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 I will be waving every time you leave... [Ft. Andreas]

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Moira Kovalainen
Moira Kovalainen

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SUR TH DEPUIS : 30/04/2015
MessageSujet: I will be waving every time you leave... [Ft. Andreas]   I will be waving every time you leave... [Ft. Andreas] Icon_minitimeJeu 19 Nov 2015 - 23:46

I will be waving every time you leave...

"Ft. Andreas Kovalainen"

Aller... Prends ton courage à deux mains, Moira ! Aujourd'hui, il ne t'arrivera rien ! Tu vas mettre le nez dehors, faire ta promenade la tête haute, éviter de te prendre un poteau et ne pas croiser de fou furieux décidé à te décalquer la tronche contre un mur. C'était plus facile à dire qu'à faire... J'étais lassée de ne pas pouvoir sortir de chez moi sans faire de mauvaises rencontres... A vrai dire, la dernière fois que j'avais été en confiance avec quelqu'un, c'était le jour où Seth m'avait emmenée voir Malachi. Depuis, j'étais sans cesse sur le qui-vive, et ma cécité ne faisait qu'aggraver les choses, car tout représentait un potentiel danger, désormais. Seulement, je refusais de me laisser abattre ou de laisser Artur croire que j'étais définitivement dépendante de lui. Même si j'avais du mal à lui en vouloir pour tout le mal qu'il m'avait fait, je ne voulais pas être cette fragile poupée de porcelaine entre ses mains d'enfant égoïste, un joli petit objet qu'il aurait pu briser à n'importe quel moment. Il fallait que je lui montre que même aveugle et sans mutation, j'étais toujours sa sœur et non une coquille vide. Il voulait retrouver son aînée ? Et bien soit ! Mais il lui faudrait composer avec tous mes défauts, qu'il le veuille ou non.

Pourtant, tout cela ne m'empêchait pas d'apprécier de le voir s’affairer auprès de moi pour tenter de... De quoi, au juste ? Peut-être de se faire pardonner, au fond... Je n'en avais aucune idée, mais il était aux petits soins avec moi et c'est tout ce qui m'importait. Quelques jours auparavant, je lui avais demandé de me faire une omelette pour le week-end, sachant pertinemment qu'il était doué en cuisine que moi en fission nucléaire. J'avais choisi quelque chose de simple, même si je ne rêvais que d'une chose depuis des jours : Un bœuf bourguignon. Pourquoi ? Aucune idée. J'en avais simplement envie, et personne ne le cuisinait mieux que ma mère ! Je n'avais pas de nouvelles d'elle et de mon père depuis quelques temps, d'ailleurs... Avec l'enchaînement chaotique des derniers événements à Radcliff, je n'avais pas pris le temps de les contacter ni de leur apprendre la mort de William... Pourtant, je savais à quel point mon père l'aurait apprécié. C'était un mutant, tout comme moi, et un mélomane... Rien que d'y penser, mon cœur se serrait. Mon fiancé me manquait terriblement, et sa perte avait laissé un vide impossible à combler dans mon cœur. Il me manquait tant que j'aurais voulu le hurler jusqu'à m'en briser la voix... J'en perdais le sommeil, j'entendais son rire, la douce mélopée de ses émouvantes déclarations d'amour... Certes un peu cucul mais qui avait toujours eu le don de me faire fondre. Il était très vieux jeu, très bouquet de roses le soir pour sa bien aimée, toujours prêt à jouer les cordon bleu pour me satisfaire... Sauf que lui aussi ne savait pas cuisiner. Combien de fois avions-nous commandé des pizzas après qu'il eut fait brûler le repas ? Il me manquait plus que jamais, et personne ne pouvait combler son absence actuellement. Marius, Seth, Malachi, Artur, Pietra, Theodora... Personne ne le pouvait, bien que leur soutien fut d'un grand secours.

Je me sentais plus que jamais dans un état de torpeur étrange, à mi chemin entre la révolte et le désespoir total. Et pour autant, je ne me laissais pas abattre ! J'attrapais la laisse de Biscuit dans le tiroir du meuble de l'entrée, l'appelait et me dirigeais vers la porte. Comme à son habitude, ce gros nigaud poilu déboula comme une furie dans l'entrée, bien trop heureux de sortir enfin se dégourdir les pattes. Seulement, il n'avait pas encore l'air d'avoir saisit que sa maîtresse y voyait comme dans le cul d'une nonne, comme on dit vulgairement en France. Il manqua de me faire tomber alors que j'ouvrais la porte, et fila comme un dératé à l'extérieur avant que j'ai pu le retenir par son collier. Mais quel idiot !

Je fermais précipitamment la porte à clé, resserrait mon écharpe autour de mon cou, et entrepris de descendre les marches du perron sans glisser sur le verglas qui envahissait encore les rues de Radcliff. Et, comme à mon habitue, j'appelais Biscuit en lui ordonnant de revenir.

«Biscuit ! Viens là ! Tu seras privé de croquettes si tu ne viens pas immédiatement !»

Pour une raison que je n'expliquais pas, je parlais toujours à mon chien en finnois. Cette langue avait quelque chose de plus incisif et claquant que l'anglais, et j'avais vite remarqué qu'il y était plus sensible lorsqu'il s'agissait de lui faire des remontrances. Et en l'occurrence, il allait m'entendre ! Il pourrait toujours me faire son regard de chien battu, je ne pourrais pas me laisser attendrir, cette fois !

«Où es-tu vilain chien ?»

Je sortis précipitamment de l'allée devant ma maison, tendant l'oreille dans l'espoir d'entendre Biscuit aboyer ou que sais-je encore. Et c'est finalement en l'entendant japper plaintivement et en entendant quelqu'un se casser la figure un peu plus loin que je compris que ce monstre velu venait de renverser un passant. Confuse, je me précipitais vers l'origine du bruit, tâtonnant autant de moi jusqu'à sentir mes doigts se refermer sur la fourrure du chien. J'attrapais son collier et y fixais la laisse pour m'assurer qu'il ne repartirais pas en exploration dans les rues.

«Je suis vraiment désolée, il ne vous as pas fait mal ? Biscuit est une vraie brute, quand il s'y met, aucune finesse ! Mais il n'est pas méchant pour deux sous !»

Je n'avais pas besoin de préciser que j'étais quelque peu handicapée depuis quelques temps, mon regard vide était bien plus parlant que n'importe quel discours.

«Rien de cassé ? J'habite à deux pas d'ici, je peux vous offrir un café pour me faire pardonner, si vous voulez !»

Si seulement j'avais su... Si seulement j'avais eu l'usage de mes yeux... Mon discours n'aurait pas été aussi formel. Et je lui aurais sauté au cou pour l'accueillir. Oui, si seulement...
crackle bones
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MessageSujet: Re: I will be waving every time you leave... [Ft. Andreas]   I will be waving every time you leave... [Ft. Andreas] Icon_minitimeVen 20 Nov 2015 - 21:18

i will be waving every time you leave...
i have no heart, I'm cold inside
Il lui fallait faire ce qu’il devait faire. Andreas s’était juré que le jour qui suivrait sa visite chez Artur, il irait voir Moira. Il devait le faire malgré toute la difficulté qu’il devait éprouver et pourtant, il se sentait soudainement fatigué, faible et lâche. Si l’alliance d’Aisling lui avait pesé plus lourd que n’importe quoi d’autre la veille, aujourd’hui, c’était tout son être qui l’alourdissait. Sa conscience aussi peut-être.
Le pas plus traînant que jamais et perdu dans un marasme qu’il espérait éloigner une fois qu’il aurait vu Moira, il prit de nouveau la route à pied. Il haïssait profondément cet état de faiblesse qui était le sien depuis la veille, il n’était pas lui-même, pas assez redoutable, pas le Kovalainen redouté par ses étudiants, ses collègues et ses pairs. Il avait des responsabilités et toute la peine du monde ne lui donnait aucune excuse pour s’y soustraire. Pourtant, bon sang, ce qu’il en avait envie, juste quelques secondes. Il attendait presque le prochain orage avec impatience, un moyen comme un autre pour lui de relâcher la pression, d’être lui-même et de laisser gronder ses humeurs.
Il s’imposa calme et réflexion, comme toujours, muselant au plus profond de son être ses états d’âmes les plus invalidants et il accéléra le pas. Si sa fille ne l’attendait pas, il préférait se dépêcher, ne sachant déjà pas si Artur avait pris la peine de lui téléphoner ou non. Il ignorait à quel point son fils lui tenait rigueur des derniers événements. De plus, il n’était pas sans savoir que Moira devait toujours lui donner des nouvelles de William. Il inspira sur le chemin, doté d’une raison de plus pour se bouger et ne pas reculer. Avancer... Avancer quoi qu’il arrive et quoi qu’il en coûte. Il fallait encore ajouter à cela quelques paroles sibyllines de la part de Malachi qui lui revenait en mémoire à mesure que le chemin jusque chez Moira diminuait.

Pas encore arrivé mais, plus très loin, perdu dans ses pensées, il fut heurté de plein fouet par une énorme boule de poils. Il entendit les injonctions en finnois et malgré lui, un sourire ténu mais tout de même présent se forma sur ses lèvres. Il venait de reconnaître la voix de sa fille et l’entendre s’exprimer dans sa propre langue natale lui réchauffait un peu le cœur si tant est qu’il pouvait encore l’être. Il fit reculer l’animal et se releva en essuyant son pantalon et ses manches. Le temps de relever les yeux et son sourire disparut. Quelque chose n’allait pas. Il n’y avait là aucun instinct paternel particulier, pas même une intuition. Rien de mystique. C’était une certitude alors qu’il avait croisé ses yeux ouverts sur le néant. Ses entrailles se contractèrent et toute chaleur le déserta. Le choc fut si rude qu’il mit un petit moment à parvenir à formuler une réponse.

- « Moira... »

Il abandonna toute façade et la serra dans ses bras, chose qu’il ne se serait jamais permis de faire avec son fils. Qu’avait-il donc manqué ? Que s’était-il passé alors qu’il s’était isolé égoïstement ? Plus que jamais, la culpabilité s’abattit sur ses épaules comme une chape de plomb. Il avait été en dessous de tout ces dernier mois et quelqu’un allait payer pour ça, il le jurait.

- « Et si tu m’offrais un café pendant qu’on discute au chaud ? Je t’offre mon bras si tu le souhaites. »

Si sa fille restait aussi fière que lui, elle ne lui permettrait pas de l’aider sans qu’il l’ait proposé. Il avait élevé une battante et il ne faisait aucun doute pour lui qu’elle était toujours cette femme, il l’espérait en tout cas.
Les choses allaient être encore plus difficiles qu’il ne l’avait cru, car quelque chose lui disait que ce qui lui était arrivé n’était pas dû à des événements agréables. Il avait mille questions mais, il se promit de répondre aux siennes avant toute chose. Il avait beaucoup à dire et il ignorait qu’elle en avait tout autant voire plus. Bon sang, dans quel état allait-il ressortir de chez elle ? Allait-il seulement être capable de ressortir ? Il n’en avait pas la moindre idée. Il se demandait s’il était seulement prêt à répéter une nouvelle fois qu’Aisling était morte et comment il l’avait appris. Il avait tu à Artur sa propre réaction qui avait été des plus violentes puisqu’un policier avait été obligé de le maîtriser à la morgue. Incapable aussi de dire comment il avait fait face aux jours suivants. Un père n’avait pas à se confier à ses enfants mais, des enfants devaient pouvoir le faire et il ne leur enlèverait pas ça, aussi absent eût-il été.



