I'm gonna pop some tags ♫ Only got twenty dollars in my pocket. Ce n’est pas que je chante faux, c’est que je ne tente même pas de chanter juste. En même temps, c’est très surfait de chanter juste à partir d’un certain moment, au bout d’un certain nombre de verres terminés. Je ne sais pas combien de semaines ça fait que je ne suis pas sorti, vraiment sorti, mais ça fait du bien. Je ne suis pas quelqu’un de discret, je ne suis même pas quelqu’un de posé, de calme, d’introverti. Avec moi c’est simple, plus je me la joue grande gueule, plus ça veut dire que j’ai quelque chose à cacher ou, mieux encore, à évacuer. Un verre à la main, je gueule dans le bar les paroles, sans savoir exactement ce que je raconte mais au moins, je tiens la cadence et j’arrête de réfléchir. Je sais que j’ai l’air con. Très con. Même en comparaison à mon comportement habituel, j’ai l’air con. Je ne suis pas encore bourré. Pas assez d’alcool, pas assez d’heures passées dans le bar. I - I'm - I'm hunting, looking for a come up This is fucking awesome Je force ma voix à descendre dans les graves, maltraitée même un samedi soir la pauvre. Ce n’est pas que je chante faux, c’est que je veux juste suivre les paroles, pas entrer en compétition avec une Moira ou un Martial qui ont l’oreille absolue. Moi, j’ai deux oreilles et un nez et ça me suffit. Deux oreilles, un nez et une putain de grande gueule. Je ne suis pas un mec discret, désolé Aspen.
Lorsque je ris, ça s’entend, lorsque je parle, ça s’entend, lorsque je me marre, ça s’entend. Je suis de ceux qui font du bruit pour se donner l’impression d’exister. Je commence à danser au rythme de la musique, indifférent au fait que je suis en couple. Indifférent au fait que je suis en train de faire le con. Je suis en train de danser sur la piste, souriant à des jolies filles. J’ai besoin de m’aérer. J’ai besoin de cesser de respirer. J’ai besoin d’arrêter d’angoisser. J’ai besoin de me vider la tête. Je fais une connerie, je ne peux que le savoir. Mais c’est pour ça aussi que j’ai voulu proposer à Aspen de sortir dans un bar. Je sais qu’elle sait que je suis avec Astrid et que pour une fois, pour une putain de fois, ma vie sentimentale commence à ressembler à quelque chose. Je sais aussi que dragueur quelqu’un au pif, coucher avec, ce n’est pas la solution à cette angoisse qui me bousille les tripes. Je sais enfin que plus qu’une connerie, je suis en train de foutre ma vie en l’air. Mais…
Je ne sais pas. Je préfère ne penser à rien. Trust me. on my I-N-D-E-P-E-N-D-E-N-T hustlin' Putain oui, je suis indépendant. Je suis indépendant, j’ai envie de le hurler au monde. De mes parents. Pas de mon frère. Pas d’Astrid. Chasing dreams since I was 14 J’ai envie de hurler au monde d’aller se faire foutre. J’ai vingt-sept ans. Je suis père. Une fois. Bientôt deux. Je suis père. J’ai vingt-sept ans, j’ai le cœur qui déconne de plus en plus. Ce matin, mon cardiologue m’a redit d’arrêter le sport, d’arrêter l’alcool, d’arrêter les efforts. Demain, c’est l’anniversaire des mères de mes gosses. Demain, je veux demander à Astrid d’emménager avec moi. J’ai tout préparé. Du petit cadeau avec les clés de mon appart à ce lit double que j’ai acheté en passant par un lit pour bébé que j’ai commandé. J’ai tout foutu dans la boite, d’ailleurs, histoire qu’elle comprenne. J’ai tout préparé, tout bien préparé, avec une minutie qui m’est totalement étrangère. Sauf que là… je panique. Je panique vraiment. Trust me. on my I-N-D-E-P-E-N-D-E-N-T hustlin' Je souris, dragueur. Ca fait combien de mois que je n’ai pas dragué une fille ? Au moins deux. Trois. Quatre. Cinq… Ca fait combien de mois que j’essaye de grandir ? Je panique rien que de penser à Astrid, rien que de penser à ce pas en avant que je me suis préparé à faire. Je panique à l’idée qu’elle refuse. Je préfère terminer un nouveau verre en m’éloignant de ceux qui dansent.
Je ne sais pas où est Aspen, je l’ai perdue de vue il y a dix ou quinze minutes. D’un mouvement main, je demande un nouveau verre sans même faire attention à ce que je commande. Indifférent aux battements erratiques de mon cœur, je la cherche du regard et tombe sur une jolie brune à quelques centimètres. Aussitôt, je souris. Naturellement. Sans artifice. L’alcool aidant. Je fais une connerie. Et pourtant, il ne nous faut pas plus d’une douzaine de minutes pour faire suffisamment connaissance. Au moins, c’est elle qui fait le premier pas. Elle ne doit pas être beaucoup plus torchée que moi, et je sais que je commence à peine à être joyeux. Pas suffisamment bourré pour éjecté totalement Astrid de mes pensées, pas suffisamment bourré pour ne pas me sentir coupable. Mais suffisamment perdu pour ne pas empêcher Teresa de m’embrasser bien comme il faut. J’ai à peine le temps de me rendre compte de ce qu’il se passe, de ce que je suis vraiment en train de faire qu’on m’attrape par les cheveux pour me tirer en arrière. Une rouquine.
Je fronce les sourcils, l’air un peu perdu d’un chiot qu’on vient de balancer au milieu d’une meute de chats. « Asp’, qu’est ce que tu fous ? » Tu sais bien ce qu’elle fout, Marius. Tu devrais même la remercier ! Je pensais que ma conscience avait pris des vacances mais apparemment, je me suis bien foutu dedans parce qu’elle se fraye un chemin dans ma connerie pour s’imposer.
Un tonnerre d’applaudissements retentit autour d’Aspen alors qu’elle faisait tomber la balle de ping pong pour la troisième fois d’affilée dans un des verres de bières posées sur la table. Voilà, elle avait trouvé comment employer sa dextérité et son entrainement au tir de la manière la plus ludique qu’il soit : au bière pong. Son adversaire, un grand métisse plein de tatouages, la fixit d’un air mi amusé, mi dépité, alors qu’elle faisait valser ses cheveux d’un geste de la main, très fière d’elle. On ne la lui faisait pas à Aspen, et parole de Wolstenholme, elle coucherait le boxeur avant d’avoir un test d’alcoolémie positif. Le grand Barraqué but son verre cul sec avec un air de défi, avant de lever les bras au ciel, battu. En réalité, la bière ne l’intéressait pas trop. La rouquine, en revanche… Son air bravache sous ses longs cils noircis de mascara l’intriguait. Le charisme d’Aspen dans toute sa splendeur. Chanceux qu’il était, elle était venue pour faire la fête et profiter, alors il avait ses chances. Elle l’attrapa par la main pour l’attirer jusqu’au bar, où Marius était en train de chanter à tue-tête, et horriblement faux : Le costaud haussa un sourcil surpris, mais Aspen n’y fit pas attention : ça, ça voulait dire qu’il était de bonne humeur, ou déjà bien entamé, ou un peu des deux. Elle commanda deux shots de tequila, qu’elle eut la classe de payer à son cavalier, trinqua et l’avala cul sec, comme une décharge d’adrénaline et de folie dans ses veines. Seigneur, ce que cela faisait du bien ! Elle passa la main dans les cheveux de Marius pour le décoiffer en riant, puis suivit son bel inconnu au milieu de la petite piste du bar, enroulant ses bras autour de son cou en commençant à onduler contre son corps musclé, riant de plus bel. Elle suivait du coin de l’œil la démarche hésitante de Marius qui les avait suivi sur la piste de danse, et se débrouillait plutôt pas mal malgré son début d’ivresse : c’était tout Marius ça, avoir l’air cool même quand il ne savait absolument pas ce qu’il était en train de faire. Le cavalier d’Aspen lui chuchota un compliment à l’oreille qu’elle ne comprit pas, alors elle haussa les épaules en souriant. C’était juste agréable d’être dans les bras d’un garçon qui ne la foudroyait pas du regard, et même plutôt l’inverse.
L’invitation de Marius à sortir en ce vendredi soir était arrivée à point nommé : d’abord, parce qu’elle n’avait pas vu son énergumène de camarade depuis un bail. Ensuite, parce qu’elle avait passé une semaine naze au boulot. Enfin, parce qu’après Lorcan, c’était Calista qui s’était mise à ignorer ses appels et textos. A croire qu’elle était devenue la dégénérée à éviter à tout prix, sympa. Alors oui, quand on réclamait sa présence, l’appréciait, ça lui faisait du bien, comme les mains chaudes de ce charmant jeune homme au sourire éclatant sur sa taille et son regard appréciateur. Alors elle se laissait aller à un petit flirt sans importance, de ceux qui boostent l’égo et font oublier que l’on se sent seule. Elle s’apprêtait à mordre les lèvres de son sexy danseur au gout de chocolat, quand un truc étrange capta son regard, et détourna son attention. Un peu plus loin sur la piste, Marius se rapprochait dangereusement d’une brune qu’Aspen aurait qualifiée de banale, au mieux, mignonne. Il avait le sourire du mec prêt a faire joyeusement une belle connerie, alors que le métisse embrassait Aspen dans le cou. Elle le repoussa doucement mais sans délicatesse, levant un doigt comme pour dire « bouge pas de là, je reviens », et fonça tête baissée en direction de Marius. Trop tard. Il était déjà en train d’explorer la gorge de miss-tout-le-monde avec sa langue, et Aspen agrippa une touffe de cheveux à l’arrière du crâne du blond pour le faire reculer brutalement de sa prétendante sans charme, accordant un sourire carnassier à cette dernière qui écarquillait les yeux.
