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 Blackout | Hipporius (again)

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Hippolyte Caesar
Hippolyte Caesar

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MESSAGES : 1796
SUR TH DEPUIS : 26/05/2015
MessageSujet: Blackout | Hipporius (again)   Blackout | Hipporius (again) Icon_minitimeLun 4 Avr 2016 - 1:20

Blackout
Hippolyte & Marius



Une chambre d'hôpital a ceci d'angoissant qu'elle est impersonnelle, froide, austère... Des murs blancs sans décoration, un lit surélevé, et tout un tas d'appareils reliés à un malade, qui rendent la chose autrement plus abjecte. Pour certains, passer une nuit à l'hôpital était d'une banalité sans nom, comme par exemple pour une bête fracture du poignet après une mauvaise chute, ou encore des suites d'une crise d'appendicite... Et puis il y avait les autres... Ces malades ou ces blessés dont on ne pouvait affirmer s'ils allaient survivre ou non. Il y avait ceux qui étaient atteints de maladies incurables, ceux qui n'auraient pas la chance de recevoir un greffon à temps... Et les victimes malheureuses d'attaques diverses et variées.

Dans cette chambre-là gisait un homme au teint pâle, décoloré, et aux lèvres violacées comme celles d'un mort. S'il n'y avait pas eu cet électrocardiogramme pour émettre un bip régulier, on aurait eu du mal à le savoir en vie. Cela faisait deux jours qu'il était arrivé aux urgences de l'hôpital, dans un état des plus critique : Que lui était-il arrivé ? Difficile à dire. On l'avait poignardé, c'était une évidence, et la personne qui avait fait cela savait se servir d'une arme. Après des heures de travail au bloc opératoire, durant lesquelles le chirurgien avait réparer d'importants dommages au foie et à l'estomac, il avait fallu se rendre à l'évidence. La lame n'avait pas frappé seule, et le grand homme était en train de mourir à petit feu, le sang ravagé par le feu dévorant d'un poison que les laboratoires de l'hôpital n'étaient pas encore parvenus à identifier.

Et pourtant, il vivait. Grâce à l'inquiétude d'une assistante un peu trop zélée, probablement, mais aussi parce qu'il semblait s'accrocher à la vie avec l'énergie du désespoir. Pour l'heure, son état était stable, et une infirmière changeait tranquillement les poches des perfusions en contrôlant les constante. L'assistance respiratoire fonctionnait bien, le rythme cardiaque était un peu faible mais constant... Et les anti-douleur faisaient leur travail, dans l'attente d'un remède. Elle allait sortir, les bras chargés, quand elle se retrouva nez à nez avec un jeune homme qui venait d'entrer en trombe dans la chambre.

« Oh vous... Vous devez être de la famille, j'imagine ? Le médecin m'a dit de ne laisser entrer personne, il est encore trop faible... »

Elle voulut ouvrir la porte pour inviter le visiteur à sortir, mais elle compris en croisant son regard que c'était peine perdue. Poussant un profond soupir, elle posa ses outils de travail sur une table et pris le bras du jeune homme pour l'inviter à s'asseoir.

« Ecoutez... On nous l'a amené ici dans un état critique. S'il n'y avait que les blessures causées par le poignard, je pourrais vous donner plus d'informations, mais il a été empoisonné, et nous ignorons encore avec quoi. C'est son assistante qui l'a trouvé, elle nous a assuré qu'elle ferait tout son possible pour que le poison soit rapidement identifié... Maintenant... »

Elle marqua une pause, tournant la tête vers son patient, profondément endormi.

« En plus du poison, nous avons trouvé des quantités inhabituelles de certaines substances dans son organisme... De la digitaline, par exemple. Savez-vous s'il prenait un traitement particulier pour une pathologie cardiaque ? Il n'y a rien dans son dossier, et à première vue... Son cœur va bien, nous n'arrivons pas à expliquer cela... »

Et pour cause, personne ne savait à part Victoire que tous les Caesar avaient été mithridatisés depuis des années. Ce n'était finalement pas étonnant de voir ce genre de substance hautement toxique courir librement dans ses veines. Après un court instant, l'infirmière repris, consciente qu'il fallait rassurer le jeune homme.

« Il est stable et peut se réveiller à tous moments... Seulement il va falloir être très patient avec lui... Nous ne savons pas encore s'il gardera ou non des séquelle mentales et psychologiques de son attaque. Vous devriez le laisser se rep... »

Elle n'eut pas l'occasion de terminer sa phrase, car dans le lit, le malade s'agitait. Vive comme l'éclair, elle se leva et se précipita à son chevet pour retirer le tube qui l'empêchait de respirer normalement. Quand enfin il put respirer, il regarda les deux autres avec un regard à la fois étonné et soucieux.

« Que... Où suis-je ? »

« Tout va bien, monsieur Caesar, vous êtes à l'hôpital... Vous avez simplement eu un petit accident... »

Il la regarda comme s'il la voyait pour la première fois, ce qui était le cas, mais compris rapidement pourquoi elle s'occupait de lui. Une infirmière, très bien... Mais et lui ? Tournant la tête vers le jeune homme, il le fixa un long moment, cherchant à comprendre pourquoi son visage lui semblait familier... Pourquoi il éprouvait une étrange sentiment de culpabilité, d'affection et de colère en le voyant. Fronçant les sourcils, il fini par demander :

« Et vous ? Qui êtes-vous ? Expliquez-moi ce qui se passe ! »

Écarquillant les yeux, l'infirmière se tourna vers le jeune homme, se demandant si elle n'avait finalement pas fait entrer un inconnu dans cette chambre. Ce qu'elle ignorait, c'est qu'en réalité, Hippolyte était incapable de reconnaître son propre fils. Tout comme il aurait été bien incapable de dire qui l'avait agressé et comment il s'appelait. La seule chose dont il se souvenait, c'était le visage de son agresseur et le nom de celle qui l'avait sauvé. Tout le reste semblait avoir été oblitéré par le poison et le choc.
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Marius Caesar
Marius Caesar

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MessageSujet: Re: Blackout | Hipporius (again)   Blackout | Hipporius (again) Icon_minitimeLun 4 Avr 2016 - 22:25

Blackout
Hippolyte & Marius



Son sourire a quelque chose de magique et je ne m’en lasse pas. A quatre pattes au dessus de lui, je regarde Samuel en faisant des grimaces. Juste pour le faire rire. Quatre mois, déjà. Pas grand-chose : une éternité. J’ai eu le temps de perdre ma meilleure amie, de larguer Astrid, de paniquer, de finir à l’hôpital parce que mon père a tenté de me tuer, de voir mon père s’excuser, d’avoir une demi-sœur, de la détester, de haïr mon père et de ne plus savoir ce que j’en pense. Quatre mois, au final, c’est beaucoup mais ce n’est pas grand-chose. Mais pour un petit bonhomme comme mon fils, c’est une éternité. Il a un don certain pour chasser mes pensées, effacer mes soucis, faire tout disparaitre. Lorsque je peux prendre quelques heures pour le garder, comme ça, et bien… et bien j’en profite à fond parce que plus rien n’existe en dehors de ses éclats de rire. Mes doigts se faufilent, grimpent son ventre rebondi. C’est la petite bête qui monte… je titille son nombril, qui monte… dans le cou de Sam ! Il éclate de rire, j’enfouis mes cheveux dans sa tête, ses mains viennent les agripper comme pour mieux m’empêcher de partir. Comme si je peux imaginer une seule seconde de l’abandonner. Ce gosse, il n’a pas été voulu, pas été prémédité et sa mère c’est juste une bonne amie au final. Juste. Ça aurait pu être facilement pire. Ce gosse, c’est mon trésor, c’est mon petit rayon de soleil, mon accalmie. Je détache ses doigts un par un avant de me rasseoir convenablement à côté de Samuel qui gigote encore. Je crois qu’il a hérité de mon hyperactivité, la petite tête blonde qui me ressemble un peu trop quand on y pense. Je m’étire pour aller chercher un de ses trop nombreux doudous qui a voltigé un peu trop loin, ça m’arrache une grimace lorsque je sens mes cicatrices toujours en rémission grincer sous l’action. Rien à foutre, je les ignore comme je le fais à chaque fois qu’elles me font le coup pour agiter le lapin au dessus du petit bonhomme. Sam agrippe sa peluche, se met à baver dessus sans aucun scrupule pour les oreilles de la petite chose et moi, j’en profite pour aller chercher mon portable et prendre encore quelques photos. Une matinée comme tant d’autres, au final. Une matinée de papa-au-foyer-parce-qu’il-ne-peut-pas-bosser. Et pourtant, ce n’est pas faute d’avoir essayé, et ce depuis ma sortie de l’hôpital. En gardant un œil sur mon fils, je regarde rapidement mes SMS, réponds à certains, oublie les autres et me reconcentre sur le principal. Samuel. Hop, je reviens au contact, retirant son lapin de ses mains pour le mettre à côté de lui et m’allonger à mon tour. « Saaaam » Je l’appelle, il tourne la tête dans ma direction. « Allez bonhomme, c’est l’heure de ta gymnastique ! » Je le mets sur le ventre, il s’écrase comme un pâté. J’agite son lapin en le faisant parler et jouer avec ces oreilles. « Allez petit loukoum, c’est l’heure de te muscler et d’essayer de te retourner ! » J’ai lu ça dans un bouquin, que mon gosse commence à se redresser comme un grand, vers quatre mois, quand on le met sur le ventre. C’est pour lui muscler le dos ou une connerie dans legenre. Et vu la tonicité de Sam… déjà il s’agite, il gigote, il se dresse sur ses bras. J’attrape mon portable pour immortaliser l’instant. Et mon portable me vibre entre les mains. Je fronce les sourcils en ne reconnaissant pas le numéro. « Oui ? » Je pâlis.

Les urgences. L’hôpital. Je m’assois en tailleur sans tarder, posant une main sur le ventre de Sam pour lui faire des gratouilles et le rassurer. Me rassurer. « Oui, c’est bien Marius Caesar. … C’est mon père, oui. QUOI ? » Ma voix est un souffle crié, la surprise se mêlant à la terreur. Aussitôt, ma main se crispe et Samuel le sent : son rire se transforme en grimace. « J’arrive. Prévenez Martial, c’est mon frère, vous devez avoir son numéro dans vos affaires. Quoi ? MAIS DEMERDEZ-VOUS BORDEL ! » Je n’ai aucune patience, surtout avec les imbéciles. Et moi, si je veux arriver le plus vite possible à l’hôpital, il faut que j’emmaillote Samuel, que je prenne ses affaires, que je ne panique pas pour qu’il ne s’affole pas à son tour. Trop tard : Sam n’aime pas voir Papa crier, il pleure. Je le prends dans mes bras comme je peux pour le calmer, calant le portable entre mon épaule et mon oreille. J’énumère le numéro de mon frère à toute vitesse. « Vous pouvez le contacter ? Parfait. J’arrive, j’arr… il va s’en sortir ? » La question surgit, étranglée, sans préméditation. La réponse met du temps à venir, enrobée du sucre du foutage de gueule et du ton faussement rassurant. « Gardez votre baratin pour les cons, est-ce que la vie de mon père est en danger ? » Samuel a cessé de pleurer mais je le vois bien me regarder avec de grands yeux malgré tout. Je le dépose dans son transat comme je peux, lui met une peluche quelconque sur le ventre pour l’occuper le temps que je prépare en vitesse un sac dans lequel je jette vaguement un biberon, des couches, des peluches et un hochet, et un ballon de handball pour moi. J’attrape tout ce que je vois, tout ce qui peut me servir, un pull, une couverture sans décoller une seule seconde mon téléphone de mon oreille. Hémorragie. Jours en danger. Très faible. « Je dois raccrocher mais j’arrive dans une dizaine de minutes. » J’enfourne mon portable dans ma poche, passe ma veste et attrape Samuel comme je peux, balançant le sac dans le landau : j’inverserai sac et Sam plus tard, une fois arrivés à l’hôpital. Voiture, landau, coffre, Sam dans la nacelle, je croise les doigts pour ne rien oublier et je fonce vers l’hôpital.

Voiture garée, Samuel installé dans mon bras, je n’ai toujours pas eu la patience de le mettre dans la nacelle du landau que j’ai d’ailleurs laissé dans le coffre de ma voiture. Je grimpe les marches deux par deux, débarque en un temps record au rez-de-chaussée de cet hôpital que je commence à connaître beaucoup beaucoup trop bien et à fréquenter beaucoup beaucoup trop souvent. Je prends la peine de respirer. « Marius Caesar, je viens voir mon père, on m’a appelé il y a… » Un coup d’œil sur ma montre. « une petite demi-heure maintenant. » Elle doit sentir qu’à la moindre contrariété j’explose, je ne sais pas, mais je suis rapidement aiguillé dans la bonne direction, ballotant Samuel qui ne chouine même pas. Brave gars. Tout son père. Je ne sais même pas pourquoi je me précipite comme ça, en plus. Ce n’est pas comme si j’étais capable de faire quelque chose, ce n’est pas comme… Maman. Je m’arrête. Qui va la prévenir ? Trop tard pour le faire, trop tard pour prendre sur moi et tenter d’entrer en contact avec ma mère, j’arrive au niveau de la porte de la chambre qu’on m’a indiquée. « Oh vous... Vous devez être de la famille, j'imagine ? Le médecin m'a dit de ne laisser entrer personne, il est encore trop faible... » Je la foudroie du regard. Glacial. Pas besoin de rajouter autre chose, je crois qu’elle a compris le principal. Apparemment, je suis le premier sur place. Je me demande ce que fait Martial. Un coup d’œil, je vois mon père, pâle comme la mort, allongé dans le lit. Une main me broie les entrailles. Je n’ai jamais vu mon père dans cet état. Jamais. Pas aussi faible, pas aussi… « Ecoutez... On nous « Qui ça, on ? » …i dans un état critique. S'il n'y avait que les blessures causées par le poignard, je pourrais vous donner plus d'informations, mais il a été empoisonné, et nous ignorons encore avec quoi. C'est son assistante qui l'a trouvé, elle nous a assuré qu'elle ferait tout son possible pour que le poison soit rapidement identifié... Maintenant... » Poignard. Poison. Assistante. Je blêmis en tentant de comprendre. Putain, pourquoi je me suis précipité ici, hein ? Pourquoi est ce que je ne suis pas plutôt passé aller chercher Martial, pour qu’il comprenne, qu’il me traduise, qu’il encaisse et m’épaule ? Pourquoi est ce que j’ai voulu me la jouer perso ? « En plus du poison, nous avons trouvé des quantités inhabituelles de certaines substances dans son organisme... De la digitaline, par exemple. Savez-vous s'il prenait un traitement particulier pour une pathologie cardiaque ? Il n'y a rien dans son dossier, et à première vue... Son cœur va bien, nous n'arrivons pas à expliquer cela... » Pathologie cardiaque ? Je fronce les sourcils. « Qu’est ce que vous racontez ? Le cœur de mon père va bien, il ne m’a… » Je me tais, me rendant compte de la connerie que j’allais sortir. Comme si on était suffisamment proche, lui et moi, pour que je connaisse son dossier médical. Je suis le mieux placé, en plus, pour savoir que lorsqu’un Caesar veut cacher quelque chose, il sait très bien le faire. Mais mon père ? « Je… il faudrait demander à ma mère, ou à mon frère. Mais… vous savez s’il va se réveiller ? Ce qu’il s’est passé ? Il a été poignardé mais par qui ? Et comment ça se fait ? Et… Je veux tout savoir, putain. Il peut pas rester comme ça ! Il est plus fort que ça, il… » Qu’est ce que je fous là, moi, hein ? Je n’ai rien à faire là, je n’ai rien à voir avec lui.