Dernière édition par Andreas Kovalainen le Dim 13 Déc 2015 - 1:33, édité 1 fois
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Moira Kovalainen
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MessageSujet: Re: I will be waving every time you leave... [Ft. Andreas]   I will be waving every time you leave... [Ft. Andreas] Icon_minitimeMar 24 Nov 2015 - 13:33

I will be waving every time you leave...

"Ft. Andreas Kovalainen"

Biscuit, c’était un peu le compagnon canin dont tout le monde devait rêver. Un amour de chien, une fourrure épaisse dans laquelle c’était un bonheur de glisser les doigts, un réveil matin efficace à coups de truffe humide dans le cou… Mais c’était aussi un gros nigaud qui aimait courir partout et foncer dans tout ce qui bouge sans se soucier de ceux qu’il pouvait renverser. Bon ok, je vous voir venir. C’est un chien, c’est normal qu’il soit gentil et concon ! Seulement, se prendre un yorkshire dans les pattes bon… Ca donne passablement envie de donner un coup de pied au derrière du machin, mais on s’en sort plutôt bien. Se faire percuter de plein fouet par un berger suisse de quarante kilos, c’est autre chose !

Je n’étais malheureusement pas en mesure de voir le type que Biscuit avait renversé, mais je me sentais à la fois confuse et amusée. Ca me faisait toujours un peu marrer d’imaginer les gens reculer de deux pas en voyant un yéti pareil. Et soudain, sans crier gare, je me retrouvais enserrée dans les bras de cet inconnu. Réflexe instinctif d’une aveugle ayant déjà eu plusieurs fois affaire à des malades, je me débattais et le repoussais brutalement, avec l’expression terrifiée d’un animal blessé sur le visage.

«Ecoutez, je ne sais pas qui vous êtes mais je…»

Je n’eus pas le temps de terminer ma phrase que déjà, l’autre me parlait. Cette voix, je l’aurais reconnue entre mille… C’était le timbre le plus rassurant qui soit, la voix d’un homme qui avait toujours eu le don de me réchauffer le cœur et de me redonner du courage. Mon père. Si j’avais du citer un super héros comme modèle, Andreas Kovalainen me serait venu instinctivement.  A mes yeux – pardonnez-moi le jeu de mots – il était capable d’écraser Batman et Superman d’une pichenette et aurait pu fumer le plus terrifiant des supers vilains en trois mots. Je lui devais ce contrôle quasi parfait de ma mutation, ma passion pour la musique, mon caractère de battante… Et soudain, je me sentais terriblement indigne de tout ce qu’il avait fait pour moi. Pardon, papa… Je n’ai pas du honorer ton enseignement ni garder fièrement ma mutation. J’ai été faible, j’ai failli à ma nature de transmutante… Je savais à quel point mon père plaçait les mutants en haute estime… Et je n’étais plus qu’un individu lambda, une fille ordinaire, sans voix extraordinaire, sans rien… Je n’étais plus que l’ombre de moi-même. Pardonne-moi, papa… Pardonne-moi de ne pas avoir su voir mon ennemi quand le monde entier me hurlait de le fuir… Et dans un sens, j’étais heureuse de ne pas pouvoir voir son expression. Je ne voulais pas voir la déception sur son visage.

Alors, après l’avoir d’abord repoussé, je me jetais à son cou, maladroitement, et le serrais dans mes bras aussi fort que je le pouvais. Ce qu’il faisait à Radcliff, je n’en avais aucune idée, et pour le moment je m’en fichais royalement. J’étais simplement heureuse de le savoir ici, et sa présence me redonnait soudain de l’espoir et de l’énergie. Chaque fois que j’étais avec mon père, je me sentais invincible, car rien ne pouvait m’arriver… J’étais comme une gamine, émerveillée par la force de son papa. Seulement, j’appréhendais ses questions. C’était on ne peut flagrant, que je n’y voyais plus rien ! Il allait me demander ce qui m’était arrivé, et pourquoi… Et je ne pouvais pas lui dire que c’était Artur qui m’avait vaccinée. Malgré tout, je devais protéger mon frère, coûte que coûte. Même si pour cela je devais mentir à mon père pour la première fois de ma vie… Même si je devais mettre à mal sa confiance en moi.

«Je suis désolée, papa, je ne t’avais pas reconnu… Ahah… Heu… Mais qu’est ce que tu fais là ? Ça fait longtemps que tu es à Radcliff ? Artur est là aussi, tu sais ! Enfin non, ne dis rien, on va rentrer se mettre au chaud d’abord !»

Je m’accrochais au bras qu’il me proposait, plus par volonté de le sentir physiquement près de moi que par réelle nécessité pour marcher. Seth avait commencé à apprendre deux ou trois petites choses à Biscuit, à commencer par retrouver le chemin de la maison pour que je ne me perde pas bêtement… Et si l’entendre se battre avec mon chien était hilarant, je devais reconnaître que son aide était salvatrice, dans cette histoire. En atteignant la porte d’entrée, je fouillais dans mes poches à la recherche de mes clés.

«Je suis désolée pour le bazar, ça fait un moment que je n’ai pas rangé, j’ai eu quelques… Quelques petits soucis, c’est long à expliquer... Fais attention aux chats en entrant, qu’ils ne se fassent pas la male dans le quartier !»

Ca aussi, ça risquait de le faire sourire… Moi et ma passion pour les bestioles… Ce n’était plus une ménagerie mais l’arche de Noé, chez moi ! Je refermais la porte derrière nous, tandis que Biscuit se secouait allègrement le poil pour en chasser quelques flocons de neige. De mon côté, je retirais mon manteau et mon bonnet, tâtonnant autour de moi pour trouver la patère où les fixer.

«Installe-toi, je t’en prie ! Tu veux boire quelque chose ? J’ai du thé, du café, des sodas… Une bière irlandaise à tomber par terre et il doit me rester une bouteille de quelque d’un peu plus fort qui vient de chez toi !»

En attendant qu’il fasse son choix, je regagnais la cuisine pour me bouillir de l’eau. J’avais besoin d’une grande tasse de thé pour me remettre de mes émotions. Mon père. A Radcliff. Après avoir retrouvé Artur… C’était quoi la prochaine étape ? Ma mère était-elle avec lui ? Je l’espérais, je ne l’avais pas vue depuis si longtemps ! La dernière fois… La dernière fois, ils étaient venus me soutenir après la disparition de William. Y songer me fit l’effet d’un coup de poignard en plein cœur. Je ne leur avais pas dit qu’il était finalement mort, et comme toujours, j’appréhendais le sujet. Car je savais qu’aveugle ou non, mon père lirait la détresse sur mon visage, et qu’il arriverait sans peine à me faire cracher ces larmes de rage et de douleur que je gardais en moi depuis des semaines. Je revins avec ma tasse brûlante dans le salon et repris.

«Allez, dis-moi tout ! Qu’est ce que tu fais à Radcliff ? Tu aurais pu me dire que tu arrivais, j’aurais préparé quelque chose ! Maman n’est pas avec toi ? Comment va-t-elle ? Bah… Je t’assomme de questions, je suis désolée… Je suis tellement contente de te voir, papa !»

Ironique façon de parler, tiens… J’aurais peut-être compris que quelque chose clochait si j’avais pu voir l’expression décomposée de mon père…
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MessageSujet: Re: I will be waving every time you leave... [Ft. Andreas]   I will be waving every time you leave... [Ft. Andreas] Icon_minitimeJeu 26 Nov 2015 - 21:11

i will be waving every time you leave...
i have no heart, I'm cold inside
Être mis à terre par le chien de sa fille avait été une entrée en matière intéressante. Il ne s’étonnait pas tant qu’elle ait un animal, ils n’avaient jamais pu en avoir, voyageant beaucoup. La bête aurait été ballottée et ça n’aurait pas été agréable pour elle. Quoi de plus naturelle qu’elle ait assouvi une telle envie en s’établissant. Il aurait presque pu se détendre un minimum s’il ne s’était pas rendu compte qu’elle ne voyait plus, si elle n’avait pas réagi aussi vivement... L’inquiétude ajoutée à la culpabilité, à la crainte et à la tristesse, voilà un cocktail qui aurait certainement un effet désastreux le moment venu.
Andreas vit le changement s’effectuer sur son visage, elle se détendit aussi vite qu’elle s’était crispée. Il y avait bien quelque chose, comme chez son fils la veille mais cette fois encore, ça lui échappa. Il n’était pas le meilleur des observateurs pour le moment, touché trop directement sans doute pour parvenir à ne fut-ce qu’imaginer ce qui se tramait. Elle se jeta à son cou et lorsqu’elle l’étreignit, il en fit autant avant de la relâcher.

- « Ne t’en fais pas pour ça. » Elle gardait son humour mais, ça n’était pas franc. Il pouvait comprendre. Elle était amère cependant. « Je... Comme tu veux. »

Lui dire qu’il savait qu’Artur était là amènerait à d’autres explications, lesquels devaient être données dans un environnement autre qu’extérieur, au minimum. Il l’aida donc le long du chemin, lui laissant la charge de son chien qui semblait un minimum éduqué pour l’exercice. Il fronça les sourcils, depuis quand au juste sa fille était-elle aveugle, sa précieuse enfant.
Il patienta devant sa porte, lui offrant tout le temps qu’elle avait besoin. Inutile de la presser. Il leva les yeux au ciel face à la justification. Des petits soucis. Il avait cru comprendre en effet. Moira faisait dans l’euphémisme et ça n’était jamais bon. Il esquiva les chats une fois la porte ouverte et le garda à l’intérieur. Il ne put s’empêcher d’esquiver un vague sourire. Elle avait visiblement décidé d’entretenir une ménagerie. Peut-être devrait-il lui-même prendre la garde d’un animal, cela le détournerait un minimum de son marasme, pas un mal en soi. Il n’était pas masochiste mais avoir le temps lui offrait la possibilité de penser et il pensait trop, se punissant lui-même de ce qui était arrivé à Aisling.

- « Tu vas avoir tout le temps de m’expliquer ça et puis, ce n’est pas moi qui vais te juger. » Son bureau était devenu un capharnaüm perpétuel depuis qu’il était le seul à y mettre le nez. « Aucun chat n’est sorti. »

La désinvolture de la conversation tranchait considérablement avec sa visite chez Artur la veille. Il n’en voulait pas pour autant à son fils, leur relation était tout à fait différente et il n’allait certainement pas le blâmer pour ça. Au moins se détendait-il un minimum avant de replonger. Il ne savait pas si c’était un mieux cela dit.
Il se débarrassa de son propre manteau et s’installa comme elle le lui recommandait, posant sa serviette près de lui. Il en aurait besoin tôt ou tard. Il hésita à prendre un café mais une bière irlandais aurait le mérite de lui rappeler l’endroit où il avait pris racine malgré les voyages.

