Sujet: can you hear me ? (wolstenholme twins) Dim 6 Déc 2015 - 0:00
I've forgotten how it felt before the world fell at our feet
« Wolstenholme ! On ferme. » Lorcan releva les yeux de son bac d’eau, puis jeta un regard rapide vers l’horloge. Déjà ! Mais il n’avait pas fini la moitié de la plonge … Il était arrivé en retard au boulot ce soir, et il avait été assigné à la vaisselle en punition. C’était la tache la plus inintéressante du restaurant, et il fallait avouer que Lorcan n’y avait pas mis beaucoup de cœur … Résultat, il était monstrueusement en retard. « Laisse-moi les clés, je fermerais, et j’irais les rendre demain au chef. Il faut que je termine, sinon … » Son collègue eut un sourire entendu. Ils savaient tous les deux ce que Lorcan risquait s’il ne terminait pas son boulot. L’engueulée du chef serait monstrueuse … Et le châtiment, pire encore. Il n’était pas prêt de retoucher à un plat avant longtemps ! « Traîne pas, c’est bientôt le couvre-feu. » Lui dit-il simplement en lui lançant son trousseau de clés. Lorcan l’attrapa au vol et la glissa dans la poche de son pantalon, avant de se replonger dans sa tache. Cette fois, il s’activa de son mieux, et se dépêcha de terminer. Il avait encore une chose à faire avant de partir … Puisqu’il était arrivé en retard à cause de ça, autant régler le problème tout de suite sans attendre. Il avait du faire un détour par la pharmacie pour s’acheter une nouvelle dose de NH24, et il avait veillé à se rendre à l’une de celles à l’opposé de chez lui, là où il n’était encore jamais allé, pour être sûr de ne croiser personne qu’il connaissait. Il prenait beaucoup de précautions à chaque fois : il s’y rendait à des heures où la fréquentation était moindre, il s’habillait de la manière la plus passe-partout possible, il lui arrivait même de garder sa capuche enfoncée sur la tête … Il était mort de peur à chaque fois. Il préférait mille fois arriver en retard au boulot et se coltiner la plonge, que de prendre le moindre risque que quiconque comprenne ce qu’il allait acheter si fréquemment à la pharmacie. Maintenant qu’il avait sa dose, il n’allait pas attendre avant de se l’injecter. Il avait tout aussi peur qu’on ne le surprenne avec ce type de produit sur lui … Tous les prétextes étaient bons pour les hunters, et cette raison-là était la plus simple pour désigner un mutant. Lorcan se dépêcha donc de terminer sa montagne de vaisselle, mais quand il en termina avec la dernière assiette, son cœur fit un bond en regardant l’horloge. Le couvre-feu était déjà dépassé d’un bon quart d’heure … Lorcan jura tout haut et se dépêcha d’éteindre toutes les lumières du restaurant, de fermer les portes, et il attrapa sa veste sans prendre même une minute pour s’injecter la dose de NH24 qui attendait dans sa poche. Il ne pouvait pas se le permettre. Avec un peu de chance, les hunters n’étaient pas encore de sortie et il pourrait regagner son appartement sans en croiser un seul. Il était encore tôt, après tout.
Lorcan sortit dans la rue et fila sans demander son reste, sa capuche enfoncée sur sa tête, les mains dans les poches. Il avançait d’un pas rapide, silencieux, et veillait à rester dans les zones d’ombres, loin des réverbères. Il marcha ainsi pendant un petit moment sans rencontrer personne, et il cru qu’il allait s’en sortir, mais il entendit soudain des voix dans une rue transversale. Il n’attendit pas de voir à qui appartenaient ces voix – à cette heure-ci, il avait peu de chances de tomber sur des badauds désinvoltes. Les seuls à sortir après le couvre-feu étaient soit des hunters, soit des rebelles. Et ces derniers prenaient généralement plus de précautions pour rester discrets quand ils se déplaçaient, ils n’étaient pas assez stupides pour bavarder en toute insouciance. Il fit donc demi-tour et s’enfonça dans une autre rue, tout en pestant silencieusement. Son rythme cardiaque avait augmenté d’un cran, mais il se persuada qu’il n’avait rien à craindre pour l’instant. Il allait juste faire un détour … Seulement voilà, quand il arriva dans son quartier, il vit à une centaine de mètres devant lui deux hommes en train de fumer, et il dut une nouvelle fois faire demi-tour. Il lui était impossible d’arriver chez lui sans leur passer devant, et ce n’était pas une option … A nouveau il marcha à travers les rues, s’interdisant de regarder sa montre. Mieux valait ne pas savoir depuis quand il aurait du être rentré … Depuis quand il avait le droit d’être abattu sans que cela ne gêne personne. Bon, peut-être pas abattu, à la faveur de la nuit il avait tendance à dramatiser, mais il savait ce que les hunters faisaient aux étourdis qui se baladaient encore à cette heure-ci, et ça n’avait rien de bien réjouissant. Quand, pour la troisième fois, il détecta la présence d’un groupe pas très loin de lui, il sentit la panique s’installer pour de bon en lui. Bon sang, par où devait-il passer pour éviter ces fichus hunters ?? Lancaster faisait bien son travail, il devait l’avouer : la sécurité des braves humains normaux de la ville était assurée avec une quantité pareille de hunters quadrillant les rues … Et en attendant, qu’est-ce qu’il pouvait faire, lui ? Il regarda autour de lui, cherchant à se repérer, à trouver un nouvel itinéraire. Il avait l’impression d’être dans une nouvelle course d’orientation tordue échafaudée par son père, mais au lieu des bois il était en plein Radcliff, et au lieu de savoir qu’il retrouverait Aspen, Salomé et Noeh à la fin, il se demandait s’il s’en sortirait vivant … Il allait s’engouffrer dans une ruelle quand il vit sa retraite barrée par des ombres en mouvement, lui indiquant qu’il serait bientôt en plein champ de vision des hunters. Il fit demi-tour en trombe, traversa la route, et fit la seule chose qui lui restait : il appuya sur un interphone en priant le ciel pour qu’on lui réponde. Il du s’y reprendre à plusieurs fois, martyrisant le pauvre bouton et les oreilles de quiconque se trouvait au bout, mais il n’en avait rien à faire. Il avait vu de la lumière, et il espérait qu’on lui ouvre. C’était là que bossait Aspen, il avait déjà une excuse toute prête s‘il tombait sur le gardien, il pourrait toujours dire qu’il venait déposer un truc pour elle et … Et il ne s’attendait pas à reconnaître la voix qui lui répondit. « Aspen ? » Stupéfait, il envisagea de partir, voire même d’affronter les hunters, mais sa raison le ramena sur terre. Affronter toute une troupe de chasseurs plutôt que sa jumelle, hein ? « Ouvre-moi ... y’a des hunters partout. »
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Sujet: Re: can you hear me ? (wolstenholme twins) Dim 6 Déc 2015 - 13:10
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Aspen avait bien vu qu’il était tard, mais elle n’en avait pas grand-chose à faire : elle n’avait personne qui l’attendait ce soir à l’appartement, alors elle comptait bien s’avancer un petit peu sur ce projet histoire de ne pas y passer son week end : elle avait prévu d’aller chasser avec Isobel, et d’aller à je ne sais quelle fête « trop stylée » avec Rhaena. Elle avait commandé une boite de sushis et une soupe miso qu’elle sirotait au dessus de ses plans, son stylo planté dans le chignon de ses cheveux roux alors qu’elle vérifiait pour la troisième fois l’exactitude de ses tracés : elle n’aimait pas bosser sur les réseaux enterrés, elle préfèrait la phase construction des bâtiments, mais un immeuble sans arrivée d’eau et de gaz ni conduite d’évacuation, ça ne servait à rien. En plus, elle avait l’impression que l’ingé qui avait conçu le tracé était sous acide quand il l’avait retranscrit, et elle ne comprenait qu’une information sur cinq. Décourageant. Elle attrapa un maki pour l’enfourner tout entier dans sa bouche, avant de sursauter en entendant l’interphone dans le hall. Qui est ce que ça pouvait être encore ? Un autre archi qui aurait oublié des documents ? C’était du Matt Bummer tout craché ça tient, il portait bien son nom celui là. Aspen s’était toujours demandé comment le big boss avait pu l’engager celui là, dans la catégorie inutile, il tenait vraiment le haut du pavé. Il avait une belle gueule, mais à part ça … Elle jeta un coup d’œil à l’heure : il était onze heures du soir passées, jamais ce poltron de Bummer prendrait le risque de sortir des jupons de sa mère à une heure aussi tardive. Qui alors ? Des camarades chasseurs ? La rouquine traina des pieds jusqu’à l’interphone en baillant, déglutissant sa boulette de riz au poisson avant de décrocher :
- Architecture « Felton », Wolstenholme à l’appareil ? - Aspen ? Ouvre-moi, y a des hunters partout … - Et le s’il te plait, c’est pour les chiens ?
Merde, vieux réflexe à la con. Evidemment, la rouquine appuyant sur le bouton d’ouverture de la porte en raccrochant brusquement. Il savait à quelle porte toquer de toute façon, alors qu’elle commençait à faire les cent pas derrière cette dernière, soudain inquiète : qu’est ce qu’il foutait dehors à cette heure ci ? Il avait été traqué ? Il était blessé ? Elle se mit à mordiller l’ongle de son pouce alors que son cerveau carburait à toute vitesse : Leur père était de ronde ce soir, il se serait pas retrouvé nez à nez avec lui quand même ? Parce que rejeton ou pas, Alistair n’aurait pas voulu faire de différence, et aurait accepté qu’un chasseur contrôle son fils, avec test sanguin et tout, juste pour montrer qu’il était comme tout le monde. Merde, merde, merde. A peine Lorcan eut il le temps de toquer à la porte qu’elle l’ouvrait déjà pour l’attraper par le col et l’attirer à l’intérieur tout en fermant brusquement la porte derrière lui. Le pauvre garçon n’eut pas le temps d’ouvrir la bouche que déjà la tornade rousse tournait autour de lui en le détaillant sous toutes les coutures, lui soulevant le tshirt, lui prenant les mains, se hissant sur la pointe de pieds pour vérifier le haut de son crâne, sa bouche débitant ses mots à la vitesse d’une salve de mitraillette :
- Ça va, t’es pas blessé, ils t’ont pas vu, t’as pas croisé papa, pourquoi t’es dans la rue si tard, tu devrais pas être chez toi, qu’est ce qui se passe, pourquoi t’as pas appelé que je vienne te chercher et …
Elle s’interrompit soudain, rebaissant le Tshirt du pauvre Lorcan qui ne devait plus rien y comprendre et de reculer d’un pas, comme pour prendre de la distance physiquement et émotionnellement. Lorcan était là, il était vivant et, apparemment, en bonne santé, c’était un soulagement. Soulagement gâché par l’amertume de ne pas avoir eu la moindre nouvelle depuis, quoi … Quatre, cinq mois ? Pas un seul petit texto de rien du tout, pas un message sur un répondeur, pas un mail. Elle aurait pu être morte qu’il en aurait rien sur tiens. Bon, peut être que Calista ou papa l’auraient prévenu, mais quand même. Elle, elle était venue une fois ou deux, ou toutes les semaines – on ne juge pas – aux heures où il ne travaillait pas, pour demander à une de ses collègues si il allait bien. La brave dame lui répondait toujours poliment quelque chose d’une banalité affligeante, du genre « il a toujours des problèmes de ponctualité, mais il se soigne » ou « c’est le roi de l’épluchage des carottes », et Aspen repartait sans plus insister. Tant qu’il travaillait ici, c’était qu’il gardait un certain contrôle sur sa vie, c’était toujours ça de pris. Elle croisa ses bras sur sa poitrine, avant de toiser son frangin de son air vaguement hautain, contrastant largement avec celui bien plus inquiet qu’elle avait arboré quelques secondes auparavant :
- … Pourquoi t’es là ?