Sauf qu’à le voir comme ça… je me rends bien compte que je ne supporterai pas de le perdre. Je veux Astrid, je veux Martial. Je serre Samuel contre moi, détournant volontairement ses petits yeux pour qu’il ne voie pas son grand-père comme ça. « Il est stable et peut se réveiller à tout moment... Seulement il va falloir être très patient avec lui... Nous ne savons pas encore s'il gardera ou non des séquelles mentales et psychologiques de son attaque. Vous devriez le laisser se rep... » Un mouvement, ça balaie toutes mes protestations. En un instant, l’infirmière se précipite à son chevet. Et elle n’est pas la seule. « Qu’est ce qu’il se passe, qu’est ce qu’il a ? » Ma panique est palpable. Ça me fout les jetons cette situation, j’ai envie de disparaître, j’ai pas envie de voir ça mais je reste, tétanisé par la terreur à la seule idée que… qu’il arrête de bouger. Il peut se réveiller à tout moment. Ça m’a pris du temps, mais je comprends qu’en fait, là, il se réveille. « Que... Où suis-je ? » « Papa ? » Voix timide, voix maladroite. J’ai envie de le secouer de lui hurler dessus : quelque part mon seul neurone de fonctionnel me souffle de laisser l’infirmière aux commandes. « Tout va bien, monsieur Caesar, vous êtes à l'hôpital... Vous avez simplement eu un petit accident... » Je recule d’un pas, passant une main dans les fins cheveux de Sam pour le détendre et surtout me détendre. Et soudain le regard de mon père se pose dans le mien.

Ce n’est pas son regard. Les yeux qu’il pose sur moi, ce sont les siens sans être les siens. Il y a sa dureté, son intransigeance, ses colères, son caractère implacable, son charisme. Mais ils sont éteints pour ne laisser qu’une indifférence curieuse, comme celle qui siège depuis trop longtemps dans les yeux de ma mère lorsqu’elle daigne se rendre compte que j’existe. La colère enfle sans que je n’y prenne garde, je me crispe, je me tends, dans l’attente d’une confirmation de ce que je crains. Il fronce les sourcils. Je m’attends au pire. « Et vous ? Qui êtes-vous ? Expliquez-moi ce qui se passe ! » « QUOI ? » Je pars directement dans les basses, un volume lourd qui, s’il ne monte pas dans les aigus, a tout autant de force. L’infirmière me regarde à son tour, avant de faire des allers-retours entre mon père et moi. « Tu te fous de ma gueule ? » Je cherche confirmation dans le regard de l’autre. « Il se fout de ma gueule, là, on est bien d’accord ! » Alors non, là, ce n’est juste pas possible. Que je cesse d’exister aux yeux de ma mère quand j’avais six ans, c’était déjà pas la joie, mais si en plus mon père s’y met pour mieux me renier vingt-et-un ans après… « Il est hors de question que je marche dans ton jeu, Papa, j’ai plus six ans. » Je fouille dans ma poche avec ma main libre pour en tirer mon portefeuille et ma carte d’identité que je balance à l’infirmière. « Marius Alexandre Caesar, si ça peut vous rassurer. Ce connard se fout juste de ma gueule pour me faire me casser, mais il est hors de question que je dégage d’ici tant que je n’aurai pas le fin de mot de cette histoire et qu’il ne m’aura pas tout raconté. Maintenant, vous pouvez, vous, dégager. Je vous appelle au moindre problème. Et qu’elle ne tente pas de protester, parce que sinon je lui prouve en direct que je suis le fils d’Hippolyte Caesar. D’ailleurs, tant qu’à faire… Je me redresse, contourne le lit, le visage glacial. « Je suis le fils aîné d’un géant du domaine pharmaceutique qui fournit votre hôpital. Essayez une seule seconde de protester et je vous promets que la discussion que j’aurais avec votre chef, son chef et le directeur de l’hôpital amènera non seulement votre licenciement mais aussi de grave problème à cette structure, c’est compris ? » De mon comportement suinte la menace, dans une agressivité et une colère contrôlée. Je veux parler à mon père mais je ne veux pas d’intrus. Et puis, elle a dit que son état était stable, non ? « Je vous déconseille fortement de mettre en colère un Caesar, c’est compris ? Si vous voulez vous plaindre, Martial recevra vos plaintes dès qu’il arrivera. Il est avocat, l’un des meilleurs, je suis sûr qu’il vous fera comprendre que je ne plaisante pas. » Je mens, bien sûr, lorsque j’argue avoir une quelconque influence sur Caesar Pharmaceutics, je mens aussi lorsque je me proclame fils aîné, techniquement. Je mens aussi en disant que Martial me soutiendra sur ce terrain, je sais que je suis en tort et qu’il ne m’accompagnera pas là dedans juste pour me faire plaisir. Mais l’important, c’est qu’elle me croie. Et elle me croie. Vu son regard, vu sa sortie, je ne m’avance pas trop en disant qu’elle me déteste mais je n’en ai rien à faire. Qu’il arrive quoique ce soit à mon père par la suite, et je massacre sa vie. Je me tourne vers mon père, d’ailleurs, dès sa sortie. « Maintenant tu m’expliques ? » Je suis agressif, sur les nerfs. J'adoucis ma voix avec difficulté. « Comment tu te sens ? »

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Hippolyte Caesar
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MessageSujet: Re: Blackout | Hipporius (again)   Blackout | Hipporius (again) Icon_minitimeMar 5 Avr 2016 - 11:36

Blackout
Hippolyte & Marius



Elle était infirmière depuis une dizaine d'années, et elle se savait à même de gérer à la fois ses patients, mais surtout les familles. Elle était d'un naturel jovial, compatissant, et savait mettre en confiance... La plupart du temps, même, elle aimait apprendre à connaître ces gens qu'elle essayait par tous les moyens de réconforter, même si elle était consciente qu'ils auraient tôt fait de reprendre leur vie en l'oubliant. Elle aimait son métier, et ne s'offusqua pas lorsque le jeune homme l'attaqua d'entrée de jeu en cherchant à tout savoir. C'était normal, après tout, et à en juger par le nourrisson qu'il tenait dans les bras, c'était un jeune papa. Inutile de dire que l'inquiétude et l'angoisse devaient faire partie de son quotidien.

« Nous lui poserons la question à son réveil, c'est assez courant de voir des malades qui cachent leur état de santé à leurs proches... »

Pour ne pas inquiéter, pour ne pas avoir l'air faible... Toutes les raisons étaient bonnes, et la jeune femme pensait être dans le vrai. D'un autre côté, comment aurait-elle pu se douter de la vérité ? Probablement qu'elle aurait été soulagée de savoir l'épouse de son patient absente ! Elle secoua alors la tête d'un air triste.

« Malheureusement, nous ne pouvons pas savoir quand il se réveillera... Il a subit une lourde opération et est pour le moment dépendant de son appareillage, mais je vous assure qu'il est stable. Calmez-vous un peu, je vais répondre à toutes vos questions, mais chaque chose en son temps. Nous avons laissé un message à votre frère, mais nous n'arrivons pas à joindre votre mère... Le numéro que nous avons n'est pas le bon, apparemment. La demoiselle qui nous amené votre père nous a dit qu'elle l'avait trouvé dans cet état, mais elle a immédiatement prévenu la police. J'imagine qu'ils viendront prendre la déposition de votre père pour établir un portrait robot... Nous ignorons pourquoi il a été poignardé et par qui... Je... Si la formule du poison qui attaque son système immunitaire est trouvée rapidement, il devrait être sur pieds d'ici une semaine ou deux. Pour ce qui est de la convalescence, il faudra bien vous assurer qu'il reste tranquille le temps que la blessure cicatrise, et d'ici un mois ou deux tout ça ne devrait être qu'un mauvais souvenir ! »

Elle avait conscience de lui monter un char mais de tout faire pour avoir l'air rassurante... Si le poison n'était pas identifié, le père du jeune homme ne pourrait pas quitter l'hôpital. Sans cet appareil austère qui nettoyait son sang en permanence, il aurait probablement passé l'arme à gauche en quelques heures seulement. Seulement, s'il n'y avait eu que le plan physique d'atteint, tout se serait bien passé... Mais déjà, l'infirmière se précipitait au chevet de son patient qui tait en train de se réveiller.

« L'assistance respiratoire est inefficace lorsque l'on est éveillé... Ses poumons prennent la relève, c'est simplement le temps que... Voilà... »

Elle arrêta l'appareil, le repoussa sur le côté et commença à contrôler les constantes de son patient. Elle tenta de le rassurer, mais elle s'était attendu à tout sauf à ce « qui êtes-vous ? » sortit de nulle part...

L'air hagard, Hippolyte regardait autour de lui sans comprendre, ne se souvenant absolument pas d'être arrivé à l'hôpital. D'ailleurs, il ne se souvenait ni de son nom, ni de son âge et encore moins de ce grand individu qui lui faisait face, un bébé dans les bras. C'était le noir total dans son esprit, et il avait le sentiment que son ancien lui aurait détesté cela. Immédiatement, le jeune homme réagit avec force et vulgarité, comme s'il était censé le connaître. Fronçant le sourcils, Hippolyte se tourna à son tour vers l'infirmière, comme si elle était la seule susceptible de leur apporter quelques réponses. Cette dernière cligna des yeux, marqua un temps de silence avant de reprendre d'une voix peu assurée.

« Il... Arrive que dans certains cas, avec la perte de sang, l'empoisonnement et le choc, on perde la mémoire... Ce sont la plupart du temps des amnésie partielles ou momentanées mais... C'est toujours assez surprenant... De quoi vous souvenez-vous ? »

Hippolyte secoua la tête en grimaçant, ouvrit la bouche pour répondre qu'il ne se souvenait de rien, mais il n'en eu pas l'occasion, car déjà le grand blond reprenait avec plus de virulence encore. Hippolyte le regarda avec de grands yeux, éberlué.

« … Papa ? »

Alors c'était son fils, cet énergumène vulgaire et braillard ? Et bien... Il avait dû rater quelque chose dans son éducation, si c'était le cas... Il se sentait curieusement partagé entre l'agacement et une forme de résignation probablement liée à l'habitude. Et quel rapport avec son âge ? Au moins, il pouvait mettre un nom sur son visage... Marius, très bien, c'était noté. Et à son accent, il devait au moins avoir des origines françaises. Deuxième information intéressante. Il était donc le père de Marius, par extension probablement le grand père du petit qui s'agitait dans les bras du jeune homme, et son patronyme était Caesar. Mais bon sang, quelqu'un allait-il bien vouloir lui donner son prénom ?

Incapable de prononcer un mot, Hippolyte regarda Marius se dresser face à l'infirmière, lui promettant de faire de sa vie un enfer si elle refusait de déguerpir. Et pour une raison qui lui échappait, Hippolyte avait une impression de déjà vu... Tout en trouvant la chose étrangement amusante. Qui donc pouvait être à ce point irrespectueux pour traiter les gens de cette manière ? Toujours aussi attentif, il appris qu'il devait logiquement avoir un deuxième fils, Martial, qui était avocat. Et donc le cadet de Marius, puisqu'il venait de dire qu'il était l'aîné de la fratrie. Parfait, il allait finir par réussir à compléter son arbre généalogique, finalement !

Les lèvres pincées, vexée, l'infirmière se tourna vers son patient, lui assura que le médecin passerait très rapidement le voir, et jeta un regard glacial à Marius avant de quitter la pièce. Réflexion faite, elle détestait viscéralement certaines familles de patients. Et celui-ci, elle le retenait.
Une fois seuls dans la pièce, Hippolyte regarda Marius avec la même curiosité qu'au moment où il avait ouvert les yeux.

« Vous n'êtes pas très patient, on dirait... Elle ne fait que son travail, la pauvre... »

Il était incapable de tutoyer ce type, même s'il était son fils... Car il aurait beau lui montrer toutes les preuves possibles et imaginables, c'était un étranger pour lui. Son visage se ferma alors que Marius l'agressait d'entrée de jeu, puis il se détendit un peu lorsqu'il lui demanda comment il allait.

« Honnêtement... Je ne sais pas... J'ai mal, mais étant donné mon incapacité à bouger, je suppose qu'ils ne donnent déjà bien assez de calmants... »

Il tourna la tête vers la perfusion à côté de son lit, grimaçant alors que tous ses muscles hurlaient de douleur. Pour une raison qui lui échappait, il aurait été capable d'énumérer chaque molécule présente dans la poche, son utilisation, décrire l'utilité de chaque appareil auxquels il était relié... Car seule sa mémoire des visages et des personnes s'était envolée. Le reste était intacte, sans qu'il ne sache pour le moment à quoi ça lui servait.
N'en pouvant plus d'être ainsi allongé, il entreprit de se redresser, grognant de douleur alors que ses cicatrices tiraient sur les fils. Quand enfin il parvint à attraper la télécommande permettant de relever le lit, il se réinstalla contre ses coussins, une main sur l'abdomen. Une petite tâche rouge colorait le haut de son pyjama.

« Une chose est sûre, celui qui m'a fait ça ne m'a pas raté... »

Il tourna ensuite la tête vers Marius, lequel semblait toujours attendre des réponses.

« Écoutez... Je sais que ça ne doit pas être facile à entendre, mais je ne me souviens de rien... C'est absurde, je ne sais même pas qui je suis... Si vous ne m'aviez pas appelé papa, je ne saurais même pas que je suis père... J'ignore quels étaient nos rapports mais je vous assure que je ne me moque pas de vous, ce serait totalement ridicule pour moi de faire semblant de vous ignorer, enfin ! »

L'agacement qui suintait de sa voix lui était davantage destiné, tant il trouvait l'idée d'être totalement amnésique ridicule et handicapante. Portant une main à son visage, il ferma un instant les yeux pour tenter de se rappeler quelque chose. Tout ce qui lui vint, ce fut Poppy, dont il se souvenait très clairement, et cette femme... Cette grande femme brune qui l'avait poignardé.

« Je ne me souviens que du nom de la jeune fille qui m'a amené ici et... Du visage de celle qui m'a poignardé... Oui... C'était une femme, j'en suis certain... »

Tout était confus dans son esprit, les calmants obscurcissaient son jugement et un violent mal de crâne lui donnait la nausée.

« Vous... Vous voulez bien me dire qui je suis ? C'est ridicule, je sais mais... »

Il n'eut alors pas le temps de finir sa phrase. S'agitant toujours dans les bras de Marius, le petit tourna la tête vers le lit, dardant ses grands yeux bleus sur son grand père. Comme s'il avait reconnu, il se mit à rire, gigotant un peu plus en s'accrochant à la manche de son père. Pris au dépourvu, Hippolyte releva vers yeux vers Marius.

« C'est votre fils ? »

S'il avait su... Si seulement il avait su toute l'histoire... Qu'il revoyait pour la première fois le petit Samuel, que Marius avait pourtant juré qu'il ne reverrait plus jamais, s'il avait su aussi tous les événements qui s'étaient produit en quelques mois... Peut-être était-ce pour cela, finalement, que son esprit lui avait fermé les portes de ses souvenirs. Pour éviter qu'un trop plein d'informations ne le pousse à se renfermer plus encore sur lui-même.

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Marius Caesar
Marius Caesar

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SUR TH DEPUIS : 24/01/2015
MessageSujet: Re: Blackout | Hipporius (again)   Blackout | Hipporius (again) Icon_minitimeDim 10 Avr 2016 - 12:35

Blackout
Hippolyte & Marius



Mais qu’est-ce que je fous là, bordel ? Ça n’a aucune logique, ça n’a aucun sens : je déteste mon père. Je crois le détester, je veux le détester du moins, mais ça revient au même. Je ne lui dois rien, strictement rien, je n’ai pas à accourir dans la seconde lorsqu’on m’appelle parce qu’il a un problème, je n’ai pas à paniquer comme ça pour mon père. Et pourtant… je suis là. A m’imposer, à me comporter en Caesar pour pouvoir l’approcher, pour pouvoir le voir, lui parler, m’inquiéter. Qu’est-ce que je fous là, bon sang ? Il m’a blessé, il m’a foutu à l’hôpital, m’a fait frôler la mort. Il m’a rabaissé, humilié, rejeté, méprisé, il m’a clairement fait comprendre qu’à ses yeux, je ne valais pas grand-chose. Qu’est-ce que je fous là, qu’est-ce que je lui dois, qu’est-ce que je crois lui devoir ? Et pourquoi, bordel, pourquoi est-ce que je panique à ce point à l’idée de le perdre, à l’idée qu’il m’échappe aussi facilement, à l’idée qu’il disparaisse définitivement sans avoir eu une seule fois la chance de le rendre fier de moi ? Je ne sais pas, je ne sais vraiment pas. Et je n’ai aucune patience. Je sais que je pourrais être plus sympa avec l’infirmière mais il ne faut pas m’en demander autant, pas maintenant. Je n’ai rien à faire ici, ça devrait être ma mère, ça devrait être mon frère, ça ne devrait pas être moi le premier à arriver. Un regard pour mon père, pâle comme un mort, je détourne la tête de Samuel pour le caler contre mon torse et le protéger de tout, comme si la faucheuse était dans la pièce et menaçait de me le prendre lui aussi. Poison, assistante, poignard,… j’ai du mal à respirer. Son cœur, digitaline, pathologie cardiaque… je blêmis davantage, en me rendant compte que mon père pourrait très bien crever de la même chose que moi sans que je ne le sache, vu son caractère. Il faudrait demander à mon frère, il faudrait demander à ma mère : l’évidence est là, devant mes yeux : je n’ai rien à faire là. « Nous lui poserons la question à son réveil, c'est assez courant de voir des malades qui cachent leur état de santé à leurs proches... » Je pince les lèvres, m’interdisant de faire la moindre remarque. Elle ne croit pas si bien dire… Je serre le poing, réinstalle Sam dans mes bras comme pour puiser de l’énergie dans sa présence et ses grands yeux qui me regardent avec plein d’étonnement. Normal qu’il ne comprenne rien à ce qu’il se passe, c’est qu’un gosse. Et il est hors de question qu’il perde son grand-père comme ça. J’espère que mon père autant que l’infirmière en sont conscients, je ne les laisserai pas m’annoncer une mauvaise nouvelle.