- « Commençons par la bière, il y aura tout le temps de sortir l’alcool du pays par la suite. »

Il n’était pas de ceux qui buvaient beaucoup mais, il appréciait de temps à autre un bon verre de bon alcool. Cela dit, il était plus tôt que dans ses habitudes. Il retint de justesse qu’il lui faudrait bien ça plus tard et il n’était pas plus un habitué du courage liquide. La chose aurait inquiétée Moira et ça n’était pas le moment.
À son tour, elle posa les questions justes. Les chiens ne faisaient pas des chats, il en avait la confirmation. C’était un deux sur deux que ses enfants avaient fait en lui posant la question fatidique, celle à laquelle il ne voulait pas mais devait répondre. Il laissa malencontreusement un malaise s’installer, se crispant presque de façon similaire que la vieille. Il n’eut pas à se contenir et c’était peut-être le pire, il pouvait paraître dévasté, Moira ne verrait rien. Un mensonge par omission quelque part, à ses yeux du moins.

- « Je suis venu y vivre. » Je... Il n’utilisait pas les mots au hasard. « Moira... Je suis ici depuis quelques temps déjà. » Un aveu, une fatalité mais, il maîtrisait sa voix, c’était déjà ça. Un nouveau silence alors qu’il saisit la bière qu’elle avait ramené. « Ais... » Un raté. Il se reprit. Son prénom était dur à prononcer. Il changea d’option. « Ta mère a été tuée. »

Il se passa une main sur le visage, but une gorgée et reposa sa bouteille. Lorsqu’il vit le visage de Moira se décomposer et son absence de réaction autre que l’immobilisme, il lui saisit la main. Elle ne réagit pas, il la serra un peu plus fort.

- « Moira... »



Dernière édition par Andreas Kovalainen le Dim 13 Déc 2015 - 1:33, édité 1 fois
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Moira Kovalainen
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MessageSujet: Re: I will be waving every time you leave... [Ft. Andreas]   I will be waving every time you leave... [Ft. Andreas] Icon_minitimeLun 7 Déc 2015 - 0:44

I will be waving every time you leave...

"Ft. Andreas Kovalainen"

Mon père était à Radcliff. D'un coup, ma journée s'illuminait, et ce n'était pas peu dire étant donné que je vivais dans le noir depuis quelques temps déjà. Je tenais fermement le bras de mon père, m'y raccrochant comme à une bouée de sauvetage, ayant la drôle d'impression d'avoir à nouveau quatre ans. La différence, c'est qu'à l'époque j'étais insouciante, encore dépourvue de mutation et je voyais encore très bien. Que les choses avaient changées, depuis cette époque... Et quelle ironie. Je n'avais pas « vu » mon père depuis des années, hormis avec un écran et une caméra entre nous, et voilà qu'il se pointait ici au moment où je perdais la vue. Et pourtant, je notais une certaine lassitude dans sa voix, comme si elle était détimbrée, absente... Sur le coup, je me disais qu'il devait simplement être fatigué ou en train de subir le décalage horaire.
En entrant je détachais la laisse de Biscuit qui se secoua avant d'aller se coucher sur le tapis près de la cheminée éteinte.

«Tu as bien raison, autant commencer par quelque chose de soft avant d'attaquer les choses sérieuses !»

J'essayais de garder un semblant d'humour, même si les récents événements m'abattaient plus qu'autre chose. Je me dirigeais tant bien que mal vers la cuisine, comptant les pas qui m'en séparait pour éviter de me prendre un mur, et tâtonnais jusqu'au frigo. J'attrapais deux bières, le décapsuleur dans un tiroir et revenais jusqu'au salon. J'étais si naïve... Je le croyais là en voyage d'affaire, ou simplement de passage... Et je m'attendais même à entendre ma mère sonner à la porte dans les minutes à venir... Je ne savais pas encore que plus jamais elle ne le ferait. Je m'asseyais dans le canapé, attendant patiemment que mon père me réponde pour savoir quand quelle direction tourner la tête. J'avais oublié à quel point il était laconique, et passais les trente premières secondes à avoir l'air d'une andouille finie, à regarder autour de moi sans savoir où me tourner. Puis, finalement, il repris. Et si j'étais enthousiaste à l'idée de savoir mon père à Radcliff pour un bon moment, je fronçais les sourcils. Comment ça « je » ? Y avait-il de l'eau dans le gaz avec ma mère ? Impossible... Je n'avais jamais vu deux personnes s'aimer à ce point et être aussi fusionnelles... Et jamais ma mère n'aurait définitivement quitté l'Irlande, elle avait juré d'y vivre jusqu'à la fin de ses jours... Mon père marqué une pause, pendant laquelle je m'agitais avec impatience. Aller, papa... Crache le morceau, bon sang ! Tu sais très bien que j'ai la patience d'un enfant !

Et le couperet tomba. Je souhaitais n'avoir jamais entendu cette phrase, je voulais revenir quelques secondes en arrière, au moment où j'attendais patiemment la vérité... Je refusais d'accepter ce que venait de me dire mon père. C'était impossible, impensable, improbable ! Ma mère ne pouvait PAS être morte, je refusais cette idée. C'était une mauvaise blague, un cauchemar dont je ne tarderais pas à me réveiller... Ça ne pouvait être que ça. J'avais l'impression que ces derniers temps, les membres de ma famille resurgissaient dans ma vie pour m'annoncer des décès. Le retour d'Artur avait été suivi par la découvert de la mort de William, et voilà que mon père m'annonçait que ma mère aussi était décédée. C'était trop. Trop pour moi, trop pour mon esprit, trop pour mon moral déjà bien malmené depuis quelques temps.

Je restais immobile, le regard figé dans le vague tandis que mes paupières refusaient de cligner. Tout mort était tétanisé, en état de choc, et ma mâchoire restait résolument serrée. Je me sentais comme une statue, prisonnière de mon propre corps, et je n'entendais plus rien sinon le bourdonnement du sang dans mon crâne. Ma mère était morte. Pire, j'analysais cette phrase et l'évidence me frappa avec violence : Elle avait été tuée. Assassinée, donc. Mon père n'aurait pas employé un tel mot pour parler d'un accident de voiture, d'une maladie ou d'autre chose. Elle avait été tuée. Par un monstre qui avait arraché à mon père la femme de sa vie et à ses enfants la plus merveilleuse mère qui soit. Qui pouvait bien en vouloir à ma mère. C'était la femme la plus douce, la plus patiente et la plus compréhensive qui soit. Il n'y a pas la plus petite parcelle d'ombre dans son âme, elle n'était que chaleur, lumière et bonté... Dépourvue de tous sentiments de haine et de rancoeur... Qui pouvait bien lui en vouloir au point de lui ôter la vie ?

Alors que le sang battait un peu plus fort à mes oreilles, je me rendis compte que j'avais cessé de respirer, et que c'était la raison pour laquelle je commençais à me sentir mal. J'inspirais alors difficilement, peinant à gonfler mes poumons comme si mes os avaient été fait d'un métal incandescent. Je sentis mon père me saisir la main, mais j'étais incapable de réagir. Sa voix me paraissait lointaine, incroyablement lointaine, et je ne parvenais pas à répondre, à lui dire que j'étais là, car je me sentais ailleurs. Je ne reverrais pas ma mère. Je ne reverrais pas William... J'avais, en l'espace de moins d'un mois, perdu deux des êtres auxquels je tenais le plus sur Terre. C'était trop. Beaucoup trop pour mon cœur malmené.

Je ne sais pas combien de minutes s'écoulèrent entre l'annonce et le moment où je tentais d'émerger à nouveau pour ne pas me noyer. Quelques minutes, probablement même plus de dix. Alors, sans que je puisse les retenir, des larmes chargées de tristesse, de colère et d'impuissance roulèrent sur mes joues. Mon corps jusqu'à là immobile s'anima sous les sanglot, et je serrais la main de mon père aussi fort que je le pouvais. Tout le chagrin que le gardais au fond de moi depuis quelques semaines se cristallisait à présent, et j'étais incapable de le contenir. J'avais envie de dire à mon père à quel point j'étais désolée, je voulais prendre Artur dans mes bras pour le protéger, je voulais parler à ma mère, je voulais me réfugier dans l'étreinte rassurante de William... Seulement je ne pouvais rien faire ce tout ça. Deux d'entre eux n'étaient plus, et Artur était persuadé que j'avais totalement ruiné ses chances avec Ellie, tout ça parce que je lui avais dis la vérité. Alors je serrais un peu plus la main de mon père dans la mienne, et fini par me jeter dans ses bras, retrouvant cette chaleur qui me rassurait tant quand j'étais enfant.

«Je suis désolée, papa... Si tu savais à quel point je suis désolée... Je... Tu vas bien ? Je ne te vois pas mais j'entends très bien... Ca ne va pas...»

J'essuyais d'un geste démotivé les larmes qui baignait mon visage. Je me sentais terriblement mal, et n'osais imaginer dans quel état devait être mon père. M'entendant pleurer, Biscuit s'approchant en couinant et vint poser sa tête sur mon genou. Je caressais maladroitement son pelage immaculé et relevais la tête en reniflant.

«Qu'est qui s'est passé ? P... Pourquoi ? Maman n'a jamais fait de mal à qui que ce soit !»

Comme toujours chez moi, la colère reprenait vite le dessus sur tout le reste, et je sentais monter en moi une vague de rage.

«C'est injuste !» Je lâchais d'une voix forte.

Et en temps normal, ma voix aurait fait teinter les bouteille de bière. Cette fois, rien ne se produisit.
crackle bones
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MessageSujet: Re: I will be waving every time you leave... [Ft. Andreas]   I will be waving every time you leave... [Ft. Andreas] Icon_minitimeMer 9 Déc 2015 - 13:02

i will be waving every time you leave...
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Andreas aurait aimé être là dans d’autres circonstances, être là juste pour elle, avec Aisling... C’était hypocrite quelque part, car il savait qu’ils n’auraient pas pris le temps. Pas qu’ils ne voulaient pas, c’était juste comme ça qu’ils fonctionnaient. Quand il voyait sa fille, bien souvent, c’était par écran interposé alors qu’il était dans un endroit aléatoire du globe pour des recherches, les siennes ou celles de sa femme, ou alors, c’était pour une conférence. Ils se s’arrêtaient jamais, ne se posaient jamais. À présent, il ne partirait plus dans l’immédiat, c’était impossible et pas simplement parce que la ville était en quarantaine. Quelque chose comme ça ne risquait pas de le retenir bien longtemps. Non, s’il ne partait pas, c’était pour ses enfants. S’en rapprocher était devenu une nécessité, ils étaient tout ce qui lui restait en ce bas monde. Un monde qui avait nettement moins d’attraits depuis qu’on lui avait arraché sa femme, un monde qu’il exécrait tout particulièrement, surtout ici.
Il hocha la tête, oubliant qu’elle ne pouvait le voir, c’était une bonne chose au fond, sa cécité, quoi que dérangeante, l’empêcherait de voir les rares signes, il ne devrait pas jouer un rôle, c’était quelque part reposant. Il lui suffirait juste de maîtriser sa voie et Moira n’aurait pas à souffrir de sa propre faiblesse. Mais, Andreas était préoccupé. En dehors du fait qu’elle était aveugle, sa fille semblait affectée par d’autres choses et il ne savait pas de quoi il retournait. Il aurait aimé lui demander mais, il avait peur de ne pas trouver le courage de lui dire ce pour quoi il était venu s’ils commençaient à parler. Il ne pouvait pas l’épargner, tout comme il n’avait pas pu épargner Artur.

