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 Grayspen ~ Unexpected pillow talk

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MessageSujet: Grayspen ~ Unexpected pillow talk   Grayspen ~ Unexpected pillow talk Icon_minitimeDim 14 Fév 2016 - 22:08

Show me your scars, I'll show you mine
"Grayman" & Aspen
C’était sensé être une bonne soirée. Sensée. Ça faisait déjà 24 minutes qu’elle était assise sur l’un des tabourets du bar, à guetter son téléphone et Priam qui n’arrivait pas. Merci les copains hein. Elle avait besoin de changer les idées après … Après tout ce qui s’était passée dans sa vie récemment, elle se raccrochait comme à une bouée de secours aux quelques amis qu’il lui restait, en dehors de sa famille et des Callahan qui … n’étaient plus vraiment ses amis, de toute évidence. Elle avait pensé à Marius d’abord, mais elle se doutait bien qu’entre sa blessure et Astrid qui devait être grosse comme une pastèque, il devait surement avoir autre chose à faire qu’écumer les bars avec  Il y avait bien Iso, mais… non, elle ne pouvait pas décemment l’appeler encore ce soir, alors qu’elle avait déjà passé la soirée de la veille chez elle, elle allait finir par la trouver terriblement collante. Alors Priam, c’était le choix parfait. Qui n’arrivait pas. Elle avait commandé un coca light, histoire de ne pas se saouler seule, c’était quand même limite, et en était au troisième importun qu’elle congédiait d’un regard glacial : elle était là pour voir Priam, se changer les idées, pas pour draguer du menu fretin. Et Priam qui n’arrivait toujours pas.

*bipbip*

Un texto. Il ne pouvait finalement pas venir, raison perso, et il s’excusait platement. Su-Per. Elle était donc totalement seule à vingt deux heures dans un bar qu’elle n’aimait même pas, et pire, elle avait remis à plus tard une séance de gratouilles-séries avec son chat pour finalement se faire poser un lapin. Joie. Aspen se prit la tête dans les mains, secouant ses cheveux pour reprendre un peu de contenance : Ok, ce n’était pas grave, c’était juste un contre temps, rien de plus. Ça ne voulait pas dire que Priam lui faisait la tête, la preuve, il avait dit qu’il lui proposerait autre chose dans la semaine. Respire Aspen, tout le monde ne va pas t’abandonner d’un coup, comme ça. Elle se mit à rassembler les affaires dans son sac, posant un billet sur le comptoir pour le barman, tournant sur son tabouret pour balayer une dernière fois la salle du regard, regard qui s’accrocha, peu avant la sortie, sur une silhouette sombre, tout au fond. Elle plissa les yeux, alors qu’un air de déjà vu lui traversa l’esprit, la forçant à l’immobilité un instant : cette tête là, elle l’avait déjà vu … de près, elle en était sure. Il lui fallut bien une minute pour resituer le visage du jeune homme qui semblait siroter un … jus d’ananas au fond du bar : C’était lors de la soirée qu’elle avait faite avec Marius quelques mois auparavant, ils avaient fait un bière pong ensemble, elle avait gagné, sans savoir à l’époque que le jeune homme enquillait les verres de jus de fruit plutôt que de bière. Ils avaient sympathisé comme peuvent le faire deux personnes un samedi soir dans un bar dansant, avant qu’elle ne doive le planter au milieu de la piste sans explication pour voler au secours de Marius qui avait la langue dans la bouche d’une fille qui n’était pas sa fiancée. Elle avait toujours eu une pointe de déception de ne pas avoir pu revoir le grand métisse qui dansait si bien d’ailleurs, et qui ne l’avait pas rappelé, malgré le numéro de téléphone qu’elle avait laissé dans sa poche de jean. Bon, elle était un peu pompette ce soir là, elle n’était même pas sure d’avoir donné le bon numéro. Elle réfléchit un moment, puis décida de s’approcher de ce pas tant que ça inconnu : soirée foutue pour foutue, au moins pouvait elle essayer de trouver quelqu’un avec qui papoter jusqu’au couvre feu. Et peut être qu’elle irait chasser après tient, ça la détendrait.  Elle s’approcha du banc matelassé où était assis le grand …chauve, tiens, ça elle ne s’en souvenait pas, avant de s’assoir à coté de lui avec toute la grâce et la confiance qui la caractérisaient, son verre de coca à la main :

- Hello, je viens de me faire planter par un pote qui pense que réparer sa moto c’est plus marrant que de trinquer avec moi. On a pas déjà fait un bière pong ensemble au Joey’s, il y a un petit moment déjà ?

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MessageSujet: Re: Grayspen ~ Unexpected pillow talk   Grayspen ~ Unexpected pillow talk Icon_minitimeLun 15 Fév 2016 - 4:22

Aspen & Grayman
   
Grayman ne buvait pas d’alcool. Premièrement, il le tenait très mal, et il suffisait d’une demi pinte de bière légère pour lui faire tourner la tête, une pinte entière pour commencer à l’enivrer. Deuxièmement, il n’aimait pas le goût des boissons alcoolisées. Ce n’était pas faute d’en avoir goûté quelques unes durant ses années de voyage, mais non, définitivement, ça ne lui plaisait pas. Et pourtant, il n’aurait pas dit non à quelque chose qui puisse l’assommer le temps de quelques heures. Assis dans le fond d’un bar, trop nerveux pour rester chez lui, il faisait tourner et retourner dans son verre un jus d’ananas d’un jaune presque trop vif donc l’acide attaquait son œsophage dans une brûlure bienvenue.
Les deux semaines qui venaient de s’écouler avaient été difficiles à gérer. Aria était morte – pour ajouter de l’ironie à la situation, elle s’était fait assassiner le jour où elle aurait dû partir avec lui. Elle avait été tuée par des hunters, des tueurs de mutants qui l’avaient abattue comme on abat une bête enragée, laissant son corps pourrir au milieu des décombres d’un vieux building qui s’était écroulé pendant la fête foraine. Elle était morte seule, dans la douleur, et même s’il savait pertinemment qu’il n’aurait pas pu le prévoir, une petite part de lui s’en voulait de l’avoir laissée. Ceci dit, son frère avait l’air particulièrement détruit par cette perte. La rencontre avec Cesare avait été mouvementée, c’était le moins que l’on puisse dire. Trop de tension s’était bâtie durant leur conversation, trop de hargne s’était formée entre eux alors que le géant apprenait de la bouche du jeune DeMaggio que celle qui aurait pu devenir sa compagne était morte. Lui aussi avait mal réagit ; face au garçon, il était devenu acide, persifleur même, lui renvoyant au visage une responsabilité qui ne leur incombait à aucun des deux. Forcément, ça ne pouvait pas bien se terminer. A se demander même si ça aurait pu seulement bien commencer un jour. Mais là, leur relation avait très mal démarré, et il n’était pas sûr qu’elle s’améliore un jour. Et quelque part, le tatoué ne savait pas s’il en avait envie. Il était encore trop en colère, trop blessé par la nouvelle pour en avoir quelque chose à faire. Ce n’avait pas été de l’amour fou qu’il avait eu pour Aria mais, visiblement, ça avait été une affection suffisante pour mettre du temps à digérer son meurtre. Suffisante aussi pour qu’il entre dans une période où il agissait beaucoup plus par instinct que par raison. Peut-être que tout ça lui attirerait des problèmes, mais pour l’instant, il s’en fichait bien. Au pire, il finirait entre quatre planches ; quatre planches qui étaient la destination finale de tout être vivant, alors s’il devait y arriver plus vite que les autres, eh bien tant pis. Mais il fallait qu’il se laisse aller, qu’il relâche la pression avant d’exploser pour de bon. Et quand il serait calmé, seulement quand il serait calmé, alors il consentirait à agir plus sereinement.

Il avait presque fini son verre qui, soit dit en passant, lui avait valu un certain nombre de regards amusés ou moqueurs, lorsqu’une silhouette énergique à l’abondante chevelure rousse vint s’asseoir à côté de lui, sur la même banquette où il s’était installé environ une heure plus tôt. Le vacciné haussa un sourcil et détailla la nouvelle arrivante, persuadé de l’avoir déjà vue quelque part. Ce ne fut que lorsqu’elle prit la parole qu’il l’associa enfin à une date et un souvenir. En effet, ils avaient passé un moment plutôt divertissant quelques semaines plus tôt, et il était assez étonné qu’elle s’en souvienne après la quantité d’alcool plus que respectable qu’elle avait avalé. Il lui répondit cependant d’un sourire aimable et quelque peu amusé.

- Eh bien, quelle mémoire. En effet, c’était moi.

C’était également lui qui avait retrouvé un numéro de téléphone glissé dans la poche arrière de son pantalon. Il avait bien sentit une main filer à cet endroit-là et ne s’en était pas formalisé davantage. Il n’avait pas appelé cependant – ce n’était pas son genre, et il n’en avait absolument pas vu l’intérêt. Quel joli coup du sort néanmoins qu’ils se retrouvent malgré tout, et dans un autre bar qui plus est.

- Quant à toi, tu as l’air plus sobre qu’à notre dernière rencontre.

A moins que des bières particulièrement pétillantes ne soient sur le marché, Grayman était à peu près certain que c’était un soda dans le verre de la rouquine. Cela dit, si elle attendait quelqu’un, ça n’avait rien de très étonnant qu’elle ait voulu attendre avant d’entamer une boisson plus forte. Mais ce quelqu’un lui avait posé un lapin, et elle avait réussi à le voir alors qu’il s’était isolé dans un coin sombre et calme. Elle avait le coup d’œil, ou bien l’habitude de repérer les choses qui détonnaient dans le décor.

