Sujet: A small measure of peace (IVORY) Ven 25 Déc 2015 - 11:05
a small measure of peace
RETURNING VIOLENCE FOR VIOLENCE MULTIPLIES VIOLENCE, ADDING DEEPER DARKNESS TO A NIGHT ALREADY DEVOID OF STARS. DARKNESS CANNOT DRIVE OUT DARKNESS: ONLY LIGHT CAN DO THAT. HATE CANNOT DRIVE OUT HATE: ONLY LOVE CAN DO THAT (ambiance).
Assise sur une couverture posée à même la pelouse, Aurora semblait obnubilée par les peluches qui se trouvaient à portée de ses petites menottes, et tout particulièrement le petit mouton rose qu'elle traînait partout depuis sa naissance. La pauvre chose avait perdu la moitié d'une oreille, avait été raccommodée à plusieurs endroits, mais rien à faire : la petite Blackwood refusait tout simplement qu'on la lui enlève. Ce n'était pas faute d'avoir essayé de lui trouver un remplaçant, mais dès que Mademoiselle Mouton disparaissait, c'était la crise. Alors Evie et Adrian avaient cessé de lutter contre la volonté de la pouponne, et la peluche, qui ressemblait de moins en moins au paisible herbivore sur lequel elle avait été modelée. Le jeune père s'amusait de voir sa fille serrer contre elle la peluche tout en babillant joyeusement, comme si elle lui faisait la conversation. À chaque fois qu'Adrian revoyait Aurora, il s'étonnait des progrès qu'elle avait fait en son absence, et cela même si ça lui crevait le cœur d'en manquer la moitié. Voilà que la petite tête blonde marchait tout seule, mieux valait ne pas la quitter du regard car elle s'était découvert une âme d'exploratrice, tout était attrayant, le monde lui offrait mille et une découvertes quotidiennement. Puisque Evie avait bien voulu la lui confier pour la journée, Adrian avait conduit la petite au parc, afin qu'ils puissent profiter du beau temps et des températures encore douces du mois de mai, et surtout profiter l'un de l'autre. Comme c'était le cas avec Evie, Adrian était un homme entièrement différent lorsqu'il s'occupait de sa fille, bien loin de l'homme vindicatif qu'il était devenu après la mort de sa jumelle. Comment aurait-il pu l'être, en présence d'une petite perle comme Aurora ? Difficile d'imaginer que l'homme qui agitait une licorne en peluche sous le nez de son bambin ait pu faire couler le sang d'un mutant quelques heures avant de la récupérer chez sa mère. Le contraste était tel que lui même avait parfois l'impression de s'être dédoublé, d'avoir laissé sa moitié ténébreuse de côté le temps de quelques heures, le temps d'un moment père-fille.
Adrian se souvenait sans peine du jour où Aurora était née. La sentir bouger dans le ventre d'Evie avait été une chose, la tenir dans ses bras pour la toute première fois en avait été une autre, radicalement différente. Aurora était née à terme, en parfaite santé, mais entre ses bras de colosse elle avait eu l'air minuscule et fragile. Elle semblait toujours l'être, poupée de porcelaine aux délicates boucles blondes, au regard azur et à la peau d'ivoire. Aurora ressemblait de plus en plus à son père, et c'était pour ce dernier une véritable fierté. Lui qui deux ans plus tôt ne se sentait pas l'âme paternelle avait littéralement vendu son âme à sa fille, qui lui était tout aussi précieuse que sa mère, et pour laquelle il aurait fait n'importe quoi. Songer qu'il cajolait sa fille avec ses mains souillées du sang des mutants qu'il jugeait dangereux avait quelque chose de dérangeant, et lorsqu'on le voyait ainsi paternel et délicat, difficile de l'imaginer revêtir des vêtements de Hunter une fois la petite retournée à sa mère. C'était pourtant ce qu'il faisait, ou du moins ce qu'il avait fait au cours de ces deux dernières années avant de commencer à être frappé de plein fouet par le doute et les remords quelques semaines plus tôt. Comme disait le dicton, mieux vaut tard que jamais. Lentement mais sûrement, Adrian remettait en question son choix de vie, dont la violence et le mode de pensées lui convenaient de moins en moins bien. Le sang versé, les vies arrachées... Rien de tout ça ne lui avait ramené Amelia, et ça l'avait éloigné de sa femme et de sa fille, l'empêchant par la même occasion d'être à leurs côtés pour les protéger. Promettre à Evie de faire des efforts, c'était une première étape de franchie, un premier pas vers sa guérison psychologique – et cela sans qu'il en ait encore conscience. En attendant, il avait l'impression d'être assis entre deux chaises, d'être constamment tiraillé entre deux camps, il avait perdu le Nord et les autres points cardinaux.
« Mamma ? » La voix encore timide d'Aurora tira le jeune homme de ses pensées, et c'est avec un large sourire sur le visage qu'il s'étendit à moitié dans l'herbe auprès de sa fille, qui l'interrogeait de ses grands yeux bleus – les mêmes que les siens. « Maman travaille. Et comme papa a été sage, il a le droit de t'avoir rien qu'à lui aujourd'hui. » Evie lui avait clairement fait une fleur en acceptant de lui laisser Aurora pour la journée, c'était le signe qu'elle acceptait de se montrer plus conciliante du moment qu'il tenait sa promesse – de quoi l'encourager à rester sur la voie dans laquelle il s'était engagé. La petite regarda tout autour d'elle, cherchant visiblement sa mère, avant de froncer le nez et de tendre sa peluche à son père, qui l'attrapa avant de lui tendre les bras. Un rire poupon et cristallin échappa à Aurora, qui tint à se relever pour franchir la distance qui la séparait de son père en quelques pas, toujours un peu maladroits mais bien plus assurés que la dernière fois où il l'avait vue. Le rire d'Adrian fit écho au sien lorsqu'elle trébucha sur l'un de ses jouets pour lui tomber dans les mains, et il la souleva dans les airs un instant, provoquant sa totale hilarité. De quoi faire fondre le jeune père, qui se rassit bientôt pour couvrir sa fille de baisers bruyants, qui n'en finissait décidément plus de s'esclaffer. Lorsqu'il s'arrêta enfin, les joues d'Aurora avaient pris une jolie teinte rosée, et elle applaudissait comme s'il venait de lui faire la meilleure plaisanterie au monde. À ses yeux, il était un héros – Evie le lui avait dit et répété – il suffisait de voir la façon qu'elle avait de le regarder pour s'en persuader. Aurora était encore à cet âge innocent où elle ignorait la dure réalité de la vie, où son père était une figure indestructible, aimante – parfaite.
Instinctivement, Adrian se tendit lorsqu'il vit le regard d'Aurora le quitter pour se poser derrière lui ; mais plutôt que de réagir brusquement, comme il en avait l'habitude, il préféra se contenter de lancer un regard par dessus son épaule. D'abord, la surprise passa son visage, avant qu'un petit ricanement ne lui échappe tandis qu'Aurora posait le menton sur son épaule, bien agrippée à son t-shirt. « Ben tiens. Si c'est pas ma tête de caillou préférée. » Alice. Difficile de l'oublier, la mutante à laquelle il avait sauvé la peau lors de cette soirée bien animée par les membres du Gunpowder Squad après le couvre-feu. Mais il n'aurait pas pensé la revoir de si tôt – voire la revoir tout court. Pour l'occasion, il apparaissait nettement moins farouche qu'à leur première rencontre, entre la petite Aurora blottie contre lui, son mouton délavé dans les mains et un tas de jouets pour bébé étalés devant lui, sans parler de la poussette, du biberon et du sac blanc à fleurs roses qui contenait les affaires de sa fille. Sa crédibilité de Hunter venait d'en prendre un coup, celle du type bien venait sans doute d'être promue au rang supérieur. « J'pensais pas te recroiser si vite. Ravi de constater que t'es toujours entière. T'as meilleure mine, de jour. » Il la taquinait, parce qu'il ne pouvait pas s'en empêcher, il reprenait leur petit jeu de railleries sans même le réaliser. À peine avant-il rouvert la bouche pour en rajouter une couche qu'Aurora éternuait bruyamment, incommodée par le pollen, et sa mine choquée était bien trop adorable pour que son père ne soit pas secoué d'un nouvel éclat de rire, un rire bien plus léger que celui que la mutante avait eu l'occasion d'entendre lors de cette fameuse soirée qui les avait mis sur le même chemin – ou plutôt dans la même ruelle. Le jour et la nuit, une expression qui convenait à merveille à Adrian.
Les dialogues en italique sont en norvégien.
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Sujet: Re: A small measure of peace (IVORY) Jeu 14 Jan 2016 - 1:34
So take a breath of mist and mystery
Dépasser le couvre-feu, c’était fini pour Ivory. Elle avait promis à Seth de ne plus le faire, genre vraiment promis. De toute façon, elle avait eu trop peur pour lui, un peu peur pour elle aussi même si ça s’était bien terminé et puis... Et puis, il y avait Charlie qui avait eu l’air de vraiment beaucoup s’inquiéter alors non, elle n’était pas prête de recommencer, elle ferait profil bas, très bas, vraiment très bas. Pour tout dire, elle tenait remarquablement bien parole et profitait de ses journées de libres pour faire tout ce qu’elle faisait généralement la nuit, mis à part sortir faire la fête. Elle commençait simplement à faire la bringue plus tôt, il ne fallait pas trop lui en demander non plus. Elle avait même mis l’alarme de sa montre à vingt-et-une heure trente, ce qui lui laissait une heure pour rentrer chez elle, c’était largement suffisant.
