Merry ne s’était pas levée du bon pied, ce matin. Elle avait fait des cauchemars qui l’avaient réveillée plusieurs fois durant la nuit, mais elle était incapable de se souvenir de quoi que ce soit. Il ne restait qu’une sensation oppressante au milieu de sa poitrine, qui perdura longtemps après qu’elle se soit finalement levée. Ca lui arrivait beaucoup trop souvent, depuis qu’elle avait vacciné le seul mutant qui était capable, à sa connaissance, de lui ramener Isobel. A cause de lui, elle s’était leurrée d’illusions fantastiques, et les quelques jours où elle avait cru qu’il pourrait l’aider avaient été les meilleurs qu’elle ait vécu depuis des mois. Elle était horrifiée de s’être laissée berner ainsi, d’avoir imaginé tant de choses alors qu’il n’y avait jamais eu le moindre espoir. Isobel était morte depuis des années, et elle l’avait accepté depuis longtemps. Mais elle avait replongé tête la première dans la souffrance que son absence avait causé quand elle était décédée. C’était un cercle infernal dont elle s’était sortie en rejoignant les hunters, en France, trois ans plus tôt. Et aujourd’hui, comment pouvait-elle s’en sortir ? Elle se jetait corps et âme dans la chasse, ça lui donnait au moins la satisfaction d’œuvrer pour une cause juste, mais ça n’allégeait pas la douleur qui pulsait au fond de son cœur. Elle était perdue, elle ne savait plus comment se réveiller sans avoir l’impression qu’elle allait sombrer au fond du gouffre. Mais comme tous les jours, elle tenait bon en songeant aux chasses qui l’attendaient.

Pour l’instant, elle préparait son petit sac pour aller visiter les gens chez qui elle travaillait encore. Elle avait du mal à se concentrer là-dessus, également. Pourtant, ce boulot était parfait pour elle, il y avait eu un temps où elle adorait se rendre utile en aidant les personnes diminuées à avoir une vie plus agréable et plus décente. Seulement la chasse des transmutants rendait tout le reste terne et sans intérêt. Elle devait se forcer pour continuer à travailler, pour se convaincre que les hunters ne pouvaient pas être toute sa vie. Et elle se le répétait encore une fois, sans grande conviction, quand on frappa à sa porte. Elle releva la tête, surprise : elle n’attendait personne. Mais un sourire s’étala sur son visage quand elle vit que Dan se tenait derrière sa porte, l’air un peu gêné. « Salut. Tu vas bien ? On ne s'est pas revu depuis un moment… » Ca faisait longtemps, effectivement, mais Merry était tellement contente de revoir son frère qu’elle se jeta à son cou sans aucune hésitation. « Dan ! » La dernière fois qu’elle avait vu Zeke, ça avait été une catastrophe, et elle en avait beaucoup souffert. Elle ne tenait pas à détruire sa relation avec Dan de la même façon. Ses frères adoptifs, elle les aimait comme s’ils étaient de son sang. Elle savait qu’elle aurait du contacter plus tôt le plus jeune des deux, mais elle s’était perdue dans ses petits problèmes personnels et ne l’avait finalement pas fait. « Entre ! Je suis tellement contente que tu sois passé. Qu’est-ce que tu fais par là ? » Elle le tira à l’intérieur, rejetant dans un coin de sa tête les idées noires qu’elle avait la plupart du temps. « Tu veux boire quelque chose, un café ? »