- Que puis-je faire pour toi, cette fois ? Je t’aurais bien proposé une revanche, mais je ne suis pas persuadé que toi ni moi soyons particulièrement motivés.

Il profitait du fait d’être assis pour pouvoir presque la regarder dans les yeux sans avoir à trop baisser la tête. Il ne faisait aucun doute que quand ils devraient se lever, ce serait une tout autre histoire.
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MessageSujet: Re: Grayspen ~ Unexpected pillow talk   Grayspen ~ Unexpected pillow talk Icon_minitimeLun 15 Fév 2016 - 10:18

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"Grayman" & Aspen
Parce qu’elle ne supportait pas la solitude, jamais, Aspen était capable d’aller s’installer sans aucun problème à la table d’un presque inconnu pour lui faire la conversation, mais à lui, pas à un des gros nazes qu’elle avait congédié plutôt. Pourquoi lui ? Déjà parce qu’il avait l’air aussi seul qu’elle à cet instant précis, et pas entouré d’une bande de potes balours, et puis parce que du peu qu’ils s’étaient déjà cotoyés, il avait l’air d’un individu mentalement stable. Autour d’une table de ping pong en tout cas. Elle était comme ça la Wolstenholme, elle n’avait pas peur du ridicule, et puis, qu’est ce qu’il y avait de ridicule à aller faire un brin de causette avec un joli garçon. Aucun, donc voilà.

- Touché. * qu’elle dit en posant son verre de coca juste à coté de celui de jus de celui dont elle ne connait même pas le nom, pas encore* En même temps un grand dadet comme toi, ça s’oublie pas facilement.

La vérité, c’était qu’Aspen avait une excellente mémoire, la faute aux années de pratiques intensives du violon, à l’entrainement quotidien à la chasse et à sa bosse des maths. Elle n’avait pas un QI explosant les scores, bien qu’elle soit plus que bien dotée, mais disons qu’on lui avait appris dès son plus jeune âge à se servir de sa caboche, et surtout à imprimer durablement les informations sous sa jolie crinière rousse. Ça avait ses avantages et ses inconvénients, mais pour l’instant elle était surtout bien contente d’avoir réussi à repérer le jeune homme au fond de ce bar bruyant. Pour l’instant, il ne semblait pas particulièrement embêté par sa présence, aussi elle n’hésita pas à s’asseoir à coté de lui, sans le coller non plus. Il ne s’agissait pas non plus de passer pour une gourgandine mal élevée, quand même.

- Alors pour tout te dire, je crois que j’ai perdu ma soirée. Et j’ai, genre, horreur de ça, savoir que je pourrais déjà être dans mon lit à regarder Grey’s anatomy au lieu d’avoir les tympans agressés par de la mauvaise techno. Alors du coup, je me suis dite qu’à défaut, vu que t’avais l’air tout seul toi aussi, je pourrais venir te faire la conversation, qu’au pire ça nous occuperait dix minutes, qu’au mieux il s’avèrerait que tu es mignon ET spirituel. Sait on jamais hein.

Un sourire, encore. Elle a un joli sourire, et bien consciente de ça, elle l’utilise comme on emploie une arme : on peut être insensible à une paire de jambes, à un décolleté ravageuse, un toucher un peu sulfureux, mais elle ne connaissait pas grand monde qui pouvait résister à une jolie risette. Son sourire lui étirait ses traits pour souligner ses jolies pommettes un peu roses, son regard félin et surtout, il creusait deux fossettes au creux de ses joues. C’était difficile de résister à Aspen vous faisant les yeux doux comme ça, demandez à son père, à son frangin, tout ce qu’ils ont pu faire juste pour le joli sourire de la cadette des Wolstenholme. Elle posa le coude sur la table, appuyant sa joue sur sa main, sans quitter le grand brun des yeux, tendant l’autre (main, pas brun) en sa direction pour se présenter :

- Je m’appelle Aspen. Maintenant que tu sais que j’ai des amis en carton, c’est quoi, toi, ton excuse pour être tout seul dans ton coin comme un malheureux ? T’attends quelqu’un qui ne viendra pas, toi aussi ?

Elle ne savait pas qu’elle était proche de la vérité, en un sens. Tout ce qui lui importait, c’était de pouvoir se concentrer sur autre chose que sa solitude écrasante, et toutes les pensées parasites qui venaient gratter à la surface de son inconscient. Il fallait qu’elle se tienne occupée, tout simplement, à tout prix, et le grand, grand métisse apparaissait être une très belle distraction. Peut être même plus que Priam ou Marius ou Isobel. Lui il était tout nouveau, tout beau, tout neuf. Avec lui, ce soir, elle pouvait s’inventer une vie, une vie rêvée, une personnalité flamboyante, elle allait pouvoir lui en mettre plein les yeux et raconter n’importe quoi, pour le temps d’une soirée oublier elle-même totalement à quel point son existence partait totalement en sucette en ce moment.

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MessageSujet: Re: Grayspen ~ Unexpected pillow talk   Grayspen ~ Unexpected pillow talk Icon_minitimeLun 15 Fév 2016 - 14:45

Aspen & Grayman
   
Grayman n’était pas le plus social de tous les hommes. Oh bien sûr, il ne repousserait pas quelqu’un venant lui parler – pas sans une très bonne raison du moins – mais il était rare qu’il aille de lui-même vers les autres. Quelque part, il se complaisait dans sa solitude qu’il n’avait refusé de sacrifier que de rares fois pour faire un bout de chemin avec quelqu’un. Aria, pour ne citer qu’elle, avait été l’une de ceux-là. Quel dommage, quel gâchis d’avoir été tuée à vingt-et-un ans à peine. Tout ça parce qu’une bande de fanatiques fermés d’esprit l’avaient jugé comme on jugeait les sorcières qu’on brûlait sur le bûcher. Elle n’avait pas eu l’occasion de se défendre, elle n’avait pas eu la moindre chance de s’en sortir. Et ça, ça mettait le grand chauve d’autant plus en colère de savoir qu’on l’avait laissée se débattre comme un animal blessé voyant la mort arriver à toute vitesse. Il fallait qu’il se sorte ça de la tête, ou plutôt qu’il arrive à penser à autre chose. Il commençait à y arriver et, il devait bien l’admettre, les bruits parasites de la foule empêchaient son cerveau de trop ressasser les mêmes choses. Et la jeune femme qui venait de se rapprocher de lui semblait avoir une conversation suffisamment plaisante pour l’aider à focaliser ses pensées sur quelque chose de différent. Il esquissa un sourire en coin à sa remarque.

- Il paraîtrait que ma taille marque les esprits, oui. Allez savoir pourquoi.

Le tatoué se rappelait des regards qu’il avait récolté parfois lorsqu’il déplaçait sa gigantesque carcasse d’un lieu à l’autre. Il ne savait absolument pas d’où lui venait cette taille colossale et à dire vrai, il s’en fichait assez. Il était grand, très grand même, et il avait fait avec, tout simplement.
Se tournant juste assez pour pouvoir regarder la rouquine sans se dévisser le cou, il lui demanda, par politesse comme par curiosité, la raison de sa présence imprévue à sa table. Il l’écouta raconter à quel point elle pensait avoir raté sa soirée et ne perdit pas son sourire amusé en voyant celui qui fendit le visage de la demoiselle, dessinant des fossettes sur ses joues. Elle était plus que jolie, ça ne faisait aucun doute, et il se demandait combien d’hommes étaient déjà tombés pour ce sourire. Quant à lui, ça ne l’atteignait pas autant que ça aurait pu, mais il applaudit mentalement l’effort de la jeune femme.

- Je m’en voudrais de te décevoir.

Sans se considérer comme un intellectuel, il estimait cependant qu’un esprit était aussi important à entretenir qu’un corps ; heureusement pour lui, l’ancien mutant était particulièrement curieux de nature et cherchait toujours à élargir ses connaissances. Il n’aurait probablement pas de mal à être aussi spirituel que l’imaginait la jeune femme, et s’il ne l’était pas, eh bien ce serait elle qui pourrait lui apprendre de nouvelles choses.
Il tendit la main pour serrer celle que la demoiselle lui tendit et un léger rire s’échappa du fond de sa gorge.

- Je m’appelle Grayman, et disons que tu n’es pas loin du tout de la vérité.

Sauf que lui, la personne qu’il attendait ne viendrait plus jamais. Et lui ne pourrait même pas aller visiter sa tombe puisqu’elle n’en avait pas. Il devrait se contenter de faire son deuil sans corps à pleurer et passer à autre chose en se débrouillant pour ravaler les sentiments qui se battaient à l’intérieur de son crâne. Il n’aurait pas cru être attaché ainsi à la cadette DeMaggio, mais il fallait bien qu’il se rende à l’évidence : il commençait seulement à réaliser qu’elle ne reviendrait pas.
Chassant l’image d’Aria de son esprit, il leva légèrement son verre comme pour trinquer avec Aspen.

- Eh bien, d’abandonné à abandonné, continuons cette conversation. Après tout, ce n’est pas comme si tes amis ou les miens allaient apparaître de nulle part.