Qui disait journée de libre, disait également balade à l’extérieur, elle avait évité un petit moment, par sécurité, juste au cas où, comme on dit mais, elle en avait marre. C’était bien joli la console, les bouquins et les dvds. La peinture sur toile c’était distrayant un temps mais, sans modèle digne de ce nom, c’était moins amusant, moins distrayant, moins tout. Ivy avait besoin de vie, d’un vrai modèle à croquer, ça devait... avoir une vie ! Voilà ! Bien décidée, elle embarqua sa sacoche avec son bloc et tout ce dont elle avait besoin. Le parc, c’était un peu son autre chez elle dans le quartier, elle y passait beaucoup de temps. Elle s’était fait quelques connaissances comme ça d’ailleurs. À force de traîner dehors, on croisait fatalement du monde. Avant de sortir, elle embarqua environ... bah tout le paquet de gâteaux et une grande bouteille de jus de fruits. Le café, dans le thermo, même après un moment, ça devenait assez immonde. Même pour elle. Chargée comme une mule, elle se dirigea tranquillement à pied vers sa destination, prenant quelques détours pour profiter du beau temps, il commençait à revenir et elle n’allait pas s’en priver. Après quelques dizaines de minutes et malgré ses détours, elle finit par arriver, presque déçue. Elle crapahuta entre les gens qui commençaient à ressortir, les téméraires ou autres optimistes météorologiques de tout poil. Histoire d’afficher son camp, elle s’acheta une glace et reprit sa route vers un de ses coins favoris jusqu’à voir un gabarit familier, une voix connue quoi qu’un peu différente. Elle fronça les sourcils, fit une moue perplexe mais s’avança tout de même jusqu’à être certaine. Définitivement, c’était le Samaritain qui était là, en compagnie d’une adorable gamine qui la regardait approcher comme si c’était la chose la plus étrange du monde. C’est sur qu’un look comme le sien, elle ne devait pas en voir tous les jours. Ivory y avait veillé ! Son style, c’était du copyright pur et dur.
- « Tu sais que tu parles une langue franchement bizarre Samaritain ? »
Le tableau était franchement surprenant et cette petite... Seigneur, elle était mignonne comme un cœur, elle en avait un pincement au cœur. Elle n’avait jamais voulu savoir le sexe de son bébé et quand elle l’avait perdu, elle n’avait pas voulu savoir, elle avait préféré ne pas savoir, oublier, recouvrir tout ça d’une bonne couche d’ignorance et de déni, faire comme si jamais rien n’était arrivé. Elle secoua la tête et se vengea sur sa glace, une réaction immature pour une réaction trop mature, c’était le prix qu’elle payait, qu’elle se faisait payer. Ivy vivait beaucoup mieux comme ça. Oui. Beaucoup mieux. Tranquillement, elle pencha la tête et sourit.
- « Bah moi non plus en fait. Il paraît que le monde est petit, Radcliff doit l’être encore plus j’imagine. Quant à toi, bah t’as l’air moins glauque avec un mouton en peluche qui est passé à la moulinette. J’en ferai bien un croquis tellement c’est adorable comme tableau. »
Et elle le pensait sincèrement. Dire qu’elle fut surprise par l’éternuement était un euphémisme. Elle éclata de rire presque en même temps qu’Adrian et sans même le réaliser, elle tendait déjà un mouchoir à l’heureux papa pour la petite.
- « Elle te ressemble comme deux gouttes d’eau, c’est assez dingue de voir un mini toi version féminin. »
Si elle était vraiment fascinée par le spectacle, elle se faisait pourtant violence. Ça arrivait parfois quand elle était en présence d’enfants très jeunes, même si son enfant serait largement plus vieux si... C’était pour ça qu’elle bossait avec des lycéens, c’était plus facile à vivre, plus difficile pour elle d’imaginer ce que ça aurait pu être. Les enfants en bas âge par contre, c’était plus facile d’extrapoler et elle avait parfois du mal à enfouir les choses assez loin, assez profondément. Pour se focaliser, elle décida carrément de creuser.
- « Quelle âge a-t-elle ? »
Dernière édition par Ivory Weston le Ven 22 Jan 2016 - 15:59, édité 3 fois
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Sujet: Re: A small measure of peace (IVORY) Ven 15 Jan 2016 - 9:00
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Il était plutôt rare qu'Adrian croise à nouveau les mutants rencontrés, généralement parce que ces derniers se trouvaient six pieds sous terre, ou parce qu'ils ne voulaient plus jamais lui faire face. Un état de faits qui ne le dérangeait pas plus que cela, n'étant pas du genre à vouloir s'entourer de mutants. Mais il fallait bien avouer qu'Alice lui avait fait forte impression, et que ça lui faisait bien plaisir de la revoir entière. À la voir comme ça, difficile de l'imaginer capable de revêtir l'apparence d'un roc sur pattes, ou de l'associer à l'image d'une dangereuse dégénérée. Peut-être parce qu'elle ne l'était tout simplement pas, de la même façon qu'Evie ne l'était pas. De jour, tout était toujours différent à Radcliff, et quoique l'atmosphère soit bien souvent pesante, on était bien loin du théâtre des horreurs qui se jouait dès que le soleil disparaissait. Dans ce parc, tout avait l'air parfaitement normal, c'en était presque dérangeant pour Adrian qui avait perdu l'habitude de traîner dans un lieu public, toujours rongé par l'inquiétude de voir un mutant ou une patrouille du Gunpowder Squad se montrer. Il s'étonnait presque d'avoir été en mesure de mettre ses craintes de côté pour permettre à Aurora de profiter de l'air frais du mois de mai et de la douceur printanière des rayons de soleil. Dire que ça lui avait manqué de passer de tels moments avec sa fille était un euphémisme, Aurora lui manquait tout autant que sa mère, elle était une véritable bouffée d'oxygène pur pour son père. La première remarque de la jeune mutante lui fit secouer la tête avec un air faussement outré, il fronça les sourcils de façon totalement exagérée. « C'est pas une langue bizarre, c'est du norvégien. J'suis un viking en exil. » Il fut secoué d'un petit rire, ce n'était pas tout à fait vrai puisqu'il était né sur le sol américain, mais sa mère l'avait bercé dans la culture norvégienne et scandinave depuis le berceau, alors ses racines, il y tenait et souhaitait les transmettre à sa fille. Fille qui avait éternué si bruyamment qu'elle en avait sursauté, et avant qu'il n'ait eu le temps de tendre la main vers son sac d'affaires, Alice lui avait déjà offert un mouchoir. Un sourire reconnaissant accroché aux lèvres, il l'attrapa et moucha Aurora, qui geignit parce qu'elle avait une sainte horreur de ça, comme n'importe quel bébé de son âge.
« Tout le monde dit qu'elle me ressemble, ouais. Je suppose que c'est à cause des cheveux et de la couleur de ses yeux... Mais Dieu merci, elle a hérité des jolis traits de sa mère. » Pour la jeune mutante, ça devait être plutôt étonnant de le retrouver dans la position d'heureux père de famille, le contraste avec son habit de barman et Hunter était plutôt... radical. Mais elle, elle ne l'étonnait pas moins avec sa glace à la main et son look unique, bien plus détonnant en plein jour. Aurora semblait d'ailleurs bien intriguée, elle observait Alice avec une curiosité enfantine, ses petites mains toujours bien accrochées au t-shirt de son père. Inconsciemment, Adrian caressait tendrement le dos de la petite, un automatisme acquis dès ses premiers jours de vie pour la rassurer. « Elle va bientôt avoir un an et demi », répondit-il à la jeune femme sans quitter Aurora des yeux, captivé par chacun de ses mouvements, comme le père en admiration devant sa progéniture qu'il était. « Elle s'appelle Aurora », se sentit-il obligé de préciser, et entendre son prénom poussa la petite à détourner son attention d'Alice un instant. Elle regarda son père avec un drôle d'air, l'air de dire "quoi ?" et tapota doucement sa joue avec sa petite menotte avant de se laisser glisser contre lui pour s'asseoir ensuite sur la couverture. « Comme la princesse, ouais... C'était l'idée de ma femme. » Une idée qui l'avait tout de suite séduit, et puis il fallait bien avouer qu'avec ses jolies bouclettes blondes et ses grands yeux bleus, Aurora avait tout d'une petite princesse. Ce n'était pas pour rien qu'il avait poussé la ressemblance jusqu'à lui acheter le costume de la princesse en question pour son premier Halloween. Et rien que pour l'interminable "aww" d'Evie, ça en avait valu la peine. « Et j'avoue que Mademoiselle Mouton a une sale tête, mais dès qu'on essaie de la remplacer, c'est le drame. Crois-moi, t'as pas envie qu'elle se mette à hurler parce que sa peluche a disparu, c'est limite si elle fait pas sauter les vitres. » Comme si elle bien compris qu'il se moquait d'elle, Aurora lui donna une petite tape sur la cuisse, avant de ramper jusqu'à son biberon d'eau, posé un peu plus loin sur la couverture.
