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| Another story of the bitter pills of fate (Weston) | |
| Auteur | Message |
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| Sujet: Another story of the bitter pills of fate (Weston) Lun 1 Fév 2016 - 20:28 | |
| Another story of the bitter pills of fate Si personne n’avait vu Ivory depuis quelques jours, c’était pour une très bonne raison. Elle ne sortait pas de chez elle ou plutôt, elle n’en sortait que pour remplir son frigo. Les cours, elle avait continué à les dispenser malgré sa vaccination, du moins, jusqu’à ce qu’elle s’endorme comme une masse sur son bureau et que les élèves en profitent joyeusement pour foutre le bordel. Depuis que cette saloperie de produit était entré dans ses veines, elle ne dormait pas et quand elle dormait, elle était réveillée par des cauchemars, histoire de pouvoir bien se reposer. Avec ses cernes grosses comme des valises et la tronche qu’elle tirait, elle n’avait eu aucun mal à faire gober qu’elle était malade. Elle avait dû demander qu’on lui bidouille un certificat médical. Se pointer chez un médecin était hors de question, elle savait ce qu’elle avait, elle ne le savait que trop bien et elle savait surtout à cause de qui. C’était peut-être ce qui lui faisait le plus mal d’ailleurs. Le pire, c’était qu’elle comprenait pourquoi Charlie avait fait ça, elle le comprenait parfaitement. Vaccinée, elle passerait sous les radars des hunters fêlés de la ville mais, elle n’en voulait pas de cette vaccination. Elle avait l’impression que tout était terne depuis, elle ne ressentait plus les matières de la même façon et ça commençait déjà à lui manquer. Elle n’aurait jamais cru que ça pourrait lui manquer et pourtant... pourtant c’était le cas, plus qu’elle ne l’aurait voulu. À ça s’ajoutait tout le reste, sa rencontre avec un vrai chasseur complètement jeté, celle avec son père dans le parc et Seth qui avait grillé tout le panneau de fusibles à sa disposition. C’était de mieux en mieux. Elle ne gardait aucune trace de la balle qu’avait tirée Seth et aucune marque de la vaccination mais, elle se souvenait précisément des endroits touchés. Elle ne voulait pas oublier. Tout ça, c’était de la faute de ces tarés de hunters et de leur clique. Elle se demandait d’ailleurs comment Adrian avait pu se retrouver avec cette bande de malade. Elle se voyait mal lui dire ce qui lui était arrivé mais, elle avait envie de hurler sur tout et tout le monde, de passer ses nerfs. Radcliff en flamme avait de plus en plus d’attrait, c’était vraiment très séduisant comme image. En attendant, ses nerfs étaient à vif alors qu’elle était fatiguée et que ça n’allait pas s’arranger. Son pinceau passa à travers sa toile et elle envoya tout bouler, c’était plus simple comme ça finalement. Un moment, quelques longues minutes en réalité, elle observa les dégâts mais ne rangea rien, elle avait besoin de voir ça. Elle ne savait pas pourquoi mais, elle sentait qu’elle devait se souvenir de chaque réaction, que ça lui serait utile. C’était peut-être ridicule mais, il fallait qu’elle s’accroche à quelque chose et ça ou n’importe quoi d’autre, ça pouvait faire l’affaire. Peut-être que ça ne lui servirait à rien et peut-être que si, tout ce qu’elle savait, c’était que dans l’immédiat, ça lui faisait du bien. De toute façon, ça ne bousillerait pas son plancher, elle avait bâché cette section depuis longtemps. Lorsque la cafetière déclencha, elle sursauta, toujours absorbée par son carnage. Le café n’était peut-être pas la meilleure des idées mais, si elle ne pouvait pas se réconforter au moins avec ça, elle allait péter un plomb. Son regard se posa sur son téléphone, volant d’un objet à l’autre et elle soupira. Elle avait envie d’envoyer un message à Charlie pour lui dire qu’elle ne lui en voulait pas, enfin si... un peu mais pas trop. Sauf qu’elle lui en voulait. C’était trop tôt, elle ne pouvait pas juste lui dire que tout était ok, pas tout de suite. Ça n’aurait pas été sincère et elle était toujours sincère... Pour la deuxième fois depuis quelques minutes, elle sursauta. Quelqu’un sonnait à la porte et elle se figea. Ivory avait peur, vraiment, depuis le musée. Peur qu’un hunter ne décide de venir finir le travail. Peut parce que ça pouvait aussi être Seth. Peur parce qu’elle était désormais incapable de se défendre. Elle ferma les yeux et inspira à fond avant d’aller jeter un œil par le judas. Elle grinça des dents, l’envie de hurler lui prenant les entrailles aussi sûrement qu’elle choppait la gueule de bois quand elle picolait un peu trop. Qu’est-ce qu’il foutait là ? Par réflexe, elle ouvrit grand la porte et le toisa sans broncher, mal sapée, les cheveux en vrac et des poches sous les yeux. - « Qu’est-ce que tu fous là ? »Visiblement, la courte entrevue -heureusement interrompue- du parc, ne lui avait pas suffit. Il voulait remettre ça. Bien ! Elle était d’humeur à s’engueuler. Il pouvait bien prendre pour les autres.