- Mon camarade là a de l’herpès labial, je suis en train de sauver ta future vie sentimentale meuf. De rien.
Elle ignora la réplique pleurnicharde de Marius, et le traina par la peau du scalp jusqu’à l’entrée du bar, sous les yeux éberlués de Térésa, du grand métisse et de la moitié des personnes présentes dans la salle. Ca faisait toujours son petit effet, autant de force et de détermination dans un si petit corps. Elle plaqua Marius contre le mur extérieur du bar sans douceur, le bras croisé :
- Vas y dis moi tout, je suis curieuse. C’était quoi « CA » ? et je te préviens, je cogne super fort, pour une fille.
Marius Caesar
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Sujet: Re: blame it on the boogie (pv aspen) Mar 22 Déc 2015 - 19:40
Je sais que je dérape, je sais que je fais le con. Mais ce que je sais aussi, c'est que je suis mort de trouille. Mais genre… vraiment. Je suis un gamin, je refuse de grandir pour la simple raison que grandir serait laisser derrière moi toute chance d'avoir une enfance avec un père et un mère normaux. Et que grandir, aussi, ce serait prendre mes responsabilités, assumer, considérer avec la tête froide mon coeur qui me pourrit la vie, arrêter de faire du sport, arrêter de boire, arrêter de vivre. Des applaudissements manquent de me couper dans mon solo de qualité, je jette un coup d'oeil en direction de la rousse qui m'a accompagné ici dans un sourire légèrement joyeux. Un peu trop joyeux, peut être, mais ce n'est qu'un détail. Je commande un nouveau verre au bar, baisse la tête lorsqu'Aspen me décoiffe davantage dans un éclat de rire. D'un coup d'oeil, je considère son cavalier, plutôt pas mal ce qui ne m'étonne pas puisqu'Aspen a toujours eu bons goûts en matière de même, surtout lorsqu'elle vise les blonds sportifs, avant de les suivre sur la piste. Un pas hésitant, plein de mon assurance gagnée dans une société mondaine où l'apparence et la tenue comptaient autant que les conversations et l'élégance. Je ne suis pas élégant, je ne suis pas un bourge mais j'ai été bercé dedans et ça se voit. Vraiment. Et j'ai aussi une classe naturelle qui fait que non content d'être tout à fait modeste, je brille par mon humilité et ma discrétion.
Quelques minutes sur la piste, quelques minutes au bar, mon regard accroche une brune. Un sourire, je mets de côté ma raison et ma conscience pour me laisser aller à la facilité. On est obligé de se rapprocher pour discuter, ce n'est pas de ma faute si je suis obligé d'avoir les yeux sur ses formes généreuses. Non ? Ce n'est pas ma faute aussi s'il ne me faut que quelques minutes pour avoir toute son attention et qu'il ne lui faut que quelques phrases et battement de cils pour avoir toute la mienne. Je sais que je fais une connerie. Je le sais. Et pourtant, lorsqu'elle commence à m'embrasser, loin de l'en empêcher, je ferme les yeux pour rejeter l'image d'Astrid et je m'investis à fond dans cette initiative, tout à fait prêt à aller plus loin, tout à fait prêt à enterrer mon couple. J'aime Astrid, là n'est pas la question. Je l'aime bien plus que toutes mes autres copines, je l'aime même différemment de mes précédentes conquêtes, je l'aime et c'est bien ça le problème. J'intensifie le baiser, me montre à la hauteur de mes origines française et m'apprête à pousser davantage le bouchon lorsqu'on m'interrompt brutalement. Non. Pas on. Je pousse un gémissement pitoyable lorsque je me rends compte que c'est Aspen qui vient de me couper aussi sauvagement dans mon élan, et surtout qui vient de me sauver la vie. - Mon camarade là a de l’herpès labial, je suis en train de sauver ta future vie sentimentale meuf. De rien. Hein ? Sans me laisser le temps de protester, elle me tire à l'extérieur du bar et me plaque contre le mur sans aucune douceur.
C'est le choc de mon crâne contre le crépis qui me réveille le mieux, additionné à la fraîcheur de la nuit tombante. Putain. Qu'est ce que je suis en train de faire, qu'est ce que j'étais en train de faire ? Je suis pitoyable. Je suis vraiment pitoyable et j'en ai bien conscience, je suis obligé de l'admettre. - Vas y dis moi tout, je suis curieuse. C’était quoi « CA » ? et je te préviens, je cogne super fort, pour une fille. Ca ? Mes yeux clairs se dérobent, je détourne le regard et surtout, je me dégage d'un mouvement d'épaules, d'un mouvement de bras, d'un mouvement tout court. « Lâche moi, pas la peine de me frapper. » L'avantage d'être cascadeur, c'est que ça te force à diversifier tes connaissances et pour un perfectionniste comme moi – uniquement lorsqu'on parle de sport, hein – c'est la joie la plus parfaite. Et là… ça ne me sert qu'à me défiler et à tituber légèrement, ce qui est déjà pas mal: depuis que j'ai commencé mes entraînements pour mon contrat, je suis déjà un peu plus souple, un peu plus vif, un peu plus précis. Je m'adosse au mur le plus proche dans un soupir en me passant une main sur le visage, comprenant sans comprendre ce qu'il vient de se passer. Elle vient de ruiner sérieusement mes chances de ruiner mon couple une nouvelle fois. Et j'ai beau savoir que je suis supposé la remercier, je n'arrête pas de me dire que ce serait bien plus simple pour moi de toute foutre en l'air encore une fois. C'était quoi ça ?. Honnêtement ? « J'sais pas trop, Aspen. Je… » Je ? Je suis totalement ridicule, je suis un foutu connard, je ne sais pas où j'en suis, j'ai peur, j'ai besoin de me rassurer, je suis mort de trouille, je suis paniqué, je suis amoureux, je suis un con… Je ne sais pas par quoi commencer, voilà le problème. Et je ne sais même pas si j'ai envie d'en parler. « Je suis désolé, je fous cette soirée totalement en l'air... » Ca me semble bien pour commencer. « J'sais pas où j'en suis avec Astrid, c'est tout et… j'suis con, hein ? » Je demande une confirmation sans la demander. Mes jambes flanchent, je me laisse glisser le long du mur. « J'arrive même pas à voir Martial suffisamment longtemps pour lui en parler, pour qu'il m'aide à penser comme il le fait d'habitude. Putain, j'suis trop con... en plus, t'avais l'air d'être bien partie avec ton métisse... »
Aspen avait pris un certain plaisir à saisir Marius par la tignasse et à l’emporter loin de sa pas tellement ténébreuse séductrice, alors qu’il suivait un se baissant un peu. La faute à l’écart de taille entre les deux jeunes gens, parce qu’il fallait l’avouer, le petit mètre soixante d’Aspen paraissait ridicule à coté du mètre quatre vingt de ce grand dadais de Caesar. Heureusement, sa poigne compensait un peu son défaut de carrure, alors qu’elle l’expulsait sans ménagement à l’extérieur. En réalité, elle n’était pas réellement fachée contre Marius : d’abord parce qu’il ne lui avait rien fait personnellement, et parce qu’ensuite, elle le connaissait depuis suffisamment longtemps pour savoir que ce comportement un peu étrange ne pouvait trahir qu’une chose : l’état mental totalement à l’ouest de son ami. Alors autant le stopper avant qu’il ne fasse une bêtise plus grosse que lui, qu’il regretterait nécessairement au petit matin. Elle recula d’un pas alors que son ami se dégageait d’un coup d’épaule en ronchonnant ; il ne manquerait plus qu’il lui mette un coup sans faire exprès tiens. Alors qu’il s’adossait au mur, l’air dans le vague, elle jeta un coup d’œil presque nostalgique à l’intérieur de la salle, où son beau métisse lui tournait le dos : dommage, il avait l’air vachement chouette celui là…
- Je sais pas, c’pas une réponse ça mon chou, on fait un ptit effort et on verbalise.
Elle avait l’impression de parler à Lorcan en disant ça : il avait toujours été plus taiseux qu’elle, d’une certaine manière, et il fallait parfois qu’elle parle à sa place pour deviner ce qu’il pensait réellement. Enfin, ça, c’était avant. Avant … tout ça quoi. Ça faisait presque quatre mois, quatre mois qu’elle occultait soigneusement le fait que son frère était un mutant à la mutation probablement suffisamment dangereuse pour que son père le classe dans les spécimens à éradiquer. Aspen chassa cette digression morbide de son esprit en secouant la tête, s’ancrant plus profondément dans son rôle de bonne copine à l’écoute pour oublier, et se concentrer sur Marius. Ce dernier se laisse glisser contre le mur, étalant ses grandes jambes sur le sol jusqu’à ce que ses semelles touchent presque le bout des escarpins vertigineux de la jeune femme. Il a l’air las, tellement las, que ça serre le cœur d’Aspen qui n’a même plus envie de le taquiner, préférant s’accroupir à coté de lui pour lui tendre une épaule où le garçon pourrait poser sa tête :
- Hey, Rius … Tu fous pas ma soirée en l’air moi, c’est pas la mort … J’étais juste venue boire un coup avec toi et rigoler, pas trouver l’homme de ma vie sur la piste …
Elle le laissa poursuivre un peu, pour qu’il parle d’Astrid – ça, elle s’en doutait largement, il avait toujours tendance à déraper quand ça devenait sérieux avec une fille- puis, plus étonnement, de Martial ? Aspen connaissait bien Martial aussi, évidemment, puisqu’il était toujours cul et chemise avec Marius quand ils étaient petits. Elle l’appréciait aussi, mais dans un autre cadre que Marius. Un cadre plus … Conventionnel peut être. Son expression totalement abattu trouva écho chez la jeune femme : Sans Lorcan, elle non plus ne fonctionnait pas normalement. Les circonstances étaient surement différentes, mais elle savait ce que c’était d’être privé de son jumeau, et de devoir être fonctionnel en étant pourtant incomplet. Et c’était l’horreur. Elle posa sa tête par-dessus celle de Marius, avant de répondre d’une voix plus douce :
- Arrête de t’excuser pour moi, jte jure, on s’en fiche en fait… Et tu sais, pour Martial, il est peut être temporairement super occupé, avec son métier et tout … ça arrive parfois à Calista de ne pas me répondre pendant des jours parce qu’elle à la tête dans le guidon … Suffit de le harceler jusqu’à ce qu’il cède, ne serait ce que pour un plateau de sushis ou une pizza … Moi quand je propose de payer pour tout le monde, en général, ça marche. Et concernant Astrid…
Elle secoua la tête en soupirant : pour être honnête, elle n’était pas franchement un modèle en terme de relations amoureuses : pas de petit ami fixe depuis des mois, et elle avait le plus grand mal à s’attacher à un garçon depuis quelques temps. Même les gentils, ceux qui voulaient prendre soin d’elle et la traiter comme une princesse, elle n’y arrivait pas. Alors les conseils, franchement …. Non, elle préférait d’abord le faire parler.