Tout à son explication malheureuse, il ne rata pas l’interrogation silencieuse de Moira à l’utilisation du je. Elle se demandait très certainement ce qui se passait et il ne pouvait pas l’en blâmer, la situation était compliquée. Faisant fi de son impatience, il prit le temps qu’il lui était nécessaire avant d’annoncer toute l’horreur des raisons de sa visite. L’incrédulité, le déni. Dans leur peine, ses enfants lui ressemblaient étrangement, partageant à deux la totalité des sentiments qui l’avaient frappé de plein fouet lorsqu’il avait appris la vérité de la bouche des policiers et du médecin légiste. Il frissonna, rattrapé par les images qui le hantaient depuis l’identification.
L’immobilisme et l’absence de réaction de la part de Moira l’inquiéta cependant. Sa main captura celle de Moira et il ne cessa de l’appeler pour la ramener à lui. Il avait sous-estimé la puissance du choc ou plutôt, il ne l’avait pas envisagé ainsi. Comment aurait-il pu ? Il n’avait pas eu toutes les cartes en main en arrivant. Patiemment et avec une douceur que personne -si ce n’est Aisling- n’aurait pu soupçonner, il ramena sa fille lentement. Le temps s’étira mais, il n’avait aucune importance. Il avait tout le temps du monde pour le moment. Quand enfin, les larmes arrivèrent, il sut qu’elle avait dépassé le premier choc et que le suivant arrivait, la façon dont elle se mot à lui serrer la main en attestait. Il l’accueillit finalement dans ses bras, pas surpris outre mesure de cette tournure. Lentement, il lui caressa le dos, rassurant son enfant chérie, honteux de n’avoir jamais pu agir ainsi pour son propre fils mais, ses erreurs étaient trop anciennes pour les réparer aujourd’hui.

- « J’ai perdu la femme avec qui je comptais finir mes jours, la mère de mes enfants, ma meilleure amie. J’irai bien à nouveau. Un jour. Mais ça n’est pas ce qui importe pour le moment Moira. C’est toi. »

À mi-mots, il venait de lui dire qu’il avait bien vu que la seule mort de sa mère n’aurait pas pu déclencher une telle réaction. Il ne surestimait pas sa fille, il la savait forte et c’était la somme de plusieurs événements qui l’avaient fragilisée, il en était certain. Il la connaissait bien, bien mieux qu’il ne connaissait son propre fils même s’il pouvait le décrypter de par ses réactions.
Il inspira quand elle posa la question qu’il redoutait véritablement, car elle engendrerait une autre annonce qu’il paierait probablement cher. Là encore, malheureusement, il ne pouvait plus le cacher, Malachi y avait veillé en découvrant un secret qu’il aurait préféré conserver. Son ancien apprenti avait décidément atteint un niveau extraordinaire et l’élève risquait aujourd’hui de démasquer le maître. Il se devait de l’éviter pour le moment, de peur que d’autres vérités n’éclatent trop tôt. Il ignorait jusqu’où le don du motiopathe pouvait aller.

- « Un homme s’est introduit dans la maison alors qu’elle faisait ses recherches. Je n’étais pas là, je travaillais tard, comme toujours. Et je crains que ce qui lui est arrivé soit entièrement ma faute... »

Quand la voix de Moira résonna, son timbre était différent. Il fronça les sourcils, aucun verre, aucune bouteille, aucune vitre n’avait vibré.

- « Moira... ? » Sa propre voix formulait une question presque silencieuse qu’il formula bien rapidement. « Qu’est-ce qui se passe ? Ta voix... Ton absence de réaction durant près de dix minutes. Qu’est-ce que tu n’as pas eu le temps de me dire ? Que se passe-t-il et n’omet rien s’il te plait ? »

Cette fois, la mort d’Aisling pouvait bien attendre, il y avait plus urgent : les vivants, sa fille. Quelque chose, des choses se passaient ou s’étaient passées et il était hors de question qu’elle conserve pareil fardeau. Il était son père, il était là pour ça, il parviendrait à se contraindre à gérer tout ça. C’était son rôle, il avait les épaules assez larges. Du moins, il en était convaincu, jamais il n’avait plié jusqu’à aujourd’hui.

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MessageSujet: Re: I will be waving every time you leave... [Ft. Andreas]   I will be waving every time you leave... [Ft. Andreas] Icon_minitimeMar 22 Déc 2015 - 19:39

I will be waving every time you leave...

"Ft. Andreas Kovalainen"

Je ne comprenais pas.

J'étais perdue, embourbée dans la fange de mon incompréhension et dans le noir total... Aussi bien physiquement que mentalement. Un monstre avait pris la vie de ma mère. Comme ça, gratuitement, il avait soufflé son existence comme un fétu de paille et était parti sans demander son reste. Tout ce qui restait à présent, c'était cette épineuse question, laquelle tenait en un mot : « Pourquoi ? » Après tout, qui ne s'est jamais demandé pourquoi l'Homme pouvait assassiner son prochain ? Quelle motivation pouvait pousser quelqu'un à vouloir s'emparer de la vie d'autrui ? Parfois c'était une chose aussi répugnante que l'argent, d'autres fois c'était la vengeance, la haine, ou encore le dessein abjecte d'un tueur en série... Mais cette fois ? Qu'est ce que c'était ? Qui donc pouvait avoir suffisamment de haine dans le cœur pour assassiner une femme aussi douce et pacifiste que ma mère ?

Elle était la bonté incarnée, la patience, la sagesse, l'intelligence... Une femme forte qui ne s'était jamais laissée marcher sur les pieds et dont je tenais la répartie. Si mon père m'avait appris à ne jamais baisser les yeux, c'était ma mère qui m'avait appris à répliquer avec des mots à toutes les attaques basses et physiques imaginables. J'avais eu la chance de grandir entourée d'amour et de bienveillance, malgré l'absence régulière de mes parents... J'avais aujourd'hui le sentiment qu'à bientôt trente ans, je n'avais pas assez connu ma mère. Ca me fendait le cœur, me retournait l'estomac, j'aurais voulu me blottir dans ses bras comme lorsque j'étais enfant... Je ne pouvais accepter l'idée que désormais, ma mère reposait entre quatre planches à l'autre bout du monde. C'était trop dur... Je refusais de l'accepter... C'était trop pour mon cœur déjà bien malmené par les récents événements. L'amour de ma vie puis ma mère. Tous les deux assassinés. Si je savais que William avait été tué parce qu'il était un mutant, j'ignorais totalement pourquoi ma mère avait été tuée.

«Je... Quoi ? Non ! Non ce n'est pas moi qui importe, papa ! C'est toi ! Tu ne peux pas me dire que ça va aller... Tu ne peux être fort tout le temps... Tu es humain... Ne présume pas de tes forces, s'il te plaît, je... Moi ça va...»

Si je mentais mal ? C'était un euphémisme. Je mentais si mal que ça se lisait généralement sur mon visage en quelques secondes seulement. J'avais le visage baigné de larmes, je venais de passer de longues minutes silencieuse et incapable de bouger... Bien sûr que je n'allais pas bien. C'était même pire que ça. Le choc me tétanisait, j'avais des fourmis dans les jambes et les mains... Mais je voulais savoir, j'avais besoin de savoir. Mon père m'expliqua alors ce qu'il s'était passé, et à mesure que son récit avançait, le fronçais les sourcils. Comment ça pendant qu'elle faisait des recherches ? A quoi ça rimait, cette histoire ?

«A... Attends une minute... C'était des recherches délicates ? Quelque chose de dangereux, pour que quelqu'un en veuille à sa vie ? Ca n'a pas de sens, sinon ! Qui pourrait vouloir du mal à maman ? Ca ne peut pas être de ta faute, tu n'étais pas là... Qu'est ce que tu veux dire par là ?»

J'avais l'étrange présentiment que mon père me cachait quelque chose, et je n'aimais pas ça. A force de démêler le vrai du faux dans le discours d'Artur, je décelais plus facilement les évitements... Et ça, c'en était. Il manquait une partie au récit de mon père, et je n'arrivais pas à savoir si j'avais hâte de l'entendre ou si je préférais ne rien savoir.

«Je ne comprends pas... Qu'est ce qui s'est passé ? Tu... Tu sais qui a fait ça ? Et pourquoi ?»

Je serais plus encore la main de mon père pour tenter de le rassurer, me mordillant la lèvre au passage. J'étais sur les nerfs, stressée et anxieuse, je sentais monter en moi autant de panique que de colère. Je n'étais pas comme mon père ou frère, je ne savais pas intérioriser mes sentiments et avoir l'air calme... J'étais quelqu'un d'impulsif, de sanguin, j'étais entière et j'avais besoin d'exprimer ce que je ressentais. Mes colères avaient toujours été bien plus violentes que celles d'Artur, mais bien moins impressionnantes. Car j'explosais tout de suite et me calmais rapidement... Pas lui. Et surtout, mes sentiments se lisaient avec une aisance déconcertante sur mon visage. Aussi, lorsque mon père me demanda ce qui n'allait pas, je me mordillais un peu plus la joue, portant tout le poids de ma culpabilité sur mes épaules. Quand il me parlait comme ça, j'avais l'impression d'être une enfant prise en flagrant délit et d'avoir fais la bêtise du siècle... Et le pire, c'est que ça marchait encore. Je me sentais honteuse, et savais qu'il me regardait avec ce regard sévère dont il avait le secret. Malgré la subtile note soucieuse dans sa voix, je devinais qu'il craignait le pire... Et il n'avait pas tort. Que devais-je faire ? Lui dire qu'un malade avait tué mon fiancé et que mon propre frère m'avait vaccinée ? Assurément non ! Si je faisais ça... Je risquais de dégrader plus encore la relation houleuse d'Artur avec mon père... D'autant que je ne savais toujours pas s'il était au courant pour notre mère. Alors je profitais de l'incapacité qu'avaient mes yeux à trahir ma gêne et me lançais... Seulement, c'est un débit incohérent et saccadé qui sorti de ma bouche.

«Je... Je suis désolée, papa... J'aurais du t'écouter quand... Quand tu disais que c'était dangereux de partir pour les Etats-Unis et... J'aurais du … Tu avais raison, j'aurais du être plus prudente, je... J'ai été vaccinée, papa... Ils ont développé un genre de sérum et... Je ne savais pas, j'n'ai rien pu faire ! Il... C'est un chasseur... Il m'a vaccinée je... C'est ça qui m'a rendu aveugle... Je n'ai plus ma mutation... Je ne suis plus que la moitié de moi-même... Je suis désolée, papa, j'aurais du faire plus attention, mais j'allais mal, ils ont tué William et...»