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| | | | Sujet: Re: Another story of the bitter pills of fate (Weston) Lun 8 Fév 2016 - 20:22 | |
| A l'instant même ou Shaun avait enflammé le bout d'une cigarette emprunté à un collègue, il s'était dit que ce n'était pas une bonne idée. Pourtant, il avait craqué la pierre avec la roulette, d'un brusque mouvement du pouce, jusqu'à ce que la flamme bleue et jaune jaillisse du bec du briquet et carbonise le cul d'un long tube de tabac industriel, roulé au millimètre mécanique. Le briquet a alors roulé entre ses doigts gantés pour atteindre ceux de son collègue, et il a pincé de ses phalanges le corps tassé pour le tirer de l'étreinte de ses lèvres, dont s'est échappée la première bouffée salvatrice. Tandis que la douceur âcre de la nicotine se glissait dans sa gorge, imprégnait ses muqueuses, circulait dans son sang et tapissait ses bronchioles, il a imaginé un instant les molécules de drogue se battre en duel avec celles du tabac. Et puis il s'est dit, en tirant une fois de plus, comme tout le temps, qu'il n'en avait rien à foutre. Ses yeux se sont indifféremment posés sur le corps amorphe étendu à ses pieds, au mouvement foudroyé par une balle en pleine tête.
Allongé sur le sol, la face dans la terre encore humide de la dernière pluie, les bras légèrement écartés, le mutant semble dormir, étourdi par une cuite monstrueuse qu'il se serait pris dans la nuit. L'aube se lève sur son cadavre apaisé, détendu par la rafale létale. Il n'a pas la moindre goutte de sang ; le coup a été froidement tiré, avec une précision chirurgicale et un calme militaire, celui de Shaun. Le cul sur une pierre proche, le canon encore fumant de l'arme entre les cuisses, embrassant l'herbe mouillée de rosée, Shaun contemple une pièce supplémentaire de l’œuvre de sa vie. Au premier plan de la fresque de la forêt où la course poursuite a été brutalement interrompue, gît le fruit d'un échec cuisant qui te retourne durement les entrailles. Encore un de ceux que l'on aura pas pu sauver de la malédiction. Il retourne à la nature qui ne lui aura pas fait de cadeau en l'enfantant. Shaun ferme un instant ses yeux sur le monde, puis les rouvre, pour constater que le même corps raide demeure étendu entre ses jambes. Dans quelques minutes, le temps de terminer sa cigarette, le hunter détestable qu'il incarne aura oublié le soupçon de culpabilité que le soleil sans paupière aura pu contempler d'un geste voyeur entre le feuillage des arbres.
« On y va, Weston. »
L'intéressé relève la tête pour voir son collègue ranger son portable, signe qu'une communication vient de se terminer. Se penchant, il sème la cendre de sa cigarette sur le sol avant d'appuyer le filtre contre la terre grasse pour l'écraser. Il se relève alors, la bandoulière de son arme toujours enroulée autour de son poignet, avant de tourner le dos à ce qui aura été une petite âme potentiellement pardonnable.
La vision furtive s'efface dans l'ouverture de la porte, alors que sa fille apparaît dans l'encadrement de la porte, d'une beauté splendide et sauvage, la rage fatiguée au creux de ses yeux bleus de prédatrice, la crinière éparpillée sur ses épaules d'une blancheur d'ivoire. Sa petite Alice l'apostrophe sans gêne, parce qu'il y a bien longtemps que le respect et la pudeur ont lâchement abandonné les wagons de la locomotive destructrice de leur relation. C'est désormais tout juste si le nom de famille les relie l'un à l'autre. Un sourire sarcastique se dessine sur ses lèvres.
« Je me suis dit que tu aurais besoin de ta séance d’engueulade mensuelle. » répond-il d'une froideur naturelle.
Un jeu de chevilles pousse le panneau dans l'habitation et sa carcasse se fraye un chemin dans l'encadrement de la porte, effaçant sans hésitation celle de sa fille. La porte se referme alors derrière lui et il s'appuie dans le panneau ; il n'a pas besoin d'un espace de la taille d'un terrain de foot pour se disputer avec sa fille. Le hall d'entrée sera leur ring, ce ne sera pas plus mal.
« Je ne t'apprends rien, tu as une sale gueule. »
Ses omoplates viennent frapper le panneau de la porte. Les mains dans les poches, il la contemple dans sa froideur qui lui rappelle sa femme.
