient à lire, inutile de dire que les livres supplanteraient le reste. Mais cette fois... Cette fois c'était différent. Une bile amère le fit grimacer alors qu'il imaginait le pire concernant Marius. Comment aurait-il pu se pardonner si le petit n'avait pas survécu ? S'il avait découvert une petite boîte entourée de cyclamens en rentrant en France ? Comment se pardonner de ne pas lui avoir donné l'attention et l'affection qu'il réclamait à juste titre ?

Son regard s'arrêta alors sur ce gros lapin en peluche, dans un coin de la boutique. Il était là, seul, comme si on l'avait puni et abandonné loin des autres. Tout blanc, son gros ventre duveteux, il semblait en quête d'un compagnon de jeux qui saurait lui donner l'attention qu'il méritait. Alors, sans hésiter, Hippolyte s'empara de la peluche et la présenta à la vendeuse au comptoir. Elle lui proposa d'autres peluches plus colorées, dont certaines chantaient quand on leur appuyait sur le ventre... Il déclina poliment. C'était ce lapin-là qu'il voulait pour son fils et pas un autre.

Une fois ses achats effectués, il se mit en quête d'un café et d'un sandwich pour patienter jusqu'à l'embarquement. A aucun moment il ne parvint à contacter Victoire, et il monta finalement dans l'avion le cœur lourd d'inquiétude. Malgré ses efforts, il ne parvint pas à trouver le sommeil, et débarqua à Paris en n'ayant pas dormis depuis plus de vingt quatre heures. Seulement, il était bien trop inquiet pour songer à se reposer. Montant dans le premier taxi qu'il trouva, Hippolyte lui donna sèchement l'adresse de l'hôpital en promettant de le payer grassement s'il acceptait de griller quelques feux rouges.

S'éjectant littéralement de l'habitacle, il récupéra valise et peluche et entra en trombe dans le hall de l'hôpital, réclamant immédiatement à voir son fils.

« Marius Caesar... Donnez-moi le numéro de sa chambre, je suis son père. »

« C'est que... Une infirmière est en train de s'occuper de lui, nous ne... »

« Je me fiche de ça, donnez-moi le numéro de sa chambre ou je vous jure que je les fais toutes avant de le trouver ! » Tonna-t-il.

Prise au dépourvu, la jeune standardiste lui communiqua l'étage et la chambre, après quoi Hippolyte se précipita vers l'ascenseur le plus proche sans un merci ni une excuse. Troisième étage, chambre 325, qu'elle lui avait dit. En chemin, il croisa un médecin qui vint à sa rencontre, lui tendant une main qu'il retira rapidement en voyant le regard peu aimable du Caesar.

« Vous... Devez être monsieur Caesar, n'est ce pas ? »

Pas de réponse, il poursuivit.

« Nous ne pouvons pas autoriser les visites pour le moment... Votre fils a chuté du quatrième étage de votre immeuble, il a été traumatisé, on nous l'a amené dans un état critique... Ses jambes ont été grièvement touchées... »

« Continuez... »

« Je ne peux pas vous assurer qu'il remarchera un jour... »

L'annonce fit à Hippolyte l'effet d'un poignard fiché en plein cœur. Marius était certes vivant, mais il ne retrouverait peut-être jamais l'usage de ses jambes... Paralysé à vie... Pour un enfant hyperactif qui ne tenait pas en place... Serrant les poings, Hippolyte ne pouvait tolérer que son fils dépérisse en passant le reste de ses jours cloué dans un fauteuil.

« Ecoutez-moi bien... C'est peut-être vous qui avez la casquette du chef ici, mais ce sont mes laboratoires qui vous fournissent les antalgiques dont vous goinfrez vos patients... J'espère que vous allez tout mettre en œuvre pour que mon fils sorte d'ici sur ses deux jambes, ou vous pourriez vous retrouver soudainement sans approvisionnement et dans l'obligation de fermer... Suis-je assez clair ? »

Le médecin déglutit, acquiesça mais tenta néanmoins de retenir ce père odieux qui semblait vouloir passer outre ses interdictions.

« Non ! Vous n'avez pas le d... »

« J'ai encore le droit de voir mon fils sans vous en demander l'autorisation ! »

Sans un mot de plus, il repoussa le médecin et traversa cette portion de couloir qui le séparait encore de la chambre de Marius. Entrant en trombe, il fit signe à l'infirmière de sortir, laquelle ne se fit pas prier, et se précipita au chevet du petit. Le lapin échoua au bout du lit tandis qu'Hippolyte s'accroupissait prêt du lit. Il pris le visage de Marius entre ses mains, l'inspectant sous tous les angles pour s'assurer qu'il n'avait rien puis, dans un élan d'angoisse qui ne lui ressemblait pas, il le serra dans ses bras, comme si c'était la dernière fois qu'il le voyait.

« Dieu merci tu vas bien... J'ai eu si peur, Marius... On m'a dit que tu avais chuté du balcon... »

Le cœur battant à tout rompre, il n'était que partiellement rassuré, tant les informations que lui avait donné le médecin l'inquiétaient. Reculant, il fronça les sourcils, troquant l'inquiétude pour le regard sévère du père mécontent.

« Combien de fois t'ai-je dis de ne pas jouer sur le balcon ? Tu te rends compte de ce qui aurait pu arriver si maman n'avait pas été là ? Je veux que tu me promette que tu ne feras plus jamais ça, Marius, c'est bien clair ? »

C'était davantage l'inquiétude que la colère qui parlait. Hippolyte en était conscient : Perdre l'un de ses enfants l'aurait probablement rendu fou de chagrin.
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Marius Caesar
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MessageSujet: Re: à quoi servent les chutes ? (hipporius -21)   à quoi servent les chutes ? (hipporius -21) Icon_minitimeDim 17 Avr 2016 - 18:01

A quoi servent les chutes, Marius ? A mieux se relever
Hippolyte & Marius



Ça fait beaucoup de temps que je suis réveillé je crois. La première fois, j’étais tout seul et j’ai voulu bouger et j’ai eu mal et je me suis rendormi. La deuxième fois, il y avait une madame à côté de moi, une infirmière. La troisième fois, j’étais encore tout seul. Et là, là… là j’ai entendu la grosse voix de mon papa. On m’a dit que je suis tombé du balcon. Moi, je me souviens juste du train, de l’avion, de l’explorateur et ensuite… ensuite c’est le trou noir. Je me souviens de l’ambulance, je me souviens de la lumière, je me souviens du monsieur qui m’a demandé combien j’avais mal mais moi, j’arrivais pas à compter sur mes doigts assez pour montrer de combien j’avais mal. Au dos, aux jambes. Et puis je me suis réveillé. Je veux voir ma Maman, je veux voir mon jumeau, je veux voir Martial, je veux… j’entends la grosse voix de papa, alors qu’il était pas là. Je la reconnaîtrais entre mille autres parce qu’il s’énerve, et que lorsqu’il s’énerve, il me donne envie de me faire tout petit petit, sauf quand il s’énerve pas sur moi. Et là, il s’énerve pas sur moi et ça me donne envie de rire. Enfin, d’habitude, ça me donne envie de rire, mais là, il m’en faut pas plus pour me relever malgré l’infirmière. Elle tente de me calmer, mais ça m’énerve, je m’agite encore plus. Elle me dit de me calmer, moi j’agite mes bras pour m’échapper. J’ai peur qu’il s’en aille, j’ai peur qu’il retourne travailler, j’ai peur qu’il ne veuille pas me voir. Alors je hurle, alors je crie, alors je l’appelle. Mon papa, mon héros, mon sauveur. Lorsqu’il débarque dans ma chambre, je ne retiens pas mes larmes de soulagement et de terreur. Parce que j’ai peur sans lui et que je veux juste rentrer à la maison.

Dès qu’il rentre, plus rien d’autre existe. Je prends une grande inspiration, je tends les bras et j’attrape ses manches quand ses mains attrapent mon visage. Je m’enfouis dans sa chemise lorsqu’il me serre dans ses bras. J’ai envie de faire le koala, j’ai envie de lui faire un câlin, mais j’arrive pas à bouger les jambes, juste à l’agripper pour pas qu’il s’en aille. Je veux pas qu’il s’en aille, je… « Dieu merci tu vas bien... J'ai eu si peur, Marius... On m'a dit que tu avais chuté du balcon... » Je sanglote dans sa chemise. « J’suis désolé Papa, je voulais pas, je… » Je ne sais pas ce qu’il s’est passé. Je suis jamais tombé, j’ai toujours tenu sur mes jambes. Je suis jamais tombé comme ça, j’ai… il se recule, je renifle et je rentre la tête dans mes épaules lorsqu’il me regarde avec un regard pas content. J’ai fait une bêtise. « Combien de fois t'ai-je dis de ne pas jouer sur le balcon ? Tu te rends compte de ce qui aurait pu arriver si maman n'avait pas été là ? Je veux que tu me promettes que tu ne feras plus jamais ça, Marius, c'est bien clair ? » Je secoue la tête avec force avant de sécher mes larmes, avec ma main toute bandée et malgré les perfusions. « Promis, Papa, promis… » Je tends la main pour l’agripper encore mais je me ravise au dernier moment pour tapoter le lit à côté de moi. « Tu t’assoies ? » Je me mordille la lèvre, pas trop sûr de moi. Parce que Papa, il ne s’assoit pas, il reste dans son fauteuil. Ou Papa, il me regarde tout d’en haut pour froncer les sourcils et me dire que j’ai fait une bêtise. Mais Papa, aussi, il fait pas beaucoup de câlins. Il a dit que Maman lui avait dit que j’étais tombé du balcon. « Je voulais jouer avec le train, et l’avion. Mais Maman elle voulait pas que j’aille sur le balcon. Mais je voulais y aller. Et tout en haut… » Mon papa est là pour me protéger, ça me rassure, et quand je suis rassuré, je recommence à parler. Beaucoup. Avec enthousiasme. « … le train, il a fait tchouuuutchouuu » Ma main mime le trajet de ma locomotive, si jamais Papa il voit pas comment ça fait une locomotive qui vole. « Et il allait haut, haut, et du coup, je suis monté sur la chaise, et sur la table… Et là, j’ai vu suuuper loin, et du coup j’étais un explorateur. Comme les piraaaates. » J’aime bien les pirates. Il y a pas très longtemps, j’ai même découpé une chemise de Maman pour me faire un cache-œil de pirate. C’était bien, mais Maman elle était pas très contente. Et son foulard était un peu abimé aussi après. « Je faisais attention, je te promets, mais je sais pas, j’suis tombé, et j’ai hurlé, et j’ai eu mal. Et même que le monsieur dans l’ambulance il m’a demandé combien j’avais mal et… » Je me mords la lèvre en regardant Papa avec de grands yeux. J’ai une toute petite voix quand je reprends. « Le monsieur il a dit que j’avais eu de la chance, ça veut dire quoi ça, Papa ? Parce que je suis tombé et ça fait mal et y’a pas de chance quand on a mal et… » Je fronce les sourcils. Mes pensées sont aussi rapides que moi, hyperactives qu’il dit, Papa. Je regarde le lapin. « C’est pour moi ? »

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Hippolyte Caesar
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MessageSujet: Re: à quoi servent les chutes ? (hipporius -21)   à quoi servent les chutes ? (hipporius -21) Icon_minitimeDim 17 Avr 2016 - 18:04

A quoi servent les chutes, Marius ? A mieux se relever
Hippolyte & Marius



Hippolyte n'était ni le père le plus affectueux, ni l'époux le plus exemplaire qui soit. Seulement, il tenait à sa famille comme à la prunelle de ses yeux, et s'en rendait malade dès qu'il arrivait quoi que ce soit à Martial,Victoire ou Marius. Il avait conscience d'être assez distant, d'être avare de câlins et de préférer dire à Marius qu'il fallait être courageux plutôt que de chercher à le réconforter... Mais ça ne faisait pas lui un monstre pour autant, du moins l'espérait-il. Ce médecin qu'il avait envoyé baladé garderait sûrement un mauvais souvenir de son passage, mais lui l'avait déjà oublié. Tout ce qui comptait, c'était de s'assurer de ses propres yeux que son fils allait bien, qu'il était bien traité et que tout était mis en œuvre pour le soigner. De part son métier, Hippolyte aurait dut avoir une confiance aveugle en la médecine... Seulement, il ne faisait confiance à rien ni personne pour s'occuper correctement de Marius. Il était prêt à devenir le pire cauchemar des infirmières si ça pouvait lui permettre de garder un œil vingt quatre heure sur vingt quatre sur son fils.