Lorcan Wolstenholme
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Sujet: Re: can you hear me ? (wolstenholme twins) Sam 12 Déc 2015 - 21:07
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« Et le s’il te plait, c’est pour les chiens ? » « S’il te … » Lorcan n’eut pas le temps de finir : Aspen avait raccroché, et la porte s’était débloquée. Il la poussa et pénétra dans le hall sans se faire prier, soulagé de se mettre à l’abri des hunters, mais dès qu’il fut à l’intérieur, Lorcan fut pris d’une peur bien différente. Il regarda les escaliers, hésitant à les monter, songeant que rester dans ce hall, planqué dans l’ombre, ça lui semblait presque plus agréable comme soirée que de monter voir sa sœur. C’était complètement con, il en convenait bien, mais il ne pouvait pas s’empêcher d’y penser. Il ne l’avait pas vue depuis … Ca faisait combien de temps déjà ? Depuis leur anniversaire, il ne pouvait pas manquer cette date, ni l’oublier. Ca ferait bientôt cinq mois, donc. Cinq mois sans la voir ni lui adresser la parole, ça lui paraissait une éternité, et il ne savait plus du tout ce qu’il devait faire à présent. Il avait si souvent affiché son numéro sur son portable, sans oser appuyer sur la touche qui romprait le silence entre eux … A chaque fois il redoutait ce qu’ils se diraient, et il avait préféré repousser l’échéance plutôt que d’y faire face. C’était devenu une véritable habitude, chez lui ! Et maintenant, à quelques étages de lui, Aspen était en train de l’attendre. Il ne pouvait pas faire autrement que de monter, sinon ce serait elle qui descendrait, il n’y échapperait pas, c’était trop tard. Autant aller au-devant des ennuis maintenant qu’il n’avait plus le choix. Il ignora l’ascenseur et monta à pied les escaliers, sans se presser, redoutant plus que tout l’accueil qu’Aspen allait lui faire. Il frappa à la porte sans enthousiasme, et fut entraîné à l’intérieur par une tornade rousse qui se mit à l’inspecter des pieds à la tête en débitant toute une série de questions. Trop surpris pour avoir la moindre réaction, il se laissa faire tandis qu’elle soulevait son t-shirt, tournait autour de lui, et vérifiait … Vérifiait quoi, au juste ? Qu’il était entier ? Elle avait peur qu’il soit blessé ? « Ça va, t’es pas blessé, ils t’ont pas vu, t’as pas croisé papa, pourquoi t’es dans la rue si tard, tu devrais pas être chez toi, qu’est ce qui se passe, pourquoi t’as pas appelé que je vienne te chercher et … » Elle stoppa brusquement son interrogatoire, laissa retomber son t-shirt et s’écarta de lui, ayant sans doute réalisé qu’elle faisait preuve de trop d’attachement envers lui qu’elle n’aurait du. Un peu trop tard, il avait largement eu le temps de voir l’inquiétude qui transpirait de son visage, s’il n’y avait pas eu toutes ces questions angoissées pour l’orienter déjà pas mal. Il eut envie de se moquer de son inquiétude, de la serrer dans ses bras et de rigoler, mais elle avait repris la distance requise entre eux et il n’avait plus trop envie de rire. Ca lui faisait chaud au cœur de voir qu’elle tenait encore à lui comme ça, et en même temps, cela ne faisait que renforcer la douleur de leur séparation.
Maintenant qu’elle s’était assurée qu’il allait bien, Aspen avait repris ce masque d’indifférence hautaine qu’elle offrait à tant de monde. Qu’elle réservait aux autres, généralement, mais pas à lui. « … Pourquoi t’es là ? » Il haussa les épaules et écarta les bras dans un geste d’impuissance. Pourquoi voulait-elle qu’il soit là ? A cette heure-ci ? « Je suis sorti trop tard du boulot, je pensais pouvoir rentrer en évitant les patrouilles, mais ça grouille de partout. J’étais coincé, alors … » Ce n’était sans doute pas la réponse qu’elle espérait, mais il n’était pas venu volontairement pour papoter, il avait juste vu de la lumière et comme c’était le seul endroit du coin qu’il connaissait, il avait tenté sa chance. Il s’était tellement habitué à l’éviter, que ça ne lui semblait même plus étrange qu’il ait espéré tomber sur le gardien plutôt que sur elle. Mais il avait tellement peur de ce qu’elle pourrait lui dire, après leur dernière discussion, qu’il préférait encore fuir. Comme toujours. « Et toi tu bosses encore à cette heure ? Je pensais que je devrais soudoyer le gardien pour pouvoir entrer. » Pas très intelligent comme remarque ! Gêné, il détourna le regard, et chercha quelque chose sur lequel se focaliser, plutôt que sur Aspen. Il était vraiment mal à l’aise, et avait surtout envie de quitter les lieux au plus vite. Il s’avança dans le bureau, jetant un regard autour de lui. Ca faisait une éternité qu’il n’était pas revenu, mais il avait l’impression que rien n’avait changé. Elle rangeait toujours tout avec sa minutie habituelle … Il esquissa un sourire presque attendri, puis se retourna vers Aspen, la mine soudain plus inquiète. Une phrase qu’elle avait prononcée venait de lui revenir en tête. « T’as dit que papa était dehors ? Putain … » Souffla-t-il, réalisant à quel point il était passé près de la catastrophe. S’il était tombé sur lui, il aurait été cuit.
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Sujet: Re: can you hear me ? (wolstenholme twins) Mar 15 Déc 2015 - 0:04
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Son problème, elle le connaissait bien, Aspen : elle avait cet instinct presque maternel envers les personnes qui comptaient pour elle, et qui prenait invariablement le dessus lorsqu’elle était inquiète pour l’un d’entre eux, peu importait le stade de leur relation, ou s’ils venaient de s’engueule deux secondes avant. Typiquement, elle pouvait vous claquer la porte au nez dans un accès de colère, puis de la rouvrir cinq secondes après pour vérifier que vous ne vous êtes pas cassé le nez, juste au cas où. C’était exactement ce qu’il venait de se passer avec Lorcan : si elle n’avait pas été aussi inquiète pour lui, elle aurait pesté comme un putois, lui aurait envoyé des noms d’oiseau à la figure en vociférant de sa voix douce et féminine, ou pas. Sauf que là tout ce qui lui importait, c’était de vérifier qu’il n’y avait aucun trou dans la peau de sa moitié géméllaire, pas la moindre égratignure, rien. Bon, elle avait remarqué une entaille sur sa main, mais elle n’était pas parano non plus, s’il venait du boulot, cette blessure venait plus probablement d’une patate récalcitrante plutôt que d’un hunter assoiffé de sang et de mort. Le doute levé, évidemment elle avait pris ses distances avec Lorcan, que pouvait elle faire d’autre ? Suivre son cœur et lui sauter dans les bras en couinant comme un chiot en manque d’amour ? Déjà, elle en avait trop, de l’amour, propre notamment, pour s’abaisser à ce genre de geste désespéré et ridicule. Et ensuite, elle ne savait même pas si Lorcan accepterait ce genre d’élan d’affection, maintenant qu’il était … Ce qu’il était. Alors elle adoptait la position la moins dangereuse pour elle, bien enfoncée dans sa zone de confort, planquée derrière son masque de pimbêche et de bêcheuse ronchon. C’était plus facile, a priori. A priori.
- Et tu pouvais pas demander à quelqu’un de te ramener hein ? J’sais pas moi, Calista aurait pu venir te chercher, elle habite juste à coté. Ou mieux, tu pouvais pas juste finir plus tôt ?
Question rhétorique, elle savait bien qu’il ne pouvait finir qu’à la toute fin du dernier service, c’est-à-dire à quelques minutes avant le début du couvre feu. Mais la mauvaise foi, il y avait parfois que ça de vrai. Aussi, elle haussa les épaules d’un air désinvolte, balayant la question de son frère d’un geste de la main :
- Ouais bah il y a des gens qui bossent tard le soir, surtout quand ils ont des trucs à rendre nickel le lendemain. Alors comme je peux rentrer après que le marchand de sable soit passé, j’en profite. Tu as de la chance, mais faudrait pas pousser non plus, ya des soirs où j’ai une vie, aussi …
Des soirs où elle allait se bourrer la gueule avec Marius, où elle allait au ciné avec Priam. Des soirs où elle rejoignait Desmond pour chasser le dégénéré là où il se trouvait, c’est-à-dire un peu partout. Toutes ces soirées qu’elle passait avec son frère auparavant, elle avait tâché de les combler avec d’autres activités, d’autres personnes. Elle ne pouvait pas dire qu’elle avait parfaitement réussi, mais on pouvait au moins lui accorder qu’elle avait refusé de se laisser abattre. Après tout elle lui avait promis de se débrouiller toute seule, elle avait mis un point d’honneur à ne pas se morfondre toute seule dans son coin. Sauf peut être un soir, ou deux, toute seule dans sa chambre à se faire du mal à coup d’albums photos facebook à la con, mais ça, elle ne l’avouerait jamais, même sous la torture.
Elle plissa le nez devant l’air effaré de son frangin : Pourquoi était il tellement surpris ? Ce n’était pas comme si leur paternel passait ses soirées à jouer au Mah Jong, qu’elle sache :
- Ben oui, dehors, tu veux qu’il soit où d’autre ?
Elle soupira, consciente que l’idée devait lui paraitre bien plus effrayante aujourd’hui à lui qu’à elle. Un silence pesant s’installa entre eux, alors qu’elle continuait de le fixer, Lorcan lui semblait refuser obstinément de lever les yeux vers elle. Dieu qu’il était agaçant quand il faisait ça, on aurait dit un môme de quatre ans. Et le pire, c’était qu’elle était à peu près sur qu’il n’ouvrirait plus la bouche si elle ne relançait pas la conversation. Pire, il savait se montrer suffisamment con pour décider que venir était une mauvaise idée et qu’il ferait mieux de retourner provoquer la mort dans les rues mal famées de la ville. Avant que l’idée ne lui vienne, car elle allait forcément traverser l’esprit de Lorcan, elle le connaissait que trop bien, elle devait prendre les devants et lui trouver de quoi s’occuper. N’importe quoi. Aspen attrapa Lorcan par la manche de son manteau, puis le tira, les mâchoires serrées jusqu’à son bureau, le seul encore éclairé à cette heure. Elle l’assit d’autorité sur le rocking chair design dans l’angle de la pièce, puis posa le reste de sa boite de sushis et de makis sur les genoux de son frangin, son air pincé toujours sur le visage :
- … L’est super tard et jsuis sure que t’as rien mangé au restau. Finis ça, j’en avais trop de tout de façon.