- Elle en est à combien de mois de grossesse du coup ? Et elle sait pour Samuel ? Pour Crescentia ? C’est bien comme ça qu’elle s’appelle ?
Elle essayait de remettre toutes les infos dans l’ordre, ce qui était pas forcément évident après un biere pong et une téquila.
- … T’es allé faire les premières échographies avec elle du coup ?
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Marius Caesar
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Sujet: Re: blame it on the boogie (pv aspen) Mar 5 Jan 2016 - 21:50
J’ai mal au crâne. Il ne faut jamais, jamais, sous-estimer une fille et encore moins une rouquine. Que ce soit Moira, Crescentia, Astrid et maintenant Aspen, je crois qu’avec les cheveux roux, il y a un caractère bien trempé inclus dans le lot et la force qui va avec. Mais… mais je mérite ma violente chute capillaire, j’en suis bien conscient, et si je râle, c’est parce que j’ai bu un peu, suffisamment pour être bien joyeux, et par principe. Parce que ça fait mal, parce qu’elle me force à me rendre compte que je déconne ou, pire, à admettre que je déconne. Lorsqu’elle me lâche, me jette à l’extérieur, c’est pour que je reprenne comme je peux mon équilibre. Bon sang que je me sens con, putain. Et lorsque je me dégage d’un coup d’épaule, c’est pour mieux me poser contre le mur le plus proche. Je me passe même une main sur le visage, comme si ça peut me réveiller, ordonner mes pensées ou me faire l’effet d’une claque. Qui ne tardera pas, de toute manière, je doute survivre un mois, un mois et demi sans me prendre de baffe à ce rythme. C’était quoi, ça ? Je sais pas. Je sais pas bordel, et je ne le sais que trop bien. - Je sais pas, c’pas une réponse ça mon chou, on fait un ptit effort et on verbalise. Elle m’arrache un sourire, l’imbécile, un léger sourire, éphémère mais indubitablement présent. Un sourire qui s’efface dès que mon neurone tente de se frayer un chemin dans ma connerie pour terminer ma phrase avortée. Je quoi ? Je sais pas non plus. Je m’excuse, tiens, ça me semble être un bon point d’ancrage, surtout que j’ai remarqué son manège avec le métisse. Voilà, je propose à Aspen de sortir boire un verre et ma connerie fout tout en l’air parce que je ne suis qu’un petit pleurnichard sur les nerfs qui ne voit comme solution à sa nullité que la fuite et la lâcheté. Je suis con, hein ? Je me laisse glisser le long du mur, étalant mes jambes par terre. J’agite mes orteils dans mes converses, regardant le petit bout blanc s’agiter au rythme de mes mouvements. Elle s’accroupit, comme une vraie amie, me tend même son épaule pour que j’y laisse tomber ma tête. Nan, pas maintenant. Pas maintenant quand même. - Hey, Rius … Tu fous pas ma soirée en l’air moi, c’est pas la mort … J’étais juste venue boire un coup avec toi et rigoler, pas trouver l’homme de ma vie sur la piste … Une nouvelle phrase, un nouveau sourire arraché, un nouveau sourire éphémère et perdu.
C’est fou comme sans poser de question, elle m’incite à parler. De toute manière… ce n’était pas non plus comme si je comptais me taire. Même si je trie ce que je dis, ce que je garde pour moi et ce que je n’ai pas envie de hurler sur tous les toits, il y a bien un sujet, un sujet important, sur lequel elle peut m’aider. Autre qu’Astrid, bien sûr, parce qu’elle fait partie du club très sélect de celles qui sont sorties avec moi et à qui je parle encore donc elle me connait… plutôt bien sur ce plan là aussi. Mais Martial… là, c’est bien la seule de mes amis à pouvoir m’aider. Déjà parce que c’est la seule personne que je connaisse qui a elle aussi un frère jumeau, ensuite parce que… voilà. Je me mords la lèvre. Papa et Maman sont des Hunters. Pourquoi il m’a dit ça, bordel ? Pourquoi… pourquoi est ce qu’il m’a obligé à penser à ça ? Pourquoi est-ce qu’il m’a imposé ça ? Si tu ne peux pas l’encaisser… ce n’est même pas que je ne peux pas l’encaisser, c’est que je ne le veux pas. Et ça tourne, ça tourne et ça tourne encore dans mon crâne sans s’arrêter. Ca et Astrid… Ca fait trop, ça fait bien trop pour moi et même si ça me pousse davantage encore à emménager avec Astrid pour la protéger… bordel. Ma vie est un foutu bordel. Et Martial n’est même pas là pour m’aider à y voir clair. - Arrête de t’excuser pour moi, jte jure, on s’en fiche en fait… Et tu sais, pour Martial, il est peut être temporairement super occupé, avec son métier et tout … ça arrive parfois à Calista de ne pas me répondre pendant des jours parce qu’elle a la tête dans le guidon … Suffit de le harceler jusqu’à ce qu’il cède, ne serait ce que pour un plateau de sushis ou une pizza … Moi quand je propose de payer pour tout le monde, en général, ça marche. Et concernant Astrid… Je frissonne, me retiens in extremis de l’insulter, sachant pertinemment que si je démarre au quart de tour, c’est de ma faute et pas de la sienne, et que si je ne me retiens pas… je vais me froisser avec elle. Chose que je refuse. Je me retiens de l’insulter, donc, parce que même si Calista n’a rien à voir avec Martial, je vois ce que veut dire Aspen. Et elle a tort. Ce n’est pas parce que mon frère travaille trop que je ne peux pas lui parler, c’est que… Papa et Maman sont des Hunters. Et moi aussi. - Elle en est à combien de mois de grossesse du coup ? Et elle sait pour Samuel ? Pour Crescentia ? C’est bien comme ça qu’elle s’appelle ? Aspen me tire de mes pensées par ses questions, me force à quitter mon frère pour me concentrer sur l’autre pôle magnétique de mon univers. Astrid. J’en suis encore à froncer les sourcils, à mettre les mots dans l’ordre et à calculer le nombre de mois de grossesse qu’Astrid accuse qu’Aspen met violemment les pieds dans le plat. - … T’es allé faire les premières échographies avec elle du coup ?
Putain que je me sens mal. Je reste une poignée de secondes comme un con, à regarder mes chaussures, à regarder mes pieds, à regarder le goudron. Et je secoue la tête. Négativement. « Elle… elle est dans son sixième mois, là, on a dépassé la moitié… et ouais, je l’ai mise au courant pour Sam, pour Cressy, pour… » Je dois me donner un coup de pied dans le fion pour continuer, sans être capable de regarder un seul instant Aspen dans les yeux. Je rejette la tête en arrière, la plaquant contre le crépi qui s’accroche à mes cheveux, regardant le haut du bâtiment à défaut de pouvoir voir les étoiles. « J’ai loupé la première écho, elle m’en a voulu à mort et… et elle ne cesse de se comparer à Crescentia. J’sais pas quoi faire pour qu’elle comprenne que… qu’elle… » Qu’elle quoi ? Aucune idée. Si je ne le sais pas moi-même, comment puis-je vouloir qu’elle le sache elle ? Excellente question. Je me mords la lèvre. « T’es en coloc, toi. C’est compliqué de faire une coloc avec quelqu’un ? Tu penses que… je pourrais, moi, faire une coloc avec quelqu’un sans qu’on explose ? » Oui, je me doute bien que faire une colocation avec une amie, son frère, un poisson rouge ou un baobab, ce n’est pas vraiment la même chose que de proposer à sa copine d’emménager ensemble mais… mais. « Même avec Martial, on n’a pas envisagé la colocation. Je sais pas… » Papa et Maman sont des Hunters… et moi aussi. « pourquoi. »
A défaut des synapses, les muscles maxillo-faciaux de Marius semblaient encore fonctionner, ce qui rassura Aspen : Le fonds de commerce du garçon était sauf. Cependant, le regard perdu et trouble du blond trahissait le caractère factice de ses charmantes risettes, et cela sera le cœur d’Aspen : Marius avait beau être parfois un parfait crétin, elle ne pouvait s’empêcher de le trouver adorable, et surtout, de lui trouver des excuses : avec une famille aussi dysfonctionnelle que les Caesar, il n’était pas franchement étonnant que Marius ait quelques problèmes relationnels. C’était même un miracle qu’il ne soit pas bien plus perturbé que ça, à ses yeux, probablement grâce à la présence de Martial à ses cotés. Elle l’écouta attentivement, tachant de chasser les pensées parasites de son esprit légèrement embrumé lui aussi d’ailleurs : elle était sur le dernier tiers de sa grossesse, ok, et a priori, elle était au courant pour Sam et Crescentia, son fils et sa, euh … Camarade de parenté ? Il parlait au présent, ce qui la pilule avait du finir par passer de ce côté là aussi. Elle admirait Astrid pour son amour et sa résilience : elle-même, elle n’était pas sure de pouvoir gérer ce genre de situation si cela avait été elle, et elle aurait surement, égoïstement, demandé à son conjoint de choisir, pas entre les deux enfants, mais au moins entre les deux femmes, et la garde alternée du second petit. Mais bon, pour ça, il faudrait qu’elle joue au docteur avec un garçon, et ça, ça faisait un bail que ce n’était pas arrivé. Bref.