J’écoute, attentivement, tentant de calmer mon rythme cardiaque qui s’emballe, comme toujours, comme de plus en plus souvent en situation de stress. Lourde opération, rien qu’à ces deux mots, j’ai envie de m’enfuir et je pâlis encore plus. Instinctivement, ma main libre se faufile à mon côté, vers mes cicatrices encore trop récentes. Lourde opération, je connais, je déteste. Nous n’arrivons pas à joindre votre mère. Je fronce les sourcils, incapable de savoir si c’est normal ou non. Nous avons laissé un message à votre frère. Le pire commence à émerger dans mes pensées, comme un inévitable que je n’ai pas vu venir. Si mon père est dans cet état, qui me dit que mon frère n’est pas quelque part en train de se vider de son sang, qui me dit que ma mère n’est pas en train d’agoniser ailleurs, qui… je titube, je n’entends plus rien de son intervention. Il faut que je sorte d’ici, il faut que je… ma panique augmente d’un cran encore lorsque je vois mon père s’agiter ? Samuel dans mes bras me permet de ne pas me jeter à son chevet mais de rester bien sagement dans mon coin, tétanisé. Bordel, mais qu’on m’explique, qu’est-ce qu’il se passe, qu’est-ce qu’il a ? « L'assistance respiratoire est inefficace lorsque l'on est éveillé... Ses poumons prennent la relève, c'est simplement le temps que... Voilà... » Je la regarde faire sans oser bouger. Je ne sais pas quoi faire, je me sens horriblement seul, là. Sans Martial, sans Astrid, sans Moira, sans personne pour me servir d’adulte. Je suis le seul Caesar présent, là, je suis le seul… Mon papa étranglé est éloquent, les gesticulations de l’infirmière me donne une bonne raison de rester loin de là. J’ai envie de le secouer, de hurler, mais je suis juste capable de rester immobile en le regardant. Un pas en arrière, Samuel gigote pour se repositionner, clairement pas à son aise aussi longtemps dans mes bras sans que je ne fasse les cent pas.

Ce n’est que lorsque l’infirmière se décale que mon regard finit par heurter celui de mon père. Je le connais, ce regard. Sauf que d’ordinaire, c’est ma mère qui me l’inflige. Beaucoup plus froide, certes, mais tout aussi… détachée. Neutre. Indifférente. Il se fout de ma gueule, là, c’est la seule solution. Parce qu’autant être franc : je ne supporterais pas que mon père se mette à son tour à m’ignorer comme ça. L’angoisse se mue en colère, la panique se transforme en fureur. Et la réponse de l’infirmière, loin de me rassurer, me confirme ce que je pense. « Il... arrive que dans certains cas, avec la perte de sang, l'empoisonnement et le choc, on perde la mémoire... Ce sont la plupart du temps des amnésies partielles ou momentanées mais... C'est toujours assez surprenant... De quoi vous souvenez-vous ? » Amnésie partielle ? Mon père ? La bonne blague. Connerie partielle à la rigueur mais la seule chose dont je suis sûr, là, c’est qu’il se fout complètement de ma gueule. Je balance mon portefeuille vers l’infirmière, je réinstalle Samuel qui commence à sérieusement peser sur mon bras droit, j’ignore le « … Papa ? » de mon père qui va passablement m’énerver, je me redresse et je me transforme surtout en Marius Alexandre Caesar et plus seulement en Marius. Qu’elle dégage, bordel, qu’elle me laisse régler cette affaire avec mon connard de paternel, je n’ai pas besoin de spectatrice. J’ai juste besoin d’explications, de temps et de je ne sais pas quoi. Mais pas d’elle. Et si jamais mon père a besoin d’elle, et bien je l’appellerai, voilà tout. J’ai suffisamment de coffre pour rameuter tout l’hôpital. Je fixe l’infirmière qui semble tout d’un coup moins être compatissante. Je la fixe jusqu’à ce qu’elle sorte de la pièce, jusqu’à ce qu’elle ferme la porte. Avec un regard aussi mauvais qu’insistant.

« Vous n'êtes pas très patient, on dirait... Elle ne fait que son travail, la pauvre... » Le vouvoiement est une claque, le ton qu’il emploie n’est guère mieux. Amnésie ? Mon cul. Foutage de gueule, surtout. Hors de question que je me fasse avoir, je ne suis pas né de la dernière pluie. Je veux qu’il m’explique. Mon agressivité, pas totalement voulue, est franche. Je suis sur les nerfs. Vraiment. Et lorsque je lui demande comme il va, je l’agresse. Encore. Son visage se ferme instantanément pour mieux se détendre, alors que je suis si crispé que Samuel chouine dans mes bras, comme pour me faire comprendre que je ne suis pas cool lorsque je suis en colère. Désolé Sammy, mais Papa et Grand-Père ont deux mots à se dire et ils ne savent pas se parler normalement. Et Grand-père est un connard, aussi. Surtout. Un foutu connard qui doit croire que le fait qu’il soit dans un lit d’hôpital et la peau pâle comme la mort lui donnent le droit d’avoir enfin son fils maté et obéissant. « Honnêtement... Je ne sais pas... J'ai mal, mais étant donné mon incapacité à bouger, je suppose qu'ils ne donnent déjà bien assez de calmants... » Je lève les yeux au ciel, faisant un tour sur moi-même pour récupérer une chaise et m’y asseoir. Vu comme il est parti dans son délire d’amnésie, hors de question que j’accepte d’admettre qu’il ne plaisante pas même si c’est évident. Je ne veux pas lui trouver d’excuse. Il n’a pas d’excuse. Putain, je vais finir par pleurer à ce rythme. « Tant pis pour toi. » Je rétorque d’une voix sèche comme pour lui faire comprendre que c’est bien fait pour lui. C’est dingue quand même de voir que je n’arrive pas à lui en vouloir pour avoir essayé de me tuer mais que je refuse de lui pardonner ce teint pâle et ces appareils respiratoires. Elle a dit quoi, déjà, l’autre gourdasse ? Rien, mais j’ai déduit tout seul que les branchements, perfusions et tout le reste permettent non seulement de filtrer son sang mais aussi d’atténuer la douleur. J’ai aussi déduit comme un grand à quel point ça pue, tout ça. Et que tenter de se redresser, c’est horriblement con. Je le regarde d’un air exaspéré être aussi patient que moi des semaines plus tôt. « Tu es stupide de t’agiter comme ça. » Je commente en réinstallant Samuel et en piochant dans mon sac, et dans une grimace éloquente sous le mouvement très peu recommandé par mon médecin un petit doudou en forme d’éléphant pour qu’il ait de quoi jouer. « Une chose est sûre, celui qui m'a fait ça ne m'a pas raté... » J’hausse un sourcil. Il faut que je parte, et pourtant je m’installe. Je n’ai rien à faire là, et pourtant je ne compte pas me barrer. Je ne lui dois rien et pourtant je sais que je ne vais pas être capable de quitter cette pièce tant que je n’aurais pas la certitude que mon père va bien. « Écoutez... Je sais que ça ne doit pas être facile à entendre, mais je ne me souviens de rien... C'est absurde, je ne sais même pas qui je suis... Si vous ne m'aviez pas appelé papa, je ne saurais même pas que je suis père... J'ignore quels étaient nos rapports mais je vous assure que je ne me moque pas de vous, ce serait totalement ridicule pour moi de faire semblant de vous ignorer, enfin ! » Je serre les dents, résistant à l’envie de lui en foutre une. Ce serait ridicule de m’ignorer ? Il a fait ça pendant des mois, à notre arrivée aux Etats-Unis, il sait très bien faire qu’il se rassure. Sauf que là… là il n’a honnêtement aucune bonne raison de se comporter comme un con. Tout comme ma mère n’a eu aucune bonne raison de me faire disparaître de sa vie, il y a vingt-et-un ans… « Arrête de me vouvoyer. » Voilà une chose que je peux dire sans avoir l’impression d’émettre une connerie. « Je ne me souviens que du nom de la jeune fille qui m'a amené ici et... du visage de celle qui m'a poignardé... Oui... C'était une femme, j'en suis certain... » Je fronce les sourcils. « Vous... vous voulez bien me dire qui je suis ? C'est ridicule, je sais mais... » « Arrête tout de suite de me vouvoyer, Papa, sinon je te jure que je me casse. » La menace sort d’elle-même, comme une défense automatique enclenchée par mon état plus que confus du moment. Parce qu’il faut bien se le dire : je suis confus. Perdu. J’ai envie de l’engueuler mais comme il est amnésique, je ne peux que… que quoi ? Lui dire ce qu’il est, lui dire à quel point c’est qu’un pauvre enfoiré qui a pourri ma vie, trompé sa femme, tue des gens au lieu d’aller jouer au golf comme tous les autres millionnaires ? Samuel me coupe dans mes pensées, décide que l’éléphant a bon goût et que le monde n’a d’intérêt que s’il le regarde. Presque quatre mois et déjà curieux comme son père et sa mère. « C'est votre fils ? » C’est à mon tour de fixer mon père, tout comme Samuel est en train de le faire. « Non c’est celui du voisin, je l’ai volé » Réponse automatique, encore.

Je pince les lèvres en me rendant compte un peu tard qu’il faudrait vraiment que je réfléchisse avant de parler. Et que je suis dans une situation foutrement compliquée. Mon père, amnésique. Table rase. Donc… je fronce les sourcils. « Tu ne te souviens vraiment de rien d’autre que de ça ? » Le prénom de son assistante et le visage de la garce qui l’a poignardé pour une raison quelconque ? « Genre… même pas de moi ou de Martial ? Tu es sûr ? » Pas de Lily ? Pas de ma mère ? Pas de ma mutation ? Pas de mon cœur ? Pas de ma connerie ? Pas du fait que je sois un raté complet, une déception continuelle ? Je commence à comprendre que l’amnésie de mon père n’est pas forcément… « On s’entend bien, tous les deux. Tu es mon père, Hippolyte Caesar. Tu es le patron d’une grande entreprise, que tu as bâtie à la sueur de ton front. Tu n’es pas le dernier des imbéciles, Papa, tu es un géant dans le domaine de la pharmacie. Je crois… je crois que les trois quart des fournitures médicales de l’hôpital viennent de ton entreprise. » Je me mords la lèvre, incertain quant à ce que je suis en train de faire. Sauf que mon père est totalement amnésique. « Attends, bouge pas… » Je me lève pour venir m’asseoir sur le bord du lit et poser Samuel sur mes jambes, allongé contre mon torse, histoire qu’il puisse voir son grand-père. « Lui, c’est Sam, Samuel, c’est mon fils. Il a… il aura quatre mois début août. J’étais en train de le garder quand l’hôpital m’a appelé, du coup… » Du coup, je n’ai pas réfléchi et je suis venu directement ici sans perdre de temps à le confier à quelqu’un ou à le ramener chez sa mère. Putain que je suis con. Je joue un jeu dangereux, en plus, à poser quelques mensonges au milieu de la vérité. « Tu… qu’est-ce que tu veux savoir ? » Je fronce les sourcils, encore, en me posant une question. Du menton, je désigne la perfusion. « Tu comprends ce qu’il y a de marqué, dessus ? Si oui, peut être que tu te souviens de poisons, de… de tout ça. » Martial, pitié, arrive. Maman, en revanche, si tu peux attendre quelques minutes…

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MessageSujet: Re: Blackout | Hipporius (again)   Blackout | Hipporius (again) Icon_minitimeMer 13 Avr 2016 - 0:28

Blackout
Hippolyte & Marius



Dire qu'Hippolyte était perdu et qu'il n'y comprenait rien aurait été un euphémisme... Rien n'avait de sens, il avait l'impression de s'éveiller au monde pour la première fois mais d'avoir raté toutes les étapes essentielles de sa vie. Il savait parler, probablement marcher et écrire sans avoir conscience de l'avoir un jour appris. On lui annonçait qu'il avait été attaqué, empoisonné, on l'appelait papa... Que s'était-il passé pour qu'il en vienne à ignorer comment il s'appelait ou l'existence de son propre fils ? S'il avait su... Si seulement il avait su que sa dernière pensée avant de sombrer dans l'inconscience avait été de mettre en garde Marius contre sa mère... S'il avait su que ses derniers instants de lucidité avaient été entièrement dévoué à ses enfants et à l'inquiétude viscérale qu'il ressentait à leur égard depuis que Victoire lui avait prouvé qu'elle était capable de tuer toute sa famille... Seulement pour cela, il aurait encore fallu qu'il se souvienne qu'il était marié et que son épouse avait tenté de le tuer. Au lieu de cela, il regardait l'infirmière et Marius avait une incompréhension teintée d'agacement. Ne pouvaient-ils pas lui laisser le temps de reprendre ses esprits, au lieu de se chamailler ? Il ne put d'ailleurs s'empêcher de faire remarquer au jeune homme qu'il était bien impoli de lui demander de sortir de la sorte. C'était ainsi qu'il l'avait élevé ?

Hippolyte haussa à nouveau les sourcils lorsque Marius grogna que c'était bien fait pour lui s'il était dans cet état-là. Il lui demandait comment il se sentait et l'agressait trois secondes après ? Bon sang mais qui donc avait élevé ce gosse ? Qui que ce soit, il s'y était pris comme un manche et aurait sûrement dû s'attarder un peu plus sur son langage ! Jetant à Marius un regard glacial, il entreprit de se redresser sur son séant, balayant la remarque du jeune homme d'un claquement de langue agacé. Il était bien assez grand pour se débrouiller tout seul, et l'idée même d'être alité le mettait déjà suffisamment hors de lui pour qu'il n'ait pas en plus besoin de se plaindre.

« Je suis peut-être blessé, mais je ne suis pas à l'article de la mort... Soyez gentil, taisez-vous ou aidez-moi, mais cessez de me faire la morale... »

La remarque, cinglante, était sortie aussi naturellement que s'il avait eu l'habitude de parler ainsi à Marius. Et s'il se sentit immédiatement désolé de lui avoir parlé ainsi, il garda ses excuses pour lui. Quelque chose lui disait que demander pardon n'était pas dans ses habitudes. Et puis, quand Marius le menaça de quitter la pièce s'il persistait à le vouvoyer, Hippolyte leva les yeux au ciel.

« Très bien ! J'arrête de te vouvoyer, tu es satisfait ? Tu ne sais donc pas t'exprimer autrement qu'en râlant ou en hurlant ? »

Il aurait volontiers pu répliquer avec la même puissance vocale que Marius, mais ses blessures, encore trop récentes, lui rappelèrent que ce n'était pas le moment de faire de folie. Grognant de douleur, il porta une main à son abdomen, qui était marqué par une imposante cicatrice, dissimulée par un épais bandage et un pyjama. Les points de suture et les agrafes lui faisaient presque aussi mal que la blessure en elle-même, et les tissus cicatriciels qui commençaient tout juste à se forcer le démangeaient horriblement. Autant qu'il détestait cette situation et aurait volontiers arraché sa perfusion pour mettre les voiles au plus vite. Pourtant, et curieusement, lorsque Marius lui répliqua que Samuel était le fils du voisin et qu'il l'avait volé, il fut pris d'un étrange sentiment à mi-chemin entre le désespoir et la résignation. Et la chose le fit sourire... La remarque de Marius était si absurde qu'il ne put se retenir de sourire, chose qu'il n'aurait jamais faite en temps normal. Ca le faisait sourire car il la situation ne se prêtait clairement pas à l’humour, et celui de Marius était d’autant plus déplorable qu’il était mal placé. Alors au final… C’était peut-être tout ça qui rendait la situation amusante.

