Sujet: The world has grown cold (moreas) Mar 8 Mar 2016 - 19:55
-moira & andreas-
The world has grown cold
Cela faisait trois jours qu’Artur était venu lui rendre visite et depuis trois jours, le poison qui coulait dans ses veines avait commencé à saper le fondement de sa personne. Progressivement mais avec une rapidité redoutable, Andreas avait senti mourir une autre part de lui-même, la personne qu’il avait été depuis qu’il n’avait que six ans. Son rapport au monde se modifiait et lui qui avait toujours été parfaitement conscient de sa place était coupé de tout. Avec une précision redoutable, Andreas se souvenait avec exactitude de l’endroit où il avait enfoncé l’aiguille, de l’endroit où son fils s’était trouvé, un couteau contre la peau, menaçant de s’entailler jusqu’à la mort si nécessaire s’il ne se vaccinait pas. Alors il l’avait fait, pour sauver la vie d’un fils qui n’avait que trop conscience, finalement, du pouvoir qu’il possédait. Face au chantage, le père qu’il était n’avait pu que se résigner à agir pour sauver la vie d’un enfant qui piétinait son existence toute entière. Et lui qui avait toujours été parfaitement maître de lui-même ne l’était plus. Coupé de toutes sensations avec ce qui l’entourait, Andreas était devenu incapable de maîtriser sa colère, sa rage, sa souffrance. Son environnement avait toujours été la clef de sa maîtrise, sa façon de contenir sa mutation, de la museler et de l’utiliser dans les mesures qu’il choisissait. Les émotions avaient toujours été trop instables pour qu’il les utilise comme facteurs et là, il ne maîtrisait plus rien. Bien entendu, il n’avait mis personne dans la confidence. À l’université, il n’avait fait que signaler qu’il serait absent pour quelques jours pour raisons personnelles, ce qui n’avait étonné personne. Sans même aucun remord, il avait éteint son téléphone et s’était enfermé dans le travail. Pendant ces trois jours, après la visite d’Artur, il avait compris deux choses. Une fois dans l’organisme, il était impossible de savoir quelle formule avait été utilisée et que ses propres recherches étaient inutiles, le sérum qu’il avait créé était inefficace sur un vacciné. Il avait, dans la foulée, découvert que la sensation qu’il avait d’être coupé du monde était plus qu’une sensation. En envoyant balader papiers, instruments et autres ustensiles, il s’était entaillé sans rien ressentir. De longues minutes s’étaient écoulées avant qu’il ne se rende compte qu’il était blessé et qu’il continuait à saigner. L’insensibilité, quelle ironie au fond. Suite à l’incident, Andrea avait tenté de se contenir, de ne plus relâcher cette colère qui lui rongeait les entrailles mais, elle revenait encore et toujours, inévitable. Son équilibre déjà fragile sans sa femme, mis à mal par ce qui était arrivé à Moira et maintenant avec la disparition de l’un de ses filles, venait d’être sapé par son propre fils, contribuant à faire chanceler une balance des forces déjà précaire. En vérité, il n’y avait plus rien pour le retenir et il le savait. En trois jours, Artur avait réussi à détruire avec brio son propre père. Le hunter qui avait tué Aisling avait creusé plusieurs tombes mais son propre fils venait de lui faire mettre un pied dedans. Ce fils qu’il ne pouvait s’empêcher d’aimer en dépit de ses actes. Pour la première fois de sa vie, Andreas songea à attendre la fin et même l’aider un peu. S’il avait eu le nom du meurtrier de sa femme, il s’y serait précipité pour mettre fin à leur deux vies une bonne fois pour toute.
Ce que le chercheur avait vécu en l’espace de quelques mois était probablement trop pour un seul homme. Le point de rupture avait été atteint et sans sa mutation, sans ce qui avait toujours été une partie de lui, Andreas n’était pas lui-même, il n’en était que l’ombre, un piètre ersatz ravagé par des sentiments qu’il ne contrôlait plus. Le roc s’était finalement fendu à cause d’une fissure de trop. Aussi, quand la porte sonna, il n’alla pas ouvrir. Il n’avait la volonté de voir personne. Il restait plongé dans des recherches pour se tenir occupé. Hors, il se fichait éperdument de ce qu’il était en train de faire. Rien n’avait de sens et il ne comptait pas en donner à quoi que ce soit. Il analysait froidement chaque donnée, excluant volontairement le facteur humain pour parvenir à penser. Les noms, les conséquences devenaient des données, comme ils l’avaient été autrefois. Il était plus simple de vivre dans l’indifférence que de faire face. À nouveau, il se blessa sans s’en apercevoir, laissant son visiteur marteler la porte en criant après lui. S’il savait qui se trouvait à la porte, ça ne le convainquit pas d’ouvrir, que du contraire. Il était hors de question que Moira pénètre chez lui alors qu’il était dans cet état. Un état que sa propre maison reflétait grandement. Son téléphone portable étant éteint, c’est son fixe qui sonna furieusement. Sans même un regard, à l’aide de sa chaise, il glissa d’une simple poussée jusqu’à la prise murale et le débrancha, mettant fin à la sonnerie stridente qui lui vrillait les tympans.