Tenant le visage du petit entre ses mains, il détaillait tout. Des contusions sur sa peau d'enfant à son regard à la fois terrifié et soulagé. Il savais Marius sincère, lorsqu'il sanglota dans ses bras en lui promettant de ne pas recommencer... Mais ça n'enlevait rien à l'inquiétude qu'il ressentait.

« Il faut que tu apprennes à obéir davantage, Marius... Quand les grandes personnes t'interdisent quelque chose, ce n'est pas pour t'ennuyer mais pour ton bien... Et quand je te gronde ce n'est pas par plaisir... C'est parce que je m'inquiète pour toi. Tu comprends ? »

S'exprimer avec un enfant était un véritable challenge pour cet habitué des discours, des phrases pompeuses et des écrits complexes. Avec le temps, il avait fini par apprendre à choisir les mots pour faire comprendre les choses à ses enfants. Lorsque Marius tapota le lit à côté de lui, Hippolyte hésita un instant puis consentit finalement à s'asseoir pour écouter le récit sans queue ni tête de son fils. Éberlué, il tentait de donner un sens à tout ça tandis que Marius le mitraillait d'informations en faisant de grands gestes. Il fronça les sourcils, chassant cette historie de train, d'avion et de pirates pour ne retenir qu'une chose : Inconscient du danger auquel il faisait face, Marius était grimpé sur la table de la terrasse et avait probablement dû chuter à ce moment-là. N'importe quel autre enfant aurait eu peur et ne serait même pas monté sur la chaise... Mais finalement, Marius avait un peu trop écouté son père : Il avait appris à ne plus avoir peur de grand chose, allant jusqu'à faire taire son instinct de survie. Hippolyte attrapa la main de son fils fermement mais sans brusquerie, la reposant sur le lit, puis il se pencha vers lui avec un regard sévère.

« Ecoute-moi bien, Marius... Tu ne peux pas imaginer à quel point j'ai eu peur, ni à quel point je suis soulagé de savoir que tu vas bien... Mais je ne suis pas content du tout de ce que tu as fais. Il y a de la place dans ta chambre, pour jouer avec le train, et je sais que ta nourrice t'a aidé la semaine dernière à installer le circuit. Faire attention ça ne veut pas dire regarder où on met les pieds quand on grimpe sur une table. C'est ne pas faire ce genre de chose insensé ! »

Mais Marius lui promettais qu'il avait fait attention, qu'il savait ce qu'il faisait... Seulement, il était trop jeune pour comprendre ce que le médecin avait voulu dire. Comment expliquer cela à un enfant sinon en distillant des mots durs dans un discours bancal ?

« Il a voulu dire que tu avais eu de la chance que ça ne soit pas plus grave... Tu as beaucoup de chance d'être dans cette chambre d'hôpital et de pouvoir bouger, Marius... Tu aurais pu être paralysé ou... »

Mais la suite resta coincée dans sa gorge et il renonça à l'idée d'aller au bout de sa phrase. Il refusait tout simplement d'imaginer être rentré en France pour assister à l'enterrement de son enfant. Son regard s'égara alors sur les appareils qui entouraient Marius. Il n'avait plus besoin d'assistance cardiaque ou respiratoire, mais une perfusion continuait à se vider dans le tube relié à son petit poing. Nul doute qu'il devait y avoir là de quoi calmer la douleur. Viendrait le moment où ils devraient évoquer les jambes du petit et le fait qu'il ne pourrait probablement plus marcher, ou du moins pas comme avant. Avait-il été plâtre ? Ou la blessure se situait-elle au niveau de sa colonne vertébrale ? Perdu dans ses pensées, Hippolyte faillit bien ne pas entendre Marius lui demander si la peluche était pour lui. Se souvenant alors qu'il était venu avec le lapin, il s'en empara, lui remis les oreilles en place et le tendit à son fils avec un sourire amusé.

« C'est pour toi, oui... Quand j'ai appris ce qu'il t'était arrivé, je suis tout de suite aller à l'aéroport, mais comme je devais attendre que l'avion soit prêt, j'ai pensé à te ramener quelque chose... Ça fera un compagnon pour Merlin, qu'est ce que tu en dis ? Il te plaît ? »

Hippolyte savait les enfants capricieux et exclusif... Marius pouvait aussi bien apprécier le cadeau qu'il pouvait le bouder et garder l'exclusivité pour son hibou en peluche. Soudain, Hippolyte se rendit compte que la chambre semblait bien vide.

« Ta mère n'est pas là ? Martial non plus ? »

C'était tout de même étrange que Victoire ne soit pas là... Certes le médecin avait interdit les visites pour le moment, mais il connaissait suffisamment son épouse pour savoir qu'elle l'aurait envoyé balader plus violemment encore que son mari si on lui avait interdit de voir son fils.
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Marius Caesar
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MessageSujet: Re: à quoi servent les chutes ? (hipporius -21)   à quoi servent les chutes ? (hipporius -21) Icon_minitimeDim 17 Avr 2016 - 18:05

A quoi servent les chutes, Marius ? A mieux se relever
Hippolyte & Marius



J’essaye souvent de faire la tête pas contente de mon papa, pour ne pas pleurer. A l’école, quand on est méchant avec moi parce que je suis plus petit parce que j’ai pas le même âge que les autres, et bien, je pleure pas, je fais la tête de papa et je tape le méchant. Mais là… là, dès qu’il arrive tout à côté de moi, j’essaye même pas d’être courageux ou d’être un grand garçon, je fonds en larmes dans ses bras. Il me prend le visage entre ses mains, mes yeux s’agrandissent, j’attrape ses manches, j’enfouis mon visage dans sa chemise dès qu’il me fait un câlin. Promis, Papa, promis, je ne ferais plus ça comme bêtise. Je sanglote de terreur. « Il faut que tu apprennes à obéir davantage, Marius... Quand les grandes personnes t'interdisent quelque chose, ce n'est pas pour t'ennuyer mais pour ton bien... Et quand je te gronde ce n'est pas par plaisir... C'est parce que je m'inquiète pour toi. Tu comprends ? » Si je comprends ? Je comprends surtout que j’ai fait une grosse bêtise et que Papa, il n’est pas content. Je comprends aussi que j’ai fait vraiment une grosse bêtise, cette fois, que ça n’a rien à voir avec la fois où j’ai voulu descendre l’escalier en courant et que j’ai trébuché sur le tapis et que je me suis ouvert le front. Ça saignait de partout et je hurlais aussi, mais c’était vite passé. Et Papa, il avait pas eu aussi peur. « Je sais, Papa. Mais je voulais vraiment aller sur le balcon, et le balcon, il est pas dangereux, et… » Je sais, je comprends, mais je ne peux pas m’empêcher d’essayer de justifier ce que j’ai fait parce que je suis sûr que c’était pas si dangereux que ça et qu’en plus c’est un accident et que… je raconte l’histoire du train, je raconte que j’ai été un explorateur. Je crois que Papa, il comprend pas trop. Mais pourtant, c’est un explorateur lui aussi, et il est grand, et moi je veux être grand comme Papa plus tard et c’est pour ça que je suis monté sur la table. « Ecoute-moi bien, Marius... Tu ne peux pas imaginer à quel point j'ai eu peur, ni à quel point je suis soulagé de savoir que tu vas bien... Mais je ne suis pas content du tout de ce que tu as fais. Il y a de la place dans ta chambre, pour jouer avec le train, et je sais que ta nourrice t'a aidé la semaine dernière à installer le circuit. Faire attention ça ne veut pas dire regarder où on met les pieds quand on grimpe sur une table. C'est ne pas faire ce genre de chose insensé ! » Je rentre la tête dans les épaules, fronçant les sourcils dans une moue pas contente. « Ma nourrice, elle est nulle » Papa est là, Papa il me protège, donc je n’ai plus peur. Et quand je n’ai plus peur, avec mon sale caractère, comme elle dit la maîtresse, et bien je deviens insolent. Et buté. Je me concentre sur ce qu’il dit, mon papa, et c’est pour ça que j’oublie les pansements, et ce qu’ils ont mis dans mon bras, et mes jambes. « En plus, elle voulait faire un circuit de train rond, mais c’est pas drôle parce que ça enferme le train, et le train il ne peut plus aller là où il veut. » Et moi, quand on ne me laisse pas aller là où je veux, et bien je suis triste. Donc… le calcul est vite fait dans ma tête. « Et puis je regardais vachement où je mettais les pieds, parce que quand je suis monté sur la balustrade, et ben j’ai fait attention, j’te jure ! » Je lui assure que je faisais bien attention. Mais je suis tombé quand même et je ne sais plus ce qu’il s’est passé. Je me souviens juste de l’ambulance, de la douleur, du monsieur qui m’a demandé combien j’avais mal et… Papa, ça veut dire quoi que j’ai eu de la chance ? Je regarde mon Papa pour qu’il me réponde. Papa, c’est un adulte, et il sait toujours tout. « Il a voulu dire que tu avais eu de la chance que ça ne soit pas plus grave... Tu as beaucoup de chance d'être dans cette chambre d'hôpital et de pouvoir bouger, Marius... Tu aurais pu être paralysé ou... » Je fronce les sourcils. « Ca veut dire quoi, paralysé ? » Je ne lui laisse pas le temps de me répondre que mon regard accroche une boule de poil, de l’autre côté du lit. J’essaye de me redresser, pour le regarder. Mes pensées vont à deux cent à l’heure, j’ai presque déjà oublié ma question pour lui en poser une autre. C’est pour moi ? Le sourire de Papa me fait sourire, avec une certaine timidité gênée parce que je n’ai pas l’habitude voir Papa comme ça. Je tends la main vers le lapin. D’habitude, quand je réclame, il m’offre pas parce qu’il dit que c’est nul et que c’est futile et que maintenant que je sais lire, et bien il faut que je lise, et il m’offre un livre qui est tout nul. J’ai peur qu’il me retire le lapin des mains, alors dès que je le touche, je l’agrippe pour le ramener vers moi. « C'est pour toi, oui... Quand j'ai appris ce qu'il t'était arrivé, je suis tout de suite allé à l'aéroport, mais comme je devais attendre que l'avion soit prêt, j'ai pensé à te ramener quelque chose... Ça fera un compagnon pour Merlin, qu'est ce que tu en dis ? Il te plaît ? » Je regarde le lapin, comme pour lui dire bonjour. Je tire sur une oreille, puis sur l’autre, comme pour les remettre droites mais elles veulent pas rester debout. « Il s’appelle comment ? » Je lui appuie sur le nez. C’est sérieux, de regarder un lapin. Faut que je regarde s’il va bien s’entendre avec Merlin, s’il… c’est un lapin de Papa. Je le serre contre moi. « Merci Papa, il est trop génial ! » Je veux faire un câlin mais… « Ta mère n'est pas là ? Martial non plus ? » J’enfouie mon visage dans le lapin pour me cacher les yeux et hausser les épaules. « Non… » Ma petite voix est à l’image de mes yeux. « Quand je me suis réveillé, Maman elle était pas là, et Martial il était pas là non plus. Il est peut être encore en train de jouer du violon, et… » Je me mords la lèvre. « Je crois que Maman, elle est pas contente et qu’elle veut pas me voir parce que j’ai fait une bêtise. » Je chuchote, comme pour confier un secret à Papa. « La dame, elle a dit que elle allait voir mais elle voulait pas me regarder, et c’est toi qui l’as dit, que les gens qui regardent pas dans les yeux et bien c’est des gens qui mentent. Tu crois que Maman elle veut pas me voir parce que je suis ralysé ? Tu as dis que j’aurais pu être paralysé, mais du coup, si je suis ralysé, et bien Maman elle est pas contente ? Et elle me punit en voulant pas que Martial il vienne ? Ou alors, c’est contagieux comme la varicelle et elle veut pas que Martial il l’attrape ? Je veux pas qu’il soit malade lui aussi. Si je lui fais un dessin, tu crois qu’elle m’en voudra plus ? Faut que je m’excuse pour la bêtise que j’ai faite et celle que j’ai faite avant ? Tu crois que elle m’aime plus ? » Je suis pas doué comme Papa, moi : mon angoisse se retranscrit dans un menton tremblotant, dans des larmes qui reviennent, dans une voix qui faiblit. Je veux pas que ma Maman, elle ne m’aime plus.

