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 heaven can't help us now ≈ wolstenholme twins

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MessageSujet: heaven can't help us now ≈ wolstenholme twins   heaven can't help us now ≈ wolstenholme twins Icon_minitimeJeu 1 Oct 2015 - 23:03


heaven can't help us now
lorcan & aspen
Vingt-cinq ans, le quart de siècle. Le début de la vieillesse lui avaient dit certains la veille pour plaisanter. C'était le moment de jeter un coup d'œil à tout ce qu'on avait accompli jusque-là, tous les obstacles qu'on avait surmonté. Le moment de regarder vers l'avenir, confiante. Le moment surtout pour Aspen de se désoler de tout ce qu’elle n’avait pas encore fait. Sa vie semblait plus en ordre quand elle était adolescente. Quand ses plus grands soucis consistaient à cacher à l'infirmière l'œil au beurre noir gagné pendant l'entraînement et à maintenir sa moyenne. Oui elle était devenue chasseuse, mais c'était loin de la combler. S'entraîner à tuer des mutants lui courait moins sur la conscience que s'engager dans de véritables chasses. Quant à sa vie personnelle était un désordre complet. Plus rien n'était à l'endroit, plus rien ne s'emboitait correctement. Son père restait la chose la plus stable dans sa vie, ce qui n'était pas peu dire. Si dix ans plus tôt on lui avait dit qu’un jour elle ne serait plus aussi proche de Lorcan et pas simplement parce que séparés par des murs, des bâtiments, tout un quartier ou même une ville, mais parce que séparés mentalement, sevrés de l’intérieur pour des raisons obscures même pour la première intéressée qu’elle était, si un jour on le lui avait dit, elle aurait rit. Parce que ça lui aurait tout naturellement semblé impossible. Sans Lorcan elle n’existait pas, venus au monde ensemble, ils se devaient d’affronter tout le reste ensemble, soudés. Et elle y croyait encore et toujours, profondément, à ce lien que toute sa vie elle avait cru plus fort que tout. Elle refusait de laisser la distance s’installer plus longtemps aussi complice qu’elle ait pu être pendant un temps. Vingt-cinq ans pour elle, vingt-cinq ans pour lui. S’il y avait bien un jour parfait pour non pas enterrer une hache de guerre inexistante, mais pour briser les non-dits et enfin avouer les vérités cachées, c’était ce jour-là. Le quart de siècle: c’était maintenant ou jamais pour rejoindre le monde des adultes. Alors plutôt que de se laisser embarquer dans une soirée en boîte ou dans un bar, plutôt que de proposer une sortie restaurant à sa famille entière, elle préférait fêter ce jour qui était si spécial pour son jumeau comme pour elle, entre eux. Elle avait pris l’initiative, selon toute apparence pour rattraper l’arrière-goût qu’avait du leur laisser à l’un comme à l’autre la dernière soirée qu’ils avaient passés avec les jumeaux Callahan. Les choses avaient bien changé depuis ses années lycées, ses années d’entraînements, ses années passées à vouloir grandir vite, passer aux choses sérieuses, ces années qu’elle regrettait désormais amèrement. Aussi meurtrie qu’elle pouvait l’être pour les deux autres, son propre sang, sa chair, son âme sœur passait avant tout et sa priorité était bien de réparer les dégâts causés avec Lorcan. Pour ne pas trop y penser néanmoins, elle s’était appliquée à passer toute la journée du surlendemain de Noël, à préparer et l’appartement, duquel elle avait gentiment chassé sa colocataire, et elle-même. Elle n’avait vingt-cinq ans qu’une fois et même s’il n’y aurait que Lorcan pour la voir, elle méritait bien de prendre soin d’elle.

Piètre cuisinière quand comparée à son jumeau, elle se débrouilla malgré tout pour ne rien faire brûler et en suivant la recette à la lettre elle pu finalement goûter le plat sans être tentée le moins du monde de toute recracher immédiatement. Ca ne valait pas un cinq étoiles, mais c’était déjà ça. Au mieux il apprécierait le geste, au pire ça aurait le mérite de lancer la conversation. Elle n’aurait jamais cru avoir à craindre ne n’avoir rien à dire à son frère un jour. Pourtant, les silences un peu gênés n’étaient plus une aberrations, sans devenir la norme non plus. Elle ne doutait néanmoins pas que la soirée des fondateurs ait laissé des marques sur une relation déjà amochées et elle craignait un peu de le voir débarquer chez elle. Il arriva pourtant, presque pile à l’heure, il arriva et un instant elle laissa ses craintes s’envoler, elle laissa une douce illusion la bercer, elle se laissa croire que tout allait bien dans le meilleur des mondes, que rien avait changé entre eux. Ils se serrèrent dans les bras et Aspen y mit tout son être dans cette étreinte, qui aurait du être anodine. « Tu pourras dire ce que tu voudras, mais on ouvre pas les cadeaux avant le gâteau. » C’était la règle de leur mère, mais elle s’abstint de le faire remarquer. Ils avaient vécu vingt-cinq anniversaire de la même façon, aussi impatient que pouvait se montrer son frère - ou elle-même d’ailleurs l’année où elle croyait à coup sûr recevoir un poney. Malgré son avertissement taquin, ou peut-être grâce à lui, les jumeaux trouvèrent un semblant de confort et aucun mot sur la fâcheuse soirée et l’altercation entre Lorcan et Noeh ne fut prononcé, pas plus que sur ce qui taraudait l’esprit de la rouquine depuis de longs mois. Non, pendant plusieurs minutes, bien plus même, presque une bonne heure, ils s’en sortirent et pas qu’avec des banalités. À croire que son vœux d’anniversaire s’était réalisé avant même qu’elle n’ait pu souffler ses bougies, à croire que la complicité avait rejaillit de ses cendres toute seule. Pourtant et malgré sa propension à s’oublier dans le déni, Aspen garda son but bien en tête. Elle avait un cadeau tangible, matériel pour Lorcan oui, mais le cadeau le vrai, qu’elle comptait s’offrir aussi bien à elle qu’à lui était la réconciliation. La vraie, celle qui passe par la conversation aussi difficile puisse-t-elle être. Certes, il était tentant pour elle alors qu’elle riait au dessus de ses lasagnes de repousser à une prochaine fois, d’accepter de croire qu’ils n’avaient pas besoin d’explications pour panser leurs plaies. Pourtant, et il fallait compter sur elle pour mettre ça sur le compte d’une maturité obtenue soudainement à l’atteinte de cet âge doré, elle resta forte. Et alors qu’elle apportait le gâteau, livré le matin même par une excellente pâtisserie, cinquante bougies enracinées dans une couche épaisse de chocolat, elle décida que le moment propice était venu. Elle souffla son côté et lui le sien et après une grande inspiration qui eut du mal à passer inaperçue, elle se lança. « Avant que je te donne ton cadeau, j’aimerais qu’on puisse mettre quelque chose dernière nous. » Elle rangea une boucle cuivrée qui lui barrait la vue derrière son oreille et se mordilla la lèvre un peu anxieuse. « Je suis très heureuse que tu sois là aujourd’hui, qu’on se soit retrouvés malgré…eh bien tout. » Elle esquissa un sourire, lui laissant deviner qu’elle se référait à la soirée des fondateurs. « Mais j’ai besoin qu’on s’explique, tu peux en faire mon cadeau si tu le souhaites. Je veux la vérité, je veux que tu me dises pourquoi on est plus comme avant, pourquoi t’as pris tes distances, je sais que c’est pas dans ma tête Lorcan. Je sais que y a un problème et je comprends pas que tu m’en parles pas à moi. » Elle n’était pas froide, vindicative, au contraire son ton se voulait presque suppliant. Elle avait besoin de savoir de quoi il retournait. Et elle avait conscience que c’était peut-être beaucoup lui demander, qu’elle non plus n’était pas blanche comme neige, qu’elle avait des choses qu’il pouvait aisément lui reprocher, à commencer par un manque de confidence de sa part à elle aussi. Mais quoiqu’il ait pu arriver entre elle et Noeh elle n’avait jamais pris ses distances d’avec Lorcan. Jamais. Une telle mesure ne pourrait jamais être perçue par elle comme la solution à un problème. Au contraire, c’était un problème à elle seule.


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Lorcan Wolstenholme
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MessageSujet: Re: heaven can't help us now ≈ wolstenholme twins   heaven can't help us now ≈ wolstenholme twins Icon_minitimeVen 2 Oct 2015 - 15:03


heaven can't help us now
lorcan & aspen
Noël avait plus que jamais laissé à Lorcan l’impression d’avoir passé la soirée assis au milieu d’une salle de torture à attendre le moment où on se déciderait à l’achever, et il en était une nouvelle fois sorti pantelant, presque étonné d’être encore en vie. Les repas de famille devenaient de plus en plus difficiles à supporter, et celui de Noël était le pire de l’année. Mais il y avait une consolation là-dedans, et c’était sans doute cette idée qui l’avait aidé à tenir sans broncher, à sourire et à plaisanter avec son père et ses sœurs : deux jours plus tard, c’était son anniversaire. Leur anniversaire. Il avait soigneusement évité de reparler à Aspen de la désastreuse fête des fondateurs, et ils vivaient depuis dans une sorte de timide trêve, où aucun des deux n’avait osé évoquer ce qu’ils avaient vu, appris ou fait. Mais leur anniversaire était depuis toujours le meilleur moment de l’année, et Lorcan avait la ferme intention d’en profiter avec la même énergie, le même plaisir qu’il l’avait toujours fait. S’il avait été relativement peu loquace à Noël, il ne comptait pas s’en tenir au même traitement avec sa jumelle. Il avait ravalé tout le ressentiment qu’il avait développé à l’idée qu’elle lui ait caché sa relation avec Noeh, il s’était promis de ne pas évoquer le sujet à moins qu’elle ne l’amène elle-même. Il n’avait pas envie de passer par la case des excuses, lui qui estimait n’en devoir aucunes, et surtout pas à Noeh. Il regrettait beaucoup de choses de cette soirée, et en tout premier lieu il regrettait d’avoir perdu le contrôle de sa mutation au point d’en devenir fou furieux et de perdre l’amitié de Salomé, mais il ne regrettait absolument pas d’avoir collé son poing dans la figure du connard Callahan. Il ne voulait pas discuter de ça avec Aspen. Il préférait oublier que la fête des fondateurs avait eu lieu, en fait. Et comme il voulait juste passer un excellent moment avec sa jumelle, il ne parlerait ni de ça, ni de Noeh. En fait, il avait l’impression d’avoir pris l’habitude avec elle de faire des listes de choses à ne pas évoquer, et même maintenant, après plus d’un an de ce régime, il trouvait ça étrange. Et triste. Avant, il n’y avait pas un seul sujet qu’ils s’interdisaient de discuter, même la mort de leur mère avait été au cœur de nombreux débats houleux. Mais maintenant … Lorcan ne se sentait plus les épaules assez fortes pour essuyer des disputes avec Aspen. Pas en sachant ce que ça signifierait vraiment.

