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 what's up, pussycat? (ft. alyah)

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MessageSujet: what's up, pussycat? (ft. alyah)   what's up, pussycat? (ft. alyah) Icon_minitimeLun 16 Mar 2015 - 23:43

what's up, pussycat?

 

Viktor avait l’impression de ne pas avoir été au travail depuis une éternité. Techniquement cette impression était entièrement fausse, puisqu’il s’y était rendu il n’y avait même pas trois jours. Seulement les Vendredis étaient dédiés au refuge pour animaux de Radcliff, auquel il offrait des consultations gratuites pour toutes leurs petites et grandes bestioles. Cette fois-ci, ça avait été une grande bête : le possesseur d’un ranch non loin avait rendu l’âme, et sa ménagerie assez spéciale avait été entièrement abandonnée par ses petits-enfants, sans la moindre sympathie pour ces animaux totalement démunis. Les volontaires n’avaient réussi à attraper que les deux-tiers de ses chats et chiens, mais gardaient l’espoir que l’odeur de leurs camarades à poils ne les attire en direction du refuge, ou qu’une patrouille ne les récupère prochainement. Mais la raison de la visite de Viktor n’était pas l’armée d’animaux de compagnie ordinaires, non. C’était pour Betty l’autruche qu’il avait été appelé, Betty qui n’avait jamais été approchée par un être humain autre que son propriétaire jusqu’à très récemment, et qui voyait d’un mauvais œil cet inconnu avec sa mallette pleine d’objets étranges. Et elle l’avait fait sentir.

A ce souvenir, Viktor passa une main sur son bras, où la bête l’avait mordue – pas fort, juste assez pour exprimer son déplaisir. Il avait eu de la chance qu’elle ne lui mette pas de coup de pied, les autruches étant capables de tuer un lien d’un seul coup, ou au mieux de les lacérer avec leurs espèces de lames attachées à leurs jambes. Il aurait largement préféré passer voir Pedro le lama de la Papouasie, mais hélas, ce dernier était perdu. Enfin, au moins, il serait cantonné aux animaux sans grande méchanceté de la populace de Radcliff, qui se contentait généralement de chats et de chiens. Arrivé à son cabinet, il poussa la porte d’entrée, ravi de voir que sa secrétaire était déjà là, avec un café sur son bureau pour lui. Il s’approcha pour qu’elle lui fasse un résumé de la journée à venir, mais surtout pour lui demander comment s’était passé son weekend. Le sourire triomphal de la quadragénaire l’informa qu’elle et son mari s’étaient bien amusés dans leur petit chalet dans les bois. En bon patron, Viktor lui topa la main et la laissa perdre son temps sur Twitter en attendant que ses premiers patients n’arrivent.

Il ne s’attendait pas à ce qu’une jeune femme ne se trouve déjà dans la pièce, confortablement installée sur la table d’examen. Viktor se stoppa net. Comment était-elle rentrée ? Sa secrétaire lui aurait forcément dit, si quelqu’un l’attendait. Ce qui laissait entendre que cette femme s’était glissée dans son cabinet par effraction, d’une manière ou d’une autre. Mais alors dans quel but, il n’en avait pas la moindre idée. « Bonjour, madame... ? » commença-t-il, ne sachant pas quoi dire d’autre. « Je ne prends les gens que sur rendez-vous, les Lundis et Mardis. Pour les consultations sans rendez-vous, ce sera les Mercredis et Jeudis. » continua-t-il, en profitant pour se dévêtir de son manteau et le ranger dans son bureau, qui adjoignait à la salle. Instinctivement, il leva le regard vers la lucarne qui offrait un minimum de lumière naturelle à la pièce. La femme était suffisamment mince pour s’y être glissée, mais il lui aurait fallu être d’une souplesse presque… surnaturelle. Même une gymnaste Olympique aurait du mal. Retournant dans la salle, Viktor offrit un sourire qui se voulait amical à son invitée. « D’ailleurs, où est votre animal ? »  



