Sujet: Guess what ? [Alejandro Velasquez] Mar 6 Oct 2015 - 0:08
Guess what ?
Rafael DeMaggio & Alejandro Velasquez
L'avantage qu'il y avait à être un chasseur et faire partie de l'entourage de Lancaster, c'est que sortir au beau milieu de la nuit et après le couvre feu ne risquait pas d'inquiéter Rafael. Il pouvait arpenter les rues sans se cacher puisque généralement, c'était lui qui traquait ceux qui s'aventuraient un peu trop dehors à cette heure tardive. Mais ce soir-là, il n'était pas de sortie pour chasseur, traquer ou tuer un mutant. Ni pour taper sur les doigts des petits caïds encore dans les rues.
Il allait rendre visite à un... Vieil ami, dirait-on. Ou plutôt un élève, l'un de ces jeunes chasseurs qu'il avait entraîné quelques années auparavant. Pourtant, rien ne laissait présager qu'ils se retrouvaient dans cette ville, tout cela ne relevait que d'une étonnante coïncidence. Jamais Rafael ne se serait attendu à entendre parler d'Alejandro Velasquez ici, et surtout pas maintenant ! Ce gamin qui avait connu les ravages que pouvaient provoquer les mutants, et qui avait juré de mettre sa vie et son énergie au service de la cause des hunters, il l'avait connu prêt de vingt ans auparavant, en Colombie. A cette époque, Rafael avait reçu un appel d'un ancien camarade de l'armée, lequel le priait de faire le voyage pour trois raisons : Il parlait espagnol, connaissait très bien la vie de chasseur... Et le gamin qu'il devait réceptionner serait un atout majeur de part ses formidables compétences au tir. Et jamais Rafael n'avait vu un tel talent s'exprimer avec autant de brio sur le terrain. Alejandro excellait aussi bien avec un fusil, qu'un revolver ou encore une mitrailleuse. A peine avait-il entendu parler de ses compétences qu'il avait mis les voiles pour la Colombie, où il avait mis ses propres connaissances au service du jeune homme. Oh certes il n'avait pas été tendre ! Jamais Rafael n'épargnait qui que ce soit durant ses entraînements. Il était dur, sévère, implacable, et l'avait formé jusqu'à l'épuisement sans le moindre remord.
Seulement, passé l'entraînement, il n'avait plus rien à lui enseigner, et avait son propre fils à former. Rien n'avait plus d'importance aux yeux de Rafael que son fils et le chasseur qu'il deviendrait. Songeant à cela, il grimaça et resserra son manteau autour de ses épaules. Un mutant, voilà ce qu'était son rejeton. Ce qu'il exécrait le plus portait son nom, lui ressemblait... Ils avaient le même sang. Depuis des mois, Rafael traquait ses deux enfants dans l'espoir de les ramener à la maison... Et de faire ce qu'il faudrait pour les guérir de ce mal qui les rongeait. Mais pour cela,encore fallait-il qu'ils sortent de leur cachette. Et Rafael avait besoin d'alliés. Rapidement.
Aussi approcha-t-il de l'immeuble où vivait Alejandro, du moins d'après son contact. Etant donné l'heure, il ne trouverait personne pour lui ouvrir la porte comme ça. Alors il appuya sur le premier interphone venu, inventa une histoire bidon comme quoi il avait oublié le code l'entrée, et la personne à l'autre bout de l'immeuble ne chercha même pas à comprendre. Secouant la tête avec un air désespéré, Rafael entra dans l'immeuble, emprunta l'ascenseur et monta jusqu'à cinquième étage. C'était l'appartement au bout du couloir, et il s'y glissa en silence.
Arrivé devant la porte, il s'accroupit, sortit de la poche intérieur de sa veste ses outils de crochetage, et commença à les insérer dans la serrure. Doucement, silencieusement, il fit jouer ces petites tiges de métal dans le mécanisme, jusqu'à ce qu'un claquement sec lui fasse comprendre qu'il avait réussi. Il se releva, rangea ses outils et ouvrit la porte le plus silencieusement possible. A quoi bon frapper gentiment quand on peut s'inviter directement ?
Refermant doucement la porte derrière lui, le chasseur se glissa dans l'appartement, osant à peine respirer pour ne pas attirer l'attention sur lui. Finalement, lorsqu'il fut arrivé dans la cuisine, il décida de se faire connaître. Il ouvrir un tiroir dans le moindre ménagement, faisant cliqueter bruyamment les couverts à l'intérieur. Il n'avait pas besoin de relever la tête pour savoir qu'il était repéré. Peut-être même Alejandro l'avait-il entendu entrer, qui sait ? Un sourire s'étira sur les lèvres de Rafael tandis qu'il faisait mine de s'intéresser au contenu dudit tiroir.
- Pose ton arme, fiston... Tu vas te blesser, ce serait dommage...
Finalement, il releva la tête, jetant un regard amusé à celui qu'il dérangeait en pleine nuit, et qui devait se demander pourquoi, après tant d'années, il se retrouvait avec son ancien mentor dans sa cuisine.
- C'est étrange, dans mes souvenirs tu étais... Plus grand...
Une petite taquinerie, comme toujours, mais Rafael adorait attaquer les points sensibles.
- Est ce que tu me proposes une bière, ou bien il faut que je me serve tout seul ?
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Jedikiah Grimwood
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Sujet: Re: Guess what ? [Alejandro Velasquez] Mar 6 Oct 2015 - 23:58
Guess what ?
Rafael DeMaggio & Alejandro Velasquez
J’ouvre la porte du frigidaire. Pas convaincu. C’est dingue comme ces choses là ont un don certain pour se vider dès qu’on a le dos tourné. Faire les courses, c’est pas trop mon genre. J’attrape un saucisson, une bière, mon emmental et je referme le meuble dans un claquement sonore avant d’aller me poser dans le canapé où m’attend sagement mon Cheyenne, le fusil de précision que je me suis offert il y a deux semaines. Une belle bête, lamentablement échouée sur ma table basse, en morceaux. Une petite merveille. A sa manière. Je me coupe un morceau d’emmental, me laisse tomber sur le canapé-lit qui émet un grincement de protestation, grogne le fromage en considérant l’arme démontée. Bon. J’avale un bout de saucisson, mets en place mon portable à côté de mon kit de survie (ma bouffe), paramètre le chronomètre. Et appuie sur le bouton. Aussitôt mes mains s’agitent, mes doigts réceptionnent les petites pièces, assemblent les éléments, montent le fusil : une poignée de respiration et il est calé contre mon épaule, je vise un point invisible devant moi, caresse la gâchette, appuie dessus et « Boum, t’es mort ! ». Un cliquetis dans le vide, j’arrête le chronomètre, pianote sur mon ordinateur portable pour noter le temps dans la liste de mes cinquante derniers essais. Pas mal. On sent que même si j’adore cette arme, je ne la connais pas encore assez bien pour qu’elle puisse rivaliser avec mon McMillan rangé dans un sac, dans ma chambre. Les armes et moi…
Je coupe un nouveau morceau d’emmental. Une soirée tranquille, comme rarement. En général, je préfère aller boire un verre et massacrer des inconscients aux fléchettes ; en général – et depuis peu – je propose à Rosa d’aller boire un verre pour l’exploser au billard. Et le reste du temps, en général, quand je ne vais pas boire un verre… je suis en train de martyriser de futurs Hunter soit pour une remise à niveau, soit pour une mise à niveau, soit parce qu’une nouvelle session de quatre mois et lancées et qu’on en a pour quinze semaines de régimes intensifs. Mais là… c’est une soirée pépère que je m’offre, à faire joujou avec mon nouveau jouet, à le monter et le démonter pour en connaître les moindres détails, les moindres défauts, comme un ami de longue date. Je commence d’ailleurs à le redémonter, prenant soin de chaque pièce, soufflant la poussière qui ne s’y trouve pas, auscultant les moindres morceaux métalliques à la recherche d’un parasite qui n’aurait rien à y faire. Un regard sur l’heure, je m’aperçois qu’il est déjà tard. Ou plutôt tôt. Faut voir dans quel référentiel on se pose. Bordel, le temps passe vite quand on s’amuse… Je me lance un nouveau défi, le saucisson disparait dans un mâchement et le Cheyenne est à nouveau calé sur mon épaule, un œil fermé, l’autre rivé sur le viseur. Et je pose avec précaution l’arme intégrale sur la table basse, une moue satisfaite. Si Rosa progresse bien, peut être que je lui offrirai un Hécate pour son anniversaire. Un peu plus lourd que mon Cheyenne, avec une moins grande portée, c’est une bonne arme pour commencer. Mais il faudrait encore qu’elle sache monter et démonter un glock les yeux fermés et ce n’est pas encore gagné… Je lève les yeux au ciel en attrapant ma bière en allant me chercher un pull dans ma chambre. Je n’ai pas atteint mon armoire que mon oreille se tend. Un grattement. Des cafards ? Ma main glisse sur mon bureau, attrape mon parabellum. Je fronce les sourcils lorsqu’un claquement sec se fait suivre par un silence. Mes épaules se détendent, je relâche le flingue et… je le reprends et me glisse dans le salon, avise un mouvement dans la cuisine, tourne brutalement pour mettre en joue le con qui a osé s’introduire dans mon appartement. - Pose ton arme, fiston... Tu vas te blesser, ce serait dommage... Hein ?
La tension dans mes bras disparait aussitôt. « Lieut’nant ? » Les habitudes ont la peau dure. Je maintiens mon arme dirigée vers sa tête. « Raf ? » Rafael ? DeMaggio ? « Mais t’es totalement stupide ma parole ! On n’est pas en Colombie, y’a internet et des téléphones ici ! T’as fermé la porte derrière toi j’espère… » Je glisse mon flingue dans mon dos en ignorant son petit ton moqueur. Je cherche ma bière que j’ai posée dans ma chambre et peste dans ma barbe contre les imbéciles d’officiers qui ne prennent pas la peine de prévenir lorsqu’ils passent voir leurs anciens élèves. - C'est étrange, dans mes souvenirs tu étais... Plus grand... Est ce que tu me proposes une bière, ou bien il faut que je me serve tout seul ? Un soupir, j’allume la lumière dans le couloir et entre totalement dans ma cuisine. Je rétorque un plus amusé qu’agacé « C’est drôle, dans mes souvenirs t’étais moins fripé. Faut croire que les gens changent… allez, prends ta bière, viens dans le salon on y sera mieux. » avant d’ouvrir mon frigo, de passer sur son côté… vide, et de lui sortir l’une des rares bière survivantes que je lui mets d’autorité dans les mains : démerde toi pour l’ouvrir, t’es un grand garçon et tu as suffisamment fouillé mes tiroirs pour savoir où sont les décapsuleurs.
Je retourne dans mon salon, passe dans ma chambre récupérer ma bière, me poser dans mon fauteuil, attendant qu’il me rejoigne, calant mes pieds sur la table base où siège encore fièrement mon nouveau fusil de précision. Je fais mine d’être à l’aise, en vérité mon cerveau carbure. Ca fait combien de temps qu’on ne s’est pas vu ? Aucune idée. Trop d’années, sûrement. Et pourtant, comme mon Lieut’nant sorti tout seul le prouve, j’ai toujours du respect pour ce con qui m’a fait tuer mon premier mutant. Mon instructeur. Celui qui m’a formé en tout, sauf niveau tir bien sûr. « Qu’est ce que tu fous en ville ? Et surtout, qu’est ce que tu fous chez moi ? Et comment t’as su que j’habitais ici d’abord ? Et… faut que tu m’expliques. »
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Sujet: Re: Guess what ? [Alejandro Velasquez] Ven 16 Oct 2015 - 23:35
Guess what ?