Les siens, en tout cas, étaient trop éparpillé çà et là d’un bout à l’autre des Etats-Unis qu’il doutait fortement d’en recroiser un ici. Ceux de la jeune femme, c’était une autre histoire, mais il ne savait pas si elle irait les rejoindre s’ils devaient arriver maintenant. Quelque part, il aurait préféré que non : quitte à avoir une distraction, autant l’avoir le plus longtemps possible.
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MessageSujet: Re: Grayspen ~ Unexpected pillow talk   Grayspen ~ Unexpected pillow talk Icon_minitimeLun 15 Fév 2016 - 17:40

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"Grayman" & Aspen
Bon déjà, Grayman ne l’avait pas envoyé paitre comme elle l’avait fait avec les trois garçons peu avant, c’était déjà pas mal. Il fallait dire qu’elle n’avait pas l’habitude qu’on décline la proposition de sa compagnie, mais quand même. En ce moment, elle doutait de tout. Il ne semblait pas être du genre bavard, le grand sexy chocolat, mais il n’avait pas l’air spécialement farouche. De plus près, Aspen pouvait dire avec certitude que le jeune homme était tout à fait à son gout, avec son regard profond et un peu moqueur, ses lèvres formant naturellement une moue un peu boudeuse. Il avait une voix naturellement grave, profonde, mais posée, aussi. Il ne devait probablement pas crier beaucoup, à son humble avis. Et puis, il sentait bon : on connait l’obsession d’Aspen pour les parfums masculins, et on pouvait savoir si elle était capable d’aller plus loin avec un homme uniquement s’il dégageait une odeur agréable ou non. Or, Grayman avait une odeur particulière, agréable, quelque chose qui ressemblait à l’odeur du macadam chaud sur lequel tombe la pluie d’un orage d’été, ou quelque chose comme ça. Peut être divaguait elle un peu, mais bon, se concentrer sur l’odeur d’un garçon dans un bar, c’était toujours mis que de se rendre malade à cause de l’image de son ex avec une autre femme. Elle prit un air sérieux, reprenant une gorgée de sa boisson :

- Vraiment surprenant, enfin bon, c’est une façon comme une autre de se souvenir des gens.

La main de Grayman enveloppa la sienne toute entière. Il était littéralement immense, et ses mains l’étaient tout autant.

- Ça va, pour l’instant, je suis pas déçue du tout. Grayman… C’est un nom de famille non ? T’as un prénom tellement honteux, que tu préfères te faire appeler par ton nom de famille ?

Il n’y avait rien de moqueur dans la voix de la jeune femme, tout juste de la curiosité : elle ne savait rien de lui, et lui rien d’elle, alors c’était un moyen comme un autre de faire connaissance. Rien de trop personnel, rien de trop intime, c’était très raisonnable, pour un début. Elle leva son verre de soda pour le faire tinter contre celui du grand métisse, avant de prendre une gorgée, encore : ça manquait de rhum dans ce coca, mais elle se connaissait, si elle ingérait de l’alcool, elle allait se mettre à faire vraiment, vraiment n’importe quoi. Et elle préférait éviter.

- Donc … Grayman … Je suppose que t’es pas de Radcliff, sinon une fouineuse comme moi t’aurais déjà repéré depuis belles lurettes. Tu es venu pour bosser, du coup ?

Là aussi, la réponse n’avait pas tant d’importance. Ça permettait d’enchainer, d’éviter les blancs gênants, d’éviter qu’il se rende compte qu’il y avait d’autres filles bien plus belles dans le bar, ou que la musique était trop forte, qu’il avait envie de partir. Alors elle continua un moment à lui faire raconter des trucs insignifiants sur elle, sur lui, sur la raison pour laquelle il ne l’avait pas rappelé, qu’il éluda dans une excuse bidon qu’elle goba sans trop en demander. C’était pas très important de toute façon, et elle se dit juste qu’il était d’agréable compagnie et qu’il ne semblait pas avoir envie de de s’enfuir à toute jambe. Elle riait à ses traits d’esprit, il souriait à ses grands airs. Ce n’était pas le coup de foudre, mais pour autant, le courant passait bien entre eux. Suffisamment pour qu’elle ait envie que la soirée se poursuive encore longtemps.

- Donc … Grayman, 33 ans, avec un peu d’accent anglais mignon et addict aux jus de fruit, ça en fait un mélange surprenant. Et tu …

Elle fut interrompu par le soudain silence qui emplit le bar, et par les lumières qui s’allumèrent brutalement, illuminant le bar dans le moindre de ses recoins : le barman mit ses mains autour de sa bouche pour crier à la volée que, désolé les gars, mais il ne restait plus que 15 minutes avant le couvre feu, faudrait pas trainer. Aspen plissa le nez, visiblement contrariée, avant de tourner la tête vers Grayman : qu’est ce qu’elle devait faire ? S’en aller et aller se coucher, seule et un peu frustrée ? Ou être un peu plus… Pro active que ce qu’elle était d’ordinaire ? Osez, osez Joséphine…

- Bon … Je sais que on se connait depuis … 1h 18 précisément, et que ça peut paraitre un peu … hâtif, mais j’ai mon appart’ à juste 5 minutes, tu veux monter ? je dois avoir du jus de cassis de ma coloc et du jus d’orange, on pourrait continuer à ne pas s’alcooliser et à discuter ?

Dis oui di oui dis oui. Elle n’avait pas envie d’être toute seule. Pas ce soir. Elle n’en pouvait plus de ruminer toute la nuit.


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MessageSujet: Re: Grayspen ~ Unexpected pillow talk   Grayspen ~ Unexpected pillow talk Icon_minitimeLun 15 Fév 2016 - 23:43

Aspen & Grayman
   
Plus les minutes passaient, plus Grayman se disait que, définitivement, cette jeune demoiselle aux cheveux flamboyants n’avait rien de farouche ; après tout, il en fallait, du culot, pour retourner parler à quelqu’un que l’on n’avait croisé qu’une fois au détour d’un jeu pas bien méchant joué dans un bar quelques semaines plus tôt. Quelqu’un qui n’avait pas pris la peine de composer le numéro qu’elle avait glissé dans sa poche qui plus est. Et pourtant, elle était là, Aspen, assise sur la banquette tout au fond du bar, dans un coin où les lumières ne les atteignaient pas. Elle semblait bien décidée à rester pour parler et ça ne dérangeait pas le géant basané. Au contraire, il était assez satisfait et un peu soulagé de pouvoir se changer les idées ne serait-ce que l’espace de quelques minutes. Ce serait toujours ça de gagné, ce serait toujours ce répit-là accordé à ses pensées qui voltigeaient dans tous les sens.
A la question qu’elle posa au sujet de son nom, son sourire en coin s’élargit quelque peu.

- Sans être particulièrement honteux, disons simplement que je ne l’aime pas du tout.


C’était un bel euphémisme pour dire qu’il se tendait brutalement à chaque fois que quelqu’un avait eu le malheur de l’appeler par son prénom. Il avait failli avoir quelques réflexes malheureux en entendant d’autres personnes le prononcer sans pourtant s’adresser à lui. Après tout, David, c’était un patronyme très courant. Il avait dû faire de sacrés efforts de patience et se conditionner à ne plus réagir aussi mal à chaque fois que ces quelques lettres étaient dites. Il ne donnait que son nom de famille et il était tellement habitué à ce qu’on l’appelle ainsi qu’il n’imaginait même plus se présenter autrement de toute façon.
Ne pensant plus à cette question, il préféra répondre à celle que lui posa la jeune femme.

- Curieuse, hm ? Tu m’aurais repéré facilement, en effet – je ne passe pas particulièrement inaperçu.

Il le pouvait autrefois, lorsqu’il pouvait encore voyager d’une ombre à l’autre et s’y cacher aussi longtemps qu’il le souhaitait. Mais désormais, du haut de ses deux mètres vingt, il n’y avait guère plus que la nuit qu’il était un tant soit peu discret, se fondant étonnamment bien dans les ténèbres. A croire qu’il avait conservé un petit quelque chose de son pouvoir, en fin de compte.

- J’étais venu simplement en voyage et il faut croire que cette ville m’a plu puisque j’y suis encore.

Il n’avait surtout pas eu le choix. Entre Aria et le vaccin, il était resté longtemps, bien plus longtemps que nécessaire. Il s’était demandé si ça avait été une si bonne idée, s’il n’aurait pas mieux fait de s’en aller plutôt que de rebrousser chemin pour retrouver une morte. Sauf que cette mort, il ne la connaissait que depuis une poignée de jours à peine. S’il avait su, en effet, il serait parti, seul au lieu d’être accompagné de la jeune DeMaggio, mais il n’avait eu aucun moyen d’être mis au courant de son assassinat. Alors il était retourné à Radcliff, cette ville où il avait perdu son don et sa compagne. Mais ce soir, il ne voulait plus penser à ces pertes. Il n’était plus seul à se morfondre dans son coin et à fulminer silencieusement d’une rage sourde, et peut-être qu’Aspen était la distraction qu’il lui fallait. Alors il entretint la conversation, restant aussi plaisant, aussi aimable que possible, souriant, riant même un peu parfois, appréciant les traits d’esprit dont elle faisait preuve au détour de telle ou telle phrase. Il inventa une excuse sur le tas pour expliquer son oubli malencontreux de son numéro de téléphone, excuse dont elle sembla se satisfaire. Il la trouvait intéressante, cette demoiselle à la chevelure flamboyante, suffisamment intéressante pour que, l’espace d’une heure et vingt minutes, ses pensées ne partent plus tous azimuts. Il l’écouta parler et s’apprêta à devoir répondre à une nouvelle question lorsque la musique s’arrêta soudainement. Il eut à peine le temps de se demander ce qu’il se passait et s’apprêta à se lever lorsque toutes les lumières de l’endroit se rallumèrent d’un coup. Par réflexe, le tatoué se plaqua contre le mur, le plus loin possible de la trajectoire des ampoules. Il grimaça, soulagé de ne pas se trouver juste sous un spot. La lumière lui faisait mal, mais pas suffisamment pour le mettre à mal. Il avait juste la désagréable impression que son corps le tiraillait un peu. Rien d’insurmontable, mais ça venait quelque peu entacher son humeur qui était pourtant bien remontée. La voix d’Aspen retentit une nouvelle fois et il tourna la tête dans sa direction. Alors comme ça, elle l’invitait chez elle. En temps normal, il n’aurait peut-être pas répondu par l’affirmative, mais là … la proposition était tentante. Très tentante même. Ne serait-ce que parce qu’il fallait qu’il sorte d’ici, qu’il était trop loin de chez lui pour rentrer avant le couvre-feu et qu’il n’était plus capable de voyager au cœur des ténèbres comme il le faisait autrefois. Sa décision prise, il acquiesça d’un signe de tête.