Sans que je puisse les arrêter, les larmes s'étaient remise à couler sur mes joues, rougissant mes yeux et déformant mon visage en une expression de terreur et de douleur sans nom. Évoquer mon fiancé me faisait toujours aussi mal, finalement... J'avais du mal à respirer, hoquetant comme une enfant, terrifiée, frigorifiée... Le choc n'était finalement pas encore passé : J'en subissais la seconde vague.

«Il s'est passé beaucoup de choses, papa... Trop de choses... Je n'ai pas les épaules assez solides pour supporter tout ça, je... J'y arriverai pas...»

Je pensais avoir touché le fond... L'annonce du décès de ma mère venait de me prouver que je pouvais encore creuser. Je voulais remonter la pente, pas sombrer plus encore ! Et soudain, la question me percuta avec force. Je relevais la tête vers mon père.

«Et Artur ? Artur est au courant ? Mon pauvre petit frère... Il... Il va être anéantit, maman et lui était proche... Il faut... Je dois l'appeler... Mon téléphone...»

Si je paniquais ? Totalement ? Si j'étais en train de faire une crise de nerf ? Ah tiens... Oui... Ca y ressemblait...
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MessageSujet: Re: I will be waving every time you leave... [Ft. Andreas]   I will be waving every time you leave... [Ft. Andreas] Icon_minitimeMar 22 Déc 2015 - 22:06

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Le choc, il le comprenait, il comprenait aussi très bien Artur pour une fois. Mais, la façon dont avait réagi Moira... C’était trop, trop pour... pour un seul deuil. C’était ce qui le dérangeait le plus. Sa réaction était bien plus importante que ce à quoi il s’était préparé et ça lui fendait le cœur. Ça plus le fait qu’il n’y avait pas de verre brisé par terre. Il avait vraiment raté beaucoup de choses et il en était convaincu. Il secoua la tête à la tirade de Moira. Humain... oui, il l’était, fort, il devait l’être. Pour elle, pour Artur parce qu’il se devait d’encaisser pour eux, ce qu’il avait relativement mal fait ces derniers mois, il fallait le reconnaître. Sa faiblesse l’avait amené à faire traîner l’annonce jusqu’à ce qu’il ne puisse plus reculer. C’était lâche et ça ne lui ressemblait pas.

- « Bien sûr que c’est toi qui importe et bien sûr que si, je peux être fort tout le temps. C’est le rôle d’un père de protéger ses enfants. Ne me mens pas, tu ne vas pas bien. Tu n’as jamais su mentir avec assez d’aplomb pour que j’arrive à te croire, surtout quand tu es bouleversée. »

Sa petite fille... Car pour le moment, elle était à nouveau sa petite fille, son enfant, son bébé. Elle était au plus mal et il ne pouvait pas se tromper. Il avait beaucoup de choses à dire mais chaque chose viendrait en son temps. C’est pour ça qu’il esquiva ses questions, la façon dont c’était arrivé, les raisons surtout. Il avait tout le temps de le lui dire et il ne le ferait pas aussi froidement qu’avec Artur. Il avait souffert de la nouvelle mais, il connaissait suffisamment la façon dont fonctionnait l’esprit de son fils pour savoir ce qu’il pouvait faire ou non. Avec Moira, il devait être plus délicat, d’autant plus qu’elle lui en voudrait sûrement après ça. Il lui avait menti par omission durant des années et ce mensonge avait coûté la vie à sa mère, un mensonge dont il ne révélerait pas une partie.
Et il avait raison de ne pas vouloir répondre immédiatement, il y avait effectivement bien plus qu’il ne l’avait cru et su. Il écouta le flot décousu d’excuses, de justification, tantôt en colère tantôt sincèrement désolé pour elle. Au poids sur ses épaules venait de s’ajouter celui qui reposait sur celles de sa fille. Il n’avait non pas un hunter à trouver mais deux. Car il était évident qu’il vengerait également l’homme qu’elle aimait. Il lui offrirait même peut-être cette occasion si... Non, il était hors de question qu’il la mêle à sa vendetta personnelle. Quoi qu’il en soit, il avait un troisième hunter dans sa ligne de mire. Celui qui l’avait vaccinée. Était-ce permanent ? Il serra les dents et la serra contre lui comme il l’aurait fait des années auparavant, une main dans ses cheveux et l’autre dans son dos, embrassant ses cheveux.

- « Je sais ce qu’ils ont créé ici... Malheureusement. » Et il s’en occupait, d’une certaine façon. « Quant à tes épaules, elles auront moins à supporter. Je n’irai plus nulle part. »

Une triste vérité, une constatation simple mais ravageuse. La question qui suit n’est pas surprenante, il sait au moins que ses enfants se soutiennent, loin d’imaginer que les choses sont infiniment plus complexes malgré les signes.

- « Artur est au courant. Je suis allé le voir hier. »

Il aurait d’ailleurs aimé que les choses se passent un peu mieux mais, le passé appartenait au passé. Une maxime qu’il était incapable d’appliquer à son ancienne vie avec Aisling.

- « Calme-toi Moira, il sait. J’aimerai te dire que c’est parce qu’il était plus proche d’elle que de moi mais, je n’avais pas le courage de vous affronter tous les deux. J’ai choisi d’aller voir Artur en premier pour ça malgré tout. La discussion a été... houleuse. » Pour ne pas dire autre chose. « Je suis étonné qu’il ne t’ait rien dit et qu’il m’ait accordé ça. » À moins que son fils ait songé à la punir de cette façon. Possible. « Il était furieux et tu le seras peut-être aussi... Votre mère n’est pas morte récemment. Elle est morte en novembre. Il y avait trop à faire, trop à penser, Radcliff avait été bouclée et je ne pouvais pas vous faire venir. Et ensuite... Je me suis perdu. »

Il fallait dire les choses comme elles étaient. Andreas s’était véritablement perdu dans son deuil et il n’en était ressorti qu’épisodiquement. Quand il n’était pas chez lui à vrai dire. En dehors de ces moments-là, il se laissait engloutir par sa solitude et l’ombre de ce qu’il avait vécu au point d’en arriver à parfois agir comme si elle était toujours là avant de devoir affronter la vérité en face et de se perdre à nouveau. Ça n’était pas un moyen de vivre mais c’était sa vie et il la vivait avec le poids qu’elle lui pesait, affichant une force de façade qu’il avait mais, pas dans son intégralité. S’il n’avait pas céder et bien, c’était qu’il pouvait encore affronter le monde.

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MessageSujet: Re: I will be waving every time you leave... [Ft. Andreas]   I will be waving every time you leave... [Ft. Andreas] Icon_minitimeMer 6 Jan 2016 - 10:53

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Je me mordais la lèvre, honteuse. Bien sûr que je n'avais jamais su mentir. Pas parce qu'on m'avait répété étant enfant que c'était mal, mais bien parce qu'à chaque fois que je tentais un mensonge, même un tout petit, je sentais le regard de mon père me sonder, analyser chaque expression, chaque rictus... Parce que je craquais toujours avant lui et finissais pas avouer la vérité. Alors avec le temps, j'avais pris l'habitude d'être toujours franche, du moins autant que faire se peut, et de ne plus mentir. Et ça me jouait parfois des tours, car j'avais tendance à croire que dire la vérité et la meilleure chose à faire, quand finalement je ne faisais qu'envenimer un peu plus la situation. Il n'y avait qu'à voir cette histoire avec Ellie... J'aurais pu lui mentir, ne pas lui dire qu'Artur lui racontait des salades depuis longtemps, et surtout j'aurais pu ne jamais lui dire ce secret que je gardais au fond de moi depuis si longtemps... J'aurais pu, si je n'avais pas eu l'impression de me trahir en le faisant. Je ne savais pas mentir, car la culpabilité se lisait immédiatement sur mon visage. Le mensonge, c'était le talent de mon père... Celui d'Artur, aussi. C'était lui qui savait construire une histoire avec un aplomb incroyable, lui qui agrémentait un récit inventé de quelques sourires angéliques et d'une voix attendrissante pour que n'importe qui y croit... Mon frère était si convaincant qu'il aurait pu faire croire à n'importe qui que nous étions tous contrôlés par des extra terrestres. C'était à se demander pourquoi il ne s'était pas encore lancé dans la politique... Et moi la première, je me laissais bien souvent bercer par ses fables.

« Tu sais, papa... Avec le temps j'ai appris à te connaître par cœur... Quand tu es vraiment sûr de toi, tu n'as pas cette voix fatiguée. C'est plus difficile de mentir là dessus quand on a une aveugle en face de soi. »

Car en l'absence de la vue, c'était l'ouïe qui prenait le relais et se retrouvait à devoir compenser la perte d'un sens. Certains aveugles avaient même une acuité auditive si développée qu'ils entendaient ce que le commun des mortels ne percevait pas. Et là, ce que j'entendais c'était de la fatigue, de la lassitude... J'avais l'impression de voir un roc se fissurer, d'entendre pour la première fois une note de faiblesse dans la voix de mon père, et ça m'effrayait. Depuis que j'étais gamine, je ne pouvais imaginer que quoi que ce soit puisse atteindre mon père au point de le faire vaciller. Seulement, je n'avais jamais imaginer qu'un monstre lui arracherait si brutalement la femme qu'il aimait.

Et puis je me mettais à paniquer. Brutalement, soudainement. Parce que tout remontait à la surface, à la manière d'un volcan. C'était trop...  Bien trop... Six années d'angoisse, six années à alterner entre des phases d'euphorie et de création avec des périodes de colère profonde noyée dans l'alcool, tous mes espoirs qui étaient retombés comme un soufflée lorsque Moren m'avait appris la mort de William... Le visage de mon fiancé qui me hantait jours et nuits, comme le reflet de ma propre culpabilité, la haine d'Artur, le vaccin, la perte de tous mes repères... Les multiples agressions depuis que j'étais à Radcliff... Plus les semaines passaient, plus cette ville empestait la mort. Et maintenant ma mère. Si la bonté avait pu porter un ç'aurait été le sien sans hésitation. Cette épineuse question persistait toujours : Pourquoi l'avoir tuée ? Je tremblais dans les bras de mon père, secouée par les spasmes des sanglots, et l'écoutais simplement reprendre, incapable que j'étais de parler plus longtemps. Je commençais à me sentir anesthésiée, comme si mon cerveau avait décidé d'éteindre mon empathie pour ne plus laisser place qu'à la raison, pour faire taire mes sentiments et mettre en marche mon instinct de survie... Seulement je ne voulais pas. Je refusais de devenir un robot fuyant ses émotions. Je préférais encore souffrir le martyr et me sentir en vide que ne plus qu'une coquille vide. Alors je hochais simplement la tête. Artur savait... Mais non, il ne m'avait rien dit. Car Artur m'en voulait, j'en étais certaine. Je ne lui avais rien envoyé d'autre que « je rentre, je m'attends pas ce soir », le jour où Ellie était venu le voir. Elle lui avait sûrement parlé de notre rencontre depuis et, comme à son habitude, Artur fuyait. Si j'étais moi-même plus qu'en colère après lui, je refusais pourtant de lancer les hostilités. Il viendrait toquer à ma porte si ça lui chantait, sinon... Oh sinon je serais la première à craquer et à le mettre au pied du mur, c'était certain !