Rafael DeMaggio & Alejandro Velasquez
Rafael esquissa un sourire amusé en jouant avec un couteau de cuisine lorsque Alejandro l'appela lieutenant. Ses années dans l'armée remontait à loin, et il aurait presque regretté de ne pas y être resté... Il était monté en grade à une vitesse ahurissante, et se serait bien vu général plus tard, exposant fièrement ses médailles et gallons sur sa veste. Seulement ses obligations vis à vis de sa famille et le sentiment qu'il avait eu à l'époque de devoir accomplir une mission au sujet des mutants l'avait vite aidé à changer d'avis. Il avait donc gardé le grade de lieutenant toutes ces années, et si la plupart du temps personne ne l'appelait ainsi, il devait avouer que cette nuance de respect dans la voix d'Alejandro avait quelque chose de gratifiant... Du moins jusqu'à ce qu'il l'appelle Raf.
Il tourna la tête vers le colombien, lui jetant un regard noir en reposant malgré lui le couteau qu'il avait dans la main. Inutile de commencer à se battre ou se menacer, d'autant qu'Alejandro avait un flingue, lui...
- C'est Rafael... Trois syllabes, c'est trop compliqué pour ton petit cerveau ? Et je ne suis pas stupide, je voulais simplement tester tes réflexes. D'autant que je me suis dis que sonner en n'ayant ni le vin, ni les fleurs, c'était un peu malvenu...
Il ne précisa pas qu'évidemment il avait fermé la porte derrière lui... Il n'était pas non plus idiot. Un courant d'air aurait eu vite fait de claquer la porte derrière lui, révélant instantanément sa présence. Et quand bien même n'aurait pas pensé à cela... Fermer une porte derrière soi, c'était à peu près aussi élémentaire qu'apprendre à lacer ses chaussures.
Puis, une vanne en entraînant une autre, Alejandro lui renvoya la monnaie de sa pièce, arrachant un demi sourire au DeMaggio. Depuis combien de temps de s'étaient-ils pas vus ? Dix ans ? Quinze, peut-être plus ? Bien trop d'années pour pouvoir dire que le temps ne les avait pas abîmés ou changés. Sans un mot, Rafael se contenta d'attraper la bière que lui tendait son ancien protéger, notant avec amusement qu'il n'y avait guère plus que de l'alcool et un peu de saucisson dans son frigo. Toujours aussi prévenant, le gamin... Tranquillement, Rafael suivi Alejandro jusqu'au salon, faisant mine de s'intéresser à la décoration du lieu. En réalité, c'était simplement parce qu'il n'a pas envie de s'asseoir et préférait arpenter la pièce en se donnant vaguement un but. De la nervosité ? Loin de là. Simplement c'était un tic chez lui que d'analyser l'environnement dans lequel il se trouvait, même chez un... Ami ? Appelons-le ainsi.
- Tu préfères que je réponde à quelle question en premier ? La plus conne ou celle qui semble la plus sensée ? Lança Rafael avec un sourire amusé. Ca fait déjà quelques années que je suis ici. Je suis venu m'installer ici avec Isabella et... Enfin c'est une longue histoire barbante, inutile de t'abrutir avec.
Lui expliquer qu'il avait découvert récemment que ses deux enfants étaient des représentants dégénérés d'une espèce que tous les deux traquaient... Ce n'était peut-être pas l'idée du siècle. Du moins pas tout de suite, pas d'entrée de jeu. Rafael préféra s'approcher de la table basse sur laquelle Alejandro avait posé un superbe fuseau de précision, qu'il reconnu d'un simple coup d'oeil. C'était parfois presque effrayant de voir avec quel intérêt et quelle minutie Rafael pouvait analyser chaque arme qu'il rencontrait. Et pour en avoir vendu des centaines depuis le début de sa carrière, il connaissait à peu près tout ce qui se faisait actuellement sur le marché. En revanche, ce n'était pas un grand amateur de ce genre de fusil, pour une raison toute simple : Il n'avait rien d'un sniper, contrairement à Alejandro. Il n'avait d'ailleurs jamais vu un tel talent s'exprimer entre les mains d'un homme. C'était une des raisons pour lesquelles il espérait ne jamais figurer sur la liste noire du colombien. Car il pouvait être certain de finir avec une balle dans le crâne en sachant son ancien disciple à plusieurs centaines de mètres de lui.
Il se pencha, pris le fusil pour l'observer un moment, en jauger le poids et l'équilibre, en tout en sachant pertinemment qu'Alejandro avait horreur que l'on touche à ses affaires, surtout ses armes. Mais d'un regard, Rafael le défia de tenter quoi que ce soit. Au corps à corps, le match aurait été bien plus serré que l'arme à la main.
- Tu sais, je n'ai pas vraiment de raison, je suis venu te voir parce que j'ai appris que tu étais en ville... Après toutes ces années, je voulais simplement rendre visite à mon petit protégé..., dit-il avec un sourire. Je vois qu'on s'est fait plaisir avec un nouveau joujou... ? C'est pour une occasion particulière ?
Comprendre par là « tu as une cible en vue ? », petite renseignement de chasseur... Surtout, Rafael voulait savoir si Alejandro ne poursuivait pas les mêmes... Dégénérés que lui. Il reposa finalement le fusil et consentit à s'asseoir dans un fauteuil avec un soupir de contentement.
- D'ailleurs je vois que tu es armé jusqu'aux dents, ici ! Tu te prépares à une guerre ou une invasion ? Allons... Nous sommes à Radcliff, le pire que l'on puisse voir, c'est un dégénéré qui sait exploser un épouvantail... Tu y étais, d'ailleurs ?
Rafael faisait référence à la fête de l'hiver, cette manifestation déplorable pendant laquelle plusieurs innocents avaient trouvé la mort, tandis que les mutants s'en sortaient encore indemnes grâce à leurs gênes défaillants. Fort heureusement pour lui, il avait pu échapper à cette mascarade, mais regrettait de ne pas avoir pu jeter deux trois immondices dans le brasier, histoire d'attiser un peu plus l'appétit des flammes...
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Sujet: Re: Guess what ? [Alejandro Velasquez] Lun 19 Oct 2015 - 21:17
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Rafael DeMaggio & Alejandro Velasquez
Le Lieut’nant est sorti tout seul. Et forcément, ça me propulse des années en arrière, lorsqu’il m’a pris sous son aile et qu’il m’a tout expliqué sur les mutants, et sur le travail de Hunter. C’était mon officier supérieur et pour tout dire, c’est même l’un des rares à avoir réussi à m’inculquer un peu de respect. Mon arme reste un instant pointée vers son crâne, même lorsque je le reconnais. Simple principe de base. Je lance un regard au couteau qu’il tient, attend de le voir posé pour ranger à mon tour mon parabellum dans mon dos. - C'est Rafael... Trois syllabes, c'est trop compliqué pour ton petit cerveau ? Et je ne suis pas stupide, je voulais simplement tester tes réflexes. D'autant que je me suis dis que sonner en n'ayant ni le vin, ni les fleurs, c'était un peu malvenu... Blablabla, je ne cache pas mon désintérêt total pour sa réponse, déjà parce que je n’ai pas posé de question, ensuite parce que Rafael, c’est trop long à prononcer et qu’en plus puisqu’il s’est parfaitement reconnu, je ne vois aucun problème à l’appeler comme ça. J’hausse les épaules dans un juron craché, en quelques phrases on renoue totalement avec cette relation étrangère d’élève et d’instructeur qu’on a laissé il y a trop d’années derrière nous. J’ai plus dix-sept ans, et de toute évidence il en a plus trente-et-un. BAM. Coup de vieux : je me rends compte que je suis plus vieux que lui à l’époque. Je passe à côté de lui, attrape une bière et que je lui mets dans les mains sans attendre avant de repartir dans le salon. Je fais un détour dans ma chambre pour récupérer ma bière, je remarque aussitôt en revenant qu’il ne s’est pas assis. J’ai un petit sourire aux lèvres. « Promis, j’ai rien piégé, tu vas pas te retrouver avec une balle dans le dos si tu poses tes fesses sur le canapé, hein… » Comme pour le lui prouver, je me cale dans mon fauteuil face au canapé, m’installe confortablement, pieds sur la table, esquivant le fusil fièrement exposé. Et une gorgée de bière plus tard, je lâche une flopée de ces questions qui me taraudent depuis quelques minutes. Qu’est ce qu’il fout là, ce crétin ? - Tu préfères que je réponde à quelle question en premier ? La plus conne ou celle qui semble la plus sensée ? Je lève les yeux au ciel. « Allez, accouche. » Il est le seul de mes officiers à m’avoir appris le respect, ce n’est pas pour autant que j’ai retenue toutes ses leçons, loin de là. Déjà, j’ai appris l’anglais et ce n’était pas gagné, alors il ne faut pas trop m’en demander. Ca fait déjà quelques années que je suis ici. Je suis venu m'installer ici avec Isabella et... Enfin c'est une longue histoire barbante, inutile de t'abrutir avec.
J’arque un sourcil, plus intrigué par l’arrêt brutal de son récit – totalement inintéressant, il n’a pas tort sur ce plan là – que par ce qu’il était en train de me baver. De mémoire, Isabella, c’est sa femme. Okay. Il avait deux marmots aussi, à l’époque, si je ne me trompe pas. Plus jeunes que moi, des mioches Hunter aussi, du coup. J’hausse les épaules pour lui faire comprendre que c’est comme il veut et surtout qu’il n’a répondu qu’à ma première question – la plus stupide toute évidence. Son regard glisse vers mon Cheyenne, mes lèvres s’étirent dans un large sourire. En voilà, un deuxième point commun entre lui et moi. Les armes, je les aimais déjà avant qu’il ne me prenne sous son aile, mais c’est véritablement lui qui m’a appris à les reconnaître et à en prendre soin. Et ces leçons là, je ne les ai pas oubliées. Tout comme celle qui stipule qu’on ne touche pas à mes armes sans mon autorisation. Je me redresse aussitôt, la main sur mon parabellum dégainé par réflexe. « Lâche ça, tu vas te faire mal » Je grogne, les menaces dans mes yeux aggravant le ton léger de mes mots. Je ne plaisante pas. Et le regard de Rafael a beau me mettre au défi de bouger un peu plus, je suis prêt à lui démonter la main s’il fait un geste malvenu avec mon petit bijou. - Tu sais, je n'ai pas vraiment de raison, je suis venu te voir parce que j'ai appris que tu étais en ville... Après toutes ces années, je voulais simplement rendre visite à mon petit protégé... Je vois qu'on s'est fait plaisir avec un nouveau joujou... ? C'est pour une occasion particulière ? Je reste muet le temps qu’il le pose. Je range aussitôt mon flingue pour récupérer mon fusil de précision sans quitter du regard Rafael qui s’est enfin décidé à m’asseoir. - D'ailleurs je vois que tu es armé jusqu'aux dents, ici ! Tu te prépares à une guerre ou une invasion ? Allons... Nous sommes à Radcliff, le pire que l'on puisse voir, c'est un dégénéré qui sait exploser un épouvantail... Tu y étais, d'ailleurs ?
En quelques mouvements précis, je démonte mon fusil que je range dans son sac. « La prochaine fois que tu touches à mon Cheyenne, je te plombe comme un pigeon, compris ? C’est juste un petit cadeau que je me suis fait il y a quelques jours, j’attends encore mes cartouches histoire de pouvoir aller l’essayer de nuit, si tu vois ce que je veux dire. » Je ferme brutalement la fermeture éclair et repousse le sac sur le côté, loin des mains baladeuses de mon ancien Lieutenant. Maintenant qu’il est hors de portée, je récupère ma bière comme si de rien n’était. « J’suis là depuis huit ans, c’est quand même dingue qu’on ne se soit pas croisé. Mais bon, ça fait plaisir de te voir, comme tu le vois, j’me porte bien, toujours aussi con, toujours aussi doué, toujours aussi respectueux de la hiérarchie. » Trente ans de moins et je lui tirerais bien la langue. Je prends le temps d’avaler une gorgée de ma bière qui commence à un peu trop se réchauffer. La fête foraine ? « Ouais, j’y étais. J’accompagnais ma sœur, elle a réussi à me traîn… ouais, parce que j’ai une petite sœur apparemment, Julian me l’a balancé dans les pattes y’a quelques semaines. » Pendant une fraction de seconde, je me demande si Julian aussi ça ne va rien lui dire avant de me souvenir que j’ai forcément du parler de mon frère cadet à un moment ou à un autre. Onze mois d’écart, on passait presque pour des jumeaux. Et c’est le premier – et le seul en fait – de ma famille avec qui j’ai repris contact des années après ma fugue. « Bref, j’y étais, je me suis retrouvé à faire le singe sur une attraction pour éviter de terminer en nuggets,… j’aurais bien aimé avoir mon arsenal sur moi, histoire de plomber deux trois connards et de terminer en me flinguant. » Mon haussement de sourcil est éloquent : ce n’était pas la meilleure soirée de l’année. Et à cause de qui ? De putain de dégénérés. « Au moins, c’est sûr, les dégénérés sont des dangers publics mais les pyrotechniques… ce sont les pires. » Mon amour pour les mutants n’est plus à prouver, mais pour ceux qui s’amusent avec le feu et les explosions… j’ai une cicatrice qui me sert de pense bête lorsque j’ai un peu trop bu. Je hais les mutants mais encore plus ceux qui crament des gens. « Tiens, ça me fait penser, question con : t’en penses quoi de ce foutu vaccin ? » Sa réponse m’intéresse vraiment. Surtout tant qu’il ignore qu’on m’a fait vacciner.