« T'as parlé de faire un croquis, t'es artiste ? » Il avait posé la question en étant sincèrement curieux, décidément bien intrigué par la fameuse Alice. Sans doute l'était-elle tout autant par lui, faute de quoi elle aurait passé son chemin au lieu de venir l'aborder, ce n'était pas comme s'ils s'étaient rentrés dedans faute de choix. « Tu peux t'asseoir si tu veux, j'suis toujours pas décidé à te manger » Adrian afficha un sourire charmant avant de se décaler vers sa fille, qui eut vite fait de retrouver sa place entre ses bras, biberon dans une main et mouton dans l'autre. Timide mais non pas moins intéressée, Aurora fixait Alice avec intensité, comme elle le faisait souvent avec les étrangers, comme pour déterminer leur degré d'intérêt, et aussi décider si oui ou non elle pouvait tenter une approche. Elle n'était pas farouche comme petite, mais elle était plutôt timide, ce qui aux yeux de son père la rendait plus adorable encore. Avec sa fille, Adrian était un homme différent, délicat et tendre dans chacun de ses gestes, les yeux brillant d'une admiration sans limite pour la petite merveille qu'il serrait contre lui. « Tu l'intéresses », adressa-t-il finalement à Alice, sans quitter Aurora des yeux.
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Sujet: Re: A small measure of peace (IVORY) Ven 22 Jan 2016 - 16:44
So take a breath of mist and mystery
Franchement, Ivory aurait pu tomber sur pire qu’Adrian. D’accord, il était le seul chasseur qu’elle connaissait à part son très cher papa et c’était bien comme ça. Elle n’avait pas particulièrement hâte de tomber sur les plus cinglés d’entre eux. Elle en avait entendu parler d’un certain nombre qui n’était pas tout juste au niveau des neurones, dont le fameux Roman. Non, elle n’était franchement pas pressée d’en croiser d’autres. Merci mais non merci. Adrian, c’était un type bien. Paumé mais, bien. Il lui avait prouvé après tout en l’aidant et il avait bon fond. D’accord, elle était peut-être un peu trop optimiste au sujet de ce type qu’elle connaissait à peine mais, il avait au moins fait bonne impression. Elle avait été forcée de lui faire confiance et tout c’était bien passé. Là, ils étaient en plein jour, dans un parc, avec une enfant. Tout se passerait très bien.
- « En exil, j’veux bien le croire... Viking. Hum. Pourquoi pas après tout. »
Qui pouvait vraiment savoir jusqu’où remontaient vraiment ses racines ? Personne. À part les acharnés de la généalogie et encore. Quand l’écriture n’était plus la norme, ils pouvaient toujours s’échiner à tenter de savoir où remonter. Elle patienta le temps qu’il en termine avec sa fille et l’écouta lui raconter de qui elle avait tiré quoi. Aucun doute, il était fou de sa fille, ça se voyait. Il rayonnait de fierté, une fierté bien placée si on lui demandait son avis. Quoi qu’au fond, c’était la nature qui avait bien bossé. En attendant, c’était assez dingue de le voir papa poule.
- « Un prénom de princesse. Très chouette. Au moins, elle n’a pas hérité du nom de l’héroïne d’un bouquin totalement pété. »
Bien qu’elle en avait changé et qu’elle préférait largement se faire appeler Ivory qu’Alice. Elle n’était pas encore prête à le lui dire qu’Alice, c’était en fait devenu son second prénom. Ça la rendait au moins un poil plus compliquée à trouver mais de pas grand-chose.
- « Vous avez pensé à la raccommoder au lieu de la remplacer ? Devant elle j’veux dire, qu’elle voit que c’est toujours Mademoiselle Mouton mais que comme ça, elle pourra la garder plus longtemps. »
C’était une technique qu’avait utilisé sa mère et son père et très ironiquement, c’était son père qui avait raccommodé son doudou à l’époque. On le lui avait raconté mais la scène c’était souvent reproduite. À présent, son ours en peluche était un patchwork mais il avait un look qui lui plaisait bien. Il ne lui restait pas grand-chose de son enfance et pas des masses de souvenirs heureux mais, elle en avait. Elle se sentait juste mal ou en colère quand elle y repensait. Des sentiments totalement mis en veilleuses avec la présence de la petite même si ce qu’elle ressentait n’était pas plus joyeux. Elle sortit de sa contemplation à la question posée par Adrian.
- « Prof d’arts plastiques au lycée. Pas vraiment artiste quoi. Douée mais certainement pas assez de talent pour pouvoir en vivre. »
Elle était très objective sur son talent et très terre à terre au moins pour ça. Elle savait qu’elle était douée mais, elle n’aurait jamais pu vivre de ça. Ses peintures, ses dessins, tout était très personnel et rares étaient les tableaux qui sortaient de chez elle. Seth en avait embarqué un un jour et elle en avait offert un à Scarlett pour la remercier mais, à part ça... il n’y avait pas de quoi se vanter. Personne ne savait qui elle était et ses signatures ne valaient pas un clou. Acceptant l’invitation, Ivy posa ses fesses sur la couverture et son sac à côté. Elle sortit ses trois tonnes de petits gâteaux et sa bouteille de jus de fruits. C’était le pique-nique improvisé de l’amoureuse des parcs et des crayons. Avec ses breloques en tout genre, elle ne fut pas vraiment surprise de voir qu’Aurora la regardait mais, elle lui laisserait l’occasion de venir à elle si elle en avait envie. Cet après-midi serait éprouvant, c’était certain. Se retrouver en présence de cette enfant allais être compliqué à gérer. Ça ne faisait que lui renvoyer ce qu’elle avait perdu avant même de l’avoir connu. On lui avait dit qu’elle avait du mal à l’accepter parce que justement, elle avait voulu l’avoir son bébé. Elle sourit, cachant son soupir. C’était dur.
- « Je fais souvent cet effet aux enfants. Ça doit être les couleurs et les breloques. J’ai un autre atout dans ma manche mais, c’est un peu risqué si tu veux mon avis. La pierre c’est moche mais, j’ai des choses vraiment très jolies. »
Elle n’était pas franchement complexée par le fait d’être mutante. Elle était juste prudente. Elle n’était même pas dangereuse et ça n’était pas par hasard que Charlie voulait absolument qu’elle puisse se défendre. Il fallait l’admettre, à part frapper fort, Ivory n’était pas capable de réellement se défendre.
- « Elle est adorable. »
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Sujet: Re: A small measure of peace (IVORY) Dim 31 Jan 2016 - 21:18
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Adrian aurait sincèrement aimé que les choses soient aussi simples qu'elles en avaient l'air. Il aurait aimé que son existence ne soit pas parsemée de drames, aurait aimé que cette journée au parc avec sa fille ne soit qu'une journée comme les autres. Mais ce n'était pas le cas. Ce n'était pas le cas, et ça le rendait malade de songer à la réalité, à ce qu'il retrouverait une fois qu'il aurait ramené Aurora auprès de sa mère. Il aurait pu et dû s'estimer heureux, Evie était conciliante, bien plus qu'il ne le méritait en réalité. S'il ne s'étaient pas aimés toute leur vie, elle lui aurait balancé son alliance à la figure des années plus tôt – et il l'aurait mérité. Mais non, ils s'accrochaient encore l'un à l'autre, l'affection qu'ils éprouvaient était toujours aussi forte, intacte, même après toutes ses conneries. Evie, elle n'avait rien à se reprocher, à part peut-être son degré exagéré de tolérance dès lors que son imbécile de mari était concerné. Car Adrian était un imbécile – pour ne pas dire qu'il était carrément con. N'importe quel homme possédant un peu de bon sens ayant la chance d'avoir une femme comme elle aurait fait n'importe quoi pour la garder, pour faire en sorte que leur mariage tienne la route « jusqu'à ce que la mort les sépare ». Perdre Evie pour épurer Radcliff des mutants qu'il considérait personnellement comme étant dangereux, c'était un prix bien trop élevé, il n'était pas question qu'il le paie. Il lui avait promis de se calmer, de faire attention, de rendre les armes ; et il allait le faire. Pour elle, pour Aurora, pour eux. Et pour Amelia, qui aurait détesté le voir agir comme il le faisait. Si sa jumelle avait pu revenir d'entre les morts rien que pour le remettre à sa place, elle l'aurait fait sans aucun doute. Bon sang, ce qu'elle pouvait lui manquer... Comme Evie, Amelia avait l'un des piliers de son existence, sa mort avait précipité la chute de l'édifice, il avait complètement perdu la raison. Pour beaucoup la force du lien qui unissait des jumeaux l'un à l'autre était souvent exagéré ; mais pour les Blackwood ça avait été vrai. Ils avaient été inséparables, toujours collés l'un à l'autre, c'était pratiquement Amelia qui l'avait poussé dans les bras d'Evie parce qu'il était trop timide pour lui avouer ses sentiments... Elle avait toujours été là pour lui. Et il savait beau savoir qu'il n'aurait rien pu faire pour la sauver, la culpabilité de ne pas avoir été présent au moment où elle avait le plus besoin de lui le rongeait.