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MessageSujet: Re: à quoi servent les chutes ? (hipporius -21)   à quoi servent les chutes ? (hipporius -21) Icon_minitimeDim 17 Avr 2016 - 18:08

A quoi servent les chutes, Marius ? A mieux se relever
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Une expression n’avait jamais rien de totalement figé. On pouvait croiser des individus à l’air éternellement jovial, on pouvait les croire heureux et pétillants tous les jours sans pour autant déceler en eux la détresse ou la tristesse qui pouvaient être masqués par un sourire. Et puis il y avait ces personnages qui, à l’instar d’Hippolyte, semblait toujours renfrogné, peu amène et même agressif… Qu’on se le dise, le Caesar était du genre à tirer la gueule, mais pas forcément parce qu’il était de mauvaise humeur… Simplement parce que c’était son expression habituelle. Il avait continuellement l’air sévère, sérieux, ne souriait que lorsque la situation l’y obligeait… A croire que ses zygomatiques étaient le brûlait dès qu’il esquissait ne serait-ce qu’un rictus.

Et pourtant, par-dessus cet air austère qui le caractérisait tant, l’inquiétude était venue se greffer. Une ride d’angoisse marquait son front, et la fébrilité de ses gestes trahissaient à la fois son angoisse et le soulagement de savoir Marius sain et sauf. Finalement, c’était tout ce qui comptait… Seulement, il eut tôt fait de froncer à nouveau les sourcils en prenant cette grosse voix qui avait souvent le mérite de calmer Marius.



« Marius ! Je t’ai déjà dit qu’on ne répondait pas aux grandes personnes ! C’est insolent ! »

Il avait souvent l’impression de se répéter, avec Marius, de devoir dire encore et encore les mêmes choses, le plus clairement possible pour qu’il comprenne… Le petit n’était pas idiot, loin de là, mais il préférait toujours n’en faire qu’à sa tête plutôt que d’acquiescer gentiment et de rentrer dans le rang. Il aurait pu à nouveau se mettre en colère, demander à Marius de s’excuser d’avoir dit que sa nourrice était nulle… Mais la nourrice en question, Hippolyte ne la connaissait même pas. A vrai dire, ce n’était pas lui qui l’avait recrutée, c’était simplement lui qui lui signait son chèque à la fin du mois. Et d’un autre côté, le voyage l’avait épuisé, et il avait le sentiment que le moment était très mal choisi pour faire la morale à Marius. Laisse le sérieux de côté pour adopter une attitude plus détendue ne lui ferait peut-être pas de mal, après tout. Une simple mise en garde suffirait amplement.

« Ecoute-moi bien, Marius. Que tu fasses attention ou non, tu n’es jamais à l’abri d’un accident, personne ne l’est. Il faut que tu sois prudent, car maman et moi ne serons pas toujours là pour te rattraper, tu comprends ? Ce que je veux que tu me jure, c’est que tu ne recommenceras pas, d’accord ? J’ai eu très peur… Tu ne veux pas que papa ait père, n’est-ce pas ? »

Qu’il se sentait bête, à parler ainsi… Bien sûr que c’était le meilleur moyen pour se faire comprendre d’un enfant en bas âge, mais il avait toujours le désagréable sentiment de s’exprimer comme un demeuré. Seulement, il avait bien fait de chercher des mots simples… Marius ne connaissait pas le terme paralysé, et ce n’était finalement pas si étonnant à son âge. A six ans, on parlait davantage de super héros, de camion, de petites voitures que de paralysie. Hippolyte eut à peine le temps de chercher comment expliquer la chose simplement à Marius que déjà, son fils avait pensé à autre chose et remarquait la présence du lapin en peluche. Esquissant un sourire amusé, Hippolyte le lui tendit et le laissa tester la résistance des oreilles de l’animal. A son tour, il regarda la peluche.

« C’est une bonne question, je ne lui ai pas demandé comment il s’appelait… Peut-être qu’il veut que tu le choisisses ? Tu as une idée ? »

Comme si un bout de chiffon pouvait se soucier du nom qu’on lui donnait… Résister à la tentation de dire que tout cela était idiot, se focaliser sur le sourire ravi du gamin, sur cette bouille ronde qui le fixait avec gratitude en serrant la peluche dans ses bras… Mais lorsqu’il demanda à Marius où était sa mère, Hippolyte eut le sentiment qu’il venait de briser le petit dans son élan. Il aurait pu rester muet que son geste aurait été suffisamment explicite. Caché derrière sa peluche, il cachait ses larmes et sa tristesse, et si Hippolyte sentait une pointe lui chatouiller le cœur en voyant cela, il était surtout totalement stupéfait. Pourquoi Victoire n’était-elle pas venu le voir ? Et surtout pourquoi avait-elle tenu Martial à l’écart ? S’il aimait son épouse et la soutenait dans la plupart de ses décisions de mère, il ne parvenait pas à justifier un tel comportement. Marius avait fait une bêtise, une très grosse bêtise, mais était-ce donc si grave qu’il n’avait plus droit à la visite de sa mère et de son frère ? N’était-ce pas un châtiment un peu cruel pour un enfant qui n’avait pas conscience des risques. Figé et plongé dans ses réflexions, Hippolyte ne remarqua pas immédiatement les larmes qui coulaient sur les joues de Marius. Une petite voix lui chuchota que c’était peut-être le moment d’abandonner la rigidité robotique et d’agir en être humain… Voilà… Une main sur son épaule, c’était un bon début, peut-être que s’il poussait le vice jusqu’à le prendre dans ses bras, il calmerait ce gros chagrin ? Dans un geste aussi maladroit que touchant, Hippolyte serra Marius contre lui, le berçant doucement pour lui montrer sa présence à ses côtés.

« Bien sûr que ta mère t’aime, Marius… Elle doit être choquée, je pense… Elle a cru t’avoir perdu, elle a peut-être peur de venir, je ne sais pas… Je lui en parlerai en rentrant, c’est d’accord ? Mais pas ce soir… »

Il recula légèrement, regardant Marius avait tout le sérieux du monde dans les yeux.

« Parce que ce soir, je reste avec toi. D’accord ? »

Mais malgré tout ce qu’il disait, Hippolyte n’arrivait pas à croire en ce qu’il disait. Si Victoire avait craint de craquer ou de pleurer devant Marius, elle le lui aurait dit et n’aurait certainement pas empêché Martial de venir. Qui plus est, cette infirmière qui avait délibérément mentit à Marius savait sûrement bien plus de choses. Hippolyte se promettait donc d’aller lui en parler dès que possible. Toute cette histoire n’avait aucun sens et ne tournait pas rond, un dessin et quelques excuses de la part de Marius ne suffiraient certainement pas à expliquer un tel comportement de la part de Victoire… Quoi qu’il se soit passé, il devait avoir une longue discussion ave elle.

« Ne t’en fais pas, tu n’as rien de contagieux, et Martial a déjà eu la varicelle, tu ne te souviens pas ? Tu étais peut-être un peu jeune… Je ne sais pas pourquoi ta mère n’est pas là c’est… C’est un mystère. En revanche, je peux t’expliquer ce que veut dire le mot paralysé. Ralysé, ça ne veut rien dire. Être paralysé, ça signifie qu’on ne peut plus bouger certains membres… Par exemple, tu as déjà vu une personne en fauteuil roulant ? Elle ne peut pas bouger ses jambes parce qu’elles sont paralysées et… Ton dos a été touché pendant ton accident. Le dos est extrêmement fragile, Marius. En ce cassant la colonne vertébrale, tu peux te retrouver totalement paralysé. Tu ne pourrais plus bouger ni tes bras, ni tes jambes. Comment ferais-tu pour jouer avec ton train ? Tu comprends pourquoi je ne veux pas que tu joues sur le balcon ? »

Il y avait de l’angoisse, de la peur dans sa voix, c’était indéniable… Car il savait que malheureusement, les jambes de Marius avaient été bien plus touchées que le petit semblait le croire. Et parce qu’il pouvait difficilement repousser l’échéance, Hippolyte baissa les yeux vers le lit.

« Tes jambes… Elles te font mal ? Les infirmières t’ont emmené marcher un peu ? »

Il la redoutait, la réponse… Il l’appréhendait car quoi qu’il se passe, il connaissait la réponse. Marius non. Il avait besoin de prendre conscience qu’il ne pourrait probablement plus marcher… Seulement, pour que lui l’accepte, il fallait encore que son père se fasse à cette idée. Et ça… C’était autre chose. Qu’importe le temps, l’énergie et l’argent qu’il aurait à y investir, il entendait bien voir son fils à nouveau courir partout dans leur appartement.
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MessageSujet: Re: à quoi servent les chutes ? (hipporius -21)   à quoi servent les chutes ? (hipporius -21) Icon_minitimeDim 17 Avr 2016 - 18:08

A quoi servent les chutes, Marius ? A mieux se relever
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Il suffit qu’il soit là pour que ma peur s’atténue, il suffit qu’il soit tout près de moi pour que je cesse d’être terrifié. Presque. Je suis un aventurier, je n’ai pas peur de l’inconnu ! Et avec Merlin à côté, de moi, je sais que je ne risque rien parce que Merlin, c’est mon ami, et que Papa, c’est le plus fort. Il suffit qu’il soit là, et je cesse de lutter contre ma peur et tout cet inconnu qui est autour de moi, je sanglote dans ses bras, je veux pas qu’il s’en aille, je veux juste qu’il reste. Et même s’il me gronde parce que j’ai pas obéi à Maman, c’est pas grave, parce qu’il est là. Je sais bien qu’il faut obéir aux grandes personnes, il me le dit tout le temps parce que je suis pas très obéissant et que je fais plein de bêtises, mais… mais je suis sûr d’avoir fait hyper attention pourtant. Et puis, jusque-là, le balcon il était pas dangereux parce que je m’étais jamais fait mal. C’est ce que j’essaye de lui expliquer, d’ailleurs. Mais je me ratatine aussitôt comme je peux sous sa grosse voix. « Marius ! Je t’ai déjà dit qu’on ne répondait pas aux grandes personnes ! C’est insolent ! » J’ai des larmes aux yeux que j’essaye de cacher. « Mais Papaaaaa… » Pourquoi est-ce que c’est insolent de lui dire ça, je comprends pas ? Je sais que j’ai raison pourtant, je suis sûr d’avoir raison ! C’est d’ailleurs pour ça que je lui raconte l’histoire du train, de la locomotive, de l’exploration et tout ça, c’est pour qu’il comprenne bien que j’étais juste ultra prudent et que c’était pas de ma faute et que…

Ecoute moi bien, Marius. J’ouvre grands les yeux pour l’écouter. Je rentre encore la tête entre les épaules, je me fais tout petit comme pour disparaître sous la couverture. Je suis pas d’accord, mais je veux pas qu’il me gronde, et en plus, ma nounou je veux pas l’écouter parce qu’elle est toute nulle, encore pire que la précédente et qu’elle est pas drôle. Là encore, je prends le temps de l’expliquer à Papa pour qu’il voie que je veux bien faire et que c’est pas moi qui ai fait la bêtise mais que c’est la nounou. Parce que son circuit, il était nul comme elle. Et puis, le train il voulait aller sur le balcon. Et puis, je faisais attention, à mooort. Je ne sais pas pourquoi je suis tombé et pourquoi j’ai eu mal. Je n’arrive pas à savoir pourquoi. Je crois que j’essaye de me convaincre que j’ai rien fait de grave pour me convaincre que j’ai rien de grave et que comme quand je suis tombé dans l’escalier et bien on va vite oublier ça. Sauf que vu la tête de Papa, j’ai l’impression qu’on va pas l’oublier rapidement. « Ecoute-moi bien, Marius. Que tu fasses attention ou non, tu n’es jamais à l’abri d’un accident, personne ne l’est. Il faut que tu sois prudent, car maman et moi ne serons pas toujours là pour te rattraper, tu comprends ? Ce que je veux que tu me jures, c’est que tu ne recommenceras pas, d’accord ? J’ai eu très peur… Tu ne veux pas que papa ait peur, n’est-ce pas ? » Je me mordille la lèvre quand je le regarde, j’ai le menton qui tremble. « Mais t’as jamais peur, parce que tu es le plus fort, Papa. Et moi j’ai pas peur non plus. Tu m’as dit qu’il fallait pas avoir peur, mais du coup c’est de ma faute si tu as peur ? » J’essaye de comprendre, mais j’ai l’impression qu’à cause de moi, Papa il est pas un héros parce qu’il a peur. Je suis pas un bon petit garçon, il a peur à cause de moi, il est en colère à cause de moi… J’ai juste envie de pleurer et de m’excuser, là. « Je te jure que je recommencerai jamais jamais, Papa. » Jamais, ça veut dire deux semaines, chez moi. Mais je suis sincère quand je le dis. Vraiment sincère. Et je mordille la lèvre encore plus lorsque je demande à Papa ce qu’il a voulu dire, le monsieur de l’ambulance, quand il m’a dit que j’ai eu de la chance.