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Sujet: Re: Guess what ? [Alejandro Velasquez] Sam 31 Oct 2015 - 20:49
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Rafael DeMaggio & Alejandro Velasquez
Bientôt deux décennies qu'ils ne s'étaient pas vus et pourtant, Alejandro lui donnait l'impression de ne pas avoir changé d'un iota. Toujours ce même franc parler, cette même désinvolture... Quoi qu'il était un peu plus respectueux, depuis que Rafael lui avait fait rentrer quelques notions dans le crâne à coups de pied de biche dans les genoux. Et ça le faisait marrer. Oh oui ça le faisait marrer de voir ce petit gars nerveux le fusiller du regard tandis qu'il saisissait son précieux fusil pour l'observer. Il savait depuis longtemps qu'Alejandro aurait été capable de flinguer son meilleur pote pour récupérer une arme, et il s'amusait de le voir ainsi, le revolver à la main, lutter contre l'envie de lui en tirer une entre les deux yeux pour lui faire lâcher son précieux joujou. S'il avait peur ? Aucunement. Il fallait bien plus qu'un flingue pour l'effrayer. Lorsqu'il eut enfin reposé le fusil, son ancien petit protégé s'empressa de le démonter pour le ranger dans son sac... Avant de se mettre à grogner, pour changer. Rafael ricana en se calant tranquillement dans le canapé, sa bière à la main.
- Héla... Tout doux, chico... Si tu crois que tes petites menaces me font peur... Je tenais un fusil avant même que tu saches dire le nom de ta mère, je te rappelle. C'est efficace ? Contre les dégénérés, bien sûr...
Rafael avala une gorgées de sa bière en écoutant le récit d'Alejandro, un sourire amusé collé sur les lèvres. En effet, c'était assez étonnant qu'ils ne soient pas encore croisés à Radcliff. La ville n'était pas si grande, et la plupart des chasseurs se connaissaient. Seulement, comme tous les DeMaggio, Rafael savait se faire oublier. Il se contenta également d'un hochement de tête affirmatif lorsque Alejandro admis être toujours aussi con... Ca, c'était une chose qui n'avait pas changé, et il ne risquait pas de le contredire. Tout comme sa manière bien à lui d'emmerder royalement toute notion de hiérarchie.
- Ca t'a déjà joué des tours, pourtant... Tu devrais savoir qu'en service ou non, ou même retraité, un militaire sait toujours où est sa place par rapport à son supérieur... Mais j'imagine que tu vas me répliquer que tu n'en as rien à foutre, n'est ce pas ?
Un sourire amusé s'étira sur ses lèvres. L'attitude d'Alejandro l'amusait bien plus qu'elle ne l'offusquait. Etant donné l'attitude de son propre fils, il avait tendance à devenir hermétique à toutes les provocations ou encore l'irrespect. Il regarda simplement son ancien disciple ranger son fusil hors de sa portée, tout en écoutant la suite de son histoire. A l'évocation de sa petite sœur, Rafael haussa un sourcil. Il n'avait jamais trop posé de question sur la famille d'Alejandro, lorsqu'il avait compris que c'était un sujet assez délicat pour lui, pour la simplement et bonne raison qu'il avait quitté le domicile familial à l'adolescence. Autant dire qu'il n'était certainement pas très famille.
- Donc si je comprends bien, tu sais la babysitter pour ta petite sœur... Quelle ironie, j'ai déjà du mal à t'imaginer dans une fête foraine, alors te traîner une gamine...
Il ricana à nouveau, l'image d'Alejandro, une barbe à papa dans la main et sa sœur courant lui s'imposant à son esprit. Cependant, il retrouva son sérieux lorsqu'il fut question des dégénérés. Ce sujet était devenu plus que sensible depuis qu'il savait que ses enfants en étaient... Et surtout depuis qu'il avait appris la mort d'Aria de la bouche de son aîné, Cesare.
- Je pensais que tu étais plus futé que ça, Alejandro... Un chasseur ne sort jamais désarmé, surtout pour une fête en ville. C'était à prévoir... Ces pourritures attendent toujours les grands rassemblements pour faire du bruit et être sûrs de toucher un maximum de personnes. Tu as été confronté à un pyrokinésiste ? Il paraît que le responsable des explosions a été abattu par un flic de la ville, heureusement...
Dans un sens, Rafael était content d'avoir échappé à toute cette mascarade, dont il n'aurait voulu pour rien au monde, mais d'un autre côté... Il avait le sentiment d'avoir failli à sa mission en étant absent. Et finalement, la dernière question d'Alejandro le fit éclater de rire. Ce qu'il pensait des vaccins ? Une vaste blague, une grosse connerie et il en passait.
- De la merde. Le vaccin ce n'est ni un moyen ni une solution, c'est de la camelote. Ni plus, ni moins. Tiens, regarde ce que le maire nous a refilé...
Il sortit de la poche intérieure de sa veste l'un de ces pistolets à vaccins que certains chasseurs commençaient à utiliser. Ce petit joujou, il ne s'en servait qu'en cas d'extrême urgence, lorsque cela était vraiment nécessaire. Il démonta l'engin et en extirpa une petite fiole remplie d'un liquide trouble, avec en son bout une aiguille hypodermique.
- Ca fonctionne comme un flingue, ça se recharge comme un fusil... Un vrai petit bijou technologique ! Et une vrai merde, si tu veux mon avis. Ca ne sert à rien de vacciner les dégénérés. Même lorsqu'ils sont incapables de se servir de leurs soit disant dons, c'est inscrit dans le gêne... En les vaccinant, on court le risque de les voir transmettre leur défaillance aux générations futures. C'est la gangrène de notre espèce, et pour empêcher l'épidémie de se répandre...
Il referma le pistolet à seringues d'un coup sec et le tendit à Alejandro.
- Il faut l'empoisonner à sa source. Il faut tous les exterminer, jusqu'au dernier. Et crois-moi, si je croisais un vacciné, ça ne m'empêcherait pas de lui mettre une balle dans le crâne, pour m'assurer qu'il n'irait pas faire de connerie... Comme tenter de se reproduire avec une personne saine.
Rafael faisait partie de ces hunters radicaux et totalement opposés à l'idée même du vaccin. Il était pour l'éradication totale des mutants sans la moindre hésitation. Il était même fou et meurtrier au point de vouloir la mort de son propre fils. En un sens, il pensait ainsi lui rendre service, lui évitant ainsi de vie comme un être maudit par la nature. Avalant une nouvelle gorgée de bière, il plongea son regard dans celui d'Alejandro. Pourquoi un tel intérêt sur la question, soudain ? Faisant tourner la bouteille entre ses doigts, il esquissa un sourire qui n'avait rien d'avenant.
- Pourquoi cet intérêt soudain pour mon avis... Aurais-tu des choses à te reprocher, par hasard... ?
Maintenant qu'il lui avait donné son avis, Alejandro savait à quoi s'attendre avec son ancien lieutenant : S'il s'avérait qu'il était humain... Et bien au mieux Rafael s'arrangerait pour qu'il ne puisse plus jamais se servir de ce qu'il avait entre les jambes, au pire il sauterait sur l'occasion pour le descendre. Aucune pitié, pas même pour ce gamin si talentueux.
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Sujet: Re: Guess what ? [Alejandro Velasquez] Jeu 5 Nov 2015 - 17:30
Guess what ?
Rafael DeMaggio & Alejandro Velasquez
C’est véritablement un réflexe. Je ne suis pas vraiment matérialiste en général. Quand on a grandi à moitié dans la rue, à faire les poches aux touristes ou à racketter les plus faibles pour ramener de quoi nourrir ses frères et sœurs pleurnichards, on a tendance à avoir le sens des priorités. Pas matérialiste pour deux sous, donc. Mais s’il y a bien une chose, une seule chose que je déteste voir dans les mains d’un autre sans mon autorisation, ce sont bien mes armes à feu. Des véritables bijoux technologiques aux plus anciens qui m’accompagnent fidèlement depuis la Colombie, il n’y a pas une seule de mes armes à laquelle je ne sois attaché. Et ce Cheyenne que Rafael vient d’attraper sans ne serait-ce qu’avoir la politesse de grommeler un je peux auquel j’aurais répondu non, il cumule les deux les avantages d’être à la fois cher, récent, magnifique et à moi. C’est purement un réflexe donc que ma main posée sur mon parabellum, prête à plomber mon ancien lieutenant comme un vulgaire dégénéré de bas étage. Je me retiens pourtant, de justesse hein, et préfère grommeler une mise en garde claire par son incompréhensibilité. Je grogne, je grommelle, je parle dans ma barbe. Lâche ça. Je m’en fiche qu’il se fasse mal, l’important c’est qu’il n’abime ni n’enraille ma dernière acquisition. Sinon je me fais la promesse qu’il aura du mal à procréer et qu’il n’en aura plus rien à faire vu qu’il sera mort. Mon regard ne cache rien de mes pensées, suit du regard les mouvements de mon ancien officier lorsqu’il pose l’arme que je m’empresse de récupérer et démonter. Que je m’empresse de mettre hors de sa portée en lui rappelant les règles évidentes lorsqu’on me côtoie et qu’il semble avoir oubliées : pas-toucher-armes-à-moi. Ce n’est pourtant pas compliqué, non ? - Héla... Tout doux, chico... Si tu crois que tes petites menaces me font peur... Je tenais un fusil avant même que tu saches dire le nom de ta mère, je te rappelle. C'est efficace ? Contre les dégénérés, bien sûr... Si c’est efficace ? La question elle-même m’arrache un sourir. « A ton avis… c’est l’un des fusils de sniper les plus performants dans les mains du meilleur sniper, quel que soit le dégénéré qu’on peut viser avec ça, il peut pas voir le tir venir ni même sentir sa tête exploser. » Oui, je sais, je suis un peu arrogant lorsqu’il s’agit de tir de précision. Et pour cause : je suis le meilleur. Je ferme le sac qui renferme mon Cheyenne, le repousse loin des mains baladeuses du lieutenant qui daigne enfin poser son fion sur mon canapé. Ma bière retrouve ma main, j’en avance une gorgée en me calant un peu mieux sur mon fauteuil.