- Eh bien, je m’en voudrais de couper court à une telle conversation.

Le géant vacciné sourit une nouvelle fois, toujours aussi calme et toujours aussi charmant, ne laissant rien paraître de la douleur que lui infligeaient les lampes du club qui n’en avait plus vraiment l’air, sans ses néons et sa musique bruyante et désagréable.

- Et je résiste rarement à la proposition d’un verre de jus de fruits.

Il repoussa la table et se leva, dépliant sa gigantesque carcasse enveloppée dans son manteau de cuir noir qui tombait presque jusqu’à ses chevilles. Il laissa la demoiselle se faufiler vers la sortie en premier et la suivit, se frayant sans trop de difficultés un chemin au milieu de la foule, serrant les dents et ne se détendant que lorsqu’il fut enfin dehors, dans la pénombre de la grande rue à peine illuminée par quelques lampadaires. Il se tourna vers Aspen et lui emboîta le pas lorsqu’elle partit, couvrant en une seule enjambée la distance qui lui en demandait deux.
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MessageSujet: Re: Grayspen ~ Unexpected pillow talk   Grayspen ~ Unexpected pillow talk Icon_minitimeMer 17 Fév 2016 - 12:22

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"Grayman" & Aspen


- Je suis désolée, je ne peux pas.

Ça avait tellement bien commencé pourtant. D’abord, il y avait eu le couvre feu éminent, et le grand métisse qui acceptait, étonnement, de la suivre dans la nuit, sans aucune hésitation. Elle avait proposé plus en désespoir de cause qu’autre chose, au début en tout cas, et elle s’était attendu à ce qu’il décline poliment, le travail tôt demain, tout ça. Et puis finalement non, elle avait pu lui prendre la main et le guider à travers les rues qui se vidaient progressivement de toute vie, jusqu’à l’immeuble ancien qui abritait son appartement. En archi passionnée, elle adorait cet immeuble, ses briques rouges, son passé industriel, les volumes spacieux. Elle avait ouvert la porte discrètement, ne sachant pas si Rhaena était là ou non. Un post it sur le frigo lui indiqua que non, très bien. Elle présenta le salon à Gray, expliquant au passage qu’elle vivait en coloc avec une grande brune et un petit chat noir, avant de lui demander si, finalement, il préférait un jus de cassis ou d’orange, et s’était servie un sirop à la menthe. C’était original, mais au final pas si désagréable, de rencontrer quelqu’un en étant totalement sobre dans un bar, de discuter, calmement, sans se sauter dessus ou se draguer éhontément. Et puis ils se remirent à parler de tout, de rien, surtout de rien, ou alors de choses sans trop d’importance, et ça lui allait bien. Aspen était très douée pour faire la conversation, et Grayman n’avait presque pas besoin de faire d’effort pour relancer tel ou tel sujet. Le premier contact se fit quand elle demanda si elle pouvait toucher son crâne, parce que c’était dingue de pouvoir se raser d’aussi près, quand même. Gray avait rigolé à la réflexion de la jeune femme, puis avait incliné un peu la tête pour qu’elle puisse passer ses doigts fins et manucurés sur la cuir non chevelu de ce dernier. Ce toucher devint presque une caresse à mesure qu’elle descend le long de sa peau nue, jusqu’à la nuque ou elle s’interrompt soudain, consciente que le geste peut être bien ou mal interprété. C’est que c’est une séductrice, Aspen, mais que d’aller plus loin, c’est une toute autre histoire. Plaire, ça booste son égo, ça la met de bonne humeur, ça la fait rayonner comme un soleil, mais souvent, elle s’arrête à la certitude que si elle voulait, elle pourrait. Mais ce soir, elle ne sait pas. Elle hésite. Après tout, pourquoi pas ? Noeh apparemment, ça ne l’a pas trop dérangé de vérifier si l’herbe était plus verte ailleurs. Rien qu’à cette idée, elle eut un instant de malaise, et avait bu son verre de menthe à l’eau cul sec, façon téquila, et avait enlacé Grayman. Comme ça, d’un coup, sans trop réfléchir, juste pour voir si il refermerait ses grand bras autour d’elle, voir si ça lui ferait du bien. Surprise numéro deux, le grand mystérieux la serra, fort, contre lui. Il y avait un mélange de douceur et de force maitrisée dans cette étreinte, quelque chose qu’Aspen ne connaissait pas. C’était plutôt agréable, et elle avait callé son nez contre le cou de bœuf de Gray, sans bouger. Encore une fois, elle ne savait pas comment l’homme pouvait interpréter tout ce qui était en train de se passer, si il se faisait des idées, si elle-même se faisait des idées. Elle était paumée, mais au moins ça lui occupait l’esprit, alors que ses lèvres trouvaient timidement le chemin de celles de Grayman.

Ce fut un baiser étrange, ou plutôt, un baiser étranger. Elle ne savait pas qui elle embrassait, elle ne reconnaissait pas la pression, la texture. Ce n’était pas un mauvais baiser, ce n’était juste probablement pas ce à quoi elle s’attendait, parce qu’elle s’attendait à un baiser de Noeh. Et Grayman était Grayman. Elle songea que c’était pas grave, qu’il fallait qu’elle fasse un effort, qu’elle ne pouvait pas laisser passer un homme aussi beau et sympathique juste parce qu’elle était une belle idiote. Alors elle avait prolongé ce baiser, toujours dans les bras de l’homme qui passa une main dans ses cheveux. Tu peux le faire Aspen, tu ne dépends de personne. Tu fais ce que tu veux. Ou pas.

…Elle ne pouvait pas. Même là, assise sur le rebord de son lit, sur les genoux de Grayman, elle le voyait partout, avec ses yeux à la con qui la fixaient d’un air froid. Fichu Callahan. Sors de sa tête, t’en as suffisamment fait. Elle recula un peu son visage de celui de Grayman. Etrangement, il avait l’air un peu troublé, lui aussi. L’avait il senti, lui aussi, ce truc qui fonctionnait pas, malgré l’attirance physique évidente ?

- Je … C’est trop bizarre. Pardon. Tu embrasses très bien, mais il y a un truc qui cloche. C’est surement de ma faute.

Si c'était peut être vexan pour le jeune homme, elle, elle ne savait carrément plus ou se mettre.


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MessageSujet: Re: Grayspen ~ Unexpected pillow talk   Grayspen ~ Unexpected pillow talk Icon_minitimeJeu 18 Fév 2016 - 4:38

Aspen & Grayman
   
En suivant Aspen en dehors de ce bar, en acceptant son invitation à aller chez elle, Grayman avait pensé, un peu naïvement il fallait l’avouer, qu’il parviendrait à se changer les idées. Qu’avoir de la compagnie pour un soir empêcherait son cerveau de tourner dans le vide, que ne pas être seul ralentirait le rythme effréné de ses pensées qui passaient en boucle dans sa tête, que l’espace de quelques heures il retrouverait un semblant de paix intérieur.
Malheureusement, ça avait été un échec cuisant.
Tout avait bien commencé pourtant. Il avait laissé la jeune rouquine lui faire visiter son chez-elle et avait apprécié la joliesse des lieux, trouvant beaucoup de goût à la décoration – elle avait quelque chose de jeune et de raffiné à la fois. L’endroit était confortable et il devait y faire bon vivre la plupart du temps. Il avait eu son verre de jus de fruits et avait apprécié le fait que la maîtresse des lieux ne passe pas à quelque chose d’alcooliser. Ils avaient eu une conversation tout à fait agréable en étant parfaitement sobres l’un comme l’autre et il avait aimé qu’ils continuent sur cette lancée. Il ne savait pas combien de temps exactement ils étaient restés assis là, à discuter de tout et de rien. Il laissait Aspen choisir de nouveaux sujets de discussion la plupart du temps, se contentant d’y répondre en étant toujours aussi aimable. Il aimait bien conserver ses secrets, même si, quelque part, ça ne lui aurait pas fait tant de mal que ça d’en révéler quelques uns. A trop être seul, on finissait par se faire dévorer par ses propres démons, et ceux du géant basané étaient particulièrement vindicatifs depuis deux semaines. Il avait pensé les faire taire en baissant la tête lorsque la demoiselle curieuse lui avait demandé si elle pouvait toucher son crâne parfaitement lisse. Il ne se souvenait pas avoir eu des cheveux un jour, ce qui rendait sa peau parfaitement homogène avec le reste de son visage – pas de ligne capillaire dessinant l’endroit où sa chevelure aurait dû pousser, pas d’endroits plus clairs à cause du manque de soleil. Il avait fermé les yeux et s’était laissé faire, essayant autant que possible d’apprécier le contact. Essayant d’oublier combien de fois Aria avait fait la même chose. Il se redressa juste à temps pour voir la jeune architecte avaler son verre cul sec avant de se blottir contre lui et l’enlacer. Il ne s’était pas vraiment attendu à ça mais, bizarrement, ça ne l’avait pas dérangé outre mesure. Ses bras s’étaient refermés autour d’elle, la rapprochant de lui. Le nez posé sur le haut de son crâne, il pouvait sentir l’odeur fruitée de son shampoing. C’était un parfum délicat et agréable, une fragrance sur laquelle il se concentra un moment, les yeux clos, balayant une fois encore les souvenirs venus le hanter. Et lorsque les lèvres d’Aspen se posèrent sur les siennes, il lui rendit ce baiser sans hésiter, doucement, presque tendrement, dans l’espoir d’oublier la femme qu’il n’embrasserait plus jamais.