« Il ne m'a rien dit, non... Disons que... On ne s'est pas vraiment disputés mais j'ai appris certaines choses qui ne m'ont pas vraiment ravie, et lui aussi. Tu sais comment il est, quand il est vexé il boude... Mais je suis quand même un peu étonnée qu'il ne soit pas passé outre dans une telle situation... »

Qu'il ait juré à mon père de ne rien me dire, c'était une chose. Qu'il ne soit pas venu chercher le soutien que je pouvais lui apporter en était une autre. Bon sang, c'était si difficile à comprendre ? Il n'avait pas l'air de voir que pendant plus de quinze ans j'avais veillé sur lui, tout ce qu'il voyait, c'était les dix dernières années, celles de mon départ, de mon erreur... C'était tout ce qui comptait pour lui, à présent. Et puis je fronçais les sourcils, m'attachant à l'étreinte de mon père dans l'espoir de lire sur son visage ce que ses mots ne disaient pas... Ah oui c'est vrai. Je ne pouvais pas, bigleuse que j'étais.

« Co... Comment ça elle est morte en novembre ? Mais... Bon sang mais ça fait des mois, papa ! Pourquoi ne m'as-tu rien dit la dernière fois que nous avons discuté ? Pourquoi tu m'as menti en me disant qu'elle était simplement absente le jour où je t'ai appelé ? Je... Le décès de maman, c'est une chose... Nous mentir, à moi et Artur, c'est autre chose... Je commence à en avoir assez des gens qui mentent comme des arracheurs de dents, dans cette famille... Décidément, toi et Artur vous vous ressemblez beaucoup trop... »

Je pinçais les lèvres, à la fois blessée et perdue. J'avais du mal à comprendre le cheminement dans la tête de mon père.

« Tu t'es perdu ? Et tu ne t'es pas dis que peut-être, Artur et moi pourrions t'aider ? Je ne comprends... A t'entendre, on dirait que c'est toi le meurtrier et que tu cherches à expier je ne sais quelle faute... Mais tu n'y es pour rien, papa ! Le seul responsable c'est le monstre qui a fait ça ! Arrête de t'imposer ça... »

Je la connaissais, la culpabilité du survivant... Je savais ce que c'était que de se sentir impuissant, mal dans sa peau, d'avoir le sentiment d'avoir échoué... De ne pas être en mesure de surmonter le deuil... En signe de compassion, je tâtonnais jusqu'à trouver la main de mon père, que je serrais dans la mienne.

« Tu n'as pas besoin d'endosser le rôle du coupable, là dedans... Le coupable c'est pas toi... »

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MessageSujet: Re: I will be waving every time you leave... [Ft. Andreas]   I will be waving every time you leave... [Ft. Andreas] Icon_minitimeMar 19 Jan 2016 - 16:17

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Evidemment, Andreas aurait dû se douter que son état d’esprit transparaîtrait. Il n’avait pas à maîtriser son visage mais, il aurait dû prendre garde à sa voix. Moira avait toujours été plus sensible ça et pour cause, c’était en partie ce qu’elle était. La voix était une composante principale de sa vie et que son handicap actuel décuple son analyse de la chose n’aurait pas dû l’étonner. Pourtant, il était contrarié. Il ne voulait en aucun cas qu’elle se mette à s’inquiéter pour lui. Il ferait avec ce qui était arrivé, il assumerait également sa culpabilité. Il ne laisserait pas à ses enfants le choix ou non de supporter ça avec lui. Loin d’être de l’orgueil, il ne voulait juste pas exposer ses faiblesses. C’était d’autant plus vrai qu’il savait à présent que sa fille n’allait pas bien, il ne pouvait donc pas le moins du monde se permettre d’être celui qui était mal en point. Comme toujours, il serait là, infaillible, comme elle l’avait toujours envisagé, comme elle l’avait toujours cru.
Alors, c’était ce qu’il avait fait. Il gardait Moira dans ses bras, tentant de la calmer maladroitement, car ça n’avait jamais été véritablement été son rôle. Il était cependant nettement moins mal à l’aise qu’avec Artur. Il avait aussi nettement moins d’erreurs à se reprocher concernant sa fille. Il l’écoutait, se taisait, il attendait. Il était cependant très surpris d’apprendre que les choses n’étaient pas au beau fixe avec Artur. Pas surpris de savoir que son fils était homme à se vexer mais, bien du genre à le faire dans de pareille circonstance. La piste de la punition semblait vraiment concorder. Peut-être même parviendrait-il à ses fins, d’une certaine façon. Cependant, Andreas n’avait pas eu besoin de son enfant pour se punir et s’en vouloir. Il aurait pu tuer Aisling lui-même que ça n’aurait rien changé finalement. Il était responsable de ça et il soupira, pas étonné un seul instant que la réaction de Moira soit aussi virulente que celle de son frère. Il retint un soupire et ferma les yeux un long moment avant de répondre à tout ce qu’elle venait de lui reprocher, à raison ou presque.

- « Je ne prétends pas avoir agi au mieux, j’ai juste fait ce qui me semblait devoir être fait. Tout a pris du temps et je ne voulais pas admettre ce qui s’était passé. Vous ne m’auriez pas reconnu Moira. Ni Artur et encore moins toi. Je ne regrette pas de vous avoir épargné la vision de ce que j’ai été. Je regrette en revanche de n’avoir pas pu vous épargner ça. »

Il se saisit de sa bouteille et but une gorgée, une main toujours sur l’épaule de sa fille. Peut-être était-il temps de rompre ce mensonge par omission qu’il conservait depuis des années pour elle. Il secoua la tête même si elle ne pouvait pas le voir. Elle en sentirait cependant le mouvement.

- « C’est là où tu te trompes, je suis pleinement responsable de ce qui lui est arrivé. Ce que je vais te dire Moira, tu ne devras en parler à personne. Véritablement personne, pas même Artur. Tu vas m’en vouloir et tu en as parfaitement le droit. Si elle est morte, c’est parce que je suis comme toi Moira. Je suis un mutant. » Il fit une pause, rassembla son courage, s’imposa le calme. « C’est moi qui aurais dû mourir ce jour-là et j’aurai préféré. J’étais la cible de cet homme qui s’est introduit chez nous. C’était un chasseur et c’était moi qu’il voulait, pas elle. Elle... » Il inspira, expira, se forçant cette fois à garder son calme pour reprendre. « Elle n’était qu’un message qui m’était adressé. C’est à cause de moi que votre mère est morte. J’aurai dû être là et pas elle. »

Il ne savait pas comment sa fille prendrait cet aveu. Non seulement il lui avait menti mais, sa mère était morte pas sa faute. Au fond, ça ne changerait rien à sa présence à Radcliff, il avait décidé d’être là pour protéger ses enfants avant d’être là pour traquer le meurtrier d’Aisling. Qu’ils le haïssent n’y changerait pas grand-chose si ce n’est que les choses seraient plus compliquées. Cependant, il méritait en très grande partie ce qui lui arrivait.

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MessageSujet: Re: I will be waving every time you leave... [Ft. Andreas]   I will be waving every time you leave... [Ft. Andreas] Icon_minitimeMar 26 Jan 2016 - 0:40

I will be waving every time you leave...

"Ft. Andreas Kovalainen"

Depuis que j'étais enfant, on me répétait que mentir c'était mal. Qu'il valait toujours mieux dire la vérité tant qu'elle était encore brûlante plutôt que de la laisser refroidir, car elle finissait toujours pas resurgir et avait alors un goût amer de réchauffé. Et puis j'avais toujours eu un peu peur du regard sévère de mon père quand je faisais une bêtise, alors j'avais pris le parti de toujours lui dire la vérité, d'être honnête avec lui... Lui dire que j'avais été vaccinée par un hunter sans mentionner Artur était un mensonge sans vraiment l'être. Disons plutôt que j'omettais volontairement de préciser que je savais parfaitement qui m'avait mise dans cet état. Après tout, mon père ne m'avait pas demandé explicitement si je savais qui était à l'origine de mon handicap, je ne mentais pas vraiment, hin ? Devant un jury, ça pouvait passer, mais je me sentais tout de même atrocement coupable de ne rien lui dire. Seulement, je ne pouvais dire à l'homme qui nous avait élevés, Artur et moi, que son fils avait suivi un chemin bien plus sombre et obscur, et qu'il était prompt à blesser sa propre sœur. C'était bien là la grande différence entre Artur et moi : Jamais je n'aurais pu volontairement lui faire le moindre mal. J'avais un sale caractère, j'étais rancunière et agressive, mais je gardais tous ces traits là pour les autres. Pas pour mon frère. J'aurais pu en vouloir à Seth, j'aurais pu me fâcher avec Marius, mais je ne concevais pas l'idée de me retourner définitivement contre Artur. C'était tout bonnement inconcevable et pourtant, j'avais en tête mille et une raisons de lui en vouloir au point de lui refaire le portrait. Aussi, quand j'étais en colère contre lui, je pensais au monstre qui avait guidé sa main. Je pensais à l'homme qui m'avait arraché mon fiancé, je vouais toute ma haine à Moren quand bien même ne méritait-il que la moitié des choses dont je le blâmais.

Ainsi donc je ne mentais pas... Et vivait pourtant quotidiennement au cœur des pires mensonges qui soient. Mon frère était un meurtrier qui m'utilisait pour amadouer une mutante qu'il prétendait réellement apprécier, il était à la fois dans le vrai et dans le faux, perpétuellement perché sur un câble de funambule. Je croisais sans cesse les doigts pour qu'il finisse par chuter du côté de la vérité et arrête sa comédie. Et maintenant mon père. L'homme que j'admirais le plus au monde, celui que j'aurais suivi sans broncher, celui en qui j'avais confiance... Une part de moi avait envie de hurler qu'il était complètement idiot de nous avoir caché la mort de maman, tandis qu'une autre, plus calme et raisonnée, me rappelait que moi-même, j'avais caché la mort de William par égoïsme. Je n'avais pas souhaité que qui que ce soit s'immisce dans mon chagrin, gardant jalousement ma douleur plutôt que de tenter de l'apaiser en la confiant à mes amis ou ma famille. Artur me l'avait reproché, et je ne doutais pas que si je faisais la moindre remarque, mon père remettrait ça sur le tapis. Alors je pinçais les lèvres, serrant plus fort la main de mon père dans la mienne.