Huit ans, ça fait huit foutues années que je suis ici et pourtant je ne l’ai jamais croisé. En matière de coïncidence, il faut croire qu’on fait fort. Ou qu’un de nous deux n’avait pas envie de voir l’autre. Huit ans et de toute évidence, ni l’un ni l’autre n’avons suffisamment changé pour être des étrangers. Parce que nous n’en ayons jamais été mais pour être honnête, Rafael doit être ce que j’ai de plus approchant d’une figure paternelle dans ma vie depuis mes quinze ans. Donc voilà. Pas de changement, l’Alejandro est toujours aussi buté qu’à l’époque où tu lui mettais des tartes pour te faire obéir, Lieut’nant. - Ca t'a déjà joué des tours, pourtant... Tu devrais savoir qu'en service ou non, ou même retraité, un militaire sait toujours où est sa place par rapport à son supérieur... Mais j'imagine que tu vas me répliquer que tu n'en as rien à foutre, n'est ce pas ? J’hausse un sourcil. Le pointe d’un index amusé pour rétorquer un « Tout juste, j’en ai foutrement rien à carrer. » Je n’ai jamais fait grand cas de l’autorité de toute manière. Un peu trop indépendant, un peu trop insolent, un peu trop grande gueule, un peu trop doué pour ça. Je n’ai jamais été vraiment attaché à l’autorité et à la hiérarchie jusqu’à ce que je sois moi-même le plus haut gradé de la pièce. Je me fais d’ailleurs la remarque qu’il ne sait pas que j’entraîne des gosses et des moins gosses comme lui-même m’a entraîné il y a trop d’années. A la dure, avec une rigueur militaire qui a forgé mes nerfs, mes muscles et mon mental. Ca le ferait bien marrer, tiens, d’apprendre que je fous une raclée au premier trouffion qui me manque de respect alors même que je ne me gêne pas pour faire des doigts d’honneur à mes supérieurs. Question de rapport de force, j’imagine : pas un des trouffions n’est capable de me mettre au tapis alors que je pourrais quadriller avec une précision millimétrée le costume du premier gus à me porter un peu trop sur les nerfs. Question d’arrogance aussi, j’imagine.
La discussion dérive sur la fête foraine, j’offre une grimace en avalant de travers ma bière. Ouais, j’y étais. Avec ma sœur. Quelques mots me permettent de résumer le bordel inintéressant de ma situation familiale et me forcent surtout à admettre que le mec en face de moi fait vraiment office de père de substitution ou une connerie dans le genre pour que je lui bave tout ça. - Donc si je comprends bien, tu sais la babysitter pour ta petite sœur... Quelle ironie, j'ai déjà du mal à t'imaginer dans une fête foraine, alors te traîner une gamine... J’hausse les épaules. « Ouais, c’est l’idée. Bouarf, les fêtes foraines, en dehors d’être bruyant, c’est marrant finalement. Ca manque un peu de défi au niveau du chamboule-tout et des conneries du même gabarit mais bon… » Ouais ça manque un peu de défi. Sauf quand un connard de dégénéré s’amuse à égayer un peu les choses. Je hais les pyromanes. Sans être pyrophobe, d’ailleurs, mais je les déteste plus que tous les autres mutants. En vrai, les mutants eux-mêmes, j’en ai rien à foutre. Je les dégomme et les dégage de la partie parce que ce sont des bombes à retardement et des dangers ambulants et mégalos mais c’est tout. Mais les pyrokinésistes et tous leurs cousins, eux… Je termine ma bière et la pose sur la table basse. - Je pensais que tu étais plus futé que ça, Alejandro... Un chasseur ne sort jamais désarmé, surtout pour une fête en ville. C'était à prévoir... Ces pourritures attendent toujours les grands rassemblements pour faire du bruit et être sûrs de toucher un maximum de personnes. Tu as été confronté à un pyrokinésiste ? Il paraît que le responsable des explosions a été abattu par un flic de la ville, heureusement... Je secoue la tête. « Tu te fous de ma gueule ? Bien sûr que j’avais mon flingue et un poignard pour la forme, mais bon, j’aurais juste préféré avoir une invitation officielle à la fête pour me placer correctement face au stand de tir au pigeon. » Je mime ma position de sniper, ferme un œil et laisse mon doigt s’agite dans une gâchette imaginaire. J’aurais préféré être calé dans un immeuble, l’œil rivé sur le viseur pour éliminer proprement la menace plutôt que de me retrouver coincé dans une attraction à la con avec des gens encore plus cons. « Pas de pyro mais des mecs avec des balais coincés là où je pense et des gens encore moins futés qu’il fallait assister pour leur sauver les miches. Joie et bonheur sur Terre. » Mon résumé et mon ton donnent une image parfaite de ma soirée, je préfère ne pas m’attarder sur le sujet et poser plutôt une question qui me turlupine.
Qu’est ce qu’il en pense, de ce vaccin qu’on porte aux nues depuis des mois ? De mon côté, mon avis est clair : c’est de la merde. Je ne vois ça que comme un moyen de soulager sa conscience et savoir que ma sœur se l’est injecté me fait horreur tant par l’idée que par ses connaissances. Personnellement, si je me découvre une mutation, soit je la garde soit je me flingue, je ne vais pas me satisfaire d’une demi-mesure. Faut être chaud ou froid mais surtout pas tiède avec moi. Et le vaccin a même tendance à faire croire aux nouveaux Hunters qu’ils sont des gens bien aux actes bons et mignons, tout le contraire de ce que je répète et enfonce dans le crâne de mes élèves : que je les forme à être des meurtriers, à tuer, à détruire des vies pour en sauver d’autres après certes, mais qu’ils sont voués à être des assassins, à terme, si tout se passe bien. Si tout se passe bien. Alors, Raf, t’en penses quoi toi ? - De la merde. Le vaccin ce n'est ni un moyen ni une solution, c'est de la camelote. Ni plus, ni moins. Tiens, regarde ce que le maire nous a refilé... J’éclate de rire. Vraiment. De soulagement mais surtout parce qu’il résume foutrement bien mes pensées. Ni un moyen ni une solution, je suis bien d’accord avec lui. Il sort de sa poche une arme, la démonte, je garde un œil sur le joujou. Je fronce les sourcils : j’ai le même au boulot. - Ca fonctionne comme un flingue, ça se recharge comme un fusil... Un vrai petit bijou technologique ! Et une vrai merde, si tu veux mon avis. Ca ne sert à rien de vacciner les dégénérés. Même lorsqu'ils sont incapables de se servir de leurs soit disant dons, c'est inscrit dans le gêne... En les vaccinant, on court le risque de les voir transmettre leur défaillance aux générations futures. C'est la gangrène de notre espèce, et pour empêcher l'épidémie de se répandre... J’attrape au vol le flingue, le soupèse par habitude, le démonte une nouvelle fois par habitude encore pour regarder ses pièces et son mode de fonctionnement. Pas touche à mes affaires, oui, mais moi je ne me gêne pas avec celles des autres. De toute manière, il sait bien que je ne vais pas l’abimer, son bijou technologique. « On m’a filé le modèle précédent ouais. » Je commente, un peu laconiquement.
Parce que si notre avis sur ce que contient ces balles est le même, on n’a pas le même point de vue sur le reste. J’en ai rien à faire que les mutants vaccinés soient capables d’avoir des gosses tant qu’on bute les gosses dégénérés qu’il y aura derrière. Je pense à ma sœur qui, si j’appliquais à la lettre ce qu’il est en train de dire, devrait déjà se trouver trois pieds sous terre à bouffer des pissenlits à chaque repas. Et je m’aperçois que ça ne me fait pas trop envie. - Il faut l'empoisonner à sa source. Il faut tous les exterminer, jusqu'au dernier. Et crois-moi, si je croisais un vacciné, ça ne m'empêcherait pas de lui mettre une balle dans le crâne, pour m'assurer qu'il n'irait pas faire de connerie... Comme tenter de se reproduire avec une personne saine. Ouais, ouais, cause toujours. Je suis songeur. J’suis moins extrémiste dans mon délire Hunter que lui même si dans les faits, j’imagine qu’on a maintenant autant de sang sur les mains l’un que l’autre. Je reste silencieux. Songeur, ouais. Je ne sais pas vraiment quoi penser des vaccinés, personnellement, mais je n’ai pas envie d’en débattre avec un mec qui est capable de me foutre KO avec des mots. Je suis un homme de terrain, un militaire du rang vaguement gradé. Je suis un gosse de la rue qui ne sait pas s’exprimer qu’autrement qu’avec ses poings et qui sait juste extrêmement bien parler avec un flingue. Pas question de m’aventurer sur le terrain du débat avec Raf : je lui rends son flingue dans un haussement d’épaule. « Dans tous les cas, j’préfère mon vieux glock, lui il étale les gens et ils ne se relèvent pas derrière, ça me va parfaitement. » La dernière fois que j’ai fait preuve de merci face à un dégénéré, j’ai passé les mois qui ont suivi à l’hôpital. Ca enlève toute trace d’altruisme et de générosité, des conneries dans le genre.
- Pourquoi cet intérêt soudain pour mon avis... Aurais-tu des choses à te reprocher, par hasard... ? Je le foudroie du regard. Directement, sans attendre, avec toute cette colère qui enfle en moi à chaque fois qu’on s’approche un peu trop de ce sujet. Alors pourquoi ai-je lancé le sujet du vaccin alors que vu ma tronche pas convaincue et mon silence ça ne pouvait que mener vers ça ? Je lève les yeux au ciel, me lève pour aller me chercher une autre bière. « Raconte pas de connerie, si j’avais quoique ce soit à me reprocher, soit je me serais déjà fait exploser la cervelle, soit c’est la tienne que j’épongerais actuellement. J’suis pas con non plus. » Je reviens avec la bière décapsulée, un peu plus fraiche que la précédente, c’est cool. « Je posais juste la question parce que c’est la grande mode, cette merde comme tu dis. A la base, on m’a fait venir ici pour que je forme les Hunters qui viennent pas de famille comme la tienne, les mecs comme moi quoi, tombés de nulle part. Et la dernière fois, j’ai chopé un des gosses en train de me demander d’aller vacciner sa putain de copine » Mon haussement de sourcil laisse filtrer tout le mépris que je peux avoir pour Anderson. « Sans compter que du coup, y’en a qui sont dans le trip du vaccinons tout le monde, comme ça les dégénérés y passent tous... » Tu la sens bien, là, la colère et l’amertume ? J’suis pas un vicelard d’hypocrite, j’suis incapable de cacher ce que je pense même si j’arrive à menteur sans aucune difficulté. Je me relève pour aller me caler à la fenêtre. « Foutu monde de merde quand même. Les Hunters deviennent des tafioles et les dégénérés se prennent pour des demi-dieux. » J’avale une gorgée de bière. « Tu continues de former des gosses, toi ? D’ailleurs, en parlant de gosses, t’en avais pas deux ? Trois ? »
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Rafael DeMaggio
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Sujet: Re: Guess what ? [Alejandro Velasquez] Jeu 3 Déc 2015 - 23:22
Guess what ?
Rafael DeMaggio & Alejandro Velasquez
Ça le faisait rire, cette façon presque attendrissante qu'Alejandro avait de défendre son précieux matériel de tireur d'élite. On aurait presque dit un enfant gardant jalousement ses jouets et refusant de les prêter à qui que ce soit. Et si Rafael savait pertinemment que le colombien pouvait lui mettre deux balles dans le crâne avant qu'il ait lui même sortit son revolver, il n'avait pas peur. Parce qu'il le connaissait depuis bien trop longtemps, et qu'il en fallait surtout beaucoup plus pour l'effrayer. A vrai dire, il n'aurait pas su dire avec honnêteté ce qui lui faisait le plus peur. Il avait finalement vu trop de choses dans sa vie pour ne pas être anesthésié de tout cela. Et si la remarque bougonne d'Alejandro l'amusa encore plus, elle ne tomba pas dans l'oreille d'un sourd. C'était peut-être là ce qu'il lui fallait réellement, finalement. Une arme capable de tirer des projectile à une distance importante, dans les mains du meilleur tireur qu'il connaissait. Aucun moyen de savoir d'où venait la balle, l'impossibilité de prévoir le tir ou de voir le projectile... C'était peut-être là sa meilleure chance d'abattre Cesare s'il devenait trop dangereux. Pour le moment, Rafael avait encore bien trop de projet pour son fils, bien trop de stratégie toutes plus tordues les unes que les autres qui bouillonnaient dans son cerveau. Si en revanche le gamin se montrait aussi déterminé et futé qu'il l'imaginait, il n'aurait plus d'autre choix que de le faire abattre. La perte de sa sœur en avait fait une machine à tuer, une pantin incontrôlable qui échappait à présent totalement à la volonté de son marionnettiste. Seulement, Rafael espérait quelque part que le son fils serait bientôt trop chamboulé, trop perturbé pour ne pas voir en lui le seul allié qui lui restait. Cela prendrait sûrement du temps, mais il était suffisamment patient pour ça.