Mensonge, mais c’était la meilleure excuse qu’elle avait trouvé. Elle avait beau lui en vouloir d’être un mutant ET d’être un con, elle pouvait pas le laisser mourir de faim. Ni mourir tout court. Alors elle n’avait pas trop d’autre choix, alors qu’elle faisait volte face pour ranger ses plans dans son immense pochette à croquis. Elle terminerait ça plus tard, elle serait incapable de se concentrer là-dessus tant que Lorcan était là …
Lorcan Wolstenholme
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Sujet: Re: can you hear me ? (wolstenholme twins) Sam 19 Déc 2015 - 22:08
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Lorcan ne pouvait pas s’imaginer que la première chose qu’Aspen ferait en le voyant, serait de vérifier s‘il allait bien. Après presque cinq mois sans s’adresser la parole, et connaissant le caractère de sa jumelle, il s’attendait à beaucoup de choses de sa part. Elle lui avait ouvert la porte au lieu de le laisser au milieu des hunters, et il n’en était pas vraiment surpris, mais elle avait trop de fierté – et trop de rancune – pour montrer son inquiétude pour lui, pensait-il. Il était la saleté de dégénéré qui n’avait plus sa place dans la famille, et il lui avait tourné le dos … Pourtant, elle s’était d’abord inquiétée de savoir s’il allait bien avant de reprendre son air froid. Elle avait laissé le naturel s’exprimer avant de se forcer à se conduire autrement avec lui. Il avait un peu de mal à réaliser qu’il avait quand même de la chance, avec elle … Pour l’instant. Rien que le fait qu’elle lui adresse encore la parole, ça relevait du surréalisme complet. « Et tu pouvais pas demander à quelqu’un de te ramener hein ? J’sais pas moi, Calista aurait pu venir te chercher, elle habite juste à coté. Ou mieux, tu pouvais pas juste finir plus tôt ? » Il haussa les sourcils, s’engageant immédiatement dans le semblant de dispute qui était en train d’émerger, comme au bon vieux temps. « J’ai pas vu l’heure, j’étais à la bourre et je devais finir un truc avant de partir. Mais je m’en sors très bien tout seul, j’ai pas besoin qu’on me baby-sitte parce que je suis pas hunter. Et même si j’étais vraiment tombé sur des chasseurs tout à l’heure, y’avait une chance sur deux que je les connaisse, ils m’auraient laissé passer. » Il baissa les yeux, bien conscient qu’il n’y croyait pas vraiment. Ils auraient pu le laisser passer, peut-être. Ou pas. Ce n’était pas parce qu’il était le fils d’un des hunters les plus respectés de la ville qu’il n’aurait pas eu droit à un contrôle en règle … Et ils n’auraient jamais manqué la seringue de NH24 qu’il avait dans sa poche. C’était pour ça qu’il aurait préféré la prendre au resto et s’en débarrasser tout de suite après, pour ne pas avoir à se trimbaler une pièce à conviction qui le signalait comme mutant d’une façon si évidente. Sans ça, il aurait tenté sa chance et aurait peut-être traversé un barrage de hunters en jouant au culot. Ce soir, il n’avait pas osé. « Ouais bah il y a des gens qui bossent tard le soir, surtout quand ils ont des trucs à rendre nickel le lendemain. Alors comme je peux rentrer après que le marchand de sable soit passé, j’en profite. Tu as de la chance, mais faudrait pas pousser non plus, ya des soirs où j’ai une vie, aussi … » Ca ne l’étonnait pas qu’elle reste si tard pour bosser, elle le faisait depuis longtemps et son côté perfectionniste l’avait toujours poussée à en faire plus que les autres. Et il savait aussi qu’elle adorait sortir, pourtant sa petite réflexion le fit tiquer. « Je t’ai pas demandé d’être ici, hein. » Répondit-il d’un ton un peu agressif. C’était quoi, de la jalousie de savoir qu’elle continuait de mener sa vie, d’avoir une vie sociale épanouie tandis que lui s’enfonçait dans un bourbier où il ne voyait plus le jour ? Ouais, il devait y avoir de ça … Mais elle n’était pas franchement responsable de sa déchéance à lui. Bien qu’il aurait préféré, ça lui aurait donné quelqu’un à blâmer. « T’as revu Noeh ? » Putain ! Pourquoi est-ce qu’il avait posé cette question à haute voix ? Il était vraiment con, ce soir. Okay, il voulait le savoir et ce depuis la fête des fondateurs, mais c’était pas le moment idéal pour remettre ça sur le tapis. « Oublie ça, je m’en fous que tu l’aies revu ou non. » Marmonna-t-il pour la forme avant qu’elle ne puisse répondre. Même s’il avait très envie de savoir où elle en était avec Noeh, et qu’il aurait donné n’importe quoi pour être revenu à cette époque bénie où il aurait agit comme le frangin protecteur prêt à aller lui mettre son poing dans la gueule sur l’heure, il en était loin à présent, et il avait des soucis autrement plus gros que celui-là. Le fait que son ancien meilleur ami ait couché avec sa sœur lui était resté en travers de la gorge, tout comme le fait qu’il se soit visiblement bien foutu de sa gueule pour qu’elle souffre ainsi de leur relation, mais il ne pouvait plus s’en mêler. Il espérait presque qu’elle le remballe et qu’ils ne s’aventurent pas sur ce sujet … Et en même temps, si elle lui répondait, cela signifierait qu’ils pouvaient à nouveau avoir une conversation comme avant … Comme quand il avait encore son mot à dire sur le sujet.
Mais Noeh était le moindre de ses soucis à présent. Aspen avait évoqué leur père, et ça avait bien douché Lorcan. « Ben oui, dehors, tu veux qu’il soit où d’autre ? » Il la regarda avec un drôle d’air. Elle se foutait de lui ? « Je préfèrerais qu’il soit à la maison ou en train de s’occuper de ses affaires à l’autre bout du pays. Je sais pas si t’as remarqué, mais c’est la dernière personne que j’ai envie de voir là. » Et voilà, il remettait ça. Il était à cran et il s’en prenait à elle comme si elle était la responsable, et il le regrettait dès que ses paroles avaient franchi ses lèvres. Il avait tendance à passer ses nerfs sur beaucoup de monde ces derniers mois, et il avait remarqué que c’était pire encore dans la période où il devait reprendre une dose de NH24, mais Aspen était la dernière avec qui il avait le droit de se conduire comme ça. Bon sang, quel crétin ! Pourtant, au lieu de le ficher dehors, elle l’attira dans son bureau et le fit s’asseoir sur son fauteuil. Il cru un instant qu’elle allait le couvrir d’insultes – plutôt méritées – mais elle lui déposa une boîte de sushis et de makis sur les genoux. Ca, il ne s’y attendait pas. « … L’est super tard et jsuis sure que t’as rien mangé au restau. Finis ça, j’en avais trop de tout de façon. » Et voilà qu’elle lui tournait le dos pour aller faire du rangement, le laissant tout surpris, avec ses sushis. « Merci … » Il ne se fit pas prier et en englouti un premier, réalisant juste maintenant qu’il avait un gouffre qui grognait dans son estomac. Il aurait voulu dire quelque chose, mais rien ne lui vint, toutes ses paroles restèrent bloquées dans sa gorge, alors il se vengea sur un autre sushi. « Comment tu fais, Aspen ? » Lança-t-il finalement. « Comment tu fais pour rester naturelle comme ça ? J’ai l’impression que je sais plus comment faire pour te parler, et toi tu m’engueules comme si on s’était jamais quittés. » Ce n’était pas un reproche, loin de là. Il l’admirait de réussir à rester aussi entière avec lui, alors qu’il avait l’impression de s’être perdu depuis très longtemps, sans elle.
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Sujet: Re: can you hear me ? (wolstenholme twins) Dim 20 Déc 2015 - 17:08
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S’il y avait bien une chose qui exaspérait Aspen concernant son frangin, c’était bien sa mauvaise foi pathologique, il était presque incapable de reconnaitre ses torts. Il était capable de trouver des justifications absolument invraisemblables juste pour ne pas avoir à s’excuser ou à concéder quoi que ce soit. Ce n’était pas un défaut récent, mais elle avait presque oublié à quel point ça pouvait l’horripiler, surtout sur des sujets sérieux comme ça. Aussi, elle le fixa avec un sourcil relevé avec un petit air de tu m’en diras tant sur le visage :
- Et vue ta chance, tu serais tombé sur le chasseur sur deux que tu ne connais pas, et il t’aurait mis face contre terre sans aucune autre forme de procès. Quoi que, ça aurait peut être pire si ça avait été une tête connue, Papa aurait été tellement Furieux de te voir trainasser dans la rue comme un … Bref.
Malgré tout, elle était soulagée que Lorcan soit passé à travers les mailles du filet. Les chasseurs étaient de plus en plus organisés sous la coupe de Thaddéus, rien à voir avec la petite cuisine artisanale qui se faisait il y a moins d’une dizaine d’années. Même les jeunes hunters avaient des prérogatives qu’on ne leur aurait jamais accordées auparavant, et les passe droits octroyés à la Gunpowder squad étaient proprement effrayants, même pour une sympathisante à la cause comme elle. Il aurait suffi que Lorcan ouvre un peu trop son clapet, et elle était à peu près certaine qu’il l’aurait fait dans ces conditions, et ils étaient en droit de lui mettre une balle dans la jambe pour insubordination. Elle avait bien assez d’un éclopé dans son entourage pour avoir à subir les gémissements d’un second. La jeune femme roula exagérément des yeux quand il se mit à parler de leur père : ils avaient une relation tellement différente avec leur paternel qu’elle préférait ne pas participer à la polémique. Alistair Wolstenholme était un homme dur, intransigeant, mais il les aimait comme un fou, elle le savait. Il ne le montrait peut être pas suffisamment, mais il les avait protégé depuis la mort de leur mère, jusqu’à ce qu’ils soient assez grands pour se débrouiller seuls, Cali, Lorcan et elle. Bien sur il n’avait pas été le père le plus tendre, mais était-ce de tendresse dont ils avaient eu le plus besoin ? Non, la tendresse ils la trouvaient dans leur fraternité : Alistair en avait fait des personnes fortes, et c’était le plus beau cadeau qu’il pouvait leur faire.
- … Pffff …
La remarque suivante valut en revanche un regard assassin de la rouquine à son frère, alors qu’elle fermait la porte du bureau derrière eux : il se foutait d’elle, c’est ça ? C’était quoi ce ton, elle lui sauvait ses petites fesses de crétin et lui il lui aboyait dessus ? C’était un comble. Elle rétorqua, glaciale :
- Si tu préfères que je te mette dehors, c’est toujours possible hein.
A nouveau, elle s’abstint de commenter ses reflexions sur Noeh, bien que ses traits trahissent probablement la tension que provoquait en elle ce genre d’intrusion dans sa vie privée. Ça voulait dire quoi, ça, encore ? Il voulait savoir si elle partageait encore son lit avec Noeh ? Si elle en était encore amoureuse ? Même si ça avait été le cas, vu la façon dont il s’était comporté la dernier fois que le sujet avait été mis sur le tapis, elle n’allait surement pas s’étaler sur le sujet avec lui. Et puis de toute façon, sa dernière rencontre avec Noeh remontait à des mois, et ils avaient terminé en sang, ses deux abrutis. Alors ils n'étaient pas franchement obligés d'en reparler. D’ailleurs, elle profita largement des quelques minutes de silence de son frère pour tâcher de reprendre ses esprits, tripatouillant ses croquis et ses plans mécaniquement. Elle ne pipa mot jusqu’à ce que son frère reprenne enfin la parole. Elle plissa le nez à la remarque de Lorcan : comme si elle savait. Elle laissa tomber ses épaules, soupirant un peu bruyamment, avant de se retourner vers son frère, tirant sa chaise pour s’y asseoir en tailleur à coté de lui. Elle tira sur le stylo qui tenait son chignon pour laisser sa chevelure redescendre en cascade sur ses épaules, passant une main dans ses cheveux emmêlés :
- Je sais pas.
Elle marqua une pause, se mordant la lèvre inférieure. C’était un peu facile comme réponse, elle en convenait, mais en avait-elle d’autre ? C’était son frère après tout, même si elle l’avait voulu, elle n’aurait pas pu le considérer comme un parfait inconnu, peu importait la façon dont il se comportait, ce qu’il faisait … Ce qu’il était. Elle avait plus ou moins essayé, inconsciemment ou pas, de remplir le vide qu’avait laissé son absence dans sa vie, mais elle ne pourrait jamais appeler quelqu’un d’autre pour …Rien, ou juste se plaindre du boulot, ou envoyer des selfies grimaçants alors qu’elle avait un masque de boue sur la figure. Tout ça, elle n’avait pas pu le remplacer, alors elle tentait de faire sans, bon gré, mal gré. Elle avait réfléchi, beaucoup, parfois trop, sur leur situation, leur rupture, parce que s’en était une, ce qu’elle devait faire ou pas. Elle n’avait pas eu beaucoup de réponses à ses questions, mais une certitude demeurait : Son frère lui manquait, atrocement, viscéralement. Elle avait besoin de lui dans sa vie, d’une manière ou d’une autre. Elle reprit d’une voix plus douce, presque lasse :
- Je suppose que je me suis lassée d’essayer de te détester. Je peux essayer autant que je peux… A la fin de la journée j’attends toujours que tu m’appelles, alors à quoi bon…
Jamais elle n’avait dit ça à une autre personne que Lorcan, pas même à Noeh au plus fort de de leur relation, jamais elle ne s’était permise de se montrer aussi vulnérable devant qui que ce soit. Mais c’était Lorcan, et elle savait, intimement, qu’il pensait probablement la même chose. Et puis, la fatigue aidant, ses sourires et certitudes de façade étaient bien moins costauds que d’habitude. Elle leva les yeux sur son jumeau en touchant toujours ses cheveux, hésitante :
- Et toi … Comment tu t’en sors … ?