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MessageSujet: Re: what's up, pussycat? (ft. alyah)   what's up, pussycat? (ft. alyah) Icon_minitimeVen 20 Mar 2015 - 4:35

Oh rinky tinky tinky
"Tout le monde veut devenir un cat, parce qu'un chat quand il est cat, retombe sur ses pattes. À jouer du jazz, on devient vite un acrobate. Oui, tout le monde qu'est dingue du swing est cat "


Il paraît que l’homme est un animal politique, mais dans le monde actuel, certains sont de vrais animaux. Oh pas par rapport à leur état d’esprit, mais par rapport à leur mutation. Elle par exemple. C’était un chat. Longue, fine, élégante, un félin. Un félin blessé de surcroît, un félin mis à mal. Les chats retombaient toujours sur leurs pattes, telle était la légende. Mais pour elle il n’y avait pas toujours ce choix. Un chat oui, mais un chat imparfait, un chat humanoïde, un chat sur deux pattes. Un chat qui était tombé sur son dos. Ce n’était pas arrivé seul, ce n’était pas forcément le concours d’une mauvaise chute, mais bien celui d’une attaque. On avait tenté d’abattre le chat.
Elle revoyait le toit, elle visualisait de nouveau le vide, le mauvais calcul, le mauvais rattrapage et finalement le vide. Se laisser engloutir par le néant, concrètement. Pas juste le néant intérieur, mais bien le néant en soi, cette entité impalpable mais bien présente qui enveloppait les êtres imprudents. Et puis le sol avait été la réponse logique, la suite inévitable. Elle avait voulu se rattraper, se relever avec dignité et finalement détaler. Mais elle avait été victime de complications, celles de la douleur. Vive. Imprenable.

Depuis elle composait avec. Le repos n’avait pas suffi à faire disparaitre ce déchirement dans son dos. Elle savait qu’elle n’allait pas pouvoir guérir toute seule, qu’elle n’allait pas pouvoir se contenter de s’enfoncer dans l’apathie pour faire partir le mal. Il fallait qu’elle consulte. Immobile dans son lit, elle avait soupesé le pour et le contre d’aller à l’hôpital. Là-bas, même le secret médical ne pourrait pas la mettre à l’abri, l’activité y était trop grouillante. Il suffirait d’une infirmière trop bavarde et bientôt les bizarreries de la patiente seraient le sujet numéro un des conversations, tellement prégnant que sa condition finirait par tomber dans l’oreille des chasseurs. Et puis un médecin normal ne suffirait pas, il lui fallait un spécialiste.
Une maladie des os extrêmement rare avait longtemps prétendu le dossier du Mossad. Tellement rare, tellement unique que vous n’en verrez nulle part ailleurs. A l’hôpital psychiatrique, ils n’avaient pas cherché plus loin, s’étaient contentés de ce dossier médical des services secrets. Mais à Radcliffe, elle n’avait plus cette couverture, elle était classée chez les gens normaux. Alors il avait fallu chercher chez d’autres médecins, d’autres spécialisations. A court d’idées, elle avait finalement convenue qu’il fallait voir un vétérinaire. Parce que c’était un chat effectivement, avec des muscles et des os en plus, une dizaine de vertèbres qui se baladaient au hasard dans un corps qui n’aurait jamais dû les accueillir.

Après moult recherches, l’Israélienne avait trouvé l’adresse du seul cabinet convenable de cette ville perdue. Si elle avait eu suffisamment de forces, elle aurait mené des recherches plus poussées sur ce fameux Viktor Dawson, elle aurait cherché à savoir de quel côté il se positionnait et surtout s’il était digne de confiance. Mais l’urgence et la crainte de s’être vraiment blessée quelque chose avaient eu raison de ses considérations. Elle s’était finalement glissée en ce lundi matin dans ce fameux cabinet. A l’abri des regards indiscrets, elle avait ignoré la douleur pour se faufiler à travers une lucarne et pénétrer dans le saint des saints. Le souvenir du Mossad lui était revenu, ce médecin particulièrement dépêché pour elle qui utilisait des outils différents, normalement réservés aux animaux. Elle ne s’était jamais offusquée d’être prise pour un animal, et pourtant au milieu de cet univers de cage et de médecine animalière, elle se sentit soudain mal à l’aise. Qu’allait-elle bien pouvoir lui dire ? Il n’y avait pas de bonnes manières d’annoncer la chose.