Reportant son attention sur Alejandro, Rafael grimaça en l'entendant avouer qu'il n'avait que faire de la hiérarchie et de l'autorité. S'il y avait bien une chose à laquelle lui-même était extrêmement attaché, c'était bien ça : Le respect, l'obéissance, la retenue. S'il était rarement ravi de se soumettre à l'autorité d'un supérieur, il restait toujours d'une politesse à toute épreuve avec les plus hauts gradés. En revanche, il n'hésitait pas à distribuer coups de poings et punition diverses et variées aux recrues qui osaient le prendre de haut. Il avait beau ne plus être dans l'armée, il ne tolérait pas qu'un jeune chasseur ou un petit idiot vienne lui apprendre son métier. Et Alejandro avait de la chance d'avoir sa sympathie, sans quoi il lui aurait volontiers enfoncé le nez dans sa table basse.
- Je vois que ne connais toujours pas le sens du mot respect, Alejandro... Dois-je t'en imprimer la définition sur les bras au couteau, ou bien tu as juste décidé que c'était plus amusant de me contredire ?
S'il n'y avait pas eu ce sourire amusé sur ses lèvres, on aurait pu croire que Rafael était sérieux. Il voyait certes d'un mauvais œil ce manque de respect, mais il connaissait bien assez le colombien pour ne plus s'en formaliser depuis longtemps. Surtout, il savait qu'Alejandro avait conscience de ne pas avoir un débutant en face de lui. Si l'arme à la main la question du gagnant ne se posait même pas, au corps à corps c'était autre chose. De toute manière ils n'étaient pas là ce soir pour se tester et savoir lequel était le meilleur. Du moins, Rafael n'avait pas besoin de se poser la question, il savait que c'était lui. Ce qu'était l'arrogance ? Il n'en savait rien, c'était un comportement naturel chez lui depuis bien longtemps. Il avait parfois des réflexions extrêmement hautaines qui passaient à ses yeux pour du simple bon sens ou des évidences.
La conversation s'orienta vers la fête de l'hiver, qui aurait pu être une innocente et agréable soirée pour toute la population de Radcliff, mais qui s'était transformée en cauchemar à cause d'un cinglé qui avait jugé bon de faire tout exploser. Et Rafael était persuadé qu'il n'avait pas agit seul. Après tout, il était persuadé depuis longtemps que les dégénérés étaient trop lâchées pour attaquer seuls, et prévoyaient toujours d'être en groupe pour frapper plus durement. Une autre preuve que leur éradication totale devenait une nécessité. Le chasseur ricana en entendant Alejandro s'emporter immédiatement.
- Tu es toujours aussi susceptible, à ce que je vois... Je ne m'en lasserai jamais, je crois !
C'était un peu son petit plaisir coupable : Faire sortir les gens de leurs gonds, et Alejandro faisait partie de ceux qui ne marchent pas mais courent à la moindre remarque. Presque vingt ans auparavant, c'était déjà la technique que Rafael employait quand le colombien encore ado refusait de faire quoi que ce soit par paresse. Il suffisait de lui dire simplement qu'il était lâche ou trop mauvais, et on le voyait immédiatement monter sur ses grands chevaux, s'énerver... Et c'est alors qu'il donnait le meilleur de lui-même et prouvait qu'il était un expert dans son domaine. Pourquoi changer de stratégie, alors ?
- Oh tu sais, les coincés du cul, il suffit de leur tirer une balle dans les pieds et ils se mettent à danser, ça devient tout de suite beaucoup plus amusant... Mais il y a quelque chose qui m'intrigue... Tu as sauvé les imbéciles coincés avec toi ? Sérieusement ? Tu m'impressionnes ! Le tireur d'élite sans remords se serait transformé en super héros avec des scrupules, finalement ?
Il ne pu s'empêcher d'éclater de rire, tant la chose l'amusait. Ce n'était pas qu'il pensait Alejandro capable de se foutre royalement de tous les dommage collatéraux que n'importe quel tireur pouvait faire, c'était simplement qu'il avait du mal à l'imaginer tendre une main secourable à son prochain. Et visiblement, le colombien n'avait pas spécialement envie de s'éterniser sur le sujet. A croire que les festivités ne lui avaient définitivement pas plu. Aussi enchaînant-il sur la question du vaccin, à laquelle Rafael répondit sans détour : Il était contre, et cela n'étonnerait personne. Il ne vaccinait jamais que pour affaiblir un dégénéré avant de le tuer, et sa vision extrême de la chasse au mutant en faisait un cinglé adepte du génocide, finalement. Pas étonnant qu'il ait l'air si antipathique, même auprès d'autres chasseurs. Et comme il s'y attendait, Alejandro était du même avis que lui... Du moins en surface. Son ancien officier le regardait démonter le pistolet à seringues, analysant chaque mot, chaque inflexion vocale pour chercher le mensonge dans sa voix. Sa question était-elle innocente ou cherchait-il un appui, un moyen de se donner bonne conscience ? D'un naturel méfiant et paranoïaque, Rafael commençait à se demander si son ancien élève ne lui cachait pas quelque chose, ce qui l'énervait prodigieusement. Peut-être se faisait-il des idées, pour changer... Un sourire mauvais se dessina sur ses lèvres. Au moins, Alejandro semblait totalement honnête lorsqu'il disait préférer un flingue à toute autre solution plus humaine et passive.
- Hum... Ou alors tu pourrais très bien cacher ton jeu et me monter un char... Mais je ne te sais pas assez futé pour ça, alors je vais te croire.
Avec un sourire amusé, il se pencha en avant, jouant avec la bouteille entre ses mains. Sourire qui ne tarda pas à se muer en grimace lorsque Alejandro repris. En effet, voir de jeunes chasseurs se présenter en preux chevaliers altruistes et adeptes de la vaccination, c'était mauvais pour l'image de marque des hunters. C'est qu'il y tenait, lui, à cette lueur de terreur dans le regard de dégénérés lorsqu'il les attrapait ! Il n'avait pas spécialement envie de les voir lui rire au nez en pensant que la pire menace du monde serait une simple et banale petite injection.
- C'est là tout le problème de ce genre d'arriviste... Ne le prends pas pour toi, ça ne te concerne pas. Mais tous ceux qui se prennent pour des héros en pensant sauver le monde avec un sérum à peine au point... Ca me fait bien rire. C'est pour ça qu'il faut former les jeunes dès l'enfance, pour leur forger le caractère, pour leur mettre dans la tête une chose : Les mutants, il faut les éradiquer, point final.
Et Rafael n'éprouvait aucune honte à l'idée de tenir un discours aussi extrême et violent. Il fallait être idiot pour ne pas saisir toute la haine qu'il vouait à cette espèce.
- Quant à la vaccination de masse... C'est encore pire que ce que je croyais ! Ces vaccins ne sont pas fiables, bourrés d'effets secondaires et certains ne sont que temporaires... J'ai même vu un dégénéré vacciné muter à nouveau et développer une nouvelle saloperie tout aussi dangereuse. Tu imagines les dégâts que cela pourrait faire sur des personnes saines ?
Oh que oui, Alejandro devait l'imaginer mais ça, Rafael l'ignorait. Il ne savait pas que son ancien petit protégé avait été vacciné contre son gré.
- Les dégénérés qui se prennent pour des demi-dieux, ce n'est pas nouveau... En revanche les chasseurs qui s'adoucissent, c'est très mauvais signe pour nous, si tu veux mon avis. Rien que le fait d'accepter leur existence, c'était une erreur...
Rafael se tut, songeur. Son erreur à lui, ça avait été de ne pas voir qu'il avait lui-même semer la graine de la dégénérescence en élevant deux mutants et en cherchant à faire d'eux de parfaits chasseurs. Il en avait finalement fait des adversaires bien plus redoutables qu'il n'aurait pu l'imaginer, même si Aria n'était plus là pour se battre contre qui que ce soit. Il restait toujours Cesare... Autant de potentiel en lui que de problèmes. Les brûlures sur sa gorge et son torse rappelaient sans cesses à Rafael que son fils était définitivement parti en croisade pour venger sa pitoyable petite sœur. Rien que d'y penser, la douleur se réveillait, plus cuisante et présente que jamais. Rafael était tellement obnubilé par la chose qu'il failli rater cette question épineuse qu'Alejandro lui posa. Un sourire amer se dessina sur l'ancien officier.
- Pas trois, Dieu merci... J'ai deux enfants. Enfin j'avais. Aria a été tuée pendant la fête de l'hiver, justement.
La froideur du ton, l'absence de compassion... Il avait cessé de voir en elle sa fille le jour où il avait découvert l'odieuse mutation qui souillait son corps. Dire qu'il ne ressentait rien, c'était faux. Il restait un humain, un père... Et tout au fond de lui, une pointe de remords se mêlait à ses brûlures pour le faire souffrir un peu plus.
- Et Cesare est... Venu me rendre visite il y a quelques jours... Après avoir passé des mois je ne sais où. Une famille ordinaire, en somme... D'ailleurs... J'aurais besoin de ton aide...
Rafael marqua un temps de pause, durant lequel il semblait sonder le regard d'Alejandro à la recherche d'une quelconque trace de mensonge ou de sournoiserie. Pouvait-il lui dire qu'il avait engendré deux mutants ? Qu'il n'avait pas été capable de les tuer et avait laissé filer le plus vieux ? Non. Pas maintenant. C'était trop tôt, et puis il ne voulait pas entendre Alejandro se moquer de lui une fois de plus.
- Il se trouve que mon idiot de fils a décidé de fricoter avec des dégénérés... Il s'est entiché de l'une d'entre eux, et a depuis retourné sa veste... L'ennui c'est que j'ai encore besoin de lui... Et je ne peux pas m'attaquer directement à lui sans qu'il le sache... L'expertise d'un tueur d'élite comme toi serait la bienvenue... Après tout, j'imagine que te percher à quelques centaines de mètres d'une cible pour rester invisible est un jeu d'enfant pour toi...
A vrai dire, ce n'était pas vraiment son fils qu'il voulait que le colombien prenne pour cible...
- J'imagine qu'une ou deux balle perdue dans le crâne de l'idiote qui lui fait tourner la tête, ça ne serait pas trop compliqué pour toi ?
Il répugnait à demander de l'aide. Surtout à celui qui avait été un jour son subordonné. Seulement, il n'avait plus vraiment le choix...
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Jedikiah Grimwood
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Sujet: Re: Guess what ? [Alejandro Velasquez] Mer 30 Déc 2015 - 20:49
Guess what ?