Dernière édition par Aspen Wolstenholme le Sam 19 Mar 2016 - 11:08, édité 2 fois
Lorcan Wolstenholme
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Sujet: Re: can you hear me ? (wolstenholme twins) Sam 2 Jan 2016 - 22:35
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« Et vue ta chance, tu serais tombé sur le chasseur sur deux que tu ne connais pas, et il t’aurait mis face contre terre sans aucune autre forme de procès. Quoi que, ça aurait peut être pire si ça avait été une tête connue, Papa aurait été tellement Furieux de te voir trainasser dans la rue comme un … Bref. » Lorcan était à deux doigts de se réjouir de la mine agacée d’Aspen à cet instant, juste parce qu’elle réagissait exactement comme elle avait toujours réagi quand il péchait par excès de confiance, et que c’était rassurant de la voir égale à elle-même. Puis elle avait prononcé sa dernière phrase et il était revenu à la réalité. Il n’y avait pas vraiment de quoi se réjouir, en vérité, quand Aspen lui rappelait qu’il était cette chose qu’elle ne voulait même pas nommer. Cette chose que leur père pouvait descendre d’une balle entre les deux yeux, sans hésiter, parce que c’était ce qu’il leur avait toujours inculqué. La forme pouvait être familière, mais le fond était sensiblement différent. Elle le mettait en garde contre des hunters qui voulaient le tuer. Ca ne lui plaisait pas, il n’avait pas envie d’avoir cette discussion avec elle. « Comme un dégénéré. Tu peux le dire, ça ne changera rien du tout. » Lança-t-il avec une certaine amertume. Il l’avait dit, elle pouvait le faire aussi. Ils n’avaient rien à gagner à se voiler la face, et puisqu’elle acceptait encore de lui parler, autant qu’elle accepte aussi la réalité. Il avait conscience de lui en demander beaucoup, et au fond il ne savait toujours pas ce qu’elle pensait réellement du fait qu’il soit un dégénéré, mais il avait besoin qu’ils avancent. Alors il poussait en avant, sans trop savoir ce qu’il allait y gagner. Maintenant qu’il était là, qu’elle lui avait ouvert et qu’elle l’avait nourri, il n’avait plus tellement d’inhibitions. Ca ne signifiait pas qu’il savait comment se conduire, en réalité il ignorait parfaitement comment il devait lui parler, s’il devait s’excuser, plaisanter ou juste se taire. Il ne réfléchissait pas vraiment, il parlait et il attendait le retour de flamme. C’était exactement ce qui s’était produit quand il avait évoqué Noeh, et il avait tout de suite eu la réaction de sa sœur : terrain miné, ne pas approcher. Compris, chef. « Si tu préfères que je te mette dehors, c’est toujours possible hein. » Il aurait pu deviner tout seul qu’il ne fallait pas poser cette question, et il nota en lui-même de ne pas recommencer de si tôt. Il n’avait pas envie de redescendre si vite dans la rue. « Ca ira, merci. » Autant pour lui et sa curiosité mal placée. Elle n’avait jamais apprécié qu’il la questionne sur sa vie amoureuse, il aurait été assez surprenant qu’elle s’y plie de bonne grâce aujourd’hui.
Aspen sembla se replonger dans son travail tandis qu’il mangeait ses sushis, mais elle revint vers lui quand il lui posa la question qui le taraudait bien plus que de savoir si elle fréquentait encore Noeh Callahan ou non. Si elle avait une formule magique pour améliorer ce malaise insoutenable qu’il ressentait avec elle, et qu’il détestait cordialement, il était preneur. Il avait beau fanfaronner, la provoquer, s’énerver, il n’en restait pas moins désespérément bloqué face à elle, comme s’il ne savait plus quel rôle tenir envers elle. Alors qu’elle, elle semblait n’avoir pas changé d’attitude, ce qui était inconcevable. Il y avait un fossé énorme entre eux et elle était la première concernée, la première qui aurait du refuser de franchir ce fossé. Mais elle continuait pourtant à être rien qu’elle, Aspen, sa jumelle. Intraitable et pourtant attentive, agacée mais toujours aux petits soins pour lui. Comment est-ce qu’elle réalisait ce prodige ?? « Je sais pas. » Ah, chouette alors. Il la regarda avec un air désemparé. Elle se rendait bien compte que ce genre de réponse n’allait pas les mener bien loin ? Mais après un temps de réflexion, elle reprit la parole. « Je suppose que je me suis lassée d’essayer de te détester. Je peux essayer autant que je peux… A la fin de la journée j’attends toujours que tu m’appelles, alors à quoi bon… » Il ne parvenait pas à détacher son regard d’elle, hypnotisé par le mouvement de ses doigts entortillant ses cheveux, et ses mots résonnant dans sa tête creuse avec une force inouïe. Il semblait s’être arrêté de respirer un instant, pour mieux entendre encore et encore ces quelques phrases. Son cœur battait avec force dans sa poitrine, comme s’il cherchait à s’échapper – ou juste à pousser Lorcan à faire ce qu’il mourrait d’envie de faire : se lever et prendre sa jumelle dans ses bras. Parce qu’elle ne le détestait pas, alors il devait bien avoir le droit de la toucher à nouveau, non ? Elle ne le détestait pas. C’était tellement beau, comme constatation. Comme confirmation. Il n’en demandait pas plus, il n’espérait même pas qu’elle dise une chose pareille, et pourtant elle l’avait fait. « Et toi … Comment tu t’en sors … ? » La voix d’Aspen le tira de sa contemplation ébahie. Comment il s’en sortait ? Bien mieux, depuis qu’il savait qu’elle ne le détestait pas. « Je voulais t’appeler, tout le temps. Mais je ne savais pas … » Il soupira. « Je ne savais pas comment t’aborder, en fait. Tu m’as dit que tu te débrouillerais seule, et je savais pas trop ce que tu voulais dire par là, si tu voulais juste réfléchir à tout ça pour prendre plus de recul, ou si … je sais pas, si tu avais juste besoin de temps pour digérer. Accepter, peut-être. Je suis pas sûr de pouvoir te demander ça. » Il se passa la main dans les cheveux, regardant partout sauf sa jumelle cette fois. « Du coup, je t’ai laissée te débrouiller. Je crois que je ne voulais surtout pas savoir quelle décision tu avais prise. » C’est pour ça qu’il l’avait si soigneusement évitée, c’est pour ça aussi qu’il ne voulait pas monter jusqu’à son bureau tout à l’heure. C’était uniquement parce qu’il se trouvait dans l’inconnu, et que ça lui faisait peur. Avant, il savait toujours à peu près comment Aspen pouvait réagir à ses frasques, s’il devait la mettre en colère il le savait par avance. Mais là, il ne savait pas, et ça le pétrifiait. « Mais ça va, j’imagine. A pars que tu me manques tout le temps et que j’ai plus de vie sociale parce que je pense qu’à toi sans arrêt.» Il y avait juste Salomé, mais il ne la voyait plus si souvent ces derniers temps, depuis qu’il y avait eu ce moment bizarre sous les décombres du labyrinthe, à la fête de l’hiver. Elle aussi, elle lui manquait. Alors dire que ça allait, c’était être optimisme. Mais en avouant à Aspen tout ce qu’il avait sur le cœur, il avait déjà l’impression que ça allait bien mieux, vraiment. « Et puis je t’ai écoutée, tu sais. Je prends le vaccin, maintenant. » Elle lui avait dit d’étouffer ça, il l’avait fait. Chaque mois, il le refaisait en pensant à elle pour oublier les effets secondaires à chaque fois un peu plus pénibles qui découlaient de l’injection. Mais au moins, il ne pouvait plus perdre le contrôle.
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Sujet: Re: can you hear me ? (wolstenholme twins) Mer 6 Jan 2016 - 23:35
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Elle avait bien remarqué qu’il s’était un peu crispé quand elle s’empêcha de terminer sa phrase. Ce n’avait pas été totalement intentionnel, simplement elle ne savait pas vraiment ce qu’elle voulait dire par là. D’ailleurs, le fait qu’il utilise le mot en D lui fit relever la tête, affichant un air outré sur son visage fatigué :
- Hey, ce n’était pas ça que je voulais dire ! j’allais dire rôdeur, voleur, délinquant …. Mais pas Ça.
Tout de suite les grands mots. Déjà, elle essayait de ne pas utiliser ce mot là, même avec les autres hunters. Ce n’était pas les porteurs de la mutation, le problème, c’était la mutation qui était malsaine et inhumaine. Les mutants n’étaient que des victimes de leur transmutance, comme les lépreux subissaient leur lèpre. Bon, plutôt des pestiférés, si on voulait avoir une meilleure comparaison, côté marginalisation et exécution des malades. Mais bon, si elle se mettait à parler ainsi à haute voix devant Lorcan, il ne risquait pas de rester très longtemps en face de lui. Bref.
Après sa déclaration, elle n’avait pas tout de suite osé lever les yeux vers lui, louchant à moitié sur la mèche qu’elle enroulait autour de ses doigts, faisant battre ses longs cils plus lentement qu’à l’accoutumé, préférant l’obscurité de ses paupières à l’incertitude de ce qu’elle pouvait trouver dans le regard de son frère : allait il se moquer d’elle ? Il aurait très bien pu, cela aurait été somme toute logique, d’une certaine façon : elle avait eu une réaction tellement … ubuesque, dramatique, tragicomique presque, que d’apprendre que son ire était retombé comme un soufflé avait surement quelque chose de risible. Allait il se fâcher ? C’était son bon droit également, après tout elle l’avait traité de monstre. Elle lui avait dit qu’elle le détestait, lui, son frère, son jumeau, sa moitié, et les mots qu’elle avait prononcé ce soir-là la hantaient encore parfois, tard le soir. Allait il la prendre dans ses bras ? Etrangement, elle ne savait pas si elle en avait envie ou non. Enfin, si, elle en avait terriblement envie, de sentir son odeur de crétin congénital qui lui manquait tant, de lui gratter la base de la nuque avant de le repousser en lui disant qu’ils n’étaient plus des gamins, quand même. Mais en même temps, elle appréhendait. Elle ne savait toujours pas en quoi consistait la mutation de Lorcan : tout ce qu’elle savait, c’est que la dernière fois elle avait gardé une marque sur le bras pendant presque quatre jours, avant que cela commence à s’estomper. Et ça faisait mal. Etait-il seulement encore capable de toucher quelqu’un sans le blesser à présent ? Elle n’en avait absolument aucune idée. De plus, le mutisme et l’immobilisme de ce dernier ne l’encouragea pas vraiment à faire le moindre geste. Il fallait dire que le silence était un peu gênant, pour le coup. Elle avait l’impression d’avoir déclaré sa flamme à un garçon sans être sur que ses sentiments étaient réciproques. Vraiment bizarre.
« Je voulais t’appeler, tout le temps. Mais je ne savais pas … »
Il ne savait pas quoi ? Si elle décrocherait ? Comme si elle pouvait l’ignorer plus de deux bonnes minutes… Même quand elle boudait, petite, elle n’y arrivait pas. Et pourtant elle était aussi têtue et rancunière qu’un âne bâté. Mais soit, passons.
« Je ne savais pas comment t’aborder, en fait. Tu m’as dit que tu te débrouillerais seule, et je savais pas trop ce que tu voulais dire par là, si tu voulais juste réfléchir à tout ça pour prendre plus de recul, ou si … je sais pas, si tu avais juste besoin de temps pour digérer. Accepter, peut-être. Je suis pas sûr de pouvoir te demander ça. »
- Et pourquoi pas ?
Elle leva les yeux vers lui, mais cette fois ci, c’était Lorcan qui avait détourné le regard, se grattant la tête, l’air gêné, l’idiot. Bon, il était vrai qu’elle n’avait pas été très claire sur ces intentions à ce moment là, mais était ce vraiment sa faute ? Elle était tellement bouleversée ce soir là, elle aurait pu dire n’importe quoi, tellement la scène lui avait paru surréaliste…
« Du coup, je t’ai laissée te débrouiller. Je crois que je ne voulais surtout pas savoir quelle décision tu avais prise. Mais ça va, j’imagine. A pars que tu me manques tout le temps et que j’ai plus de vie sociale parce que je pense qu’à toi sans arrêt.»
Il n’avait plus de vie sociale parce qu’il pensait toujours à elle ? C’était un peu l’exact inverse de sa façon de gérer les choses : Elle n’avait jamais vu autant de monde que depuis que le quatuor avait implosé. Bien sur, elle avait toujours été la plus sociable des quatre, mais depuis que Sallie, Lorcan et … Noeh, lui avaient tourné le dos, il ne se passait pas un week end sans qu’elle n’accepte un restau, un ciné, un verre, une sortie en boite, une expo, n’importe quoi qui ferait qu’elle ne se retrouverait pas seule dans son appartement, un samedi soir, à ruminer ses souvenirs. Et en semaine … Et bien c’était comme ce soir, elle travaillait, jusqu’à ce qu’épuisement s’en suive. Ou elle chassait, mais ça, elle se garderait bien de le dire, à nouveau.