- Bon, déjà, vous êtes sorti de la période « dangereuse » pour le bébé, à priori même si il nait prématuré, il serait viable … C’est plutôt une bonne nouvelle non ?
Ouais, bon, c’était pas la tentative de réconfort la plus efficace du monde, mais elle n’avait pas des masses de jeunes parents dans son entourage, alors elle faisait ce qu’elle pouvait. A défaut, elle était vraiment de bonne foi sur ce coup là.
- Et puis la première écho, c’est pas trop la plus importante non ? Le sexe du bébé, vous le voyez pas tout de suite, c’est juste un … Un haricot qui se ballade là dedans. Et puis le truc, c’est qu’elles en sont pas au même stade avec Crescentia, ça sert à rien d’essayer de comparer de toute façon ….
Et puis il y avait quand même une différence essentielle entre les deux femmes : l’une était une conquête de Marius, l’autre était sa copine, son officielle, celle dont il lui parlait depuis plusieurs mois maintenant… Et ce n’était pas anodin à son humble avis.
La jeune femme fronça un peu les sourcils, sans vraiment comprendre où Marius voulait en venir : c’était quoi, cette histoire de colloc ? Il voulait quand même pas d’un ménage à trois, enfin, bientôt à 5, quand même ? Elle s’étira, avant de se relever prudemment :
- J’ai soif. Jvais me chercher une bière, de l’eau pour toi, et j’reviens. Tu te barres pas hein ? J’en ai pour deux minutes.
Elle épousseta une saleté invisible sur son chemisier, puis s’éclipsa 2 minutes top chrono, le temps d’atteindre le bar d’un pas déterminé, de prendre une bière en bouteille et un peu d’eau, et de venir coller le bout de papier avec son numéro de téléphone dans la poche arrière du charmant jeune homme qu’elle avait croisé un peu plus tot, lui faisant un signe d’ « appelle moi » avec ses doigts au niveau de l’oreille. Le sourire du jeune homme lui indiqua qu’il avait bien comprit le message.
De retour vers Marius, au calme, elle lui lança la bouteille d’eau, alors qu’elle-même décapsulait sa bière avec dextérité.
- Alors, la colloc … * elle prit une gorgée* Faut dire que ça convient pas à tout le monde. Il faut accepter de partager ton espace de vie avec quelqu’un, parfois que tu connais à peine, parfois que tu connais un peu trop bien… A part ta chambre, et encore, t’as pas toujours ton intimité. Et puis il faut aussi être sur la même longueur d’onde niveau hygiène, rangement… ou alors faut être super patient. L’avantage pour moi c’est qu’on a pas du tout le même rythme de vie, avec Rhae, du coup, on ne se marche pas dessus… ça facilite les choses.
Elle se rassit à côté de Marius, lui donnant un petit coup de coude taquin au passage :
- Moh, je vois pas pourquoi ce serait pas possible ? Je suis sure qu’en coloc avec toi, on ne peut pas s’ennuyer ! ça aurait surement son charme, une fois habituée à ton petit bazar !
Elle était sincère. A l’époque de la fac, elle aurait adoré avoir un compagnon de fête comme Marius avec qui partager son appartement. Après, être en colloc avec un couple … C’était une toute autre histoire, supposait elle…
Spoiler:
J'espère que tu as de quoi faire avec ça
Marius Caesar
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Sujet: Re: blame it on the boogie (pv aspen) Dim 24 Jan 2016 - 16:32
Ce n’est pas que je suis du genre dépressif, loin de là même !, c’est plutôt que je commence à légèrement saturer niveau tension, pression, prise de tête et autre source de stress. D’ordinaire, je ne fais pas partie de ceux qui complexent ou qui s’en font pour un rien. Mon père m’engueule ? J’ai l’habitude, je ne l’écoute pas, je pense à autre chose. Mon cœur fait de la merde ? Tant pis, j’attends que ça passe, et je vais faire une partie de call of sur ma console. L’un des meilleurs amis de mon frère a voulu me tuer ? Rien à foutre, je préfère aller boire, bouger des barbapapas et qu’on me foute la paix. Sauf que… même pour un partisan des autruches comme moi, ça commence à faire beaucoup. Vraiment beaucoup. Tu vas être papa, Marius, et deux fois. Ca, je commence à l’assimiler, à l’encaisser, à l’accepter et même à l’assumer. Papa et Maman sont des Hunters, ça en revanche… Je n’arrive pas à me sortir cette phrase de la tête, malgré tous mes efforts, et ça me ronge, ça me ronge juste tellement que je ne sais pas comment le gérer. Alors je ne le gère pas, alors j’encaisse, alors je me prends la tête et je commence à sérieusement tout remettre en question autour de moi. Même Martial. Même Astrid. Surtout eux deux, à dire vrai, parce que ce sont les deux qui sont les plus proches de moi et ceux qui peuvent le plus me réduire à quedal. Surtout Astrid. Surtout Martial. Je me sens con, putain, lorsque je contemple mon inévitable tendance à merder et que par ses questions, Aspen m’oblige à y faire face. Astrid, combien de mois ? Six. Cinq, bientôt six... déjà bientôt six. Sur neuf. Un frisson dégringole ma colonne vertébrale lorsque je me rends compte que les mois filent à toute vitesse, que je ne les vois plus passer et qu’inévitablement, la confrontation entre Samuel et sa petite sœur ou son petit frère va finir par se faire. Et entre Astrid et Crescentia. Et entre Martial et tout ce petit monde. Et entre mes parents et ce petit monde. Et le monde explosera. Papa et Maman sont des Hunters. - Bon, déjà, vous êtes sorti de la période « dangereuse » pour le bébé, à priori même si il nait prématuré, il serait viable … C’est plutôt une bonne nouvelle non ? Et puis la première écho, c’est pas trop la plus importante non ? Le sexe du bébé, vous le voyez pas tout de suite, c’est juste un … Un haricot qui se ballade là dedans. Et puis le truc, c’est qu’elles en sont pas au même stade avec Crescentia, ça sert à rien d’essayer de comparer de toute façon …. Je me mords la lèvre. J’hausse les épaules. Je sais pas quoi faire pour qu’Astrid comprenne qu’elle est la seule, au final, et que toutes les autres… c’est du passé. C’est de l’histoire ancienne, vraiment. Je ne sais pas comment faire et même si j’ai une idée, elle me terrifie autant qu’elle ne me semble pas trop stupide. « Ouais… théoriquement, tout devrait bien se passer… » Sauf qu’il a des chances d’y passer à cause d’une malformation cardiaque. Sauf qu’il est comme moi, le petiot, et qu’il est malade avant même de naître. Mais je n’ai pas envie d’en parler à Aspen. J’en ai marre, bordel, j’en ai marre de cette ville de merde où être un mutant ça veut dire se prendre la tête, où se vacciner ça signifie augmenter ses chances de crever et ne pas se vacciner implique avoir encore plus peur de ses parents qu’avant. J’en ai marre de cette ville, j’en ai marre de ma vie, j’en ai marre de ces nœuds au cerveau que je me fais. « La plus importante, en théorie, c’est la deuxième, elle ne devrait pas tarder d’ailleurs. La première, on peut même pas savoir le sexe, on peut juste voir s’il se développe bien, s’il n’a pas de… » Le mot se bloque dans ma gorge. De malformation. Ah. Ahah… « De problèmes. » Je soupire. Oui, c’est sûr que Crescentia et Astrid ne sont même pas comparables. Pour moi c’est clair mais… « C’est ça le truc, ça sert à rien de comparer mais Astrid compare quand même et ça me tue… » Oui, il y a un peu d’exaspération qui pointe le bout de son nez dans mes mots. Exaspération frustrée, agacé de ne pas arriver à me faire comprendre de ma copine. Ma copine. Parce qu’Astrid est ma copine, hein ? La seule officielle, si on peut dire ça comme ça, la première officielle depuis des années.
Je cale ma tête contre le mur. Une colocation. Bon, d’accord, j’imagine qu’on ne peut pas vraiment parler de colocation si j’emménage avec ma copine, mais… pour moi c’est presque la même chose : c’est partager mon espace vital avec quelqu’un qui n’est pas moi, qui n’est pas mon frère. C’est autoriser une personne à s’immiscer H24 dans ma vie et à contempler autant mes défauts que mes qualités. C’est autoriser quelqu’un à regarder mon tableau d’équation, à observer mes photos, à s’immiscer dans mes solos sous la douche ; c’est autoriser quelqu’un à me surveiller, à veiller à ce que je prenne mes médicaments tous les jours, c’est autoriser quelqu’un à avoir de l’autorité sur moi, sur mon comportement, sur ma vie, sur mes actes. Faire une colocation, au final, je vois ça comme revenir à l’époque où j’habitais chez mes parents, avec leur présence sur le dos à longueur de journée, la présence de Michel, la présence des femmes de ménage, la présence d’un jugement constant, ma chambre étant le seul refuge où je ne sentais pas sur ma nuque le poids de la déception et du mépris.