Moira Kovalainen
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Sujet: Re: The world has grown cold (moreas) Mar 15 Mar 2016 - 12:28
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Moira & Andreas
La porte claqua sur un Marius bougon et renfrogné. Tant pis pour lui, il était déjà en retard, et je savais que la raison de sa mauvaise humeur était grandement liée au rendez-vous qu'il avait avec sa chirurgienne ce jour-là. Comme à chaque fois, il traînait de la patte, et j'étais forcée de me lever en même temps que lui pour m'assurer qu'il ne me sortirait pas l'excuse du « oups ! J'ai oublié ! ». Si ça ce n'était pas de l'amitié, franchement. Soupirant, je me dirigeais vers la salle de bain et grimaçais en croisant mon regard dans la glace. Échevelée, pas réveillée, vêtue d'un pyjama trop grand... J'avais beau sentir que les choses s'amélioraient petit à petit, mon corps trahissait le contraire. Pâle, le regard absent, j'avais les joues creusées par la maigreur qui commençait à me marquer. Je détestais cela, tout comme je détestais l'impression d'être une petite chose fragile et rendue vulnérable par les attaques. Je faisait tous les efforts du monde pour ne pas trembler au moindre mouvement, au moindre bruit, mais une telle concentration me mettait dans un état de stress si intense que j'en avais les muscles et les articulations endoloris. Tu fais peine à voir, Moira, voilà ce que me disait le miroir. Décidant de me bouger un peu plutôt de rester dans mon lit à regarder le plafond en attendant que Marius rentre, je me douchais, m'habillais... Pour aller où ? Une fois prête, mes chaussures aux pieds, je me rendis compte que je n'en avais aucune idée.
Du moins, jusqu'à ce qu'une petite boule de poils blanche ne se précipite sur moi avec l'intention évidente de me débarbouiller la figure. Riant de bon cœur, je repoussais doucement le chiot et lui grattouillais affectueusement la tête. Voilà ce que je voulais faire depuis des jours... Offrir cet adorable animal à mon père. J'avais écumé tous les élevages de la région pour trouver LE bon candidat. Un Biscuit en modèle réduit, qui ne tarderait pas à devenir l'imposant berger blanc qui me suivait partout depuis maintenant trois ans. Seulement, le chiot était coincé dans ce petit appartement depuis quelques jours, car je n'avais aucune réponse de mon père. J'attrapais alors mon téléphone, soupirant en constatant que je n'avais rien d'autre qu'un sms de Marius, me menaçant de me chatouiller jusqu'à ce que mort s'ensuive si je persistais à vouloir l'envoyer à l'hôpital toutes les semaines.
Aucune nouvelle de mon père... J'avais essayé de l'appeler, lui avait laissé plusieurs messages vocaux et écrits... Rien. Lui qui m'avait demandé de lui donner des nouvelles quotidiennement depuis mon assassinat raté, je le trouvais gonflé ! Après quelques minutes de réflexion passées à jouer avec le chiot, je chassais mes scrupules et me relevais. Au diable sa petite tranquillité perso, je commençais à vraiment m'inquiéter ! J'attachais le harnais du chiot, la laisse, attrapais mon sac et les quelques objets et friandises que j'avais prévu pour l'animal, et sortis de l'appartement pour profiter non seulement de cette belle journée de juillet, mais aussi et surtout pour rendre une petite visite surprise à mon paternel.
Il ne me fallu pas longtemps pour gagner la sortie de la ville et me diriger vers le quartier où il vivait. Ce qui me surpris en premier lieu, ce furent les lettres, débordants à moitié d'une boîte aux lettres qui semblait faire une indigestion. Et puis il y avait tous ces numéros du journal, éparpillés sur le paillasson. L'un d'eux semblait même avoir subit l'averse du week end précédent. Jamais mon père ne serait parti sans nous avoir avertis, Artur et moi... A mesure que le calcul se faisait dans mon esprit, je commençais à paniquer. Je toquais à la porte, à plusieurs reprises, mais sans succès. Alors j'enfonçais mon doigt dans la sonnette avec insistance, dans l'espoir que ça le ferait réagir... Toujours rien. J'appelais son portable, bien évidemment éteint, et tentais le fixe... Toujours rien. Je me mordillais la lèvre avec angoisse, regardant autour de moi dans l'espoir de trouver une solution, mais rien à faire. Mon père semblait avoir disparu, et je me sentais soudain coupable de n'avoir pas réagi plus tôt.
Il ne me restait plus grand chose comme alternative, finalement... Ce n'était pas très civilisé comme entrée, mais autant mettre à profit les leçons d'Alec pour autre chose que pour botter des culs. Je tentais néanmoins d'ouvrir la porte, pour m'assurer qu'elle était bien verrouillée, tentais d'y insérer ma clé sans succès, et me savais bien incapable de crocheter quoi que ce soit. Autrement dit... La façon la moins délicate du monde serait probablement la meilleure. Je reculais de quelques pas, prenais de l'élan, et donnais un violent coup de pied dans la porte. Celle-ci grinça mais tint bon. Un second coup, et mon talon perça un trou d'une taille respectable dans la porte. J'y glissais mon bras, fit tourner la clé et entrais, la terreur au ventre. Derrière moi, le chiot ne semblait pas s'être rendu compte du danger ni de l'urgence de la situation, et tirait sur sa laisse pour tout renifler
« Papa ? Je sais que tu es là, arrête de t'planquer ou de faire le timide ! »
Des gens comprenant l'anglais, y en avait des dizaines, ici – pas trop étonnant, aux States – mais des finnois... Beaucoup moins. S'il était retenu par qui que ce soit, autant garder l'avantage d'une langue qu'il maîtrisait aussi bien que moi. Je retirais la laisse du chiot et le laissais gambader dans la maison, ne me souciant pas le moins du monde des dégâts qu'il pouvait éventuellement faire. A pas de loup, le cœur au bord des lèvres, je trouvais finalement mon père devant son bureau, ignorant royalement ma présence.