« Ah… Etrange, si tu l’as volé, il te ressemble…Avec trente décibels en moins », Répliqua-t-il en jetant à Marius un regard qui se voulait amusé.

Et puis vinrent les questions délicates, celles qui concernaient sa mémoire… Détournant le regard, Hippolyte fixa un moment les draps en tentant de se remémorer quelque chose. Son esprit et ses souvenirs étaient un vaste trou noir, parfois éclairé par un flash si bref qu’il ne parvenait à distinguer que des images floues. Poppy… Il se souvenait de Poppy, c’était elle qui l’avait sauvé. Et il se souvenait du visage de son agresseur, il se rappelait qu’elle était brune, qu’elle lui avait souri… Qu’elle avait peiné également… Comme si elle avait eu des regrets à le poignarder. C’était absurde ! Quel assassin regretterait ainsi son geste ?

« Je suis désolée, Marius… Je ne me souviens de rien… J’ai parfois des images qui me reviennent en mémoire, mais sans lien ni contexte, je vois des visages sans être capable de mettre un nom dessus. Je sais que c’est effroyable, mais je ne me souviens même pas du visage de ton frère… », Dit-il en soupirant profondément. « D'ailleurs... Quel âge a Martial ? J'ai aperçu ta carte d'identité tout à l'heure, et heureusement je sais encore compter jusqu'à 27... »

Quelle situation absurde… Ne pas être capable de se souvenir de ses propres enfants, c’était d’un ridicule… Et parce que Marius ne l’avait pas mentionnée, il était loin de se souvenir qu’il avait une fille également. Aussi, lorsque le jeune homme commença à lui donner son nom, son métier… Tout en édulcorant çà et là des mensonges, Hippolyte les goba tous sans chercher à poser plus de questions. Quel intérêt Marius aurait-il eu à lui mentir, de toute manière ? S’il lui disait qu’ils s’entendaient bien, ce devait être vrai… Après tout pourquoi pas ? Il s’appelait donc Hippolyte… Il ne lui en fallait pas plus pour confirmer qu’ils devaient être français. Et le fait d’être un géant de l’industrie pharmaceutique expliquait peut-être pourquoi il était capable de citer chaque objet et chaque produit présent dans la pièce. Une à une, les pièces du puzzle se mettait en place, et Hippolyte commençait à se construire une identité certes fragile, mais à laquelle il entendait bien s’accrocher pour surmonter son amnésie.

« Donc si je te suis bien... C'est probablement avec des produits sortant de mes laboratoires qu'ils me sédatent et comptent me transformer en légume ? Charmant... C'est ridicule... Je dois certainement avoir l'orgueil démesuré de n'importe quel pdg, et je ne suis même pas capable de me souvenir comme je m'appelle sans qu'on me le dise... »

L'amertume venait teinter d'agressivité le français qu'il avait choisi d'adopter pour voir si son hypothèse était la bonne. Et étant donné l'absence totale d'accent dans son discours, il avait eu raison : C'était bien le pays du camembert qui l'avait vu naître. Toujours perdu dans ses réflexions, Hippolyte haussa un sourcil lorsque Marius lui demande de ne pas bouger. Sans qu'il puisse contrôler quoi que ce soit, la remarque sorti d'un coup.

« Moi qui pensais aller faire un footing dans le couloir... », marmonna-t-il.

Il fronça les sourcils. Il avait l'intime conviction que son ancien lui n'aurait pas dit ça. Mais peut-être n'était-ce qu'une impression, finalement. Déterminé à retrouver un semblant de sérieux, Hippolyte entreprit de se redresser un peu plus, grimaçant tandis que ses blessures lui hurlaient de rester tranquille au lieu de s'agiter. En face de lui, Samuel le fixait avec ce regard innocent et plein de curiosité qu'avaient tous les enfants de son âge. Il n'avait pas l'air apeuré, comme si le simple fait d'être dans les bras de son père lui assurait une sécurité optimale. Dardant ses grands yeux bleus sur son grand père, il se mit à gazouiller joyeusement en jouant avec son éléphant en peluche. Bien vite, il se désintéressa de ce qui se passait devant lui pour ne plus s'occuper que de son jouet. C'était bien plus captivant qu'un vieil amnésique, de toute manière !

« Ah... Je crois que Samuel préfère l'éléphant à notre conversation... Il a l'air adorable, c'est remarquable qu'il soit aussi calme ! Je... Ce que je veux savoir ? Tout, je crois... Il va falloir que tu sois ma mémoire, Marius, sans ça c'est le noir total dans mon esprit. Qu'est ce que tu fais dans la vie ? Comment est ce que je comporte avec toi et ton frère en général ? Est ce que je suis marié ? Si oui où est-elle ? Et... J'ai des milliers de questions et tu n'imagines pas à quel point c'est frustrant de se sentir aussi vide et vierge qu'une page blanche... »

Extérieurement, il avait las et fatigué... Intérieurement, il bouillonnait d'une colère qu'il ne savait vers qui ou quoi diriger. Il suivit du regard le geste de Marius, et tendit difficilement la main vers la perfusion. D'un mouvement tremblant, il décrocha la poche pour la détailler, et qu'importe ce que son fils pourrait en dire. Il détailla le liquide transparent qui gouttait à un rythme régulier dans son cathéter, ainsi que les quelques inscriptions qui y figuraient.

« C'est... Perturbant... Je comprends ce qu'il y a d'écrit, c'est un cocktail d'anti-douleur à base de morphine, mais je suis bien incapable de te dire comment je sais ça. « Caesar Pharmaceutics »... C'est ça le nom de mon entreprise ? »

A nouveau, c'était une pièce qui venait s'ajouter à l'immense puzzle que l'amnésie avait réduit en miettes en une fraction de seconde. S'il s'appelait Caesar comme le lui avait dit Marius, c'était on ne peut plus logique que le nom inscrit sur la poche soit celui de son entreprise.

« En réalité je... Je ne te cache pas que j'ai mal, que j'aimerais qu'on me retire cette perfusion du bras et que je préférerais me trouver loin d'ici. J'ignore quel poison coule dans mes veines, tout ce dont je me souviens, c'est d'une femme... Une femme assez grande, brune, les yeux clairs, la quarantaine bien entamée... Il me semble que je la connaissais... En tout cas, c'est elle qui m'a poignardé. C'est maigre, comme information, je sais... Je sais que son visage m'est familier, mais je n'arrive pas à mettre un nom dessus... Ça te dit quelque chose ? »

Il avait bon espoir qu'avec aussi peu d'informations, Marius verrait de qui il s'agissait... Même s'il était loin de se douter qu'il s'agissait de son épouse. Jusque là tourné vers son fils, Hippolyte sursauta lorsqu'un éléphant en peluche à moitié mâchonné lui atterrit dans la figure. Surpris, il se tourna vers Samuel, qui le fixait avec ses grands yeux innocents. Il regarda son père avec le sourire d'un gamin fier d'avoir fait une bêtise, puis tendit les bras pour récupérer sa peluche. Attrapa la boule de chiffon du bout des doigts, Hippolyte la lui rendit, contenant difficilement un sourire attendrit.


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MessageSujet: Re: Blackout | Hipporius (again)   Blackout | Hipporius (again) Icon_minitimeSam 16 Avr 2016 - 22:16

Blackout
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Me demander de faire la liste des choses que je reproche à mes parents, c’est se risquer une, deux, trois nuits blanches le temps que je termine d’énumérer le tout. Me demander, aussi, si j’ai déjà regretté que les choses se soient passés comme ça, c’est risquer de se prendre un doigt d’honneur, un bras d’honneur, un oui hurlé dans la figure dans le meilleur des cas. Un coup de poing dans le pire. Mais jamais je n’ai envisagé la possibilité que mon père perde un jour la mémoire. Jamais. Tout comme je n’avais jamais envisagé qu’il me tire dessus, qu’on le poignarde et qu’il soit dans un sacré mauvais état parce qu’on n’arrive pas à identifier le poison qui le consume à chaque respiration. Je suis dépassé, autant par ma connerie que par son regard perdu. Je suis dépassé par son vouvoiement qui me ramène à l’indifférence de ma mère, je suis dépassé par ses questions, par ses remarques, par son ton, par tout ce qu’il est et ce qu’il n’est pas. Je suis même dépassé par ce mélange étrange de sarcasme et de remarques qu’il me sert, sans l’acidité habituelle, sans le mépris dans ses yeux. Ce n’est pas mon père qui est devant moi. C’est vaguement le père que j’avais avant mon accident, c’est vaguement le père qu’a pu avoir Martial. Mais ce n’est pas mon père. Au moins, il finit par accepter de me tutoyer, c’est déjà ça ; il faut croire qu’il prend mes menaces au sérieux, il faut croire que ma fatigue, ma tension, ma nervosité et cette envie que j’ai d’exploser sont palpables. Il faut croire. « Très bien ! J'arrête de te vouvoyer, tu es satisfait ? Tu ne sais donc pas t'exprimer autrement qu'en râlant ou en hurlant ? » Je serre les dents. Je serre les poings, aussi. « Je sais aussi m’exprimer avec les gestes, tu veux voir ? Ca donne quelque chose comme ça » Je lui fais un grand sourire provoquant, le type de sourire qu’il ne peut typiquement pas encadrer, accompagné d’un magnifique doigt d’honneur. Histoire que les choses soient bien claires. Et je me force à ne faire aucun geste pour l’aider, rien du tout, lorsqu’il se redresse. Pourquoi est ce qu’il ne peut pas s’empêcher de tout compliquer, lui, encore, hein ? C’était pas déjà suffisamment compliqué, avant ? Cette situation me met mal à l’aise, m’énerve par sa seule existence. C’est Samuel, finalement, qui m’empêche de faire encore plus le con. Mon petit garçon qui me regarde, qui ne comprend pas tout, qui m’observe de ses grands yeux avant de somnoler dans mes bras, en sécurité. Si c’est mon fils ? Je rétorque par réflexe, acide comme mon père, ironique comme souvent. Con comme toujours. Je me pince les lèvres en me rendant compte que l’homme face à moi n’est pas mon père. Pas le père qui m’a élevé du moins. Et que donc… il faudrait que j’arrête de faire comme si la situation était normale. Parce qu’elle ne l’est pas et que je suis obligé non seulement de tout remettre en question mais aussi de revoir mon comportement. Ce qui me fait penser ça ? Son sourire. Inhabituel. Un sourire qu’il n’aurait jamais fait en temps normal. Un sourire qui change tout et qui me remue bien plus que ce qu’on pourrait croire. « Ah… Etrange, si tu l’as volé, il te ressemble…Avec trente décibels en moins » Déconcerté, on peut dire que je le suis. Mon père. Amnésique. Le concept fait lentement son chemin dans mon crâne, avec tout ce que ça implique. Lentement, très lentement. Table rase sur le passé, je me rends compte que mon père, tout ce qu’il voit, tout ce qu’il sait de moi c’est… c’est ce que je suis, là, maintenant. Je peux tout recommencer à zéro. Je peux…

Face à ses questions, je commence à toucher du bout du doigt l’ensemble des possibilités qui s’offrent à moi. Mon père détourne le regard. Il ne se souvient pas de moi. Pas de Martial. Pas de mes crises de colère. Pas de ma stupidité. Pas des espoirs qu’il a pu un jour placer en ses fils et que j’ai consciencieusement démoli en n’étant pas au niveau, pas celui qu’il voulait que je sois, pas assez bien, pas assez fort, pas assez tout. Il ne sait pas que je suis sa plus grosse erreur, que je suis la tare de la famille, il ne sait pas que je suis un mutant, il ne sait pas à quel point il a honte de moi, à quel point il me déteste, à quel point il me méprise, à quel point… Ca me fout une angoisse. J’ai le vertige rien que de penser à ce qu’il peut avoir dans le crâne, là, maintenant. « Je suis désolé, Marius… Je ne me souviens de rien… J’ai parfois des images qui me reviennent en mémoire, mais sans lien ni contexte, je vois des visages sans être capable de mettre un nom dessus. Je sais que c’est effroyable, mais je ne me souviens même pas du visage de ton frère… » Un frisson, sans même le vouloir, je me projette à sa place et tente de concevoir un seul instant de ne plus avoir de souvenirs de celui qui est la moitié de mon âme. J’ai envie de vomir. « D'ailleurs... Quel âge a Martial ? J'ai aperçu ta carte d'identité tout à l'heure, et heureusement je sais encore compter jusqu'à 27... » Je fronce les sourcils avant de répondre mécaniquement sans même m’autoriser un sourire face à sa tentative d’humour. « Vingt-sept ans aussi, on est jumeau. Pas des vrais jumeaux mais c’est tout comme. C’est lui… » J’ai dit à l’infirmière que j’étais l’aîné des Caesar. Pas besoin que mon père sache au bout de cinq minutes que son fils est un menteur en plus d’être con. « le benjamin. » De toute manière, à plus ou moins quelques minutes d’écart, on ne va pas faire des chichis. Je me demande un instant si je dois parler de l’autre garce, là, sa fille chérie. Mais les questions reprennent, les mensonges aussi. J’ai compris le principe.