Parce que j’ai mal, j’ai encore un peu mal, et je sens plus mes jambes, et Maman elle est pas là, et Martial non plus, et Papa non plus il était pas là. J’écoute la réponse de Papa avec attention, même si je comprends pas tous les mots. Ma question, elle sort toute seule, et je l’abandonne tout aussi vite pour me concentrer sur la peluche. Pour moi ? Vraiment ? Je prends le lapin tout lentement avant de l’accaparer pour plus qu’il me l’enlève. Le mien à moi. Je tire sur une oreille, puis sur l’autre, comme pour faire connaissance. Il est trop doux, il est trop bien, il est même mieux que Merlin mais faut pas le dire sinon Merlin va être vexé. Je regarde le lapin avant d’appuyer sur son nez. Comment il s’appelle ? C’est une question importante, très importante. Merlin, je sais pas pourquoi il s’appelle comme ça, mais c’est son nom. Et lui ? « C’est une bonne question, je ne lui ai pas demandé comment il s’appelait… Peut-être qu’il veut que tu le choisisses ? Tu as une idée ? » Je jette un coup d’œil à Papa avant de regarder à nouveau le lapin. C’est un garçon, ça c’est sûr. Il a une tête de garçon. Je jette un nouveau coup d’œil à Papa avant de répondre de ma petite voix insolente. « C’est un lapin en peluche, Papa. Il veut rien. Et si je veux l’appeler Reblochon, il aura pas son mot à dire. » Je me concentre pour lui trouver un nom autre que Reblochon parce qu’il ne pue pas, quand même. « Il va s’appeler Chester. » Je sais pas d’où ça vient mais je décide que ça lui va bien. C’est joli Chester. Je serre le lapin contre moi avant de remercier papa. Je veux lui faire un câlin, aussi, parce qu’il le mérite et… Maman. J’enfouis ma tête dans mon lapin comme pour me cacher. Non, Maman n’est pas là, elle est pas venue. Et je sais pas pourquoi… Je renifle, je me mords la lèvre. Je veux voir mon frère, je veux voir ma maman. Une main sur ma petite épaule, je me recroqueville en reniflant encore. J’ai fait une bêtise, j’ai compris, mais…

Je sanglote dans les bras de Papa. Je ne veux pas que Maman ne m’aime plus, je veux qu’elle me fasse un câlin, je veux qu’elle vienne me border, qu’elle vienne me dire qu’elle a eu peur, je veux qu’elle fasse comme Papa il est en train de faire. « Bien sûr que ta mère t’aime, Marius… Elle doit être choquée, je pense… Elle a cru t’avoir perdu, elle a peut-être peur de venir, je ne sais pas… Je lui en parlerai en rentrant, c’est d’accord ? Mais pas ce soir… » Je lève les yeux vers lui, sans que mes mains ne cessent d’agripper sa chemise. « Parce que ce soir, je reste avec toi. D’accord ? » Je passe une main sur mes yeux pour enlever les larmes qui sont encore là. « Mais la madame, elle a menti quand elle a dit qu’elle allait demander à Maman, et j’étais tout seul et j’avais peur, pourquoi elle veut me faire peur ? » J’arrive pas à me taire, je pose des questions toujours des questions, je ne fais que poser des questions. Et Papa, il les écoute toujours toutes pour y répondre sans en oublier et me dire à chaque fois qu’elles sont nulles, mes questions, et que je devrais réfléchir un peu plus, parfois. Il dit ça souvent parce que je suis pas très intelligent. Et que je parle toujours avant de réfléchir parce que c’est trop long de réfléchir. « Ne t’en fais pas, tu n’as rien de contagieux, et Martial a déjà eu la varicelle, tu ne te souviens pas ? Tu étais peut-être un peu jeune… Je ne sais pas pourquoi ta mère n’est pas là c’est… C’est un mystère. En revanche, je peux t’expliquer ce que veut dire le mot paralysé. Ralysé, ça ne veut rien dire. Être paralysé, ça signifie qu’on ne peut plus bouger certains membres… Par exemple, tu as déjà vu une personne en fauteuil roulant ? Elle ne peut pas bouger ses jambes parce qu’elles sont paralysées et… Ton dos a été touché pendant ton accident. Le dos est extrêmement fragile, Marius. En se cassant la colonne vertébrale, tu peux te retrouver totalement paralysé. Tu ne pourrais plus bouger ni tes bras, ni tes jambes. Comment ferais-tu pour jouer avec ton train ? Tu comprends pourquoi je ne veux pas que tu joues sur le balcon ? » J’ouvre grands les yeux. Ne pas pouvoir bouger ? Je commence à respirer beaucoup, comme lorsque j’ai peur ou que je me fais gronder. Il veut dire que c’est pas normal que je sente pas mes jambes ? Que c’est pas juste un médicament qu’on m’a donné pour pas que je bouge trop et que je sorte du lit ? Que… « Tes jambes… Elles te font mal ? Les infirmières t’ont emmené marcher un peu ? » Je secoue la tête. Et je tremble. Beaucoup. « Papa… tu crois que je suis paralysé ? Je peux pas bouger mes jambes. Elles font pas mal, on dirait qu’elles sont pas là. Je croyais que c’était normal à l’hôpital, pour pas que j’aille courir dans le couloir mais…mais ça veut dire que je peux plus marcher ? » Je crois que Papa, il doit pas tout comprendre à ce que je dis parce que je pleure en même temps. Je veux pas être paralysé, je veux pouvoir courir. Pourquoi le balcon il m’a fait ça, hein ? Il est pas gentil le balcon. « Je veux pas être tombé, je veux pas plus pouvoir marcher. J’vais plus marcher du tout du tout ? Mais j’ai pas mal au dos, il faut mettre du cotsch pour le réparer ? Ou de la glue ? Tu peux réparer mon dos, Papa ? Je suis tout cassé comme le vase de Maman mais toi tu peux me réparer, hein ?! »

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MessageSujet: Re: à quoi servent les chutes ? (hipporius -21)   à quoi servent les chutes ? (hipporius -21) Icon_minitimeSam 23 Avr 2016 - 22:27

A quoi servent les chutes, Marius ? A mieux se relever
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Hippolyte fronça les sourcils, faisant son regard sévère à Marius pour le forcer à se taire. Droit et intransigeant, il supportait difficilement l'insolence et encore moins l'insubordination. Seulement, même en disant « stop » ou « non » à Marius, il n'écoutait pas... Il continuait à provoquer, encore et encore, jusqu'à pousser son père dans ses retranchements. Or, la situation n'était absolument pas propice à la crise ou aux disputes. Aussi Hippolyte préféra-t-il en rester là plutôt que de réprimander Marius. Il soupira lorsque le petit lui assura ne pas avoir eu peur... C'était là tout le problème. Sa confiance en son père était telle qu'il était persuadé que ce dernier serait toujours là pour le sauver et le rattraper s'il chutait... Seulement, le tragique accident qu'avait subit Marius avait finalement prouvé le contraire. A moment le plus important, Hippolyte était absent. Ce que son fils ne semblait pas comprendre, c'est à quel point l'angoisse et la culpabilité pouvaient lui tirailler les entrailles. Quel part, il se sentait coupable, car il savait que s'il avait été présent ce jour-là à Paris, Marius ne serait pas tombé car il lui aurait interdit d'aller jouer sur le balcon. Bon sang mais que diable Victoire faisait-elle à ce moment-là ? Se pinçant l'arrête du nez, Hippolyte repris.

« Bien sûr que si, Marius... Il m'arrive d'avoir peur... J'ai peur qu'il arrive malheur à ta mère, à ton frère... J'ai peur pour toi aussi... Tu ne le vois pas parce que tu es encore un enfant, mais j'ai eu terriblement peur, Marius... Mais ce n'est pas ta faute. C'est humain, tu sais... »

Avec un sourire qui se voulait rassurant, Hippolyte passa une main dans les cheveux de son fils. En aucun cas il ne souhaitait que Marius se sente coupable de quoi que ce soit, et encore moins de son incapacité à totalement contrôler ses émotions. Après tout, son père craignait peu de choses... Il ne craignait même rien d'autre en dehors que l'eau que de perdre sa famille. Il pouvait lutter contre tout et n'importe quoi, mais sa femme et ses enfants restaient une faiblesse qu'il chérissait plus que tout une monde, une faille qu'il était prêt à brandir haut et fort car elle lui donnait la force de se lever le matin. Finalement, lorsque Marius lui jura qu'il ne recommencerait plus, Hippolyte fit mine de le croire. Il connaissait son fils : La promesse de ne pas faire de bêtises tenait généralement une à deux semaines, parfois trois quand il avait mieux à faire qu'inventer des bêtises.

« Jamais jamais, petit caïd, d'accord ? »

Et comme à son habitude, Marius sauta du coq à l'âne pour s'intéresser au lapin en peluche que son père avait ramené. Il avait fait tâche dans l'avion, cet homme d'affaire en costume hors de prix, avec son regard peu aimable et son oreillette vissée sur l'oreille qui lui donnait un air important... Il avait fait tâche avec cet énorme lapin blanc sur les genoux pendant tout le voyage. Et finalement, la remarque, certes insolente, de Marius le fit à nouveau sourire. Il avait beau n'avoir que six ans, il était plus futé que la plupart des enfants de son âge et se gardait bien de le montrer. Il était prêt à jouer le jeu et donner un nom à sa peluche, tout en sachant pertinemment que c'était un objet inanimé. Certains parents auraient probablement été horrifiés par les mots du petit, craignant qu'il ne perde trop tôt son âme d'enfant... Hippolyte au contraire en était satisfait. Plus vite ses enfants grandiraient, moins la désillusion serait grande... Moins ils seraient déçus par le monde de requins qu'était la réalité.

« Tu as raison, c'est un lapin en peluche... Papa vieillit, il devient un peu sénile, tu sais... Alors ce sera Chester ? C'est bien, Chester... C'est original... »

A vrai dire, c'était même particulièrement atypique pour un lapin en peluche. Coco lapin, Bunny ou encore Pinpin aurait été plus... Convenu. L'essentiel, c'était que le cadeau lui ait plu, après tout. Et ce sujet là était bien plus agréable à aborder que la suite. Niché dans les bras de son père, Marius pleurait à présent, persuadé que sa mère ne voulait plus le voir à cause de ce qu'il avait fait. Tentant de le rassurer comme il pouvait, Hippolyte se demandait bien ce qui avait pu pousser Victoire à s'éloigner ainsi de son fils. C'était elle la mère, elle qui savait le rassurer, le cajoler et se montrer réconfortante... Hippolyte, c'était le père sévère, intransigeant, celui qui haussait le ton quand ses enfants faisaient des bêtises, celui qu'il fallait craindre et qui consignait Marius dans sa chambre lorsqu'il le fallait. Lorsque les rôles s'inversaient, il était perdu.