Finalement le bruit de la porte mit fin à son questionnement intérieur et un homme entra dans la pièce. Elle s’était redressée, digne sur cette table d’examen qui n’était pas vraiment destinée à un humain. Ses yeux perçants avaient cherché à le détailler, à l’observer. Il était grand, plutôt bel homme et dégageait une certaine prestance, celle qu’on attend d’un médecin, fut-il un médecin pour les chiens et chats. D’abord surpris, il la renseigna sur ses horaires, mais elle ne cilla pas. Finalement vint le moment où il se questionna vraiment sur la présence d’Alyah ici. Elle n’avait pas d’animal. Perspicace. Elle attendit encore une poignée de seconds, le scruta encore. « J’ai un problème particuliers, et j’ai besoin de savoir que vous êtes une personne de confiance. »

Alyah se laissa finalement tomber sur ses jambes et se glissa entre Viktor et la porte qui donnait sur la salle d’attente. « Ce que vous allez voir est en dehors du champ de la médecine générale et entre plus dans le champ de vos compétences. J’espère juste que vous avez aussi une sorte de serment médical qui vous oblige au secret. » Elle ne lui laissa pas vraiment le temps de répondre et se retourna pour lui montrer son dos. Doucement, elle releva les bords de son tee-shirt pour révéler sa colonne. Son œil expert aurait tôt fait de capter la longueur de celle-ci, la différence entre son métabolisme et celui normalement établi par la science pour un être humain. « J’ai peur de m’être déplacée quelque chose. » Elle laissa retomber finalement son haut et fit face de nouveau. Ses sphères noisette se plantèrent dans le regard du médecin. Elle implorait son aide, mais en même temps, sa fierté l’empêchait de témoigner trop de détresse. « Est-ce que vous pouvez m’aider ? »

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MessageSujet: Re: what's up, pussycat? (ft. alyah)   what's up, pussycat? (ft. alyah) Icon_minitimeVen 20 Mar 2015 - 16:55

what's up, pussycat?

 

La jeune femme le regardait d’un œil fixe, presque dérangeant. Elle lui rappelait le chat de ses voisins, qui semblait trouver beaucoup d’amusement dans le fait de voir Viktor assis sur son canapé, puisqu’il était capable de l’observer pendant des heures entières, sans bouger. Elle n’avait toujours pas ouvert la bouche, ni même montré qu’elle comprenait ce qu’il disait. Il commençait à se demander si elle n’était pas sourde ou muette, lorsqu’elle prit finalement la parole. « J’ai un problème particulier, et j’ai besoin de savoir que vous êtes une personne de confiance. » Pardon ? Viktor haussa un sourcil, amusé malgré lui. Il avait soudainement l’impression qu’il était en train de tenir un cabinet de détective privé, pas de vétérinaire, et que la jeune femme était venue lui demander de l’aide un soir d’orage… Il jeta un coup d’œil à ses mains pour vérifier qu’il ne se trouvait pas soudain dans un film noir et blanc, mais non. La réalité était toujours là, femme mystère incluse. Le vétérinaire s’écarta légèrement pour la laisser se glisser à côté de lui, pensant qu’elle s’apprêtait à disparaître aussi rapidement qu’elle était apparue. Mais non, elle n’avait fait que se mettre entre lui et la porte.