Amnésie. Table rase. Lui dire qui il est. Qui nous sommes. Si on s’entend bien. Le mensonge vient facilement, avec la sincérité de celui qui aurait tant voulu que ce soit la vérité. Parce qu’il ne faut pas croire : si je pouvais remonter maintenant le temps et comprendre où ça a commencé à merder pour tout réparer, je le ferais sans hésiter. Je sais que tout a commencé à partir en vrille lorsque j’ai fait la connerie de trop et que j’ai failli mourir, lorsque ma mère a cessé de me voir mais… Si on recommençait à zéro, est-ce que je serais capable de ne pas tout refaire foirer entre nous ? Hippolyte Caesar. Pharmacien, géant des industries, millionnaire. Le français me fait tiquer, si aléatoire entre nous depuis qu’il m’a forcé à apprendre l’anglais par la force, dans une torture angoissante. « Donc si je te suis bien... C'est probablement avec des produits sortant de mes laboratoires qu'ils me sédatent et comptent me transformer en légume ? Charmant... C'est ridicule... Je dois certainement avoir l'orgueil démesuré de n'importe quel pdg, et je ne suis même pas capable de me souvenir comme je m'appelle sans qu'on me le dise... » J’hausse les épaules, dans un petit sourire. L’orgueil démesuré ? Je secoue la tête avant de répliquer dans ma langue maternelle. « T’es pas orgueilleux Papa. T’as juste conscience d’être plus intelligent que la moyenne, d’avoir réussi à devenir un homme important en partant de rien. T’es pas orgueilleux, tu mérites juste totalement ta fortune, ton entreprise, ta vie, tu… » Je me tais. Bizarre. Etrange. Je n’aurais jamais pensé lui dire ça et pourtant… ça fait du bien. Ça soulage de lui dire ce que je pense. Face à mon père normal, jamais je ne lui aurais concédé de tels compliments mais… mais c’est la vérité. Il mérite ce qu’il a, il mérite pas d’avoir un fils raté, il mérite pas d’avoir un fils mutant, il… J’hausse les épaules, encore. « J’imagine que ça doit te faire bizarre, tout ça. » Bizarre, ce n’est pas peu dire. Ce murmure ne lui est même pas destiné, il n’est que pour moi et Samuel. Samuel. Son petit-fils. Que je lui ai interdit de voir, interdit de revoir, que je ne veux pas qu’il approche. Voulait pas. Mon père déteste-t-il encore ce que je suis ? « Moi qui pensais aller faire un footing dans le couloir... » Je marmonne un « Essaye un peu et je te fais une autre cicatrice… » qu’il n’a pas intérêt à entendre. Installé sur le bord du lit, je joue à un dangereux. Celui du fils parfait, ou du moins, celui du fils potable. Ce que je ne suis pas. Au contraire de Sam et de ses grands yeux qui nous regardent et que je lui présente. Sam, bientôt quatre mois. Sam, passionné par son éléphant. Sam, qui me fait sourire malgré moi. « Ah... Je crois que Samuel préfère l'éléphant à notre conversation... Il a l'air adorable, c'est remarquable qu'il soit aussi calme ! Je... Ce que je veux savoir ? Tout, je crois... Il va falloir que tu sois ma mémoire, Marius, sans ça c'est le noir total dans mon esprit. » Mon attention, jusque là portée sur Sam, se reconcentre brutalement sur mon père. Que tu sois ma mémoire. Vraiment ? J’ai sa confiance ? Je suis son soutien ? Debout, je  me serais écroulé. Assis, j’encaisse avec un pragmatisme qui me dépasse autant que tout ça. « Qu'est ce que tu fais dans la vie ? Comment est ce que je comporte avec toi et ton frère en général ? Est ce que je suis marié ? Si oui où est-elle ? Et... J'ai des milliers de questions et tu n'imagines pas à quel point c'est frustrant de se sentir aussi vide et vierge qu'une page blanche... » Trop de question, je reste muet. Où est ma mère ? Aucune idée, loin de moi si possible. Comment il se comporte en général ? Comme un connard Ce que je fais dans la vie ? Je suis convalescent et sinon je m’amuse. « J’imagine que ça doit être frustrant, ouais… » Mon anglais tranche avec son français, comme une barrière que je m’impose, que je lui impose. Sans trop savoir pourquoi. « Actuellement… je ne fais pas grand-chose. J’ai eu un... accident il n’y a pas longtemps, ce qui fait que je m’occupe de Samuel et j’essaye de mettre de l’ordre dans mes affaires. » Traduire tu m’as tiré dessus, tu as foutu ma carrière en l’air et mon cœur faisant de la merde, je fous ma vie en l’air en attendant de mourir et je profite de Sam comme je peux. Mais il n’est pas obligé de le savoir. « Mais je vais pouvoir trouver un peu de temps pour m’occuper de ta boite, si tu veux. Martial est avocat, il a son propre bureau. Quant à comment tu te comportes avec nous… » Comme un connard. Comme un Caesar. Comme un étranger. Comme… « Comme un père,c’est tout. Sévère quand il faut, t’essayes de faire de nous de… » connards. Oui, c’est le mot. « Des hommes biens. Des hommes dont tu peux être fier. » Je déglutis, je lutte, aussi, pour ne pas détourner le regard et assumer mon mensonge. « T’as encore un peu de boulot avec moi… t’as beaucoup de patience, aussi… » Ca fait bizarre, brutalement, de dire la vérité au milieu d’un amas de conneries. J’inspire à fond. Il faut que je change de conversation avant de faire le moindre faux pas, il faut que je me concentre sur…

Sur quoi ? Aucune idée. Sur ce qu’il sait, sur ce qu’il pourrait être capable de comprendre. Sur ce qu’il s’est passé, aussi. Tiens. Pour que je sache qui a osé blesser mon père, qui l’a empoisonné, quel est le poison… Une idée trace son chemin dans mes pensées. Mon père. L’un des hommes les plus intelligents. L’un des hommes les plus cultivés. S’il y a bien une personne qui peut savoir ce qu’on lui a foutu dans le ventre, c’est bien lui. « C'est... Perturbant... Je comprends ce qu'il y a d'écrit, c'est un cocktail d'antidouleurs à base de morphine, mais je suis bien incapable de te dire comment je sais ça. « Caesar Pharmaceutics »... C'est ça le nom de mon entreprise ? » C’est perturbant ? Tu parles… c’est extrêmement flippant surtout. « Yep, c’est ta boite… Et tu m’étonnes que ce soient des antidouleurs, sans eux, tu ne serais pas capable d’articuler un mot. » Et je parle d’expérience. « En réalité je... Je ne te cache pas que j'ai mal, que j'aimerais qu'on me retire cette perfusion du bras et que je préférerais me trouver loin d'ici. J'ignore quel poison coule dans mes veines, tout ce dont je me souviens, c'est d'une femme... Une femme assez grande, brune, les yeux clairs, la quarantaine bien entamée... Il me semble que je la connaissais... En tout cas, c'est elle qui m'a poignardé. C'est maigre, comme information, je sais... Je sais que son visage m'est familier, mais je n'arrive pas à mettre un nom dessus... Ça te dit quelque chose ? » J’entends mon cœur rater un battement. Ma respiration s’étrangler. Si ça me dit quelque chose ? C’est à peu près une description qui pourrait convenir à une femme que je connais, oui. Sauf que…son visage m’est familier. Je dois pâlir. « Même si t’as mal, ne sois pas con et évite de faire ça. T’es plus malin qu’impulsif en théorie, et tu seras complètement stupide de quitter l’hôpital avant qu’on ait identifié le vaccin. » Grand. Brune. Yeux clairs. Quarantaine bien entamée. Son visage m’est familier. Mon père est un mutant, tout comme moi. Ma mère est une Hunter, tout comme lui. Je sais ce que l’évidence me hurle mais… Mais dans ses mouvements désordonnés, Samuel vient de lancer maladroitement son éléphant sur mon père. J’étouffe un éclat de rire, en attrapant la main de Sam. « Ben alors, champion, tu t’ennuies ? » Un gazouillis me répond, il tend les mains vers mon père. Et au contact entre les deux, je me raidis sans le vouloir. Méfiance, inquiétude, tout resurgit lorsque je vois mon père être suffisamment proche de Sam pour pouvoir lui faire mal.

Et ma voix est légèrement sèche lorsque j’attrape l’éléphant pour mieux repousser la main de mon père et protéger mon fils. « Je vois qui ça peut être, oui, mais avant d’être sûr… ne la décris pas à la police, surtout pas. J’irais la voir, pour mettre les choses au clair, d’ici là… il faut que tu te reposes et si on te demande de quoi tu te souviens, tu réponds rien, ça ne devrait pas être très dur, c’est ce que tu me baves depuis tout à l’heure... » Calme, Marius, calme toi. J’inspire. Et j’essaye de me calmer. « Je veux dire… fais moi confiance. » La bonne blague. «  Tu m’as toujours fait confiance, Papa, j’espère que ton amnésie ne changera pas ça. » J’ai de l’humour, parfois. Là, je suis très sérieux dans mon mensonge. Parce que si c’est bien ma mère qui l’a poignardé… Martial… Non, Martial n’est pas en danger. Moi, en revanche… « Papa… j’y pense… est-ce que tu… est ce que depuis ton réveil, tu as fait des trucs bizarres ? Genre… traverser des… objets ? » Il faut que je le protège. Qu’est ce que je fous là ? Où est Martial, que fait Martial ?

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MessageSujet: Re: Blackout | Hipporius (again)   Blackout | Hipporius (again) Icon_minitimeSam 23 Avr 2016 - 22:28

Blackout
Hippolyte & Marius



Marius avait mille et une raison de lui en vouloir. Il pouvait lui reprocher son absence quasi-constante, son manque d'affection, son cynisme, cette influence néfaste et ces remarques rabaissantes presque quotidiennes... Avec un père amnésique et désarmé, Marius aurait pu en profiter pour lui cracher au visage ce qu'il avait sur le cœur, lui dire combien il lui en voulait et le haïssait... Et quelque part, l'ancien Hippolyte aurait trouvé la chose presque légitime. Il ne l'aurait pas apprécié, mais n'aurais pas pu trouver cela injuste. Car au fond, celui des deux qui devait le plus d'excuses à l'autre, c'était Hippolyte, pas Marius. Alors... Pourquoi ? Pourquoi ne pas exploser et vider son sac dès maintenant ? Au lieu de ça, Marius restait fidèle à lui-même, et ses gestes également.
Son père lui lança un regard glacial proche de ceux dont le jeune homme devait avoir l'habitude lorsqu'il gratifia sa remarque d'un doigt d'honneur totalement obscène. Il se contenta alors de secouer la tête sans rien répliquer, se disant qu'au fond, ce genre de provocation pouvait bien rester sans suite. Sans quoi ils risquaient de se lancer dans un combat aussi ridicule que stérile. Là où son ancien lui se serait engouffré dans la brèche, persuadé d'être capable de gagner cette bataille, lui était bien trop las pour tenter quoi que ce soit. Que Marius soit vulgaire si ça lui chantait ! Hippolyte se posait simplement quelques questions quant à l'éducation qu'il avait dû donner au jeune homme...

Ce n'était pourtant pas ça qui comptait pour le moment, mais plutôt la multitude de questions qu'il se posait. A commencer par Martial... Son autre fils... Dont il n'était même pas capable de remettre le visage, à son grand désarroi. Quand Marius lui avoua qu'ils étaient jumeaux, même des faux, Hippolyte ne pu s'empêcher de combler ce vide dans son esprit par un visage quasi similaire à celui du jeune homme blond. Au moins, il aurait une vague idée de ce à quoi son cadet était supposé ressembler... En théorie. Car à vrai dire chez les Caesar, on se demandait parfois d'où venait la blondeur et les yeux bleus de Marius... S'il n'avait pas été le portrait craché de son père sur bien des points, on aurait même pu se poser quelques question quant à la fidélité de Victoire 27 ans plus tôt. Satisfait, Hippolyte hocha la tête et ne pris pas la peine de demander s'il avait d'autres enfants, persuadé qu'il était que Marius lui en aurait parlé si ça avait été le cas. Il y avait déjà trop de questions à poser, inutile d'en rajouter davantage.

Passant au français pour vérifier sa théorie, Hippolyte en vint à se demander combien de langues il était capable de parler... Et songeant à cela, il s’aperçut soudain que son vocabulaire lui semblait aussi développé en français qu'en espagnol, en japonais ou en anglais. Tout cet amas de connaissances que son esprit lui balançait en pleine figure lui donnait mal au crâne, et il préféra se concentrer sur ce que Marius lui disait. Un froncement de sourcils, il ne su que répondre. Ce n'était pas seulement la constatation d'un individu conscient de l'intelligence d'un autre, c'était surtout la sincérité et l'admiration d'un fils pour son père qui s'exprimait dans la voix de Marius. Hippolyte aurait dû s'en sentir flatté... Il aurait dû se gonfler d'orgueil en entendant tout ça... Mais il ressentait simplement un curieux sentiment de malaise. Comme si, quelque part, il se sentait indigne de cette admiration dans la voix de Marius, comme s'il s'était passé quelque chose qui le poussait à croire qu'il ne mériterait jamais quoi que ce soit d'autre que le mépris et la haine de son fils. Ses doigts serrèrent les draps, il rangea l'information dans un coin de son esprit, mais n'eut pas le cœur à lui demander s'il s'était passé quelque chose entre eux pour qu'il ressente un tel sentiment. Il se contenta simplement de hausser les épaules.

« C'est étrange, oui... J'ai l'impression d'habiter un corps qui n'est pas le mien, de jouer un rôle sans avoir le script entre les mains... Tu me dis que je suis intelligent, mais je me sens affreusement bête, Marius. Quel père se souvient de chiffres, de données médicales et de molécules, tout en ayant oublié le nom, le rire et l'amour de ses enfants ? Ça ne me fait pas vraiment bizarre, ça me contrarie énormément... »

Pour ne pas employer un terme plus vulgaire... Hippolyte n'avait pas saisi que la remarque s'adressait à Samuel et non directement à lui... Au fond, l'enfant avait bien de la chance d'être encore trop jeune et innocent pour comprendre toute la complexité du monde qui l'entourait. Pour l'heure, tout ce qui importait à son grand-père, c'était de se lever pour chasser l'absence de sensation dans tout son corps, et surtout pour mettre les voiles au plus vite. C'était bien un aspect de sa personne qui n'avait pas changé : Le statisme, le besoin de se reposer, tout ça le dépassait. Son cerveau hyperactif tolérait difficilement qu'il reste là à fixer le mur, quand bien même la présence de Marius l'occuperait-elle. Et fort heureusement, il n'entendit pas ce que Marius venait de marmonner. Sans quoi il se serait demandé de quoi le jeune homme pouvait bien parler.

Si la situation était frustrante ? Et comment... Tournant les yeux vers son fils, Hippolyte fronça les sourcils, l'inquiétude accélérant son rythme cardiaque tandis que la machine qui les décomptait commençait à s'emballer. Quel genre d'accident ? Où ? Quand ?

« Un accident ? Quel genre d'accident ? Tout va bien j'espère ? » Demanda-t-il sans se douter qu'il était responsable du dit accident.

L'inquiétude n'était pas feinte, elle était réelle, et Hippolyte était loin de se douter que d'une balle, il avait réduit à néant la carrière de Marius, ses espoirs, l'avait forcé à se ménager en attendant une mort qui ne viendrait inévitablement le cueillir avant la trentaine. Marius changea de sujet et parla alors de s'occuper de la boîte de son père. Ce dernier se rendit compte que... Sans ses souvenirs, il n'en avait rien à faire, de cette entreprise dont il ignorait, il se fichait royalement de savoir que son état risquait d'attirer tous les requins du milieu. Car dans son esprit, c'était comme s'il se sentait obligé de se soucier de l'avenir professionnel et financier d'un autre. Il n'avait pas envie de se préoccuper de cette société, il... Il voulait juste qu'on le laisse sortir et qu'on lui fiche la paix avec des responsabilités par-ci et des obligations par-là. Celui qu'il était avant se serait précipité au plus vite au siège de Caesar Pharmaceutics, ou peut-être même aurait-il réuni ses associés dans sa chambre pour leur prouver qu'il avait encore toute sa tête... Celui qu'il était à présent n'arrivait pas à trouver de l'intérêt à quelque chose dont il ignorait tout. Comment dire cela gentiment à Marius quand il avait l'air d'avoir à cœur de bien faire ? Martial était avocat... Et Marius... Hippolyte n'en savait rien, mais probablement le même genre de métier... « Mais je vais pouvoir trouver un peu de temps pour m’occuper de ta boite, si tu veux. » S'il voulait ? En avait-il réellement envie, finalement ? Incapable de répondre quoi que ce soit sur le moment, Hippolyte se contenta de hocher la tête alors que Marius poursuivait. Il goba tout. Chaque mot, chaque syllabe, ignorant les inflexions de voix marquées par le mensonge de Marius, insensible à cette méfiance dont il aurait fait preuve en temps normal... Aveuglé par l'idée qu'il avait d'être un bon père, par l'espoir d'être quelqu'un de bien, finalement. Après tout, quel individu se réveillant amnésique aurait préféré être le roi des enfoirés plutôt qu'un type bien ? Il acquiesça à nouveau, un demi-sourire satisfait aux lèvres. Que c'était rassurant de se dire qu'il avait bien élevé ses enfants... Nul doute qu'en retrouvant la mémoire, la désillusion le ferait tomber de haut.

« Je... C'est rassurant de savoir tout ça... Mais concernant l'en... Mon entreprise, je ne sais pas quoi te dire... C'est comme si je n'y avais jamais mis les pieds, alors je suppose que tu te débrouilleras mieux qu'un ignorant à sa tête... »

Combien de fois se serait-il fracassé la tête contre un mur pour avoir dit ça ? Le fait est qu'entre les anti-douleur et le trop plein d'informations d'un coup, Hippolyte ne trouvait même plus la force de lutter ou de se méfier de quoi que ce soit. Si les choses devaient être ainsi, ça ne serait de toute manière pas pire que maintenant. Attrapant la poche de sérum bien entamée, il en détailla les composants, stupéfait de voir que chacun trouvait une place logique dans son esprit. Nul doute qu'avec un intellect pareil, il ne lui faudrait pas plus d'une semaine pour retrouver ses repères... Seulement, des repères sans liens les uns avec les autres. Tout ceci l'agaçait, et il sentait une colère noire enfler dans sa poitrine. L'incompréhension, l'impossibilité à mettre un nom sur un visage, l'impuissance... Il avait envie de tout envoyer valser sans la moindre délicatesse, et son ton se fit plus sec et cassant.

« Et bien justement, qu'est ce qu'ils attendent pour le trouver, ce foutu remède ? Inutile d'avoir passé dix ans sur les bancs d'une université pour savoir qu'un poison tue... A ce rythme-là je vais ressortir les pieds devant... Au moins je serais dehors... », railla-t-il alors que Samuel lui lançait son éléphant au visage.