« Il me semble qu'on en avait pas fini, l'autre fois. » |
| | | | Sujet: Re: Another story of the bitter pills of fate (Weston) Mar 9 Fév 2016 - 0:34 | |
| Another story of the bitter pills of fate Ces derniers jours, Ivory les vivait mal, très mal. Énervée au-delà de la fatigue, elle était blessée, vraiment blessée par ce qui lui arrivait. Elle n’attendait pas vraiment grand-chose du monde autour d’elle mais, il y avait eu des constantes dans sa vie, des choses auxquelles elle s’était habituée et qui aujourd’hui la faisait s’interroger. Seth lui avait certes tiré dessus parce qu’il avait été vacciné mais, il l’avait fait. C’était son visage, sa posture, l’homme qui était son ami depuis huit longues années, son meilleur ami même, qu’elle revoyait parfois lors de ses cauchemars. Et Charlie... Charlie qui avait pris une place monumentale dans sa vie en très peu de temps alors qu’elle refusait de l’admettre. Charlie qui l’avait vaccinée pour la protéger. Un autre visage qui apparaissait dans ses cauchemars. Même Ailionora et Razen s’étaient invités à la fête. Tantôt victimes, tantôt agresseurs. Elle était rongée par la culpabilité, la colère et la peur et quand elle trouvait le sommeil, ils arrivaient, l’empêchant de trouver un peu de repos dans les bras de Morphée. Et cette mutation qui lui avait semblé si inutile, insignifiante... Elle avait l’impression d’avoir perdu un membre, de ne plus être entière, de ne plus comprendre le monde qui l’entourait. Un peu comme si on avait coupé une connexion vitale. Aussi, de voir son père sur le pas de la porte ne la mettait pas particulièrement en joie, que du contraire. Elle était d’une humeur massacrante et épuisée. Elle serra les dents alors qu’il s’introduisait chez elle sans lui demander son avis. Ce type était décidemment un connard. Elle claqua la porte malgré un début de mal de crâne insolent et le dévisagea avec hargne et colère. - « Je peux m’en passer, merci bien. »Evidemment qu’il n’allait pas s’en aller comme ça, gentiment, sans faire chier. Il était l’exact opposé de la tranquillité, il était une épine dans son pied, une écharde sous un ongle. Une gêne tenace et douloureuse qui refusait de s’en aller. Elle inspira profondément avant qu’il ne lui balance qu’elle avait une sale gueule. - « La tienne ne vaut pas franchement mieux Shaun. Mais je ne t’apprends rien non plus. Je suppose qu’avoir ton sens moral fini par affecter le teint. »Elle le regarda prendre ses aises, tranquillement, comme s’il avait été invité et sa main lui démangeait à nouveau. La dernière fois, c’était sous le coup de la colère, cette fois, elle y pensait réellement et si elle en arrivait là, ce serait très largement prémédité. - « Oh si, on en avait terminé. Ça fait des années qu’on en a terminé. Tu sais, quand tu es parti de la maison ? Quand tu as continué à prendre des nouvelles de tes précieux enfants. C’était parce qu’ils étaient normaux pas vrai ? Quoi, t’es surpris Shaun ? J’ai un très bon ami tu vois et quand tu l’as menacé et qu’il t’a reconnu, j’ai appris quelques petites choses. Qu’est-ce que je vaux Shaun ? Qu’est-ce que je vaux de plus que ceux que tu chasses ? Je ne suis pas une dégénérée moi aussi ? »Et cette gifle magistrale qu’elle préméditait depuis tout à l’heure, elle partit tout droit en direction du visage de son père qui l’arrêta pourtant net alors qu’elle tremblait des pieds à la tête. Elle se retenait clairement de craquer devant lui. Ça n’était franchement pas le moment de se laisser aller. Surtout pas devant lui. - « Tu vas être ravi. J’ai été vaccinée ! Ta dégénérée de fille est libre pour au moins un mois ! »Elle le lui cracha presque au visage, toujours plus en colère, toujours plus vindicative alors qu’elle tentait de se libérer de sa prise. Elle n’était pas prête à lui faire face, elle ne l’avait jamais été. La vérité, c’était qu’elle souffrait depuis toujours de la façon dont avait agi sa famille et qu’elle ne pouvait ni leur pardonner, ni l’encaisser vraiment. Aloys aurait été déçu, sans aucun doute mais, elle ne pouvait pas, c’était trop. Elle avait eu besoin de soutien, pas de rejet. Pour l’instant, encore plus que d’habitude, elle ne pouvait pas faire face, pas alors qu’elle avait été trahie par des gens proches, pas alors qu’elle avait failli à protéger une de ses élèves, pas alors qu’elle était vulnérable. Elle ne pouvait pas endurer ce face à face et s’en sortir comme une fleur.