Aspen semblait avoir eu la même idée que lui, en tout cas, parce que le début de leur soirée débuta de façon idéale. Lorcan était ravi d’avoir sa sœur pour lui tout seul, et ils se retrouvèrent avec plaisir, entamant la conversation sur des sujets futiles comme si la dernière année n’avait pas existé. Lorcan se plaignit haut et fort de devoir attendre jusqu’au gâteau pour ouvrir les cadeaux, proposant même – comme à peu près tous les ans – de commencer par le dessert pour une fois, mais il se consola bien vite quand arriva le dîner. Les yeux brillants, il apprécia à sa juste valeur le repas que sa jumelle avait mis tant d’efforts à préparer, et qui était par ailleurs délicieux. Lorcan ne s’était pas senti aussi bien depuis de très longs mois, les planètes s’étaient enfin alignées pour que la tempête les épargne et ils se trouvaient dans une bulle de paix, comme ils l’avaient toujours été quand ils étaient tous les deux – avant. Elle était à nouveau sa jumelle, celle avec qui il était le plus à l’aise, celle qu’il aimait plus que n’importe qui. A chaque fois qu’elle riait, à chaque fois qu’elle lui souriait, il se sentait entier, à la place qui lui revenait et qu’il n’aurait jamais du quitter. Finalement le gâteau arriva, avec une quantité de bougies assez phénoménale sur le glaçage (« Ne me dis pas que t’as compté ?? Ah ouais, c’est pas toi qui les as mises, ça m’étonnait aussi … »), et Lorcan souffla sa part avec énergie, se souvenant de ce que leur mère leur disait à propos des bougies. Une croyance d’enfants, sans doute, mais s’il soufflait tout d’un coup sans en oublier une seule, son vœu se réaliserait … Et il n’en avait jamais omis aucune, même quand ses vœux se résumaient à l’espoir de recevoir un nouveau VTT ou un baiser de la fille qu’il convoitait. Ce soir … Ce soir il n’avait pas d’autre souhait que de rester à cette place éternellement, oublieux du reste … Mais il y en avait une qui n’oubliait pas, et qui n’avait visiblement pas fait le même vœu que lui. « Avant que je te donne ton cadeau, j’aimerais qu’on puisse mettre quelque chose dernière nous. » Ah. Ils allaient donc reparler de la fête des fondateurs, finalement. Lorcan s’adossa contre sa chaise, son sérieux revenu d’un coup, et il regarda sa jumelle sans rien dire, une désagréable sensation au creux du ventre. « Je suis très heureuse que tu sois là aujourd’hui, qu’on se soit retrouvés malgré…eh bien tout. » Un sourire étira les lèvres de Lorcan, bien qu’il entende dans ses paroles le reproche déguisé. Elle n’avait pas l’air de lui en vouloir, mais il savait trop ce qu’elle avait subi ces derniers mois pour réussir à l’ignorer. Dans un sens, il admirait sa bonne humeur. « Moi aussi. Cette soirée est parfaite. » Pitié ne la gâche pas avec des choses qu’on n’a pas envie de se dire. Reste sur les sentiers battus, Aspen. Il espérait qu’elle arriverait à lire entre les lignes et qu’elle entendrait son appel au secours silencieux. Elle avait toujours eu ce don d’entendre ce qu’il ne disait pas, et de le comprendre à demi-mot. Ce n’était pas toujours un avantage, mais c’était dans leur lien, et il fallait qu’elle le saisisse, ce soir. « Mais j’ai besoin qu’on s’explique, tu peux en faire mon cadeau si tu le souhaites. Je veux la vérité, je veux que tu me dises pourquoi on est plus comme avant, pourquoi t’as pris tes distances, je sais que c’est pas dans ma tête Lorcan. Je sais que y a un problème et je comprends pas que tu m’en parles pas à moi. » Elle ne parlait pas de la soirée des fondateurs alors, mais c’était pire encore. Sacré cadeau ! Il n’en voulait pas, de celui-là. Il était où, le paquet qu’elle devait lui offrir, le truc matériel dont ils étaient sûrs tous les deux qu’il lui ferait plaisir ?? Ce serait bien mieux que ça, bon sang ! Il ne voulait pas discuter. Il voulait qu’ils ouvrent les cadeaux et qu’ils terminent la soirée sur Guitar Hero, ou une autre activité dans le même genre, sans conséquences.

Les yeux fixés sur la table, l’estomac noué, Lorcan ne pouvait plus reculer. L’échange de cadeaux, il pouvait l’oublier pour l’instant, tout comme le moment de paix qu’ils avaient partagé. Il releva les yeux, mais il les détourna quand il croisa le regard presque suppliant de sa jumelle. Merde alors ! Pourquoi maintenant ? Ses doigts tripotant sa serviette, il jeta un regard nerveux dans la pièce autour de lui, cherchant une idée, n’importe quoi sur lequel se raccrocher. Tout en sachant que c’était foutu, il n’y aurait plus rien qui pourrait l’aider. S’il avait si bien – toutes mesures gardées – réussi à mentir à sa jumelle jusque là, et pendant si longtemps, c’était justement parce qu’elle n’avait jamais posé cette question. Il avait réussi à l’éviter parce qu’il savait que le mensonge frontal serait impossible une fois qu’elle lui aurait demandé pourquoi il faisait ça. « J’y arrive pas. » Putain. Ca commençait mal. Sa jambe était agitée d’un tic nerveux, Aspen avait maintenant devant elle le parfait tableau du Lorcan qui se noyait dans un verre d’eau. Bientôt elle n’aurait même pas besoin qu’il ouvre la bouche pour tout deviner, ce serait écrit sur son visage. « Tu veux la vérité ? » Lança-t-il brusquement en reposant son regard sur elle. Il allait gerber, il en était presque certain maintenant. « On est obligés de faire ça maintenant, sérieux ? » Se plaignit-il d’un ton sec. A moitié en colère, à moitié désespéré, il ne savait plus trop ce qu’il ressentait, et il se passa une main un peu tremblante sur le visage. Il ne pouvait plus lui mentir, mais avouer la vérité ? Après la soirée qu’ils venaient de passer ? C’était du suicide, est-ce qu’elle s’en rendait compte ? « Je voulais t’en parler, dès le début. Ca me tue de ne rien pouvoir te dire. J’ai essayé, hein. Enfin, pas vraiment, parce que je savais comment tu … » Il soupira. Parce qu’il savait comment elle allait réagir. « Je peux pas te le dire. Je peux pas, c’est tout. » C’était physique, il avait une barrière qui se dressait à chaque fois qu’il voulait prononcer le mot fatidique. Pas à elle, jamais à elle. Il était humain, il le lui avait dit quand ils avaient reçus leurs résultats de dépistage, et il n’y avait que ce mot qui avait compté. Ce premier mensonge d’une très longue liste. « T’as pas encore deviné ? Y’a qu’une seule chose que je ne pourrais jamais te dire. » Cette fois c’était lui qui suppliait presque. Il fallait qu’ils crèvent l’abcès, d’une façon ou d’une autre, et ce serait ce soir qu’ils le feraient. Mais lui, il ne le dirait pas. Et elle, si intelligente, si douée, si … Si parfaitement hunter comme leur père l’avait souhaité, elle allait vite comprendre.


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MessageSujet: Re: heaven can't help us now ≈ wolstenholme twins   heaven can't help us now ≈ wolstenholme twins Icon_minitimeDim 4 Oct 2015 - 17:22


heaven can't help us now
lorcan & aspen
Elle savait qu’il aurait pu retourner son reproche contre elle, qu’il était tout à fait en droit de lui rétorquer qu’elle-même avait considéré certaines choses indignes d’être dites à un jumeau avec qui elle partageait pourtant tout. C’était une possibilité, mais pourtant elle ne pensait pas qu’il le ferait, pas vraiment. Parce qu’elle avait conscience en son fort intérieur que leurs secrets n’avaient rien avoir l’un avec l’autre. Et ce, même si elle prétendait ne rien savoir au sujet de ce que cachait Lorcan. Le visage de ce dernier se décomposa à peine eut-elle fini de formuler sa requête. S’il avait été possible de faire machine arrière Aspen aurait très probablement sauté sur l’occasion. N’aurait-ce été que pour soulager le jeune homme dont les yeux implorants lui faisaient savoir que son état intérieur n’était que le reflet du sien. Simplement quand lui cédait ostensiblement la place à la panique, elle-même restait en contrôle, en apparence du moins. Ce qu’elle faisait était nécessaire, elle en était persuadée, pour elle ça relevait de l’évidence et ce quand bien même il pouvait s’avérer difficile de crever l’abcès. Cette soirée avait beau avoir été jusque-là un succès total, elle ne voulait pas être condamnée à se demander à l’avenir si l’entente entre elle et son frère n’était que factice. Si des ressentiments gâchaient encore leur relation dans les coulisses. Elle était persuadée que c’était la seule solution pour s’en sortir du gouffre où ils étaient tombés que de parler, enfin. Et s’il fallait après ça qu’elle-même s’explique sur sa relation avec Noeh, qu’elle l'écoute se plaindre, avant d'exiger également de la part de Lorcan qu’il admette ses tords, bref qu’ils en viennent pour la première fois à discuter du fiasco qu'avait été la soirée des fondateurs, elle le ferait. Même si c'était la dernière des choses dont elle avait envie de parler. Parce qu'il n’y avait rien qu’elle n'aurait pas fait pour lui, pour eux, pour que leurs âmes puissent de nouveau être en harmonie.

« J’y arrive pas. » Elle tiqua, mais s’empêcha de faire montre d’encore plus d’inquiétude. Parce qu’elle était morte d’inquiétude bien sûr. Elle ne s’était pas attendue à ce qu’il lui avoue tout sur le ton de la rigolade, sachant pertinemment que si ça avait été quelque chose de facile à expliquer, de facile à admettre surtout il ne lui aurait pas fallu un an pour lui en parler. Il n’aurait pas eu besoin qu’elle le mette contre le mur, qu’elle ne lui donne pas d’autre choix que de cracher le morceau. Si quelques instants plutôt elle était tentée de revenir sur ses propos, étrangement l’objection de Lorcan la conforta dans son idée première. Maintenant que la question était posée, elle ne comptait pas changer d’avis et lui dire que ça n’était pas la peine de répondre. Il était déjà trop tard pour qu'il leur soit possible de faire comme si elle n'avait rien dit. « Tu veux la vérité ? » Elle hocha lentement la tête. Même si son attitude lui faisait craindre le pire et qu’une partie d’elle avait envie de se terrer dans son trou et d’oublier tout, elle avait besoin de savoir. Quelque part c’était maintenant ou jamais. Alors quand il lui demanda s’ils étaient obligés d’engager cette conversation maintenant, sous-entendant bien que c’était la dernière chose dont il avait envie, elle ne pouvait lui répondre que par l’affirmative. Elle avait déjà trop attendu et quoique fut son problème, qu’il le lui dise maintenant ou le lendemain ne changerait rien à la difficulté de l’explication. « S’il te plaît. » insista-t-elle, non sans une certaine douceur néanmoins, espérant que son sourire destiné principalement à masquer son inquiétude l’encouragerait. Il gagnait du temps n’importe qui aurait pu le voir à son attitude qui était l’exemple même du désespoir, de la recherche d’un échappatoire et elle qui, de toutes les personnes connaissait Lorcan mieux qu’elle-même, s’en rendait d’autant plus compte. Elle ne pouvait qu’empathiser, comprendre, avoir envie de le prendre dans ses bras, mais elle resta sur sa chaise, sans bouger. La curiosité était trop grande pour qu’elle cède. Sans compter que poser la question avait demandé un courage qu’elle ne voulait pas gaspiller en changeant d’avis. « Je voulais t’en parler, dès le début. Ca me tue de ne rien pouvoir te dire. J’ai essayé, hein. Enfin, pas vraiment, parce que je savais comment tu … » La fin de sa phrase mourra sur ses lèvres, mais elle sembla deviner ce qu’il avait voulu dire. Il avait déjà prévu sa réaction et il était clair qu’elle ne devait pas être bonne. Ca ne lui apprenait rien cependant car évidemment elle ne doutait pas que si ça avait été une bonne nouvelle il n’y aurait eut nul besoin de tout ce cirque. Elle fut touchée par ses balbutiements, heureuse d’apprendre qu’au moins il avait essayé. Heureuse de savoir que tout n’était pas perdu entre eux.