Le geste eut au moins le mérite de le ramener à la réalité. Qu'il se calme donc, ça ne lui ferait pas de mal... La vivacité du geste de Marius pour récupérer la peluche ne lui échappa pas. Fronçant les sourcils, Hippolyte ne se fit pas prier et se réinstalla entre les coussins, loin de Samuel. Soit Marius était un psychorigide surprotecteur, soit il manquait encore des cartes à son père. Qu'il se concentre plutôt sur celle qui l'avait agressé... Et que Marius semblait connaître, d'ailleurs.

« Tu vois qui ça peut-être ? Qui est-ce ? S'il te plaît, Marius, c'est déjà suffisamment désagréable de ne rien savoir, si en plus tu me caches des choses... »

Il y avait quelque chose de presque suppliant dans sa voix, comme s'il s'accrochait au minuscule espoir de pouvoir au moins mettre un nom sur la femme qui s'en était pris à lui.

« Si tu préfères que je ne dise rien à la police pour le moment, quelle que soit ta raison, j'accepte. Dis-moi simplement qui c'est... »

Il avait besoin de savoir... Tout en ayant absolument pas envie de découvrir la vérité. Car celle-ci lui ferait mal, bien plus que cette blessure dans son abdomen, cent fois plus que ce poison qui s'en prenait lentement à ses organes. «  Tu m’as toujours fait confiance, Papa, j’espère que ton amnésie ne changera pas ça. » Hippolyte ouvrit la bouche... Et la referma presque aussitôt. La confiance... C'était bien joli, mais Marius ne voyait-il pas que depuis le début, son père lui faisait une confiance aveugle ? Qu'il avalait chacun de ses mensonges sans broncher ? Et cette panique qu'il ressentait était d'autant plus palpable que l'électrocardiogramme s'emballait de plus en plus à mesure que son palpitant s'excitait. Finalement ce n'était pas par caprice qu'il voulait savoir mais bien par nécessité, par besoin vital. Finalement, son inquiétude fut chassée par l'incongruité de la question de Marius. Traverser des objets ? Qu'est ce que c'était encore que cette bêtise ? D'abord incrédule, Hippolyte fini par sourire, persuadé que son fils lui faisait une blague. Puis, voyant que celui semblait sérieux et soucieux, il en fronça les sourcils.

« Pardon ? Tu es sérieux, Marius ? Personne ne peut traverser les objets, enfin, c'est ridi... »

Il lui revint comme une gifle en pleine figure, ce souvenir. Comme un flash aveuglant qui aurait surgit de nulle part. Une détonation, sa conviction de faire le bien... Et cet homme au teint basané et à la coupe étrange qui pouvait se changer en sable. L'avait-il tué ? La chose le frappa de plein fouet, mais son esprit rationnel persistait à lui dire que tout ceci n'était que le fruit de son imagination, que les monstres n'existaient que dans les contes pour faire peur aux enfants.

« C'est ridicule », reprit-il « Ca n'existe pas, les gens capables de traverser les objets mais... »

A nouveau, le même souvenir furtif qui le fit grimacer. L'image était trop précise, le sentiment de panique aussi.

« Je... Je crois que j'ai tué quelqu'un, Marius... »

Plus que l'évidente bizarrerie du souvenir, c'était surtout le sentiment d'avoir tué quelqu'un qui le gênait. Non pas que la culpabilité ait sa place ici, disons plutôt qu'il n'expliquait pas le besoin ni la nécessité de tuer quelqu'un... La seule chose qui était sûre, c'est que le sang d'Hippolyte avait été débarrassé du vaccin mis au point par Insurgency. Il était redevenu bien humain, aussi ordinaire que le commun des mortels... Et qu'il l'était déjà lorsque Victoire l'avait poignardé.
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Marius Caesar
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MessageSujet: Re: Blackout | Hipporius (again)   Blackout | Hipporius (again) Icon_minitimeDim 1 Mai 2016 - 21:16

Blackout
Hippolyte & Marius



J’imagine qu’un autre, dans ma situation et avec un passif similaire en aurait profité pour écraser mon père, pour le piétiner, pour se venger et le mettre à terre, le rendre plus minable que minable. Et j’imagine que cet autre aurait tous les droits pour faire ça, toutes les raisons du monde et qu’il serait particulièrement intelligent. Mais moi… et bien moi, je n’ai jamais brillé pour mes neurones et je suis incapable d’en profiter de cette manière, bien au contraire. Tout ce que je m’entends lui dire, c’est une vie inventée, c’est la description de l’homme que j’aurais aimé qu’il soit plutôt que celle de l’homme qu’il est vraiment. A moins que ce ne soit tout simplement la description de l’homme que je ne peux que voir mais que je ne veux pas accepter de voir pour la simple raison que je ne mérite pas d’être son fils. Ou alors, c’est… c’est trop compliqué, je préfère cesser de penser. Je préfère me concentrer sur son regard, sur ses questions, sur la connerie que je fais pour ne pas tout réduire à néant maintenant. Je préfère… et bien merde, je préfère qu’il pense que tout se passe bien entre nous, pour une fois, afin de toucher du bout du doigt ce qu’aurait pu être notre relation père-fils si tout n’avait pas dérapé au fil des ans. Je me crée une réalité artificielle lorsque je lui concède mon admiration pour lui dans un français cru et teinté d’émotion. Ma langue maternelle, j’aurai pu la délaisser vu la violence avec laquelle mon père m’a forcé à apprendre l’anglais. Mais non. Elle est toujours là, nouée d’émotion alors que pour une fois, on a une conversation calme et posée tous les deux. Peuplée de mensonges, mais de mensonges apaisés. Jamais, en d’autres circonstances, je lui aurais concédé autant d’admiration. Jamais, non, plus, je n’aurais osé aller aussi loin dans les faux semblants. Je suis un excellent menteur. Mais ce n’est pas pour autant que je suis du genre à mentir tout le temps, loin de là, et surtout pas pour ce genre de sujet. Et là… ça vient tout seul. Les compliments s’enchaînent avec fluidité. Il n’est pas orgueilleux, non. Il est pire que ça : il est conscient d’être supérieurement intelligent et d’avoir bâti un empire en partant de rien. Il me l’a d’ailleurs suffisamment répété, additionné de ces accusations comme quoi notre fortune ne devait pas être une excuse pour que je sois un impotent, un incapable et un flemmard qui estime que tout lui est dû sous prétexte que son père a fait tout le travail. Ma phrase avorte, je finis par me taire et par rebondir comme je peux sur le caractère pire qu’incongru et déstabilisant de la situation. Comme pour mieux mettre de côté tout ce que je viens de luis avouer. « C'est étrange, oui... J'ai l'impression d'habiter un corps qui n'est pas le mien, de jouer un rôle sans avoir le script entre les mains... Tu me dis que je suis intelligent, mais je me sens affreusement bête, Marius. Quel père se souvient de chiffres, de données médicales et de molécules, tout en ayant oublié le nom, le rire et l'amour de ses enfants ? Ça ne me fait pas vraiment bizarre, ça me contrarie énormément... » Je ne peu pas m’empêcher de rire à la seule idée que mon père puisse se souvenir de mon rire. Vraiment. Quel père se souvient de chiffres, de données mais pas de ses enfants ? Hippolyte Caesar, pardi. Surtout que… il vient de me confirmer quelque chose. S’il se souvient de tout ça mais pas de nous, pas de son affection pour nous, c’est que, j’imagine… il ne m’aime réellement pas. Et il faut bien dire que ça fait mal. Très mal. Que j’ai le sentiment que toutes ses assurances désolées, que ses je ne te déteste pas n’étaient que des mensonges faits pour m’avoir et m’apaiser artificiellement. J’ai le sentiment de m’être fait grossièrement avoir, finalement, et que j’aurais du le voir venir, comme toujours. Avec moi, au final, ce n’est pas trop bon trop con, c’est juste trop con, trop con. Et je me mords la lèvre pour ne pas qu’il puisse voir à quel point…

Ma vie est un chaos. Qu’il essaye de bouger et vu l’état dans lequel je suis psychologiquement, je lui fais une nouvelle cicatrice, voire deux, voire trois. Qu’il essaye un peu de bouger, et je ne sais pas comment je réagis. Mal, sûrement, parce que mes colères sont aussi violentes que soudaines, parce que dans cet état d’esprit instable et paumé, je suis sûrement capable du pire, je me connais suffisamment pour au moins savoir ça. Finalement, j’arrive à me contrôler. J’arrive à me détendre. J’arrive à lui présenter Sam pour mettre de l’ordre dans mes pensées avant de faire une connerie. Bon, d’accord, avant de faire une autre connerie, ou une connerie supplémentaire dans la connerie de base qui était de venir ici. Je m’apaise doucement, rejetant le fait que mon père ne m’aime pas pour mieux me concentrer sur ce que je peux potentiellement construire maintenant que table rase est faite. Recommencer à zéro. Il faut que je me concentre sur ça. Ce que je fais dans ma vie ? Pas grand-chose, je confesse ; un accident je concède. Sa réaction me surprend autant qu’elle me déstabilise. La force de l’habitude me pousse à regarder son rythme cardiaque et la question de l’infirmière sur une potentiellement cardiopathie chez mon père m’alerte. « Un accident ? Quel genre d'accident ? Tout va bien j'espère ? » Je pose une main sur son épaule pour le maintenir allongé. « C’est rien, t’inquiète, j’ai pas été assez prudent, ma moto a dérapé mais tout est rentré dans l’ordre, c’est juste le contre coup qu’il faut que je gère. » Elle a bon dos, la moto. Je suis cascadeur, spécialiste des véhicules motorisés, et pourtant en ce moment, j’ai des accidents de moto tous les quatre matins si on m’écoute. Mais ça… ça il ne le sait pas, plus, et ça me va très bien comme ça. L’important, c’est qu’il ne se doute pas que sous mon tee-shirt je me traîne les séquelles d’une opération, que ce poignet tout juste libéré de son attelle est encore fragile, que cette confiance que je pose entre nous n’a rien de tangible mais n’est que le fantôme d’un espoir reconstruit en quelques mois. Il n’a pas besoin de savoir que c’est lui, le responsable de tout ça, que ce sont mes gènes anormaux, les responsables de tout ce désastre. Il n’a pas besoin de tout ça parce que je veux, vraiment, devenir moi aussi amnésique. Je déglutis, l’anglais s’impose à nouveau pour mieux me permettre de reprendre un peu le contrôle et je m’agrippe au seul sujet qui puisse suffisamment me passionner pour que je ne m’attarde pas davantage sur moi-même et la catastrophe qu’est ma vie. Martial. Mon frère. Le seul Caesar dont mon père puisse être réellement fier, quoiqu’il arrive. Et lui, mon père. Un père que j’aurais aimé parfait, un père dont j’aurais aimé un peu plus d’amour mais aussi que j’aurais aimé mériter pleinement.

Mais je te promets, Papa. Je te promets, au moment même où j’évoque sans y penser la possibilité que je puisse m’occuper de ta boite, que je vais profiter de ton amnésie pour devenir le fils que tu aurais voulu avoir. Quitte à me trahir. Quitte à mentir davantage. De toute manière je vais mourir alors la moindre des choses que je puisse faire, c’est de me débrouiller pour que tu gardes un bon souvenir de moi. Pour que tout le monde garde au mieux un bon souvenir de moi, au pire que l’on ne me regrette pas. Je veux bien faire, je veux me réconcilier avec toi, Papa. Juste un peu. Et je m’en aperçois lorsque je regarde et que je prends conscience de la chance que j’ai de le voir amnésique maintenant. Et le sourire qu’il m’offre me conforte, je me rends compte qu’au final, les choses sont simples. Extrêmement compliquées, que c’est n’importe quoi, que je fais une connerie et que je le sais, mais que les choses sont aussi extrêmement simples. « Je... C'est rassurant de savoir tout ça... Mais concernant l'en... Mon entreprise, je ne sais pas quoi te dire... C'est comme si je n'y avais jamais mis les pieds, alors je suppose que tu te débrouilleras mieux qu'un ignorant à sa tête... » Je secoue la tête, comme un fils modeste qui ne veut pas accepter de félicitation non méritées. Ce qui est un peu le cas, quand même. Beaucoup le cas. « C’est ton entreprise, Papa, c’est ta vie et ta création donc… tu te débrouilleras forcément mieux que moi, tu sais. Même avec trois grammes de coke dans le sang. » Je lui offre un petit sourire moqueur, bien loin de ce que je peux être en train de penser. Son entreprise, sa vie, ce n’est pas peu dire. Et on pourrait vraiment et légitimement se demander pourquoi, d’un coup, ça me semble primordial de la protéger.

Peut être parce que je n’ai jamais vu mon père être aussi… perdu et vulnérable. Peut être, aussi, parce que pour une fois depuis des années j’ai l’occasion de lui prouver que je ne suis pas simplement un raté mais aussi capable d’être à la hauteur. A l’entendre me dire qu’il comprend toutes les indications inscrites sur la poche de la perfusion, à l’entendre me confesser à quel point c’est perturbant pour lui, tout cette situation, je perds de plus en plus l’équilibre, tenant Samuel dans mes bras pour mieux me raccrocher à la réalité. Et lorsqu’il commence à me décrire la femme qui l’a agressé… je préfère ignorer sa question pour le moment. Si ça me dit quelque chose… ça pourrait décrire des tonnes de personnes mais évidemment, la première à laquelle je pense… Je pâlis, je change de sujet en lui assurant qu’on trouvera rapidement un remède à l’empoisonnement qui le cloue au lit et menace sa vie. Je balaye sa réponse d’un mouvement de tête. Pas vraiment envie d’entrer dans ce jeu là et Samuel m’offre une distraction supplémentaire, le temps que je tente de mobiliser mes quelques neurones. Je récupère mon éléphant, sans la moindre douceur, pour le rendre à mon fils, incapable d’accepter le moindre contact entre lui et mon père, incapable malgré tout ce qui est en train de se passer. Personne, personne ne touchera à Samuel et surtout pas celui qui m’a conduit plus près du cercueil que jamais, tout amnésique qu’il puisse être. Je veux bien m’inventer une vie, je veux bien répondre à sa question sur son agresseur, mais non, il ne touchera pas mon fils, ne le prendra pas dans ses bras, ne s’approchera pas de lui sans mon autorisation. « Tu vois qui ça peut-être ? Qui est-ce ? S'il te plaît, Marius, c'est déjà suffisamment désagréable de ne rien savoir, si en plus tu me caches des choses... Si tu préfères que je ne dise rien à la police pour le moment, quelle que soit ta raison, j'accepte. Dis-moi simplement qui c'est... » Je me mords la lèvre. Lui dire qui c’est ? J’y suis réticent. Déjà parce que… « Je n’ai aucune certitude. Je ne préfère pas accuser quelqu’un à tort, tu comprends… » Je ne préfère surtout pas prononcer un nom qui pourrait potentiellement… « Mais si c’est la personne à laquelle je pense… je m’en occupe, t’en fais pas. C’est juste… une mauvaise connaissance, enfin… une personne… c’est compliqué. Promis, dès que j’y verrai plus clair, je te tiendrai au courant. Tu ne t’en souviens plus, mais crois-moi, ce n’est pas vraiment mon genre de te cacher des choses et je ne compte pas commencer maintenant. » Mensonge, mensonge. Mais comme pour tout le reste, c’est un mensonge qui m’arrange. Parce qu’il est vraiment hors de question que les noms et prénoms de Victoire Caesar sortent dans cette conversation. Ils sont trop dangereux. Trop intimes. Trop… trop.

Et ils pourraient trop potentiellement lui servir de déclic pour lui permettre de retrouver la mémoire. Je suis égoïste. Je suis lâche. Je suis… je suis incapable de savoir comment quelqu’un de bien, comment Martial réagirait à ma place si nos rôles étaient inversés, s’il avait répondu à l’appel de l’hôpital et moi, si j’étais resté absent. Hors d’atteinte. Qu’il me fasse confiance, donc, mon père. Qu’il fasse confiance à un menteur, qu’il fasse confiance à une déception, qu’il fasse confiance à un profiteur, qu’il fasse confiance à son plus grand échec : et il ira bien. L’ironie de la situation m’amène un sourire aux lèvres juste avant que mes pensées ne suivent un cheminement suffisamment confus et complexe pour que je mette plusieurs secondes à prendre conscience de toutes les implications de la potentielle identité de la femme qui a agressé mon père.