Dernière édition par Ivory Weston le Jeu 11 Fév 2016 - 21:50, édité 1 fois |
| | | | Sujet: Re: Another story of the bitter pills of fate (Weston) Mar 9 Fév 2016 - 22:18 | |
| Merci bien ; comme si tu avais eu l'air de lui demander la permission pour quoi que ce soit d'autre. Les liens familiaux ont éclaté avec ton divorce. Il n'y a plus d'allégeance, plus de respect et si ce dernier a un temps existé, il est balayé avec le mouvement de la porte qui claque contre le chambranle, resté sur le perron, à moisir avec les poussières du paillasson. Appuyé contre le panneau, tu la regardes se fissurer dans sa rage, déposer à tes pieds les fragments d'une existence que tu as brisée par procuration, des mains de sa tendre mère. Tu fais face, le corps barré de l'armure de l'indifférence, à ses reproches, à ses piques de rage qu'elle te balance, les yeux gorgés d'un ressentiment que tu pourrais presque imaginer se fondre en perles salées au coin de ses paupières. Tu hausses les sourcils, la contemplant, vomissant et crachant comme un chat se purge d'une nourriture trop vite avalée.
« Ne sous-entends pas que je t'ai manqué. »
La surprise s'illumine dans tes yeux ternes lorsqu'elle évoque ce malotru que tu aurais pu trouer d'une balle. Tu aurais du te douter qu'il irait tout raconter à sa petite copine. Tu pourrais te mettre en colère, tu pourrais lui en coller une pour l'enjoindre à se calmer, ou au contraire pour précipiter sur le plancher de l'habitation la bile la plus acide de ses regrets. C'est pourtant elle qui fait partir dans ta direction la flèche empoisonnée de son désarroi et que tes réflexes forgés par des années de combat interceptent à la seconde où sa paume allait effleurer ta joue. Tes doigts s'enroulent lestement autour de son poignet sans le lui rendre tout de suite, lui faisant ainsi comprendre l'assomption nécessaire de ses actes ; car se targuer de l'honneur de t'avoir à ses côtés implique des obligations, des contraintes et des entraves que tu n'as pas voulu lui infliger. Tes yeux la sondent, la questionnent muettement tout en sachant pertinemment qu'elle ne saurait pas capable de répondre actuellement, étant donné son état de trouble. Est-ce qu'elle aurait préféré subir les railleries et le harcèlement des autres durablement ? Est-ce qu'elle aurait voulu être poussée à bout de telle sorte qu'elle décide elle-même de s'exiler ? La violence dont elle fait preuve à ton égard prouve qu'elle n'a rien compris et qu'il n'est pas encore temps que la vérité vienne frapper les portes de son esprit, car elle ne saurait être clémente avec elle, de la même manière que ta protection a pris la forme d'une infâme indifférence doublée d'un rejet sans équivoque.
« Tu parlais de ton amant aussi comme d'un très bon ami. » fais-tu remarquer.
Cette même personne que tu aurais pu réduire en charpie lorsqu'il t'a annoncé le pire, le pire qui restait à venir. Lorsqu'il t'a enfoncé dans le ventre avec une force démoniaque cette épée à double lame qui mettait en péril tout ce que tu avais construit jusqu'à présent. Jamais ton Alice, ta si belle et si intelligente Alice, ne serait-elle donc capable de comprendre que ceux qui lui font du mal ne sont pas forcément ceux qui lui en veulent réellement ? Que ceux qui la blessent sont en vérité les plus honnêtes ? Elle a du apprendre au fil des années que la vérité blessait, que les apparences étaient souvent trompeuses, et que l'élastique de l'illusion finissait tôt ou tard par venir vous claquer dans la figure. Tu voudrais lui dire ce que tu penses réellement, tu voudrais lui confier tes plans, tes objectifs mais son comportement prouve que cette confiance éprouvée envers elle ne peut plus trouver racine nulle part. Elle est désormais vaccinée ? Grand bien lui fasse, sa raison semble avoir foutu le camp avec les manifestations de sa dégénérescence.
« Libre ? » répètes-tu d'une voix résolument calme. « Tu sais très bien que je préférerais que tu n'aies pas à te faire vacciner. »
Tes doigts se desserrent sur cette phrase à double sens, et tu la libères, justement ; non pas que tu souhaiterais qu'elle conserve la possibilité de se manifester. Tu aurais souhaité qu'elle ne l'ait jamais eue, et qu'elle ne l'ait plus. Tu aurais souhaité qu'elle n'ait pas à souffrir par ta faute. Car est-ce que tu sais seulement, Alice, à quel point les vaccins sont des entraves ? Qu'à l'instant où on croit qu'ils nous débarrassent de quelque chose, ils nous assurent que c'est pour remplacer cette dernière par une autre ? Que derrière quelques manifestations chaotiques et éparses, il y a les cauchemars, les insomnies ? Les migraines ? Toutes les putain de nuits ? Sais-tu, Alice, qu'il faut parfois renoncer à nos choix, à nos habitudes, pour sauver sa vie ? Non, songes-tu en regardant sa main retomber. Tu ne le sais pas.