« Je ne te blâmerai pas d'avoir voulu garder ça pour toi afin d'apaiser seul ta douleur. Je sais quel effet ça fait d'apprendre que la personne que l'on aime le plus au monde s'est faite assassinée... Seulement tu n'avais pas le droit de nous cacher ça. Bon sang papa ! C'était ta femme mais c'était aussi notre mère ! J'ai l'impression d'être indigne de sa mémoire pour avoir vécu dans l'ignorance des mois durant ! Est ce que... Non... Laisse... »

Les larmes menaçaient de passer à nouveau le rempart de mes paupières, et les sanglots comprimaient douloureusement ma gorge. C'était paradoxal à dire alors que je sentais la présence de mon père à mes côtés, mais je me sentais incroyablement seule, perdue, terrifiée et frigorifiée. Comme égarée au milieu d'une forêt enneigée dont je n'aurais pu voir le bout. Jamais plus je n'irais me blottir dans les bras de ma mère comme lorsque j'étais enfant, jamais plus je n'irais taquiner William au réveil, parce qu'on me les avait arraché. Tous les deux. L'un pour avoir osé être un mutant, l'autre pour... Quoi ? Pourquoi avoir tué ma mère ? Et alors que je continuais à tourner et retourner cette question dans mon esprit, mon père me fit la révélation la plus incongrue et stupide qui soit.

Je clignais des yeux à plusieurs reprises, comme si ça pouvait m'aider à y voir plus clair, et lâchait la main de mon père par réflexe. Je restais un long moment silencieuse, le temps de digérer l'information. Mon père, un mutant. Un mutant, mon père. La blague de l'année, vraiment. Instinctivement, un ricanement secoua mes épaules.

« C'est... Une blague, c'est ça ? Si c'est le cas c'est vraiment pas drôle, papa... Tu crois que me sortir une ânerie pareille va me faire sourire ? »

J'aurais voulu pouvoir me persuader que tout ça était faux, qu'il me faisait une blague de très mauvais goût, mais je n'avais pas besoin de voir son visage pour savoir qu'il me disait la vérité. Je l'entendais à sa voix, aux inflexions plus que sérieuse qu'elle prenait et à la certitude que cette fois, il ne me mentait pas. Je déglutis difficilement, tentant de chasser ce bourdonnement désagréable dans mes oreilles.

« Tu es en train de me dire que tu me mens, ou plutôt que tu nous mens depuis des dizaines d'années ? Pendant toute mon enfance tu m'as répété que ma mutation ne s'expliquait pas, que j'étais ton « petit miracle de la science », que j'étais la seule de la famille à être mutante... Tu imagines un peu ce qu'on peut ressentir quand on est enfant ? Pendant des années je n'ai pas eu le sentiment d'être exceptionnelle mais d'être un monstre, une anomalie, une erreur... J'ai attendu des années de voir si Artur développerait lui aussi un don... Sans Malachi j'aurais vraiment fini par croire que tout ça n'était pas normal... Et tu m'annonces, comme une fleur, que tu es un mutant ? Tu te fous royalement de ma gueule, en fait ! »

Je me levais vivement, renversant au passage ma tasse de thé que j'avais oublié, mais n'y prêtais pas attention. Un peu d'eau chaude sur mon parquet, ce n'était rien en comparaison de ce que j'apprenais là.

« J'en ai assez, papa... Tu m'as toujours dis que mentir c'était la pire des choses qui soit, et pourtant tu m'as caché ça. Artur me ment, tu me mens, qui sait ? Peut-être que le facteur aussi se fout de ma gueule quand il m'apporte mes factures ? »

Je soupirais et chassais d'un geste rageur les larmes sur mon visage. Blessée, triste et trompée, voilà comment je me sentais. Je me mis à faire les cent pas, prudemment pour ne pas tomber, et me rongeais l'ongle du pouce dans un geste nerveux.

« Qu'est ce qui te fait croire que maman a été assassinée par que tu es un mutant ? Tu simules des trous noirs ou un truc du genre ? C'est quoi ta mutation, pour qu'on s'attaque à une femme innocente... Et ne me mens pas, cette fois... Je te jure que je le saurai si tu me mens... »

En colère... J'étais vraiment en colère. Je n'en avais pas l'air, mais intérieurement je fulminais. Je voulais qu'on me rende ma mère, qu'on me rende mon fiancé, et avec ça une vie normale, loin d'ici, loin de l'horreur... A cet instant, j'aurais voulu que les mutants ne soient qu'un mythe idiot tout juste bon à figurer dans les comics.
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MessageSujet: Re: I will be waving every time you leave... [Ft. Andreas]   I will be waving every time you leave... [Ft. Andreas] Icon_minitimeDim 31 Jan 2016 - 16:49

i will be waving every time you leave...
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Andreas se doutait qu’il y avait anguille sous roche mais, il était bien trop affecté pour se rendre compte de la taille de cette fameuse anguille. En temps normal, il aurait probablement creuser pour finir par avoir le fin mot de l’histoire mais, il n’était pas en état. La confrontation avec Artur la veille lui avait montré à quel point les erreurs qu’il avait commises étaient profondément ancrée dans leur affect. Ne fut-ce que la réaction presque viscéral de son fils quand il avait eu un geste tendre envers lui suffisait à prouver qu’il avait fait des dégâts. Il avait laissé à Aisling la tâche de veiller sur leur fils, passé bien plus de temps avec Moira qu’il ne l’aurait du et pourtant, l’homme était persuadé que les choses n’avaient pas été aussi tranchée. Il avait délaissé ses enfants, l’un comme l’autre, l’un plus que l’autre certes mais, tout de même. Il avait raté le coche avec ses enfants et il le savait. Il était cependant trop tard pour rattraper les dégâts.
Sa fille omettait, certes, il s’en doutait mais, il n’était pas tout à fait prêt à attaquer cette facette du problème et pourtant, il aurait dû. Très clairement. Pour l’heure, il lui fallait assumer une autre erreur, plus pernicieuse, plus égoïste, celle de leur avoir dissimulé un temps la mort de leur mère. Il était coupable, il n’allait pas débattre de ça, il le savait et le reconnaissait. Il avait ses raisons, peut-être pas les meilleurs mais, là encore, le mal était fait et surtout, il n’aurait pas pu agir autrement, de ça, il était convaincu. Oui, sa femme avait été leur mère, il en avait parfaitement conscience mais, son égoïsme en la matière allait au-delà de ça. Elle avait été plus qu’une mère ou une épouse, elle avait été son équilibre, sa vie. Quelque part, il était mort avec elle et il ne réclamait désormais plus qu’une seule et unique chose, la tête du responsable. Veiller sur ses enfants étaient un but supplémentaire, un moyen de ne pas dériver comme il l’avait fait ces derniers mois, noyé dans la douleur et aveuglé par la vengeance.

- « J’en ai bien conscience Moira, crois-moi. Je suis sincèrement désolé. »

Et il l’était réellement. Il aurait aimé pouvoir revenir en arrière mais, il ne pouvait pas ? Il le pouvait, c’était... possible. Il se refusait pourtant à jouer avec cette loi de la nature, tout comme il se refusait à envisager de faire appel à certain don. Il connaissait suffisamment de monde pour n’en faire qu’à sa guise mais, à quel prix ? Quel risque ? Quelles conséquences ? Il ne pouvait pas, ne voulait pas essayer. Pas se le permettre. Plus maintenant. Il était temps pour Andreas de tenir ses promesses. Toutes, même celles qui risquaient de lui coûter très cher. Aussi, lorsqu’il annonça à Moira la moitié de la véritable raison de la mort de sa mère, il ne fut pas surpris qu’elle lâche sa main, qu’elle s’écarte même un peu. Il ne dit rien, lui faisant comprendre par ce biais que ça n’avait rien d’une blague stupide. Il aurait pu pourtant. À une époque pas si lointaine, il était assez coutumier de ce fait mais, pas cette fois.
Dire que cette révélation lui coûtait était un doux euphémisme. Les personnes au courant pour sa mutation n’étaient pas nombreuses et la plupart n’en avait conscience que parce qu’il n’avait guère eu le choix ou parce que leur propre don le leur avait fait comprendre. Il la laissa donc s’emporter. En revanche, qu’elle ignore que son arrière grand-mère ait eu le même don qu’elle n’était pas pour lui plaire. N’avait-elle donc jamais ouvert le journal qu’il lui avait confié ? Il en aurait presque soupiré d’agacement si le cadre s’y était prêté. Sa verve et sa colère n’avait rien d’étonnant. Il aurait presque pu plaisanter à l’évocation des trous noirs... mais à nouveau... dans une autre vie. Peut-être.

- « Je ne t’ai jamais dit que tu étais la seule de la famille à posséder pareil don Moira. Je t’ai confié un journal il y a des années lors d’un de tes anniversaires. » Il n’en dirait pas plus à ce sujet, elle y mettrait le nez en temps voulu. « Et oui, je sais parfaitement ce qu’est ce sentiment. Plus que tu ne l’imagines. Je ne t’ai pas aidée par hasard. Tu n’as jamais été une erreur ou un monstre. Ne le pense jamais. »

Las, il se passa une main sur le visage et se leva, ressentant le besoin d’évacuer physiquement la tension qui l’habitait depuis des jours. Elle ressentirait ses mouvements mais au moins ne le verrait-elle pas faire. C’était une demi-chance. Il avait horreur de se montrer faible, défaillant.

- « Je ne crée pas de trous noirs non mais... mon impact écologique et météorologique peut-être désastreux. Je contrôle et je crée des orages. Sais-tu ce que ça représente dans les faits ? La dangerosité qu’une telle mutation représente ? Si je le cache, ce n’est pas pour faire du mal à mon entourage, c’est pour le protéger. Il y aura toujours quelqu’un pour se vanter qu’il connaît quelqu’un capable d’une chose pareille. Je ne suis pas plus dangereux qu’un persuasif, qu’un hypnotiseur, qu’un pyrugiste ou un motiopahe. Ou que toi d’ailleurs mais, c’est impressionnant et ça effraie. »

Bien entendu, il ne pouvait qu’expliquer son point de vue. Elle en ferait ensuite ce qu’elle voudrait. Il ne demandait pas le pardon, il expliquait juste ses motivations. Une partie en tout cas. Il ne pouvait pas lui dire qu’il avait protégé d’autres mutants en assassinant des hunters et qu’il en avait également payé le prix. Ille lui révélerait peut-être un jour mais, certainement pas maintenant.

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MessageSujet: Re: I will be waving every time you leave... [Ft. Andreas]   I will be waving every time you leave... [Ft. Andreas] Icon_minitimeLun 15 Fév 2016 - 17:51

I will be waving every time you leave...

"Ft. Andreas Kovalainen"

Un bourdonnement sourd et désagréable me vrillait les tympans depuis quelques minutes, l'écho des dernières révélations de mon père martelant mon cerveau sans la moindre délicatesse. Ma mère était morte. Elle avait été assassinée. Mon père me l'avait caché. C'était un mutant. Artur m'avait vaccinée. C'était un hunter. Il y avait des critères incompatibles dans cette équation, et même si je m'en voulais de mentir à mon père par omission, je me félicitais de ne pas lui avoir dit qui m'avait vaccinée. Si je savais qu'il n'irait pas refaire le portrait de mon frère, je le savais capable de lui remonter les bretelles d'une façon très musclée.