« Et puis je t’ai écoutée, tu sais. Je prends le vaccin, maintenant. »
Elle plissa le nez, confrontée à nouveau à ses foutus sentiments contradictoires : il n’était donc pas de ses mutants totalement dévoués à leur … mutation, que l’embrassaient comme une partie d’eux même. C’était déjà ça. Mais en même temps … Elle n’était pas naive, elle avait lu tout ce qui avait été publié sur le NH24, ses effets, ses conséquences, ses contre coups aussi … Certains mutants étaient tombés grave malades après en avoir pris, d’autres au contraire avaient vu leurs capacités se démultiplier… A son avis, la molécule du vaccin était tout sauf stabilisée, et son utilisation était parfois plus risquée que la mutation elle-même. Elle frissonna en imaginant la peau pâle de l’avant bras de son frangin bleuis par les morsures des aiguilles, comme des piqures de junkies. Lorcan n’était pas un junkie, ce n’était pas un déchet, c’était son frère. Et L’Idée qu’il soit dépendant d’une substance aux effets aléatoires lui fut soudain très désagréable. Elle serra les lèvres, tiraillée, déchirée entre la satisfaction qu’il cherche à se débarrasser de ça et l’inquiétude que le traitement lui fasse plus de mal que de bien. Son regard noisette glissa du visage de son jumeau à son bras, recouvert par son sweat qu’il n’avait pas ôté en rentrant. Ce n’était pas comme s’il faisait froid dans le bureau, pourtant. Elle avança d’un geste qu’elle voulut lent, parce que si elle se montrait trop brusque, elle allait se mettre à trembler. Le contrôle, toujours, alors que son cœur partait à nouveau en vrille. Elle saisit délicatement le poignet de Lorcan, réprimant un frisson : premier contact depuis … 5 mois, et elle remontait doucement la manche gauche du pull de Lorcan, à la recherche des traces de vaccin, avant de souffler, les yeux rivés sur le bras du jeune homme :
- Et ça te fait du bien ? Le vaccin, Est-ce que ça te fait du bien ?
Elle implorait muettement le ciel qu’il réponde par l’affirmative, plongeant son regard dans le sien. Impossible qu’il lui mente, dans ses conditions, il le savait pertinemment, il ne pouvait pas lui faire ça, elle le sentirait. Elle le sentirait aux battements de son cœur dans son poignet qu’elle tenait toujours dans sa main, elle le sentirait dans les trémolos de sa voix, dans a direction que prendrait son regard.
- Parce que si ce n’est pas le cas, Lorcan, alors il ne faut pas continuer. Ce genre de truc, si tu ne le supportes pas, c’est une vraie merde. De l’extasy pour mutants, en pire. Une saloperie.
Dernière édition par Aspen Wolstenholme le Sam 19 Mar 2016 - 11:09, édité 1 fois
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Sujet: Re: can you hear me ? (wolstenholme twins) Dim 10 Jan 2016 - 22:08
I've forgotten how it felt before the world fell at our feet
« Hey, ce n’était pas ça que je voulais dire ! j’allais dire rôdeur, voleur, délinquant …. Mais pas Ça. » Lorcan haussa les épaules d’un air blasé. Elle avait l’air presque choquée qu’il ait utilisé ce mot pour se décrire, mais elle pouvait bien se rattraper comme elle voulait, c’était un peu tard. « Ouais, ben tu peux aussi dire Ça, parce que c’est la réalité. Je l’ai dit assez souvent quand ça ne me concernait pas, et je suis bien placé pour savoir que ça me concerne maintenant. » Il avait essayé de se voir autrement que comme un dégénéré, mais il n’y était pas arrivé. Certains jours, ça passait mieux que d’autres, mais la plupart du temps, il se trouvait juste monstrueux. Alors dégénéré, c’était le mot parfait pour se décrire. Il n’y avait qu’un dégénéré pour pouvoir faire ce qu’il pouvait faire, avant de prendre le NH24. Il avait suffit qu’il touche au bras de sa jumelle pour faire apparaître un hématome sur sa peau, il trouvait que c’était une preuve assez parlante. Aspen n’avait pas à prendre de gants avec lui sur ce sujet, il était bien assez au courant de la monstruosité qui coulait dans ses veines. C’était d’ailleurs la raison pour laquelle il avait pensé qu’elle serait moins charitable avec lui. Elle l’avait vu, elle aussi, elle avait compris à quel point il était dangereux. « Et pourquoi pas ? » Il fronça les sourcils. Elle ne comprenait pas pourquoi il n’avait pas voulu la forcer à prendre une décision, et à accepter sa mutation ? Ca lui semblait pourtant évident. « Parce qu’on a été élevés pour pas accepter ça. Et puis … T’as toujours été d’accord avec maman. » Il n’aimait pas évoquer ça, il avait toujours l’impression de trahir la mémoire de leur mère et il était vraiment mal à l’aise avec cette idée. Mais Aspen avait été catégorique, pendant très longtemps. Même quand il ne savait pas encore qu’il était mutant, Lorcan n’avait pas compris comment leur mère avait pu se suicider, tandis qu’Aspen la soutenait avec une foi inébranlable. « Mais je suis pas comme elle, moi. Alors je pensais que tu m’en voudrais. » En toute logique, elle aurait du lui en vouloir de ne pas avoir le courage de mettre fin à sa monstruosité lui-même … Il attendait que quelqu’un d’autre le fasse, elle par exemple. Ou personne, si possible, mais c’était encore une autre question.
Il avait trouvé une sorte de solution de rechange à ce problème. Il ne voulait pas mourir, et il ne demanderait pas à sa jumelle de le tuer pour atteindre sa destinée de Wolstenholme, mais il avait fini par accéder au vaccin. Cette saloperie dont il parlait à moitié en rigolant avec Salomé des mois plus tôt, il y avait cédé. C’était la solution de facilité, mais c’était la seule chose à faire une fois qu’Aspen était au courant, une fois qu’il l’avait blessée et qu’il était certain qu’elle ne le regarderait plus jamais autrement que comme un fichu monstre. C’était pour elle qu’il l’avait fait, sans doute dans l’espoir de redorer un peu son image auprès d’elle, et pour être certain que plus jamais il ne lui ferait de mal – à elle ou à qui que ce soit, d’ailleurs. Il ne savait pas quelle serait la réaction de sa sœur en lui annonçant qu’il le prenait, et il la guetta avec un peu d’anxiété. Il eut du mal à déchiffrer son expression, qui ne laissait pas transparaître grand-chose de ses émotions. Quand elle s’approcha, il ne savait pas à quoi s’attendre, mais certainement pas à ce qu’elle lui prenne la main et qu’elle commence à soulever son la manche de son sweat-shirt. Il se raidit, comprenant ce qu’elle voulait voir avec ce geste. Seulement, ce qui l’attendait n’était pas du tout ce qu’elle devait imaginer. Il n’était pas un drogué, il n’avait pas le creux du bras complètement bleui par les piqures incessantes. Il y avait bien quelques traces de ses injections, mais aux yeux de Lorcan, le plus criant restait quand même les multiples petites cicatrices qui témoignaient des nombreuses fois où il s’était entaillé la peau des bras pour laisser couler son sang. C’était la seule manière qu’il avait trouvée pour laisser échapper le pouvoir qui prenait trop de place en lui … Et ça avait laissé des traces bien visibles sur sa peau. Il ne voulait pas qu’elle voie ça, mais il ne pouvait plus se retirer. Ils se parlaient plus sincèrement qu’ils ne l’avaient fait depuis presque deux ans, et il ne pouvait plus cacher sa mutation à sa sœur. Sa mutation et tous les effets collatéraux qu’elle avait pu avoir. « Et ça te fait du bien ? Le vaccin, Est-ce que ça te fait du bien ? » Il reposa ses yeux dans les siens, et il put y lire l’inquiétude qu’elle avait pour lui à l’idée que le remède soit pire que la maladie. Elle voulait savoir la vérité, et il n’avait pas du tout envie de la lui donner. « Parce que si ce n’est pas le cas, Lorcan, alors il ne faut pas continuer. Ce genre de truc, si tu ne le supportes pas, c’est une vraie merde. De l’extasy pour mutants, en pire. Une saloperie. » Il eut un petit rire sans joie. Elle ne savait pas si bien dire. Il était tellement à cran quand venait la fin de la période d’effet du vaccin, il avait besoin de savoir qu’il allait prendre une nouvelle dose, sans quoi il se sentait anxieux, fébrile, presque malade à l’idée de voir ses pouvoirs réapparaître. Il posa sa main libre sur celle d’Aspen, profitant de ce contact. Bientôt, il devrait reculer … Il n’avait pas encore pris sa nouvelle dose, et il ne voulait pas la blesser, encore une fois. « Une saloperie ? C’est clair. Mais tu peux pas imaginer ce que ça fait de … d’avoir ce truc au bout des doigts, et d’avoir peur de blesser quelqu’un si ça m’échappe. Je t’ai fait mal, l’autre fois, et je m’en suis même pas rendu compte avant qu’il ne soit trop tard. » Il ne répondait pas à sa question. « C’est toi qui m’a demandé de faire ça, et je l’ai fait, pour toi. Je n’ai pas d’autre solution, et ça marche. Pour ça, ça me fait du bien … » Il détourna la tête. Elle ne le laisserait pas s’en sortir aussi facilement. « Et les effets secondaires … Ca va, ça vient. Je commence à m’y habituer. C’est pas si cher payé pour être libéré, franchement. Je peux pas arrêter, plus maintenant. » Si on oubliait toutes les crises d’angoisse terrifiantes qui survenaient n’importe quand, n’importe où, dans les premiers jours après les injections, et qui étaient parmi les pires effets que ce truc lui causait, il s’en sortait pas si mal.
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Sujet: Re: can you hear me ? (wolstenholme twins) Mer 13 Jan 2016 - 22:48
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La rouquine ne quittait pas son frangin du regard, alors que celui de Lorcan se faisait plus nerveux, plus remuant. Elle l’observait lever les yeux au ciel avant de fixer quelques secondes un meuble, son bureau, puis le sol à nouveau. Il était mal à l’aise, c’était évident, la seule chose qui lui échappait, c’était la raison : était-ce la culpabilité de ne pas avoir une meilleure excuse pour expliquer pourquoi il s’était infligé cette vie de solitude insupportable, ou celle de l’avoir laissé seule si longtemps ? La suite des explications lui firent plisser le nez et froncer les sourcils : ce qu’il sous entendait ne lui plaisait pas. Pire, c’était blessant. Certes, elle avait toujours adhéré à la politique familiale concernant les mutants, le fait que ce n’était pas … Normal, Naturel, puisqu’elle avait été élevée là-dedans, mais … Mais elle n’était pas que ça. Elle n’était pas que le produit d’un formatage bête et méchant, ni une enfant qui récite sa leçon par cœur : elle avait une opinion bien à elle, un libre arbitre, un cœur aussi. A croire que même Lorcan l’oubliait, à son tour. Peut-être le méritait elle un peu, à avoir tenté de le réduire à sa condition de mutant, avant que leur filiation viscérale lui revienne à la gueule comme un boomerang, une évidence. Peut-être que Lorcan n’avait pas encore eu ce contre coup-là. Peut-être voyait-il encore la chasseuse et le mutant, plutôt que Lorcan et Aspen. Elle resta un moment silencieuse, avant de souffler, d’une voix si faible qu’on eut dit une petite fille :
- … Sauf que je ne suis pas maman … Ni papa …
Elle était Aspen. Sa sœur, sa jumelle, sa cadette de 3 minutes, celle avait qui il avait partagé les biberons, les couches, les premières bêtises et les dernières. Elle savait qui avait été sa première amoureuse, il savait qu’elle avait toujours eu peur des chiens, même des tout petits. Celle avec qui il triait les petits pois carottes à la cantine parce qu’il aimait les petits pois, et elle les carottes. Celle qui venait se glisser dans son lit les nuits de cauchemars ou de solitude, quand leurs parents partaient chasser ensemble et que Calista fermait sa chambre à clé pour pouvoir jouer tranquille aux jeux vidéo. Elle était Aspen, pas une inconnue. Pas une ennemie.