« T'aimes pas ton prénom ? C'est dommage, je trouve que c'est plutôt sympa comme prénom, Alice. » Il n'était pas très branché contes de fées, mais il aimait bien le côté psychédélique de l'histoire de l’héroïne de Carroll. « Au moins, c'est pas juste le dérivé d'un nom d'une vieille ville romaine. » Adrian eut un petit rire tandis qu'il passait une main dans les boucles dorées d'Aurora, dont il trouvait le prénom parfaitement adapté. Non seulement elle ressemblait à la princesse du conte avec ses mèches blondes et ses grands yeux bleus, mais son nom faisait également écho à ses origines, puisque les aurores boréales étaient visibles depuis l'Alaska comme la Norvège. Evie ne lui avait pas vraiment laissé le choix au moment de le choisir, mais Adrian l'avait trouvé parfaitement approprié à leur petit miracle, alors il n'avait pas cherché à discuter un seul instant. « On a raccommodé cette peluche tellement de fois que je me demande par quel miracle elle est encore à peu près en un seul morceau. Je sais pas pourquoi elle l'aime tellement, mais elle s'en fout qu'elle ne ressemble presque plus à rien. Ça doit être de famille, j'ai gardé mon ours en peluche jusqu'à ce qu'il tombe en lambeaux. Et encore, je suis sûre que ma mère l'a encore quelque part. » Cette pensée le fit soupirer doucement, il afficha une expression triste pendant quelques secondes. Songer à ses parents, au reste de la famille, c'était comme remuer le couteau dans la plaie. Alors la plupart du temps, il évitait. Suffisamment de choses rongeaient sa conscience pour qu'il en rajoute une couche supplémentaire avec ses parents et sa sœur aînée.
Un léger sourire étira ses lèvres lorsque la jeune femme s'installa avec eux ; il n'était pas mécontent de la tournure que prenaient les choses, à mille lieues de leur première rencontre – encore que, les choses s'étaient plutôt bien déroulées, lorsque l'on songeait au contexte. Si ça lui avait bien prouvé une chose, c'était qu'il n'avait pas un instinct de chasseur – du moins pas un chasseur de mutants. Il en connaissait des dizaines qui auraient cherché à abattre Alice sans chercher à comprendre qui elle était, incapables de voir au delà de sa mutation. Même dans ses plus sombres moments, Adrian n'avait pas été de ceux là... Il fallait croire qu'Evie avait toujours eu raison sur toute la ligne le concernant, il avait simplement été trop stupide pour l'écouter, il avait fait la sourde-oreille comme le crétin qu'il était. C'était lui qui l'avait poussée à le mettre à la porte, la jeune femme avait certainement considéré cela comme son dernier recours pour le faire ouvrir les yeux – et les oreilles – et cela avait eu l'effet escompté. Il remettait tout en question, lentement, mais sûrement. « Un autre atout dans ta manche ? Quoi, tu veux dire que t'es capable de... de prendre une autre forme ? » Il avait répondu à voix basse, peu désireux d'attirer l'attention d'individus mal intentionnés. Les apparences étaient trompeuses à Radcliff, de jour, l'on n'était pas plus à l'abri que de nuit et après le couvre-feu. « Au moins, la pierre c'est un bon mécanisme de défense. Je suis pas mécontent d'avoir échappé à tes petits poings. » Il avait involontairement rencontré la surface de murs de briques à d'assez nombreuses reprises pour savoir que ce n'était pas la sensation la plus agréable au monde.
Ce fut non sans fierté qu'il sourit à nouveau lorsque Alice déclara qu'Aurora était adorable, sans quitter la petite tête blonde des yeux. « Merci. J'entends ça à chaque fois que je suis avec elle, mais je m'en lasse pas. » Elle était la prunelle de ses yeux, comme la plupart des parents il était en adoration devant la bouille de son enfant, qu'il trouvait naturellement plus adorable que celle des autres. Maladroitement campée sur ses petites jambes, Aurora fit quelques pas vers Alice, lançant quelques regards en arrière vers son père, comme pour s'assurer qu'elle avait son autorisation, avant de grimper sur la jeune femme en s'accrochant à ses vêtements, sa curiosité attisée par les couleurs et les breloques qu'elle portait. Pour la pouponne, tout étranger était une source de nouveautés et de découvertes, Alice ne faisait donc pas exception à la règle. « Elle adore les gens. Elle fait toujours sa timide au début, mais c'est pas une sauvage... Elle est pas comme son père. » Adrian eut un petit rire, auquel Aurora répondit en babillant joyeusement. « T'as des enfants ? »
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Sujet: Re: A small measure of peace (IVORY) Jeu 4 Fév 2016 - 17:47
So take a breath of mist and mystery
Dire qu’Ivory était en train de taper la discut’ dans un parc avec un hunter pas si atroce que ça... C’était presque n’importe quoi quand elle y pensait. En attendant, elle avait lancé la discussion, fallait bien assumer derrière. Elle haussa les épaules et secoua la tête. Il allait bien falloir qu’elle lui dise plus ou moins ce qu’il en était. Elle pouvait toujours raconter des cracs mais, ça ne l’avançait pas à grand-chose au final. De toute façon, ça n’était pas un secret d’état non plus.
- « C’est pas ça. C’est pas moche Alice. C’est juste que c’est ce qu’on choisit mes parents pour moi et ce qui vient d’eux ne m’intéressent pas plus que ça. Si j’avais pu, j’aurais aussi changé de nom de famille. Alors par esprit de contradiction, j’ai inversé mes prénoms, Ivory étant celui que je préfère. » Chacun avait son histoire et la sienne était vaguement chargée bien qu’il y ait carrément pire. Consciemment, elle lui donna son prénom. Celui qu’elle portait, celui qu’elle voulait entendre. « C’est pas si mal une ville romaine. C’était grandiose au moins. Puis il y a pire, t’aurais pu t’appeler Alexandre et te taper le complexe de mégalomanie qu’il y avait avec. »
Elle racontait plus ou moins n’importe quoi mais elle n’en avait rien à faire. Elle passait un bon moment improvisé. C’était difficile pour elle en raison de la présence d’Aurora mais, pour l’instant, ça allait. Elle sourit quand il lui raconta l’histoire de la peluche et finit par rire.
- « Huuum, j’ai peut-être une idée qui pourrait vous aider à retaper Mademoiselle Mouton. Ça implique juste du dessin, beaucoup de couture et de la patience. »
En dessinant plusieurs versions de la peluche, elle pourrait toujours demander à Aurora ce qui lui plairait le plus et le faire devant elle. Si elle ne choisissait rien... Il faudrait renoncer. Ça n’était qu’une proposition qu’elle lui faisait, quelque chose du domaine du possible. Elle-même avait gardé des peluches et quelques éléments de son ancienne vie qu’elle se refusait à laisser derrière. Essentiellement des cadeaux de son frère et sa sœur. Ils lui manquaient mais, elle s’était résignée. Elle ne les reverrait sans doute jamais, elle ne savait même pas où ils vivaient, c’était dire. Elle finit par s’installer. Tant qu’à faire des propositions de remise à neuf d’une peluche, autant poser ses fesses et puisqu’elle semblait fasciner Aurora, autant lui donner l’occasion de satisfaire sa curiosité et celle du père avec. Devant son air surprit, elle se mit encore à rire et hocha la tête.
- « Y a des choses bien plus jolies que la pierre polluée de Radcliff. J’vous montrerai un jour si t’es sage. »
Elle n’allait évidemment pas faire ça au beau milieu d’un parc plein de gens qui profitaient des jours plus doux. Non seulement elle n’allait pas leur pourrir leur journée mais en plus, elle n’allait rien faire d’aussi stupide. D’expérience, elle savait que Peter adorait quand elle se recouvrait de pierre précieuse ou semi-précieuse, la lumière qu’elle renvoyait était assez extraordinaire et si c’était inégal, c’était encore plus joli.
- « Je cherche quelque chose de plus solide, de plus résistant, de plus dense. La pierre ne suffira pas toujours, le fer ou l’acier non plus. »
Ecoutée de l’extérieure, la conversation aurait pu passer pour n’importe quoi et c’était le but mais elle disait vrai. Elle cherchait mieux. Charlie l’avait en partie convaincue de s’entraîner mais franchement, elle ne savait pas comment faire et surtout, elle cherchait mieux pour se protéger mieux. Elle commençait lentement à comprendre qu’elle n’avait pas tellement le choix.
- « Seuls les mauvais parents ne reconnaissent pas ce que sont leurs enfants. »
Elle sous-entendait qu’elle imaginait qu’il était un bon père. Elle n’en savait rien bien sûr mais, elle le présentait. Il était chasseur, c’est vrai. Vilaine erreur sur le cursus mais, il ne l’avait pas tuée, il papotait avec elle. Il lui avait donné le nom de sa fille en connaissance de cause. Aucun hunter ne prendrait un risque pareil. Ce type n’avait vraiment pas mauvais fond. Il avait ses raisons, n’empêche qu’elle espérait qu’il lâcherait l’affaire. Il semblait bien meilleur dans le rôle du père que dans celui du chasseur. Elle aurait presque aimé qu’il en soit de même pour elle tout comme elle aurait aimé pouvoir dire fièrement un jour que la merveille près d’elle était son enfant. Comme quoi, on avait pas ce qu’on voulait dans la vie. La preuve. Elle aurait bien aimé qu’il ne lui pose pas cette question.