Rafael DeMaggio & Alejandro Velasquez
J'imagine que Rafael est ce qui se rapproche le plus d'un père pour moi. Je ne suis pas orphelin mais je n'ai jamais considéré mes parents autrement que comme des égaux qui ne méritaient ni mon dédain, ni mon respect, juste un entredeux se rapprochant davantage d’une indifférence due à notre cohabitation forcée qu’autre chose. Rafael, lui, m'a pris sous son aile, m'a formé à la dure, m'a façonné et m'a aiguisé pour devenir une véritable arme mortelle. Si j’étais quelqu’un de poétique, je dirais même qu’il a décelé chez moi un diamant recouvert de crasse et qu’il a pris le temps en quelques années de dégrossir ce diamant brut, de le laver et de le polir pour le rendre dangereux. Mais je ne suis pas poétique, donc on va se contenter de dire qu’il m’a tiré de la merde et m’a foutu une arme entre les mains pour mieux pointer une cible et m’ordonner de l’abattre. Et parce qu'il continue à être l'une des rares personnes à pouvoir me battre au corps à corps et à m'apprendre de nouvelles choses, alors oui, j'imagine qu'il est ce qu'on peut le plus apparenter à un père, un père qui n'hésiterait pas à me foutre une balle entre les deux yeux ; la réciproque étant parfaitement vraie, s’il me prenait l’envie de faire une connerie du genre ‘être mutant’ ou, mieux encore, ‘prendre le parti des dégénérés’. Armé de ma bière, je m’affale sur le canapé une fois mes armes mises hors de sa portée et je le rassure sur un point : si je reste conscient de sa supériorité hiérarchique, il se fout le doigt dans l’œil jusqu’à l’omoplate s’il pense que je m’en soucie plus qu’il y a un certain nombre d’années. Ce serait même pire encore. J’en ai rien à carrer, strictement rien à carrer, surtout lorsque c’est moi le subordonné et lui le supérieur. Lorsque c’est moi le chef… là… il avoue que j’aime rappeler aux trouffions qui a le grade et qui a la capacité de les foutre à terre pour mieux les frapper, mais autant que Rafael ne le sache pas le plus longtemps possible, il se foutrait trop de ma tronche, le con. - Je vois que ne connais toujours pas le sens du mot respect, Alejandro... Dois-je t'en imprimer la définition sur les bras au couteau, ou bien tu as juste décidé que c'était plus amusant de me contredire ? J’arque un sourcil devant sa manière de parler, si différente de la mienne, et dans un sursaut d’intelligence, je me retiens de le provoquer. D’intelligence ou par la force de l’habitude. « Te connaissant, ta définition ne tiendrait pas sur mes bras et tu te sentirais obligé de terminer de l’écrire dans mon dos donc on va dire que je vais m’en passer je commence par grommeler d’une voix moqueuse. « Mais souviens toi quand même que je suis plus dans l’armée, hein. » j’achève dans un clin d’œil. Ni lui, ni moi ne sommes encore dans l’armée et je n’ai plus dix-sept ans, j’en ai même trente-cinq. Tu n’as plus rien à m’apprendre sur la manière de se battre, DeMaggio, loin de là, rentre toi ça dans le crâne, le p’tit colombien a bien changé depuis sa première cartouche – qui pourrait équivaloir à une première couche. Ma bière s’agite entre mes doigts, j’en avale une nouvelle gorgée et la conversation se poursuit.
La fête de l’hiver, les emmerdes qu’on m’y a imposées et tout le touintouin, en quelques mots on fait le tour des derniers événements et ce con en profite pour titiller ma susceptibilité constamment à fleur de peau. Forcément, je réagis au quart de tour, je ne me contente pas de marcher, je cours directement en m’offusquant de ses sous-entendus. Bien sûr que j’étais armé, et largement suffisamment en vue des circonstances de départ, je ne pouvais pas prévoir qu’un dégénéré allait foutre le bordel. Le ricanement de mon ancien lieutenant me fait grincer des dents, même si je sais que j’aurais du m’y attendre. - Tu es toujours aussi susceptible, à ce que je vois... Je ne m'en lasserai jamais, je crois ! Je roule des yeux au ciel comme pour lui faire comprendre que ce genre d’intervention, il peut se les garder et ça ne fait rire que lui. Je termine ma bière pour m’épargner la peine de verbaliser ce que je peux penser de son humour de merde et enchaîne sur la compagnie qu’on m’a imposé là bas en plus des festivités. Sérieusement, j’ai encore le viens, on va s’amuser de Rosa en travers de la gorge… entre l’autre pyro qui s’est amusé à faire exploser des attractions et à jouer avec nos nerfs et les deux coincés qui se sont retrouvés avec moi… merci sœurette, je m’en serais passé. - Oh tu sais, les coincés du cul, il suffit de leur tirer une balle dans les pieds et ils se mettent à danser, ça devient tout de suite beaucoup plus amusant... Mais il y a quelque chose qui m'intrigue... Tu as sauvé les imbéciles coincés avec toi ? Sérieusement ? Tu m'impressionnes ! Le tireur d'élite sans remords se serait transformé en super héros avec des scrupules, finalement ? J’arque un sourcil, Rafael parvient à m’extirper violemment de mes penser et à faire naître un ricanement sur mes lèvres.
« Oh, si ça n’avait tenu qu’à moi, t’imagines bien que je les aurais laissés cramer là, ça nous aurait fait des incapables de moins mais bon… Ils étaient coincés dans une nacelle qui était sur mon passage, j’ai foutu deux coups de pied et je les ai laissés se démerder là, ça m’a rien coûté. » Sans remords, sans remords, j’suis un tireur d’élite qui fait son boulot et puis c’est tout, hein, j’suis pas non plus un psychopathe qui danse la lambada en regardant cramer des gens. J’hausse les épaules. « Le coincé du cul, c’était un mec dans ton genre, plein aux as et détestablement arrogant, ouais, je sais, hôpital, charité, tout ça… mais bon, ce n’est pas parce que j’ai un ego surdimensionné que je ne peux pas critiquer ceux qui en ont un sensiblement plus gros. « Ca aurait fait tâche qu’on me voit le pousser nonchalamment dans le brasier donc bon… à partir du moment où il était loin de moi à jouer au super-héros, il était supportable. » Récit décousu de la soirée, je ne sens pas le besoin de m’étaler davantage sur le sujet et je ne tarde pas à embrayer sur une question bien plus épineuse et surtout… bien plus dangereuse.
En quelques mots, l’avis extrême de Rafael est résumé et sa position concorde totalement avec la mienne. Il me sort même son arme que j’attrape d’une main experte et commence à le démonter pour faire tourner les différentes pièces entre mes doigts de grand habitué. C’est peut être lui le marchand d’armes, je pense que niveau connaissance on doit se valoir tous les deux. En même temps… là encore, c’est lui qui m’a tout appris. Quelques nouveaux mouvements et l’arme est intégralement remontée, lovée dans ma main pour que j’en jauge le poids. J’ai le même, ou presque, en tant qu’agent de sécurité. Même si je préfère largement mon fidèle glock qui étale une personne sans lui laisser le droit de se relever derrière. Un bon ennemi est un ennemi mort, un bon mutant est un cadavre. Je ne sais plus d’où vient ce pseudo adage, peut être de Rafael, tiens, mais il sonne juste dans ce genre de circonstance. Je finis par lui rendre l’arme avec nonchalance, juste avant de le foudroyer du regard, les muscles brusquement tendus.
Des choses à me reprocher, il est sérieux là ? Je crache sans attendre une seule seconde ce que je peux penser des éventuels reproches que j’aurais à me faire. Si j’étais un mutant, je ne serais pas con : il serait mort ou je serais mort à l’heure qu’il est. Je ne suis pas du genre à me cacher, à me terrer dans un coin la queue entre les jambes, bien au contraire. - Hum... Ou alors tu pourrais très bien cacher ton jeu et me monter un char... Mais je ne te sais pas assez futé pour ça, alors je vais te croire. Je lève une nouvelle fois les yeux au ciel. Pas assez futé ? Je ne vais pas le contredire tant qu’il ne commence par à remettre mes quelques compétences en question. Je n’ai aucune culture, aucune formation digne de ce nom en dehors de celles conférées par l’armée colombienne et le Hunter face à moi et, honnêtement, ça me va très bien. Aucune envie de me farcir le crâne de choses inutiles, aucune envie de jouer au gratte-papier les fesses rivées sur une chaise pendant des heures, j’ai trop besoin d’être constamment dans l’action pour supporter plus de dix minutes de réflexion. Bref. Cacher mon jeu, monter un char… « Bouarf, tu connais ma manière de penser, j’imagine : la meilleure façon de cacher son jeu, c’est d’éborgner ceux qui tentent de le regarder et hop, t’es tranquille et eux ne reviennent plus t’emmerder. » J’hausse les épaules pour appuyer mes propos et la désinvolture dans laquelle je m’étale avant de poursuivre sur le vaccin et ses conséquences sur les nouvelles générations Hunters, pas les pures et dures comme les DeMaggio ou les rejetons indirects comme je peux l’être.
Mes pensées dérivent immanquablement vers Bates et mon sourire se fait amer, grimace similaire à celle qu’arbore mon supérieur. J’ai encore en tête les discours grandiloquents que je peux entendre sur la chance offerte par le vaccin et tout le monceau de conneries qui suit immanquablement. Bullshit tout ça. Si j’étais un mutant, je dépècerais le premier à m’ôter ma mutation, je me connais. C’est pas une question de chance ou de malchance, c’est une question d’ego et d’instinct de survie. Si quelqu’un me tape dans les bijoux de famille, je riposte derrière et je lui fais un collier avec les siens, c’est aussi simple que ça; je doute que les mutants soient plus cons que moi sur le sujet donc l'affaire est réglé: le vaccin c'est de la merde, la seule solution c'est de les tuer. - C'est là tout le problème de ce genre d'arriviste... Ne le prends pas pour toi, ça ne te concerne pas. Mais tous ceux qui se prennent pour des héros en pensant sauver le monde avec un sérum à peine au point... Ca me fait bien rire. C'est pour ça qu'il faut former les jeunes dès l'enfance, pour leur forger le caractère, pour leur mettre dans la tête une chose : Les mutants, il faut les éradiquer, point final. J’acquiesce, l’air presque convaincu mais déjà fatigué par cette harangue que j’ai déjà entendu un certain nombre de fois et que je connais par cœur, à laquelle j’adhère totalement et que j’assène à mes apprentis Hunters quand je le peux. Former les jeunes dès l’enfance, j’sais pas si c’est indispensable, mais qu’il faille éradiquer les mutants, ça… c’est une certitude. - Quant à la vaccination de masse... C'est encore pire que ce que je croyais ! Ces vaccins ne sont pas fiables, bourrés d'effets secondaires et certains ne sont que temporaires... J'ai même vu un dégénéré vacciné muter à nouveau et développer une nouvelle saloperie tout aussi dangereuse. Tu imagines les dégâts que cela pourrait faire sur des personnes saines ? Au mot de vaccination, je contracte la mâchoire et grince des dents. Effets secondaires, bordel, foutus effets secondaires. Quant à un dégénéré muter à nouveau… Je secoue la tête d’un air blasé. « De l’enfumage, que de l’enfumage cette histoire de vaccin, j’te jure. Le seul avantage que je lui vois, à la rigueur, c’est que le dégénéré est vulnérable et que tu as moins de mal à le buter derrière mais bon… si t’es capable de le vacciner, pourquoi ne pas l’avoir tout de suite tué, sérieux… Je ne comprends pas la logique de ces p’tits cons. T’as pas idée d’à quel point c’est pénible de former des gens, de leur bourrer le crâne de bons principes et de les voir se précipiter sur ce vaccin comme des gonzesses dans un magasin au début des soldes. » Je soupire en regardant sur le côté, conservant dans un coin de mon regard la silhouette de l’autre, par principe. Si je devais être franc, j’enlèverais dans ma phrase le vague des gens et ne le remplacerais que par un nom et prénom bien précis. Elle ne quitte presque pas mes pensées, ça me fatigue, et elle s’y impose d’autant plus depuis la fête foraine et cette Letha qui s’est posée juste à côté de moi. Je me passe une main sur le visage pour m’éclaircir les pensées et me concentrer sur le discours de l’ancien militaire.
- Les dégénérés qui se prennent pour des demi-dieux, ce n'est pas nouveau... En revanche les chasseurs qui s'adoucissent, c'est très mauvais signe pour nous, si tu veux mon avis. Rien que le fait d'accepter leur existence, c'était une erreur... Encore une fois, un hochement de tête de ma part pour qu’il soit rassuré : on est toujours sur la même longueur d’onde. Quoique… contrairement à DeMaggio, ce n’est pas l’existence même des mutants qui me pose problème, c’est ce qu’ils font de leur mutation. En soit, j’en ai rien à faire qu’un mec soit capable de transformer son nez en bec de canard ou une connerie dans le genre, mais ça me fait davantage chier qu’on me crame ou qu’on s’amuse à faire joujou avec mes quelques neurones, faut bien être lucide. Un soupir me suffit pour exprimer ce qu’il y a à exprimer, j’extirpe mon glock de mon dos et commence à jouer avec pour m’occuper les mains et évacuer ma nervosité. Je finis par me lever pour aller me caler à la fenêtre, ma bière presque finie à la main et mon arme retrouvant le support de ma ceinture.