« Je peux pas te le dire. Je peux pas, c’est tout. » Avec d’autres, elle aurait objecté, argué que c’était n’importe quoi que tout pouvait se dire. Elle se serait profondément agacé de cette perte de temps. Mais tel qu’elle le voyait elle voulait bien croire qu’il n’y arrivait sincèrement pas, que c’était plus fort que lui. Et l’inquiétude redoubla et des doutes oubliés firent leur apparition dans son esprit. Alors qu’elle voulait lui dire qu’à elle il pouvait tout dire que c’était une promesse inviolable entre eux, qu’elle ne le jugerait pas, ou du moins pas longtemps, que rien n’était trop grave pour qu’elle ne puisse pas l’entendre, elle n’en trouva pas la force. Comme si elle savait déjà qu’il avait raison. « T’as pas encore deviné ? Y’a qu’une seule chose que je ne pourrais jamais te dire. » Son étonnement était justifié. Aspen avait deviné en effet. Elle savait, depuis le début elle avait su. Au fond, tout au fond d’elle dans cette partie de son esprit où tout ce qu’elle ne voulait pas savoir était rangé. Elle n’avait pas su exactement depuis le dépistage, certes, peut-être bernée par le mensonge de Lorcan, peut-être bercée par l’euphorie du moment de savoir que l’un comme l’autre avaient échappé au gène foireux de leur mère. Elle n’allait pas mourir et lui non plus. Ce jour-là elle aurait pu gober absolument n’importe quoi de n’importe qui. Seulement avait alors commencé l’éloignement de Lorcan et elle était trop perspicace pour ne pas le détecter rapidement et trop maligne pour y voir une simple coïncidence qui ne méritait pas qu’elle s’y penche de plus près. Et quand tout ceci avait duré elle ne pouvait s’empêcher de songer que la liste des choses que sa moitié ne pouvait pas lui dire était tragiquement limitée. Toute son énergie avait alors été employée à ignorer cette conclusion hâtive (pourtant avérée) qui n’avait eut que le temps de tout juste dépasser la limite de son subconscient avant d’aussitôt tomber dans l’oubli. Lorcan, un mutant, c’était une aberration, une impossibilité, deux choses qui ne pouvaient tout simplement pas être liées dans son esprit. Peu importe que ce soit plausible de part le fait que leur mère en ait elle-même été une. Peu importe que cette déduction ait beaucoup de sens au vue de son attitude.  Elle avait refusé d’y croire avant même que d’admettre qu’elle avait pu y penser. Sa résistance devenait difficile cependant alors qu’il lui faisait comprendre à demi-mot qu’elle avait eu raison. Pourtant elle parvenait encore à maintenir les murs qui barraient l’information de son cerveau. Dans un dernier effort pour se raccrocher à la conviction qu’il était sain, elle esquissa un sourire qui eut le goût d’un rictus plus qu’autre chose. « Dis-le. » invita-t-elle, mi-ordre, mi-supplication de faire exactement l’inverse. De ne rien dire, de ne pas faire exploser le mur si difficilement bâtit dans son cerveau, de ne pas faire éclater leur relation pour de bon.  C’était trop tard pourtant et elle insista : « Dis-le, je veux savoir, je veux l’entendre. » Elle le regretta aussitôt, c’était certainement le pire mensonge de sa vie. Ne me dis pas que tu es la chose même qu'on nous a appris à détester, ne me dis pas que tu m'as menti sur ta nature même, ne me dis pas que tu es mon ennemi, voilà plutôt ce qu'elle aurait du dire. « T'es mon frère… » marmonna-t-elle les yeux baissés, fixant le gâteau, reste d'un élan festif qui était définitivement brisé. « Tu peux pas…tu peux pas être… » La seule personne qu'elle cherchait à convaincre, désespérée, était elle-même. Elle-même, qui ne pouvait même pas se résoudre à prononcer à voix haute le résultat de sa déduction, à prononcer le mot fatal. À dire que son frère était un monstre.


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Lorcan Wolstenholme
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MessageSujet: Re: heaven can't help us now ≈ wolstenholme twins   heaven can't help us now ≈ wolstenholme twins Icon_minitimeMer 7 Oct 2015 - 21:53


heaven can't help us now
lorcan & aspen
Il avait été idiot, de jouer avec le feu pendant si longtemps, mais à chaque fois qu’il avait évité de se brûler, il s’était dit que ça en valait la peine et qu’il pouvait continuer … Parce qu’il ne voyait pas d’autre solution, en vérité. Lorcan avait été piégé dans une impasse où il ne voyait absolument aucune issue, si ce n’est la perte de tout ce en quoi il tenait, et il avait préféré maintenir l’illusion aussi longtemps que possible plutôt que de faire face. Quand Aspen s’était jetée dans ses bras après avoir reçu les résultats de son dépistage, il avait définitivement abandonné l’idée de lui avouer la vérité. Mais jamais il n’avait vraiment envisagé qu’il pourrait le lui dire … Déjà, bien avant ça, quand elle jurait ses grands dieux qu’elle tuerait tous les mutants qu’elle croiserait, il s’était dit que mieux valait être humain. Et quand elle avait soutenu que leur mère avait eu la seule réaction envisageable face à sa mutation, il avait tremblé en priant pour que jamais elle ne soit contaminée, elle aussi. Perdre sa mère, ça avait été une épreuve terrible. Mais perdre sa jumelle, ce serait quelque chose dont il ne se relèverait pas, et il le savait bien avant que sa mutation ne se réveille. Il avait eu peur qu’elle ne se suicide si elle était mutante, et ça avait été un immense soulagement d’apprendre qu’elle n’aurait pas à prendre ce genre de décision. Mais lui, il faisait finalement partie de ceux qu’elle haïssait tant, ceux qu’il fallait tuer s’ils n’avaient pas la force de se supprimer d’eux-mêmes. Il le savait, il l’avait toujours su, à l’instant même où elle apprendrait la vérité, c’en serait fini de leur relation privilégiée. Alors il avait joué, il s’était enfermé dans un déni monstrueux, il avait menti, encore et encore, juste pour voir l’échéance repoussée. Un mois, deux mois, puis six, puis douze … Ca faisait plus d’un an maintenant. Un an à mentir comme un arracheur de dents à la face de celle qui avait toujours su dire quand il lui cachait quelque chose. Alors, oui, il avait été idiot de se voiler la face en pensant que ça marcherait, qu’ils s’en sortiraient. Mais un an, c’était déjà ça de gagné. Un an à la faire souffrir pour s’épargner le pire … Il n’était plus très sûr du bien-fondé de cette décision. Elle allait lui en vouloir d’autant plus de lui avoir menti si longtemps. Mais c’était un peu tard maintenant, non ? Elle ne lui pardonnerait jamais d’être un mutant, alors un peu plus ou un peu moins …

Ils étaient arrivés au point de non-retour à présent, ce moment où la vérité allait éclater, fracassante, et tout détruire sur son passage. Mais même devant l’imminence de ce désastre, Lorcan était incapable d’avouer sa mutation à sa jumelle. Si elle ne l’avait pas encore deviné, elle le ferait très vite maintenant, pourtant il avait toujours ce même blocage qui lui interdisait de se dévoiler. Pas à elle, jamais à elle. La peur lui nouait le ventre, le gouffre s’ouvrait devant lui, et les yeux fixés sur sa sœur, il attendait le verdict, sans ignorer ce qu’il serait, mais sans le chercher directement. Et le fait qu’Aspen reste d’un calme presque olympien devant lui, la voix toujours posée, lui mettait les nerfs en pelote. Le calme avant la tempête. Il la connaissait trop bien pour ignorer ce que ça cachait. Au fond, elle devait hurler tout autant que lui. Pourquoi se retenait-elle ? Est-ce qu’elle ignorait vraiment ce qu’il lui cachait ? Elle était trop brillante pour ça, et lui un trop piètre menteur, il ne voulait pas y croire. « Dis-le. » Il se raidit, et ses mains se crispèrent sur la table tandis qu’un froid désagréable s’insinuait en lui. Non, elle savait. Cet ordre ne laissait aucun doute à Lorcan, bien qu’elle l’ait prononcé sans la brutalité à laquelle il pouvait s’attendre. Il y avait quelque chose dans son ton qui fit mal au jeune homme, quelque chose qu’il ne parvint pas à déterminer. Elle voulait qu’il se dévoile complètement, mais elle attendait qu’il prononce le mot tant haï pour prendre position. Pour devenir hunter. Il resta silencieux, la gorge sèche, incapable de dire un mot. Réduit au silence, ce qui n’était pas chose commune. « Dis-le, je veux savoir, je veux l’entendre. » Elle savait et elle insistait. Impérieuse, comme toujours, mais ses yeux disaient exactement le contraire de ses mots, et cette fois Lorcan en fut certain. Elle était chasseuse et la chasseuse ordonnait, elle voulait obtenir la confession avant de porter le coup fatal. Mais elle était aussi sa jumelle, qui refusait cette voie où ils s’engageaient. Il détourna le regard, et prit une inspiration laborieuse. Il s’enfonçait, il coulait, il se noyait. Il se leva brusquement, repoussant sa chaise sans ménagement, et s’éloigna de cette table portant encore les reliefs d’une vie antérieure. Il ne put pas faire trois pas qu’Aspen avait reprit la parole, et il se figea, lui tournant le dos. « T'es mon frère… » Il se retourna, soudain empli d’un espoir fou, ridicule, immense et terrible. Bien sûr qu’il était son frère, et si elle le reconnaissait encore, alors … Mais elle ne le regardait pas, et elle poursuivi bien vite, fracassant cette étincelle qui était née en lui le temps d’une seconde. « Tu peux pas…tu peux pas être… » Le mot n’avait pas été prononcé, mais il flotta entre eux, barrière infranchissable, et Lorcan se sentit flancher. « Je suis désolé. » Souffla-t-il d’une voix éteinte. « Mais je suis toujours ton frère. Ca ne change rien. » Qui essayait-il de convaincre par ces mots, lui qui n’y avait jamais cru, à la seconde même où il avait compris ce qu’il était ? Il n’était plus son frère, il ne se sentait plus le droit de l’être. Elle était une Wolstenholme, elle méritait sa place au sein de la famille. Elle était forte, intelligente, et surtout humaine. Lui, il était son jumeau, sa moitié, mais il était aussi le membre infecté qu’il fallait couper net pour ne pas que la maladie se répande. « J’ai jamais voulu ça … Je voulais juste être normal et rester avec toi. » Rester avec elle. Son seul et unique souhait, ce qu’il désirait si fort que ça faisait mal. La prendre dans ses bras, la serrer contre lui et ne plus jamais bouger. Elle était à lui. Elle devait le rester. Mais il ne bougea pas, la distance entre eux lui semblant plus infranchissable que tous les fossés du monde. Il ne pouvait pas la toucher. « Mais je peux pas le dire. Je l’ai jamais dit à personne. Si je le dis, j’aurais l’impression de … de l’accepter. » Cet aveu, il ne l’avait fait à personne, pas même à  Salomé qui l’avait découvert toute seule. Il craignait plus que tout de l’accepter, cette saleté de mutation qui rampait en lui, et de finir par s’y faire. Il avait essayé de vivre avec, il avait même dit à Salomé qu’ils n’étaient pas que des mutants, et qu’ils avaient le droit de poursuivre leur vie malgré ça. Mais il n’en restait pas moins un monstre, c’était une sensation dont il ne s’était jamais défait, et ce soir, il en avait plus conscience que jamais. Les yeux fixés sur Aspen, il attendait une aide qui ne venait pas. Il se détourna d’elle, fit quelques pas vers la fenêtre, puis la regarda à nouveau « Ne me déteste pas. » Une dernière supplique. Il ne pouvait plus faire autrement, maintenant. « Je suis … » Il crispa les poings, regarda le plafond dans l’espoir d’être foudroyé avant de le dire. « Dégénéré. »