« L'infirmière ne t'a pas mentit, Marius... Je pense qu'elle voulait vraiment parler à ta mère mais puisqu'elle n'est pas là... Ça complique les choses... Il faut que tu comprennes que parfois, les grandes personnes font ce qu'on appelle des mensonges par omission. Ils ne vont dire que la moitié des choses, par exemple. L'infirmière n'a simplement pas voulu t'inquiéter ni te faire peur... »

Hippolyte aurait tout de même préféré qu'elle se taise, cette infirmière... Qu'elle n'aille pas promettre des choses à Marius alors qu'elle savait pertinemment que Victoire n'était pas ici. Une chose était certaine, que ce soit cette infirmière, le médecin ou tout le service infantile de l'hôpital, ils pouvaient se préparer à sentir passer la soufflante qu'Hippolyte ne manquerait pas de faire avant de partir. Une chose était certaine : Il ne fallait pas se mettre en travers du chemin d'un Caesar cherchant à protéger sa progéniture. C'était un coup à s'y casser les dents et à le regretter amèrement.

Mais surtout, il sentit à la fois l'angoisse, l'inquiétude et la colère monter en lui lorsque Marius commença à lui expliquer qu'il ne sentait plus ses jambes. Entre les sanglots et les larmes, Hippolyte avait retenu une chose : Marius était incapable de bouger toute la partie inférieure de son corps. Le cœur du pharmacien s'emballa, il se sentit perdre pieds malgré sa position acide, et la bile lui monta à la gorge. Paralysé... Son fils, si jeune, si actif, incapable de bouger les jambes, de remuer, de marcher... De courir... Il allait dépérir si on lui annonçait qu'il passerait le restant de ses jours dans un fauteuil. Et s'il y avait bien une chose qu'Hippolyte ne voulait pas voir, c'était bien le fantôme de son petit garçon. L'impuissance qu'il ressentait face à une telle situation le mettait dans un état de colère qu'il peinait à maîtriser, d'autant qu'il en voulait comme jamais à Victoire. Où était-elle quand Marius avait besoin d'elle ? Quand lui-même avait maladivement besoin de son soutien ? Où était-elle quand son fils était tombé ? Pourquoi avait-elle laissé une telle chose se produire ? Serrant les poings, Hippolyte chassa toutes les questions auxquelles Marius n'avait pas de réponse, se concentrant sur la voix saccadée du petit et remettant à plus tard l'inévitable confrontation avec Victoire. Ce n'était pas sa faute à elle, bien évidemment... Mais il avait de savoir, de comprendre, de combler son absence au moment de l'accident... D'alléger sa conscience. « Mais toi tu peux me réparer, hein ?! »... Marius lui faisait confiance, Marius croyait en lui pour le remettre sur pieds... Mais si la colonne vertébrale était trop touchée, Hippolyte ne pourrait rien faire, et cette idée le rendait malade. Alors, plutôt que d'être défaitiste, il préféra rassurer Marius, d'une voix détimbrée.

« Il faut que tu comprennes, Marius, que tu n'as pas fait une petite chute sans conséquence... Tu ne sens pas tes jambes, mais ça ne veut pas dire que ce n'est pas grave... Au contraire, il vaut mieux avoir mal que de ne rien sentir. Peu importe ce que te diront les médecins et les infirmières, tu remarcheras, est ce que c'est clair ? Je te jure, Marius, que tu remarcheras... Même si ça doit te prendre des mois, tu remarcheras... Ça sera long, difficile, et tu risques plusieurs fois de m'en vouloir de te pousser à bout... Mais je refuse de te voir cloué dans une chaise roulante pour le restant de tes jours. »

Il n'avait finalement pas besoin de se forcer pour trouver des mots suffisamment forts pour exprimer ce qu'il ressentait. Il savait Marius assez têtu et assez fort pour se lever à nouveau, et s'il le fallait, Hippolyte le porterait à bout de bras pour le faire marcher. Qu'importe s'il devait s'absenter de ses bureaux pour assister aux séances de rééducation, et qu'importe si on le trouvait trop dur avec son fils.

« Jusqu'où arrives-tu à bouger pour le moment ? Tu veux bien me montrer ? »

Rien ne l'angoissait plus que l'idée de voir les jambes du petit immobile... Mais s'il arrivait encore à sentir des fourmis dans son postérieur à fort d'être assit, tout ne serait pas perdu. Sa colonne vertébrale serait intacte. Dans le cas contraire... Toute la ténacité du monte ne suffirait pas à raccommoder une moelle épinière abîmée. Si par chance les nerfs n'étaient que comprimés, une opération supplémentaire suffirait... En théorie.
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MessageSujet: Re: à quoi servent les chutes ? (hipporius -21)   à quoi servent les chutes ? (hipporius -21) Icon_minitimeSam 30 Avr 2016 - 22:41

A quoi servent les chutes, Marius ? A mieux se relever
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Papa, il dit qu’il faut toujours l’écouter. Et lui obéir. Parce que je suis trop petit, et parce que c’est lui mon papa, et parce que lui c’est un adulte et qu’il faut écouter les adultes. Et il dit aussi que lorsqu’il dit non, et bien il va pas changer d’avis donc ça ne sert à rien de continuer à parler et que lorsqu’il dit stop et bien, il faut que moi j’arrête de parler et que j’arrête de faire des bêtises. Et parfois, le non il ne le dit pas vraiment mais il me fait les yeux-du-non qui le disent à sa place. Et j’écoute pas beaucoup plus. Je sais que je ne suis pas très sage et qu’il faudrait que j’apprenne à être plus sage. Martial, lui, il sait comment faire. Moi… je trouve toujours quelque chose à redire et j’aime pas me taire parce que se taire c’est pas cool et qu’il ne faut pas mentir. Et donc dire ce qu’on pense, c’est ne pas mentir et donc j’ai raison de dire ce que je pense même lorsque Papa il me dit de me taire, et… et son regard sévère me pousse à me recroqueviller et à l’écouter quand même, même si je proteste. De toute manière, il dit que des mensonges, là, parce que Papa il a jamais peur. Peut être qu’il me dit qu’il a peur pour pas que je sois le seul à avoir peur. Ou peut être qu’il me dit ça parce que c’est de ma faute qu’il a peur. « Bien sûr que si, Marius... Il m'arrive d'avoir peur... J'ai peur qu'il arrive malheur à ta mère, à ton frère... J'ai peur pour toi aussi... Tu ne le vois pas parce que tu es encore un enfant, mais j'ai eu terriblement peur, Marius... Mais ce n'est pas ta faute. C'est humain, tu sais... » J’ouvre grands les yeux. Comme toujours lorsque je suis pas d’accord, ou que je suis étonné, ou que je suis surpris, ou que j’ai peur. Comme souvent en fait. J’ouvre tout grand les yeux. « Mais… j’suis plus un bébé, j’ai six ans. » Et je vois parfaitement qu’il a peur, parce qu’il est en colère, mais ce n’est pas la même peur que moi parce que moi quand j’ai peur la nuit, je fais pipi au lit et Papa, il fait pas pipi au lit, lui. Je me mords la lèvre, parce que j’arrive pas à tout comprendre mais que je sens bien qu’il s’est inquiété. C’est pour ça que je promets, que je juuure, même, croix bois croix d’fer, que je ne recommencerai pas. Je vais faire attention, pour que ça ne recommence pas. « Jamais jamais, petit caïd, d'accord ? » Je souris. « Jamais, jamais ! » Jusqu’à dans deux semaines du moins. Mais deux semaines, c’est déjà hyper long. Et de toute manière, je peux pas descendre du lit, donc…

Mais au moins, je vais avoir un copain avec moi. Je découvre le lapin dans un oooh émerveillé. Il est beau ce lapin. Il est même génial. Et comme c’est un lapin en peluche et qu’il va pas me le dire tout seul, faut que je lui trouve un nom. Je plisse les yeux, pince les lèvres. C’est très sérieux de trouver le nom de son lapin. « Tu as raison, c'est un lapin en peluche... Papa vieillit, il devient un peu sénile, tu sais... Alors ce sera Chester ? C'est bien, Chester... C'est original... » Chester, alors, c’est décidé. Je tire sur une oreille en relevant la tête vers mon Papa. « Ca veut dire quoi sénile ? Et si tu vieillis, tu vas devenir un adulte encore plus adulte ? Ou juste devenir un vieux ? Et bien sûr que j’ai raison… » Parce que j’ai toujours raison. Sauf quand je fais une bêtise.

Maman ne m’aime plus. Il aurait beau dire, Papa, je suis sûr qu’elle ne m’aime plus. Parce que si elle m’aimait encore, et bien elle serait là. Papa il m’aime, et Papa il est là. Et Martial il m’aime. Et il… il aurait voulu être là. J’en suis sûr. Et Maman… la madame de tout à l’heure, l’infirmière, elle avait le regard des gens qui mentent, le regard que Papa il m’a appris à reconnaître. « L'infirmière ne t'a pas menti, Marius... » Je le coupe sans attendre. J’ai raison, je sais que j’ai raison. « Mais j’te jure qu’elle m’a menti, je l’ai vu ! » Je renifle en me redressant, comme pour mettre Papa au défi de me dire que moi aussi je mens. « Je pense qu'elle voulait vraiment parler à ta mère mais puisqu'elle n'est pas là... Ça complique les choses... Il faut que tu comprennes que parfois, les grandes personnes font ce qu'on appelle des mensonges par omission. » « Ah tu vois qu’elle a menti… » « Ils ne vont dire que la moitié des choses, par exemple. L'infirmière n'a simplement pas voulu t'inquiéter ni te faire peur... » Je ne l’écoute plus, boudeur. Je marmonne. « C’est nuuul les mensonges, t’as dit qu’il fallait pas mentir, et la dame elle a meeenti et si les adultes ils ont le droit de meeentir et bien je vois pas pourquoi moi j’ai pas le droit de mentir parce que parfois j’ai envie de mentir et je mens pas » Ou presque pas parce que quand même, des fois, et bien comme quand j’ai cassé le téléphone de Maman, et bien il vaut mieux dire que c’est le chat plutôt que c’est moi. Je renifle en écoutant les explications de Papa.