Ce détail mit Viktor sur l’alerte. La façon dont se mouvait la brune, emplissant la pièce de sa présence malgré sa taille, et les muscles visibles dans ses bras et jambes, laissaient entendre qu’elle avait subi un entraînement particulier. Entraînement dont il en avait suivi un très similaire ; intérieurement, le cerveau du brun se mit en marche (chose rare, vous dirait Malachi).  Il y avait de grandes chances que cette femme soit sortie de l’armée, mais probablement pas de l’armée américaine. Son accent n’était pas très facile à placer, mais il ne venait d’aucun état que Viktor ait jamais visité. Et grâce à ses parents, il en avait vu pas mal. Prenant instinctivement un pas en arrière au cas où elle se montrerait agressive, il la laissa continuer. « Ce que vous allez voir est en dehors du champ de la médecine générale et entre plus dans le champ de vos compétences. J’espère juste que vous avez aussi une sorte de serment médical qui vous oblige au secret. » Viktor se demanda soudain si elle était folle. La confidentialité entre patient et médecin n’était pas un aspect de la médecine vétérinaire, non. Après tout, quelles étaient les chances que Pat le cocker anglais lui demande de ne pas informer sa maîtresse qu’il était atteint d’un cancer, ou que Giselle l’hirondelle ne veuille pas que sa famille sache qu’elle attendait des petits œufs, étaient plutôt… infimes. Il allait ouvrir la bouche pour lui faire remarquer le manque de logique dans sa question, lorsque la jeune femme lui tourna le dos et souleva son T-shirt.

« Mademoiselle ! » s’étrangla-t-il, complètement rouge. C’était décidé, elle était folle. Il cherchait déjà l’interphone pour demander à sa secrétaire d’appeler l’hôpital psychiatrique le plus proche, quand son regard tomba sur la colonne vertébrale de la femme. Elle n’était pas déformée à proprement dire, mais… Rapidement, Viktor compta les vertèbres. 35, 36, 37… La brune avait plus d’une quarantaine de vertèbres dans son dos, soit le nombre habituel pour un chat, pas un humain. Ses yeux s’agrandirent, comprenant soudain ce qu’elle avait voulu dire par toutes ses phrases tirées d’un film d’espionnage. La mutante avait besoin d’un médecin, oui, mais elle ne pouvait visiblement pas se rendre dans un hôpital ordinaire. Même la stagiaire la moins réveillée saurait tout de suite que quelque chose clochait et, à voir son comportement, Viktor devinait qu’elle recherchait par-dessus tout de la discrétion. Rabaissant son haut, la brune se tourna vers lui. « J’ai peur de m’être déplacé quelque chose. » Viktor grimaça. Si elle s’était déplacée une vertèbre, elle devait avoir incroyablement mal. Qu’elle ait réussi à se traîner jusqu’à son cabinet et y entrer par effraction n’en devenait que plus impressionnant. Il s’avança doucement, fasciné, lorsque sa voix soudainement plaintive le stoppa.

« Est-ce que vous pouvez m’aider ? » « Je… Je peux essayer, oui. Mes parents sont médecins, et m’ont appris quelques bases, alors avec mes connaissances vétérinaires, je devrais pouvoir trouver une solution… » Un simple oui aurait suffi, mais Viktor était toujours trop choqué pour pouvoir arrêter son babillage constant. Et puis, une partie de lui avait envie de rassurer la mutante, de l’aider à se sentir en sécurité, comme n’importe quel autre de ses patients. « Je vais devoir vous demander de retirer votre haut et de vos allonger sur la table, que je puisse examiner vos vertèbres. » C’était bien la première fois qu’il demandait à un humain de s’allonger sur sa table. Tandis que la jeune femme s’exécutait, il lui tourna le dos et partit allumer la lumière centrale, qui trônait juste au-dessus de la table d’examen. Lorsqu’il se retourna, la mutante avait obtempéré, et l’attendait, épaules tendues – par la douleur ou la méfiance, il n’en savait trop rien. Le vétérinaire fit le tour de la table et posa ses mains sur le dos de la jeune femme, examinant une à une ses vertèbre, jusqu’à ce qu’il trouve celle qui posait problème. Ce faisant, il continua la conversation : « Comment est-ce que vous vous êtes blessée ? Vous avez dû faire une sacrée chute… »



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MessageSujet: Re: what's up, pussycat? (ft. alyah)   what's up, pussycat? (ft. alyah) Icon_minitimeVen 20 Mar 2015 - 19:11