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MessageSujet: Re: heaven can't help us now ≈ wolstenholme twins   heaven can't help us now ≈ wolstenholme twins Icon_minitimeMar 13 Oct 2015 - 19:50


heaven can't help us now
lorcan & aspen
Elle aurait tout donné pour que ses capacités de déduction soient moins bonnes, pour ne pas être certaine d’avoir raison. Pour que son cœur ne soit pas aussi affolé qu’il l’était dans sa poitrine devant l’anticipation de la révélation qui ne devait rien lui apprendre. Loin de réellement vouloir entendre ce que son frère avait à lui dire, elle voulait plaquer ses paumes contre des oreilles et chanter à tue-tête comme une enfant pour ne rien entendre. Parce qu’une fois qu’il lui aurait avoué ce qu’elle savait déjà, elle n’aurait d’autre choix que d’affronter la réalité. Il n’y aurait plus de retour en arrière possible. Et tout le temps qu’elle avait su sans vraiment savoir, elle ne s’était jamais évidemment projetée. Ignorer l’évidence lui avait permis de ne pas se poser de questions de ne pas avoir à opter pour une quelconque réaction. Un Lorcan mutant c’était tellement incroyable qu’elle n’aurait tout simplement pas su réagir. Pourtant ça lui tombait dessus, quand bien même elle voulait repousser ces pensées, quand bien même elle pouvait prier pour qu’il refuse autant qu’elle de prononcer le mot maudit. Le calme qu’elle affichait n’était qu’une façade bien loin de la réalité de l’anxiété qui bouillonnait en elle. Elle ressentait les prémices d’une explosion trop violente pour qu’elle puisse en anticiper les résultats. Ils ne sortiraient pas indemnes de cette soirée, c’était la seule certitude qu’elle avait. Il s’était levé lui, ne supportant peut-être plus son regard et au fond c’était tant mieux puisqu’elle non plus n’aurait su que le détourner. Il s’était éloigné et elle aurait eut peur qu’il ne l’abandonne si elle n’avait pas eu conscience que c’était un sort infiniment meilleur que celui qu’il lui réservait réellement. À voix haute, elle exprima une dernière prière, un dernier espoir de s’accrocher à une logique qui n’était pourtant pas sans faille. Avec une mère mutante il était plus que plausible qu’un enfant sur trois hérite du gène. Elle avait fait le même calcul avant leur dépistage, terrifiée sans l’avouer à l’idée que l’un d'eux ne se découvre porteur. Pour elle, ça aurait signifié la mort immédiate. Elle n’aurait pas eu d’autre choix que de s’ôter la vie si elle s’était découverte dégénérée. Sa mère l’avait fait, elle aurait pu, elle aurait du même en faire autant. Elle n’avait pas osé néanmoins s’imaginer ne serait-ce qu’un seul instant ce que ça aurait été si Lorcan avait eut des résultats positifs. Même si la solution aurait du être la même,  c’était déjà bien moins évident. Tout son être aurait refusé de le laisser se tuer, quand sa raison lui aurait au contraire crié de l’encourager. Mais elle refusait encore de s’imaginer confrontée à ce choix, elle arrivait encore, désespérée qu’elle était, à s’accrocher à l’infime possibilité que sa piste était toute fausse. Malgré la réaction de Lorcan qui allait dans son sens, malgré ses déductions, elle voulait croire qu’elle avait tord complètement tord. Parce qu’absolument toute nouvelle aurait été meilleure à prendre que celle-ci.

 « Je suis désolé. » Il n’avait pas besoin d’en dire plus. Tout à coup les dernières barrières dans l’esprit d’Aspen s’écroulèrent et ses yeux s’emplirent de larmes alors qu’elle voyait son jumeau pour ce qu’il était vraiment. Son monde s’écroula avec. Elle avait eut raison quand tout ce qu’elle avait souhaité pour une fois dans sa vie c’était de s’être trompée. Elle était confrontée à son pire cauchemar et mis à part les larmes salées qui roulèrent sur ses joues elle ne donnait guère de signe de vie, figée dans sa position assise. « Mais je suis toujours ton frère. Ca ne change rien. » Elle renifla et trouva la force de se lever. Ca changeait tout et il le savait.  Toute sa vie ils avaient eut des destins convergeant et cette nouvelle à elle seule semblait effacer tout ça. Ils n’étaient plus les mêmes, les deux faces d’une même pièces. Ils n’étaient plus Lorcan et Aspen. Mais Lorcan d’un côté et Aspen de l’autre. Le gène déviant faisait office de frontière entre eux. De ça elle était certaine. Pour le reste elle ne savait rien, pas même quoi dire ni quoi faire. Elle voulait hurler, mais sentait bien que sa gorge nouée ne le supporterait pas, elle voulait frapper mais savait que ça ne lui apporterait pas le moindre soulagement. Mais le pire finalement, c’était de voir son état à lui et de réaliser que malgré ses convictions, malgré ce qu’elle était forcée de penser de lui, elle n’arrivait pas à en être détachée. Que leur lien en tout ce qu’il pouvait représenter une charge pour elle existait toujours. Que ça lui brisait le cœur doublement que d’être accablée par sa propre douleur et par la sienne. Il méritait certainement qu’elle lui crache au visage qu’il n’était pas son frère puisqu’il était indigne des Wolstenholme. Toute son éducation tendait à ce qu’elle réagisse de cette façon face à un mutant dans la famille, un mutant surtout qui avait osé s’en cacher pendant si longtemps. Il était bien son frère pourtant. « J’ai jamais voulu ça … Je voulais juste être normal et rester avec toi. » Elle battit des cils une autre cascade de larmes s’échappant de ses prunelles topaze. Elle secoua la tête, prise d’un soudain vertige, rêvant de s’allonger, de s’endormir et de ne jamais se réveiller. L’empathie ne disparaissait pas d’un seul coup quand bien même la confiance d’une vie venait de se briser aussi simplement. Et elle mourrait d’envie de le prendre dans ses bras tout autant qu’elle avait envie de lui en coller une. Les mains posées sur la table pour se retenir de choir, ses doigts effleurèrent son couteau. L’idée de ce que son père voudrait qu’elle fasse lui effleura l’esprit et elle eut soudain envie de vomir.  

« Mais je peux pas le dire. Je l’ai jamais dit à personne. Si je le dis, j’aurais l’impression de … de l’accepter. » « Encore heureux. » fit-elle en se détournant comme incapable de le regarder plus longtemps. Encore heureux qu’il ne l’ait pas avoué à d’autres qu’elle. Encore heureux que son aveux montre que ses idéaux étaient encore similaires aux siens. Qu’il savait malgré l’année passée conscient de son état que c’était une honte pas une fierté. Pourtant il aurait été plus facile pour elle de reconnaître son devoir et de l’accomplir si jamais il s’était montré heureux de sa condition, s’il s’était entraîné, s’il avait rejoint les urprising. Sa tâche n’aurait jamais été facile, mais elle aurait été simplifiée ne serait-ce qu’infiniment si, au delà des gènes qu’il n’avait pas choisis, il était réellement devenu un ennemi.  Elle s’asséna une claque mentale. Quoiqu’il puisse dire il était un ennemi désormais. Cela résultait de l’équation simple qu’elle avait apprise par cœur depuis dix ans. Mutant = ennemi. Ca n'avait jamais été compliqué jusqu’à ce jour. Elle ne le vit pas se retourner vers la fenêtre tandis qu’elle même repoussait le couteau du bout des doigts avant de se retourner pour lui faire face essayant violemment ses larmes du revers de la main. Leur regards se croisèrent alors que justement il se détournait de sa contemplation.  « Ne me déteste pas. » Comme il aurait été facile pour elle de le rassurer. De lui dire qu’elle ne pouvait pas le détester, que c’était inscrit dans ses gènes, aussi sûrement qu’il était inscrit dans les siens qu’il était mutant. Qu’elle pouvait lui en vouloir et en vouloir au monde entier, qu’elle pouvait s’en vouloir à elle-même d’en avoir parlé, qu’elle pouvait en vouloir à la race mutante dans son entièreté, la haïr même, mais qu’elle ne pouvait pas, ne savait pas se résoudre à le détester lui. Pas vraiment. Mais elle ne pouvait pas le faire parce qu’elle savait qu’elle était censée trouver la force de le rejeter et que ce n’était pas en le réconfortant de la sorte qu’elle y arriverait. Elle savait qu’elle aurait du le détester que c’était une erreur, une faiblesse de sa part que de ne pas y parvenir.  « Je suis … » Et là, la révélation inutile qu’elle avait pourtant insisté pour entendre, celle qu’elle eut presque envie d’arrêter à tout prix aussi bien devant la difficulté évidente que Lorcan éprouvait à prononcer la terrible vérité que parce qu’elle était désormais superflue.  « Dégénéré. » Ses jambes faillirent sous son poids, mais elle su se rattraper à la chaise et s’y laisser tomber, le visage cette fois-ci impassible. Elle ne pouvait plus se prévaloir de sa méconnaissance de la nature de son jumeau désormais. Le secret de Lorcan était le sien qu’elle le veuille ou non. Il lui faudrait soit le garder soit le trahir. Elle passa une main sur ses traits fatigués, sur son visage à la peau d’albâtre encore plus blanche que d’ordinaire, à la recherche de la solution miracle qui n’existait évidemment pas. Elle était dans une impasse totale entre ce qu’elle devait faire, mais dont elle ne se sentait pas capable et ce qu’elle avait envie de faire qui lui était pourtant interdit. « Tu dois partir. » parvint-elle finalement à dire, malgré le gout de bile dans sa bouche, se massant la tempe. « Pars, dégage. » ajouta-t-elle avec un peu plus de vigueur sans relever les yeux vers lui toutefois.

Elle ne pouvait affronter ses choix. Pas ce soir-là. Elle ne pouvait pas offrir sa libération à son frère le jour de son anniversaire, pas quand c’était aussi le sien et que cette même libération signifiait la destruction de son âme à elle. Elle ne pouvait pas non plus le prendre dans ses bras et lui assurer que tout irait bien, parce que même si l’on pouvait considérer qu’elle ne lui devait plus rien, elle n’avait pas à lui mentir non plus. Tout n’irait pas bien, ni pour elle ni pour lui. Un an plus tôt elle n’avait osé se demander ce que ça serait de découvrir son frère mutant parce qu’elle se doutait déjà que ça serait beaucoup trop dur à affronter. Aujourd’hui elle voyait bien qu’elle n’avait rien mesuré du tout. Que c’était infiniment pire que d’être elle-même dégénérée, que d’avoir à planter le couteau dans son propre corps. Qu’elle était malade rien que de penser qu’elle avait pu songer un seul instant à planter la lame dans celui de Lorcan. Pire encore à l’idée qu’elle devrait le faire un jour ou voir quelqu’un d’autre le faire à sa place. Et qu’elle n’aurait pas le droit de le défendre. Que même ne pas le dénoncer serait être coupable de complicité. Prise d’un accès de folie elle bouscula la vaisselle sur la table au sol. « Dégage Lorcan, dégage maintenant, dégage tout de suite avant que…avant que… » Avant qu’elle ne perde totalement pied, qu’elle ne sache plus se contenir qu’elle lui hurle dessus pour se blesser elle-même. Avant qu’elle ne commette l’irréparable sur lui ou sur elle. Avant qu’elle ne se cogne la tête contre les murs, qu’elle ne s’enfonce les ongles dans la peau. Avant qu’elle n’use de ce couteau-ci ou d’un autre, avant qu’elle ne crée plus de dégâts et qu’elle ne crache des paroles qu’elle regretterait plus tard. Il connaissait les règles, il savait ce que sa condition impliquait, elle pouvait bien envisager que c’était pour ça qu’il s’était tût, parce qu’il connaissait la sentence. Il la savait aussi dévouée à la cause. Et si sa mère avait du mourir alors pourquoi pas son frère ? Au nom de quoi le sauverait-elle quand elle avait su applaudir le courage de sa génitrice ? Elle voulait rire devant ce retournement de situation au moins autant qu'elle avait envie de pleurer.