Lui, il ment pas. Ou du moins, j’espère qu’il ment pas. Parce que c’est mon Papa et que… il me dit que si ça se trouve, je vais plus marcher. Et que j’ai le dos cassé. Et que ma bêtise, c’est une grosse, grosse bêtise. J’ouvre encore grands les yeux parce que… je vais vraiment plus marcher ? Je commence à avoir à nouveau très peur. Parce que je ne peux pas bouger mes jambes. J’ai l’impression qu’elles sont toutes engourdies, comme que si je m’étais mal assis et que je les sentais plus. Je veux pas être tombé, c’est pas drôle. En plus, ça va énerver Papa parce que je recommence à pleurer et que j’articule pas et que je fais pas d’efforts pour qu’on me comprenne. Mais je veux marcher, j’aime bien courir et en plus je devais apprendre à faire du vélo sans les petites roulettes sur le côté parce que Martial il y arrive déjà parce qu’il a été sage et qu’il a eu le droit d’apprendre et moi je devais apprendre et… « Il faut que tu comprennes, Marius, que tu n'as pas fait une petite chute sans conséquence... » Je tente de me calmer pour l’écouter, sans pour autant me détacher de lui. Je serre fort, fort sa chemise pour pas qu’il disparaisse. « Tu ne sens pas tes jambes, mais ça ne veut pas dire que ce n'est pas grave... Au contraire, il vaut mieux avoir mal que de ne rien sentir. » « Mais si j’ai plus mal, c’est bien, c’est nul d’avoir mal… » Ca veut dire que la douleur, c’est bien parce que ça veut dire que mes jambes elles sont encore là ? J’essaye de comprendre. « Peu importe ce que te diront les médecins et les infirmières, tu remarcheras, est ce que c'est clair ? Je te jure, Marius, que tu remarcheras... Même si ça doit te prendre des mois, tu remarcheras... Ça sera long, difficile, et tu risques plusieurs fois de m'en vouloir de te pousser à bout... Mais je refuse de te voir cloué dans une chaise roulante pour le restant de tes jours. » J’hoche la tête. Je m’en fiche qu’il me dise que je vais lui en vouloir, l’important c’est ce qu’il me promet. Et que je lui fais confiance. Totalement confiance. Et s’il dit que je vais remarcher, alors je vais pouvoir remarcher. Et de toute manière, si je veux remarcher et bien je remarcherais parce que j’essayerais et que je veux pas être en fauteuil roulant. Ou alors juste un peu, quand même, parce que ça serait vachement chouette de faire une course avec Martial dans le couloir, et d’aller super vite, comme dans une voiture. J’hésite d’ailleurs à demander à Papa si je vais avoir le droit de faire ça… ce serait chouette quand même… Mais seulement si je peux prêter le fauteuil à Martial ou si Martial il en a un lui aussi. Il me manque, Martial. « Jusqu'où arrives-tu à bouger pour le moment ? Tu veux bien me montrer ? » « Euuuh… » Je regarde mes jambes. Je regarde mon genou. Ma cheville. Mon gros orteil. D’un mouvement de main, j’essaye de repousser la couette pour bien le voir. Je secoue la tête. « Je sais pas… » Mon index se plante sur ma cuisse. J’hausse les épaules. « Je sens un peu. Tout petit peu. » Mon index remonte le long de ma jambe, comme je peux. J’essaye de me pencher mais une douleur atroce grimpe dans mon dos et m’arrache un hurlement. Je retombe sur le matelas. Allez, jambe, bouge un peu. S’il te plait.

Je suis têtu, et allongé, je fixe mon orteil avec une moue boudeuse. Colérique. Déterminée. J’ai six ans, mais je suis têtu. Incroyablement têtu. Beaucoup trop têtu, qu’il me dit Papa. Allez, bouge. Tout de suite. Maintenant. Alleeeeez… Mon pouce fait un petit mouvement. Tout petit. Je regarde Papa avec un grand sourire. « Regarde ! Il a bougé ! C’est bien ? » Dis moi que c’est bien, Papa. S’il te plaiiiit… « Et… et si j’ai très mal au dos parce que je me suis penché, c’est bon signe ? »

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Dernière édition par Marius Caesar le Ven 13 Mai 2016 - 0:01, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: à quoi servent les chutes ? (hipporius -21)   à quoi servent les chutes ? (hipporius -21) Icon_minitimeLun 9 Mai 2016 - 12:52

A quoi servent les chutes, Marius ? A mieux se relever
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Étant plus jeune, Hippolyte n'avait pas songé un seul instant à fonder une famille. N'ayant que peu d'affection pour la sienne, il n'aurait pas vu d'inconvénient à ne vivre que pour sa carrière, délaissant volontiers toutes les obligations inhérentes au statut de père. Ça ne l'aurait même pas réellement dérangé de simplement se servir de Victoire pour parvenir à ses fins, avant de la délaisser une fois son nom inscrit sur chaque boîte de médicaments sortant de ses laboratoires. Ça ne lui aurait fait ni chaud ni froid de profiter de la jeune femme s'il n'avait eu aucun sentiment pour elle... Seulement voilà. Hippolyte n'avait pas prévu qu'il s'attacherait à la française, pas plus qu'il n'avait envisagé l'idée de vouloir des enfants avec elle. Si on lui avait parlé de tout cela dix ans plus tôt, il aurait ri et levé les yeux au ciel, tant la chose lui paraissait absurde.

Mais à présent, il n'imaginait pas un seul instant sa vie sans ses enfants. Un monde dans lequel il n'aurait eu ni Martial, ni Marius, et maintenant Ileana lui semblait terne, sans saveur... Une vie de travail acharné, de contrats, de réunions... Sans l'éclat de rire d'un enfant ou un bulletin désastreux, sans cadeaux au pied d'un sapin de Noël, sans histoires idiotes à raconter le soir, sans même de punition à donner... Qu'aurait-il évoqué, sur son lit de mort ? Il n'y aurait eu personne pour l'écouter, de toute manière. Malgré ses difficultés à montrer son affection à ses enfants et son absence régulière, il chérissait plus que tout au monde ces moments passés avec eux. Avec un sourire, il passa une main dans les cheveux de Marius.

« Je sais que tu détestes cette phrase, mais tu comprendras quand tu seras plus grand... »

Si Hippolyte riait rarement, il ne put s'empêcher de sourire à la question de Marius. L'innocence des enfants avait quelque chose de rafraîchissant même s'il peinait la plupart du temps à la comprendre. C'était Victoire qui savait adapter son langage aux enfants, elle qui savait leur expliquer les choses avec douceur...

« Sénile, c'est un vilain mot pour désigner un vieillard qui perd la tête... C'est un peu cru mais oui, je vais devenir un vieux. Et toi aussi, un jour ! Mais pour le moment tu es encore un petit garçon, tu as bien le temps de penser à ça. »

Hippolyte n'avait pourtant pas encore atteint les trente-cinq ans, mais les responsabilités et son sérieux lui avaient fait prendre un sacré coup de vieux. En revanche, il n'était pas le plus doué des hommes pour expliquer des choses qui lui semblaient élémentaires à un enfant. Il avait appris à Marius à ne pas mentir, à toujours dire la vérité et à être droit dans ses baskets... Seulement, c'était un peu ironique de sa part. Lui-même mentait continuellement pour son travail, passait certains détails sous silence, exagérait certains bénéfices pour mieux amadouer ses investisseurs... Il faisait partie d'un monde où le mensonge était omniprésent et où il fallait apprendre à le mesure et le distiller pour ne pas en abuser. Seulement, pour Marius un mensonge volontaire ou par omission restait un mensonge et, quelque part, il avait raison.

« Elle ne sait pas pourquoi ta mère n'est pas là... Moi non plus... Alors elle a préféré te dire ça que de te décevoir, Marius... Mais tu as raison, c'est très mal de mentir. Je vais aller voir cette infirmière et lui demander ce qu'elle sait, d'accord ? »

Inutile de préciser que l'infirmière en question risquait de ne pas apprécier du tout les quelques minutes de discussion qu'elle s'apprêtait à avoir avec le Caesar. Car non seulement il voulait absolument que l'affaire Victoire soit éclaircit, mais il comptait en plus lui faire comprendre qu'il valait mieux pour elle qu'elle évite de mentir à son fils à l'avenir. Seulement, un mensonge n'était rien, comparé à l'état de santé de Marius. S'il babillait toujours autant et semblait énergique malgré les anti-douleur qui auraient dû l'assommer, il n'en demeurait pas moins paralysé. Incapable de bouger les jambes. Comment lui expliquer que l'absence de sensation était bien plus inquiétante qu'une vive douleur ?

« Avoir mal c'est naturel, Marius... C'est ton corps qui envoie un signal à ton cerveau pour te dire que quelque chose ne va pas. Quand tu te cognes le genou en jouant, tu as mal, c'est ton genou qui signale à ton cerveau que ce n'est pas normal. Mais ne rien sentir... C'est bien plus grave. Cela signifie qu'il n'y a plus de... Connexion, disons, entre ton cerveau et tes jambes. Et s'il n'y a plus cette connexion, ton cerveau ne peux pas ordonner à tes jambes de bouger. Tu comprends ? »

Hippolyte sentait presque les mots lui brûler la langue, tant il simplifiait les choses pour que Marius saisisse bien toute la gravité de la chose. S'il était prêt à lui affirmer qu'il serait à nouveau en mesure de marcher dans les mois à venir, il craignait néanmoins des dommages irréversibles au niveau de sa colonne vertébrale. S'il le fallait, il était prêt à tout mettre en œuvre pour que Marius marche à nouveau, quitte même à trouver un dégénéré capable de guérir ses blessures. Que Victoire lui en veuille pour ça, il s'en fichait royalement. Il aida alors Marius à repousser les draps qui lui couvraient les jambes, hochant la tête lorsqu'il lui répondit qu'il sentait encore sa cuisse.

« C'est bon signe, si tu sens un peu ta jambe... C'est que ta moelle épinière... Enfin... Les nerfs qui se trouvent à l'intérieur de ta colonne vertébrale fonctionnent toujours. Aller... Un petit effort, tu peux sûrement bouger un orteil ? »

Il le pressait et se serait sûrement fait houspiller par un médecin, mais Hippolyte n'avait pas la patience d'attendre des jours voire des semaines pour savoir si Marius avait un espoir de remarcher un jour ou si c'était peine perdue. Seulement, lorsque le petit se pencha pour voir jusqu'à il sentait son doigt s'enfoncer dans sa peau, un hurlement de douleur le projeta contre le matelas. Inquiet, Hippolyte se releva et posa une main sur l'épaule de son fils pour l'empêcher de se relever.

« Stop... On arrête, Marius, tu es loin d'être guérit. Ne force pas sur ton dos, tu vas te faire encore plus mal, on verra ça pl... »

Mais c'était sans compter l'obstination du garçon, qui semblait déterminé à prouver qu'il pouvait bouger. Si on pouvait souvent reprocher à Marius d'être trop têtu, on ne pouvait qu'admirer sa ténacité et sa force de caractère. Lorsqu'il parvint à bouger un orteil, Hippolyte lui ébouriffa les cheveux, un sourire rayonnant aux lèvres.

« C'est très bien, Marius ! Bravo ! Si tu arrives à bouger ne serait-ce qu'un orteil, c'est que tout n'est pas perdu. Mais regarde-moi... Ce n'est pas terminé. Il va te falloir beaucoup de temps pour remarcher comme avant. Et il ne faut plus que tu forces sur ton dos si tu as mal. Laisse-lui le temps de guérir, d'accord ? »

On toqua alors à la porte, et Hippolyte se tourna pour voir à travers la vitre le médecin lui faire signe de venir le voir. Soupirant en levant les yeux au ciel, le Caesar se tourna à nouveau vers son fils.

« Ton médecin veut me voir... Mais je reviens tout de suite après, d'accord ? Cette épreuve, on va la traverser ensemble, Marius. Je vais t'aider à marcher et à courir de nouveau, tu vas voir. Et quand tu y arriveras, que dirais-tu de faire... Je ne sais pas, du rugby ? Ou du handball ? Pour prouver à tout le monde que ce n'est pas une petite chute qui empêchera Marius Caesar de courir ! »

Qu'y connaissait-il en sport ? Pas grand chose... Ça ne l'intéressait pas, et c'était à peine s'il connaissait les règles du hand. Seulement, il était persuadé que Marius aurait besoin de ça pour guérir totalement... Pour qu'il n'ait pas à craindre la moindre chute à l'avenir.
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MessageSujet: Re: à quoi servent les chutes ? (hipporius -21)   à quoi servent les chutes ? (hipporius -21) Icon_minitimeVen 13 Mai 2016 - 0:27

A quoi servent les chutes, Marius ? A mieux se relever
Hippolyte & Marius



Papa vieillit. Pour, ça ne veut rien dire. Ou si, ça veut dire qu’il a eu beaucoup d’anniversaires et beaucoup de cadeaux et qu’il est intelligent et que tout le monde l’écoute. Mais pour le reste… Papa vieillit, je n’arrive pas à associer à mon papa l’image d’un monsieur vieux comme le directeur de mon école ou la nounou qui s’occupait de moi l’année dernière. Papa vieillit : je fronce les sourcils devant son sourire, parce que j’ai l’impression qu’il se moque de moi ou que j’aurais dû savoir ou comprendre quelque chose. J’aime pas ça, j’aime pas quand quelque chose m’échappe, j’aime pas ne pas comprendre. Maman, elle me dit souvent que le premier mot que j’ai dit, c’était pourquoi. Parce que je pose toujours plein de questions, trop de questions, parce que je ne m’arrête jamais et que je cours toujours de partout et que je veux toujours tout savoir. « Sénile, c'est un vilain mot pour désigner un vieillard qui perd la tête... C'est un peu cru mais oui, je vais devenir un vieux. Et toi aussi, un jour ! Mais pour le moment tu es encore un petit garçon, tu as bien le temps de penser à ça. » Je fronce encore plus les sourcils. J’ai des petits yeux, même, tellement je les plisse. « Un vilain mot ? Comme putain ? » Putain, je sais que c’est un vilain mot parce que la dernière fois que je l’ai dit, Papa il m’a grondé très fort. Mais là, je suis malade et en plus, je ne l’ai pas dit pour dire putain mais juste pour dire un exemple. Donc il ne va pas me gronder… je crois.