Comme elle s’en doutait, il était pris au dépourvu, ne savait pas quelle réaction adopter. C’était normal quand on y réfléchissait bien. Elle arrivait toujours avec des phrases plus mystérieuses que les énigmes du Sphynx et son ton de fin du monde, son package d’agent secret, comme si elle s’apprêtait à donner une mission à quelqu’un. Elle avait gardé cette habitude à dramatiser depuis les recrutements au Mossad, quand on l’envoyait parfois aux quatre coins du monde pour essayer de récupérer des mutants. Elle s’amusait à les teaser, à leur promettre l’aventure de leur vie pour les ramener avec elle. Alors souvent elle parlait aux gens comme s’ils étaient tous sur le point de sauver le monde. Et puis on ne pouvait pas vraiment la blâmer pour ça, elle manquait cruellement des conventions sociales américaines, n’avait pas appris à manier l’art de la conversation anodine. Elle était souvent préparée à tout sauf à la vraie vie.
C’est sûrement aussi à cause de son mode de vie différent qu’elle ne souffrait d’aucune pudeur. C’était aucune hésitation qu’elle s’était débarrassée de son haut, le laissant tomber sans aucun regret au sol. Elle ne faisait pas vraiment attention à ce genre de possession matérielle, la mode n’était pas une de ses priorités. Elle se baladait d’ailleurs la plupart du temps en jogging comme maintenant, parce que le côté pratique primait largement au final. Lui par contre semblait plus gêné par la situation. Allons mon beau, des nanas à poil t’as déjà dû en voir quand même.

Dans le silence complet, elle s’allongea sur la fameuse table d’examen, non sans une grimace. Chaque pas lançait davantage, et elle avait l’impression qu’on martelait son crâne. Une fois installée, elle se laissa couler dans l’immobilité la plus complète, comme les chats savaient si bien le faire. Pendant qu’il commençait son examen, palpant chaque vertèbre une à une, elle procéda elle aussi à sa propre enquête. Ses yeux s’aventurèrent avec soin sur tout l’espace à sa gauche, direction vers laquelle sa tête était tournée. Elle observait la décoration, essayait de récupérer le moindre détail, dans le cas où ce fameux Viktor ne serait pas ce qu’il prétendait être. C’est du moins ce que sa méfiance lui soufflait. Dans le creux de l’oreille, la paranoïa toujours plus présente essayait de l’embrouiller, de lui faire croire que Viktor était en fait un chasseur ou un collaborateur, et qu’il la faisait patienter le temps que quelqu’un puisse venir prêter main forte pour abattre la bête.
La douleur ravivée chassa d’un coup toutes ses pensées folles. Il avait trouvé la source de la douleur, et elle ne put retenir une sorte de feulement. Son visage se tordit en grimace de nouveau et elle serra des dents, prête à se mordre la langue pour essayer de la distraire.

Il lui posa ensuite une question sur les circonstances de sa blessure, et la paranoïa se réimposa avec force. Pourquoi s’en inquiétait-il ? Il devait la guérir, pas gratter des informations. Et puis, elle ne pouvait pas lui parler de Kingsley, pas quand elle ne connaissait pas vraiment l’allégeance du médecin. Quoique, pour effectuer un tel travail, il devait avoir un amour profond pour les animaux. Si elle accentuait ce côté chat, si elle se plaçait sous une autre perspective, celle d’une personne attendrissante et pas menaçante, peut-être qu’il prendrait soin d’elle comme il prenait soin de ses patients ordinaires. Du ton le plus sérieux qu’elle put trouver, elle débita une bêtise sans aucune hésitation. « J’ai voulu faire une expérience stupide, voir si c’était vrai qu’on pouvait voler si on se collait une tartine avec de la confiture sur le dos. C’est raté visiblement. Soit la tartine a gagné, soit je n’ai pas respecté un rapport de proportion évident. » Elle laissa couler sa réponse, et donnait toujours l’impression d’être sérieuse… Il semblait qu’aucune autre réponse ne pouvait convenir, et Viktor devait être bien bête de ne pas y avoir pensé. « Hum. C’était une blague. Enfin, laissez tomber. Humour de chat. » Elle voulut hausser les épaules mais l’idée était très certainement mauvaise compte tenu de sa vertèbre endommagée. « C‘est grave, docteur ? »
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MessageSujet: Re: what's up, pussycat? (ft. alyah)   what's up, pussycat? (ft. alyah) Icon_minitimeDim 22 Mar 2015 - 23:30

what's up, pussycat?