- « Non. »
La réponse avait été un peu brusque, un peu rapide, un peu sèche même et elle s’en voulut instantanément. Non pas parce qu’elle avait été vaguement désagréable mais, parce qu’il lui en demanderait certainement plus. Personne ne répondait de cette façon sans raison. Aussi, elle tenta de noyer le poisson. Ce serait plus facile à gérer.
- « Enfin... si, quelque part, j’en ai plein. J’ai plein d’ado rebelles. Ça demande du boulot. Essaie de t’imaginer une classe de gamins survoltés qui pour la plupart n’en ont strictement rien à faire. C’est du sport. »
Elle espérait que ça marcherait et qu’il ne reviendrait pas sur d’éventuels enfants. Même avec Peter, elle continuait d’encaisser le contrecoup. Malachi avait déjà tenté d’en parler mais, elle n’avait rien voulu dire. C’était trop tôt et même si elle avait désormais totalement confiance en lui, elle n’était pas prête à partager ça.
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Sujet: Re: A small measure of peace (IVORY) Jeu 11 Fév 2016 - 14:11
a small measure of peace
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Si Evie l'avait vu, elle n'en aurait pas cru ses yeux. Cela faisait une éternité qu'Adrian n'avait pas tenté de se sociabiliser, qu'il n'avait pas pris la peine de se poser quelque part pour passer un moment agréable en compagnie d'un ami... ou d'une étrange étrangère. Alice était un drôle de numéro, mais plus il passait de temps avec elle, plus elle lui plaisait. Il n'y avait pas à dire, il faisait un Hunter plutôt pitoyable – et pour Evie, c'était plutôt une bonne nouvelle. Quand il lui avait promis de « faire des efforts », elle ne s'était certainement pas attendue à ce qu'il fasse un pique-nique improvisé avec une jeune mutante qu'il avait aidée quelques jours auparavant. Sa cause n'était donc pas perdue, il était même sur la bonne voie... N'y avait plus qu'à y rester, et c'était là que les choses risquaient de se compliquer. Pour un homme aussi instable qu'Adrian, replonger dans son enfer personnel de chasse et de violence, c'était bien trop facile. « Attends, attends... si je te suis bien... ton vrai prénom c'est Alice, mais tout le monde t'appelle Ivory ? » Il sourit, plutôt flatté qu'elle ait suffisamment confiance en lui pour lui révéler une telle information à son sujet. Ce n'était peut-être pas la confidence de l'année, mais pour eux c'était déjà une nette amélioration. « Tu rigoles, mais je crois bien que mon père voulait m'appeler Alexander... Ma mère déteste ce prénom, alors ils se sont décidés pour Adrian. Aussi parce que ma mère pensait que Amelia et Adrian, ça sonnait mieux qu'Amelia et Alexander. C'était ma sœur. Ma jumelle. » Son sourire se fana ; il avait évoqué le souvenir de la jeune femme sans s'en rendre compte, avec félicité, pour la première fois depuis trop longtemps. Il posa les yeux sur Aurora et grimaça, encore et toujours amer de savoir qu'elle ne rencontrerait jamais la femme exceptionnelle qu'avait été sa tante.
Une chance, Alice – ou Ivory, il ne savait plus trop comment l'appeler – le sauva de l’abîme de ses pensées en ramenant la conversation au mouton en peluche d'Aurora. « Je remporterais sans doute pas le titre de l'homme le plus patient de la planète, mais pour cette petite princesse, je ferais n'importe quoi. » Il n'échappait pas au cliché du père prêt à satisfaire tous les caprices de son enfant. Encore qu'Evie et lui n'avaient pas à se plaindre, Aurora était bien loin de faire partie de ces enfants capricieux qui hurlaient à la moindre contrariété. La petite était de nature patiente et douce, elle était adorable – alors peut-être qu'elle ressemblait physiquement à son père, mais elle avait hérité du caractère de sa mère. Dieu soit loué. « C'est gentil, mais t'es pas forcée de nous filer un coup de main, tu sais... Surtout si ça demande du temps. T'as sans doute mieux à faire que retaper une vieille peluche... Mais si t'insistes, ce serait avec plaisir. » Après tout, elle ne lui devait strictement rien. En tout cas, lui, il n'attendait rien d'elle. Il lui avait offert son aide sans aucune arrière pensée, il ne demandait absolument rien en retour. Quand Adrian choisissait d'être généreux, il l'était sincèrement, pas parce qu'il attendait quoi que ce soit. Il avait bien – trop – de défauts, mais au moins sa générosité n'avait aucun prix. Attendri, il observait Aurora grimper maladroitement sur Alice, en s'accrochant à ses vêtements de ses petites menottes. L'innocence d'un enfant était précieuse, particulièrement dans une ville comme Radcliff. La petite n'avait pas encore la moindre idée d'à quel point le monde dans lequel elle allait grandir était laid, pour elle tout était beau et neuf, elle n'avait pas encore était confrontée à l'horreur de la réalité. Adrian avait bien l'intention de l'en préserver aussi longtemps que possible, il n'était pas question qu'elle soit traumatisée à peine sortie du berceau, comme c'était hélas le cas pour beaucoup d'enfants.
« Quelque chose de plus solide et plus dense... hm... T'as essayé le diamant ? Ou mieux, le carbone ? À ma connaissance, c'est la matière la plus solide... Enfin après, je sais pas du tout comment fonctionne ta mutation. » Il était curieux, il fallait bien l'avouer. Quand il ne considérait pas un mutant comme dangereux, il avait tendance à s'intéresser de près à son don, car certaines mutations étaient tout simplement fascinantes. Enfant, il avait adoré observer Cecily dompter la sienne, et il était toujours impressionné lorsque Evie se servait de la sienne. Encore que, l'une comme l'autre avaient tendance à ne pas user de leur don à moins d'en avoir réellement besoin ; il lui arrivait donc d'oublier tout simplement qu'elles n'étaient pas tout à fait comme lui. Adrian haussa un sourcil surpris quand la jeune femme lui répondit un peu sèchement que non, elle n'avait pas d'enfants. C'était plutôt étrange comme réaction à une question aussi simple, et s'il n'avait pas senti son trouble, il aurait peut-être creusé. Mais il allait éviter, parce que ça ne le regardait pas, et il fit comme s'il n'avait rien remarqué. « T'as du courage. J'adore les gosses, mais je serais pas capable de gérer une classe d'adolescents surexcités. J'ai déjà du mal à supporter les ivrognes au bar... » Il leva les yeux au ciel ; il avait plus que hâte de se trouver un nouveau boulot, qui lui permettrait non seulement de passer plus de temps avec Evie et Aurora, mais qui lui éviterait également de fréquenter la raclure de Radcliff tous les jours – sans compter les Hunters. « Je voulais devenir avocat, à la base. Mais c'était sans compter sur mon père et son obsession pour la tradition familiale qui consiste à envoyer tous les mâles de la famille faire l'armée. » Adrian soupira longuement ; cela faisait longtemps qu'il avait fait le deuil d'une carrière prometteuse.
Il tendit les bras vers Aurora, et tandis que la petite revenait se blottir contre lui, il attrapa son sac pour en sortir une boite de gâteaux, préparés la veille par Evie. Aurora ne perdit pas de temps pour en réclamer un, et à peine Adrian lui avait-il offert le biscuit au citron que la petite croquait dedans comme si elle n'avait pas mangé depuis une semaine. Ça le fit rire, il s'attendrit sur sa bouille d'affamée un instant avant de tendre la boite à Alice. « T'en fais, tu risques rien. C'est ma femme qui les a préparés, pas de risque d'empoisonnement parce que je suis un piètre cuisinier. » Il n'était pas du genre à rentrer et à mettre les pieds sur la table pendant qu'Evie se tuait à la tâche, loin de là, mais la cuisine avait toujours été son domaine. Il avait vraiment essayé de s'y mettre, mais après quelques désastres culinaires, la jeune femme lui avait suggéré de s'en tenir au reste, ça leur éviterait à tous les trois de finir avec une vilaine indigestion. On ne pouvait pas être bon dans tous les domaines... « Mamma ? » Adrian passa une main dans les boucles blondes d'Aurora, qui leva vers lui ses grands yeux bleus. « Maman est toujours au travail. Elle sera bientôt là, promis. » La petite l'observa une poignée de secondes avant de s'intéresser de nouveau à son goûter, satisfaite par sa réponse. « Elle demande où est sa mère. Elle sait jamais ce qu'elle veut... Quand je suis pas là, elle me réclame, mais quand c'est sa mère qui est absente, c'est elle qu'elle demande... Cela dit je la comprends, sa mère est genre, parfaite. »
Les dialogues en italique sont en norvégien.