« Papa... C'est vraiment pas drôle, pourquoi tu ne réponds pas à mes messages ? Je suis morte d'inquiétude ! Et... Oh mon dieu... »
Je me précipitais sur lui en voyant le sang qui coulait de ses doigts. Attrapant sa main, je regardais où il était blessé et le dévisageais avec un air sévère. Il s'était apparemment simplement couper avec un objet... A moins qu'on ne l'ait volontairement blessé ?
« Qu'est ce que tu t'es fais ? On t'a fait du mal ? »
Comme à mon habitude lorsque je cherchais à rassurer mon frère, ma voix se mit à vibrer, apaisant les nerfs à vif de mon père. Je savais bien que c'était artificiel, et que les effets positifs que pouvaient avoir ma voix n'étaient pas illimités... Mais si je pouvais un peu le détendre, alors j'étais prête à continuer à parler comme ça toute la soirée s'il le faisait.
« Parle-moi, papa... Qu'est ce qui ne va pas ? »
Je tirais un mouchoir de mon sac et l'appuyais doucement sur la plaie pour faire cesser l'hémorragie. Quelques instants plus tard, une petite truffe noire vint renifler la blessure avec un air inquiet.
« J'étais venue avec un cadeau... » , dis-je avec un sourire timide.
Sujet: Re: The world has grown cold (moreas) Jeu 17 Mar 2016 - 16:05
-moira & andreas-
The world has grown cold
Andreas n’avait pas voulu être trouvé, il n’avait pas voulu être contacté. Sa volonté n’était pas de s’afficher, tout ce qu’il désirait c’est être en paix... ou du moins, ne pas être dérangé ou pris en pitié. Ce qui était fait était fait et c’était irréversible à moins qu’il ne trouve une solution, ce qu’il tentait de faire tout en sachant que ça ne se ferait pas du jour au lendemain. Pour autant, il était incapable de penser clairement et sereinement. Loin de son travail organisé et rigoureux, ses notes étaient brouillonnes et approximatives, ses cheminements vaguement expliqué, sans aucun fil conducteur. Andreas travaillait comme il pensait et ça n’était bon pour personne. Au fond de lui, il savait que ces recherches finiraient dans une poubelle dès qu’il parviendrait à retrouver une pensée ordonnée et cohérente mais, il ne pouvait pas s’arrêter ou ça le tuerait. Il travaillait pour survivre, sans aucune passion et sans aucune préoccupation humaine. Caesar l’aurait mis devant le projet Malaria aujourd’hui qu’il ne se serait sans doute pas opposé. C’était dire à quel point il était épuisé et déjà atteint par tout ça après seulement quelques jours. Et rien, pas même les coups répétés à sa porte et les cris de sa fille après avoir débranché le téléphone ne le fit bouger. Il ne souhait pas être vu et entendu. Andreas voulait être oublié, il y aspirait réellement. Ou alors voulait-il oublié le monde ? Il ne savait plus et ne voulait pas vraiment en avoir conscience. Il parvint d’ailleurs à faire abstraction du bruit, persuadé que sa porte serait assez solide pour empêcher quiconque d’entrer. Même lorsqu’elle céda, son cerveau réfléchissait toujours au problème sur lequel il planchait. Une variante du sérum qui ne fonctionnait pas le moins du monde, une véritable solution à son problème, durable et sans danger. Quoi que... à ce stade, il se fichait déjà de souffrir d’effets secondaires s’il redevenait lui-même, s’il récupérait ce qui lui avait été enlevé. Il ne réalisa pleinement la présence de quelqu’un, de sa fille que lorsqu’elle se saisit de sa main et encore, ce ne fut aucune sensation qi le prévint, juste le déplacement de sa main, le mouvement effectué par son poignet. C’était la conscience de la motricité, pas sa sensation, ce qui était extrêmement dérangeant. Ne pas ressentir était une expérience déstabilisante et déplaisante en plus de tout ce qui avait engendré cet état. L’inquiétude de Moira était légitime, tout à fait légitime mais, il ne parvenait qu’à être en colère, extrêmement frustré par la situation. Et si le désespoir talonnait toujours, il le laissait en paix pour le moment et il savait pourquoi. Sa fille venait de tenter de l’apaiser et ça fonctionnait, juste pas complètement, malheureusement pour eux deux. Au mot cadeau, il orienta son regard vers la boule de poil qui venait de s’installer près d’eux, le regardant avec ses grands yeux. Il était touché, touché mais peiné. Il serait bien incapable d’être un bon maître dans ces conditions pour l’animal. Pourtant, tout au fond de lui, il savait qu’il ne pouvait et devait pas refuser. Sa plaie, il ne s’en occupait même pas. Mais, paradoxalement, sans aucune douceur, sans aucun avertissement, Andreas lui donna ses réponses.