Je vois Aspen froncer les sourcils. Je me rends bien compte que mes questions n’ont aucun sens, aucune logique, qu’elles débarquent sans prévenir et qu’elles n’ont apparemment aucun lien avec tout le reste. Elle se lève, je fronce à mont tour les sourcils. - J’ai soif. Jvais me chercher une bière, de l’eau pour toi, et j’reviens. Tu te barres pas hein ? J’en ai pour deux minutes. Okaaaaay… « Comme tu veux, mais je veux bien quelque chose de plus fort que… » Je termine ma phrase dans le vide, elle s’est déjà éclipsée. « … de l’eau. » Je ramène mes jambes contre ma poitrine, posant ma tête sur mes genoux. Comme un gosse. Parce que je suis un gosse. Parce que je veux être un gosse. Rester un gosse. Je soupire quand elle revient, attrape la bouteille qu’elle me lance sans même accorder un soupçon d’attention à ce mouvement réflexe. De l’eau, sérieux ? - Alors, la coloc … Faut dire que ça convient pas à tout le monde. Il faut accepter de partager ton espace de vie avec quelqu’un, parfois que tu connais à peine, parfois que tu connais un peu trop bien… A part ta chambre, et encore, t’as pas toujours ton intimité. Et puis il faut aussi être sur la même longueur d’onde niveau hygiène, rangement… ou alors faut être super patient. L’avantage pour moi c’est qu’on a pas du tout le même rythme de vie, avec Rhae, du coup, on ne se marche pas dessus… ça facilite les choses. … Merde. C’est bien ce que je craignais. Être patient, c’est pas mon genre. Partage mon espace de vie encore moins. Je soupire, son coup de coude m’arrache un petit sourire. - Moh, je vois pas pourquoi ce serait pas possible ? Je suis sure qu’en coloc avec toi, on ne peut pas s’ennuyer ! ça aurait surement son charme, une fois habituée à ton petit bazar ! Ca aurait son charme ? Mon sourire s’accentue tout naturellement à cette idée ; déjà parce que mon visage préfère ça à la morosité, ensuite parce que… Une fois habituée à ton petit bazar… c’est le cas de le dire. Sans être bordélique, il faut avouer que je n’ai jamais été du genre maniaque non plus. Un juste milieu, un juste milieu légèrement chaotique. Comme mes pensées.
Au moins, parler d’une colocation éloigne mes pensées de Martial et de mes parents ; un peu. Un tout petit peu, même, mais c’est déjà ça. Je soupire. Encore. Il faut croire que je ne sais que soupirer en ce moment. Bref. Pourquoi ce ne serait pas possible de faire une coloc avec moi ? Je considère Aspen avec un certain sérieux, me laissant le temps de réfléchir. « J’suis pas patient. J’sais pas cuisiner. Je chante sous la douche et je supporte pas qu’on m’interdise quelque chose ou qu’on m’ordonne de faire quelque chose. Il parait qu’en général, ça gonfle les gens. Et en plus, je mets des chaussettes dépareillées. » Je conclus sur une touche d’humour parce qu’en fait, le sérieux me gonfle. « Demain, c’est l’anniversaire d’Astrid. Je me suis dit que pour lui prouver qu’elle est différente de Cressy, tu vois, bah j’allais lui proposer qu’on emménage ensemble, tout ça… Mais… en fait, je me dis qu’il vaudrait peut être mieux que je la plaque. Ce serait beaucoup plus simple au final, autant pour elle que pour moi. » Là… il faut l’avouer, je n’arrive pas à savoir si je suis sérieux ou pas. Dans tous les cas, je me lève d’un bond. Vide toi la tête, Marius. « Voilà, la décision est prise, merci Aspen. J’suis vraiment con de me prendre la tête pour une fille, sérieux. Vu le taux de mortalité de cette ville, ça sert à rien de perdre son temps à faire des ulcères pour des questions dans le gens, j’suis con. » J’affiche un sourire soulagé. Oui, je sais, c’est affreusement con, ce n’est en rien une solution mais au moins… et bien voilà. Pas de stress, pas d’angoisse, je choisis la solution de facilité. « On va retrouver ton métis et moi je vais essayer d’en serrer une autre ? »
Aspen était quelqu’un de très patient, vraiment. Mais si il y avait bien quelque chose qu’elle ne supportait pas, c’était la connerie. Elle pouvait être sans trop de difficulté la bonne âme qui vous écoutait parler de vos histoires de cœur, vos problèmes d’argent, de boss relous, de l’opération de votre hamster, tout en conservant un air sincèrement compatissant et intéressé par vos petits malheurs. Mais la bétise pure et dure, vraiment, non, elle ne pouvait pas. Marius avait pourtant tellement, tellement bien commencé, à lui confier librement ses craintes vis-à-vis d’Astrid, sa seconde paternité, et pendant un moment, elle s’était vraiment sentie mal pour son ami, et avait presque eu envie de le serrer très très fort contre elle, comme un gros nounours. Puis il avait enchainé sur la colloc, vaste question dont elle ne connaissait pas vraiment la source : Marius était plein aux as, il n’avait probablement pas besoin de se coltiner une coloc pour vivre comme un prince ? Etait ce une manière subtile de parler d’emménagement avec sa chère et tendre ? Non mais parce que d’ordinaire, Marius et la subtilité…
- Hum, à priori, ton … Colloc, tu le choisis un minimum … Donc si t’es un maniaque, tu partages pas ton appart’ avec un bordélique patenté … Et puis, quand tu veux vraiment que ça marche avec quelqu’un, il suffit de faire quelques efforts… Pis apprendre à faire des pates et des œufs au plat, je te promets que c’est à la portée du premier demeuré venu. Pis si t’es vraiment demeuré, ben tu fais une salade, ya pas besoin de cuisson comme ça. Chanter sous la douche, ben mise sur une bonne isolation, ou quelqu’un qui aime les mêmes chateurs que toi. Et c’est mignon les chaussettes dépareillées, j’connais une marque française qui les vend exprès comme ça. Ça a son charme.
N’était elle pas adorable, à tenter de réconforter son ami de son mieux ? En plus, la réponse de Marius ne fait que confirmer ce qu’elle suspectait : sa colloc bidon, c’était une demande officielle pour astrid d’emmenager avec lui, et ça, c’était une super nouvelle. Elle s’imaginait déjà leur organiser une super crémaillère, avec des ballons, et des tapas, et un bière pong, ou encore un tournoi de fléchettes, un truc un peu beauf mais un peu hipster aussi, en tout cas quelque chose qui mettrait de l’ambiance avant de danser et de rire et de . En fait, je me dis qu’il vaudrait peut être mieux que je la plaque La mâchoire d’Aspen manqua de se décrocher après cette conclusion totalement invraisemblable. Non, mais, il plaisantait, c’est ça, c’était une nouvelle mariusserie pour la faire tourner en bourrique ? Sauf que nous, il avait l’air tout à fait sérieux, à secouer la tête comme pour se remettre ses deux uniques neurones en connexion et à se redresser sur ses pieds comme si de rien n’était. La rouquine le fixait d’un air atterré, alors qu’il poursuivait de plus bel avec ses inepties, tant et si bien que la moutarde montait au nez de la jolie architecte. Marius, Marius, Marius …
- Tu me passes ta bouteille d’eau ?
Arrachant la bouteille des mains du garçon sans douceur, elle en but une demi gorgée, puis renversa le reste de la boisson somme toute assez fraiche encore sur le sommet du crâne de piaf du grand blond, le fixant d’un air tellement froid qu’elle aurait rafraichi l’enfer en plein mois d’aout.
- Ça fait du bien, Hein ? Je te préviens, si tu approches une seule paire de seins, qu’elle soit grosse ou petite, factice ou naturelle, je te coupe les bourses. Couic, comme à un chat errant. Et je joue très, très bien du couteau.
Elle reprit sans laisser le temps au jeune homme tremper d’en placer une. Elle ne criait pas, non, le ton froid et métallique de sa voix, couplé à son regard incendiaire, était bien plus terrifiant que tous les hurlements dont elle était capable. Et elle avait un très joli brin de voix, Aspen.
- Rius, Rius, Rius… Est-ce que tu viens sincèrement de me chougner dessus pendant 15 minutes sur le fait que tu ais peur qu’Astrid te quitte alors que tu l’aimes et tcha tcha tcha pour conclure par « lol si j’la quitte elle pourra pas le faire avant moi ? » non mais sérieusement, sur une échelle de 0 à bob l’éponge t’es con à combien ? non parce que s’inquiéter pour les gens que t’aimes, c’est pas être con, c’est être humain. En revanche, les laisser tomber comme de vieilles chaussettes par que tu as trop PEUR qu’ils le fassent avant toi, ça c’est à la limite de la débilité profonde. Tu l’as dit, cette ville est un mouroir, et tu laisserais la mère de ton môme toute seule là dedans ? Non mais quel genre d’homme es tu , Marius ?
Elle savait qu’elle y allait un peu fort, mais en général, la culpabilisation, ça marchait bien sur le grand blond. Elle savait intimement que Marius n’était pas un salaud, c’était peut être un grand enfant, mais pas un enfoiré. Si il disait ça, c’était pas par manque de sentiments pour Astrid, c’était parce qu’il avait peur. Peur de la perdre involontairement, peur de tout gâcher en voulant bien faire. Bon sang, ils lui avaient fait quoi, papa et maman Caesar, pour faire d’un aussi grand et costaud garçon une telle lavette sentimentale ? Même Lorcan se débrouillait mieux que ça. Et c’était un fichu Mutant.