Ce « je ne peux pas » le ramena durement à la réalité. Assis sur le bord du lit d’Aspen, la jeune femme assise à califourchon sur ses genoux, il avait pensé réussir à s’oublier et oublier tout le reste l’espace d’une nuit. Peine perdue : son esprit ne l’avait pas laissé en paix et l’image du fantôme qu’il avait aimé plus qu’il ne le croyait revenait danser sous ses paupières fermées. Finalement, ce n’était pas si mal que ce soit la rouquine qui se soit retirée la première. Il n’était pas certain d’être capable de lui rendre quoi que ce soit de plus qu’une simple étreinte parfaitement innocente. Ses yeux dorés se plantèrent dans les siens et il lui sourit un peu, lui trouvant un air troublé qu’elle n’avait pas quelques instants plus tôt.

- Je pense que la faute est partagée.

Il baissa légèrement la tête et déposa un baiser sur son front, pas fâché le moins du monde. De toute façon, ils avaient beau physiquement se plaire, ni l’un ni l’autre n’avaient l’air très motivés pour passer à quelque chose d’un peu moins innocent.

- Ceci étant dit, je te retourne le compliment.

Il avait trouvé ses baisers plus qu’agréables, mais ils n’avaient pas ce petit quelque chose en plus. Il ne ressentait rien, pas de réelle passion ni de véritable attraction – rien qui aurait pu les faire aller jusqu’à la nuit qu’ils avaient cru passer.
Le grand homme passa la main dans son cou, massant sa nuque rendue douloureuse par ses nuits d’insomnie et ses muscles presque toujours tendus depuis les derniers jours. Il passa la main sur les quelques tatouages qui dépassaient du col de sa chemise et entre lesquels se trouvait la cicatrice faite par l’aiguille qui avait été enfoncée dans sa gorge trois mois plus tôt. Elle était discrète mais, à cette distance, il n’aurait pas été bien difficile pour Aspen de la repérer, surtout si d’aventure elle se risquait une nouvelle fois à poser le nez contre son épaule.
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MessageSujet: Re: Grayspen ~ Unexpected pillow talk   Grayspen ~ Unexpected pillow talk Icon_minitimeSam 20 Fév 2016 - 0:08

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"Grayman" & Aspen


Aspen se sentit à la fois clairement soulagé et vaguement vexée que Grayman n’insiste pas plus que ça. Soulagé, parce qu’elle n’avait pas vraiment envie d’aller plus loin, et qu’elle avait plus besoin de pleurer un bon coup et de s’enrouler dans un plaid tout doux que de lui enlever son pantalon pour voir si tout était proportionné chez lui. Vaguement vexée, parce que d’ordinaire, elle ne laissait pas l’homme sur les genoux duquel elle était assise aussi … Indifférent. Elle fit la moue, sa lèvre inférieure passant au dessus de l’autre alors que Grayman lui embrassait le front comme une enfant, alors qu’elle dégageait une de ses jambes pour s’asseoir sagement à côté de lui, en tailleur. C’était bizarre. Elle avait déjà eu d’autres hommes que son premier amour. Sans dire des tonnes, mais elle avait profité de ses années fac comme n’importe quelle jeune femme à la plastique avantageuse, d’autant que des filles en école d’architecture et maths appliqués, elles étaient pas 50. Et elle était sexy même avec des lunettes. Mais seulement voilà, à l’époque, Noeh était loin, loin, loin des yeux et donc du cœur. Et puis il lui avait dit tellement de choses atroces que, bon, elle n’avait pas eu tant de mal que ça à attirer d’autres poissons dans ses filets, avec parmi eux quand même son très cher actuel ami et héritier de la fortune de Caesar pharmaceutic : Marius. Mais ce soir, non, décidément, la rouquine n’arrivait pas à se sortir le fichu Callahan de la tête.

- Bon, à défaut, on sait qu’on est tous les deux des individus responsables et respectueux du consentement de son prochain. Dans cette ville, c’est tout de même déjà une qualité à souligner. Bon, t’es pas obligé de dormir sur le canapé non plus hein t’inquiète, tu me ferais mal au cœur avec tes pieds qui dépasseraient …

De toute façon s’il n’est pas plus inspiré que ça en la voyant en bustier et les fesses moulées dans son jean slim, ce n’était pas son pantalon de pyjama en pilou gris avec un cœur cousu sur la hanche qui allait faire d’elle sa muse d’un soir, alors autant qu’il dorme dans un vrai lit, le pauvre, c’était pas une sauvage. En plus c’était de sa faute si il était coincé chez elle après l’heure du couvre feu, et elle s’imaginait mal lui annoncer tranquillement qu’en tant qu’huntress, elle pouvait tout à fait le ramener chez lui malgré l’interdiction de sortir. Elle était à peu près sure que ça allait jeter un froid entre eux, et elle préférait éviter. Elle tourna la tête vers le grand chauve pour lancer une nouvelle remarque très spirituelle, mais elle fut coupée dans son élan par la vision de la cicatrice bien reconnaissable de Grayman, pile au niveau de sa pomme d’Adam. Cette forme, elle la connaissait bien, elle l’avait vu sur le bras de son jumeau, mais aussi sur les peaux d’une petite dizaine de mutants qu’elle avait pu vacciner elle-même, temporairement ou définitivement selon la dangerosité de leur maladie. Ça ne pouvait vouloir dire qu’une chose : l’homme juste à coté d’elle est … était un mutant. Enfin, non, est toujours, il conserve le gène en lui, peut le transmettre à sa descendance, simplement il ne peut plus utiliser ses … pouvoirs, comme les décrivent les journaux.  Aspen reste un instant à le fixer, interdite, avant de secouer la tête : c’est ridicule, Grayman a beau être un mutant, il est Désactivé…. Et dangereux de toute manière, comme n’importe quel type de deux mètres bodybuildés avec des biceps de la taille de ses cuisses à elle. Si il avait voulu lui faire du mal, pouvoir ou pas, il l’aurait réduit en bouilli. Alors elle se pencha à nouveau vers lui, ou plutôt leva le menton pour se hisser vaguement à sa hauteur et voir la cicatrice blanche de plus près, retenant son envie de la toucher du bout des doigts, avant de relever ses yeux noisettes dans ceux de Grayman qui s’était immobilisé, et de sortir de l’air le plus naturel du monde :

- Donc, euh … T’es vacciné depuis longtemps ? C’était volontaire, ou … ?

Elle savait que la question était délicate, mais bon, situation gênante pour situation gênante … Elle songea d’ailleurs qu’elle était encore plus entreprenante niveau transmutance en étant sobre que bourrée. C’était bon à savoir ça tiens.


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MessageSujet: Re: Grayspen ~ Unexpected pillow talk   Grayspen ~ Unexpected pillow talk Icon_minitimeDim 28 Fév 2016 - 16:24

Aspen & Grayman
   
Loin d’avoir été un coureur de jupons, Grayman n’était cependant pas aussi chaste qu’un saint. Lui qui avait beaucoup voyagé avait rencontré bien des gens, et il avait partagé le lit de quelques-uns d’entre eux. Ca avait rarement été plus qu’une nuit passée pour se tenir compagnie ou pour chercher le réconfort d’un peu de chaleur humaine au cœur des ténèbres. Parfois, ses liaisons avaient duré quelques semaines, mais il ne s’était jamais posé très longtemps, n’ayant pas trouvé chez ses partenaires quoi que ce soit qui aurait pu le faire s’accrocher plus longtemps que d’ordinaire.
Avec Aria, cette routine avait changé. Pas de manière incroyable, mais elle avait changé, c’était sûr et certain. La jeune femme avait apporté quelque chose de plus dans sa vie, une dimension toute nouvelle à laquelle il ne s’était pas attendu. Il s’était surpris à s’inquiéter de quelqu’un d’autre que lui, à attendre ses visites et à les apprécier, à trouver sa conversation agréable et à aimer l’entendre raconter ce qu’elle avait en tête. Il ne l’avait jamais forcée à se confier, ne l’avait jamais poussée à lui raconter des souvenirs qui n’étaient qu’à elle et qui ne regardaient qu’elle. Les quelques mois qu’ils avaient passé ensemble avaient été plus agréables qu’il ne l’aurait cru. Ils se voyaient de plus en plus régulièrement et il avait fini par s’attacher suffisamment à elle pour vouloir sacrifier la solitude et l’indépendance auxquelles il tenait tant pour lui proposer de venir voyager avec elle. Et elle avait accepté. Mais elle n’était pas venu, et à raison, puisque le soir de leur rendez-vous était celui où elle avait trouvé la mort.
Mort dont il n’avait été informé que récemment. Il n’avait pas eu le cœur brisé, non, loin de là. Mais dire que la disparition de la jeune femme l’avait laissé indifférent était un beau mensonge. Il était en colère, une rage grondante qui enflait dans son ventre comme un feu ardent ; il n’avait qu’une envie, retrouver les assassins de la cadette DeMaggio et leur arracher la tête, ou plutôt la langue pour les laisser se noyer dans leur sang pourri. Il était furieux et il était seul, et si d’ordinaire ça ne le dérangeait pas, cette fois, il ne savait pas quoi faire de lui. Il n’aimait pas être dans cet état, il n’aimait pas avoir à faire un deuil qu’il n’était pas préparé à subir. Alors il avait décidé de se restreindre un minimum durant les jours à venir, le temps que la tempête se calme, que son cerveau arrête de tourner dans le vide pour générer des promesses de vengeance qu’il ne pourrait pas tenir.
Il avait pensé que la rencontre avec Aspen pourrait l’aider à aller mieux. Visiblement, il s’était trompé en beauté. Le contact de la rouquine n’avait fait que raviver le souvenir d’Aria, et il n’était pas mécontent qu’elle ait finalement l’air aussi peu motivé que lui à aller plus loin qu’un baiser qui n’avait rien éveillé chez eux en fin de compte. Il sourit et rit un peu à sa remarque, hochant doucement la tête.