- « Ton frère est venu me rendre visite. Je suis vacciné, insensible à tout contact, à toutes douleurs. Je ne suis et ne serais plus jamais celui que j’ai été. »
Il aurait été ravi d’être anesthésié, tout simplement. Tout aurait été bien plus simple alors et il n’aurait eu aucun mal à se maîtriser. Mais non. Ses émotions n’étaient plus qu’un vaste chaos, luttant à la surface de son être en permanence. Il ne sentit même pas l’animal lui lécher la main, il ne put que le constater parce qu’il avait le regard rivé sur lui. Par réflexe, il le caressa mais l’absence de sensation le rendait encore plus nerveux, moins stable.
- « Tu ne devrais pas rester Moira, je n’incarne ni la stabilité ni la tranquillité depuis qu’il est venu. »
Parfaitement conscient qu’il n’avait à aucun moment employer le terme fils sans même y réfléchir, il savait que l’évoquer l’agaçait toujours un peu plus. La tension était d’ailleurs palpable à sa posture. Il n’avait jamais été si crispé, à ce point sur les nerfs ou du moins n’en avait jamais rien montré jusqu’à aujourd’hui. Le fait d’être en train de craquer de sa fille alors qu’il voulait la protéger se révélait très désagréable.
Moira Kovalainen
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Sujet: Re: The world has grown cold (moreas) Sam 16 Avr 2016 - 23:44
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Moira & Andreas
Je n'étais pas une héroïne. Loin de là, même. Je n'avais jamais sauvé qui que ce soit ni réellement cherché à faire le bien, j'étais un électron libre parmi tant d'autres, et la seule marque que je laisserai dans l'histoire après ma mort serait mon nom et mon visage sur des pochettes de disques... Dans quelques décennies, on m'aurait oublié, parce que je n'étais pas le genre de personne à voler au secours des gens, j'étais quelqu'un de lambda... D'ordinaire... A un gêne près. Un gêne que je partageais avec mon père. Lui c'en était un, de héros. J'avais beau avoir l'air d'une gamine de six ans quand je parlais de lui, j'y croyais dur comme fer. Mon père avait donné sa vie, son existence entière et chaque synapse de son génial cerveau pour la science, la génétique et la compréhension du phénomène mutant. C'était un homme brillant, dont le plus grand souhait était de voir les mutants reconnus à leur juste valeur, comme des êtres humains simplement dotés d'une caractéristique particulière. Si j'admirais mon père, ce n'était pas seulement pour son travail, mais c'était aussi et surtout pour la patience dont il avait fait preuve avec moi.
En en avait encaissé, des déflagrations sonores incontrôlées, des larmes de terreur qui se soldaient par de petits séismes à la maison, des infra-basses produite aléatoirement pendant mon sommeil... Il avait tout pris avec patience, sans jamais hausser le ton, sans jamais me brusquer... J'avais eu le meilleur mentor qui soit, j'avais pu profiter de chaque instant qu'il pouvait me consacrer... Sans me soucier du fait que j'avais par la même occasion accaparé son attention. Inconsciente de cela lorsque j'étais enfant, j'avais simplement ignoré l'égoïsme dont j'avais pu faire preuve à son égard. Etant petite, je n'avais pas vu l'évidente préférence qu'il avait pour sa fille mutante et sa déception en comprenant que son fils était dépourvu de don... En grandissant, j'aurais pu être fière de ce constat, me sentir meilleure, charrier mon frère... Mais j'avais finalement eu trop honte, m'étais sentie trop coupable pour en éprouver le besoin. Et c'était ce qui, depuis toujours, m'empêchait de voir quand Artur allait trop loin. C'était ce qui m'empêchait depuis plusieurs mois de lui en vouloir pour ce qu'il avait fait. Artur m'avait caché qu'il connaissait le meurtrier de mon fiancé ? J'avais blâmé Moren pour sa mauvaise influence. Il m'avait vaccinée ? Il n'avait fait que ce qu'il pensait être juste... Il avait tué une fille et était quelque part responsable de ma mort – du moins officiellement ? Je n'arrivais pas à lui en vouloir pour ça non plus. En réalité... Pour ça je n'en voulais à personne. J'en voulais à une mentalité, à la psychose ambiante, à un état de fait, mais je n'en voulais ni à Artur, ni à mon meurtrier.
Parce que quoi qu'on en dise, mon frère avait besoin d'aide... Besoin qu'on le guide, qu'on l'écoute, qu'on le comprenne... Pas qu'on le blâme et le mette tout de suite dans la case des méchants à abattre. Je me sentais tellement coupable, tellement mal... Si je n'avais pas été une mutante, ou si Artur en avait été un, les choses auraient sûrement été différentes... J'étais prête à tout lui pardonner, à tout accepter... Seulement ça... C'était avant qu'il ne s'attaque à mon père. Avant qu'il ne commette l'irréparable et aille trop loin. Il pouvait s'en prendre à moi, je me savais incapable de lui en vouloir. Mais il s'était attaqué à notre père... Quoi que... Le considérait-il réellement comme tel ? Alors que mon père me lançait d'une voix monocorde qu'Artur l'avait vacciné, je serrais les poings. Comment mon frère pouvait-il faire preuve d'une telle méchanceté, d'un tel égoïsme, d'une telle rancoeur ?