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Sujet: Re: blame it on the boogie (pv aspen) Lun 8 Fév 2016 - 23:32
Une colocation. Cette vaste blague. Cette connerie qui m’est venue à l’esprit presque dès que j’ai commencé à me rendre compte qu’Astrid allait vraiment avoir un gosse avec moi. Une colocation. La solution que je n’ai jamais, vraiment jamais envisagée avant ça. Je suis indépendant. Un peu trop d’ailleurs. Je ne suis pas patient, loin de là, même. Je suis hyperactif. Je suis incapable de partager mon espace vital avec un autre, je suis incapable de cuisiner… mes arguments en ma défaveur s’accumulent, s’enchevêtrent, m’excusent et me cachent dans une jolie maison que je me construis. - Hum, à priori, ton … coloc’, tu le choisis un minimum … Donc si t’es un maniaque, tu partages pas ton appart’ avec un bordélique patenté … Et puis, quand tu veux vraiment que ça marche avec quelqu’un, il suffit de faire quelques efforts… Pis apprendre à faire des pates et des œufs au plat, je te promets que c’est à la portée du premier demeuré venu. Pis si t’es vraiment demeuré, ben tu fais une salade, ya pas besoin de cuisson comme ça. Chanter sous la douche, ben mise sur une bonne isolation, ou quelqu’un qui aime les mêmes chanteurs que toi. Et c’est mignon les chaussettes dépareillées, j’connais une marque française qui les vend exprès comme ça. Ça a son charme. Je lui lance un regard angoissé. Presque amusé, parce que j’ai terminé sur une note d’humour et qu’elle l’a attrapée au vol pour en faire une symphonie mais… mais. La réalité me heurte de plein fout dès que je recommence à ouvrir la bouche. Ton coloc, tu le choisis un minimum. Est-ce que j’ai choisi Astrid ? Plutôt deux fois, plutôt trois fois, plutôt quatre fois qu’une. Et pourtant, je tombe à chaque fois des nues lorsque je me rends compte qu’elle est géniale et que moi, je suis con. Aspen aussi, d’ailleurs, elle est géniale. Et moi… Demain, c’est l’anniversaire d’Astrid. Ma voix faiblit. Je me perds dans mes pensées et mes explications. Je veux emménager avec elle. Je crois que je le veux. Je ne sais même pas si elle, elle en a envie. Est-elle déjà venue à mon appartement ? Une fois, deux peut-être, grand maximum. Youhou, folie. Je secoue la tête. Non, il vaudrait peut être mieux que je la plaque. Je suis con, je le sais, mais cette conclusion est la meilleure qui me soit venue à l’esprit depuis un bail. C’est simple, en fait, finalement. Je la plaque, j’arrête de me prendre la tête avec ces conneries et hop, roulez jeunesse, je recommence à foutre ma vie en l’air et à profiter des années qu’il me reste en oubliant cette idée saugrenue de grandir que je me suis foutue dans le crâne pour une raison quelconque. Je ne fais pas attention à la tête d’Aspen parce qu’honnêtement… je me doute bien qu’elle ne doit pas totalement saisir la logique – inexistante – de mon revirement d’attitude. Voilà, la décision est prise. J’inspire, un poids de moins sur les épaules, un poids de moins sur la poitrine. Je me lève d’un bond. On va retrouver ton métis et moi je vais essayer d’en serrer une autre ? A m’entendre, on pourrait croire que j’ai encore vingt-et-un ans et une copine sur chaque continent. - Tu me passes ta bouteille d’eau ? J’hausse un sourcil, avant de la laisser m’arracher la bouteille des mains.
On récolte ce que l’on sème, on se prend en pleine gueule le tsunami qu’on déclenche en tapotant l’eau du bain. L’eau dégringole mes cheveux, se perd dans ma nuque, me fait l’effet d’une douche froide. Normal, c’en est un. « Mais t’es con ! … » Son regard me dissuade de continuer. - Ça fait du bien, Hein ? Je te préviens, si tu approches une seule paire de seins, qu’elle soit grosse ou petite, factice ou naturelle, je te coupe les bourses. Couic, comme à un chat errant. Et je joue très, très bien du couteau. Euuuh… J’ouvre grand les yeux. J’aimerai bien avoir mon mot à dire dans la discussion, par exemple lui demander à quel endroit du manuel de la parfaite amie, il y a un chapitre sur la découpe au couteau des bijoux de famille, mais je n’ai pas le temps d’ouvrir ma grande gueule que déjà elle reprend. - Rius, Rius, Rius… Est-ce que tu viens sincèrement de me chougner dessus pendant 15 minutes sur le fait que tu ais peur qu’Astrid te quitte alors que tu l’aimes et tcha tcha tcha pour conclure par « lol si j’la quitte elle pourra pas le faire avant moi ? » non mais sérieusement, sur une échelle de 0 à bob l’éponge t’es con à combien ? non parce que s’inquiéter pour les gens que t’aimes, c’est pas être con, c’est être humain. En revanche, les laisser tomber comme de vieilles chaussettes par que tu as trop PEUR qu’ils le fassent avant toi, ça c’est à la limite de la débilité profonde. Tu l’as dit, cette ville est un mouroir, et tu laisserais la mère de ton môme toute seule là dedans ? Non mais quel genre d’homme es tu, Marius ? Mais quel genre d’homme es-tu, Marius ?
La question se pose. Et là, elle se pose en plein milieu, chute du quinzième étage pour s’écraser entre nous deux comme une belle fiente de pigeon. Magnifique. Quel genre d’homme es-tu, Marius ? Je la regarde sincèrement. Naturellement. Sans artifice, sans faux-semblants. Tu as trop peur qu’ils le fassent avant toi. C’est ça, bien sur que c’est ça. Mais… comment l’a-t-elle compris ? « J’suis pas un homme, Aspen. » Ma voix est désespérée. Je secoue la tête en passant une main nerveuse dans mes cheveux trempés. C’est à la limite de la débilité profonde. Je sais. Mais c’est comme ça. « J’suis pas capable d’être un père, j’suis même pas un adulte. J’suis un gosse, Aspen. Je suis juste un putain de gosse qui n'a pas envie de grandir. » Et c’est marrant de dire ça sur le ton très mature du mec qui a une conscience aiguë de ses trop multiples défauts. Parce que c'est ça mon problème: je n'ai pas envie de grandir, parce que grandir ça signifierait laisser tomber l'affaire pour mes parents, ce serait laisser Martial s'éloigner de moi. Grandir, ce serait rentrer dans le jeu voulu par mon père et me voir devenir responsable. Et je n'ai pas envie d'être responsable. Et j'ai encore moins envie qu'on me l'impose. Tu l’as dit, cette ville est un mouroir. « Elle est capable de se débrouiller comme une grande, elle… » Je prends mon inspiration. Allez, Marius, ne sois pas une lavette. Tu as pris une décision, elle te semblait même presque pertinente, alors tu t’y tiens. Et tu l’assumes. Mieux encore, tu la justifies. Et tu plaisantes, parce que c’est ce que tu sais faire. « Regarde, toi, tu te débrouilles bien toute seule ! D’ailleurs… » Alerte, Marius, alerte, tu vas encore sortie une connerie plus grosse que toi. Je fais mine de réfléchir. « vu que je me tiens à côté de toi et que je ne suis pas encore castré, j’imagine que ça veut dire que tu admets enfin que Tic et Tac » Mes mains miment la forme rebondit d’une poitrine sur mon torse. « n’ont jamais trouvé le chemin jusqu’à toi ? » Mon index moqueur vient titiller le juste milieu de son soutien-gorge. Oui, je sais, je ne suis pas sympa alors que sincèrement, niveau amitié, Aspen est à un niveau bien trop haut pour que je songe un jour à la rattraper. Mais… Mais quel genre d’homme es-tu, Marius ? La question tourne dans ma tête, percute mes tempes, sans que je ne parvienne à la chasser. Je secoue la tête. « Et puis, tu te trompes, je m’inquiète pas pour elle, je… » Je ne l’aime pas ? C’est un mensonge. Comme le fait que je ne m’inquiète pas pour elle. Je suis mort de trouille. Entre sa connerie avec Kingsley, ce qu’il se passe en ville, mes parents, mon frère… « Plus sérieusement, et si elle refuse ? Ou plutôt, quand elle va refuser, j’vais avoir l’air de quoi, moi ? »
C’était bien du Marius tout craché ça tiens. De même de Wol’, Aspen ne se souvenait pas d’une seule fois où Marius s’était fait largué : il passait son temps à passer d’une fille à une autre, quand il n’en avait pas plusieurs en même temps. Même quand ils avaient passé du bon temps tous les deux, elle ne se souvenait pas de l’avoir largué à proprement parlé : ça avait plutôt été un échange de point de vue, un peu vexée de son coté, totalement détendu de celui du garçon. Marius ne voyait pas à mal, ou pas souvent, il ne voyait juste pas plus loin que le bout de son nez et que la circonférence de son nombril. Sauf que là, la situation n’était pas aussi simple qu’avec ses autres multiples et innommables conquêtes : Premièrement, il avait beau fanfaronner comme un crétin, elle savait qu’il était amoureux d’Astrid, comme jamais il n’avait été amoureux d’une fille auparavant, et ça, ça le faisait grave flipper. Ensuite Parce qu’il n’y avait pas qu’Astrid et lui dans l’histoire, il y avait leur enfant, et ça, Marius pourrait courir aussi vite et loin qu’il le pouvait, il n’échapperait pas à sa paternité, qu’il le veuille ou non. Alors il devait se ressaisir, et vite, sans quoi Aspen serait contrainte de se montrer de moins en moins complaisante. Elle secoua la tête, peu convaincue de l’argumentaire de Marius, sortit tout droit du livre des excuses mariusiennes à base de traumatismes familiaux mal résorbés et de non dits paternelles toxiques. Il aurait eu besoin d’une bonne psychanalyse, le bonhomme. De la part d’un mec, ou d’une femme plus âgée, sans quoi il aurait tenté de la séduire, ça ne serait pas bien constructif.