- C’est une qualité qui devrait être la norme, ceci dit. Et je te remercie de ne pas me laisser recroquevillé sur ton canapé, même si je ne suis pas sûr de ne pas dépasser de ton lit.

Avec sa taille, difficile pour lui de trouver de la literie qui lui convienne. S’il avait eu le temps, l’argent et la sédentarité nécessaires, il aurait probablement fouillé du côté des meubles faits sur-mesure pour avoir quelque chose de réellement adapté, mais il avait su s’en passer jusqu’à présent et il pourrait s’en passer encore.
Il laissa Aspen glisser de ses jambes et s’asseoir à côté de lui, prêt à continuer la conversation, lorsqu’il remarqua le drôle de regard qu’elle lui lançait. Il plissa légèrement les yeux, se demandant ce qui pouvait bien lui arriver pour qu’elle le dévisage de cette façon, lorsqu’elle se redressa et fixa un point sur son cou. Pendant un instant, il se dit qu’elle devait étudier ses tatouages de plus près, jusqu’au moment où son regard noisette se planta dans ses yeux ambrés avant qu’elle ne lui pose une question pour le moins inattendue. Le géant basané arqua un sourcil et la détailla à son tour.

- Depuis trois mois. Et non.

Sa vaccination forcée, il n’en avait parlé à personne, et il n’avait aucune raison de le faire à moins que l’on ne vienne lui en faire ouvertement la remarque. Encore fallait-il le voir, ce seul indice de sa perte de pouvoir. Et reconnaître que ces cicatrices sur sa peau étaient celles d’une seringue de vaccin NH et pas autre chose.

- Tu as l’œil pour repérer les cicatrices de vaccin, dis-moi.

Son regard perçant se braqua sur elle. Visiblement, elle lui avait caché une ou deux informations importantes à son sujet. Et puisqu’elle avait deviné qu’il était un ancien mutant, il espérait bien apprendre sa vraie nature à elle.
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MessageSujet: Re: Grayspen ~ Unexpected pillow talk   Grayspen ~ Unexpected pillow talk Icon_minitimeDim 28 Fév 2016 - 19:35

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Elle était bien consciente que la question était à la fois délicate, intime et bien trop directe : En effet, elle avait elle-même vacciné de ses propres petites mains manucurées plus d’un mutant, et il était rare que cela se fasse dans un contexte confortable et serein. En général ça incluait une face contre terre, un pied dans le dos et une seringue sur n’importe quel centimètre carré de peau découverte. Alors en voyant l’épaisseur de la cicatrice sur la gorge du colosse, ça n’avait pas du être une partie de plaisir pour lui, ni pour quiconque lui avait fait ça, et elle se demanda même un instant comment il arrivait encore à parler, tant l’aiguille avait du venir frôler ses cordes vocales. Peut être même avait il été muet quelque temps, le temps qu’il cicatrise. Ça n’avait pas du tant le gêner si ça avait été le cas songea t’elle, parce qu’il avait plutôt l’air du genre taiseux. Elle les collectionnait ceux là, décidément. Elle lui sourit indulgemment alors qu’il la remerciait de le dispenser d’une nuit courte et douloureuse sur le minuscule canapé du salon, et elle se dit que si de son coté, il pouvait débarrasser ses draps de l’odeur entêtant du dernier homme qui s’y était assoupi, ça l’arrangerait bien. Ce n’était pas faute de les avoir amené à la laverie pourtant, mais elle avait l’impression que ce parfum là restait incrusté dans ses oreillers, et ça ne l’aidait pas, mais alors pas du tout.

- Oui bah au pire, ça permet de réguler la température corporelle d’avoir les pieds à l’air …

Trois mois. Donc c’était une vaccination définitive, au NH25, donc il avait eu affaire à un chasseur, peut-être même quelqu’un qu’elle connaissait, en tout cas si il s’était fait piqué dans le coin, c’était à peu près certain. Elle se fit violence pour quitter la cicatrice pâle du regarder, fixant ses propres mains qui jouaient avec les bords de son débardeur, plus pour s’occuper qu’autre chose. Elle avait bien saisi l’allusion dans la dernière remarque de Grayman, et si elle ne répondit pas tout de suite, c’était parce qu’elle n’arrivait pas à se décider de quelle explication serait la plus facile à sortir à ce dernier : Elle aurait pu être tout à fait honnête, et lui dire qu’elle avait déjà elle-même fait son office en vaccinant certains de ses congénères, mais elle préféra une version plus édulcorée, sans que celle-ci ne soit totalement fausse pour autant, alors qu’elle coulait à nouveau son regard dans le sien :

- Je pourrais te dire que je connais quelqu’un qui … Mais non. Mon frère est mutant, avec une mutation … Pas facile à vivre, pour lui comme pour son environnement, alors il se vaccine tous les mois au NH24… Alors cette forme là, je la connais bien, parce qu’il en a une demi douzaine sur les avant bras… Je suppose que si un jour il a accès à une formule définitive, il s’en inoculera une bonne fois pour toute…

Elle avait choisi ses mots avec précaution, sous entendant qu’elle ne savait pas qu’un vaccin définitif existait, et qu’il était utilisé par les chasseurs. Ça lui faisait bizarre de parler de Lorcan en ces termes, de dire ouvertement qu’il était mutant. C’était même la première fois qu’elle en parler à quelqu’un d’autre que le principal intéressé, et bizarrement, ça lui fit du bien, aussi. Même si ça ne faisait que rendre ça plus réel, le fait de ne pas avoir à garder ça pour elle toute seule avait quelque chose de réconfortant. Bien sûr, ce n’était pas le plus prudent de la terre, mais de là à ce que Grayson apprenne son nom de famille, retrouve Lorcan, le dénonce … Non, déjà, ça n’avait pas l’air d’être le genre du personnage, et puis elle était fatiguée de devoir constamment à se méfier de tout le monde, tout le temps. Il avait déjà prouvé un peu plus tôt dans la soirée qu’il était un gars bien, elle pouvait lui laisser le bénéfice du doute. Elle reprit sans plus de cérémonie, espérant que ses explications suffiraient au jeune homme :

- Du coup, tu as pas trop d’effets secondaires ? Mon frère a des crises d’angoisse terribles, il hallucine même parfois, il doit rester enfermé chez lui les deux ou trois jours suivant sa vaccination tellement sa réalité est distordue, c’est pas vraiment agréable pour lui … ça te fait pareil ?

Elle espérait que non. En réalité, elle ne connaissait pas grand-chose des effets secondaires des vaccins, en dehors de ce qu’elle avait pu lire sur internet, et encore moins sur le NH25. Alors si Grayman était vacciné avec la nouvelle molécule, elle espérait tiré de lui quelques informations en plus qu’elle pourrait donner à Lorcan. Elle savait que cette option, il l’envisageait sérieusement, mais elle refusait qu’il puisse faire quoi que ce soit de plus qui pourrait mettre sa santé en danger…


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MessageSujet: Re: Grayspen ~ Unexpected pillow talk   Grayspen ~ Unexpected pillow talk Icon_minitimeMer 2 Mar 2016 - 18:26

Aspen & Grayman
   
Lorsqu’il était revenu sur ses pas près de quatre mois plus tôt, Grayman ne s’était pas attendu à perdre autant en remettant les pieds dans cette satanée ville. Il avait vécu des années sans se faire avoir par les hunters, y gagnant quelques cicatrices, mais finissant toujours par s’en sortir. Et pourtant, il avait fallu une brève seconde d’inattention, un instant de flottement pour que l’un des chiens de Lancaster lui saute à la gorge pour y enfoncer l’une de ces seringues redoutables qui se passaient d’un tueur à l’autre. Le temps qu’il réagisse, il était trop tard : le poison commençait déjà à faire effet, tuant une partie de son être, réécrivant son ADN pour qu’il ne puisse plus utiliser son gène mutant tout en en restant porteur malgré tout. Quelle ironie de savoir que son hypothétique descendance hériterait sans doute d’un pouvoir dont on l’avait privé.
Le destin adorant l’ironie mordante, il avait changé ce roi des ombres auto-proclamé en une ombre lui-même. S’il avait eu la peau plus claire, nul doute qu’on lui aurait rapidement trouvé l’air malade à force de passer sa vie dans le noir, évitant toute source de lumière trop intense, n’émergeant qu’au crépuscule et se retirant dans sa retraite peu après l’aube, avant que le soleil ne réduise les ombres à de simples tâches sombres pendant une partie de la journée. Le tatoué pouvait sortir seulement lorsqu’elles s’étiraient, lorsque le soir tombait et que l’obscurité reprenait le dessus le temps de quelques heures. Cet été allait être long, à n’en pas douter. Avec ses journées interminables et ses nuits courtes, le géant ne pourrait pas sortir comme il avait l’habitude de le faire. Et s’il comptait se remettre à voyager, il devrait précisément réfléchir à son itinéraire. C’était une chose qu’il n’avait jamais fait et c’était une réalité à laquelle il allait pourtant devoir s’habituer rapidement.
La tête tournée vers la jeune femme, il laissa son regard ambré posé sur la demoiselle, se demandant bien comment elle avait pu reconnaître du premier coup une cicatrice comme la sienne. Certes, les seringues de NH25 – et probablement de NH24 également – laissaient des marques bien spécifiques, mais à moins d’en avoir déjà vues, elle n’aurait pas pu deviner ce qui avait laissé cette trace sur sa peau mate. Il l’écouta attentivement lorsqu’elle se décida à parler une nouvelle fois et hocha doucement la tête. Une mutation difficile à vivre – il se demandait bien de quoi il pouvait s’agir pour que ce jeune homme se force à vivre un tel enfer chaque mois.