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Sujet: Re: A small measure of peace (IVORY) Jeu 11 Fév 2016 - 21:03
So take a breath of mist and mystery
Bon, avoir filer un prénom qui avait été le sien mais qui ne l’était plus c’était pas vraiment le truc le plus sécurisant de l’univers mais, sur le moment, ce soir-là, ça lui était juste apparu comme étant la meilleure idée du monde. À présent, elle pouvait bien lui dire qu’elle ne s’appelait pas Alice, ou plutôt, qu’elle ne s’appelait plus Alice. Le pauvre, il avait du mal à comprendre tout le bordel qu’elle avait fait avec ses prénoms. Elle pouvait le comprendre, ça rendait pas la tâche facile.
- « Alice, c’est mon nom de baptême, c’était mon prénom, le vrai. Quand j’ai déménagé pour vivre seule, j’suis allée à la mairie, j’ai fait inverser mes prénoms. J’voulais plus qu’on m’appelle comme ça. Si on m’avait laissé faire, j’aurai même changé de nom de famille. Bref, je m’appelle vraiment Ivory. »
Elle aurait peut-être dû commencer par là, au lieu de tout expliquer et à moitié en plus. Il devait être complètement paumé avec son explication bancale et encore une fois, elle pouvait le comprendre. Pourtant, cette histoire de prénoms était franchement comique au fond.
- « Alexander ? Ouais. Nan. T’as pas une tête d’Alexander en plus. Ta mère a eu raison, définitivement. »
La fameuse jumelle... la sœur. Celle pour qui il s’était foutu dans ce merdier plein de hunters tous plus ravagés les uns que les autres. Non, Ivory n’avait pas oublié leur petite conversation de ce soir-là. Que du contraire. C’était désormais son argument en matière de : « Tous les hunters ne sont pas ravagés du citron. »
Au moins, Adrian reconnaissait ses défauts, les assumait même visiblement. Sauf que comme un papa digne de ce nom, pour son enfant, c’était différent. Elle n’avait pas eu cette chance, elle était contente de savoir que lui serait quelqu’un de bien. Elle l’espérait et la question la démangeait même. Seulement, ça n’était pas trop le moment de la poser. Après peut-être. Elle haussa les épaules, elle ne proposait pas ça parce qu’elle se sentait redevable mais bien parce qu’elle le voulait vraiment. Et ça, même si ça lui ferait beaucoup de mal au passage. Ah ça, Scarlett serait fière qu’elle fasse face un minimum. Face... quelle blague. Elle ne ferait pas face, elle encaisserait, enfouirait tout très loin et hop, ce serait réglé.
- « Bah nan, j’ai pas mieux à faire que de rendre une petite fille heureuse. La petite du type qui m’a aidé à échapper à une bande de malades en plus. » Elle avait parlé tout bas bien sûr, pas besoin de rameuter le parc. « Sans déconner, un dessin réaliste de la peluche comme elle est et comme elle sera, ça va pas me flinguer. Faire un peu de couture non plus. Si t’es d’accord et que sa mère est d’accord, j’le ferai. »
Y avait pas de lézard avec Ivo, elle était spontanée et ça se voyait. Elle ne se prenait pas la tête avec un tas de questions qui ne servaient à rien. En fait, pour le moment, elle se demandait juste si la femme d’Adrian n’allait pas l’étrangler pour proposer un truc pareil. Sans se démonter, Ivory remit les cheveux d’Aurora correctement. Amusée par les questions du chasseur en carton qu’elle avait devant elle, elle sourit.
- « J’ai pas les moyens de tester le diamants et j’expérimente encore certaines matières. Genre le carbone, le kevlar, je sais même pas si ça marche. L’eau, les tissus, ça, je sais que ça marche pas par exemple. ‘fin... c’est dur de faire le tour de tout ça. »
C’était peut-être juste elle qui ne se concentrait pas assez ou qui n’y mettait pas du sien, elle n’en savait rien. Elle n’avait jamais vraiment voulu se lancer dans l’exploration de ce dont elle était capable, du moins, jusqu’à ce que Charlie l’y pousse. Inconsciemment, elle dorlotait la petite qui jouait avec ses pendentifs, tous en pierre semi-précieuse bien sûr. Elle était prof et de fait, pas franchement pétée de thunes.
- « C’pas le même délire. Un ivrogne tu l’assommes et tu prétends qu’il s’est abîmé la caboche tout seul. Les gamins, j’peux pas les massacrer à coup de bottins. C’est pas toujours l’envie qui m’en manque note mais, faut être diplomate même si c’est pas toujours facile. Limite, c’est pire en ce moment... » Elle soupira. « On a des gamins, c’est des mutants, j’en suis quasiment certaine sauf que j’peux pas les aider parce que ça les met en danger et ça me met en danger. Ils méritent pas de vivre ça. J’espère qu’ils auront pas à sprinter dans une ruelle avec un hunter au cul ou à affronter un regard dégoûté de leurs parents. »
C’était la première fois qu’elle parlait de ça avec quelqu’un d’autres que Malachi mais, elle se disait que c’était pourtant la chose à faire. Elle avait fait réfléchir Adrian ce soir-là et elle voulait... ouais, elle voulait agir aussi, un peu à sa façon. Pas en faisant partie d’un groupe mais, à son échelle. Si elle arrivait à le dissuader lui de chasser les gens comme elle, même s’ils semblaient dangereux, ce serait ça de gagner. Ça en ferait un de moins. Elle soupira et sourit. Ah ça, les aspirations des parents pour leurs enfants...
- « Moi je dis, il n’est jamais trop tard pour faire ce que l’on aime. Moi, vu qu’on m’a viré de la maison et malgré le fait que ça ne plaisait pas, j’ai pu faire ce que je voulais. De toute façon, j’aurais volontairement foiré tout le reste. Puis l’armée... tu peux protéger ta femme et ta fille dans cette ville de fous au moins. »
La conversation se poursuivait bien entendu à voix relativement posée et basse. Elle ne voulait pas attirer l’attention sur eux et comme ça, ça n’incitait personne à écouter. Elle laissa la petite regagner les bras de son père. Elle ne s’était même pas rendu compte qu’elle l’avait chouchoutée depuis tout à l’heure. C’était presque un réflexe, un réflexe qui lui faisait incroyablement mal au cœur même si elle avait adoré ça. Elle sauta sur l’explication concernant les gâteaux pour en piquer un. C’était un refuge la nourriture. Surtout le sucre.
- « J’vais te croire sur parole. Les miens sont très industriels alors je prends. Perso, je suis la reine du moelleux au chocolat mais j’en fais que quand je reçois un peu de monde. Cela dit, on boit toujours plus qu’on ne mange. C’est presque triste. »
Ivory écouta avec un petit sourire la question et n’en saisit à aucun moment la réponse sauf lorsqu’Adrian la lui traduisit. Ah ça... Elle pouvait comprendre. Il paraissait qu’elle avait fait la même chose étant enfant. Elle ne s’en souvenait pas et les souvenirs heureux n’étaient pas légion mais bon. Elle pouvait le croire quand même. Elle n’était pas le vilain petit canard à l’époque.
- « T’as l’air complètement neuneu de ta femme mon vieux. Entre ta fille et elle, t’as l’air d’une grosse guimauve. Sans vouloir te vexer. Mec, sérieusement, reste une guimauve dans la vie de tous les jours. J’te jure, ça te va infiniment mieux que les gros flingues dans les ruelles le soir. »
Bon, elle n’avait pas sa langue dans sa poche mais en même temps, c’était pas son genre. Elle préférait nettement converser avec l’homme qu’elle avait en face d’elle plutôt que le type sur qui elle était tombée initialement ce soir-là. Il était plus agréable, plus réfléchit, plus humain. Infiniment plus même.
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Sujet: Re: A small measure of peace (IVORY) Jeu 18 Fév 2016 - 22:56
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Avec Evie et Aurora, Adrian était un autre homme, à mille lieues du Hunter violent, impulsif et colérique dont il revêtait parfois l'habit. Si Amelia n'était pas morte, il aurait certainement été un époux parfait et un père exemplaire. Il aurait quitté l'armée, aurait ramené sa femme et sa fille en Alaska, loin des horreurs de Radcliff. Ils auraient été heureux sans compromis, sans que rien ne vienne menacer leur bonheur et leur petite famille. Il en rêvait parfois encore, de ce futur ruiné par l'irrationalité d'une poignée et de mauvaises décisions. Il faisait des efforts, vraiment, pour cesser de décevoir Evie et pour éviter de traumatiser Aurora par accident. La pouponne ignorait encore à quel point la vie pouvait être laide, alors il voulait préserver son innocence aussi longtemps qu'il le pourrait, quitte à céder à quelques caprices pour compenser. Il avait tant l'impression de lui faire défaut depuis qu'Evie l'avait mis à la porte que quand il pouvait passer quelques heures avec elle, il ne se sentait pas capable d'être sévère. Non pas que la petite soit difficile, elle était douce et obéissante, mais il se savait moins prompt à la réprimander que sa mère. Ne plus la dorloter tous les jours, lui raconter son histoire avant qu'elle n'aille se coucher, entendre ses gazouillis alors qu'elle jouait avec ses peluches... Tant de choses qui lui manquaient, comme les étreintes d'Evie, la façon qu'elle avait de caresser ses cheveux quand il posait sa tête sur ses genoux, son parfum, l'odeur de ses muffins au citron qui flottait dans la maison... Il fallait qu'il rentre chez lui, chez eux. « Evie ne refuserait pas. J'veux dire, si tu nous aides à sauver Mademoiselle Mouton, tu seras accueillie en véritable héros à la maison. » C'était une offre qui ne se refusait pas, et Adrian savait qu'Evie aurait été ravie d'apprendre qu'il se sociabilisait autrement qu'en fréquentant les Hunters qui passaient au bar où il travaillait. Encore que de son point de vue, il ne s'agissait pas même de relations professionnelles, juste d'hommes et de femmes qu'il fréquentait par manque de choix.