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Lorcan Wolstenholme
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MessageSujet: Re: heaven can't help us now ≈ wolstenholme twins   heaven can't help us now ≈ wolstenholme twins Icon_minitimeVen 23 Oct 2015 - 21:09


heaven can't help us now
lorcan & aspen
Lorcan se souvenait avec netteté de la première fois où il avait abordé avec Aspen le suicide de leur mère, juste après qu’ils aient appris la vérité sur son geste. Leur père venait de leur expliquer et les avait laissés seuls tous les deux pour qu’ils aient le temps de digérer la nouvelle. Ils étaient assis dans sa chambre à elle, lui sur le lit et elle sur le tapis, il suivait du doigt le contour d’un motif sur sa couette, inlassablement, comme hypnotisé. Il ne savait pas comment formuler tout ce qui se bousculait dans sa tête. Ils avaient gardé le silence un bon moment, puis Lorcan avait ouvert la bouche pour parler, mais Aspen l’avait devancé en lâchant un juron sonore. Et tout de suite après, alors que lui était encore abasourdi et incapable de réfléchir correctement, elle avait affirmé qu’elle était tout à fait d’accord avec sa mère, et que tout bien réfléchi elle était même bien contente qu’elle se soit tuée. Ce jour là, Lorcan n’avait pas eu le courage de se battre avec elle, et il n’avait pas dit grand-chose, se taisant pour ne pas contrarier sa jumelle dont les larmes brillaient aux coins de ses yeux malgré ses mots tranchants. Il n’était pas d’accord, lui. Il n’avait jamais compris pourquoi elle s’était tuée, mais avoir soudain la raison de son geste, après des années d’ignorance, ne lui apportait finalement aucun réconfort. Aspen avait certifié que sa mère avait été un monstre et qu’elle avait été courageuse d’en terminer avec la vie plutôt qu’apporter la honte sur leur famille. Lorcan avait convenu qu’avoir une mère mutante, ça aurait été insupportable et dégradant, mais il s’était aussi dit que leur mère n’avait jamais été un vrai monstre. Pas avec eux. Cette réflexion, il se l’était gardée pour lui. Et quand des semaines plus tard il avait enfin affirmé son opinion devant Aspen, elle l’avait regardé avec incrédulité, incapable de comprendre qu’il ne puisse pas accepter ce suicide comme la chose la plus naturelle qui soit. Leurs parents leur avaient toujours dit que les dégénérés étaient des monstres, à éliminer. Et leur mère s’était tenue à cette opinion jusqu’à la fin. Il n’avait pas le droit de remettre ça en question. Pour la toute première fois leurs avis divergeaient totalement, et sur le seul sujet qui ait réellement de l’importance dans leur famille. C’était sa mère, avant d’être une dégénérée ! Voilà ce qui comptait, voilà ce qu’Aspen semblait oublier. Ils s’étaient toujours disputés à ce sujet et avaient peu à peu arrêté d’en parler, voyant que l’autre ne changerait pas d’avis. Lorcan était resté terrifié qu’Aspen puisse s’avérer mutante, parce qu’elle resterait sa jumelle avant d’être quoi que ce soit d’autre, et seul le dépistage l’avait libéré de cette angoisse constante.

Les mois et les années étaient passés. Et à présent, c’était Lorcan qui marchait sur le fil, sur la mince limite qui définissait ce qu’il était. Un monstre, ou un frère ? Un dégénéré qu’il fallait éliminer au plus vite, ou la personne qui partageait sa vie et son âme avec elle depuis le tout premier jour ? Il était les deux, il se considérait autant comme un mutant doté d’une capacité contre nature que comme le jumeau d’Aspen, mais elle, que verrait-elle en lui ? Il la connaissait trop bien, il savait quelle décision elle pouvait prendre, et il en était déjà glacé. Cette soirée avait hanté ses cauchemars depuis le tout premier jour. La pire crainte qu’il puisse avoir, c’était qu’elle ferme les yeux sur l’amour qu’elle lui portait pour ne plus voir que sa mutation. Il n’y avait rien d’autre qui ait plus d’importance pour lui que la décision qu’elle allait prendre, ou qu’elle avait peut-être déjà prise. Il n’avait pas eu besoin de prononcer le mot fatidique pour qu’elle comprenne, il l’avait lu sur son visage quand il s’était excusé, et que les larmes avaient soudain empli ses yeux avant de dévaler le long de son visage de porcelaine. Elle venait de réaliser ce qu’il était, et la distance qui les séparait soudain. Ses larmes avaient causé une douleur insoutenable à Lorcan, dont la gorge s’était serrée davantage. Mais il avait attendu en vain qu’elle l’arrête, qu’elle parle, et devant son silence implacable il n’avait pas eu d’autre choix que de prononcer le mot. Celui qui détruisait tout, celui qui avait hanté leur enfance, celui qu’ils avaient prononcé en chuchotant quand ils se cachaient sous leur couette, la nuit, en se racontant des histoires à faire peur … Combien de fois ils avaient frissonné en prononçant ce mot, combien de fois ils s’étaient serrés l’un contre l’autre, les yeux agrandis d’effroi en imaginant les horreurs que ces quelques lettres signifiaient ! Pour finir par en rire, complices. Ils étaient enfants, et s’ils s’amusaient avec ce mot, c’était parce qu’ils étaient deux et qu’il leur suffisait de se tenir par la main pour se sentir invincibles face à cette menace diffuse. Ensemble, ils étaient plus forts qu’un mot, plus forts qu’un concept. Mais ce mot qui les avait attachés si longtemps venait de rompre le lien sacré. Ce n’était plus Aspen et Lorcan contre les dégénérés.

Le visage d’Aspen prit la couleur de la craie, et elle se laissa tomber sur sa chaise. Le coup de tonnerre qu’il avait espéré voir s’abattre sur lui avant de prononcer le mot détesté était finalement tombé sur elle. Et cette fois, il fallait qu’elle réagisse. Elle n’avait plus d’autre choix, il l’avait mise face à la vérité la plus crue, et il attendait une réponse, n’importe laquelle. Son mutisme le rendait fou parce qu’il imaginait le pire, et qu’il ne cessait d’espérer le meilleur. Il ne voulait plus imaginer ou espérer, il savait la réalité bien plus dure que tout ce qu’il avait en tête mais il fallait s’y confronter, à présent. « Tu dois partir. » Les mots s’insinuèrent en lui comme une des lames qu’elle affectait tant. Tranchant dans le vif. « Pars, dégage. » L’usage de ce dernier mot sonna durement aux oreilles de Lorcan, qui y entendit l’accent de la chasseuse en colère. Comme une insulte, ou une mise en garde qu’elle lui offrait avant de tirer. Dans les deux cas, cela ne lui laissait plus aucun espoir : elle avait fait son choix. Dégénéré il serait, à présent. Mais même face à cette constatation, il ne bougea pas. Incapable de détacher son regard d’elle, trop empli de douleur pour esquisser le moindre mouvement. Ses membres pesaient trop lourds, son sang s’était figé. Une statue de pierre … Si seulement il avait pu devenir cette statue, et fusionner avec un matériau inerte pour ne plus ressentir cette déchirure qui ne cessait de grandir au fond de lui. Pourtant ses muscles réagirent quand Aspen rejeta la vaisselle devant elle d’un grand mouvement des bras, la fracassant au sol dans un bruit épouvantable. Il sursauta, pauvre chose épouvantée, les yeux écarquillés, face à ce geste qui trahissait la fureur de sa jumelle. « Dégage Lorcan, dégage maintenant, dégage tout de suite avant que…avant que… » Elle n’avait pas à terminer sa phrase, il comprenait parfaitement. Et il comprenait aussi qu’elle lui offrait une longueur d’avance avant de prendre sa décision. Il aurait du claquer la porte et s’enfuir en courant, mais il ne pouvait toujours pas. Tant qu’il restait dans cette pièce, elle était encore sa sœur jumelle, il restait encore quelque chose d’eux … Dès qu’il serait sorti, tout cela serait anéanti. Il le savait. Si elle ne le tuait pas maintenant, c’était parce qu’il restait un semblant de lien entre eux que la distance allait briser. Quand il aurait disparu de sa vue, elle pourrait réfléchir la tête froide et prendre la seule décision qui s’imposait. « Je vais partir. » Articula-t-il d’un ton rauque. C’était si difficile de se remettre à parler … « S’il te plaît … Ne le dis pas à papa. Ou à Cali. » Oh, il savait qu’il ne pouvait pas lui demander une chose pareille, il n’en avait pas le droit. Il n’avait plus aucun droit, en vérité, mais il se devait de demander – presque d’exiger. « Je ne sais pas encore ce que je vais faire … » Parce qu’il n’avait pas eu le temps d’y réfléchir en plus d’un an, peut-être ? Mais même en ayant tourné et retourné le problème dans tous les sens, il n’avait jamais trouvé aucune solution. Et acculé comme il l’était, il suppliait pour obtenir plus de temps. Car c’était bien ça qu’il faisait, dans le fond. Il conjurait sa sœur de lui laisser encore la vie sauve pendant quelques jours, semaines, mois. Elle aurait du le tuer, dès maintenant, si elle avait écouté les préceptes de leur père. Elle lui laissait du temps en le renvoyant, mais il se sentait l’obligation de lui dire qu’il avait l’intention de … De quoi ? Il n’en savait fichtre rien ! Mais il voulait arranger les choses. Faire quelque chose, n’importe quoi ! « Mais je ne veux pas mourir. Pas maintenant. Je ne vais pas me tuer, tu le sais. » Il n’avait jamais imaginé pouvoir dire ces mots, il avait l’impression de cracher sur la tombe de sa mère et d’insulter sa mémoire, mais il n’y avait rien de plus vrai dans ce qu’il disait. Malheureusement. Il s’accrochait à la vie malgré le dégoût qu’il s’inspirait. « Mais plutôt que papa, je préfèrerais que ce soit toi qui t’en occupe, si tu crois … si tu crois que tu dois le faire. » S’il fallait mourir, il voulait mourir de sa main plutôt que de celle de n’importe qui d’autre. Mais s’il fallait choisir, il préférait encore qu’elle s’en abstienne … Il espérait juste que cette précision la fasse hésiter un peu. Il espérait juste que cette éventualité lui fasse aussi horreur qu’à lui.  


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MessageSujet: Re: heaven can't help us now ≈ wolstenholme twins   heaven can't help us now ≈ wolstenholme twins Icon_minitimeMer 11 Nov 2015 - 23:59


heaven can't help us now
lorcan & aspen
Dans les oreilles d’Aspen, une sorte de grondement sourd remplissait l’espace, comme si elle entendait de loin quelque chose d’effondrer, et la jeune femme songea non sans ironie que c’était surement sa vie qui était en train de s’écrouler. Lorcan était … Comme Eux. Eux, les Autres, Ceux qui n’étaient pas comme eux, Ceux qu’on leur avait appris, avec application, à détester et à éliminer. Il portait en lui ce truc atroce qui leur avait arraché leur mère treize ans plus tôt, et il se tenait là, devant elle, et tout ce qu’il avait à dire, c’était « le dit pas à Papa » ? C’est tout, mais il avait perdu l’esprit ? Il n’avait pas fait une bêtise, c’était pas une histoire de joint fumé dans les toilettes du bahut ou de rayure sur la carrosserie de la voiture familiale. Il était POSITIF, une saloperie de gêne déviant s’était incrustée dans son gène ADN pour … Pourquoi donc d’ailleurs ? Leur pourrir la vie ? Les séparer ? C’était injuste, rien ni personne ne pouvait les séparer. Et puis pourquoi lui ? Pourquoi pas elle ? Ils avaient grandi dans le même ventre, partagé le même cordon alors pourquoi, pourquoi ce truc s’était greffé à lui et pas à elle ? Il n’y avait aucune logique, et la pragmatique Aspen ne supportait pas ça, pas plus qu’elle ne pouvait supporter tout ce qu’elle voyait dans le regard de son jumeau. Elle s’était battue toute sa vie pour ne jamais voir ce genre de chose dans les yeux de Lorcan, en tout cas jamais dans un regard qui lui serait destiné. Elle avait l’impression de se mutiler en soutenant le regard de son jumeau, qui continuait à l’ouvrir comme si, en lui parlant, il réussirait à l’apaiser, à la raisonner, comme il le faisait depuis qu’ils avaient l’âge de parler. Sauf que tout se mélangeait dans sa tête, trop d’informations se percutaient dans son cerveau sans trouver de corrélations, de rapports, d’excuse. Alors elle se taisait, se contentait de le contempler fixement, comme si elle cherchait son frère derrière le mutant, derrière le monstre aux capacités inconnues.