- Il existe. Mais il est encore plus instable que la version temporaire.

Il n’y avait qu’à voir les effets secondaires monstrueux qu’il avait à subir, ou compter le nombre de mutants qui avaient succombés auxdits effets tellement la formule avait été sortie à la hâte, sans que quiconque ne cherche à corriger les défauts qu’elle apportait avec elle. Et comme tout le monde réagissait différemment à ce vaccin, nul doute que quelques personnes le supportaient mieux tandis que d’autres s’effondraient, terrassés par cette médecine hasardeuse.
Ses effets secondaires à lui, la jeune rouquine lui demanda ce qu’ils étaient. Le basané réfléchit quelques secondes, se demandant s’il devait parler ou bien garder ces informations pour lui. Mais après tout, que pourrait-elle bien faire avec ça ? Le juger ? Le mettre à la porte ? Le dénoncer auprès de hunters ? Qu’elle fasse donc. Il avait survécu à pire, et si cette révélation devait entraîner sa perte, et bien soit. Il affronterait ses erreurs.

- Je ne peux plus rester à la lumière vive. Celle du soleil me sape de mes forces à une vitesse affolante, et je ne peux sortir que lorsque le soir tombe, au crépuscule. De même, hors de question que je me promène sous un spot quelconque. Chaque rayon un peu trop puissant est physiquement douloureux à recevoir. Ironique quand on sait que je pouvais voyager au travers des ombres et manipuler la matière à travers elles. Il faut croire que je suis devenu comme elles, en fin de compte.

Il soupira un peu, conscient qu’il avait parlé plus qu’il ne l’aurait voulu. Il n’avait personne à qui expliquer ce qu’il était devenu, personne qui s’inquiétait assez pour lui pour que son histoire soit assez intéressante à raconter. Peut-être qu’inconsciemment il avait plus envie de se confier qu’il ne le pensait, mais il ne savait pas vraiment s’il pouvait le faire face à une inconnue, quelqu’un à qui il n’avait aucune raison de faire confiance. Mais s’il pouvait éviter à quelqu’un de souffrir, s’il pouvait empêcher un innocent de passer par les affres de l’agonie au nom d’une mutation trop compliquée à gérer, alors il le ferait. Passant distraitement les doigts sur sa cicatrice, il planta une nouvelle fois ses yeux dans ceux d’Aspen.

- Si tu aimes ton frère, tu le garderas éloigné de ce vaccin. Mieux vaut l’aider à trouver quelqu’un pour l’aider à maîtriser son pouvoir plutôt que de le forcer à subir ça. J’ai eu de la chance avec ces effets, ils sont bien moins handicapants que d’autres.

Lui qui avait tendance à laisser traîner une oreille et un œil où il ne devrait pas, il en avait entendu, des histoires de vaccinés qui s’étaient retrouvés comme amputés d’un membre, qui avaient développés des déficiences physiques atroces ou bien s’étaient retrouvés affublés d’une affliction mentale qui les faisait glisser petit à petit vers la folie la plus pure. Oui, décidément, mieux valait que le frère d’Aspen trouve une autre solution à son problème.

- Je ne dis pas ça par soi-disant solidarité d’un ancien mutant à un autre. Ce vaccin est un poison, ni plus, ni moins.

Et pourtant, ça n’empêchait pas les hunters de l’utiliser à tours de bras, ça n’empêchait pas certains mutants désespérés de se jeter chaque mois en pharmacie pour se débarrasser de ce qu’ils voyaient comme une abomination. Tout, pourvu que la normalité l’emporte, quitte à ce que la santé y reste.
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MessageSujet: Re: Grayspen ~ Unexpected pillow talk   Grayspen ~ Unexpected pillow talk Icon_minitimeJeu 3 Mar 2016 - 23:55

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"Grayman" & Aspen


Le grand métisse savait pour le NH25, confirmant indirectement à la chasseuse qu’il était très probablement vacciné définitivement lui-même. Elle avait un peu honte de se l’avouer, mais ça la rassurait, en un sens : elle avait encore énormément de mal à se savoir dans la même pièce qu’un mutant, à part Lorcan, parce que leur filiation transcendait sa répugnance pour le gène. Les vaccinés étaient un peu un bon début à côtoyer pour la Wolstenholme : c’était pas encore le luxe, mais elle pouvait faire l’effort de ce dire qu’ils était plus ou moins soigné, d’une certaine manière. C’était pas encore bien établi dans son esprit, mais elle gérait les choses comme elles venaient, et elle se félicitait de ne pas être péter un câble. Elle écoutait Grayman avec attention, notant mentalement le plus de détails de son récit, n’osant pas l’interrompre de peur de perdre le fil de sa réflexion. Dans la logique, le vaccin définitif provoquerait donc un handicap plus ou moins lourd lié à l’ancienne mutation du malade : ça avait son sens, quand elle y réfléchissait bien, elle avait entendu parler d’une histoire de vaccination d’une mutante dotée de super vitesse qui s’était retrouvée clouée dans un fauteuil une fois sa mutation muselée. L’idée que quelque chose puisse se dégrader chez Lorcan, quelque chose lié à son …son sang, lui donnait presque la nausée. Bien noté, on oublie le NH25. Cependant, c’était plus facile à dire qu’à faire : la capacité de Lorcan, si on pouvait appeler ça comme ça, était en elle-même un danger pour les autres comme pour lui-même. Il lui avait avoué à demi mot, il ne contrôlait pas grand-chose, et si elle craignait qu’il blesse un jour quelqu’un, c’était pour sa propre santé qu’elle s’inquiétait le plus…

- T’es marrant, mais trouver quelqu’un pour l’aider à maitriser ses pouvoirs… Je sais pas si ça court les rues les maitres Yoda de la mutation.

Et puis, il pourrait y prendre gout, ou pire, se sentir membre d’une espèce de nouvelle caste, d’une nouvelle famille, en quelque sorte, qui passerait avant sa famille de sang. Avant elle. Il était hors de question de prendre un tel risque. Et puis, s’il se rapprochait des organisations clandestines mutantes de la ville, il finirait bien un jour par passer dans le radar de Calista et sa surveillance informatique, donc de la GSquad, dont de son père et de Desmon. Et contre ces deux là, elle ne ferait jamais le poids, même avec tous ses couteaux les plus aiguisés coincés entre les crocs. Elle acquiesça lentement aux conseils du jeune homme, avant de lui tapoter maladroitement l’épaule d’un air vaguement compatissant :

- … Je suppose que je lui dirais, mais au final, ce sera à lui de décider, enfin je l’espère pour lui. Je suis vraiment désolée pour toi, c’est pas … Pas cool.

Pas cool, mais nécessaire, probablement. Grayman était physiquement déjà menaçant et dangereux, mais quand on savait qu’en plus il manipulait les ombres, il devenait potentiellement une machine à tuer, alors la vaccination était déjà une mesure clémente aux yeux de la jeune femme. Elle le vit sourire un peu, et culpabilisa terriblement d’avoir pensé ça. Elle se détourna une seconde pour aller chercher quelque chose dans le tiroir de son bureau, puis tendit un sachet de fruits déshydratés – des fraises et de la mangue surtout – au jeune homme :

- C’est super bon, et meilleur pour la santé que les bonbons quand t’as besoin de réconfort. Et comme c’est pas du mien que t’a besoin, ce sera surement plus efficace. J’ai du chocolat dans le placard au-dessus du frigo aussi, mais c’est dans la cuisine, donc c’est loin.

Elle piqua un morceau de fruit pour le mâchonner, laissant le silence s’installer un moment entre eux, sans que cela ne la gêne vraiment, sa main toujours dans le dos de Grayman : c’était plus fort qu’elle ça, passer sa main dans le dos des gens auprès d’elle. Elle le faisait tout le temps avec Lorcan, Noeh évidemment, Priam parfois, et Marius n’y coupait pas non plus… ça n’avait pas grand-chose de sensuel en réalité, plus un truc réconfortant, vaguement maternel. Lorcan lui avait sous-entendu une fois qu’elle avait pris ce tic  parce que leur mère le faisait quand ils étaient petits pour les endormir, elle savait juste que ça la détendait surement autant que la personne à qui elle le faisait.

- Bon, du coup, passons au plus rigolo, elle s’appelle comment, ta bonne raison de pas coucher avec moi ? Elle est du coin ?

Il n’y avait pas une goutte de regret dans la voix d’Aspen, plus de taquinerie qu’autre chose. Au point où elle en était de tout façon, si ça lui déplaisait, il le lui dirait probablement sans pincette.