Bien sûr que mon père n'avait pas eu une attitude exemplaire avec lui, bien sûr qu'ils étaient trop similaire pour ne pas ouvertement se faire la guerre... Mais était-ce réellement une raison pour gâcher ainsi son existence ? Avait-il à ce point besoin de justifier ce qu'il appelait sa normalité en supprimant ce qui faisait de nous des êtres différents ? Artur avait-il seulement conscience du combat qu'avait mené mon père ? Maîtriser une mutation telle que la sienne sans aide, sans appui, sans qui que ce soit pour l'aider, savait-il à quel point c'était difficile ? Sans que je puisse faire quoi que ce soit pour la contrôler, ma voix se mit à vibrer de colère. Les objets les plus fragiles se mirent à vrombir, et le chiot couina en couchant ses oreilles.
« Tu es en train de me dire... Qu'Artur est venu ici... Après tout ce qui s'est passé... En sachant que c'est toi et certainement pas lui qui m'a sauvé la vie... Et que malgré tout ça il t'a vacciné ? Tu es en train de me dire qu'en plus d'être un petit con égoïste, mon frère est complètement cinglé ? »
Fini, les pardons... Fini les excuses... Artur venait de passer de la case petit frère adorable à celui de dangereux criminel recherché dans mon esprit. Car il avait touché à une personne que j'estimais plus que tout, que je mettais sur un piédestal en permanence... Car Artur s'en était pris à l'une des seules personnes pour qui j'étais prête à me battre jusqu'au bout. Un petit cercle très fermé, dans lequel on ne trouvait probablement en plus de mon père que Malachi, Seth, les jumeaux Caesar et Theodora. Artur, sale petite pourriture... Ce n'était pas mon frère. Le monstre qui avait pris possession de son corps semblait avoir annihiler tout de sa personnalité, tout de sa bonté ou de son intelligence qu'il avait jadis voulu mettre au service des autres. A présent, ses quelques neurones survivants ne semblaient plus vouloir faire autre chose que détruire les mutants.
« Il est hors de question que je te laisse seul, papa... J'ai été vaccinée, je sais quel effet ravageur peut avoir le vaccin... Tu n'as plus aucune sensation et tu t'es blessé, ça pourrait être bien pire ! »
Je temporisait au mieux les vibrations désagréables de ma voix pour retrouver le ton apaisant que j'avais employé un peu avant. Je ne pouvais croire que mon frère soit devenu cette abomination... Je ne pouvais tolérer qu'il puisse être aussi répugnant...
« Je v ais aller voir Artur... Il ne s'en tirera pas comme ça. Il est aller beaucoup trop loin... Il a tué une fille, et malgré tout il t'a vacciné... Il n'apprend pas de ses erreurs, au contraire il les répète ! Quel petit con ingrat... Je te jure j'vais lui faire la peau... Je vais lui passer l'envie de recommencer... »
Je fulminais, contenant difficilement ma colère, tandis ce que le chiot allait se réfugier derrière mon père, terrorisé par ma voix qui ne cessait les allers et venus entre la tension et la détente. J'avais envie de prendre mon frère par les épaules et de le secouer... J'avais envie... Envie de le vacciner. De lui faire subir ce qu'il nous avait fait subir à moi et mon père. Jamais je n'avais été aussi en colère après Artur, jamais je n'avais eu à ce point envie de lui faire entrer une leçon dans le crâne à coups de marteau piqueur.
« Co... Comment tu te sens ? Dis-moi ce que tu ressens, papa... Tu sais si c'est temporaire ou... Ou définitif ? »
Mon ton s'était fait plus timide, moins assuré. J'avais peur de la réponse... Peur de ce que mon allait me dire... Peur d'être à nouveau la seule mutante de la famille et de voir assumer mon rôle de tare aux yeux d'Artur... Tout comme j'angoissais déjà à l'idée de me retrouver face à mon frère en sachant que je devrais garder la tête haute et ne pas céder à ses techniques de manipulation.