Alors qu’il la laissait remonter la manche de son sweet, elle tâcha de garder un visage impassible, concentré, alors qu’elle craignait que le bruit de son cœur qui se brisait ne la trahisse plus certainement que son regard : il y avait quelques traces de piqures assez insignifiantes, mais c’était bien tout le reste qui lui noua la gorge au point de l’empêcher de dire quoi que ce soit, incapable de répondre aux explications un peu nébuleuses de Lorcan : Des cicatrices, là, partout, sur son bras. Elle ne se souvenant pas en avoir vu autant sur la peau aussi pâle que la sienne, certaines en fines lignes blanchies, presque invisibles, d’autres encore rouges, plus récentes. Du bout des doigts, dans un silence de mort, elle effleura les croutes sèches de l’une des coupures, plus profondes, sans chercher à réprimer un frisson cette fois ci. Lorcan se scarifiait. Lorcan se faisait du mal. Et c’était uniquement de sa faute, à elle. Ses battements de cils, à l’instar de ceux de son cœur, s’accélérèrent, comme si cela pouvait chasser l’humidité qui lui montait aux yeux. Si elle ne l’avait pas rejeté, il n’aurait pas eu à faire tout ça, ils auraient trouvé d’autres solutions, d’autres moyens. Au lieu de ça, elle l’avait laissé tomber, comme jamais Lorcan ne l’aurait fait à sa place. Peut-être que c’était ce qu’elle faisait, elle baissait trop vite les bras, c’était pour ça que Salomé ne lui parlait plus, que Noeh avait fait le mort pendant des mois. Parce qu’elle ne méritait pas leur affection, leur attention, leur soutien, puisqu’elle-même était incapable de leur fournir ce dont ils avaient besoin. Si elle était un peu moins stupide et peureuse, elle l’aurait pris dans ses bras ce soir-là, et il ne lui aurait pas fait de mal, parce qu’il n’en était pas capable. Elle, oui, et ses mutilations, c’était comme si c’était elle qui les lui avait infligé…
La tête baissée, penchée vers le bras de son frère, une larme tiède tomba de ses cils sur la peau abimée de Lorcan, alors que ses mèches rousses dissimulaient son visage tout en chatouillant le bras de ce dernier. Sans relever la tête, ses doigts glissèrent le long d’une cicatrice fine remontant jusqu’au poignet, puis jusqu’à la paume ouverte, et enlaça ses doigts dans les siens. Rien, il ne se passa rien. Pas de douleur incandescente, pas de cri, pas d’explosion, rien. Ce n’était pas sa faute à lui. C’était la sienne. Un couinement s’échappa enfin de sa gorge, avant qu’elle ne murmure dans un souffle :
- Je suis désolée Lorcan. Je suis tellement, tellement désolée … Pardonne moi …
Et comme si le monde s’écroulait sous ses pieds, elle s’effondra aux pieds du mutant, agrippée à sa main, le visage appuyé contre le genou de ce dernier, alors que les larmes dévalaient ses joues comme si le barrage de ses glandes lacrymales venait de céder. Les épaules secouées par les sanglots, elle s’accrochait désespérément à la main de Lorcan, alors que tout ce qu’elle avait refoulé depuis près de cinq mois sortait à gros bouillons salés …
Lorcan Wolstenholme
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Sujet: Re: can you hear me ? (wolstenholme twins) Lun 25 Jan 2016 - 21:49
I've forgotten how it felt before the world fell at our feet
« … Sauf que je ne suis pas maman … Ni papa … » La pitoyable petite voix d’Aspen était un crève-cœur, pire qu’une accusation directe. Parce qu’elle se sentait réellement fautive, dans cette histoire, et que Lorcan réalisait peu à peu que c’était lui qui avait merdé dans les grandes largeurs. Il avait totalement présumé de la réaction de sa jumelle, et il avait agit en conséquences, mais il s’était planté. Il l’avait éloignée, il avait ignoré ses appels, il avait répondu de façon laconique à ses sms, et il avait laissé la distance s’installer entre eux en se disant qu’ainsi, les choses deviendraient bien plus faciles quand le moment de la rupture serait venu. Si elle le détestait déjà un peu avant, elle n’aurait plus beaucoup d’efforts à faire pour le détester pour de bon, ensuite … Elle ne pouvait que le détester, de toute façon, il n’avait jamais réellement envisagé qu’elle puisse réagir autrement. Il en avait rêvé, mais il s’était toujours retenu pour ne pas voir ça comme un futur potentiel. Elle ne l’accepterait pas comme ça. Elle ne pouvait pas, hein ? Pourquoi est-ce qu’elle le ferait, alors qu’il avait déjà tant de mal à se regarder dans une glace ? Elle voulait qu’ils soient un duo toujours aussi parfait que dans leurs premières années, quand ils étaient en compétition constante pour plaire à leurs parents, tout en sachant qu’aucun des deux ne serait jamais une déception. Ils avaient eu une enfance dorée, ils avaient été choyés et encouragés, et ils s’étaient tous les deux tirés vers le haut, soit pour ne pas laisser la victoire à l’autre, soit pour ne pas voir l’autre échouer. Ils étaient fiers l’un de l’autre, et Lorcan ne voulait pas être la première déception de sa sœur. Ce qu’il serait, inévitablement. La déception de la famille, le dégénéré qu’elle ne pourrait plus considérer comme son frère. Et il avait pensé que ça signifierait le début de la fin. Il s’était planté. Il ne savait pas quoi dire, ni comment s’excuser, il ne parvenait pas à exprimer tout ce qui bloquait au fond de sa gorge et qu’il aurait voulu déballer à sa sœur. Juste pour clarifier les choses, juste pour effacer ce malaise atroce entre eux … Mais il n’eut pas le temps de dire quoi que ce soit.
Elle avait finit par remonter sa manche, et elle avait vu les cicatrices sur son bras. Lorcan détourna le regard, pour ne pas avoir à subir l’odieux spectacle de l’horreur qui s’afficherait sur les traits de sa jumelle. Lui faire accepter le fait qu’il était mutant était une chose, mais la mettre devant les traces de sa mutation, c’en était une autre. Ca, il aurait préféré qu’elle ne le voie pas. Il reposa pourtant les yeux sur elle en sursautant quand il sentit une larme s’écraser sur son bras, et il constata, éperdu, qu’elle s’était mise à pleurer. Il referma sa main sur les siennes, la gorge serrée, incapable de dire quoi que ce soit. « Je suis désolée Lorcan. Je suis tellement, tellement désolée … Pardonne moi … » Et tandis qu’elle s’effondrait littéralement à ses pieds, Lorcan sentit son monde s’écrouler. Aspen, toujours si forte et si fière, Aspen et ses faiblesses qu’elle montrait si rarement, Aspen dont il avait perdu la confiance et les confidences depuis si longtemps … Aspen qui baissait les bras et qui sanglotait, les épaules secouées par un chagrin dont lui seul était la cause. Il se laissa glisser au sol et entoura sa jumelle de ses bras, lui faisant retrouver par ce geste la place qu’elle avait toujours eue auprès de lui. Il posa son visage contre ses cheveux, la serra contre lui sans rien dire, ses sanglots résonnant à travers sa propre poitrine, faisant naître comme en écho des larmes qui se mirent à couler à son tour, le long de ses joues. « Aspen … C’est pas de ta faute. » Il avait laissé trop de non-dits s’installer, trop longtemps, jusqu’à ce qu’elle s’imagine que c’était elle, la fautive. Lorcan se sentait tellement misérable qu’il avait du mal à parler, à décoincer les mots au fond de sa gorge pour rassurer sa sœur. Comment avait-il pu la laisser croire une seule seconde qu’elle était responsable ? Il savait qu’il l’avait blessée, il le savait depuis le tout premier jour où il avait refusé de la voir pour manger ensemble comme ils l’avaient toujours fait. Il avait vu la douleur dans ses yeux, l’incompréhension, et il avait essayé de se blinder en se disant que ce serait mieux ainsi. Pour lui, mais aussi pour elle. Mais c’était faux. « On est nés comme ça, toi humaine, moi mutant, et papa et maman hunters, on n’a jamais demandé quoi que ce soit. C’est pas de ta faute, et c’est pas la mienne non plus … » Il la serra un peu plus fort contre lui, et il se mit à lui caresser doucement les cheveux d’un geste machinal, comme il le faisait, avant. Il y a de ça bien longtemps, quand il était encore celui qui la réconfortait quand elle allait mal. « Je sais que t’es pas maman ou papa, je suis désolé d’avoir pensé que tu réagirais comme eux. » Il avait sciemment mis de côté leur relation qui dépassait tout ce que leurs parents leur avaient inculqué, mais il avait besoin de s’expliquer, de la rassurer. Elle n’était pas la fautive. « Les cicatrices, c’est pas à cause de toi, c’est … Avant de prendre le NH24, c’était le seul moyen que j’avais trouvé de me contrôler sans faire trop de dégâts. Ma mutation, c’est de manipuler le sang, et quand ça devenait impossible à contenir, quand j’avais l’impression que j’allais exploser, y’avait que comme ça que j’arrivais à … calmer les choses. J’avais trop peur de causer un accident, j’imaginais que je pouvais toucher quelqu’un et lui provoquer un AVC ou ce genre de truc, alors comme ça au moins, je me contrôlais un peu mieux, je savais d’où ça venait, y’avait pas de risque. » Il ne réfléchissait plus à ce qu’il disait, il parlait, il laissait sortir tout ce qu’il avait bloqué au fond de lui trop longtemps, ce qu’il avait caché par honte et par dégoût. Elle avait le droit de savoir et quelle que soit sa réaction, il ne voulait plus lui cacher la vérité. « Et l’autre fois, ça aurait pu être pire quand je t’ai touchée, mais je contrôlais rien et ça m’a fichu une frousse pas possible. Je me le pardonnerais jamais, si je te fais du mal. Ca me dérange pas, de prendre le vaccin, si je peux te toucher sans avoir peur de te blesser … » Comme il le faisait à présent. Elle était contre lui, ils étaient à nouveau réunis, et il n’avait pas peur. Il se sentait libéré d’un poids qui l’avait oppressé depuis qu’il avait compris qu’il était un dégénéré. « Je voulais pas qu’on soit séparés, mais je savais pas quoi faire d’autre. »
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Sujet: Re: can you hear me ? (wolstenholme twins) Mer 27 Jan 2016 - 21:48
Cause all of my kindness, is taken for weakness...
Elle avait fait de son mieux pourtant, elle le promettait : elle avait essayé de poursuivre sa vie comme de rien n’était, elle avait continué à s’entrainer, à chasser, à bosser … à vivre. Mais quand elle était là, assise aux pieds de Lorcan, tremblante et ruisselante de larmes, elle se trouvait quand même sacrément hypocrite. Comment avait elle pu, prétendre qu’elle se débrouillait toute seule ? Non, ce n’était pas le cas, clairement. Elle avait pu faire illusion, si elle avait vécu de l’autre coté du globe. Mais là, à le voir comme ça, c’était juste impossible. Pire encore, quand il glissa d’un fauteuil jusqu’au sol, passant ses jambes de part et d’autres des siennes, puis ses bras autour de ses épaules, ses sanglots redoublèrent, alors qu’elle cachait son nez dans le cou chaud du mutant, sentant la pulsation de son pouls contre l’arrête de son nez. Fallait dire que c’était un peu tard pour lui dire que ce n’était pas sa faute, cela faisait cinq mois qu’elle était rongée par la culpabilité de son comportement excessif. Et voilà que ce soit, il lui disait de ne pas s’en vouloir, exactement 5 minutes après avoir sous entendu qu’elle ne valait pas mieux que leurs parents, et qu’elle ne l’aimait probablement pas assez pour préférer sa vie de mutant à sa mort en humain. C’était juste … Suréaliste.
- Je suis … Pas… Comme … Eux… On est… Pas… Pareils… Qu’eux….
Chaque mot semblait être hoqueté de sa bouche tremblante, sa respiration sifflant entre deux syllabes. Evidemment, leurs parents s’aimaient à la folie, et il n’y avait probablement pas un jour où leur père ne pensait pas à son épouse défunte. Sauf qu’eux, c’était plus que ça. Ils étaient la même personne dans deux corps. Ils avaient partagé le même ventre, la même chambre, la même vie, pendant 25 ans. On ne pouvait pas comparer leur relation à un amour classique. Le leur était fusionnel, filial, implacable. Elle avait pu croire être assez forte pour vivre sans lui, littéralement comme métaphoriquement, mais ce soir, ça lui paraissait évident : ce n’était pas le cas. Elle renifla dans son cou, grognant ce qui ressembla finalement à un couinement de souris :
- Ouais, ben j’espère bien que c’est sorti de ta tête cette idée à la con….