Bon sang mon père était un mutant. Un genre de pikachu sur pattes, qui plus est. C'était imagé mais ça me suffisait. Et surtout, je me sentait soudain penaude d'avoir extrapolé ce qu'il m'avait dit plusieurs années auparavant.

«D'accord, j'ai peut-être un peu exagéré... Mais tu m'avais dis que de nous quatre, j'étais la seule... Alors excuse-moi de m'être sentie un peu à l'écart... Je ne l'ai pas encore ouvert, ce journal, je... C'est idiot mais j'ai le sentiment qu'en l'ouvrant, je briserai quelque chose. Que je ne devrais pas l'ouvrir tant que tu es là pour répondre à mes questions...»

Alors oui c'était con, mais je n'osais pas l'ouvrir, ce journal. J'avais peur de ce que je pourrais y lire... Mon père m'avait dit que j'en apprendrais plus sur ma famille en le lisant et pourtant... Allez savoir, c'était justement ce qui me faisait peur.

«Mais je ne l'ai pas oublié pour autant. Il est dans le tiroir de ma table de chevet, sauf que c'est bien mignon tout ça, mais il va falloir que tu me fasses la lecture maintenant... Au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, j'y vois autant que dans le cul d'une nonne !»

La vulgarité, tout un art hérité des quelques années passées en compagnie de Marius. Une chose était certaine : Si on avait mis un compteur d'injures à chacune de nos discussions, il aurait explosé au bout de dix minutes. Alors j'étais acide avec mon père, mais j'étais perdue, indécise, je ne savais plus vers qui me tourner ni à qui faire confiance. Me mordillant le bout du pouce, je faisais les cent pas en me fichant bien de savoir si j'allais ou non me prendre un meuble. Je n'en pouvais plus de rester assise, de toute manière.

«Alors comme ça tu crées des orages... C'est sûr, ce n'est pas commun... Et c'est typiquement le genre de mutation que ces cinglés de hunters redoutent. Mais c'était une excuse pour me le cacher ? Que tu n'aies pas voulu m'en parler quand j'étais gamine, passe encore, j'peux l'piger. Mais merde, papa... Je vais avoir trente ans, je suis capable de la boucler quand on me confie un secret ! Et crois-moi, j'en garde, des secrets !»

Du genre Marius est un mutant, Artur m'a vaccinée et est un hunter, je connais le meurtrier de mon fiancé... Et bien d'autres. Et ce secret là, j'aurais bien voulu en être informée. Ce n'était pas rien, tout de même ! Bordel mon père était un mutant !

«Soit. Tu me l'as caché, ça sert à rien de te faire la morale là-dessus, ça n'y changera rien. Oui ça me vexe que tu ne m'aies rien dis, mais tu avais tes raisons et je les respecte, papa. Seulement il y a une chose que je voudrais comprendre. Pourquoi maintenant ? C'est le décès de maman qui te pousse à m'avouer ça ? Je ne comprends pas en quoi le fait d'être un mutant a pu la tuer... Ta mutation tu la camoufles très bien, je n'y ai jamais vu que du feu... Il me manque une donnée dans l'équation pour comprendre ton raisonnement, papa...»

Je n'étais pas aussi futée que mon père, je n'étais pas surdouée comme mon frère. Mon seul talent se résumait à avoir l'oreille absolue et une dextérité hors du commun quand on me mettait un violon dans les mains. Et si je n'en était pas peu frère, je savais aussi que mes déductions ne pouvaient pas rivaliser avec celle d'Artur ou de mon père. Pour autant, je ne pensais pas être complètement idiote, et j'avais bien saisi qu'il y avait un écueil dans le discours de mon père.

«La vie est trop courte pour la passer à s'en vouloir... Je suis désolée de m'être énervée, papa... Tu as bien d'autres choses en tête en ce moment, j'imagine... Promets-moi simplement que tu ne me cacheras plus ce genre de choses, d'accord ?»

Je tâtonnais autour de moi en cherchant le canapé pour me rasseoir. A force de tourner en rond, j'en avais perdu tous mes repères. Qu'avait dit Razen, déjà ? Garde toujours un lien avec le mur le plus proche pour te souvenir d'où tu es. Première leçon, premier échec. Et le second ne tarda pas à me tomber sur le coin du nez. En voulant me rasseoir, je manquais le coussin et m'écroulais bêtement au sol. Je m'étais rarement sentie aussi nouille et aussi mal.

«Putain j'en ai marre ! Rendez-moi mes yeux, bordel ! J'en ai assez...»

J'avais la gorge serré, l'esprit plein de questions et de souffrance, les larmes me piquaient les yeux et je ne voyais rien d'autre que le néant face à moi. Je sentis bien vite la truffe de Biscuit contre ma nuque tandis qu'il me donnait de petits coups de tête pour m'aider à me relever.

«Je suis désolée que tu me vois dans cet état, papa... J'ai l'air d'une grand mère en fin de vie, il ne me manque plus que l'incontinence pour que ça soit complet !»

Même mes boutades sonnaient faux, finalement... Depuis que j'avais été vaccinée, je m'enfonçais toujours plus profondément dans un gouffre glacial et obscur. Et au final, le seul à avoir réussi à me faire oublier que je n'y voyais plus rien, c'était un autre aveugle. Paradoxe, quand tu nous tiens...
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MessageSujet: Re: I will be waving every time you leave... [Ft. Andreas]   I will be waving every time you leave... [Ft. Andreas] Icon_minitimeLun 15 Fév 2016 - 23:53

i will be waving every time you leave...
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Faire entendre raison à sa fille alors qu’il venait de lui annoncer une nouvelle atroce qui en suivait d’autres, ça n’avait rien d’évident. Andreas comprenait parfaitement sa fille ou plutôt, il comprenait aisément ce qu’elle traversait. Il se félicitait d’autant plus de ne pas s’être décidé plus tôt même s’il les avait peiné, il aurait été incapable de leur faire face et de dissimuler ses faiblesses. Sa réaction à la morgue ne cessait de lui revenir en mémoire et il aurait détesté que ses enfants soient spectateurs d’une chose pareille. Il avait littéralement craqué ce jour-là, plusieurs personnes avaient dû intervenir pour le retenir pour l’immobilisé. Le personnel avait déjà vu des réactions violentes mais la sienne avait visiblement dépassé tout ce qu’ils avaient vu parce qu’ils avaient tous été inquiets de l’état d’Andreas par la suite. Il s’était pourtant ressaisi et le choc passé, c’était dissimulé derrière un masque maintes fois éprouvé. Ça avait été bien plus simple pour lui d’agir ainsi. Peut-être jusqu’à maintenant en tout cas.

- « Je suis désolé mais je ne pouvais pas t’en parler. Si ça peut te rassurer, ta mère a désapprouvé ma décision. Elle ne voulait pas me forcer la main alors elle n’a rien dit. Et je ne trouve pas ça idiot Moira. Je peux comprendre que tu n’aies pas voulu l’ouvrir. »

Il ne mentait pas et il ne se serait surtout pas permis de lui dire que sa façon de voir la chose était stupide. Il avait été un repaire concernant sa mutation et il ne pouvait pas lui en vouloir d’avoir voulu conserver ça même si ça n’était pas forcément la chose à faire la plus optimale. En tout temps, sa fille avait d’abord pensé avec son cœur et il aurait aimé que ça puisse durer.

- « Et bien je te ferai la lecture s’il le faut jusqu’à ce que tu puisses voir à nouveau. Je te ferai même pas des discussions que j’ai eues avec ma grand-mère avant qu’elle ne nous quitte. S’il n’y a que ça pour te faire plaisir, je ne vois pas pourquoi je ne le ferais pas. »

Il fallait qu’il oblige Moira à se concentrer sur autre chose que sa cécité sans pour autant qu’elle pense qu’elle pouvait en faire abstraction. Elle ne devait pas nier le fait de ne pas voir et attendre que ça passe et ça n’était visiblement pas le cas puisqu’il avait décelé quelques repères, quelques techniques qu’elle semblait avoir assimilés par il ne savait quel moyen. En attendant, il lui devait des réponses et pas une formation.

- « Précisément le genre de mutations qui effraient oui. Le problème n’est pas de garder un secret Moira. Ma mutation va au-delà de la gestion ou de la création d’orage. Tout ce qui est lié de prêt ou de loin à ce phénomène météorologique, je peux l’utiliser et ça peut également me tuer, moi ou d’autres. Je n’ai pas d’excuse mais je ne pouvais juste pas en parler. »

Andreas avait un rapport très particulier à sa mutation, elle était lui et il était elle. Parler de sa mutation, c’était parler de lui, de ce qu’il était, de qui il était aussi et il n’avait jamais été particulièrement doué en la matière. Se livrer, ça n’était pas son fort. Il devait pourtant continuer de s’expliquer et l’exercice n’était pas simple.

- « Parce que je ne pouvais pas te le cacher plus longtemps, parce que certains mutants auraient pu te l’avouer avant que je ne puisse le faire et je ne voulais pas que ça arrive. Je sais que tu te serais sentie bien plus trahie encore et je ne voulais pas ça. Cette mutation a tué ta mère parce que j’ai fait avec d’autres ce que j’ai fait avec toi. Pour beaucoup de mutants, j’ai été un mentor. Certains ont découvert ce que j’étais de par leur mutation, d’autres noms. Selon toute probabilité, des hunters ont dû remonter jusqu’à moi et donc jusqu’à ta mère. Elle a payé pour moi. »

Il ne pouvait pas lui avouer qu’il avait protégé certains de ces mutants en tuant, lui avouer qu’il était un meurtrier était au dessus de ses forces et il aurait été tout bonnement incapable d’affronter sa réaction à l’heure actuelle. Affronter le rejet d’Artur était une chose. Affronter celui de Moira en était une autre.
Soulagé malgré tout de lui avoir parlé de sa mutation, il soupira discrètement, aussi bien pour ça que parce qu’elle le lui en voulait pas. Il n’était pas sûr que ça durerait mais, il prenait ce qu’il avait dans l’immédiat.

- « Je ne te cacherai plus rien. Je te le promets. Je te parlerais toujours des choses quand il y aura lieu de le faire. » Une demi-promesse mais, une promesse quand même. « Tu as toutes les raisons d’être énervée, en colère plus encore. Je ne vais pas t’en tenir rigueur alors que tu me pardonnes de ne rien avoir dit plus tôt. »

Alors qu’il la voyait chercher ses repères pour, il supposait, le rejoindre, il vit arriver la catastrophe trop tard et l’aida à se relever avec l’aide inutile bien que comique de Biscuit. Au moins, il était d’un grand réconfort pour elle, ce qui était déjà plus qu’il ne pouvait l’être réellement en ce moment. Il la sera donc dans ses bras et la berça un moment comme autrefois.

- « Et si tu te reposais un peu ? Je vais rester chez toi cette nuit, je vais te préparer un repas digne de ce nom et j’essaierai de t’aider un peu avec tes repères sans les déranger. Je suis là, autant me rendre utile et être le père que je n’ai pas toujours pu être. »

Une confession à demi-mot, un aveu de faiblesse, une autre discussion qu’il n’était pas prêt à avoir.

FIN
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