Sujet: Re: The world has grown cold (moreas) Lun 25 Avr 2016 - 1:07
-moira & andreas-
The world has grown cold
Il n’y avait rien, absolument rien dans l’attitude d’Andreas qui pouvait faire croire qu’il était en état de débattre ou de parler de quoi que ce soit. Il n’en avait d’ailleurs absolument pas envie. Tout ce qu’il voulait, c’était la paix, ne pas être vu dans cet état et en particulier de sa fille. Il ne s’était jamais vanter d’être un bon père, pas plus qu’il ne s’était vanter d’être un bon mari. Il n’avait été ni l’un ni l’autre. Il avait aimé, à sa façon. Piètre mais, authentique. Ainsling avait reçu l’essentiel de son affection, de son attention. Moira en avait également eu une grande partie. Artur, c’était autre chose. Certes, il aurait pu se justifier en disant que Moira avait accaparé son temps parce qu’il avait dû gérer sa mutation, encaisser mais, c’était faux. Elle avait reçu plus d’attention que son frère parce qu’il avait agi ainsi par curiosité, pour la science. Non seulement la vérité était hideuse pour l’un mais, elle l’était également pour l’autre. Quant à Aisling, il lui avait menti, tout simplement. Combien de voyage en solitaire n’avait-il pas passé à défendre des mutants, à leur enseigner à se contrôler, à tuer des hunters trop prompts à appuyer sur la détente par peur d’une différence inévitable dans le code génétique. Il n’y avait que Moira pour lui trouver des excuses, pas même lui. Il n’était pas prêt à accepter ce qu’Artur avait fait pour autant mais, il y avait de quoi valider cette animosité entre eux. Pas à ce point cependant. Ses erreurs, il fallait les assumer. Artur était bien au-delà tout ça, il avait de loin dépasser ce qui était acceptable ou non et enfin, Moira le comprenait. Ça ne le ravissait pas pour autant, que du contraire. Indifférent à la douleur qu’il aurait dû ressentir, au réflexe de se couvrir les oreilles qui ne venait pas, il ne réagit pas immédiatement, apathique.
- « Il est venu ici. Oui. Et bien sûr que non il ne m’a pas vacciné ! » La colère, elle était là, palpable. Vrombissante. « Comme si Artur était capable de m’approcher sans que je réagisse ! Pour qui me prends-tu ? Je sais qu’il est dangereux ! Mais ton frère siège désormais au même rang que le responsable de la mort de ta mère. Il a tué ! C’est aussi simple que ça ! Bien sûr que non il ne m’a pas vacciné, il s’est menacé lui-même pour que je m’en charge ! » Aussi rapide qu’elle était arrivée, la colère retomba alors qu’il poursuivait d’une voix traînante. « Il s’est servi de mon affection pour lui. Ne pas me laisser le choix, m’obliger à agir, à m’ôter moi-même une partie de ce que je suis. Voilà qui est ton frère. » Ton frère, plus mon fils.
Fatigué, Andreas était fatigué. Cette variation constante dans ses humeurs étaient ce qu’il ressentait en permanence, il le savait. Hors, il se contrôlait aussi bien qu’il avait contrôlé sa mutation, en temps normal. Pour l’heure et probablement les semaines à venir -voire le reste de sa vie-, il était incapable de faire rentrer dans les rangs ses propres émotions et c’était proprement épuisant de devoir faire avec de cette façon. Que dire de plus ? Il n’avait plus de sensations, oui. Il s’était blessé, oui. Si ça pouvait être pire ? Très certainement. Seulement, Moira ne semblait pas réaliser que son sort semblait l’indifférer. Il agrippa pourtant le bras de sa fille, serrant un peu plus que de raisons, incapable de doser correctement sans rien ressentir. Il ne pouvait pas la laisser commettre e genre d’erreur. Moira était qui elle était et fort heureusement, elle n’était pas lui.
- « Ne songe même pas à approcher ton frère. Tu m’entends ? Tu n’apprends pas non plus des tiennes à la fin ! Que veux-tu, qu’il recommence ? »
Qu’elle le laisse donc à ses erreurs. Il s’en chargerait en temps voulu, quand il aurait trouvé sa première cible. Chaque chose en son temps, il y avait un temps pour tout, y compris pour s’occuper d’Artur. Il n’était pas encore prêt à le faire mais, ça viendrait. Il inspira, tentant vainement de se calmer. Il ôta sa main, relâcha le bras de sa fille, expira.
- « Je vis dans le chaos et l’apathie. Voilà ce que je ressens. Je ne suis pas certain que tu aies réellement envie de savoir ce que je ressens et je ne t’en parlerai pas davantage. Tu es ma fille, tu n’as pas à vivre avec les poids que je porte, c’est à moi de le faire pour toi. Et, pour ce que j’en sais, si tant est que la parole d’Artur vaille quelque chose, cet état est définitif. »
Peut-être que Moira comprendrait qu’elle ne pouvait rien et renoncerait, il le souhaitait même s’il savait que ça ne serait pas le cas. Elle avait bien trop pris de sa mère pour le laisser ainsi, faible, vulnérable, dans un état qu’il haïssait plus que les chasseurs eux-même.
Moira Kovalainen
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Sujet: Re: The world has grown cold (moreas) Lun 2 Mai 2016 - 17:11
The world has grown cold
Moira & Andreas
J'avais longtemps cru ma famille soudée, chacun de nous se disant tout et s'acceptant malgré les erreurs de chacun... Sur les photos de famille, on nous voyait tous les quatre, ma mère et son impérissable sourire, mon père et son air mi sérieux, mi heureux, Artur qui faisait la tête parce que j'essayais de le faire rire pour qu'il sourit... Et moi, l'infatigable clown qui faisait la grimace. J'y avais cru, à tout cas, à l'utopie de la famille heureuse et problème... Je m'étais tellement fourvoyée que la chose me revenait à présent en plein visage. Tous ces clichés soigneusement rangés dans des albums de famille étaient-ils des mensonges eux aussi ? Depuis combien de temps Artur et mon père se faisaient la guerre ? Depuis combien de temps y avait-il Artur, mon père... Et moi, prise entre eux ? Depuis combien de temps cette famille se résumait-elle à ma mère et moi, cherchant à sauver les meubles ? Maintenant que j'étais seule pour tenter d'arranger les choses, j'avais l'impression de devoir les tirer à moi jusqu'à m'en arracher les ligaments des épaules. J'avais le sentiment que plus je m'approchais de mon père, plus je m'éloignais d'Artur, et vice versa. Quoi que je fasse, je ne pouvais contenter les deux, mais je refusais de me laisser abattre pour autant.