Sa dernière réplique arracha un ricanement étranglé à la jeune femme jusque-là silencieuse… Déjà il pensait au pire, et le nœud qui nouait sa gorge descendit dans son estomac comme du plomb liquide, lui donnant la nausée. C’était Apollon qui demandait grâce à Artémis, Castor se rendant à Pollux, Luke attendant la sentence de Leïa : c’était du grand n’importe quoi et ça, cela mettait la jeune femme en colère. Cette émotion lui faisait du bien parce qu’au moins la colère, elle l’identifiait, elle savait ce qu’elle était et comment la gérer, contrairement à tout le reste. Lorcan n’aurait ni la décence ni le courage de s’ôter la vie comme aurait pu le faire leur mère, mais par contre, elle devrait s’y coller ? Non mais il se prenait pour qui, à refuser de se salir les mains comme ça ? A lui demander de faire ça comme si c’était sa punition pour être le plus intimement lié à lui ? Mais quel …. Quel …

- Connard.

L’insulte avait était lâchée comme une sentence par une Aspen aux petits poings serrés et aux yeux lançant des éclairs. Elle avala les quelques mètres qui la séparait de Lorcan en deux enjambés rageuses, se plantant devant lui, levant la tête pour ne pas le lâcher des yeux. Il lui avait menti, pendant quoi, des mois ? Des années ? S’il lui avait caché quelque chose d’aussi terrible, combien d’autres choses lui avait-il dissimulé ? Et maintenant que la bombe était lâchée, il allait partir tranquillement, les yeux justes humides et l’air vaguement penaud. C’était trop facile ça, il était hors de question qu’il s’en sorte facilement.

- Et maintenant quoi, Lorcan ? Je prends le couteau de cuisine et je t’éviscère sur le tapis ? Ou je te laisse partir pour attendre que tu sois seul et isolé, et je te colle une balle dans le crâne ?

Le ton montait progressivement à mesure que sa langue se déliait, les décibels montaient en même temps que l’hystérie, le désespoir dans la voix de la moitié du tout.

- T’as parfois été un sombre crétin Lorcan, mais t’étais un crétin Honnête. Quand il t’arrivait un truc, on l’affrontait ensemble, ENSEMBLE ! Et maintenant tu me lâches ça en me laissant le luxe du choix ? Non mais quel cadeau de merde !

Autant de vulgarité ne seyait absolument pas dans la bouche délicate de la jeune femme, mais l’émotion faisait basculer toutes les conventions, alors qu’elle poussait Lorcan de toutes forces tremblantes. Car oui, Aspen tremblait, sans savoir si c’était de rage, d’énervement ou à cause des sanglots qui lui montaient dans la gorge :

- Je vais être Toute seule Lorcan, et se sera de TA faute ! T’avais pas le droit, pas le droit d’être ça et de pas le dire, de le taire et de faire comme si ça venait de moi ! T’as déjà commencé à m’abandonner parce que t’es un putain de LACHE qui attend que je prenne le choix à ta place !

Ses poings s’écrasèrent sur le torse de son frère rageusement, tambourinant, martelant sa poitrine sans aucune force. C’était ça la raison de cette distance soudaine, l’espacement des messages, les rendez-vous manqués… Il la préparait à son absence, parce qu’il savait qu’il finirait par se faire attraper... C’était dégueulasse de jouer avec elle comme ça, de jouer avec ce qu’il savait être sa terreur, leur terreur la plus profonde, et de se faire le prophète de leur propre malédiction.

- Je te déteste. Je te déteste. Je te déteste.

Son front était venu se cogner contre le thorax de son frère, juste entre ses deux poings tremblants. Il n’avait pas le droit, pas le droit. Etre un monstre était une chose. L’abandonner en était une autre. Je te déteste Lorcan. Je t’aime. Ne m’abandonne pas, pas comme ça.




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MessageSujet: Re: heaven can't help us now ≈ wolstenholme twins   heaven can't help us now ≈ wolstenholme twins Icon_minitimeSam 14 Nov 2015 - 20:52


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« Connard. » L’insulte fusa, tranchante, et Lorcan sut qu’Aspen ne l’avait jamais autant pensé qu’aujourd’hui. Des insultes, il y en avait eu entre eux, bien sûr. Plus d’une fois, comme dans toutes les fratries, comme il y en avait eu avec Calista aussi. Mais ça n’avait jamais eu la même signification qu’aujourd’hui, où Lorcan pouvait lire dans le regard de sa jumelle toute la rage qu’elle bouillait de laisser exploser. Il venait de lui demander d’être celle qui le tuerait, si quelqu’un devait le faire, et il se prenait un connard en retour.  Logique. Mais pour lui, il n’y avait rien de plus logique que d’attendre d’elle qu’elle fasse le geste fatidique. Il n’irait pas le demander à son père, il n’irait pas le demander à Calista, et encore moins à un chasseur lambda. Il ne voulait pas mourir, il s’accrochait farouchement à sa vie malgré l’horreur qu’elle lui inspirait, mais il pourrait un peu mieux accepter le trépas s’il venait d’elle. Parce qu’il ne pourrait pas vivre bien longtemps s’il savait qu’elle le haïssait, et que sa résolution ne serait pas bien vivace s’il devait croiser son regard tous les jours … Ce regard qu’elle lui adressait justement, et qui le transperçait littéralement. Il brûlait sous ses yeux, il en ressentait la douleur physique, là, dans le creux de sa poitrine où son cœur se tenait encore juste avant qu’elle n’aborde ce sujet. Juste avant qu’elle ne sache la vérité. « Et maintenant quoi, Lorcan ? Je prends le couteau de cuisine et je t’éviscère sur le tapis ? Ou je te laisse partir pour attendre que tu sois seul et isolé, et je te colle une balle dans le crâne ? » Questions rhétoriques auxquelles il ne fallait pas qu’il réponde sans risquer d’exciter encore davantage la colère qui se multipliait en elle à une vitesse folle. Mais il avait très envie de lui dire qu’elle avait l’embarras du choix et qu’il ne ferait rien pour l’en empêcher. Elle saurait mieux que lui ce qu’il convenait de faire de son cas … Parce qu’il avait été incapable de prendre une décision depuis plus d’un an et que ce n’était plus maintenant qu’il le ferait. Il garda le silence, pourtant, essuyant sa colère sans rien dire. Il le méritait bien. « T’as parfois été un sombre crétin Lorcan, mais t’étais un crétin Honnête. Quand il t’arrivait un truc, on l’affrontait ensemble, ENSEMBLE ! Et maintenant tu me lâches ça en me laissant le luxe du choix ? Non mais quel cadeau de merde ! » Sur ces paroles, elle le poussa violemment – ou aussi violemment qu’elle le put, ce qui n’était pas la meilleure performance qu’elle lui ait donné. Mais l’émotion la faisait trembler, elle était loin du terrain d’entraînement où elle brillait tant. Elle était complètement défaite, et il ne pouvait que la fixer avec impuissance. « Je sais … » Oui, il savait, mais ce cadeau là il n’avait jamais voulu le lui faire. Jamais. Et elle devait bien le savoir au fond d’elle, mais sa colère ne lui laissait pas le loisir de s’en rendre compte. « Je vais être Toute seule Lorcan, et se sera de TA faute ! T’avais pas le droit, pas le droit d’être ça et de pas le dire, de le taire et de faire comme si ça venait de moi ! T’as déjà commencé à m’abandonner parce que t’es un putain de LACHE qui attend que je prenne le choix à ta place ! » Cette fois elle se mit à frapper sur son torse de ses poings serrés, martelant chaque mot avec ses coups, mais elle avait beau s’acharner, rien ne faisait plus de mal que ce qu’elle lui disait. Il ne voulait pas l’abandonner. Il n’avait jamais voulu la laisser seule, il voulait être toujours avec elle. « Je te déteste. Je te déteste. Je te déteste. » Sur cette terrible déclaration, elle s’arrêta de le frapper, et posa son front contre son torse … Ses sanglots secouaient sa frêle carrure, et il se rendit compte juste à ce moment là qu’il pleurait, lui aussi. En silence alors qu’elle exprimait sa rage et sa peine de la façon la plus bruyante qui soit, comme ils l’avaient toujours fait. Cette pensée fit naître une nouvelle vague de douleur dans la poitrine de Lorcan. Ils étaient toujours les mêmes, malgré tout …

Il referma ses bras autour d’elle et la serra contre lui. Elle allait peut-être le repousser, mais il la garda contre lui et inspira son parfum familier. Puis il la relâcha maladroitement et recula, déjà, trop vite. Il ne pouvait pas se permettre de maintenir ce contact, il avait l’impression que ça allait le consumer s’il se l’autorisait encore. « Qu’est-ce que tu voulais que je fasses ? Je pouvais pas venir te voir pour te l’annoncer. J’ai jamais accepté ça, je voulais pas que tu le saches, c’est tout ! C’est trop dur pour moi de me regarder dans un miroir. Mais c’est encore pire si c’est toi qui me regardes. » Il se frotta nerveusement le creux du bras, là où sous son pull se trouvaient les multiples cicatrices de ses entailles. Ca, c’était la véritable monstruosité, et elle n’était même pas encore au courant. Et il refusait qu’elle le sache, même s’il fallait qu’elle le traite de lâche encore et encore. Ou qu’elle le déteste. C’était trop tard pour remédier à ça de toute façon. « On peut pas faire ça ensemble. On peut pas. Ensemble, c’est fini. T’es hunter, et moi je suis le monstre que tu chasses. Y’a pas d’ensemble là-dedans. » Ca le tuait, de dire ça. Mais ils n’auraient jamais pu résoudre ce problème ensemble comme ils l’avaient fait pour tout le reste … « Je suis désolé de pas te l’avoir dit. Je pensais que je pourrais profiter encore un peu de toi avant que ce soit vraiment fini. J’ai été lâche. Mais j’ai pas passé une seule nuit sans avoir des cauchemars sur aujourd’hui, Aspen. Je veux pas que ce soit terminé, je veux pas t’abandonner. » Il essuya ses larmes du revers de sa manche. Qu’est-ce qu’il pouvait dire pour se racheter, hein ? Il ne pouvait pas effacer sa mutation. Ni le fait qu’elle déteste ceux qui étaient comme lui. C’était un gouffre qui venait de se créer entre eux, et il ne voyait aucun moyen de le réduire. « Je t’aime, Aspen. J’ai jamais cessé de t’aimer. Et putain, j’ai jamais voulu ça ! Ca me tue, mais t’es une chasseuse, tu m’as répété des dizaines de fois que c’était la seule chose qui comptait pour toi ! Qu’est-ce que je suis censé faire de ça, quand tu me le dis en me regardant droit dans les yeux ? Je voulais être comme toi, je voulais qu’on aille chasser les dégénérés ensemble ! C’est ça qu’on était censés faire ! Mais j’avais peur à chaque fois que je te regardais. A chaque fois que t’allais en tuer un autre. A chaque fois … que je me demandais si le prochain, ce serait moi. »
 


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MessageSujet: Re: heaven can't help us now ≈ wolstenholme twins   heaven can't help us now ≈ wolstenholme twins Icon_minitimeMar 17 Nov 2015 - 22:06