Et de la raison qui aurait pu la pousser à agir. Mon sang ne fait qu’un tour, la question s’échappe dans une inquiétude que je ne cherche même pas à masquer. Je fais une grimace devant sa réaction. « Pardon ? Tu es sérieux, Marius ? Personne ne peut traverser les objets, enfin, c'est ridi... » Je me redresse. Ce n’est pas son genre de ne pas terminer ses mots et encore moins ses phrases. Ce n’est pas son genre, non plus, ce regard dans le vide qu’il m’offre. « Papa ? Papa, qu’est ce qu’il se passe ? Tu te souviens, tu… » « C'est ridicule. Ca n'existe pas, les gens capables de traverser les objets mais... » Je me mords la lèvre, une nouvelle fois. « Tu as raison, oui, c’est ridicule. » Bien sûr que c’est ridicule, voyons, Marius. Tout le monde sait que personne ne peut traverser la matière, ce serait bien trop surnaturel. Je fais marche arrière dans un sourire moqueur, m’apprêtant à lui ricaner que je voulais juste vérifier que le poison n’avait pas non plus atteint son si précieux petit cerveau lorsqu’une grimace me passe l’envie de parler. « Je... Je crois que j'ai tué quelqu'un, Marius... »

J’ai la gorge sèche. « Qu’est ce qu’il se passe, de quoi tu te souviens exactement ? » Je m’efforce de garder mon calme et surtout de poser mes mots pour ne pas me laisser aller à mon inévitable travers impulsif. Mais le problème, avec les défauts inévitables, c’est que c’est remarquablement dur à éviter. Et pour cause : ils sont inévitables. Et celui là… « Si c’est ce à quoi je pense, c’est juste un quiproquo. Tu… tu n’as pas tué ce gars, tu l’as juste… écoute, c’était compliqué… tu vois… » J’essaye de jongler comme je peux entre ce que je veux dire, ce que je peux dire, ce que je peux et veux inventer. Et c’est ça qui est réellement compliqué, pas la situation. « Tu m’as sauvé la vie. » C’est le plus simple. C’est plus simple que de lui expliquer qu’il a jugé bon pour moi de me tuer parce que je suis un dégénéré, sans passer et pour un fou, et pour un menteur. Parfois, le mensonge est plus véridique que la réalité. « J’ai… je me suis foutu dans des emmerdes pas possibles et il y a cet homme… un… un mafieux je présume… » Désolé, Seth, je fais ce que je peux en inventant sur le tas. J’invente, je construis, je bâtis une histoire de toute pièce, masquant mes hésitations dans une honte pas tout à fait factice qui est certainement justifiée par le caractère peu glorieux de ce que m’invente comme passé récent. « il est venu pour me tuer, tu t’es interposé. Tu ne l’as pas tué, ne t’inquiète pas, tu as juste réagi comme l’aurait fait tout père qui veut protéger son fils. L’affaire est plutôt vieille et… et après ça, on a trouvé une solution, l’affaire a été classée. C’est rien… enfin, ce n’est pas rien mais… je veux dire… c’est de l’histoire ancienne tout ça, et crois moi : tu as toujours été du côté de la loi, intègre et honnête. Irréprochable. » Je pose une main sur son épaule, avec un petit sourire qui se veut rassurant. Il ne faut pas qu’il retrouve la mémoire.

Vraiment pas. Et il faut que je le tienne loin du reste du monde, que je le protège de ma mère, de Seth, de tous ceux qui pourront profiter de son amnésie. De tous ceux comme moi, en somme.

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MessageSujet: Re: Blackout | Hipporius (again)   Blackout | Hipporius (again) Icon_minitimeLun 2 Mai 2016 - 17:05

Blackout
Hippolyte & Marius



L'attitude de Marius avait ceci d'incohérent qu'il aurait pu chercher à se venger. S'il avait été son père, il n'aurait pas manqué d'enfoncer son adversaire pour le jeter à terre, s'il avait été son père, il n'aurait pas inventé tout ça. S'il avait été son père... Il se serait comporté en parfait connard et n'aurait certainement pas cherché à lui trouver des excuses. Mais Marius n'était pas son père. Marius était un gamin qui, à vingt-sept ans, avait désespérément besoin de repères et de la présence de quelqu'un dont il était prêt à réinventer la vie si ça pouvait leur permettre de se réconcilier. Marius n'était pas son père, il avait besoin d'un père.

Seulement ça, Hippolyte était incapable de s'en rendre compte, buvant les paroles de Marius comme des vérités acquises sans même chercher à se poser des questions. Quelque part, il n'avait pas envie de contredire tout ça ni de creuser... C'était idyllique, après tout ! C'était bien plus agréable que de se découvrir un passé traumatisant ou de se faire traiter de tous les noms. Hippolyte se sentait soulagé d'apprendre tout ça, et parce qu'il ne reconnaissait pas Marius, il était incapable de voir la moindre faille dans son discours ni de déceler le mensonge chez lui. Pourtant, il avait eu l'habitude de les voir, ses mensonges, de comprendre lorsqu'il lui cachait des choses... Surtout, il aurait dû voir ce malaise masqué par le sourire de Marius. Néanmoins, il fronça les sourcils quand le jeune lui assura qu'il allait bien.

« Le contrecoup ? Que t'est-il arrivé ? Tu t'es cassé quelque chose ? Tu devrais être prudent, surtout maintenant que tu as un fils, Marius... »

Hippolyte le moralisateur ne changerait pas de si tôt. Surtout pas alors que Marius lui avouait avoir eu un accident de moto qui aurait pu lui coûter la vie. Nul doute que s'il avait su la vérité... Il ne se serait pas permis ce genre de remarque. S'il avait su qu'il était en réalité tiré sur Marius, le choc aurait été rude, certainement trop pour que son esprit lavé de toute culpabilité ne le supporte. Il avait aussi oublié que Marius était un condamné à mort en sursit, que s'il ne faisait rien pour son cœur, il risquait fortement de passer l'arme à gauche avant ses trente ans... Hippolyte avait oublié le combat qu'il menait contre son fils pour le convaincre de se faire soigner et d'arrêter de faire n'importe quoi avec sa vie. Car amnésique ou non, s'il avait appris cela, il se serait battu bec et ongle pour le forcer à faire quelque chose. Pour ne pas rester aussi blasé face à une mort imminente... Pour lui faire comprendre qu'il manquerait à bien plus de gens qu'il ne l'imaginait.

Esquissant un demi sourire, Hippolyte secoua la tête. C'était son entreprise, sa vie, sa création ? Et s'il s'en fichait ? Si tout ça n'avait plus d'importance à ses yeux ? Qu'importe ce que pouvait lui dire Marius, sans souvenirs, pas d'enjeux.

« Tout ce qu'il y a dans mon sang, Marius, c'est du poison... Et je n'ai aucun souvenir d'avoir battit quoi que ce soit, c'est comme si c'était un autre qui l'avait fait... Comme si... Comme si je m'en fichais, de ces labos. D'ailleurs, ce n'est pas comme si, c'est un fait : Je m'en fiche royalement. Mais puisque ça a l'air de tenir à cœur à... Celui que j'étais avant, je vais me battre pour garder cette entreprise sur les rails. Tu... Te sens capable de m'y aider ? »

De le soutenir ou de le traîner comme un boulet, voilà à quoi pensait Hippolyte à cet instant. Depuis quelques minutes, la fièvre était montée en flèche, et il commençait à avoir du mal à mettre ses idées en place. Malgré tout l'appareillage qu'il avait auprès de lui, le poison avait fait bien trop de dégâts et ça, il était loin de s'en rendre compte. Finalement, cette poche de morphine qui se glissait goutte à goutte dans ses veines l'empêchait de souffrir mais aussi de comprendre que plus rien n'allait à l'intérieur. Il lui manquait quelque chose... Quelque chose qui lui asséchait la langue et poussait son esprit à chercher de quoi combler ce manque. Une chose à laquelle il était dépendant depuis l'adolescence...

« Tu aurais une cigarette ? »

La question avait fusé d'elle-même, fruit de son besoin physique de nicotine et non d'un réel cheminement logique dans son esprit. Il avait envie, besoin d'une cigarette, quand bien même fumer était-il interdit dans un hôpital.

« Enfin... Je suppose que c'est interdit ici, mais pour une raison qui m'échappe, j'ai effroyablement envie de fumer. J'imagine que ça aussi, c'est une chose qui fait partie de mes habitudes quotidiennes ? »

Fort heureusement, son attention fut rapidement détournée lorsqu'ils commencèrent à parler de la personne qui avait agressé Hippolyte, et que Marius semblait connaître. Quelle déception, quelle frustration d'être incapable de se souvenir de son agresseur... De n'avoir qu'un visage en tête, un visage qu'il savait familier mais sur lequel il était incapable de mettre un nom.

« Tu ne me caches rien, j'espère ? Tu me le dirais, si tu savais vraiment de qui il s'agit... »

Le cœur battant à tout rompre, il fixait Marius à la recherche d'un indice ou d'un mensonge, mais en l'absence d'une quelconque valeur étalon sur l'échelles des bobards de Marius, il pouvait difficilement voir quoi que ce soit. Tout ce qu'il pouvait faire, c'était réfléchir, se triturer l'esprit jusqu'à la migraine et forcer son esprit à lui rendre tout ce qu'il semblait avoir consigné. Toutes ces réflexions, les informations de Marius à emmagasiner et la fièvre lui donnaient le vertige, et il était plutôt content de ne pas s'être levé, finalement. Et c'est alors que le flash le frappa de plein fouet. Une grimace déforma ses traits tandis que la panique et l'inquiétude s'emparaient de lui. Il avait tué quelqu'un... Ou du moins, il avait l'intime conviction d'avoir tiré sur quelqu'un avec l'intention de le tuer.

« Je me souviens d'un homme... Le teint basané, les cheveux noirs... Je me souviens vaguement avoir voulu le tuer, pour une raison que j'ignore et... »

Seulement, sans lui laisser le temps de poursuivre, Marius avait repris. Un quiproquo ? Comment une telle animosité et une telle envie de meurtre pouvait-elle être un quiproquo ? Plissant les yeux, Hippolyte fixa Marius avec un air suspicieux. Trop d'hésitations dans son discours, trop d'imprécisions... Et à l'entendre, on avait l'impression que son père était parfait et sans reproche. Or ça, ça n'existait que dans les livres pour enfants, et encore.

« Ne me mens pas, Marius... S'il te plaît, c'est déjà assez difficile comme ça, alors... Tu n'as pas besoin de me dire que je suis irréprochable ni quoi que ce soit, je suis humain et j'ai sûrement dû commettre moi aussi des erreurs. Donne-moi un peu plus de détails... J'ai l'impression... Que... C'est important... »

Mais les mots venaient à lui manquer, sa gorge était sèche, et les idées n'arrivaient plus à se mettre en place dans son esprit. Pourtant, il essayait, il s'accrochait à cette bribe de souvenir qui avait refait surface, il creusait, creusait plus encore, malmenant une mémoire inexistante pour faire remonter ne serait-ce que des images. L'odeur de la poudre, les regrets, le visage flou de cet homme sur qui il avait tiré... Et puis d'autres images, sans liens les unes avec les autres, bien plus anciennes, s'imposèrent à son esprit. Il était incapable de savoir s'il s'agissait de véritables souvenirs ou de créations de son cerveau malmené, mais il n'arrivait pas à les relier entre elles.

« Je n'ai... Pas toujours été du bon côté de la loi, n'est ce pas ? J'ai le... Le sentiment que certaines choses clochent, Marius... J'ai... »

Il avait mal... Voilà ce qui se passait. Une douleur aiguë lui transperça la cage thoracique, à l'endroit où son agresseur l'avait frappé, le poussa à crisper une main tremblante contre sa poitrine tandis que tout son corps se raidissait. Il haletait, cherchant un air qui semblait lui manquer, et n'osait regarder Marius dans les yeux, ni où que ce soit d'ailleurs.

« A... Appelle un mé... »

La fin de sa phrase fut alors avorté par une violente secousse de son estomac, et Hippolyte eut à peine le temps de se pencher sur le bord du lit qu'il rendait un flot de bile souillée de sang et de poison. A ses côtés, l'électrocardiogramme s'affolait de manière irrégulière tandis que ses constantes chutaient inexorablement. Si on lui avait demandé à cet instant à quel endroit il avait mal, il aurait été tenté de répliquer qu'il aurait mieux valu lui demander où il n'avait pas mal pour avoir une réponse rapide. Haletant, le visage trempé de sueur, il commençait à se demander si chercher à faire resurgir des souvenirs n'était pas tout simplement en train de l'achever.
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MessageSujet: Re: Blackout | Hipporius (again)   Blackout | Hipporius (again) Icon_minitimeLun 9 Mai 2016 - 22:58

Blackout
Hippolyte & Marius



L’inquiétude de mon père a immanquablement quelque chose de surnaturel. Et cet arrière-goût d’artificiel qui risque de persister un bon bout de temps, au rythme où vont les choses. Parce que je n’ai pas l’intention de le démentir, je n’ai même pas l’intention de lui montrer à quel point il me déstabilise. C’est… ce n’est pas normal tout ça. C’est agréable, oui, mais ce n’est pas normal. Il devrait sentir mon mensonge, il devrait le suspecter, il devrait le flairer et soupirer avec cette petite moue exaspérée et méprisante. Il ne devrait pas rebondir sur mes propos pour mieux les croire et se les approprier. « Le contrecoup ? Que t'est-il arrivé ? Tu t'es cassé quelque chose ? Tu devrais être prudent, surtout maintenant que tu as un fils, Marius... » Je me crispe, bien sûr, devant son ton moralisateur mais quelque part… il me déstabilise autant qu’il me rassure, ce reproche implicite qu’il me fait. Et je dois lutter contre plus de vingt ans de réflexe pour ne pas répliquer de manière acide que ça ne le regarde pas, qu’il aille se faire foutre et que comme par hasard, il faut forcément que l’accident soit de ma faute et que… « T’inquiète, je te dis. Et puis… ce n’est pas moi qui ai l’air d’un cadavre… » Je me retiens, toujours de justesse, de lui faire remarquer que, de toute manière, il ne se souvient pas de moi donc que ça ne sert à rien qu’il fasse genre de s’intéresser à moi. Ce n’est pas comme si je n’y étais pas habitué, de toute façon. D’autant plus que… j’inspire.

Il faut que je me calme. Il faut que je me concentre. L’homme face à moi ressemble à mon père. Il parle comme mon père. Il a les mimiques de mon père. Mais… mais il faut que je garde en mémoire que ce n’est pas mon père et qu’il faut que je saisisse ma chance sans me foirer, pour une fois. Ça me changera. Et je la saisis, cette putain de chance. Je m’en empare avec la folie du couillon, avec l’énergie du désespoir. Pendant vingt-sept ans, j’ai été moi-même, il a été lui-même et sa fierté, je pouvais m’asseoir dessus ou me la foutre dans le derrière, je ne risquais pas de l’avoir. Il est peut-être temps de changer de stratégie, il est peut-être temps de redistribuer les cartes, de me permettre ce que mon esprit de contradiction ne m’a jamais permis. Il est peut-être temps d’enterrer la hache de guerre pour lui donner ce qu’il a toujours exigé de moi, ce qu’il voulait. Pour que lui, de son côté… me donne ce que je désire plus que tout. Son demi-sourire pointe la double trahison que je suis en train de commettre lorsque je le défends, lorsque je lui offre de lui-même un tableau que je sais extrêmement amélioré. Et faux. C’est un connard, ce n’est pas un héros. Le petit garçon qui regardait son père avec des étoiles dans les yeux a été déçu, et plutôt deux fois qu’une ; le petit garçon qui puisait dans les yeux de son père la volonté pour faire un pas devant l’autre, celui qui se redressait et oubliait la douleur juste pour faire ces quelques pas qui allaient le conduire dans les bras de son père ; ce petit garçon, je suis en train de le trahir et son père aussi, je le trahis. Et le pire, dans tout ça, c’est que je refuse de concevoir le moindre regret, c’est que je me nourris de son demi-sourire. « Tout ce qu'il y a dans mon sang, Marius, c'est du poison... Et je n'ai aucun souvenir d'avoir bâti quoi que ce soit, c'est comme si c'était un autre qui l'avait fait... Comme si... Comme si je m'en fichais, de ces labos. D'ailleurs, ce n'est pas comme si, c'est un fait : Je m'en fiche royalement. Mais puisque ça a l'air de tenir à cœur à... Celui que j'étais avant, je vais me battre pour garder cette entreprise sur les rails. Tu... Te sens capable de m'y aider ? » Je serre les dents. Ça me fait mal, de l’entendre parler avec autant de détachement de Caesar Pharmaceutics. Si sa boite a si peu de valeur, finalement… ça veut dire que mon enfance et mon père m’ont été volés par quelque chose qui n’en avait pas la peine ? Ca me ramène à quoi, moi, alors ? A un être qui a encore moins d’intérêt qu’une boîte qui, déjà, n’est qu’une source d’ennuis ? Sa question me fait froid dans le dos. Bien sûr que je n’en suis pas capable. Je suis un incapable, un parasite, je suis un chewing-gum sous sa semelle, qu’il est obligé de se traîner. Bien sûr que je ne m’en sens pas capable. Mais… je n’en suis plus à un mensonge près. « Je ne te proposerais pas quelque chose comme ça si je n’étais pas certain de pouvoir apporter ma pierre à l’édifice, Papa… » Il y a un peu de déception dans ma voix, et bien malgré moi, je savoure de manière assez malsaine l’inversement des rôles. Tout en recevant à chaque respiration des coups dans la poitrine.