Changeons de conversation, changeons vite de conversation histoire que je chasse ma propre vaccination de ma mémoire, regrettant carrément d’avoir posé le sujet sur la table. Allez, Alejandro, de quoi les gens aiment bien parler en général ? Des mioches braillards qu’ils se foutent dans les pattes ? Je termine ma bière avant de grommeler. Le sourire amer de l’autre n’échappe pas à mon regard malgré mon apparent désintérêt. - Pas trois, Dieu merci... J'ai deux enfants. Enfin j'avais. Aria a été tuée pendant la fête de l'hiver, justement. Je me retourne, m’adosse à la fenêtre et regarde mon ancien formateur. J’ai pas d’gosse, j’compte même pas en avoir mais j’crois avoir lu dans les conséquences du machin qu’on est supposé apprécier ses gosses ou un truc dans le genre. Ce n’est pas que ça me dépasse, c’est juste que je ne me suis jamais penché sur la question, vaguement sur la manière de les faire. Dans tous les cas… Je commente, sarcastique. « Ca a l’air de te faire de la peine, tiens… » Je lui lance un regard interrogateur, mais il enchaîne sur, si je comprends bien, son deuxième gosse. - Et Cesare est... Venu me rendre visite il y a quelques jours... Après avoir passé des mois je ne sais où. Une famille ordinaire, en somme... Je raille dans un ricanement un « C’est c’que j’vois. » transparent quant à mon intérêt pour la question. La famille et moi… c’est ce qu’on sait. J’ai grandi dans la rue et dès mes six ou sept ans, voire moins, j’ai été balancé dans les foules de touristes pour leur faire les poches entre deux cours vaguement dispensés par principe. Mes frères et sœurs, ce n’étaient que des bouches à nourrir et mes parents, une figure d’autorité inexistante, ils ne pensaient qu’à leur tronche et avaient été transformés en mort-vivants par l’âge et le travail. Donc bon, niveau famille ordinaire, je ne vois absolument pas ce qu’il veut dire et je n’ai pas des masses envie qu’il s’attarde sur ses photos de vacances et les anecdotes croustillantes sur ses morveux. Heureusement que ce n’est pas son genre. « D'ailleurs... J'aurais besoin de ton aide... J’arque un sourcil. Besoin de mon aide ? C’est nouveau ça. Et ça pourrait expliquer sa venue d’ailleurs. « Si c’est parce que ton gosse, Cesare c’est ça ?, te fait une crise d’ado, une bonne torgnole et une douche froide, ça lui remet les idées en place en général. » Je lui renvoie en pleine tronche et avec un sourire moqueur ses méthodes d’éducation que j’ai pu subir quelques temps pour qu’il me fasse ravaler quelques unes de mes habitudes de la rue.
Je toise Rafael dans l’attente d’une réponse. C’est moi où il fait de même de son côté ? Je ne suis pas patient, mon « Alors quoi ? Accouche. » ne se fait pas attendre. - Il se trouve que mon idiot de fils a décidé de fricoter avec des dégénérés... Il s'est entiché de l'une d'entre eux, et a depuis retourné sa veste... L'ennui c'est que j'ai encore besoin de lui... Et je ne peux pas m'attaquer directement à lui sans qu'il le sache... L'expertise d'un tueur d'élite comme toi serait la bienvenue... Après tout, j'imagine que te percher à quelques centaines de mètres d'une cible pour rester invisible est un jeu d'enfant pour toi... J'imagine qu'une ou deux balle perdues dans le crâne de l'idiote qui lui fait tourner la tête, ça ne serait pas trop compliqué pour toi ? Je pourrais éclater de rire. Mes lèvres légèrement étirées le prouvent bien, d’ailleurs. Je pourrais éclater de rire si je n’avais pas conscience de risquer ma vie en faisant ça. Déjà qu’il est pas fan de ma conception du respect, ou de mon absence complète de respect, autant le dire franco, je ne vais pas pousser le vice à me foutre ouvertement de sa tronche. Surtout qu’en soi, outre la sacrée ironie de la situation, ça n’a rien de drôle. Je me contente donc d’un narquois « Toutes condoléances pour les goûts douteux de ton gosse. Tu l’as toujours pas castré d’ailleurs ? Depuis quand tu prends des pincettes ? J’te savais pas sentimental à ce point… Tu vieillis, Lieut’nant, tu te ramollis même, va p’t’être falloir penser à t’euthanasier… » Oui, je sais, j’en profite mais rappelez vous : j’aurais pu éclater de rire ce qui n’aurait pas manqué d’être bien plus vexant au final. D’une moue, je me résigne à être sérieux et balance la bouteille de bière vide en direction de la poubelle, dans la cuisine qui est encore ouverte face à moi. Un bruit de verre brisé amorti par le sac plastique m’apprend que j’ai fait mouche, je me concentre sur la question de celui que j’appelle toujours Lieut’nant malgré le temps. « Plus sérieusement, je suis ton homme. Surtout pour buter une dégénérée comme ça. T’as qu’à me donner son nom et l’endroit où elle crèche et je te fais ça. Si tu veux, je peux même en profiter pour faire un trou dans les bijoux de famille de ton mioche histoire qu’il garde sa braguette fermée, c’est cadeau, c’est gratuit. »
Je m’arrête là, prenant miraculeusement le temps de réfléchir. Je suis sérieux, encore, lorsque je fixe Rafael dans les yeux, chassant mes moqueries et mon insolence. « Tu le sais, hein, que je pourrai jamais te refuser ce genre de demande. C’est fini le temps où je remettais en cause tes ordres sur ce plan là. Et puis, si je peux pas mettre mon fusil au service de l’homme qui me l’a foutu réellement entre les mains, à quoi ça sert de savoir tirer juste ? » Non, je ne viens pas de lui affirmer une certaine loyauté de ma part, ce n’est qu’une illusion. Ou pas. Je lui suis redevable, même moi je ne peux pas me le cacher. Immensément redevable. Oui, quelque part, Rafael est une sorte de père de substitution.
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Rafael DeMaggio
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Sujet: Re: Guess what ? [Alejandro Velasquez] Sam 6 Fév 2016 - 19:16
Guess what ?
Rafael DeMaggio & Alejandro Velasquez
L'irrespect et l'insubordination étaient deux choses qui mettaient Rafael hors de lui. Il lui suffisait qu'on lui réponde « oui mais » sur un ton un peu trop provocateur pour qu'il tue la remarque dans l’œuf d'un coup de pied bien placé.
- Tu n'es peut-être plus dans l'armée, moi non plus, mais ça ne doit pas t'empêcher de réfléchir avant de parler, je me trompe ? Railla-t-il.
Bien vite, la discussion s'orienta vers la fête foraine, qui n'avait pas eu l'air d'être une partie de plaisir pour Alejandro... Rafael se félicitait d'avoir eu la bonne idée de ne pas être présent ce soir-là... Des explosions, un brasier, des dégénérés partout au milieu d'humains parfaitement normaux... Très peu pour lui ! Il ne pu s'empêcher de sourire à la remarque d'Alejandro, lui jetant au passage un regard amusé.
- Le tireur d'élite qui se prend pour un héros... Tu pourras te trouver toutes les excuses du monde, ça ressemble tout de même beaucoup à un sauvetage, cette histoire !
Non pas qu'il le lui reprochait, Rafael aurait sûrement eu des scrupules à laisser des civils sans défense finir en toasts, mais ça l'amusait de charrier un peu son ancien apprenti. Il imaginait l'amabilité avec laquelle il avait du leur demander de sortir de la nacelle. Et puis la suite le fit même rire. Un gamin de la rue au langage aussi fleuri qu'aimable, face à un type d'un tout autre monde... Étonnement, il y avait quelque chose de franchement risible dans cette histoire.
- Dans mon genre ? J'espère au moins que tu ne me trouves pas coincé du cul ! Si je prends le reste pour un compliment, ça en revanche ça pourrait me vexer..., répliqua-t-il d'un ton amusé.
D'un autre côté, Alejandro avait raison : Pousser une personne lambda dans le vide dans une telle situation et l'on aurait fait passer la chose pour un accident malheureux. Mais quelqu'un d'un peu plus haut placé, armé jusqu'aux juridiquement parlant... Une enquête aurait été ouverte et le colombien aurait certainement regretté son geste. C'était là toute la cruauté du monde, on parlait d'humains tous égaux, mais au final, une hiérarchie s'installait d'elle-même, sans que qui que ce soit fasse quelque chose pour la renverser. Et déjà, la discussion prenait un autre tournant, les amenant à parler de ces chasseurs incapables qui brandissaient les vaccins comme un étendard de paix, se proclamant les sauveurs de la race humaine et mutante par la même occasion. Bande d'idiots finis... Des vaccins qui dotaient parfois les dégénérés d'autres mutations abjectes, voilà ce que c'était ! La seule façon de rendre service à l'humanité, c'était de les tuer un par un. Et ça, Rafael ne se gêna pas pour l'exposer à Alejandro. Il savait que tous deux partageaient à peu près la même vision des choses en la matière, de toute manière.
- Ça... Je ne te le fais pas dire... Tu leur donnes le meilleur conseil qui soit avec les dégénérés, à savoir « ne cherchez pas à comprendre, tuez-les », mais ils trouvent encore le moyen de faire les chochottes et de revenir à la charge en disant que le vaccin pourrait épargner des vies, ou ce genre de conneries... A mon avis, il faudrait tester ces chasseurs au rabais dès leur arrivée : S'ils n'ont pas suffisamment de courage pour tuer, ça ne sert à rien de les former. Ils se feront eux-même tuer avant d'avoir pu ne serait-ce que songer à sortir une seringue de vaccin de leur poche.
Se réinstallant confortablement dans son fauteuil, Rafael avala une gorgée de bière tandis qu'Alejandro se levait pour aller s'adosser à la fenêtre. La question qui fâche tomba... Comment allaient ses enfants... Vaste sujet. L'une était morte, l'autre avait manqué de le tuer. Fallait-il ajouter autre chose ? A la remarque du colombien, Rafael le foudroya du regard. Il aurait dû être triste, en effet... Il aurait du pleurer la mort de sa fille, seulement il avait davantage le sentiment qu'ainsi, elle ne souffrait plus de devoir porter en elle un gêne répugnant et dégénéré. C'était presque comme si celui qui l'avait tuée lui avait rendu service. Restait à savoir s'il avait fait cela proprement... Quelque part, Rafael ne pouvait nier l'instinct du père qui lui hurlait de laisser aller un chagrin qu'il ne comprenait pas, mais il contenait du mieux qu'il pouvait cette minuscule étincelle d'humanité sous la haine puissante qu'il vouait aux mutants. Il se contenta d'exposer simplement la situation à Alejandro, mesurant chacun de ses mots pour en chasser l'amertume et paraître détaché. Mais ça, c'était sans compter la réaction de son ancien élève, toujours aussi enclin à se moquer ou à mettre le doigt là où ça fait mal.
- Je ne suis PAS sentimental, c'est clair ? J'ai peut-être encore le droit de faire la différence pour mes enfants, non ? Rassure-toi, si c'était toi qui t'entichais d'une dégénérée, je te les couperais vite fait pour t'empêcher de récidiver...,grogna-t-il d'une voix menaçante.
Seulement, Alejandro n'avait pas tort. Rafael sentait qu'il avait fait une erreur en laissant Cesare s'enfuir. Il n'aurait pas du faire de différence entre lui et un autre... D'autant que ce qu'il ne précisait pas au colombien, c'est que son fils était lui aussi un mutant. Ça... Ça viendrait en temps voulu. Rafael fut tiré de ses pensées par Alejandro, et plus précisément par ce qu'il disait. Surpris, le chasseur écarquilla les yeux. Bien des années s'étaient passées depuis l'époque où il l'entraînait, lorsqu'il lui avait mis une arme dans les mains en lui promettant de mordre la poussière s'il osait trembler en tirer sur le premier dégénéré venu. Il était loin, ce temps où Rafael le corrigeait trois fois par jour pour lui passer l'idée de le contredire ou de faire des conneries. Alejandro avait appris, et s'il avait toujours un foutu caractère de cochon, Rafael comprenait à présent qu'une chose n'avait pas changée depuis cette époque : Il pouvait lui faire aveuglément confiance pour exécuter le travail qu'il lui demandait. Et si le chasseur était d'un naturel méfiant, il avait rarement été déçu par son élève. Bien moins que par son propre fils. Il posa alors sa bière vide sur la table et se leva pour rejoindre le colombien.