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Et il restait là,  à la fixer d’un air béta et totalement silencieux. Cela insupportait Aspen au plus haut point, cette apathie de vaincu, alors qu’il n’essayait même pas de se défendre, pas même un tout petit peu, ni même de lui répondre. Mais non, il reste là les bras ballants, alors qu’elle déballe toutes les inepties qu’elle a sur le cœur. Faut dire qu’elle encaisse, Aspen, et ça depuis des mois : il y avait d’abord Salomé refusait de lui parler depuis la fête des fondateurs, puis  Noeh qui faisait le mort, et Lorcan qui, maintenant, lui annonçait que plus jamais leur vie ne serait comme avant. Rajoutez à tout cela les problèmes habituels d’une jeune femme de vingt cinq ans, la pression qu’exerçait son père pour qu’elle accomplisse son devoir de chasseresse, tout ça, mis bout à bout, allait finir par l’avoir, à la longue. Surtout quand cette espèce d’asperge avec ses yeux de chiot battu se mordait les lèvres pour s’empêcher de craquer, alors qu’elle tempêtait en vociférant comme une harpie. Finalement, son souffle se fit plus court, comme si la colère lui avait coupé la respiration, l’avait vidé de son énergie. Aussi, quand il passa ses bras autour d’elle, elle resta immobile, les yeux rivés sur le sol, les épaules secouées sanglots. Elle leva les bras pour les passer dans le dos de son frère, mais déjà il reculait d’un pas, de deux. De trop.
Elle laissa ses bras retomber mollement le long de son corps, fixant toujours le bout de ses orteils. Ah ! C’est qu’il retrouvait sa langue maintenant, c’était pas trop tôt. Alors elle mordit la sienne, fort, alors que ses paroles coulaient dans ses oreilles sans qu’elle sache quoi en faire. Elle se détestait de vouloir haïr son frère comme elle les haïssait tous, de vouloir le mettre au même rang de sous homme que les autres dégénérés dont il disait partager le mal. Alors elle se mit à se frotter le bras mécanique, du bout des ongles comme si quelque chose la grattait, rampait sous sa peau, cherchait à sortir. Ça la démangeait même furieusement, et déjà ses griffes acérées rougissaient son épiderme laiteux, alors qu’elle refusait de lever les yeux vers sa moitié, les larmes coulant sur ses joues dans de larges trainées de mascara noir. Plus loin il s’avançait dans le fond de sa pensée, plus ses ongles s’enfonçaient dans sa peau, réaction épidermique brutale à tout ce que ses mots faisaient résonner en elle : Je suis le monstre que tu chasses. C’était faux, il était la raison pour laquelle elle chassait peut être, mais certainement pas dans ce sens là. Elle éliminerait tous les mutants de la terre pour être sur que jamais un seul d’entre eux touche un cheveu de son frère. Mais qui pourrait le protéger contre lui-même, s’il en venait à se faire du mal ? Il avait peur. Il avait peur d’Elle. Peut être que c’était elle alors, le monstre de Lorcan ? Elle n’avait jamais voulu ça, ils s’étaient toujours protégés mutuellement, et ça leur avait plutôt bien réussi, mais maintenant, maintenant.

Les démangeaisons étaient toujours plus fortes, et la jeune femme ravala un glapissement quand un bout d’ongle cassé vint racler la surface de l’un de ses grains de beauté, faisant poindre une goutte de sang sur la surface. Ça faisait mal, mais moins mal que les paroles de son frère. Elle sentait la main invisible de Lorcan serrer son cœur qui s’agitait dans sa poitrine, l’écrasant comme un fruit trop mur. Finalement, elle ne savait même plus qui de son silence ou de ses mots lui faisaient le plus de mal, chacun étant l’aveu de leur échec partagé, et elle avait l’impression de devenir complètement folle. Les pensées s’entrechoquaient, se percutaient dans sa tête au rythme de ses battements de cœur désordonnés, et elle ne savait plus comment réagir à tout ça. Elle redoutait le présent autant que le futur, de s’endormir loin de lui et de se réveiller en sachant qu’un jour, il mourrait, avant elle. Elle ne savait plus si sa colère était orientée contre lui, contre elle-même, contre elle-ne-savait-quel karma ou destin de merde on leur avait infligé. Alors elle continuait à se gratter le bras jusqu’au sang, comme si s’éplucher vivante était le seul exutoire à sa détresse. Et elle tremblait aussi, beaucoup, s’humectant les lèvres avant de murmurer d’un souffle à peine audible :

- J’y arriverai jamais Lorcan. Je pourrais pas le faire, ou alors il faudra que je meure en même temps. C’est la seule solution.

Parce que l’un ne vivrait pas sans l’autre, ils en étaient tous les deux douloureusement conscients. Ils étaient l’ombre l’un de l’autre, reine et roi sur leur propre échiquier, découvrant qu’ils n’étaient pas de la même couleur. Elle releva ses iris devenues si sombres dans les siennes, et il pouvait y lire une peur toute différente que celle qu’il aurait pu imaginer. Du bout des doigts, elle attrapa les siens, après tout il ne se tenait pas si loin. Elle n’avait pas peur De lui, elle avait peur Pour lui, pour eux. Mademoiselle Je Sais Tout ne savait plus rien, et cela la terrorisait.

- Qu’est ce qu’on va faire, Lorcan….





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MessageSujet: Re: heaven can't help us now ≈ wolstenholme twins   heaven can't help us now ≈ wolstenholme twins Icon_minitimeMer 25 Nov 2015 - 20:45


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Les jumeaux Wolstenholme. C’était drôle, ce lien qui les avait toujours unis, qu’ils avaient crus incassable et immuable. Enfants, ils se disaient qu’il y avait une sorte de lien télépathique qui les reliait, jusqu’à ce que leur mère se tue et que leur père leur flanque une rouste monumentale, en les entendant évoquer ce lien de façon innocente. Ils avaient arrêté, après ça. Non, ce n’était pas de la télépathie, ils le savaient bien et n’avaient pas besoin des hurlements furieux de leur père pour le savoir. C’était juste qu’ils étaient si semblables et si proches qu’ils se comprenaient sans avoir à se parler. Ca avait toujours été le cas. Ils étaient deux personnes bien distinctes, mais ils avaient besoin de l’autre pour vivre correctement. Jamais l’un sans l’autre, malgré la distance, malgré les différences. C’était simplissime, c’était l’évidence même, c’était leur vie et il n’y avait aucune raison de la remettre en cause. Ou de songer à ce que ça change. Et voilà qu’ils se faisaient face, deux cœurs brisés, trahis par leur propre gémellité, par ce lien qui n’était peut-être pas si solide que ça. Ils partageaient beaucoup de chose, mais encore pas suffisamment de gènes pour que être certains que même devant la mutation, ils seraient égaux. Il y avait toujours eu un risque qu’ils soient touchés par la même fatalité que leur mère, mais le plus charitable aurait été qu’ils le soient ensemble, ou qu’ils ne le soient pas du tout. Seulement voilà, ce n’était pas le cas. Aspen était devenue une chasseuse comme tout le monde l’attendait d’elle, et Lorcan … était devenu le mutant qu’elle devait détester. C’était ce qu’on attendait d’elle. C’était ce que même Lorcan attendait d’elle, bien qu’il détestât cette idée. Il savait bien comment ils avaient été formatés, il ne pouvait pas s’attendre à autre chose. Mais ça faisait tellement mal, de la voir ainsi, déchirée entre son amour pour lui et tout ce en quoi elle croyait si fermement !

Lorcan n’arrivait pas à détacher son regard de sa jumelle, attendant qu’elle dise quelque chose … Qu’elle le rassure ou qu’elle l’insulte, mais qu’elle cesse de se murer dans ce silence qui le tuait. Il avait besoin qu’elle exprime ce qu’elle ressentait, il allait devenir fou à la regarder en se demandant ce qu’elle pensait ! Et tandis qu’il frottait machinalement le creux de son bras, là où il avait si souvent laissé exprimer sa mutation, il remarqua qu’elle faisait un geste similaire. Elle ne s’en rendait sans doute même pas compte, mais lui savait très bien pourquoi il avait fait ça, et il eut un nouveau pincement au cœur en pensant qu’elle avait juste un réflexe mimétique … Et comme il y avait accordé son attention, il ne manqua pas le moment où l’ongle d’Aspen entailla sa peau, faisant apparaître une minuscule goutte de sang. Une envie de vomir lui serra les tripes presque immédiatement. Il avait chaud, tout d’un coup, et le sang cogna à ses oreilles avec une vigueur redoublée. L’ironie de la situation lui apparaissait dans toute sa splendeur et il en aurait hurlé. Mais il ne pouvait même pas bouger, figé dans la même posture, obnubilé par cette goutte de sang. « J’y arriverai jamais Lorcan. Je pourrais pas le faire, ou alors il faudra que je meure en même temps. C’est la seule solution. » Il cligna des yeux, remonta vers le visage d’Aspen, et la fixa avec hébétude. Qu’elle meure ? Pendant une seconde, il avait perdu le fil de la conversation, mais ses mots venaient de le ramener brutalement à la réalité. Il secoua la tête, désespéré. « Le fait pas, alors. J’ai pas envie que tu meures … et surtout pas à cause de moi. » Elle attrapa soudain sa main, et il sentit ses doigts chauds se glisser entre les siens. Il les serra de façon automatique, parce que c’était ce qu’il avait toujours fait. Parce qu’il n’en revenait pas qu’elle le touche encore … Mais il sentit battre contre sa paume le rythme de son sang, et il se glaça littéralement. « Qu’est ce qu’on va faire, Lorcan…. » Il n’en savait rien, bon dieu ! Elle le regardait avec un air presque suppliant, comme s’il pouvait réellement trouver une solution à cette situation merdique, mais il n’avait rien à lui proposer. Il n’avait jamais eu de solution et il en avait encore moins à cet instant précis, où la seule chose qui occupait tout son esprit était le brusque afflux sanguin qui battait, encore et encore. Il parvenait la plupart du temps à l’ignorer, voire même à l’oublier, mais là … Là, il en était beaucoup trop conscient. Il retira brutalement sa main de celle d’Aspen et recula de plusieurs pas, la panique prenant le pas sur tout le reste. Pas maintenant, pitié, pas maintenant ! « Je sais pas …  J’en sais rien, putain ! » Il se prit le visage entre les mains, tentant désespérément de se calmer, et de faire redescendre la pression qui lui comprimait le crâne. « Fais pas ça, Aspen … » Il revint vers elle, lui prit le bras pour qu’elle arrête de se gratter la peau, enserra sa main dans la sienne. Il attrapa une serviette sur la table et essuya délicatement la goutte de sang, comme si ce geste dérisoire pouvait tout arranger. Il tenait toujours Aspen par le bras et il sentit sa paume le brûler, mais il ne réagit pas assez vite. Il savait ce que ça faisait, sur lui, quand il laissait échapper ses pouvoirs. Il l’avait fait des dizaines de fois, mais c’était loin d’être suffisant pour qu’il sache vraiment comment ils fonctionnaient, ce qu’ils pouvaient faire … Ou quand ils se déclenchaient. Il retira vivement sa main, relâchant une nouvelle fois sa jumelle, mais c’était trop tard. Un hématome violacé s’étalait déjà sur sa peau fragile, un hématome qui avait l’exacte forme de sa main. Lorcan fixa cette marque avec une horreur sans nom, l’ampleur de ce qu’il avait fait prenant toute sa réalité dans sa tête. « Je … Je …  J’suis désolé, je voulais pas … Aspen … Je voulais pas … » Il l’avait fait. Il avait utilisé sa mutation sur elle, il l’avait blessée.
 


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MessageSujet: Re: heaven can't help us now ≈ wolstenholme twins   heaven can't help us now ≈ wolstenholme twins Icon_minitimeMer 25 Nov 2015 - 23:47


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Ça la grattait, bon dieu ce que ça la grattait. C’était étrange, elle n’avait jamais été sujette à l’exéma ni à tout autres problèmes de peau : Elle avait toujours pris un soin tout particulier à avoir un teint parfait, une peau bien hydratée, grâce à une loterie génétique favorable –encore une fois- elle n’avait jamais eu vraiment d’acné ni la peau trop sèche. Et pourtant là elle avait l’impression qu’une fourmilière s’agitait sous sa peau nerveusement, lui donnant envie de racler son épiderme jusqu’au sang, sans ressentir le moindre soulagement. A croire que c’était autre chose. Alors elle continuait, inlassablement, enfonçant ses ongles manucurés de plus en plus profondément dans ses chairs, en vain.