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MessageSujet: Re: Grayspen ~ Unexpected pillow talk   Grayspen ~ Unexpected pillow talk Icon_minitimeJeu 10 Mar 2016 - 17:09

Aspen & Grayman
   
La vaccination de Grayman avait été aussi brutale qu’inattendue. Il était revenu à Radcliff depuis un mois pour chercher Aria, arpentant les rues de la ville en plein milieu de la nuit, profitant de l’obscurité pour mettre sa mutation à profit. Malheureusement pour lui, il était tombé nez à nez avec un groupe de chasseurs. Il avait pu mettre à terre la plupart d’entre eux, mais ce fut celui qui resta debout qui eut le dernier mot. Partant à l’assaut du géant, il lui planta dans la gorge la seringue de NH25 qui ne mit pas de temps à se répandre dans ses veines. Et même s’il lui brisa la nuque, le tatoué ne put rien faire contre le venin que venait de lui injecter le hunter. Plutôt que de manipuler les ombres, il fut forcé d’en devenir une à son tour, ne pouvant plus les utiliser et obligé de se cacher de la lumière, ne pouvant se montrer que lorsqu’elle était assez basse pour que les ombres s’étirent. Le crépuscule, la nuit et l’aube étaient les seuls moments où il pouvait sortir de chez lui sans risquer s’écrouler, vidé de ses forces par quelques rayons de trop. S’il avait été plus prudent, il n’en serait pas là. S’il avait fait plus attention, il aurait au moins gardé ça, ce pouvoir qui le suivait depuis dix-sept ans et qui avait été une partie de lui aussi indispensable qu’un organe. Désormais, il ne lui restait plus que ses souvenirs et les effets secondaires qui le condamnaient à ne plus jamais s’exposer à la lumière du jour, comme une pâle imitation des vampires de légende.
Ce vaccin était dangereux, réellement dangereux, et puisqu’Aspen lui posa la question, il ne manqua pas de lui en faire la remarque. Si son frère avait si peur que ça de son don, qu’il trouve quelqu’un pour l’aider à le contrôler.

- Il y en a certainement plus que tu ne le crois. Il faut simplement s’adresser aux bonnes personnes.

En bon vagabond qu’il était, le grand basané avait l’habitude de laisser traîner une oreille distraite partout où il allait. Il y avait toujours des informations bonnes à prendre, même si c’était à la volée, et pour peu qu’on sache écouter et lire entre les lignes, il n’était pas difficile de faire certains rapprochements. Des mutants qui en aidaient d’autres, qui leur servaient de professeurs, il y en avait en ville, il le savait bien. Il n’aurait pas eu de noms à donner à la jeune femme en revanche, mais juste des endroits où elle aurait pu se rendre pour enquêter. Mais elle n’avait pas l’air spécialement convaincue par la question, aussi n’insista-t-il pas davantage. Il la laissa lui tapoter l’épaule et sentit un léger sourire se dessiner sur ses lèvres bien malgré lui. « Pas cool », c’était un euphémisme remarquable. Et le contraste avec la situation était tel qu’il ne put s’empêcher d’être amusé.

- Ca, c’est le moins qu’on puisse dire.

Il la laissa se lever et passa une main dans sa nuque, la laissant glisser dans le creux de son cou, passant une fois encore le bout de ses doigts sur la cicatrice marquant sa gorge. Décidément, cette soirée ne se passait absolument pas comme il l’aurait imaginée. Quelque part, il n’en était pas mécontent ; ça faisait bien longtemps qu’il n’avait pas eu l’occasion de parler, même si c’était pour délivrer les informations au compte-gouttes comme il le faisait toujours.
Ses yeux ambrés se posèrent sur Aspen alors qu’elle revenait se poser à côté de lui. Il prit ce qu’elle lui tendait et sourit davantage en l’écoutant. Il secoua doucement la tête.

- Je me contenterai très bien de fruits. Je pense que tu as remarqué que j’en consommais déjà beaucoup pressés.

Il n’avait jamais aimé l’alcool et ne l’avait jamais tenu, pour une raison qui lui échappait totalement. Alors il s’était rabattu sur autre chose et, plutôt que de choisir les traditionnels thés ou cafés, il avait jeté son dévolu sur les jus de fruits. Résultat des courses, il en consommait des quantités affolantes, gardant toujours avec lui une flasque qui aurait dû contenir du whisky mais qui à la place était remplie de jus de pêche, mangue, goyave ou un autre fruit étrange qu’il aurait eu envie d’essayer. Il prit une tranche de mangue séchée et la grignota, appréciant le silence qui s’était installé. Il n’avait rien de désagréable ; à dire vrai, il était même plutôt apaisant. La main d’Aspen dans son dos avait quelque chose de relaxant et, petit à petit, il commençait à se détendre, probablement pour la première fois depuis ces derniers mois.
Jusqu’à ce que la jeune femme lui pose la mauvaise question.
Son sourire disparut aussi vite qu’il était arrivé. A la place, ce fut une moue de colère mêlée de tristesse qui passa sur son visage.

- Elle l’était, oui.

La réalité de la mort d’Aria lui revint en pleine tête, encore une fois. Il ferma les yeux et inspira longuement, essayant de ne pas en vouloir à la rouquine. Elle ne pouvait pas savoir ce qu’il s’était passé, et si ça avait été le cas, elle ne lui aurait certainement pas demandé ça. Elle n’avait pas l’air de quelqu’un qui aimait remuer le couteau dans la plaie sans raison. Ceci dit, quitte à dégrader l’ambiance, autant lui rendre la politesse.

- Et ta raison à toi, comment s’appelle-t-il ?

Le géant tatoué ne donnerait pas plus de détails que ça sur Aria – pas sans qu’Aspen le pousse à le faire, et il risquait de rapidement couper court à la conversation. Alors autant lui demander le nom de ses démons à elle, histoire de ne pas être le seul à soudainement être d’humeur bien moins joyeuse que quelques secondes plus tôt à peine.
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MessageSujet: Re: Grayspen ~ Unexpected pillow talk   Grayspen ~ Unexpected pillow talk Icon_minitimeDim 13 Mar 2016 - 23:38

Show me your scars, I'll show you mine
"Grayman" & Aspen


- J’ai noté en effet … la prochaine fois qu’on se croise dans un bar, j’t’offrirai un virgin bloody mary ou un truc comme ça…

Elle sentit le jeune homme se détendre peu à peu sous ses gratouilles expertes – des années d’expérience, que voulez vous-, avant de le voir se renfrogner significativement quand il lui répondit lapidairement quant à la mort de son amie. Il ne fallut pas une seconde pour deviner que la demoiselle était probablement une mutante, elle aussi, et qu’elle avait eu moins de chance que lui. Comprenant que la vaccination de Grayman s’était faite ici, à Radcliff, Aspen se prit à se demander quel genre de super chasseur avait pu avoir la puissance suffisante pour vacciner le colosse et s’en sortir vivant. Enfin, vivant, ça elle ne le savait pas, au final. De mémoire, elle ne voyait qu’une poignée de ses camarades capables de cet exploit, et encore, la plupart des hunters les plus agressifs ne se « contentaient » pas de vacciner. Mais bon, s’ils n’avaient vraiment pas eu le choix … Cependant, elle trouvait ça vraiment limite de la part des chasseurs d’avoir tué la demoiselle, en laissant son copain en vie : déjà, ça devait le rendre particulièrement rancunier, et ensuite, elle trouvait ça cruel, purement et simplement. Elle pour qui la chasse était un devoir solennel pour lequel elle tâchait d’avoir le moins de plaisir possible, tuer un membre d’un couple et vacciner le second, c’était juste de la perversion. Ils auraient pu faire ça proprement au moins, plutôt que de laisser l’un d’entre eux souffrir le martyre. Non vraiment, Aspen ne cautionnait pas, alors qu’ils grignotaient ensemble quelques fruits séchés et que Grayman lui assurait qu’il y avait les bonnes personnes pour aider Lorcan. La belle affaire, ces gens là, elle en faisait des portes clés le vendredi soir, après la séance nocturne du ciné, alors leur livrer son frère… Rien que son nom était la signature de son arrêt de mort, peu importait la bonne foi de son jumeau… Alors vraiment, elle doutait que cela pourrait se faire un jour … Elle espérait plutôt que Lorcan est une fulgurance, un éclair de génie, ou que Hippolyte Caesar se magne un peu à inventer un vaccin sans effets secondaires… Ce serait bien plus facile, pour tout le monde. Elle chassa l’idée de sa tête pour répondre à Grayman, bien plus sincèrement qu’elle l’aurait cru :

- Je suis vraiment désolée… Cette ville craint, là-dessus… Il ne fait vraiment pas bon vivre à Radcliff en ce moment …

Oui, elle sous entendait, implicitement, qu’elle se doutait qu’elle n’était pas morte dans un accident de voiture. Surtout quand on était un mutant ou un chasseur. Les pertes étaient nombreuses dans les deux camps, et semblaient s’aggraver à mesure que la tension arrivait à son climax. Parfois, elle se rêvait à partir, loin, n’importe où, son frangin sous le bras, pour s’installer dans un coin où personne ne viendrait les emmerder : en Colombie, en Nouvelle-Zélande, ou au fin fond du Tibet à élever des yacks. Plus le temps avançait, plus l’idée lui paraissait raisonnable, ce qui en disait long sur ses tourments. La réciproque de Gray la fit baisser les épaules aussi dans un soupir à peine dissimulé : elle se devait de répondre, c’était de bonne guerre.

- Noeh… Et le pire, c’est que j’aurai du le voir venir à mille kilomètres et pourtant …

Pourtant elle avait voulu y croire. Plus elle y pensait, plus elle se disait qu’elle était décidément la reine des connes, à avoir rouvert son cœur et ses draps à un gars qui lui avait déjà piétiné le cœur à pieds joints des années auparavant, sans raison, sans jamais s’en excuser. Peut être s’était elle imaginée plus maline que ça, plus forte aussi, plus indépendante. Que d’avoir gouté à d’autres corps qu’à celui de Noeh toutes ces années l’avait désintoxiqué de celui-ci. Quelle naïve elle faisait.

- Enfin bon, je m’en remettrai. On s’en remets toujours, hein ?

Elle avait besoin d’y croire, vraiment.



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