« Effets secondaires ? » demandes-tu simplement, méthodiquement, comme tu prends possession des informations lors d'une mission sur le terrain.
Il y a dans tes yeux un soupçon d'inquiétude que tu fais disparaître derrière une feinte curiosité ; oui vas-y, explique-moi précisément à quel point tu souffres. Parce que tu ne sais faire que ça, Alice, souffrir. Tu n'as toujours su faire que ça, à cause de moi. Souffrir et faire souffrir les autres, parce qu'il faut bien que le malheur ait des dommages collatéraux. Elle a toujours eu quelque chose de plus, ta belle Alice. Elle a toujours éveillé en toi cette lumière convaincante à laquelle tu te rattachais quand tu perdais pied, celle qui t'assurait dans les nuits sombres et sans sommeil, que ça en valait la peine, de tout abandonner pour sa vie de famille. Mais elle a surtout éveillé le désespoir, la tristesse, la honte. Oui, la honte, qui brille toujours de manière latente au plus profond de ton regard et que Alice saisit, sans aucun doute, comme étant le reflet de la sienne. Bien sûr qu'elle a honte de toi, de la même manière que tu as honte d'elle. Combien de temps allez-vous vous renvoyer ce miroir perpétuel ?
« Arrête de te plaindre. » intimes-tu avec froideur. « Ce sont les faibles qui se plaignent. »
Le vaccin a touché la mauvaise partie de ton ADN c'est ça, il est parti avec sa jugeote ? Regarde-toi, tu es une véritable loque humaine. Qu'est-ce que tu veux qu'un Hunter fasse d'elle ?
« Il ne faut pas que tu te demandes ce que tu as de plus. Il faut que tu te demandes ce que tu as de moins. Tu as vu ta gueule ? Tu finiras par te tuer toi-même. »
Ca économisera toujours une dose, songes-tu avec lassitude. |
| | | | Sujet: Re: Another story of the bitter pills of fate (Weston) Jeu 11 Fév 2016 - 22:26 | |
| Another story of the bitter pills of fate Ivory ne voulait pas voir son père, elle n’avait aucune envie de l’affronter, de lui parler, de le voir. Elle s’en sortait très bien sans lui, sans avoir de ses nouvelles. Qu’il aille donc chouchouter ses si précieux enfants normaux. Parce que c’était ça le truc, c’était ça le problème finalement. Elle n’était pas humaine pour lui, elle avait fini par le comprendre en y réfléchissant et même si elle n’avait pas voulu voir la vérité, elle la voyait maintenant. Il était parti parce qu’elle était ce qu’elle était. Elle avait essayé pourtant, pendant toutes ces années avant qu’il ne parte, de ne pas être ce qu’elle était. Vraiment. Elle avait retenu au maximum mais, ça n’avait jamais suffit. Alors elle avait laissé filer de plus en plus. Elle faisait attention mais, elle n’en avait plus rien à faire, sa seule crainte, c’était de rester coincée à l’état mutatif, c’était tout. Mourir... dans cette ville, c’était possible. Et même si elle ne voulait pas crever et bien elle n’allait pas non plus s’empêcher de vivre. C’était ce qu’elle avait voulu en tout cas. Sauf que le taré du musée, sauf que Seth, sauf que Charlie... Et maintenant lui. Ce père honni qui osait faire de l’humour devant elle après avoir forcé l’entrée de son appartement. - « Aucun risque. »Elle avait pourtant beaucoup, vraiment beaucoup de choses à dire mais finalement, très peu parvenait à sortir. Parce que les déballer, c’était prouver que ça l’avait blessée. C’était déjà trop tard d’une certaine manière mais, elle n’allait pas déballer l’étendue de ses erreurs, de ses regrets, de ses plaies. Il parvenait pourtant à retourner merveilleusement bien le couteau dans la plaie. À croire qu’il le faisait exprès, qu’il prenait un malin plaisir à la détruire encore et encore. Mais dans quel but ? Mettre fin à son existence ? Faire ce qu’il n’avait pas réussi à faire ? Si ça c’était un père... c’était quoi un salop ? Et quand il osa mentionner l’un des pires erreurs de sa vie, elle se figea, dardant sur lui non pas un regard triste ou blessé mais un regard rempli de haine. Elle était en train de comprendre une autre petite chose. Ça n’était pas sa mère qui avait déballé le morceau. Elle lui avait fait jurer de ne rien