Un silence, un léger silence que j’aurais aimé voir se poursuivre. Parce que la femme qu’il est en train de me décrire, brièvement, sans trop de détails, je pense savoir qui c’est. Je crains de savoir qui c’est, aussi. La seule que je vois qui puisse correspondre à cette description est aussi la seule autre chasseuse que je connaisse. Ce qui expliquerait aussi pourquoi il a été agressé. Sans expliquer comment elle a pu faire ça. « Tu aurais une cigarette ? » Mon regard glacial me confirme que nos rôles souffrent réellement d’une inversion. « Enfin... Je suppose que c'est interdit ici, mais pour une raison qui m'échappe, j'ai effroyablement envie de fumer. J'imagine que ça aussi, c'est une chose qui fait partie de mes habitudes quotidiennes ? » Je continue à le fixer, le regard froid, dans un mutisme forcé qui exprime, j’espère, le fond de ma pensée. Il est hors de question qu’il touche à une seule cigarette en ma présence et encore moins en présence de Sam. La nicotine, j’en ai eu ma dose et plus d’une fois donc, c’est bon. Et Samuel aura tout le loisir de voir ses poumons être encrassé par le tabagisme passif plus tard, pas question qu’il commence maintenant. Je préfère encore le voir dormir dans mes bras, calé contre son père avec la confiance du nouveau né de quatre mois, je préfère encore répondre à ses questions. « Tu ne me caches rien, j'espère ? Tu me le dirais, si tu savais vraiment de qui il s'agit... » Si tu savais… J’hausse les épaules. Je suis un bon menteur lorsque je me donne vraiment la peine d’être convainquant, lorsque je veux être convainquant aussi. Alors… « Bien sûr que je te le dirais, qu’est ce que tu crois. Dès que j’aurai la moindre certitude, tu en seras le premier informé, c’est promis. » Il ne sera pas informé, bien sûr. Mais ça, il ne le sait pas. Qu’il me fasse confiance, pendant que je nous enfonce dans les sables mouvants des faux semblants et d’une réalité alternative. Je ne devrais pas faire et pourtant je le fais. J’ai toujours été une tête brûlée, j’imagine que là, je me contente simplement de franchir un nouveau niveau, avec un nouveau boss à la clé : l’intelligence de mon père que je vais devoir tromper jusqu’à ce qu’il ne puisse que me croire. Ou que tout se brise, à nouveau. Pour changer.

Je me demande à quoi vont ressembler les prochaines semaines maintenant que je me suis lancé dans cette voie. Je me demande aussi, vaguement, si je ne suis pas en train de faire la plus grosse erreur de toute ma vie ; même si je me connais, je ne suis pas à mon maximum là et je doute même de l’atteindre un jour. Je me demande à quoi… le regard de mon père m’arrache à mes pensées. Sa phrase inachevée me fait me redresser brutalement, m’attirant un geignement de la part de Samuel qui n’aime pas les mouvements brusques. Il se souvient. Ca y est, il se souvient, j’en suis persuadé. Je crois que j’ai tué quelqu’un. Un frisson glacé dégringole ma colonne vertébrale, je couve de mes bras mon fils, comme pour le protéger de son grand-père meurtrier. J’ai la gorge sèche mais j’essaye comme je peux de garder la tête froide. « Je me souviens d'un homme... Le teint basané, les cheveux noirs... Je me souviens vaguement avoir voulu le tuer, pour une raison que j'ignore et... » Seth. Il se souvient de Seth. Il faut que je l’empêche de fouiller plus loin dans sa mémoire, je me jette sur son silence pour le combler de faux souvenirs. Des mensonges, des mensonges, toujours des mensonges mais c’est tout ce que je peux faire. Je me suis enfermé dans un rôle, il est hors de question que je fasse marche arrière. Il est hors de question de le décevoir une nouvelle fois en lui avouant que non seulement, il n’est pas aussi parfait que ce que je peux dire mais qu’en plus, il a tenté de me tuer. « Ne me mens pas, Marius... S'il te plaît, c'est déjà assez difficile comme ça, alors... Tu n'as pas besoin de me dire que je suis irréprochable ni quoi que ce soit, je suis humain et j'ai sûrement dû commettre moi aussi des erreurs. Donne-moi un peu plus de détails... J'ai l'impression... Que... C'est important... » J’ouvre la bouche pour lui dire que je ne mens pas, pour lui dire que je ne fais que dire la vérité, ma vérité, la vérité que je veux si ardemment être vraie qu’elle finira par l’être, au moins pour lui. Je veux lui dire de me faire confiance, que je ne peux pas lui donner plus de détails mais… « Papa ! »

Mon père n’a pas l’habitude de ne pas terminer ses phrases. La première fois, c’était mauvais signe. Là… je n’arrive pas à savoir s’il va mal ou s’il se souvient, même si les deux m’inquiètent tout autant. « Je n'ai... Pas toujours été du bon côté de la loi, n'est ce pas ? J'ai le... Le sentiment que certaines choses clochent, Marius... J'ai... » Je blêmis, me levant brutalement, serrant Samuel d’une seule main, l’autre se posant sur l’épaule de mon père. « PAPA ! PARLE MOI ! » Mon cri dégouline de terreur. Je le secoue comme je peux, d’une main. « Papa qu’est ce qu’il se passe, tu as mal ? Où ça ? Qu’est ce… » Je commence à paniquer en le voyant agripper sa poitrine comme j’ai pu le faire il y a six ans lorsque mon cœur a menacé d’arrêter de battre. Un arrêt cardiaque. Il fait un arrêt cardiaque. Je ne sais pas ce que je suis supposé faire. Vraiment. Samuel a les yeux grands ouverts et pleure, comme en réponse à ma propre panique. Je le pose en bout de lit, loin de tout danger, pour me précipiter vers mon père. « A... Appelle un mé... » Mes mains le secouent, comme je peux, parce que je ne sais pas quoi faire. « PAPA ! Papa, explique moi, qu’est ce que je dois faire ?! » Il m’échappe, je me prends la tête entre les mains en le regardant vider son estomac sur le bord du lit. Et là, seulement là… je me précipite à la porte. « A L’AIDE ! MON PERE… ! » J’entends du mouvement, suffisamment pour revenir au chevet de mon père et lui foutre une claque, comme pour attirer son regard. « Papa, regarde moi ! Qu’est ce que… qu’est ce que je dois faire, papa… me laisse pas… » Ma main tremblante se pose sur sa poitrine, là où son cœur commence à battre de manière erratique. Comme le mien. Pathologie cardiaque ? J’ai les jambes qui flanchent, je m’écroule en lui tenant la main et en fondant en sanglots. « Papa, qu’est ce qu’il se passe, t’as pas le droit de me faire ça… » On me tire en arrière, on me tend Samuel qui pleure à n’en plus finir sans que je ne me sente en état de le calmer. « PAPA ! » Une infirmière me pousse dans un coin de la pièce, je suis tétanisé lorsque j’observe les médecins l’entourer avec précipitation. « Vous avez dit qu’il était stable, vous aviez dit qu’il allait bien, vous… » Je n’arrive pas à leur résister ils me poussent vers la sortie et je n’arrive même pas à lutter. « Papa… »

Je n’ai pas vingt-sept ans. je ne suis même pas père, à cet instant. J’ai six ans. J’ai cinq ans. J’ai quatre ans. Et on vient de m’offrir toutes les chances du monde de reconstruire une relation avec le héros de mon enfance pour mieux me l’arracher juste après. Samuel s’agrippe à mon tee-shirt en bavant sur mon épaule lorsque je m’efforce de m’intéresser à lui pour mieux canaliser ma panique. « Tout va bien se passer, Sam, calme toi. » Calme toi, Marius « Il va aller bien, il faut leur faire confiance » Il faut que je leur fasse confiance, la vie de mon père est entre leur main. « Tout va bien se passer, il a le crâne dur. » Contrairement à moi qui panique pour un rien. Autant pour mon sang-froid. « Tu vas voir, Grand-père va aller bien. Et tu verras, ton papa se réconciliera avec Grand-père. Il sera gentil avec Grand-père. Il sera celui que Grand-père voulait. » Sam commence à se calmer. Un peu. « Tu vas voir, Sam, si Grand-père va mieux, quand Grand-père ira mieux, Papa, il se rattrapera. »

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MessageSujet: Re: Blackout | Hipporius (again)   Blackout | Hipporius (again) Icon_minitimeMer 11 Mai 2016 - 14:16

Blackout
Hippolyte & Marius



C'était un cauchemar. Un long et douloureux cauchemar dont il n'arrivait pas à sortir et pourtant, il était bel et bien éveillé. Ses souvenirs envolés, sa personnalité piétinée, son intellect... Bien présent mais mis à mal par tous ces éléments cruciaux qui lui manquaient pour comprendre qui il était réellement. Avec une franchise glaciale, il venait d'admettre à Marius que cette entreprise qu'il était censée diriger le laissait profondément indifférent... Il était loin de se douter que ses paroles avaient un tel impact négatif sur le jeune homme. D'un autre côté... Comment aurait-il pu seulement se prendre de passion pour une société dont il ignorait tout ? Son ancien lui lui aurait probablement donné des claques pour avoir osé dire que ses laboratoires n'avaient aucun intérêt. Cette entreprise, c'était toute sa vie, ce qu'il avait fait de mieux au monde, le seul domaine dans lequel il n'avait pas échoué. Il en contrôlait tout, elle n'était faite que de chiffres, de contrats, d'argents et de remèdes, c'était bien plus facile à maîtriser que des sentiments ou des humains. Il avait lamentablement échoué en tant que père, trompé l'amour de sa femme, brisé des vies en abattant des mutants... Ses laboratoires, c'était en quelque sorte sa rédemption. Il y passait le temps qu'il fallait pour expier les innombrables péchés qui lui pesaient sur les épaules.

Il aurait dû le voir, le mensonge... Tout autant qu'il aurait dû percevoir la déception dans la voix de Marius. Lui qui connaissait si bien son fils tout en étant incapable de le comprendre gobait son discours comme une vérité absolue sans chercher à le contredire.

« Tu as raison... Je ne devrais pas douter de toi... »

Seulement, c'est comme si je devais faire confiance à un inconnu, pensa-t-il sans pour autant le dire à haute voix. Car c'était bien de ça qu'il s'agissait ! N'importe qui aurait pu se présenter dans cette chambre en prétendant être son fils, son frère, sa femme... Il n'aurait eu aucun argument valable pour le contredire. Et toute cette tension, toute cette angoisse se cristallisait dans son envie malsaine d'entretenir ce cancer qu'il travaillait depuis près de quarante ans. C'était donc ça sa drogue pour tenir le coup ? Des bouffées de nicotine à s'en détruire la santé ? Peut-être lui auraient-elles permis d'oublier cette douleur qui grandissait dans sa poitrine depuis quelques minutes déjà. Il restait pourtant de la morphine dans la poche, songea-t-il un instant avant que Marius ne lui réponde. « C'est promis »... Bien sûr qu'il mentait... Bien sûr qu'il savait qui avait agressé son père. Mais, se raccrochant désespérément à cette promesse, Hippolyte n'ajouta rien. Le mensonge, il ne le verrait que s'il retrouvait un jour la mémoire.

Mémoire qu'il commençait déjà à malmener, la triturant dans tous les sens dans l'espoir d'en tirer autre chose qu'un visage flou et indistinct. Et cette fois, il perçu le mensonge dans la voix de Marius... Ou plutôt les non-dits. Comme s'il lui cachait une partie de la vérité pour lui en épargner l'horreur. Seulement, la douleur était telle à présent qu'il ne pouvait plus l'ignorer ou faire comme si elle n'existait pas. Il n'y avait pas que dans sa tête que quelque chose n'allait pas. S'insinuant sournoisement, le poison était en train d'attaquer ses organes, son cœur en premier. Les hurlements de Marius, il les perçu de loin, derrière le martèlement assourdissant de son sang battant à ses oreilles, tandis que la lumière l'aveuglait et que le rythme erratique de son cœur lui arrachait des râles de douleur. Il la connaissait, cette sensation. Enfin... En théorie. Il l'avait étudié, c'était une certitude. Il l'avait vu sur le papier, en connaissait les symptômes... Mais jamais il n'avait eu à subir d'attaque cardiaque. Contrairement à Marius, son cœur était parfaitement sain, à l'exception du poison qui était en train de le paralyser. Et alors que son estomac rendait un flot de sang au sol, il compris que son foie n'était pas en meilleur état. Mais il était incapable de parler, incapable de rassurer Marius et de lui dire que tout irait bien. Tout ce qu'il pouvait faire, c'était le regarder fixement en tentant d'offrir un peu d'oxygène à ses poumons. L'angoisse se lisait dans ses yeux, la détermination tout autant. Avec le peu de force qu'il lui restait, il serra la main de Marius. Bien sûr qu'il n'avait pas le droit de lui faire ça. Pas alors qu'ils avaient enfin l'occasion de reconstruire quelque chose pas alors qu'il commençait à peine à découvrir son fils. Il aurait voulu lui dire de ne pas pleurer, que ce n'était rien, mais les mots restaient coincés dans sa gorge. Lorsqu'il trouva enfin la force d'ouvrir la bouche, deux infirmières et un médecin firent irruption dans la chambre, repoussant Marius par la même occasion. Dans un geste désespéré, Hippolyte tenta de le ramener à lui, mais sa main retomba lamentablement au bord du lit. Cette force qu'il tentait de canaliser pour garder les yeux ouverts, il la puisait dans le regard de Marius. Et alors qu'on l'en éloignait, l'obscurité se fit autour de lui. La dernière chose qu'il entendit fut simplement le son strident d'un défibrillateur qu'on met en charge et non le hurlement paniqué de son fils.

Poussant Marius vers la porte, l'infirmière qu'il avait si brutalement mise dehors quelques minutes plus tôt le fixa quelques instants avant de soupirer.

« Il fait de la fibrillation ventriculaire et son foie est en train de lâcher. Si vous voulez vraiment aider votre père, dites à son assistante d'accélérer les recherches concernant le poison. Sans ça, j'ai bien peur qu'une greffe ne suffise même pas à le sauver. Et pour l'amour du ciel, ménagez-le, bon sang ! »

Agacée, elle lui claqua la porte au nez et retourna aider ses collègues. L'incident pris à temps fut rapidement maîtrisé et l'on plongea à nouveau Hippolyte dans un coma artificiel pour l'empêcher de trop solliciter son organisme. C'était ça, cette douleur vive et incontrôlable que l'on ressentait à l'approche d'un arrêt cardiaque ? Que dire de deux, trois, quatre sinon plus ? C'était donc ça le fardeau que portait Marius depuis plus de six ans ? Quel fou aurait refusé qu'on le soigne pour ça...


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