Et de toute façon, s’il me gronde, ce ne sera pas juste parce que l’infirmière elle m’a menti et que c’est encore pire que de dire des vilains mots, de mentir. Oh, moi aussi je mens parfois aprce que c’est pratique de mentir surtout quand on a fait une bêtise. Sauf que mentir, c’est Papa qui me l’a dit, ça brise un peu la confiance entre toi et la personne à qui tu mens, et ça fait de la peine à Maman et à Papa et un peu à Martial. Et c’est pas cool. Et peut être que la dame, elle fait de la peine à son papa et à sa maman aussi en me mentant. Et de toute manière, elle m’a fait de la peine avec son mensonge donc elle a aucun excuse et puis d’abord c’est pas juste si elle a le droit de mentir et que moi non. « Elle ne sait pas pourquoi ta mère n'est pas là... Moi non plus... Alors elle a préféré te dire ça que de te décevoir, Marius... Mais tu as raison, c'est très mal de mentir. Je vais aller voir cette infirmière et lui demander ce qu'elle sait, d'accord ? » J’hoche la tête, satisfait. « Tu vas la gronder ? » J’ai bien envie qu’il la gronde, comme ça moi, je suis pas le seul à être grondé et ce sera bien fait pour elle.

Je renifle, en écoutant Papa continue à tout m’expliquer. Il explique bien, mon papa, avec des mots compliqués que je fais semblant de comprendre et des mots moins compliqués que je comprends. Et il finit par me gronder. Par me dire que je ne vais plus pouvoir marcher. Ni courir. Et moi, je commence à comprendre que… Je m’accroche à la chemise de Papa. Moi, je pensais que pas avoir mal, c’était une bonne chose. Je croyais que c’était bien, parce qu’avoir mal, c’était pas cool. Mais Papa, il me dit le contraire. « Avoir mal c'est naturel, Marius... C'est ton corps qui envoie un signal à ton cerveau pour te dire que quelque chose ne va pas. Quand tu te cognes le genou en jouant, tu as mal, c'est ton genou qui signale à ton cerveau que ce n'est pas normal. Mais ne rien sentir... C'est bien plus grave. Cela signifie qu'il n'y a plus de... Connexion, disons, entre ton cerveau et tes jambes. Et s'il n'y a plus cette connexion, ton cerveau ne peut pas ordonner à tes jambes de bouger. Tu comprends ? » J’ose pas lui dire que non. Je n’ai pas tout compris, parce que je ne vois ça ce que ça veut dire que mon cerveau il est connecté à mes jambes. Lorsque je bouge ma jambe, c’est parce que je veux la bouger, pas parce que mon cerveau il lui demande. Enfin… je dis pas bouge à ma jambe pour qu’elle bouge parce que lorsque je lui dis bouge, elle a déjà bougé sauf si je ne voulais pas qu’elle bouge pour qu’elle attende que je lui dise de bouger et que… c’est compliqué. Et… Tout ce que je comprends, c’est que ma tête et mes jambes, bah elles se font la gueule, comme lorsque j’ai piqué le goûter de Martial et qu’il a pas été content. Sauf que, zut, c’est moi le chef.

Et que lorsque je dis quelque chose, et bien les gens ils doivent m’obéir. Je veux bouger. Je veux courir. Je veux prouver à Papa que je ne suis pas totalement cassé. Et que je suis le chef. « C'est bon signe, si tu sens un peu ta jambe... C'est que ta moelle épinière... Enfin... Les nerfs qui se trouvent à l'intérieur de ta colonne vertébrale fonctionnent toujours. Allez... Un petit effort, tu peux sûrement bouger un orteil ? » J’essaye de me pencher, j’essaye de me rapprocher de mon orteil. Je suis têtu. Et même la douleur qui me fait hurler, même Papa qui me dit d’arrêter, même eux ne me font pas lâcher prise. Ma maîtresse, elle a dit qu’elle n’avait jamais rencontré une tête de mule comme moi. Maman, elle dit que je suis aussi borné que mon papa. Et Papa, il me dit que je suis incroyablement buté. Alors autant ne pas leur donner tort… « Stop... On arrête, Marius, tu es loin d'être guéri. Ne force pas sur ton dos, tu vas te faire encore plus mal, on verra ça pl... » Je repousse Papa avec l’autorité de mes six ans, pour foudroyer du regard mon orteil, les lèvres pincés sous la concentration. Hors de question qu’il ne bouge pas. Hors de question qu’il ne m’obéisse pas. Papa il a dit que je pouvais parler à mon orteil. Je serre mes poings, oubliant brutalement que j’ai plein de perfusions dans les bras, oubliant même mon dos qui me fait mal, oubliant même mon Papa. C’est une affaire entre mon pouce et moi. C’est une affaire entre mes jambes et moi. Et Papa, il a dit que si je pouvais bouger, alors je pourrai courir. Et il est hors de question de décevoir Papa. J’ai fait une bêtise, je l’assume, je la répare. Mes lèvres articulent un ordre. Mon ordre. « Bouge. » C’est moi le chef.

Et soudain… mon pouce fait un petit mouvement, m’arrachant un petit cri de surprise. Et un grand sourire. Et me faisant perdre toute ma concentration lorsque je retombe complètement sur l’oreiller avec une petite grimace. « C'est très bien, Marius ! Bravo ! Si tu arrives à bouger ne serait-ce qu'un orteil, c'est que tout n'est pas perdu. Mais regarde-moi... » J’ai les yeux qui brillent devant le compliment de Papa, parce qu’il en fait pas beaucoup donc quand il en fait, c’est qu’il est vraiment content. Et s’il est content, moi aussi, je suis content. Ce n’est pas compliqué. « Ce n'est pas terminé. Il va te falloir beaucoup de temps pour remarcher comme avant. Et il ne faut plus que tu forces sur ton dos si tu as mal. Laisse-lui le temps de guérir, d'accord ? » J’hoche la tête, avec une petite moue qui en dit long, très long, sur ce que je pense. « D’accord Papa » Je viens de me prouver que mon corps, c’est le mien. Et donc qu’il doit m’obéir. Donc si je veux qu’il guérisse, il guérira. Et je force dessus si j’en ai envie, parce qu’il est à moi et que c’est moi le chef. Donc mon d’accord, il est là à condition que mon dos il se dépêche d’aller mieux. Je récupère Chester, jouant encore avec ses oreilles. J’ai envie que Papa il reste toujours avec moi, toujours à côté de mon lit pour me rapporter des lapins en peluche et me passer sa main dans mes cheveux. Mais… mais Papa, c’est un adulte, et les adultes sont toujours dérangés. La preuve : le médecin qui frappe à la vitre et s’attire mon regard noir. Qu’est ce qu’il fait là, le monsieur ? Pourquoi il veut me prendre mon Papa ? « Ton médecin veut me voir... Mais je reviens tout de suite après, d'accord ? Cette épreuve, on va la traverser ensemble, Marius. Je vais t'aider à marcher et à courir de nouveau, tu vas voir. Et quand tu y arriveras, que dirais-tu de faire... Je ne sais pas, du rugby ? Ou du handball ? Pour prouver à tout le monde que ce n'est pas une petite chute qui empêchera Marius Caesar de courir ! » Je lui fais un petit sourire.

Le genre de sourire que j’ai tout le temps, parce que je suis tout le temps content, sauf quand on me gronde ou que je boude. Je boude souvent. Le genre de sourire que j’ai quand Martial il vient, ou que Maman elle vient, ou que Papa il rentre du travail et qu’il faut que je lui montre ab-so-lu-ment les dessins que j’ai fait sur le mur du couloir pour le rendre plus joli. Sauf que là… « C’est vrai ? Je vais pouvoir faire du handball ? Tu sais que monsieur Clément, il m’a dit que je courrais vite à l’école, et que j’étais habile avec un ballon. C’est avec un ballon, le hand, hein ? Un ballon et tu cours et tu cours et BAM » Mon bras s’agite un peu trop, tire sur mon dos et m’arrache une nouvelle grimace. Et un soupir. Et une moue boudeuse. C’est pas drôle d’être cassé. « Tu me promets que je pourrai en faire ? Et que si j’aime pas, je pourrai faire autre chose ? Et Martial il pourra en faire aussi ? » Je ramène Chester dans un nouveau soupir. Papa, il doit aller voir le médecin. Et il faut pas que je le retienne sinon il va pas être content. Et j’ai un peu beaucoup mal, là, et je suis un peu fatigué, aussi. « Martial, il va pouvoir venir ? Tu reviens vraiment ? Tu me laisses pas tout seul, hein ? J’ai un peu mal, Papa. Tu crois que je me suis encore plus cassé lorsque j’ai voulu toucher mes orteils ? »

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MessageSujet: Re: à quoi servent les chutes ? (hipporius -21)   à quoi servent les chutes ? (hipporius -21) Icon_minitimeJeu 14 Juil 2016 - 23:07

A quoi servent les chutes, Marius ? A mieux se relever
Hippolyte & Marius



Hippolyte n'avait pas le sentiment d'être un mauvais père, mais il ne s'était jamais pris pour l'exemple à suivre absolument. Il était strict, intransigeant, peu démonstratif, mais il se faisait beaucoup de soucis pour ses enfants et voulait le meilleur pour eux. Il dépensait sans compter pour leur offrir la meilleure éducation qui soit, et s'il travaillait autant, c'était à la fois par amour pour la science mais aussi pour mettre sa famille à l'abri du besoin pour les trois générations à venir. Pourtant, il se sentait coupable de n'avoir pas été présent au moment où Marius avait chuté du balcon. Il était persuadé qu'il aurait pu empêcher cela, mais comment annoncer au petit qu'il s'était absenté non pas pour son travail mais pour la naissance d'une petite sœur qu'il n'était pas prêt de rencontrer ?

De nombreuses questions se bousculaient dans son esprit. Pourquoi Victoire n'était-elle pas venu voir Marius ? Pourquoi privait-elle Martial d'une visite ? Que s'était-il réellement passé ? Si le petit avait été malade, il aurait pu comprendre, mais il était blessé, rien de contagieux dans l'affaire. Trop de questions se posaient, et pour l'heure ce n'était pas ça le plus important. Ce qui importait vraiment, c'était de savoir si Marius allait bien et s'il serait en mesure de remarcher un jour. Mais à peine avait-il fini d'expliquer à Marius ce que signifiait le mot sénile que le petit demandait avec une voix innocente :

« Un vilain mot ? Comme putain ? »

Hippolyte fronça les sourcils et adopta sa grosse voix d'adulte en colère.

« Marius ! On ne prononce pas ce genre de mot, je te l'ai déjà dit ! C'est un bien plus vilain mot que sénile, je ne veux plus t'entendre le prononcer, est ce que c'est clair ? »

Il aurait aimé que ses enfants ait le langage le plus riche et soutenu qui soit, qu'ils bannissent de leur vocabulaire les injures, les anglicismes et autres cochonneries inventées à l'époque moderne. Il espérait bien ne jamais entendre d'injure dans la bouche de Marius, ne pas voir ce petit visage angélique enlaidit par les insultes, ne plus avoir à le réprimander pour cela. Lorsqu'il fut question de l'infirmière qui avait en quelque sorte menti à Marius, Hippolyte soupira.