Artur n'était plus lui-même, la conclusion s'imposa à moi d'elle-même. Il n'était plus lui-même depuis trop longtemps pour que je me souvienne avoir vu la transition. Seulement, j'avais l'impression d'être la seule à avoir remarqué ça... Je restais là, sans voix, figée par la nouvelle. Artur avait poussé notre père à se vacciner... Il ne l'avait pas tué, ne l'avait pas poussé à mettre fin à ses jours non plus, il avait fait pire que ça... Il lui avait ôté ce pour quoi il se battait depuis tant d'années. Mon frère avait à présent franchi la limite de non retour, fait l'erreur de trop... Et brisé les derniers éclats de confiance que j'avais en lui. J'avais davantage l'impression d'entendre parler d'un étranger que de mon petit frère. Pinçant les lèvres, je répliquais sèchement, appréciant peu la colère que mon père m'imposait.
« Tu as tué aussi, papa... Tu sais aussi bien que moi que cet argument ne marchera pas avec lui. Il s'est menacé, tu dis ? Quel genre de menace ? De se mettre une balle dans l'caisson si tu n'obtempérais pas ? Bon sang, papa... Je crois qu'on s'est fait avoir tous les deux. Lui a essayé de m'avoir par les sentiments et toi... Par la pitié... Artur n'a jamais eu le moindre élan de compassion à mon égard pour la mort de William... Il n'aurait pas non plus eu suffisamment de pulsions autodestructrices pour se donner la mort si tu refusais... »
J'avais goûté à l'hypocrisie d'Artur... Et à la rancoeur qu'il éprouvait à l'égard de mon père. Il ne se serait pas donné la mort pour une histoire de vaccin, Artur s'aimait plus qu'il n'aimait notre père, et j'en avais à présent la confirmation. Or, ça ce n'était pas mon frère. Ça, c'était le comportement d'un psychopathe, d'un pervers et d'un narcissique. C'était peut-être Moren qui lui avait soufflé l'idée, qui c'est ? Non... J'avais appris par le journal quelques jours plus tôt qu'il était mort, ce qui était loin de m'avoir chagrinée. Je serais bien aller cracher sur sa tombe si je n'avais pas eu peur de devoir faire la queue... Je restais persuadée qu'Artur n'aurait pas fait cela de son plein gré. Je ne voulais tout simplement pas accepter l'idée que mon frère puisse être ce meurtrier et ce personnage vicieux que tout le monde me décrivait, je ne voulais pas accepter que mon petit frère si gentil ne soit pas quelques part derrière ce masque de cruauté. Quitte à devoir accepter ça, je voulais qu'on me le prouve.
« Je ne comprends pas... Tu n'avais aucun moyen de l'en empêcher ? Qu'est ce que... Qu'est ce qu'il t'a dit ? »
Mais alors que je parlais d'aller trouver Artur pour lui remettre les idées en place, je sentis la main de mon père se refermer autour de mon poignet, dans une poigne qui ne tarda pas à me faire grimacer de douleur.
« Arrête papa ! Tu m'fais mal ! Lâche-moi ! »
Lorsqu'enfin il me relâcha, je me relevais et reculais pour aller chercher une chaise, tout en me massant le bras. Bon sang... Cette perte de sensation n'allait pas le rendre facile à vivre... Mais s'il pensait pouvoir m'empêcher d'aller faire bouffer le parquet à Artur, il se fourrait le doigt dans l'oeil jusqu'au coude !
« Écoute... Je ne sais pas mentir, tu le sais. Et je suis têtue comme une mule, tu le sais aussi. Alors non, je ne vais pas rester sagement les bras croisés pendant qu'Artur savoure sa soit disant victoire. Tout ce que je veux, c'est parler avec lui, comprendre pourquoi il a fait ça... Papa tu ne comprends pas c'qui s'passe ? Artur a besoin d'aide ! Il... Je suis persuadée qu'au fond, tout ce qu'il veut c'est qu'on l'aide... Et je trouverai comment... Je m'en fous du temps et de l'énergie que ça me prendra... »
Et je m'en fichais aussi d'être la seule à encore croire en lui... La seule à me souvenir de celui qu'il avait été et qu'il pouvait redevenir. Et si je me fourvoyais... Alors je préférais oblitérer tous souvenirs de mon frère pour ne pas avoir à accepter qu'il soit devenu un monstre. Moren avait beau être mort, il y avait toujours des traces de son passage et de son influence sur Artur, et je ne pouvais tolérer cela. Soupirant profondément, je pris le chiot sur mes genoux et je caressais pour le rassurer.