« Le carbone, je suis sûr que ça te protégerait d'à peu près n'importe quoi. Enfin, après, je sais pas comment fonctionne ta mutation, alors je ne pense pas avoir de réels conseils à te donner en la matière. » Lui, les mutations... Elles l'intéressaient, mais ce n'était pas une science exacte. Elles différaient toutes les unes des autres, impossible de faire le lien entre l'une ou l'autre. Et puis de toute façon, il n'avait pas l'intention de la harceler de questions auxquelles elle n'aurait peut-être pas envie de répondre. Il n'était pas là pour faire une enquête sur elle, il n'avait pas envie de la faire fuir non plus. Il l'aimait bien Alice – Ivory, et puisqu'il avait l'impression que c'était réciproque, il ne voulait pas la brusquer. Si elle ne l'avait pas croisé armé jusqu'aux dents et de bien mauvaise humeur, elle aurait pu croire qu'il était un parfait gentleman – ce qu'il avait été, il y avait ce qui semblait être une éternité. Sa mine désenchanta lorsqu'elle évoqua ses élèves transmutants qu'elle ne pouvait pas aider, de peur de les mettre en danger. Il ne se sentit pas le droit de faire la moindre remarque, pas alors qu'elle savait ce qu'il était, pas alors qu'il était évident que les mots qui pourraient sortir de sa bouche auraient semblé hypocrites. Pourtant, ça le peinait de songer à ces gosses qui devaient être morts de peur, qui ne savaient pas ce qui leur arrivait... Il y avait encore une petite part de lui qui envisageait ces adolescents comme d'éventuelles futures menaces, des mutants qui se serviraient de leurs dons à mauvais escient... Mais, et si on les prenait en charge avant... ? Adrian soupira doucement en serrant Aurora contre lui, et c'était lui que cette étreinte devait apaiser. « Devenir avocat quand on a un casier, je suis pas sûr que ce soit une brillante idée... » Il préféra ne pas s'étendre sur les raisons de l'existence de ce fameux casier, et puis Ivory n'était pas idiote. Elle savait qu'il était plus ou moins Hunter, alors elle devinerait bien qu'il avait du sang sur les mains. Et il ne doutait pas qu'elle se souvienne de leur conversation, au cours de laquelle il avait mentionné la mort d'Amelia et l'agression d'Evie ; elle ferait le lien. « Tu sais, protéger quelqu'un dans cette ville, c'est mission impossible. Quand Evie était enceinte, c'est le jour où j'étais pas avec elle qu'elle a été agressée et a manqué d'accoucher prématurément, alors... Armée ou pas armée, ça m'empêche pas de m'inquiéter pour elles tous les jours, tout le temps. »
Pendant qu'Aurora grignotait tranquillement son goûter, Adrian caressait inconsciemment ses mèches blondes, un réflexe dont il avait hérité le jour où elle était venue au monde. « Je vais même pas essayer de discuter, je suis raide dingue de ma femme depuis qu'on est gosses, inutile de le nier. » Trente-deux ans qu'Evie et lui se connaissaient et s'aimaient. Adrian n'était pas spécialement superstitieux, il ne croyait pas spécialement au destin ou à ce genre de choses... Mais Evie et lui étaient nés au même moment, ils étaient inséparables depuis leur naissance... Ça avait de quoi soulever quelques questions ; jusqu'à quel point le hasard faisait-il bien les choses ? « C'est bien beau d'être une guimauve, mais ça m'a jamais servi à grand chose... Aux autres non plus. » Si la violence ne résolvait rien, la douceur non plus. Alors Adrian passait maladroitement de l'un à l'autre, luttait pour trouver un juste milieu. Être Hunter n'était peut-être pas la solution idéale, il l'avait compris trop tard, mais rester cloîtré chez soi en priant pour que les choses s'arrangent d'elles-mêmes ne l'était pas non plus. Quand il fallait agir, Adrian agissait et c'était tout. Il avait cessé de trop se torturer de questions après la mort d'Amelia, qui avait eu pour lui l'effet d'un électrochoc. « Enfin, si ça peut te faire plaisir, j'ai plus l'intention de courir les rues tard la nuit pour me charger de mutants dangereux. » Il se tut le temps de donner à Aurora son biberon qu'elle réclamait, avant de reprendre. « J'ai assez donné, je vais me la jouer égoïste et me contenter de veiller sur ma femme et ma fille. Et pourquoi pas mon crétin de frère, aussi. » Il roula des yeux en songeant à Nathaniel. Il avait beau le rendre dingue, il l'aimait cet imbécile.
Sa famille, c'était tout ce qui avait toujours compté, la seule chose qui importait réellement. Il le savait à présent, il ne pourrait prendre soin d'Evie et d'Aurora que s'il cessait de faire l'idiot. Là et seulement là, Evie l'autoriserait à rentrer chez eux. Il avait hâte, parce qu'il n'en pouvait plus de passer la plupart de son temps loin d'elles. En prenant garde à ne pas brusquer Aurora, Adrian attrapa le une feuille dans le sac de la petite et un crayon de couleur – un bleu presque fluo – et griffonna rapidement sur la feuille avant de la tendre à la jeune mutante. « Tiens, mon numéro. Si jamais t'as besoin d'un coup de main un jour, ou juste d'une bonne bouteille, n'hésite pas. » Il ignorait si elle en aurait quoi que ce soit à faire de son offre, mais il était tout à fait sincère dans sa proposition. Mais une bonne action, même si elle n'avait l'air de rien, était peut-être pour lui le meilleur moyen de s'engager sur le chemin de la guérison. Une guérison psychologique dont il n'avait même pas conscience d'avoir besoin, tant il était dans le déni de sa condition. Même Evie, Evie, n'était pas parvenue à lui faire prendre conscience de ses maux, de ses troubles. « Et puis, si tu dois sauver la vie de Mademoiselle Mouton, autant que tu puisses me contacter quand tu veux. » Adrian était un terrible Hunter, mais tant pis. Tant pis, il en avait assez de se pourrir la vie, assez de la violence et des horreurs. Il avait envie et besoin d'autre chose, de relations humaines qui n'étaient pas dictées par la présence ou non d'un foutu gène supplémentaire.
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Sujet: Re: A small measure of peace (IVORY) Sam 20 Fév 2016 - 21:58
So take a breath of mist and mystery
En face d’elle, Ivory n’avait pas un chasseur, elle avait un papa poule, une pâte à modeler entre les mains de sa fille. C’était bluffant. Elle n’avait déjà pas compris pourquoi il chassait les mutants, pas compris pourquoi il n’avait épargné elle mais, en attendant, elle était là, assise en face de lui à ne pas savoir quoi faire de l’image qu’il renvoyait. Sérieusement, qui aurait pu croire qu’elle se retrouverait assise dans un parc en face d’un hunter en train de proposer de sauver un doudou de la mort prochaine ? Rien qu’entendre mademoiselle mouton dans la bouche d’Adrian, ça valait tout l’or du monde. Un sourire étirait d’ailleurs ses lèvres tant tout ça était totalement ridicule.
- « Sans déconner, c’est surréaliste ce qu’on est en train de vivre là, tu trouves pas ? On est en train de parler de la résurrection d’un doudou avec des petits gâteaux alors qu’il y a quelques temps... C’est n’importe quoi. On ferait un sujet de sketch terrible. » Elle se passa une main sur le visage, toujours tout sourire et hocha la tête. « Héro, héro, j’sais pas, on y est pas encore. Avant tout, il faut qu’Aurora accepte l’opération « Sauvons mademoiselle mouton. », on verra ensuite. »
La dénommée Evie n’apprécierait peut-être pas d’avoir une étrangère chez elle et qui se mêlait de la vie des peluches de sa fille en plus. Pourtant, elle doutait que ça se passe mal tant Adrian avait l’air... nouille de sa femme et de sa fille. Sérieusement, c’était presque dérangeant comme contraste.
- « Faudrait que j’essaie pour voir un jour et franchement, j’suis pas sûr de savoir comment elle fonctionne non plus alors... »
Elle haussa les épaules. Ça avait jamais été véritablement important jusqu’à maintenant de savoir où étaient les limites de sa mutation, ce qu’elle pouvait faire ou non. Mais depuis, Charlie s’était montrée inquiète et elle n’avait pas aimé ça alors elle essayait de bosser là-dessus pour pouvoir la rassurer quand elle la reverrait. C’était toujours difficile puisqu’elle avait peur de resté coincée comme une nouille mais, elle n’avait pas trop le choix. Y avait personne pour l’aider alors, elle faisait avec les moyens du bord et ses trucs à elle.