« Avant de la gronder, je vais lui demander des explications, d'accord ? »

A vrai dire, il n'avait pas l'intention d'enguirlander l'infirmière. De lui dire sèchement qu'elle pouvait s'abstenir de recommencer si elle tenait à son poste, en revanche... Elle avait sûrement une raison, bonne ou mauvaise, d'avoir agit de la sorte, et il entendait bien le découvrir rapidement. Seulement, et comme d'habitude, les choses allaient très vite avec Marius. Beaucoup trop vite cette fois. Déjà, il tentait de faire bouger ses jambes, avec une énergie et une conviction qui forçait le respect. Quand Marius voulait quelque chose, il finissait d'une manière ou d'une autre par l'obtenir, et il fallait bien reconnaître que sa ténacité jouerait grandement en sa faveur tout au long de sa rééducation. Inquiet quant aux douleurs que le petit ressentait dans le dos, Hippolyte aurait préféré le voir se ménager, mais Marius le repoussa pour se concentrer sur ses orteils. Dans ces moments-là, rien ni personne n'était en mesure de le faire changer d'avis, et il n'y avait rien d'autre à faire qu'attendre. D'un autre côté, Hippolyte était fébrile, le cœur battant à tout rompre alors qu'il craignait de voir Marius cloué dans une chaise roulante pour le restant de ses jours. Quelle ne fut pas sa joie lorsqu'il vit ce petit orteil d'enfant s'agiter sous les efforts de Marius ! Pressant doucement son épaule dans un geste qui se voulait réconfortant, il serait volontiers resté là, à discuter avec Marius, à s'assurer qu'il allait bien, ne manquait de rien... Si le médecin n'était pas venu frapper à la vitre. Dédaignant l'individu, Hippolyte prit le temps de rassurer son fils avant de se lever. Il posa doucement une main sur son bras pour l'empêcher de faire des gestes trop brusques et s'accroupit prêt du lit.

« Je te promets que tu pourras faire le sport que tu veux si tu me promets d'être raisonnable, d'accord ? Je ne veux pas que tu forces sur ton dos, ni tes, ni tes jambes. Il va falloir être patient, Marius, très patient. Tu pourras demander à Martial s'il veut faire du hand avec toi, si tu veux ! Mais il veut faire du violon, je ne suis pas sûr qu'il ait le temps de tout faire. »

Se redressant, il attrapa sa veste, posa Chester entre les mains de Marius et jeta un regard au médecin.

« Promis, je reviens. Je vais demander au médecin de t'apporter quelque chose contre la douleur, si tu veux. Et demain je rentrerai à la maison pour chercher Martial, je suis sûr qu'il s'inquiète beaucoup pour toi. »

D'un geste affectueux, il lui ébouriffa les cheveux et sortit de la chambre. Comme si le fait de passer la porte l'avait transformé, son visage se ferma immédiatement et son regard s'assombrit lorsqu'il se retrouva face au médecin. Après quelques minutes d'un échange tendu et presque houleux, il fut convenu que Marius serait transféré dans un autre établissement le lendemain. Hippolyte connaissait bien des médecins à Paris, et surtout le meilleur service de rééducation de la ville. Comme toujours, il voulait le meilleur pour ses enfants, et se fichait bien que le médecin cherche à lui agripper la jambe pour l'empêcher de partir. Comprenant que les choses seraient plus longues que prévues, il demanda au médecin de patienter un moment et rouvrit la porte de la chambre de Marius avec un air contrarié.

« Ce sera plus long que prévu, ton médecin et moi avons quelques petites choses à régler. Une infirmière arrive pour te donner tes médicaments, et pendant ce temps j'accompagne le médecin dans son bureau. Je reviens juste après. »

Il entendait bien revenir, quoi qu'en dise le corps médical. Transgresser deux ou trois règles dont il se serait bien passé valait largement la promesse qu'il avait faite à Marius. Il remarcherait, quoi qu'il arrive.
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MessageSujet: Re: à quoi servent les chutes ? (hipporius -21)   à quoi servent les chutes ? (hipporius -21) Icon_minitimeSam 30 Juil 2016 - 23:10

A quoi servent les chutes, Marius ? A mieux se relever
Hippolyte & Marius



Les gens, ma Maman, ma maîtresse, mon Papa, la nounou, tout ça, ils me disent tous que je parle trop. Trop vite, trop souvent, trop tout court. Et que, parfois, il faut que j’apprenne à me taire surtout lorsque je dis des bêtises. Mais je trouve que c’est pas de ma faute et que lorsque je me tais et bien c’est dommage parce que j’avais quelque chose à dire et que si je voulais dire quelque chose c’est forcément que c’était intéressant, non ? Et du coup, parfois, lorsque je réfléchis et que je pose des questions, je me demande après si ça fallait peut être mieux que je le garde pour dans ma tête ou si c’est pas grave que je l’aie dit tout fort. Et là… « Marius ! On ne prononce pas ce genre de mot, je te l'ai déjà dit ! C'est un bien plus vilain mot que sénile, je ne veux plus t'entendre le prononcer, est ce que c'est clair ? » Je rentre la tête dans mes épaules, je me glisse sous le drap parce que je n’aime pas quand Papa, il fait sa grosse voix. Surtout que là, il l’a fait beaucoup sa grosse voix et ça, ça veut dire qu’il aime pas trop ce qui se passe et donc que ce n’est pas cool. Putain c’est un vilain mot, et un mot encore plus vilain que sénile ? Je fronce encore les sourcils. « Ca veut dire que si je dis sénile, tu me fais les gros yeux, mais que si je dis putain, tu me cries ? » Je veux comprendre parce que je trouve que les règles du jeu, là, elles ne sont pas très claires.

Et de toute manière, avec les adultes, les règles du jeu, elles ne sont jamais claires. C’est toujours fais pas ci et fais pas ça alors que eux, ils font ci et ils font ça. Et là, c’est trop ça et ça m’énerve parce que c’est juste trop pas juste que l’infirmière, elle ait le droit de me mentir alors que moi, quand je mens, on me crie dessus et je me fais gronder et je me fais punir, comme la fois où j’ai menti quand j’ai cassé le vase dans le magasin et que j’ai pas eu le droit de sortir de ma chambre pendant toute la soirée et que j’ai été tout seul sans voir Martial et que j’ai été très triste. Alors j’espère que Papa, il va la gronder la méchante infirmière, parce que sinon, c’est vraiment trop injuste. « Avant de la gronder, je vais lui demander des explications, d'accord ? » Je fais une petite moue pas très contente. S’il lui pose des questions, elle va re-mentir et comme c’est toujours les adultes qui ont raison et jamais les Marius, et bien il va la croire elle et pas moi. Mais bon. Papa, il m’a déjà grondé parce que j’avais dit putain et qu’il ne faut pas le dire, alors… je hausse les épaules. Un peu. « D’accord… » je grommelle. Un peu bougon. Et un peu en train de bouder. Quand même.

J’ai mal au dos. Et avoir mal, c’est bon signe. Et je ne vais plus pouvoir marcher. Je vais être paralysé. Ou alors je ne le suis pas. Je ne sais pas, je ne comprends pas trop. Je le suis ou je ne le suis pas ? Tout dépend, si je comprends ce que Papa, il dit, tout dépend de si j’arrive à bouger mes jambes et mes orteils. Mon corps, il doit m’obéir, ça, je le sais. Parce que c’est le mien à moi, et que je fais ce que je veux. Je fais toujours que ce que je veux. Et je ne veux pas que ça change. Et ça ne changera pas de sitôt puisque mon pouce vient de bouger au prix de ma volonté et d’un petit hurlement aigu de douleur qui me déforme le visage et m’arrache des larmes involontaires. J’ai mal, tellement mal au dos, j’ai mal à la tête, je veux pouvoir me lever mais je n’ose plus vraiment bouger. Il est trop nul mon corps. Et il est encore plus nul d’être tout cassé comme ça. Et il ne faut plus jamais, vraiment plus jamais de la vie que je tombe comme ça parce que ça craint vraiment beaucoup.

Même s’il y a quelque chose qui craint encore plus : Papa, il doit aller voir le médecin. Je n’ai pas envie qu’il s’en aille, je me sens tellement seul, là, sans Martial. Mais… mais je sais que Papa, il doit aller le voir, le médecin, et que je ne peux pas le retenir. Parce que Papa, c’est un adulte, et c’est un adulte responsable et que lorsqu’il doit aller voir quelqu’un, il va le voir. Contrairement à moi. Parce que moi, lorsque je dois aller voir le dentiste, je me cache dans la maison parce que je n’ai pas envie d’y aller. J’imagine que ça doit être vachement nul d’être un adulte, du coup, si tu dois aller voir le dentiste tout seul même lorsque tu n’as pas envie. Mais après, je me dis que lorsque tu es adulte, il n’y a personne pour te forcer à aller voir le dentiste, aussi, alors si t’y vas pas… je me demande ce qui arrive. Dans tous les cas, Papa il doit aller voir le médecin, mon médecin, et même si ce n’est pas un dentiste, c’est quand même tout nul. Mais comme mon Papa il est génial, j’ai quand même le sourire. Parce qu’il me dit que je vais faire du sport. Non pas du sport. Du handball. Je sais pas ce que c’est mais ça a l’air génial parce qu’il faut courir et qu’il y a un ballon et que ça, c’est trop bien. « Je te promets que tu pourras faire le sport que tu veux si tu me promets d'être raisonnable, d'accord ? Je ne veux pas que tu forces sur ton dos, ni tes jambes. Il va falloir être patient, Marius, très patient. Tu pourras demander à Martial s'il veut faire du hand avec toi, si tu veux ! Mais il veut faire du violon, je ne suis pas sûr qu'il ait le temps de tout faire. » J’essaye de l’attraper mais il est déjà en train d’avoir sa veste et de me rendre mon lapin que je serre fort contre moi. « J’suis sûr que Martial il voudra parce que Martial il est génial et que si le hand, c’est génial et bien il pourra que vouloir en fait et en plus le violon ça fait du bruit moche et j’aime pas et si tu vas pas voir le dentiste, qu’est ce qui t’arrive Papa ? » La question est venue toute seule, parce que ça me trottait encore dans la tête, mas j’enchaîne immédiatement, parce qu’il regarde le médecin. « Je suis sage, promis, je vais être très sage et après je vais dormir et demain je pourrai alors courir, hein, et en plus, avec Chester, et bien, je vais que pouvoir dormir parce qu’il est cool Chester et… » Je me mords la lèvre pour que je me taise. « Promis, je reviens. Je vais demander au médecin de t'apporter quelque chose contre la douleur, si tu veux. Et demain je rentrerai à la maison pour chercher Martial, je suis sûr qu'il s'inquiète beaucoup pour toi. » J’hoche la tête avec conviction. « Bien sûr que Martial, il doit s’inquiéter pour moi, mais il faut lui dire que j’ai un super lapin et qu’en plus t’es là, et qu’en plus je vais faire du hand, et que… » Papa est déjà dehors. Je me laisse retomber sur le coussin en jouant avec les oreilles du lapin.

Et en baillant un peu. Et en regardant Papa qui discute à travers la vitre. Et je joue encore avec le lapin, avant de le serrer contre moi. Et de ramener Merlin en le traînant par une aile, pour le présenter à Chester. Et je mordille une oreille de Chester. Et… et c’est long, Papa, il revient quand ? Hein ? Il a pas l’air très content. Et en plus… je baille un peu. Et je ferme les yeux. Et non, il ne faut pas que je me rendorme, Papa il a dit qu’il allait revenir, donc il ne faut pas que je m’end… il ne faut pas que… il ne faut… il… Je n’entends pas Papa revenir, parce que je me suis recroquevillé autant que possible en chien de fusil, épuisé par mon réveil, épuisé par mon débit de parole, épuisé par ma vitalité désastreuse, épuise par l’émotion. Épuisé tout simplement.

Mais après un gros dodo, tout ira mieux, surtout si Papa est là pour veiller sur moi. Avec Papa qui prend soin de moi, je suis invincible.

RP TERMINE
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