Il n’avait pas envie qu’elle meure, pas à cause de lui. Et à cause de qui alors, et surtout, pour qui ? La jumelle aurait voulu être capable d’aspirer sa mutation, de devenir un monstre elle-même pour être capable de se suicider proprement, d’une main ferme, comme leur mère l’avait fait si courageusement il y a plus de dix ans. La mort ne lui faisait pas peur en elle-même, c’était celle de Lorcan qui la terrifiait. Son absence, la solitude, si tragique et entière, elle ne pourrait pas la supporter. Alors elle fixa leurs mains liées, ses ongles peints contre ceux toujours trop courts de son jumeau. Bien sur, il n’avait pas de réponse à sa question, qu’elle savait rhétorique au final : enfin, non, peut être que Lorcan était capable de remonter dans le temps, et il pourrait revenir en arrière, se vacciner, et vivre en humain comme elle… Ou peut être pouvait il lui effacer la mémoire, maintenant qu’il avait eu un aperçu de sa réaction. Peut être était-ce la douzième fois qu’il tentait le coup, et les onze fois précédentes, elle l’avait déçu. C’était peut être pour ça qu’elle avait l’impression de ne pas l’avoir vu depuis des mois : elle avait foiré à chaque fois, et il avait tout effacé, en espérant peut etre une meilleure réaction de sa part. ça faisait sens, quand on y réfléchissait bien. Sauf que voilà, elle n’avait pas la moindre idée de la forme que prenait le « mal » de Lorcan. Et elle n’oserait probablement jamais le lui demander. Vouloir des précisions, c’était accepter le fait qu’il était un mutant. Elle était encore loin, très loin de tout ça.

Elle haussa un sourcil devant la réprimande de son frère, sans comprendre : faire quoi ? Le tuer ? Ou se gratter ? Elle avait l’impression que tout se mélangeait dans un galimatias sans queue ni tête. Aussi elle lui tendit le bras sans trop y penser, mécaniquement, le laissant essuyer la ridicule trace de sang dans le pli de son coude. Ses yeux étaient rivés sur son bras gauche rougi, sans qu’elle ne réagisse à la main de son frère sur son autre bras : c’était Lorcan, son contact lui était tellement familier qu’elle n’y faisait même plus attention.

Jusqu’à présent.

Elle sentit comme un échauffement, puis une brulure, à l’exact emplacement où la peau de Lorcan touchait la sienne. Elle le vit bondir en arrière avec un regard d’effroi, sans qu’elle n’ait conscience de ce qui venait de se passer : quoi, il lui avait tordu le bras sans faire attention ? Il l’avait serré trop fort ? ça faisait mal, mais il lui avait mis des roustes plus violentes que ça quand ils étaient plus jeunes, c’était quoi cette tête ? Elle tordit son bras pour vérifier qu’elle n’avait rien, et une seule syllabe sortie de sa bouche :

- Oh .

C’était donc ça qu’il pouvait faire. Il pouvait lui faire du mal, d’une manière ou d’une autre. Ce bleu était tout sauf naturel, jamais il n’aurait pu claquer sa peau aussi fort pour que l’empreinte soit aussi précisément imprimé. Elle laissa son bras retomber le long de son corps, relevant les yeux vers Lorcan, croisant son regard mortifié, ses lèvres tremblantes. Dans celui d’Aspen, pas d’agressivité, pas de peur ni même de violence. Elle n’était, étonnement, même pas dégoutée ou écœurée. Il n’y verrait qu’une immense et profonde tristesse : Lorcan est son frère jumeau. Lorcan était un mutant. Il serait toujours son frère, toujours, mais il faisait aussi partie des « autres », qu’il le veuille ou non. Et en tant que mutant, il était dangereux. Il ne voulait surement pas de mal à une mouche, il n’avait jamais été un grand violent, son frangin, mais ce n’était pas ça l’important. L’important, c’était qu’il Pouvait faire du mal. Plus que la moyenne des gens normaux. C’était pour ça que les hunters existaient, pour contenir cette menace. Pour éviter aux mutants de faire du mal aux gens. Pour éviter à Lorcan de lui faire du mal à elle. A Calista. A Salomé. A tous les gens qu’il aimait. Aspen soupira, un soupir lourd, profond. Las. Sa voix se fit plus basse, et peut être plus douce aussi :

- Il vaut mieux que tu partes Lorcan. Tu es… Tu es instable. Ça te rend dangereux, et je sais que tu ne veux pas me faire de mal. Mais tu risques de le faire sans le vouloir. Faut que tu … que tu trouves un moyen d’étouffer Ca. De le noyer, l’anesthésier, j’en sais rien. D’oublier que ça existe aussi. Je dirais rien à Papa. Ni à Cali, ni à personne. Mais il faut que tu partes. Que tu nous protèges, d’une manière ou d’une autre. Moi je … Je me débrouillerais toute seule. Vas t’en, s’il te plait …

Ce n’était plus son « dégage » d’un peu plus tôt dans la soirée, elle n’hurlait plus, ne s’agitait plus. Elle ressemblait presque à une petite fille comme ça à parler tout bas, se tenant le bras de son autre main, à le regarder un peu par-dessous. Elle l’aimait de tout son cœur. Mais il devait s’en aller, vite. Il était trop tard pour faire marche arrière maintenant …





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MessageSujet: Re: heaven can't help us now ≈ wolstenholme twins   heaven can't help us now ≈ wolstenholme twins Icon_minitimeSam 5 Déc 2015 - 17:42


heaven can't help us now
lorcan & aspen
Tache violacée sur fond blanc, l’hématome s’affichait avec netteté, et Lorcan ne voyait plus que ça. Il pouvait encore sentir la chaleur sous sa paume, comme si le flux d’énergie bouillonnait encore sous sa peau. Ca n’avait jamais été aussi net. Ni aussi horrible. Lorcan détestait sa mutation, il n’avait jamais demandé à l’avoir et il aurait donné n’importe quoi pour en être débarrassé, mais il s’était habitué à vivre avec, plus ou moins. Il savait de mieux en mieux reconnaître quand une crise arrivait, et il savait comment la gérer. A peu près. Et jusqu’à maintenant il n’avait jamais blessé personne si ce n’est lui-même, c’était la seule raison qui le poussait à apprendre à se maîtriser plutôt qu’à jeter l’éponge et à trouver des solutions plus définitives à son problème. Il était une saleté de dégénéré, mais il n’était pas un danger. Il essayait de s’en persuader. Seulement à présent qu’il fixait la marque sur le bras de sa jumelle, il se sentait plus mal que jamais. Il avait envie de gerber, il avait envie de hurler. Il avait envie de donner à sa sœur l’arme pour qu’elle l’achève. Il ne se pardonnerait jamais d’avoir utilisé sa mutation sur elle, jamais. Ca avait beau n’être qu’un gros bleu, rien de très grave, c’était déjà énorme pour lui. C’était le signe qu’il ne savait pas se contrôler, et qu’il était un putain de monstre, un danger public. Un danger pour Aspen, la seule qu’il ne voulait jamais blesser de quelque manière que ce soit. S’il suffisait qu’il pose la main sur elle (comme il l’avait fait des millions de fois ! Comme il aurait du toujours pouvoir le faire …) pour la blesser sans même s’en rendre compte, il était perdu. Il l’aurait perdue, encore plus rapidement qu’il ne le croyait. Il avait fait de gros efforts pour lui cacher sa mutation et pour qu’elle ne sache jamais ce qu’il était vraiment, tout au fond … Et même s’il avait avoué la vérité, il s’était juré de ne rien dire de ce qu’il pouvait vraiment faire, pour qu’elle n’ait pas à faire calquer son image sur celles, terribles, que leur père leur avait enseignées sur les hémokinésistes. Il s’était trahi tout seul, de la pire façon qui soit. En lui faisant du mal.

« Oh. » Il n’y avait ni colère, ni peur dans ce petit « oh », juste une certaine surprise. Il lui fallait du temps, à Aspen, pour réaliser ce qu’il venait de faire, il ne pouvait pas lui en vouloir. Il aurait mis du temps lui aussi, si elle avait soudain été capable de le blesser par un simple contact, si anodin. Du temps pour que l’idée fasse son chemin, qu’elle comprenne qu’elle ne pouvait plus se voiler la face.  Lorcan ne pouvait pas supporter le regard qu’elle posait sur lui, et il détourna les yeux. Il crevait de honte en face d’elle, en face de cette parfaite sœur jumelle à qui il aurait tant voulu ressembler, encore un peu plus, à peine plus, juste pour ne pas avoir fait ce qu’il venait de faire. Il avait marqué sa peau, il l’avait blessée. Il était la moitié imparfaite de ce duo si prometteur, et cette moitié là, finalement, il n’était pas certain qu’elle ait le droit de survivre longtemps dans ces conditions. Aspen allait-elle en arriver à cette même conclusion ? Il le fallait. Elle le devait. Elle avait compris, elle savait ce qu’il pouvait faire, et son devoir était de l’arrêter. Mais elle était sa jumelle chérie, sa moitié. Et trop charitable avec lui pour faire une chose pareille, comme elle le lui prouva une nouvelle fois. « Il vaut mieux que tu partes Lorcan. Tu es… Tu es instable. Ça te rend dangereux, et je sais que tu ne veux pas me faire de mal. Mais tu risques de le faire sans le vouloir. Faut que tu … que tu trouves un moyen d’étouffer Ca. De le noyer, l’anesthésier, j’en sais rien. D’oublier que ça existe aussi. Je dirais rien à Papa. Ni à Cali, ni à personne. Mais il faut que tu partes. Que tu nous protèges, d’une manière ou d’une autre. Moi je … Je me débrouillerais toute seule. Vas t’en, s’il te plait … » Seule. Seule, c'est-à-dire sans lui. Quelque chose qu’ils n’avaient jamais envisagé jusque là, mais qu’elle leur imposait à tous les deux, sans doute à raison, mais il ne voulait pas s’y résoudre. Il voulait rester là, avec elle, dans cet entre-deux où elle n’avait pas encore – étonnement – pris le masque de la chasseuse. Ils se regardaient en chien de faïence, il était incapable de déchiffrer ce qui se cachait derrière ses yeux brillants et ça le tuait de ne pas savoir, mais elle ne faisait montre d’aucune violence. Il ne parvenait pas à voir de haine en elle, pas envers lui, et c’était tout ce qu’il demandait. Mais s’il s’en allait … S’il la laissait se débrouiller seule, ça ne fonctionnerait pas. Elle allait se torturer avec ça, elle allait souffrir. Il ne voulait pas la quitter, il voulait s’attacher à elle et vivre éternellement à ses côtés. Est-ce qu’il pouvait demander une chose pareille ? Est-ce qu’ils avaient le droit de s’enfuir ensemble et de vivre, juste tous les deux, loin de tout ? Est-ce qu’elle le voudrait, seulement ? A une époque, il aurait répondu oui, bien sûr que oui, sans hésiter. Il passait avant tout le monde pour Aspen, tout comme elle était la première à qui il pensait quand il devait prendre une décision, se demandant si ça lui plairait, si elle serait d’accord. Aujourd’hui … C’était devenu plus compliqué. Ils ne pouvaient pas faire ça … Et il devait partir.

Il hocha la tête, la mort dans l’âme, mais sans émettre de plainte, sans se battre. C’était perdu d’avance, et il n’avait rien à dire même si son cœur hurlait de désespoir. Il savait ce qu’il devait faire. « Merci, Aspen. » C’était tout ? Non, ça ne pouvait pas être tout. Pas seulement un remerciement pitoyable – pour quoi d’ailleurs ? Pour le laisser en vie ? Quelle belle affaire ! Il s’approcha d’elle et déposa un baiser rapide sur sa joue, presque furtivement, comme s’il avait peur de lui faire mal une nouvelle fois, et il se recula très vite. « Tu vas me manquer. » C’était sorti tout seul, comme un adieu étrange, une façon de lui dire au revoir. Ca faisait mal … Il fit volte face en sentant les larmes lui monter aux yeux, et s’enfuit. Il n’y avait finalement pas d’autre mot. Une fuite …  Loin de sa jumelle, loin de la personne qui comptait le plus dans sa vie.  


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