- Tu es un homme Marius, peu importe tout ce que ton père a pu émettre comme réserve sur le sujet. Tu n’es plus un gamin, t’as un métier, une carrière, tu es financièrement autonome, émotionnellement presque mature, et bientôt tu seras à nouveau papa. Regarde avec Sam, tu te débrouilles bien, non, pourquoi ce serait différent avec l’autre ? tu auras même de l’expérience, c’est pas beau ça ? Et Oui, en effet, elle Peut se débrouiller seule. Mais tu sais quoi ? je suis à peu près sure qu’elle en a absolument pas envie. C’est ça que tu comptes en faire, Marius ? Une mère célibataire ? Lui envoyer de la thune une fois de temps en temps pendant que tu te tapes de la gourdasse ? Le prendre pour les fêtes et la jouer grand prince quand elle devra jouer le quotidien ? Ne me dis pas que c’est ton genre, parce que c’est faux. C’est foutrement faux.
Elle ne put s’empêcher de ricaner en entendant qu’elle-même se débrouillait très bien, cette vaste arnaque. Son frère et sa sœur ne lui parlait plus, sa meilleure amie non plus, le garçon dont elle avait été amoureuse pendant des années refusait ne serait ce que de lui parler, alors niveau épanouissement personnel, elle se posait là. Si, il lui restait son cher papa, qu’elle n’avait pas vu depuis trop longtemps d’ailleurs, son cousin Desmon, Priam et Marius, super. N’empêche que ça ne réchauffait pas ses draps le soir, et elle ne se permettait pas vraiment d’étaler ses états d’âme devant ces trois là. Alors elle restait toute seule avec ses incertitudes, ses insécurités, à tenter de se persuader qu’elle méritait ce qu’il y a de mieux en séduisant des grands métisses dans les bars, pour finalement les abandonner au mieux au petit matin, au pire en plein milieu de la piste de danse, quand ils avaient le malheur d’ouvrir la bouche et de se révéler trop bêtes. Ça arrivait, aussi. Alors ses présomptions à la con, il pouvait se les garder pour lui, tiens.
- Déjà, a partir du moment où j’ai extirpé ta langue de la bouche de cette fille dans le bar, elle n’a plus aucune raison de dire non. Genre, aucune. Imagine qu’elle soit ne serait ce que 10% aussi jalouse que toi, en emménageant avec toi, elle pourra maintenant être sur que quand tu lui dis « j’suis tout seul chez moi, je regarde un film », tu es vraiment en train de regarder un film en étant seul. C’est quand même vachement rassurant, pour une fille. Et puis, cette proposition, c’est aussi une façon de la distinguer durablement de Crescentia, et ça aura une valeur incroyable pour elle, je suis sure : c’est avec elle qui tu vivras, tous les jours, avec votre bébé, pas avec « l’autre ». Et ça, ça vaudra toutes les belles paroles du monde, tu peux me croire sur paroles…
Spontanément, elle avait pris la main humide de Marius dans la sienne, comme pour appuyer ses propos. C’était tout Aspen ça, elle vous balançait de l’eau à la tronche puis vous prenait la main. Très facile a suivre elle aussi, tiens.
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Sujet: Re: blame it on the boogie (pv aspen) Mar 23 Fév 2016 - 22:52
Mais elle est complètement con ma parole ! Bon, d’accord, j’ai vaguement conscience que de nous deux, c’est moi qui tiens la palme de la connerie mais… mais elle est complètement con tout de même ! Je secoue la tête pour faire voltiger quelques gouttelettes d’eau, celles qui restent dégringolent dans ma nuque et entre mes omoplates, tracent un chemin glacé. J’ouvre grand les yeux, sans avoir le droit – de toute évidence – d’en placer une pour me défendre. Mais pour me défendre de quoi, au juste ? De ma connerie ? Ah ah ah, la bonne blague, il faudra que je la raconte à Martial, quand on trouvera le temps de parler. Et en parlant de parler – beaucoup trop de bavardage par ici… - elle s’arrête. Elle se calme. Sur une question, une seule, qui est, en définitive, la seule chose que je retiens de ce qu’elle vient de me dire. Oh, en soi, je sais qu’elle a dit des choses intéressantes et pertinentes mais… Mais quel genre d’homme es-tu, Marius ?
La question se pose. Et je me la prends en pleine gueule. Pire qu’une douche froide, c’est un bain glacé. Aspen est assez efficace quand elle s’y met, parce que ces quelques petits mots ont le mérite et de me calmer, et de me faire réfléchir avec un sérieux qui me dépasse. Tu as trop peur qu’ils le fassent avant toi. Je me demande comment elle l’a compris. Je me demande si je suis aussi évident, si je suis aussi déchiffrable dans mon comportement. J’en viens même à me demander à quel point Aspen est capable de me percer à jour, de cette peur viscérale que j’ai de me retrouver un jour seul, abandonné, sans personne autour de moi pour me permettre d’exister, à ce manque vieux de vingt ans d’attention de la part de ma mère. Elle m’a interdit d’exister par son indifférence, elle m’a refusé le droit au simple être, a amplifié une carence affective déjà latente et une perte complète de confiance. Je me demande à quel point c’est évident aux yeux des autres. Aspen n’est pas la première à me percer à jour puisqu’elle arrive forcément en deuxième position derrière Martial, mais ça a quelque chose de glaçant que de se rendre compte que quelqu’un voit à travers mon irresponsabilité. Mais quel genre d’homme es-tu, Marius ? La réponse tombe sous le sens. Je ne suis pas un homme, je suis un gosse. Je suis un petit garçon qui n’accepte pas de grandir, je suis un gamin dans un corps d’adulte, et un gamin qui ne veut pas que ça change parce qu’il trouve une certaine sécurité à se conduire de manière immature. Grandir, c’est se condamner à devoir tout assumer, c’est se condamner à se soucier de tout, de tout le monde ; grandir, c’est s’extraire d’une chrysalide. Et je n’en ai pas envie. Pas envie du tout. Mes parents ont tabassé cette chrysalide, ils l’ont malmenée, ils ont voulu la faire à leur image, je l’ai renforcée année après année pour l’endurcir et la tenir loin de leur influence. Mais j’ai peur de m’apercevoir, en acceptant de grandir, que je ne suis que ce qu’ils ont voulu faire de moi. J’ai peur de voir, aussi, ce qu’ils ont fait de moi. Je ne suis pas un homme, Aspen, je suis un petit garçon colérique et capricieux qui entend bien le rester très longtemps encore
Elle secoue la tête, balaya mon argumentation et mes réponses. De toute évidence, elle arrive à comprendre certaines de mes mécaniques les plus complexes mais persiste à se faire avoir par mon apparence. Ou alors c’est moi qui loupe quelque chose, ce qui est tout autant plausible. « Tu es un homme Marius, peu importe tout ce que ton père a pu émettre comme réserve sur le sujet. » Je serre instantanément les poings. « Laisse mon père en dehors de ça » Je grogne alors qu’elle continue. « […] métier, une carrière, tu es financièrement autonome, émotionnellement presque mature, et bientôt tu seras à nouveau papa. Regarde avec Sam, tu te débrouilles bien, non, pourquoi ce serait différent avec l’autre ? » Je continue à secouer la tête, comme si ça avait le pouvoir de la faire taire. « Tu auras même de l’expérience, c’est pas beau ça ? Et oui, en effet, elle Peut se débrouiller seule. Mais tu sais quoi ? Je suis à peu près sure qu’elle en a absolument pas envie. C’est ça que tu comptes en faire, Marius ? Une mère célibataire ? Lui envoyer de la thune une fois de temps en temps pendant que tu te tapes de la gourdasse ? Le prendre pour les fêtes et la jouer grand prince quand elle devra jouer le quotidien ? Ne me dis pas que c’est ton genre, parce que c’est faux. C’est foutrement faux. Si c’est mon genre ? « J’en sais rien, voilà c’que je te dis ! » Bien sûr que je n’en sais rien. Qu’est-ce que je peux en savoir, en même temps ? Ca me dépasse, cette situation me dépasse. Avec Sam, c’est simple, Crescentia s’en occupe, je le vois quand je veux, quand je peux, je participe comme je peux aussi. Parce que la situation est tellement compliquée de base que ça la rend extrêmement simple. Avec Crescentia, on compose comme on peut avec le merdier pas possible que c’est, on ne va pas chercher à se prendre davantage la tête. J’ai envie de dire à Aspen que finalement, ouais, c’est plutôt mon genre de verser de la thune en continuant à vivre ma vie dans mon coin, ces quelques années qui me pendent au nez comme une remise de peine avec sursis. Sauf que… non, vraiment non, je suis incapable de savoir si c’est mon genre. Je soupire. Prends mon inspiration. Astrid se débrouillera bien toute seule, comme Aspen sait se débrouiller. Elle ira bien, je ne m’inquiète pas pour elle, il n’y a pas de souci à se faire. Et… ma dernière remarque me prend au dépourvu. Je n’ai pas eu le temps de la penser avant de la formuler. J’aurai l’air de quoi, quand elle dira non ? - Déjà, à partir du moment où j’ai extirpé ta langue de la bouche de cette fille dans le bar, elle n’a plus aucune raison de dire non. Genre, aucune. Imagine qu’elle soit ne serait-ce que 10% aussi jalouse que toi, en emménageant avec toi, elle pourra maintenant être sûre que quand tu lui dis « j’suis tout seul chez moi, je regarde un film », tu es vraiment en train de regarder un film en étant seul. C’est quand même vachement rassurant, pour une fille. Et puis, cette proposition, c’est aussi une façon de la distinguer durablement de Crescentia, et ça aura une valeur incroyable pour elle, je suis sure : c’est avec elle qui tu vivras, tous les jours, avec votre bébé, pas avec « l’autre ». Et ça, ça vaudra toutes les belles paroles du monde, tu peux me croire sur paroles… Je fronce les sourcils, cherchant à démêler ce qu’elle peut me faire comme compliments et comme reproches dans ces phrases. Elle est en train de me dire que parce qu’Astrid est jalouse, elle va dire oui ? Mais ça n’a pas de sens ! Je suis jaloux, pourtant, ce n’est pas pour ça que je vis chez Astrid et que je la surveille et que… Au comble de la réflexion, je tente un instant de me mettre à sa place. Si je savais qu’elle risquait de finir dans les bras d’un mec lorsqu’elle sort boire un verre qu’est-ce que je ferais ?