dire, même si elle détestait avoir une monstruosité sous son toit. C’était cet immonde cafard. - « Alors c’est lui... Evidemment qu’il n’a pas pu s’empêcher de parader devant toi. Il te détestait et je le dégoûtais. Décidemment, entre maman, ma tante, lui et toi, je n’avais vraiment pas besoin d’ennemis à l’époque. J’avais tout ce qu’il fallait dans mon entourage. Ne t’inquiète pas, l’histoire se répète, j’ai encore tout ce qu’il me faut en matière de déception. »Mais elle ne lui donnerait pas la satisfaction de connaître les noms, de savoir à quel point les gens qui étaient, avaient été, étaient ? -Oh elle n’en savait rien.-, proche d’elle avait pu lui faire du mal et la faire redescendre avec violence sur cette foutue planète. Elle avait les deux pieds bien ancrés dans la réalité et il n’y avait aucun risque qu’elle l’oublie à présent. Aucun. - « Tu préférerais Shaun ? Et bien moi j’aimerais vivre en paix sans une bande de psychopathes dégénérés -parce que c’est vous, les hunters, les dégénérés- qui risquent de me buter. Fais-toi une raison, je suis ce que je suis et j’entends bien le rester. Crois-moi bien que je vais me battre pour rester ce que je suis quand ça me reviendra. »C’était sorti comme ça, sans qu’elle n’y pense, sans qu’elle y réfléchisse mais, elle savait que ce qu’elle venait de dire était la pure vérité. Sa mutation lui manquait, sa mutation faisait partie d’elle et à présent, elle savait à quel point elle ne voulait pas la perdre et l’importance qu’elle avait à ses yeux. On l’avait privé d’un sens et elle le ressentait. Enragée, énervée, elle recula quand il lui libéra le bras, le regardant toujours avec cette même rage dans les yeux. - « Comme si tu en avais quelque chose à faire Shaun. Si j’étais en train de claquer, je suis certaine que tu serais en train de te dire que ça économiserait une balle ou un autre vaccin. Arrête de faire comme si ma santé t’intéressait. Manque de bol, pas d’économie. En revanche, je ne dors quasiment plus et quand j’y arrive, je cauchemarde. Pas trop déçu de savoir que ta précieuse dégénérée est victime de ses peurs ? »Mais alors qu’elle croyait qu’il ne pouvait pas faire pire, qu’il ne pouvait pas être encore plus immonde et plus salopard qu’il ne l’était, il parla. Encore. Pour lui dire d’arrêter de se plaindre, d’encaisser, parce que seuls les faibles se plaignent. Elle n’avait jamais dit être forte. Elle voulait juste vivre sa vie bordel. Juste vivre tout court d’ailleurs. - « T’es vraiment une merde Shaun. T’es pas un saint, t’es pas un père, t’es encore moins qu’un être humain. T’es vraiment une merde. Je suis peut-être faible mais je peux au moins me regarder dans un miroir malgré ma si sale gueule. Toi en revanche, j’ai un gros doute. »Elle allait se détourner de lui, faire comme s’il n’était pas là. C’était puéril mais peut-être qu’il finirait par se tirer. Malheureusement, il parla encore, il en rajouta. Elle ferma les yeux alors qu’elle lui tournait le dos et inspira à fond. Calme Ivo... Calme-toi et concentre-toi... Cette fois, pas de signe annonciateur, pas de prémices si ce n’est cette respiration qu’il aurait pu prendre pour un début de sanglot, à la limite. Mais Ivory ne pleurait désormais que parce que les cauchemars la poursuivaient. La gifle claque, retentissante, probablement pas aussi douloureuse qu’elle l’aurait voulu mais, elle fut satisfaite. Oui, la fille levait la main sur le père. - « Je n’ai rien de moins qu’un autre, je ne vaux pas moins qu’un autre. Ah si, ce que n’ai pas, c’est une famille. Tu as raison. Je n’en ai pas et je n’en ai pas besoin si ça veut dire t’avoir sur le dos près de dix ans après que tu aies déserté la maison. Oh, et je manque de sommeil et tu me fatigues. Mais vas-y, je t’en prie, dis-moi donc ce que j’ai de moins que les autres... papa. »Il était las ? Elle aussi ! Et ça ne faisait que commencer. Elle savait qu’il ne renoncerait pas, qu’il ne lâcherait pas. Parce qu’il fuyait mais quand il s’accrochait, il était comme un chien sur un os, il ne lâchait plus rien.