« Ecoute, papa... Je n'ai plus six ans... Je suis peut-être ta fille, mais plus une gamine... Jusqu'à preuve du contraire, des choses difficiles j'en ai encaissé ces derniers temps. Alors pour l'amour du ciel, ne te fermes pas comme ça... J'ai envie de savoir ce que tu ressens pour t'aider, il est hors de question que je te laisse dans cet état ! Arrête de jouer les super héros... T'as pas à porter un poids pour moi, on est une famille, bordel ! Une famille ça se sert les coudes ! »
Je me mordis la lèvre, comprenant qu'en effet, si Artur avait bien fait les choses, la vaccination de mon père était certainement définitive. Il s'était trompé avec moi, y avait-il un espoir pour qu'il ait commis la même erreur une seconde fois ? J'en doutais quelque peu...
« Il s'est trompé avec moi... Il s'est peut-être aussi trompé avec toi... Tu as besoin de mon aide, Artur aussi, mais nous avons tous les deux besoin de toi... Si je dois être seule face à tout ça, je le serai... Mais ça serait plus simple si on pouvait se serrer les coudes... »
Sujet: Re: The world has grown cold (moreas) Ven 10 Juin 2016 - 18:36
-moira & andreas-
The world has grown cold
Cette situation toute entière mettait les nerfs d’Andreas à rude épreuve et il n’avait ni les moyens ni une envie véritable de contrôler les sentiments négatifs qui faisait naître en lui un ouragan sans précédent. Que Moira n’apprécie pas le voir dans cet état était désormais le cadet de ses soucis, il avait tout fait pour qu’on ne puisse pas le voir ainsi et elle avait tout fait pour le voir. Il allait désormais falloir que ses enfants -tous sans aucune exception- assument leurs choix, leurs erreurs et le reste. Les yeux fort probablement étrécis par la colère et la rage -s’il avait encore eu sa mutation, l’orage aurait grondé-, il observa longtemps sa fille avant d’exploser à nouveau.
- « Bien entendu que j’ai tué et je le referai si c’est pour protéger les mutants d’une bande d’imbéciles resté coincé à l’époque de la chasse aux sorcières. Et j’y place très largement ton frère. Si mon sang ne coulait pas dans ses veines, j’aurais laissé le frère de sa victime l’achever ou je l’aurais moi-même abattu ! Ni plus, ni moins ! Ne crois-tu pas que je sais pertinemment avoir fait une erreur en voulant le protéger de lui-même une fois de plus ? C’est terminé. »
Et cette dernière phrase n’avait pas été prononcée avec la même colère retentissante que le début de sa tirade. Cette phrase n’avait été que colère froide et certitude. Ce qu’Andreas avait un jour pu ressentir pour Artur était enterré sous une couche désormais très conséquente de haine. Le frère de Moira avait agi comme les chasseurs qu’il avait poursuivi toute sa vie, protégeant les mutants qu’ils croisaient de leur aveuglement.
- « J’aimais cet enfant ! C’était mon fils ! Tu croyais réellement que j’allais le laisser se trancher les veines dans mon salon ? Il a utilisé ce qu’il persiste à croire inexistant chez moi à son égard pour arriver à ses fins. Ironique n’est-ce pas de réussir par la même à détruire ça ? »
Il n’y avait, tout bonnement, rien à sauver chez ce garçon et il n’essayerait même pas de le faire. Comme il l’avait dit, c’était terminé. Le regard dur et le même énervement couvant encore et toujours, il écouta parler Moira et de nouveau, il se mit en colère. Son incapacité à contrôler ses réactions étaient vraiment désagréable et fatiguante.
- « Fais ce que tu veux, je ne veux pas le savoir. Entête-toi si tu le désires. Berce toi d’illusions si tu peux encore te permettre d’être roulée par ton frère, mais je refuse d’en entendre parler. Comme tu viens si bien de le dire, tu n’as plus six ans alors débrouille toi avec les conséquences de tes actes. » Quant aux restes… elle voulait réellement savoir ? « J’ai perdu ma femme Moira. Abattue par un membre de l’espèce de ton propre frère. Comment crois-tu que je me sente en le voyant agir comme le monstre qui me l’a prise ? Je vois mes enfants se détruire ou être détruit par d’autres. Mon état est bien au-delà de ce que les mots fatigue et colère sont capables d’exprimer. »
Andreas se leva et la laissa s’occuper du chiot pour le moment, il devait déjà se gérer lui-même, c’était bien assez. Il sera les poings, inspirant profondément. Par sécurité, il agrippa un meuble pour ne pas se blesser lui-même, ou du moins, dans une moindre mesure.
- « Il n’a pas besoin de moi et je ne compte plus lui venir en aide d’une quelconque manière Moira… Entre toi ça dans le crâne ! » Il avait crié sur la fin. Il fallait qu’elle comprenne que cette fois, Artur avait eu le geste de trop. « Tu veux approcher ton frère ? Discuter malgré mon avertissement ? Bien. Tu es adulte après tout, fais comme bon te semble. Mais je t’avertis, je n’interviendrai en rien si ça le concerne et ce ne sont pas des paroles en l’air Moira. Tiens-le-toi pour dit, je ne me répèterai pas et tu le sais mieux que quiconque. »
Ce n’était peut-être pas juste, mais il n’agirait pas autrement. S’il fallait en passer par ça et d’autres catastrophe pour qu’elle comprenne, qu’il en soit ainsi. Il l’avait prévenue, si elle voulait n’en faire qu’à sa tête, elle aussi allait devoir assumer les conséquences.