Elle se tue tout le temps durant lequel il lui expliqua les cicatrices, le vaccin, ses effets et … Son don. Enfin, le truc que le gène X lui permettait de faire. Etonnement, elle s’attendait à être horrifiée, dégoutée, terrorisée même. Et puis finalement … Pas tant que ça. Clairement, ce truc n’était pas anodin, il pouvait faire beaucoup de mal, mais… Pour l’instant, tout ce qu’elle voyait, c’était le mal qu’il s’infligeait, à lui, la peur permanente dans laquelle il avait vécu, tout seul, pendant tout ce temps. C’était terrifiant, quand elle y réfléchissait, de se savoir capable de faire de telles choses, sans savoir comme gérer ça autrement que par la mutilation et la consommation de cachetons tout sauf bons pour la santé. Elle sentait bien qu’il avait besoin de vider son sac, d’extérioriser tout ça une bonne fois pour toute. A vrai dire, elle doutait largement qu’il puisse en parler à qui que ce soit d’autre, depuis tout ce temps. Elle se demandait comment il avait pu supporter tout ça, au final, et son empathie envers son jumeau surpassait largement sa crainte de la mutation. Il fallait dire qu’après des mois de séparation, la présence de Lorcan ressemblait à un fix de drogue pure. Elle resta un moment silencieuse, le temps de digérer tout ça. Elle avait probablement de quoi carburer plusieurs mois encore avec tout ça, et se demanda si c’était courant, ce genre de mutation, ou si Lorcan était un cas à part. Elle se redressa un peu, essuyant les larmes et le mascara qui avaient coulé de ses jolis yeux, se calant un peu plus confortablement contre son jumeau, en tachant de reprendre une respiration à peu près calme :
- Les effets secondaires du vaccin, c’est quoi ? T’as trouvé des … Des trucs pour atténuer les effets ?
Elle ne se faisait pas trop d’illusions quant à la teneur de sa réponse, mais ça aussi, elle avait besoin de l’entendre de sa bouche. Elle avait lu tellement de choses là-dessus qu’elle était incapable de distinguer le vrai des exagérations. Elle tira un mouchoir du paquet dans la poche de son gilet, se mouchant avant de reprendre avec un pâle sourire, lui tendant un bout de papier cotonné :
- Pour l’instant ce soir tu te débrouilles pas trop mal regarde…
Elle tenait toujours la main de Lorcan dans la sienne, passant son pouce sur le dessus de sa main en faisant de petits ronds sans vraiment y réfléchir. Ils n’avaient beau pas être du genre pots de colle l’un avec l’autre d’ordinaire, mais à cet instant précis, sa chaleur dans son dos lui faisait un bien fou, presque autant que ses paroles.
- On savait pas ni l’un ni l’autre. Mais faut pas qu’on recommence, c’était nul.
Implicitement, cette réplique digne d’une enfant de huit ans revêtait bien plus d’importance qu’on pouvait l’envisager : Ne plus se séparer, jamais. Même si c’était un … Mutant. Même si c’était une humaine, une chasseuse. Ces cinq derniers mois avaient été trop douloureux pour ne pas se rendre compte à présent que les liens du sang étaient plus forts que tout ce dont on lui avait farci le crâne depuis des années. Lorcan était sa moitié, son jumeau, et ce n’était pas une … Erreur génétique qui lui arracherait son frère. Plus jamais.
Lorcan Wolstenholme
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Sujet: Re: can you hear me ? (wolstenholme twins) Lun 22 Fév 2016 - 21:19
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« Je suis … Pas… Comme … Eux… On est… Pas… Pareils… Qu’eux…. » Qu’est-ce qu’il pouvait bien répondre à ça, Lorcan ? Il savait qu’ils n’étaient pas comme leurs parents. Il savait que ce qu’ils avaient, c’était bien plus fort que ce que leurs parents avaient eu, et pourtant, il avait douté, et d’une certaine façon il ne parvenait toujours pas s’en convaincre. Pour n’importe quoi d’autre, il n’aurait jamais douté de sa jumelle, pas une seule seconde. Si on effaçait la mutation, il aurait toujours su sans le moindre doute qu’Aspen aurait tout fait et tout donné pour lui, tout comme il aurait tout fait et tout donné pour elle. Si elle avait été malade, il se serait découpé en morceaux pour la guérir, si elle avait été en danger, il se serait jeté dans la fosse aux lions pour la secourir. C’était tellement simple, c’était une vérité absolue. Puisqu’ils étaient jumeaux, puisqu’ils étaient nés ensemble, ils devaient tout donner pour l’autre, parce qu’ils ne pouvaient tout simplement pas supporter de vivre sans l’autre. Ca avait été vrai pendant de longues années, et puis leur père avait mis un fusil de chasse entre leurs mains et leur avait dévoilé l’existence de monstres insoupçonnés. Et Lorcan était devenu un de ces monstres. Ca changeait tout. Ca avait ébranlé tout ce en quoi il pouvait croire, et même si Aspen semblait choquée à l’idée qu’il ait pu tout remettre en cause … Elle ne pouvait pas imaginer. Les doutes, la peur, la sensation que sa vie venait de prendre fin et que plus jamais il n’aurait droit à l’amour de sa moitié. Vivre loin d’elle était devenu une torture permanente, d’autant plus depuis qu’elle savait qu’il était un dégénéré, mais il n’avait pas pu faire autrement. Il était toujours prêt à mourir pour elle s’il le fallait, mais il n’était pas prêt à la voir souffrir pour lui, à cause de lui. Il avait été déchiré, réduit en miettes par la seule idée d’être la cause du dégoût, de la déception et de la peine de sa jumelle … Et étrangement, à présent qu’il avait vécu tout ça, qu’il savait au plus profond de lui qu’il était toujours tout ça, il se sentait bien mieux qu’il ne l’avait été pendant plus d’un an. Combien de fois il en avait rêvé, de la serrer ainsi dans ses bras sans qu’elle ne le repousse, jusqu’à se réveiller la nuit en criant son nom, avant de réaliser que ce n’était qu’un satané rêve … Il ne rêvait plus, et il se sentait sacrément con de ne pas avoir provoqué ça plus tôt, mais il savait aussi qu’il ne l’aurait jamais fait tout seul. Il acceptait tous les reproches, ils étaient tous justifiés, mais il avait fait la seule chose qui lui semblait possible et encore maintenant, alors qu’elle sanglotait dans ses bras, il ne se voyait pas faire quoi que ce soit d’autre. Mais c’était fini. Le cauchemar était terminé.
« Ouais, ben j’espère bien que c’est sorti de ta tête cette idée à la con…. » Un sourire débile s’afficha sur les lèvres de Lorcan et il la serra encore un peu plus contre lui à ces paroles. « Promis. » Il voulait bien lui promettre n’importe quoi, tant qu’il avait le droit de la garder serrée contre lui jusqu’à ce que mort s’ensuive. En gros. Plus question de la laisser s’éloigner, plus jamais. Il eut un peu peur, pourtant, quand il s’épancha en détails sur sa mutation, et qu’il lui en dévoila les côtés les moins glamours. Il craignit qu’elle ne s’éloigne, ou au moins qu’elle ne mette fin à ce contact potentiellement dangereux. Sans le NH24, la tenir aussi près de lui lui aurait causé de véritables sueurs froides, alors il ne lui en voudrait pas si elle réagissait négativement … Mais elle ne bougea pas. Et une nouvelle fois, il se traita d’idiot. Ne venait-elle pas de lui faire jurer d’arrêter de s’imaginer des choses ? Elle était plus forte que toutes ces réactions négatives qu’il s’imaginait toujours. « Les effets secondaires du vaccin, c’est quoi ? T’as trouvé des … Des trucs pour atténuer les effets ? » Il mit quelques secondes avant de répondre, pas vraiment pressé de parler de tout ça. Mis à part avec Salomé, il n’en avait jamais parlé à personne, et c’était toujours aussi déplaisant de mettre des mots sur ce truc qu’il aurait préféré enterrer et oublier. « Je fais des crises d’angoisse. C’est plus fréquent au début, dans les premiers jours après l’injection, après ça va un peu mieux … » Il y avait des mauvais moments à passer, des crises terrifiantes … Des jours entiers à redouter le pire, à mettre sa vie entre parenthèse parce qu’il n’était pas capable de se reprendre. « Y’a pas grand-chose à faire pour ça, je pense. Je laisse passer, c’est tout. » Mais à présent qu’Aspen était de retour dans sa vie, il était certain que ça irait mieux. Quoi qu’il arrive, tout serait plus supportable en sachant ça. Elle s’installa un peu plus confortablement et il rectifia la position de ses bras pour qu’ils se retrouvent l’un contre l’autre, et il attrapa le mouchoir qu’elle lui tendait pour essuyer ses larmes. « Pour l’instant ce soir tu te débrouilles pas trop mal regarde… » Il posa ses yeux sur leurs mains, et prit conscience du petit geste qu’elle n’avait pas cessé de faire depuis qu’elle le tenait. Il se mit à sourire, un peu niaisement. C’était assez dingue l’effet qu’un simple petit geste comme ça pouvait lui faire. Il était simplement heureux qu’elle le touche de cette façon, qu’elle garde sa main dans la sienne, sans aucune peur, sans reculer. Il entrelaça leurs doigts et les monta à hauteur de leurs yeux. « Ouais … Mais j’ai pas trop de mérite. Je serais pas aussi détendu si j’étais pas sous NH24. » Il laissa retomber leurs mains, sans la lâcher. Dans quelques heures, les effets du NH24 s’estomperaient, et il serait bien moins détendu pour le coup. Mais pour l’instant, il n’en avait rien à faire. Il appréciait juste le moment. « On savait pas ni l’un ni l’autre. Mais faut pas qu’on recommence, c’était nul. » Lorcan enfouit son visage dans l’épaule de sa jumelle, tout en la resserrant une nouvelle fois dans ses bras. Il avait le cœur qui se mettait à battre la chamade rien qu’à l’idée de recommencer à s’éloigner d’elle. Il ne l’avait retrouvée que depuis quelques dizaines de minutes, mais c’était déjà tout un monde qu’elle avait reconstruit autour d’eux, et il ne voulait plus jamais le voir s’effondrer. « Ouais, promis. C’était l’année la plus longue et la plus difficile de ma vie, sans toi. » Il faisait des promesses, encore et toujours, mais il avait bien l’intention de les tenir, celles-là. « C’est la première fois que je ne sais pas qui tu as vu et ce que tu as fait. J’ai l’impression d’avoir loupé une éternité de ta vie, c’est trop bizarre. » Avant, ils savaient tout l’un de l’autre. Ou presque. Il y avait toujours une chose qu’elle lui avait cachée, et ce bien avant qu’il ne se mette à l’éviter. « Si ça se trouve tu t’es mariée et je ne suis même pas au courant. » Il leva une nouvelle fois leurs mains pour étudier ses doigts, paru rassuré de ne pas y voir d’alliance. « Bon, ça va, fausse alerte. »
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Sujet: Re: can you hear me ? (wolstenholme twins) Mar 23 Fév 2016 - 14:41
Cause all of my kindness, is taken for weakness...