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| | | | Sujet: Re: Another story of the bitter pills of fate (Weston) Dim 14 Fév 2016 - 19:28 | |
| « Complètement. » affirmes-tu lorsqu'elle jauge ta déception. « Et ce ne sera ni la première, ni la dernière fois. »
Et elle se plaint, la belle Alice, elle ne sait faire que ça, même si elle porte sur son visage et dans la tension de son corps la violence des épreuves qu'elle traverse. Quelque part, au plus profond, très profond de toi, sans doute qu'elle te touche, qu'elle t'étreint. Mais tu ne lui feras pas le plaisir superficiel d'éprouver de la compassion pour elle parce que le même sang coule dans vos veines. Bien au contraire. Elle a su outrepasser les difficultés que les personnes les plus chères à son cœur on déposé sur son chemin comme on arrange une maquette ; tu connais suffisamment bien tes deux autres enfants pour assurer qu'aucun d'entre eux ne l'aurait supporté. Il y a tout au fond des yeux d'Ivory cette force latente et respectable qui, malheureusement embourbée dans la colère qu'elle te porte, est relâchée avec violence à tes pieds, et donc profondément inutile. En ce sens oui, Ivory te déçoit, parce qu'elle est poussée à bout, comme tout le monde l'a été, comme tu l'as été toi-même lorsque tu as découvert qu'elle était mutante, lorsque tu as découvert que c'était à cause de toi.
Elle veut vivre en paix la belle Alice, qu'est-ce qu'elle est mignonne ! Si elle veut vivre en paix, pourquoi s'acharne-t-elle ? Pourquoi s'accroche-t-elle à ce gêne qui lui a pourri la vie, qui occasionne une vaccination qui la rend encore plus malade – et Dieu sait que tu peux la comprendre – et qui l'oblige à vivre dans la peur en permanence ? Ta fille s'est vue écrasée par la mutation à cause de ce foutu gêne ; ta plus grande erreur a été de la concevoir avec sa mère.
« Non, tu n'as pas besoin d'une famille. »Tu n'as pas besoin d'une famille qui te fait du mal. « Une famille se mérite, et visiblement ce n'est pas ton cas. Tu vis si bien sans elle. Si ta mère, ton frère ou ta sœur débarquait, tu les accueillerais de la même manière, parce que c'est trop facile de haïr ceux qui t'ont forgée quand tu n'es pas capable de reconnaître les sacrifices qu'ils ont fait pour toi. »
Car tu as mis fin à toute une carrière dans laquelle tu plaçais de grands espoirs pour t'occuper de ta vie de famille et protéger ceux que tu aimais. Tu as mis ton temps et ta personne à disposition de l'éducation de tes enfants, tu t'es fait vacciner dès que possible à partir du moment où tu as pu le faire pour éviter de nuire davantage à ceux que tu aimais. Mais le mal était déjà fait ; la vie d'Alice était déjà détruite. Par ta faute. Par la faute de tes gênes. Chaque soir tu pries le Seigneur, tu lui implores de te pardonner, et tu lui demandes sans cesse pourquoi il a imposé cette épreuve à ta fille au lieu de te laisser dans ta merde. Chaque jour qui s'est écoulé te séparant de ta famille, tu as surveillé cette dernière, tu t'es assuré qu'elle ne manque de rien, et surtout, tu as formé Ivory à distance, afin qu'elle se défonce pas le crâne contre la douloureuse réalité. Voyant comme elle en souffre actuellement, tu ne saurais imaginer comment elle l'aurait vécue si seulement tu ne l'avais pas fait souffrir autrefois.
La gifle claque contre ta joue. Tu pourrais la lui rendre, la lui faire payer. Tu pourrais imposer un respect qu'elle ne te doit pas, qu'elle ne te doit plus, désormais. Tu pourrais lui donner une véritable raison d'avoir les yeux humides, mais ce serait briser définitivement tout espoir de te rapprocher d'elle. Car vous étiez si proches qu'elle a du se sentir profondément trahie, la petite. Dans le langage militaire, on appelle ça un déserteur. C'est la pire faute possible, passible de mort. Est-ce qu'il vaudrait mieux qu'Ivory te tire une balle dans la tête, Shaun ?
« Tu n'as rien de moins, Alice. Tu as toujours été beaucoup, tu as toujours été plus. Tu as quelque chose en trop. Quelque chose que tu n'aurais jamais du avoir. Et ton problème ce n'est pas que tu aies pu un jour l'avoir. Le problème, c'est que tu le gardes. »
Tu te réagis pas, ou à peine. Tu apprivoises la brûlure qui se manifeste contre ta peau comme l'un des seuls contacts que tu n'auras jamais plus avec ta dégénérée de fille. C'est une façon d'apprendre la vie ; Ivory l'a appris en se prenant des claques dans la gueule, elle aussi.
« Il faudra un jour que tu comprennes que ce que tu vis te forge et que beaucoup seraient morts après ce que tu as vécu. Contente toi de ce que tu as. Et dis-toi que ce n'est pas parce que tu ne vois pas les gens qu'ils ne sont pas là. »
Tu te décolles tu panneau et te détournes légèrement pour enrouler tes doigts autour de la poignée de la porte.