- « Bon, ouais, avocat, ça risque d’être un peu compliqué mais, y a d’autres trucs qui y ressemblent non ? Puis quand on voit ce qui traîne en ville... faute d’être avocat, tu peux corriger quelques torts. Des vrais torts j’veux dire. Ça fait un peu justicier dit comme ça mais franchement, ce serait peut-être pas plus mal. »
La justice, ça faisait bien longtemps qu’elle n’y croyait plus trop vu comment la ville tournait et encore, elle, elle avait la paix, genre vraiment. Rien qu’avec ce qu’il disait, elle n’était même pas étonnée. Pourtant, elle semblait hors d’atteinte, tranquille. Elle espérait que ça durerait encore longtemps comme ça.
- « N’empêche que tu peux quand même la protéger quand t’es avec elle. On peut pas toujours protéger tout le monde mais savoir qu’on peut le faire, c’est mieux que rien non ? »
Elle, elle était sûrement pas foutue de protéger qui que ce soit par exemple. On y croyait pas un seul instant quand on la voyait et il y avait de quoi. À part assommer des hunters de temps en temps pour être tranquille, elle n’avait pas un millier d’alternative. Elle était du genre non violente sauf en présence de certaines personnes bien ciblées. En attendant, elle s’amusait clairement de voir Adrian ne même pas chercher à faire genre. Oui, ce gars-là était dingue de sa femme, c’était clair et net et c’était pareil avec sa fille. Elle aurait voulu pouvoir avoir une famille qui ressemblait à ça. C’était peut-être pas le top mais au moins, ça fonctionnait. Pas comme quand on voyait la tronche de la sienne.
- « Je suis ravie de l’apprendre tu sais, sans déconner. Le rôle du vilain armé, ressort le que face aux vrais gros méchants, qui qu’ils soient. »
Oui, elle avait bien dit ce qu’elle venait de dire. Elle lui avait dit qu’elle n’était pas naïve la dernière fois. Elle ne croyait pas en un monde parfait ou les mutants étaient les seuls persécutés. Les humains aussi en prenaient plein la figure. Tout ce qu’il fallait, c’était de l’équilibre. Surprise, elle saisit le numéro et sortit son téléphone. Il ne lui fallut que quelques secondes pour envoyer un message signé. Comme ça, il aurait le sien lui aussi. Il fallait se préparer à l’opération doudou après tout.
- « Et te voilà nommé Mr Mouton. Personne ne pourra jamais se douter que tu as été un gros vilain un jour. Ton image est brisée à jamais. Paix soit de la poudre à canon. »
Là-dessus, elle le prit en photo avec sa fille pour illustrer le tout. Ah ça, aucune chance qu’on sache ce qu’il avait fait de son temps libre le soir un jour.
- « Dis... au fait. J’me sens un peu con de pas avoir demandé avant mais... » Elle baissa d’un ton, encore un peu. « Ta femme, elle est ok avec euh... bah les gens comme moi ou bien vaut mieux que j’évite de le mentionner. Toi tu sais, mais elle non après tout. »
Elle se fâchait rapidement quand on le découvrait -sauf pour Charlie- mais, lui le savait et s’il voulait le dire à sa femme, elle se voyait mal le lui interdire. Cacher des trucs dans son couple, elle trouvait ça plutôt moche.
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Sujet: Re: A small measure of peace (IVORY) Mar 23 Fév 2016 - 22:18
a small measure of peace
RETURNING VIOLENCE FOR VIOLENCE MULTIPLIES VIOLENCE, ADDING DEEPER DARKNESS TO A NIGHT ALREADY DEVOID OF STARS. DARKNESS CANNOT DRIVE OUT DARKNESS: ONLY LIGHT CAN DO THAT. HATE CANNOT DRIVE OUT HATE: ONLY LOVE CAN DO THAT (ambiance).
Généralement, Adrian évitait de donner ses coordonnées à quelqu'un qu'il connaissait à peine – paranoïa oblige. Mais là, avec Ivory, c'était comme une évidence. Il ne comprenait pas vraiment comment la jeune mutante s'était débrouillée, mais une attitude un peu désinvolte et quelques phrases bourrées d'un humour piquant avaient suffi pour qu'il se décide à lui accorder sa confiance. Comme ça, sans aucune méfiance, lui qui d'ordinaire aurait gardé un œil sur sa propre ombre. À une époque, Adrian avait été comme ça. Souriant, ouvert d'esprit, d'humeur joviale. Lui-même était parfois choqué lorsque ce vieil Adrian refaisait surface, se rappelait à son bon souvenir comme une migraine qui ne disparaissait jamais tout à fait. Ce type là était à mille lieues de celui qu'il était devenu, quand bien même c'était ce type là qui avait fait l'armée et vécu les horreurs de l'Irak et de l'Afghanistan. Oh, les guerres l'avaient naturellement marqué, mais ce n'était qu'à la mort d'Amelia qu'il avait complètement pété les plombs. Evie disait que ça avait sans doute été le traumatisme de trop, celui qui avait fait déborder une coupe déjà trop pleine. Elle avait sans doute raison, comme d'habitude, mais Adrian continuait à se persuader que rien ne clochait chez lui, alors que tout portait à croire le contraire. De toute évidence, il était le seul à ne pas voir qu'il avait un véritable problème, si même une fille qu'il connaissait à peine lui disait qu'il était ridicule – voire carrément con – de passer ses nuits à chasser les mutants au lieu de rester auprès de sa femme et de sa fille. Et ce n'était pas un raisonnement contre lequel il pouvait avancer le moindre argument. Parce que ses soirées, il rêvait de pouvoir les passer avec Evie et Aurora, et c'était justement pour en regagner le droit qu'il avait promis à son épouse de faire tous les efforts du monde pour qu'elle l'autorise enfin à rentrer chez eux.
« Monsieur Mouton ? Wow, ma réputation est foutue. » Monsieur Mouton, ça avait un petit côté ridicule pas bien glorieux, mais il s'en fichait pas mal et c'était sans doute mieux que quoi que ce soit en lien avec ses activités nocturnes. Son téléphone en main, Adrian pianota sur l'écran tactile un instant le temps d'enregistrer à son tour le numéro d'Ivory. « Toi tu seras Tête de Caillou. Je vais t'épargner Alice au Pays des Merveilles, hein... » On avait dû lui faire la plaisanterie tellement de fois que ça ne devait même plus être drôle, juste lourdingue. Adrian dut afficher un air un peu pensif lorsque la mutante l'interrogea sur l'avis d'Evie concernant les mutants. Il n'allait pas se risquer à lui avouer que son épouse était comme elle, c'était le genre de secret qu'il gardait férocement – même Joren, son meilleur ami, n'en avait pas la moindre idée. Et puis si Ivory l'avait su, il y avait fort à parier qu'elle se serait mise à le frapper avec son carnet à dessin. « T'en fais pas. Evie n'a jamais eu le moindre problème avec les mutants, elle est pas du genre à juger là dessus... » D'où son éviction temporaire du domicile familial. Même si la jeune femme n'avait pas été mutante, il y avait fort à parier qu'elle n'aurait pas davantage approuvé son comportement. « Je te la présenterai. Peut-être la prochaine fois, va savoir... Elle est artiste elle aussi, je suis sûr que vous vous entendrez à merveille. » Notamment sur sa connerie monumentale, à n'en pas douter. « Mais je ne lui dirai rien, c'est pas le genre de truc que j'aime préciser en premier dans une conversation, et puis le choix t'appartient, de toute façon. » Moins il évoquait le sujet mutant avec Evie – ou quiconque, vraiment – et mieux il se portait. Il aurait aimé pouvoir ne jamais avoir à y songer, ça lui aurait épargné bien des maux de tête et des cas de conscience.
Jetant un coup d'œil à sa montre, Adrian manqua de se relever d'un bond. « Merde ! Je dois emmener Aurora chez le pédiatre, si je suis en retard ma femme va m'étrangler. » La petite dans les bras, il se releva et l'installa dans sa poussette, et se dépêcha de lui donner sa peluche avant qu'elle ne se mette à chouiner parce qu'il l'avait laissée sur la couverture. En vitesse, il remballa sa multitude de jouets et le reste de ses affaires, mais laissa la boite de gâteaux après d'Ivory après en avoir récupéré un. « T'as l'air de bien les aimer, alors j'vais te laisser faire un festin. On se remettra de la perte d'un tupperware, je pense. » Le jeune homme afficha un large sourire avant de d'attraper le guidon de la poussette, achevant ainsi de ruiner son image de terrible Hunter. « J'suis sérieux, si t'as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas. Et fais-moi signe quand tu voudras commencer l'opération sauvetage de doudou. Bonne journée, Tête de Caillou. » Ça l'ennuyait un peu de la planter là alors que la conversation était si bien engagée, mais Evie lui avait accordé sa confiance en lui laissant la responsabilité d'emmener leur fille chez le médecin, alors il ne pouvait pas risquer de la décevoir. Evie ne gardait peut-être pas de comptes détaillés de ses erreurs, mais il aimait autant ne pas lui donner de quoi allonger la liste.