Il avait promis. C’était important, les promesses, chez les Wolstenholme, pas vraiment quelque chose que l’on fait en l’air, et encore moins en famille. Alors si il promettait, c’était qu’il y croyait, fort, et ça réconfortait un peu Aspen, qui était calée dans les bras de son frère avec la ferme intention de ne pas le laisser filer une nouvelle fois. Elle tordit un peu le nez, une de ses mimiques les plus caractéristiques, quand il lui expliqua les crises d’angoisses, le contrecoup du vaccin. Elle n’avait jamais été sujette à ce genre de choses, mais elle imaginait sans peine que cela devait être tout, sauf agréable. Elle s’en voulait, encore, de l’avoir laissé gérer tout ça pendant si longtemps, sans la moindre aide. Parce qu’elle le connaissait le frangin, il avait surement du vouloir gérer ça tout seul dans son coin, prostré dans son appartement, de peur d’embêter son entourage et de les inquiéter. Gros béta va. Elle leva la tête vers lui, avant de lui répondre d’un ton un peu sévère :
- Pour ta prochaine prise de vaccin, si tu veux toujours en prendre, ce qui est pas forcément une bonne idée, je veux être là quand ça t’arrive… J’ai réussi à calmer tes cauchemars quand on était petit et à tuer le monstre du placard, c’est pas deux trois angoisses qui me feront peut…
Il avait bien dézingué le crocodile imaginaire sous leur lit superposé, elle pouvait bien faire l’effort de rester avec lui pendant une de ses crises. Elle ne pourrait surement pas y faire grand-chose, mais au moins, il ne serait pas seul. Il ne serait plus jamais seul, Lorcan, ça ne lui réussissait pas, il avait des cernes qui lui arrivaient jusqu’au menton. Ça ne réussissait pas tant que ça à Aspen non plus, elle ne se voilait pas la face : elle avait l’impression que l’on venait d’enfin lui enlever le voile qui recouvrait son visage depuis plusieurs mois, l’empêchant de voir, de respirer correctement tout ce temps. Elle leva les yeux au ciel quand il se dégagea de toute responsabilité dans la gestion de son don. NH dans les veines ou pas, elle n’avait pas entendu ces derniers mois la moindre rumeur sur un mutant contrôlant le sang dans les rangs des chasseurs, ce qui signifiait qu’il avait suffisamment de contrôle pour ne pas avoir fait de coup d’éclat susceptible d’attirer l’attention des autorités. Rien que pour ça, elle était très fière de lui, parce que les sous fifres de Thaddéus comme les hunters les plus indépendants étaient aujourd’hui omniprésents en ville, et les choses se savaient de plus en plus vite. Elle songea que peut être, ironiquement, son appartenance à une famille de chasseurs réputés aidait son frère à passer entre les mailles du filet. Pour beaucoup, les Wolstenholme étaient au dessus de tout soupçon, et personne n’oserait se présenter face à leur paternel pour accuser Lorcan de dégénérescence sans de très, très solides preuves. Et les preuves, elle et Calista pourraient les faire disparaitre, d’une manière ou d’une autre. Jamais le secret de Lorcan ne serait percé à jour. Jamais.
- Même, je trouve que tu gères bien … quoi que ce soit que tu fasses. C’est pas hyper clair dans ma tête, mais c’est pas bien grave, au pire. Ça a même pas tant d’importance que ça.
Elle savait qu’il pouvait faire des trucs flippants, mais elle savait aussi que ça restait Lorcan, celui qui ne ferait jamais de mal à une mouche. Sauf si le dit drosophile s’appelait Noeh et était sorti avec sa jumelle dans son dos, mais bon, ça c’était une autre histoire. Alors même si elle ne comprenait pas l’ampleur des capacités surnaturelles de Lorcan, ça ne la perturbait, étrangement, pas tant que ça. Elle lui faisait confiance, et c’était tout ce qui comptait vraiment. Elle passa l’index tendrement sur la joue de Lorcan alors qu’il calait son nez dans le creux entre son cou et son épaule, profitant de sa chaleur familière comme de celle de la maison familiale qu’elle aurait quitté depuis trop longtemps. C’était dingue de sentir à quel point il lui avait manqué, et de sentir qu’elle lui avait manqué un peu, aussi, impression qu’il ne fit que confirmer par la suite de ses confessions. Elle ne put qu’hocher la tête à chaque affirmation : le temps lui était paru terriblement long et angoissant sans lui à ses cotés. Nombres de fois, elle s’était retrouvée tiraillée, hésitante, et elle aurait eu besoin de son frère pour l’aider à faire des choix, à être plus lucide. Elle soupira un peu avant de reprendre, sur le même temps que lui :
- Trop bizarre, clairement. Cela dit t’a réussi à survivre, et en un seul morceau, j’applaudis l’effort, vraiment. Après, t’as pas loupé grand-chose grand-chose, pour être honnête. J’crois que je me suis mise un peu en stand by, le temps que tu reviennes, d’une certaine façon… J’ai rencontré des gens, je suis sortie, j’ai bossé… Mais rien de dingue quoi …
En effet, ce n’était pas ses sorties avec Priam et Marius, ou l’adoption de son chat avec Rhaena qui avaient révolutionné son mode de vie.
- Enfin si, une chose…
D’un air soudain bien grave, elle prit la main de son frère pour le poser son ventre un peu gonflé par l’abus de café et de sushis :
- Je voulais pas te le dire tout de suite, mais j’ai pas osé…. J’en suis à 3 mois déjà, ça va pas tarder à se voir…
Et le pire, c’était qu’elle était super forte pour garder son sérieux dans ce genre de mascarade, fixant son frère d’un regard intense, alors qu’elle le voyait se décomposer à vue d’œil. Elle garda son sérieux bien … trois minutes, avec la main de Lorcan sur son ventre, avant de lui envoyer un coup de coude dans les cotes en éclatant de rire :
- Non mais un mariage, t’as pété un câble oui ? Pourquoi pas un bébé pendant que tu y es ? t’es vraiment trop con hein !
Ça y est, Aspen lâchait enfin les chevaux : les blagues, les coups de coude, les insultes affectueuses. Elle était vraiment et sincèrement soulagée d’avoir Lorcan avec elle. Il avait finalement bien fait de penser à venir se réfugier ici, ce soir …
Dernière édition par Aspen Wolstenholme le Sam 19 Mar 2016 - 11:11, édité 1 fois
Lorcan Wolstenholme
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Sujet: Re: can you hear me ? (wolstenholme twins) Sam 12 Mar 2016 - 20:10
I've forgotten how it felt before the world fell at our feet
Décrire à sa sœur les effets du NH24, ce n’était pas évident. Mais les décrire d’une manière générale, ça n’avait jamais été la chose plus facile, de toute façon. Comment expliquer à quelqu’un de parfaitement extérieur, ce qu’il pouvait ressentir en s’injectant cette merde ? Le soulagement si intense en sentant toute la pression de ses pouvoirs s’envoler, et puis la peur soudaine qui lui vrillait les entrailles, lui coupait le souffle, lui faisait perdre toute notion de relativité … « Pour ta prochaine prise de vaccin, si tu veux toujours en prendre, ce qui est pas forcément une bonne idée, je veux être là quand ça t’arrive… J’ai réussi à calmer tes cauchemars quand on était petit et à tuer le monstre du placard, c’est pas deux trois angoisses qui me feront peur… » Il fronça les sourcils à cette proposition, et secoua doucement la tête. « C’est gentil, mais je … » Il s’arrêta avant de refuser tout net, soupesant plus sérieusement ce qu’elle venait de lui dire. « Je dois en reprendre, ce soir. J’ai acheté la seringue avant d’aller au boulot, c’est pour ça que j’étais en retard et que j’ai loupé le couvre-feu. Je peux pas arrêter de le prendre, pas encore, je suis pas assez … sûr de moi, tu vois. Je sais pas comment faire pour m’en passer. » Il avait pensé qu’il prendrait sa dose en rentrant, chez lui, quitte à sécher une nouvelle fois les cours demain. De toute façon, il n’était plus très assidu, il n’aurait sans doute pas son année, alors ça ne changerait pas grand-chose. « Je … pourrais dormir chez toi ? Ce sera plus simple si tu veux combattre les monstres dans ma tête. » Fit-il lentement. Difficile d’accepter de partager ça, même avec sa jumelle. Après tout, ils ne se reparlaient que depuis une grosse demi-heure, et il était en train de la mettre en face de toute la merde qu’il avait cachée jusque là. Il savait qu’elle n’avait pas fait cette proposition en l’air pour être polie, elle s’inquiétait pour lui et elle voulait prendre un peu de ses peines sur elle plutôt que de le laisser y faire face seul, mais il ne voulait pas qu’elle subisse ça. Sa jumelle avait un cœur trop généreux, qui lui faisait faire des choses trop énormes, même pour elle. « Mais je veux pas t’imposer ça. Ce sera moins drôle que quand t’as tué le monstre du placard. » Ajouta-t-il avec une tentative de sourire. Le temps des monstres de leur enfance était révolu, il fallait combattre des monstres bien plus réels à présent.
« Même, je trouve que tu gères bien … quoi que ce soit que tu fasses. C’est pas hyper clair dans ma tête, mais c’est pas bien grave, au pire. Ça a même pas tant d’importance que ça. » Il hocha la tête, bien d’accord avec elle. Il valait mieux qu’elle ne cherche pas à tout savoir en détails, et ça irait bien mieux comme ça. Et ça lui faisait un bien fou qu’elle lui dise ça, ces petites félicitations représentaient plus que ce qu’elle pouvait imaginer. Elle était une chasseuse, il était un mutant, mais elle faisait preuve d’une compréhension qui l’époustouflait. « Je sais vraiment pas comment tu fais pour être aussi détendue. J’ai jamais été détenu pour en parler, moi. Mais okay. Je suis d’accord pour qu’on dise que ça n’a pas d’importance, ça me va très bien. » Pour une fois, ça ne revenait pas à dire de tourner le dos en faisant comme si sa mutation n’existait pas. C’était l’accepter et vivre avec en sachant qu’elle faisait de même, et c’était un véritable soulagement. Toutes ces retrouvailles étaient un soulagement. Se blottir contre elle, enfouir son visage contre sa peau, inspirer son parfum, sentir qu’elle passait sa main sur sa joue … Comme s’ils n’avaient jamais cessé d’être jumeaux, fusionnels, une seule personne dans deux corps séparés. Le bonheur qu’il en ressentait n’avait pas de bornes. « Trop bizarre, clairement. Cela dit t’a réussi à survivre, et en un seul morceau, j’applaudis l’effort, vraiment. Après, t’as pas loupé grand-chose grand-chose, pour être honnête. J’crois que je me suis mise un peu en stand by, le temps que tu reviennes, d’une certaine façon… J’ai rencontré des gens, je suis sortie, j’ai bossé… Mais rien de dingue quoi … » Rien de dingue ? Elle avait rencontré des gens ! Lorcan aurait été bien plus fâché d’apprendre qu’elle était restée chez elle sans voir personne, à cause de lui. Au moins, elle avait continué de vivre, malgré ce qu’elle en disait. « Enfin si, une chose… » Il se redressa légèrement, l’air soudain un peu inquiet devant l’air grave qu’arbora Aspen. Et quand elle prit sa main pour la poser sur son ventre, il entra dans une confusion extrême, refusant de comprendre le geste pourtant sans équivoque. « Je voulais pas te le dire tout de suite, mais j’ai pas osé…. J’en suis à 3 mois déjà, ça va pas tarder à se voir… » Il écarquilla les yeux, dévisagea Aspen avec une expression d’horreur sur le visage. Un bébé. Un bébé. Quoiiiii ???? Elle était enceinte ? Immédiatement, il vit les traits de Noeh s’imposer à lui, juste au moment où Aspen se décida à éclater de rire, chassant cette vision de cauchemar de sa tête. « Non mais un mariage, t’as pété un câble oui ? Pourquoi pas un bébé pendant que tu y es ? t’es vraiment trop con hein ! » Lorcan fit échapper un gigantesque soupir et se laissa retomber en arrière, sur la moquette. « Putain !! Me refais jamais ça, j’ai cru que j’allais avoir une crise cardiaque ! Ca va pas la tête !! » Il se redressa en rigolant à moitié, toujours traumatisé par ce qu’il venait d’imaginer. « Merde, j’y ai vraiment cru ! Je te voyais déjà changée en mère au foyer avec des gosses hurlant partout et un mari alcoolique. » Il secoua la tête, le choc s’effaçant petit à petit. « En même temps, tu m’as jamais dit que tu sortais avec Noeh quand on se parlait encore, alors je vois pas pourquoi mon idée de mariage était si débile que ça. Surtout si c’était avec Noeh, tu voulais peut-être juste éviter que j’aille lui refaire le portrait encore une fois. » Il n’y avait aucune rancœur dans son ton, ni même dans son intention. Mais au moins, il avait enfin lâché ce qu’il avait sur le cœur depuis qu’il avait appris que son ancien meilleur ami et sa jumelle avaient eu une relation secrète, alors qu’il croyait qu’elle lui confiait absolument tout.