« Mais si ça peut te rassurer, ne t'inquiète pas. Vue comme tu es partie, tu deviendras rapidement digne de te prendre une balle dans le crâne. » |
| | | | Sujet: Re: Another story of the bitter pills of fate (Weston) Mar 16 Fév 2016 - 1:16 | |
| Another story of the bitter pills of fate Ivory n’en attendait pas moins de son père. Forcément qu’il était déçu, forcément qu’il le lui dirait. Sauf que sa déception, elle s’en fichait très sincèrement. Son avis sur le sujet n’était que purement rhétorique, il ne comptait pas, il ne comptait. Elle était certes blessée mais, elle avait cessé de croire au Père Noël il y a longtemps déjà. La seule véritable raison qui la poussait à se plaindre, à déverser ce trop plein de haine, c’était qu’elle n’avait personne d’autres sur qui passer ses nerfs, personne d’autre qui ne le méritait plus que lui. Parce que même Seth dans son craquage ne méritait pas sa colère, parce que même Charlie dans cet élan protectionniste farfelu ne méritait pas sa haine. Lui en revanche... il méritait tout ce qu’elle pouvait lui reprocher, lui crier, lui hurler. Au fond, elle se fichait éperdument de son avis, de ce qu’il pensait d’elle. Il pouvait la croire faible, il pouvait la croire malade, même inférieure, elle s’en foutait et ça la surprit. Sincèrement. Elle n’était pas de ceux qui oubliaient, encore moins de ceux qui pardonnaient. S’en foutre, c’était tiré un trait et ça, elle ne s’en était pas crue capable. Pourtant c’était fait. Le trait était tiré et il semblait indélébile. Désabusée face à sa réponse sur la famille, elle ricana. Comment osait-il seulement ? Elle le regarda, un air de profond dégoût et de mépris sur le visage. Il ne manquait ni d’air ni de culot. Ça, c’était la seule certitude qu’elle avait. - « Si tu savais... Si tu savais comme je n’ai aucune envie d’avoir une famille. » Elle se mit à rire, vraiment à rire et presque à pleurer aussi mais elle retint ses larmes. « Si tu savais seulement ce que ma mère et ma tante ont fait dans ton dos. Ce qu’elles ont fait à une de ces vies si précieuses pour votre Seigneur de malheur. Si je suis faible, si je suis une déception ? Que seront-elles donc à tes yeux ces femmes qui empoisonnent, même une dégénérée, pour qu’elle ne puisse finalement pas donner naissance à une vie presque aboutie. Je vais t’apprendre quelque chose qui va t’étonner. Je ne te hais pas, tu n’es qu’un lâche, tu n’en vaux même pas la peine. Elles par contre, je les haïrai durant ma vie entière pour ce qu’elles m’ont fait, pour ce qu’elles ont fait. Alors tes sacrifices, leurs sacrifices, tu peux te les foutre au cul. »Elle l’avait dit, elle l’avait dit parce qu’elle avait besoin de le dire, parce qu’elle voulait exprimer à voix haute une haine véritable qu’elle éprouvait depuis trop longtemps et qu’elle ne pouvait cracher au pied de n’importe qui. Parce que personne ne méritait d’être le porteur d’un tel fardeau, d’une telle vérité si ce n’est lui. Tout lâche qu’il avait été, il allait devoir vivre avec ça. C’était peut-être lui accorder trop de considération mais c’était fait et la gifle qu’il venait de se prendre, c’était une promesse. La promesse que plus rien ne passerait de sa part désormais, pas même ce genre de visite. Même ce qu’il rajoute ensuite, qu’elle soit beaucoup, qu’elle soit plus, qu’elle soit trop, ça ne la touchait plus. Epuisée, fatiguée, énervée, elle était anesthésiée. Tout ce qu’il aurait pu dire n’aurait pas pu la toucher. Elle venait de comprendre que ce qu’elle était, c’était elle, avec sa mutation. Sans ça, elle n’était pas elle. Elle ne se sentait pas moins, pas trop. - « Ivory. Ne t’avise pas de m’appeler Alice. La descente au fond du trou avec le lapin blanc est achevée et ce n’est pas le pays des merveilles que j’ai trouvé. Mon problème, comme tu dis, je le gérerai comme je l’entends. Ton avis ne m’importe pas. » Elle inspira, dardant sur lui un regard glacial. « C’est ta façon de dire que tu veilles sur moi Shaun ? C’est flippant. Je n’ai pas besoin que tu veilles sur moi. Je vois que tu connais déjà la direction de la sortie ? Je ne te retiens pas. »Elle ne bougea pas jusqu’à ce qu’il soit sorti mais elle s’empressa de refermer la porte à clef quand il fut assez loin. Son premier réflexe fut de composer le numéro de Seth mais elle se ravisa. Un moment, elle hésita également à appeler Charlie. Charlie... Mais elle n’en fit rien. Pas de confidences ce soir. Ses faiblesses resteraient cloîtrées dans un soupire et des larmes que son oreiller aura essuyées. ~ Fin ~
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