J’exploserais la tête du mec après l’avoir retrouvé. Bien, la technique mettons-nous-à-la-place-d-Astrid ne fonctionne pas. « Ça n’a pas de sens ce que tu racontes. Astrid, elle… » Elle quoi, Marius ? C’est avec elle que tu vivras, tous les jours, avec votre bébé. « Putain de merde » Je percute avec un temps de retard. Ah ouais. Ça ne sera pas une simple coloc. Il n’y aura pas Astrid dans une chambre, moi dans l’autre, un étage chacun dans le frigo. Ce sera elle et moi. Et le bébé. Mon regard se perd, mon visage se détend, je dois avoir l’air d’un gamin qui se rend compte de quelque chose. De quelque chose de très grave. Par réflexe, et parce que je suis comme ça, j’attire Aspen vers moi pour l’enlacer, pour réclamer un câlin le plus spontanément du monde. Pas que réclamer, d’ailleurs, imposer. Parce que la panique, chassée par l’alcool, chassée par cette fille que j’ai embrassée, chassée par la fatigue et ma connerie, vient de retrouver son chemin et de me saisir aux tripes. Je ne sais pas si je suis prêt à former une sorte de famille avec Astrid et notre fille. Ca ne sera pas comme avec Samuel, loin de là. Si je ne largue pas Astrid, alors j’accepte de passer à autre chose, de former autre chose, de créer quelque chose. Si je ne largue pas Astrid… « J’ai la trouille Aspen. Je suis pas prêt pour ça. » Je la relâche avec une certaine gêne qui ne me ressemble pas. Pas du tout. Aussitôt, ma main file dans mes cheveux – mouillés, c’est pas cool – pour les ébouriffer. C’est fort quand même. Tu es forte, Aspen. C’est avec elle que tu vivras tous les jours, avec votre bébé. Une phrase. Tu es forte, Aspen. Une petite phrase, et je me rends compte que si je propose à Astrid d’emménager avec moi, c’est que j’envisage clairement un futur à trois. Je fais un pas en arrière, j’imagine mon cœur battant à tout rompre dans ma poitrine. Tu seras un bien meilleur père que moi m’a dit mon père lorsque je lui ai présenté Sam. Une opération, voilà ce qui sépare mon état précaire que je cache à tout le monde à une vie avec mes enfants et potentiellement avec Astrid. Est-ce que j’ai le droit de lui imposer ça, au final ? Quelques mois avec moi et pffuit, une disparition parce que j’aurais été trop con pour me faire soigner tant qu’il en était encore temps ? Mais quel genre d’homme, je suis, au juste. « Merci. » Je ne sais pas ce que je veux, pas je sais de manière floue ce que je ne veux pas. Je ne veux pas qu’Astrid n’ait rien à dire sur moi à notre petite chose. Je ne veux pas qu’elle se limite à ma connerie, je ne veux pas qu’elle ne puisse rien lui dire de plus que ce que Crescentia dira à Samuel. « Je sais pas ce que je ferais sans toi, Aspen, sérieux. T’as une foutue patience avec moi. Ca me fout juste les j’tons d’imaginer que… je vais former une famille avec elle, en quelque sorte. T’imagines, moi ? Marius Alexandre Caesar ? » Mon accent français ressort brutalement lorsque je décline mon identité complète. « Avec Crescentia, c’est tellement what the fuck comme situation que c’est facile. Elle s’en occupe, j’envoie la thune et je m’implique et puis… basta. C’est facile parce que Cressy, au final, c’est juste une amie par la force des choses et… avec Astrid… je… c’est compliqué. » Je secoue la tête, incapable d’exprimer ce qu’il se passe dans ma caboche. Je finis par hausser les épaules. « Avec Astrid, j’ai pas envie de m’engager dans un truc que je vais peut être, qu’elle remarque que je n’ai pas dit le certainement qui me démange, pas gérer. J’ai pas envie qu’elle regrette, j’ai pas envie de regretter. C’est beaucoup plus simple de ne pas se poser de question. Si je lui propose, je l’aurais sur le dos H24. Et elle m’aura sur le dos H24. Je sais pas si c’est gérable. » Je soupire en me passant une main sur le visage. Si j’ai les pensées un peu plus claires ? Aucune idée : c’est un foutoir monstre là dedans. Mais une chose est certaine : larguer Astrid est la solution du lâche. Mais c’est aussi la solution du Marius totalement terrifié qui n’a pas envie de faire une connerie dont ni Astrid, ni lui ne se remettront. « Ca me met dans un état pas possible, c'te connerie d'idée. J'ai tout préparer mais je sais toujours pas... J’vais y réfléchir dans tous les cas. Tu… » Je jette un regard vers le bar, mais je n’ai soudain plus vraiment envie d’y remettre les pieds. Parce que je n’arrive pas à faire le point sur mes pensées. « Je… je crois qu’il vaut mieux que je rentre. » Sûrement ma réflexion la plus intelligente de la soirée, on applaudit la performance.
La rouquine avait l’impression de pouvoir voir, littéralement, le cerveau de Marius fumer sous son crâne. Ça aurait pu être très drôle, si ce dernier n’arborait pas un air aussi tourmenté. Ça la décontenançait presque, parce qu’elle ne voyait pas ce qui pouvait bloquer dans le raisonnement de son ami : Il était amoureux d’une fille qui l’aimait aussi. Ils allaient avoir un bébé, un bébé surprise, mais un bébé désiré quand même. Il voulait lui demander d’emménager avec lui. Qu’est ce qui pouvait potentiellement foirer dans cette histoire ? Astrid connaissait Marius, elle connaissait ses qualités tout comme ses défauts, elle n’allait pas être surprise pas sa mauvaise humeur du matin ou ses chaussettes qui trainent, ils étaient ensemble depuis suffisamment longtemps pour qu'elle ait déjà expérimenté tout ça… Sauf que, bien sur, Marius était un peu spécial, il fallait pouvoir le suivre dans ses emballements, le bougre, mais pour autant il était tellement attachant… D’ailleurs, Aspen se laissa faire quand il l’emprisonna dans ses bras lui frottant le dos alors qu’il lui avouait avoir la trouille. Tu m’étonnes mon grand, doublement papa en six mois avec des perspectives d’aménagement avec sa fiancée, ça allait très vite tout ça, même pour Marius-à-cent-à-l’heure. Elle lui sourit alors qu’il recule un peu, continuant à déballer tout ce qu’il avait sur le cœur. C’était bien la première fois qu’elle l’entendait s’épancher aussi ouvertement sur ses problèmes, sur ses craintes, et ça la toucha que ce soit auprès d’elle qu’il le fasse. Ils en avaient du chemin depuis leur escapade à Hawai pour le spring break tiens, pour pouvoir se confier aussi ouvertement l’un à l’autre, sans craindre la moindre jalousie. Elle gloussa légèrement à la remarque de Marius, avant de lui répondre tranquillement :
- J’ai de la patience parce que tu en vaux la peine, crétin de Caesar. Pis au moins on s’ennuie jamais avec toi.
Elle resta silencieuse un instant, réfléchissant à ce qu’elle pouvait lui répondre. Il fallait dire que les shooters de tequila ne l’aidaient pas spécialement à se concentrer non plus :
- C’est normal d’avoir peur, ça fait partie du processus, je suppose. Mais tu pourrais essayer, je sais pas, de voir les avantages de la situation, plutôt que de t’imaginer forcément le pire. Genre, tu vas pouvoir prendre des photos de ton bébé tout le temps, tu le verras grandir, sourire, t’observer comme si tu étais l’un des centres de son monde… ce qui sera le cas, d’ailleurs. Tu es pas débile Marius, ingérable ou, mais débile non. Tu sauras gérer, j’en suis sure, parce que tu gères bien mieux que tu veux le prétendre, sinon tu te serais déjà barré à l’autre bout du monde en les laissant tous les trois … quatre bientôt. Si tu as besoin de réfléchir, réfléchis autant que tu veux. Mais ce genre de décision ça se prend pas qu’avec le cerveau, ça se prend aussi avec le cœur et les tripes.
Elle lui sourit indulgemment en sortant son portable de sa poche de jean, l’agitant devant son nez :
- J’nous appelle un taxi, on a trop bu pour conduire, et j’ai pas envie que tu te fasses emmerder sur la route parce que t’es trop saoul pour rentrer direct chez toi et que tu dépasses le couvre feu.
La Wol’ appela son taxi préféré, toujours le même, et s’assit sur le trottoir, à coté de lui, lui grattant la nuque comme le ferait une maman ou une grande sœur avec un enfant fatigué. Ça ne devait pas être facile pour lu, ça s’était sur, mais pour ce que ça valait, elle était là pour lui, si il avait besoin. Elle y tenait à son Marius Cretinus, et elle n’allait pas le lacher comme ça, peu importait sa décision au final …