- C'est vrai... Tu as peut-être un sale caractère et une tendance à envoyer paître tes supérieurs, mais tu ne m'as jamais déçu. Je sais que je peux te faire confiance sur ce coup-là, Alejandro. La dégénérée en question s'appelle Isolde Saddler... Et cette petite pourriture sait très bien se cacher. Elle viendra me trouver à un moment ou à un autre, ce n'est qu'une question de temps et... J'aurai besoin de toi à ce moment-là. Quant à Cesare ne t'en fais pas, j'en fais mon affaire.
Il esquissa un sourire de requin en tendant une main à Alejandro, histoire de sceller dans les règles ce funeste marché. Rafael n'avait vu que des ennemis dans son horizon ces derniers temps, il avait enfin le sentiment de s'être fait un allier de choix et ne regrettait pas son petit détour.
- Que tu sois content ou non de mettre ton fusil à mon service, je ne suis pas pingre. Tu seras grassement payé pour tes services, crois-moi ! Je serai bien trop heureux de la savoir six pieds sous terre quand ça sera terminé...
Quoi qu'il en soit, Rafael était sûr d'une chose : Ce serait lui, ou elle. Ou Cesare, qui sait ? Complètement obnubilé par la mort de sa sœur et sa jolie petite blonde, il n'avait, aux yeux de son père, plus deux neurones fonctionnels.
- J'ai été ravi de te revoir, Alejandro ! Et... De voir que nos petites affaires marchent toujours. Je vais te laisser et finir ma chasse du soir, il y a toujours des idiots pour traîner dans les rues après le couvre-feu...
Après avoir salué son ancien élève, Rafael pris congé et sortit de l'immeuble pour affronter le froid de cette nuit d'hiver particulièrement rigoureuse. Malgré la rudesse du temps, il ne semblait pas prêt à se départir de son sourire. C'était encore à l'état d'hypothèse, mais il se réjouissait de voir la cervelle de Saddler tâcher le bitume. Qu'elle vienne donc pleurer à ses pieds la mort de son cher paternel ! La mort viendrait pour elle, mais certainement pas de là où elle l'attendait.
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Jedikiah Grimwood
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Sujet: Re: Guess what ? [Alejandro Velasquez] Mer 24 Fév 2016 - 21:02
Guess what ?
Rafael DeMaggio & Alejandro Velasquez
- Tu n'es peut-être plus dans l'armée, moi non plus, mais ça ne doit pas t'empêcher de réfléchir avant de parler, je me trompe ? J’hausse un sourcil, un sourire dubitatif et amusé aux lèvres. « Réfléchir avant de parler ? Pourquoi faire ? » je glisse dans un sarcasme, fier de ma connerie. Ma bière roule entre mes doigts, je toise mon ancien supérieur avec un regard goguenard. J’ai du respect pour lui, certainement plus que pour quiconque. Et, miracle, j’ai aussi une certaine reconnaissance envers lui pour m’avoir repéré, extrait de la fange, formé et foutu bien trop d’armes entre les mains. J’ai du respect pour lui, c’est sûr, mais qu’il ne s’attende pas non plus à ce que je m’écrase devant lui. La discussion se poursuit malgré tout, dérive sur l’actualité, vers la fête foraine dont je garde un mauvais souvenir et surtout cette atmosphère de cendre et de braise qui m’a forcé à collaborer avec des cons. Et Castellanos. Allez, viens Alej, on va s’amuser. Elle est mignonne Rosa, mais si c’était à refaire, je lui foutrais mon poing dans la gueule plutôt que d’accepter de faire un tour à cette connerie. - Le tireur d'élite qui se prend pour un héros... Tu pourras te trouver toutes les excuses du monde, ça ressemble tout de même beaucoup à un sauvetage, cette histoire ! J’hausse à nouveau les sourcils, j’hausse les épaules aussi. Indifférent. Je n’ai jamais prétendu être un héros, ni même eu un jour l’envie, mais dans les faits, tant que j’ai pas eu de brûlure ou de connerie dans le genre, j’vais pas non plus me flageller sur la place publique parce que j’ai sauvé ceux qui auraient dû être des dommages collatéraux du darwinisme. En revanche, c’est bien con que je n’aie pas trouvé de moment pour envoyer l’autre crétin se vautrer une trentaine de mètres plus bas. - Dans mon genre ? J'espère au moins que tu ne me trouves pas coincé du cul ! Si je prends le reste pour un compliment, ça en revanche ça pourrait me vexer... Je ricane. Encore heureux qu’il prenne le reste pour des compliments, ce serait dommage qu’il soit aussi peu lucide. Je ne tiens pas spécialement mon arrogance de lui, mais on va dire qu’il ne m’a pas spécialement encouragé à supprimer ce que beaucoup considèrent comme un défaut. « Ouais, ça va, y’a pire que toi niveau coincé, mais admets quand même que t’en tiens un peu une sacrée couche, surtout quand tu te la joues milliardaire friqué qui pète plus haut que son cul » je raille sur un ton proche de la provocation.
J’imagine qu’à continuer dans cette direction, je vais finir par me retrouver soit la tête encastrée dans ma table basse, soit avec mon flingue de sorti et de pointé sur son crâne. Heureusement que la discussion dérive encore et qu’on parle flingue, l’un des rares sujets qui m’intéressent et dans lesquels je suis plus que calé. Flingue, vaccin, chasse, c’est l’ancien mentor et l’ancien élève qui échangent leur exaspération sur tout ça. Les jeunes chasseurs, ceux que je forme surtout, sont tellement attirés par le vaccin que je me demande s’ils n’ont rien dans le caillou ou s’ils sont juste des crétins d’idéalistes. De mon point de vue, vacciner un mutant c’est se foutre un ennemi aux amis potentiellement dangereux sur le dos. En soi, pas une brillante idée, loin de là. Et même moi, je peux m’en rendre compte. - Ça... Je ne te le fais pas dire... Tu leur donnes le meilleur conseil qui soit avec les dégénérés, à savoir « ne cherchez pas à comprendre, tuez-les », mais ils trouvent encore le moyen de faire les chochottes et de revenir à la charge en disant que le vaccin pourrait épargner des vies, ou ce genre de conneries... A mon avis, il faudrait tester ces chasseurs au rabais dès leur arrivée : S'ils n'ont pas suffisamment de courage pour tuer, ça ne sert à rien de les former. Ils se feront eux-mêmes tuer avant d'avoir pu ne serait-ce que songer à sortir une seringue de vaccin de leur poche. J’hoche la tête, parfaitement convaincu. J’ai appris à la dure à buter du mutant, j’ai appris à la dure à ne pas hésiter une seule seconde à éliminer la menace. Avec des personnes qui sont capables de se téléporter, il ne faut surtout pas chercher à comprendre : il faut abattre dès qu’une fenêtre de tir se présente, un point c’est tout. Et c’est suffisant. Ca m’use, cette histoire. « Le pire, c’est quand ils sont faits pour être des chasseurs, ça les prend aux tripes, tuer fait partir de leur instinct et… non, ils dégainent le vaccin malgré tout… » Ca m’écœure. Et ma rancœur n’en est que plus grande. Rancœur, colère, manque lancinant.
J’ai besoin d’évacuer une nervosité certaine, je me réfugie à la fenêtre. Changeons de sujet de conversation et changeons vite. La discussion repart. Les enfants. Les gosses. Les trucs qui braillent et qui geignent, ces petits trucs qui ne sont même pas capables d’être autonomes. J’ai été un gosse mais honnêtement, j’ai été si rapidement indépendant, balancé dans la rue pour aller faire les poches des passants, que je ne me souviens pas avoir été aussi rose et rebondi que ces tas de graisse qui piaillent dans la rue. Ses gosses, donc. Deux mioches, pas trois, ça commence bien pour les banalités, je me foire dès le début. Mon sarcasme complimente sa détresse évidente, je ne tressaille même pas sous son regard noir. Un sourire moqueur s’étire même sur mes lèvres lorsqu’il me parle du survivant, un mec. Cesare. Qui ne semble pas trop apprécier son paternel. Et là, la plus grosse blague de la décennie débarque. On parlait d’honnêtes – sentez l’ironie du terme – chasseurs débauchés et jouant leur mijaurée en flirtant avec le vaccin, et voilà qu’il me balance que son gosse, son rejeton, à lui fricote avec une mutante. Si je n’avais pas un minimum d’instinct de survie, j’aurais explosé de rire. Au lieu de quoi… je me contente d’un sourire narquois. - Je ne suis PAS sentimental, c'est clair ? J'ai peut-être encore le droit de faire la différence pour mes enfants, non ? Rassure-toi, si c'était toi qui t'entichais d'une dégénérée, je te les couperais vite fait pour t'empêcher de récidiver... Sa voix menaçante, je la balaye d’un petit rictus. Rafael, tu as beau être un cador des Hunters, c’est toi qui m’as formé et même si je ne suis pas certain de l’emporter au corps à corps, n’essaye pas de me faire peur. Je balance ma bouteille de bière vide dans la poubelle, millimétrant mon mouvement, le temps de réfléchir et de retrouver mon sérieux.
Je suis arrogant, insolent, inconséquent, je suis exaspérant, indépendant, je n’ai de respect que pour une poignée de gens et de l’affection pour encore moins de gus. Mais… l’homme face à moi fait partie des rares que je respecte et pour lesquels j’ai un tant soit peu de reconnaissance. Et il peut compter sur moi. Je suis ton homme. Aucune moquerie, aucune ironie, aucun sarcasme, juste une franchise sobre et concise. Mon regard est d’ailleurs éloquent. - C'est vrai... Tu as peut-être un sale caractère et une tendance à envoyer paître tes supérieurs, mais tu ne m'as jamais déçu. Je sais que je peux te faire confiance sur ce coup-là, Alejandro. La dégénérée en question s'appelle Isolde Saddler... Et cette petite pourriture sait très bien se cacher. Elle viendra me trouver à un moment ou à un autre, ce n'est qu'une question de temps et... J'aurai besoin de toi à ce moment-là. Quant à Cesare ne t'en fais pas, j'en fais mon affaire. Isolde Saddler… Un froncement de sourcil, j’enregistre le nom et le prénom avec l’automatisme du sniper et du Hunter. Je ne sais peut être pas réciter un poème ou calculer la racine carrée de quarante sept, mais je sais retenir le nom d’une cible.
Son sourire de requin trouve son frère sur mes lèvres, dans une complicité hiérarchique qui remonte à des années de ça. - Que tu sois content ou non de mettre ton fusil à mon service, je ne suis pas pingre. Tu seras grassement payé pour tes services, crois-moi ! Je serai bien trop heureux de la savoir six pieds sous terre quand ça sera terminé... J'ai été ravi de te revoir, Alejandro ! Et... De voir que nos petites affaires marchent toujours. Je vais te laisser et finir ma chasse du soir, il y a toujours des idiots pour traîner dans les rues après le couvre-feu... Grassement payé, Rafael sait me parler, et sait très bien le faire. « J’espère bien qu’il y aura de quoi rembourser le temps perdu. » Mon sérieux n’aura pas duré longtemps, je souris d’un air amusé. Je ne suis plus l’apprenti, je suis l’arme qu’il a forgée et que ça ne me dérange pas de me mettre à son service, loin de là. Je lui dois bien ça. Je le raccompagne jusqu’à la porte, mains dans les poches. « Amuse-toi bien, essaye de ne pas trop les éparpiller. » Tuer, c’est crade. Je n’ai jamais pris plaisir à tuer les mutants, je les descends parce que c’est ce qu’il faut faire. Mais je sais qu’il y a certains Hunters qui sont de véritables psychopathes. Des chasseurs, des gamins armés d’un flingue et d’une mission aussi divine qu’un tas de fiente.