 

Viktor vit les muscles de la mutante se tendre à sa question. Il se doutait qu’elle n’était pas tombée du toit en ajustant les décorations de Noël, mais il était curieux de voir l’excuse qu’on lui offrirait, qui en dirait long sur la personne à qui il avait affaire. A moins qu’elle ne se décide à lui faire confiance, mais vu son comportement pour l’instant, c’était plus que douteux. « J’ai voulu faire une expérience stupide, voir si c’était vrai qu’on pouvait voler si on se collait une tartine avec de la confiture sur le dos. C’est raté visiblement. Soit la tartine a gagné, soit je n’ai pas respecté un rapport de proportion évident. » Viktor cligna des yeux. Pardon ? La jeune femme venait de passer de mélodramatique à… également sérieuse, mais le contenu de ses paroles ne collait plus. Il avait la vague impression de s’être fait transporter dans un dessin animé, ou un chat transformé en humaine venait le rendre fou pour lui faire payer ses auscultations passées. Devant son expression confuse, elle soupira. « Hum. C’était une blague. Enfin, laissez tomber. Humour de chat. » « Ah, d’accord… » dit-il, forçant un léger rire. Ce n’était pas la première fois qu’il ne suivait pas une blague, mais généralement il arrivait à faire semblant. Le décalage entre ces deux facettes de sa patiente l’avait pris de court, et il n’avait pas su réagir. Tant pis, elle était là pour se faire soigner, pas tester son numéro de comédienne. Il n’avait pas l’habitude que ses patients lui fassent un one-(wo)man show, et il ne comptait pas encourager cette initiative.

« C‘est grave, docteur ? » Il n’avait pas non plus l’habitude que ses patients lui posent cette question, à vrai dire. Même le perroquet le plus intelligent aurait du mal à tenir un dialogue avec lui. Viktor fit signe à la mutante qu’il n’avait pas terminée son examen, et finit de palper les vertèbres de la jeune femme. « Vous avez effectivement une vertèbre déplacée. A première vue ce n’est pas assez sérieux pour nécessiter une opération – encore heureux, parce que là je ne pourrais pas vous aider. Vous allez devoir rester au repos complet pendant une semaine, et prendre des antalgiques toutes les quatre heures. » Il s’arrêta un instant, le temps de laisser à la brune le temps de remettre son haut et d’emmagasiner ce qu’il venait de lui dire. Pour ce qui était des médicaments, il ne pouvait rien lui prescrire. A moins qu’elle ne lui avoue qu’elle pouvait prendre des médicaments pour animaux, mais sa physionomie restait majoritairement humaine. Elle saurait mieux que lui, de toute façon. Et si elle avait besoin de se procure illégalement des médicaments, il pourrait la diriger vers Seth – bien qu’il se doute qu’elle le connaisse déjà. Si elle était ce que les cicatrices parsemant son torse laissaient entendre, il serait prêt à parier que les deux étaient déjà en contact.

« Je sais que vous n’avez aucune envie de répondre à mes questions… » Il lui jeta un regard entendu. L’explication pour le moins étrange qu’elle lui avait offerte en réponse à sa question sur l’origine de sa blessure ne l’avait pas surprise au point de lui faire manquer l’évasion. « Mais il faut que je sache : avez-vous un lieu sûr où rester le temps de guérir ? » Une nouvelle pause, pendant qu’il continuait de l’évaluer. Elle était tendue, mais elle n’avait pas l’air d’être sur le point de lui sauter dessus. Son discours sur la discrétion laissait entendre qu’elle souhaitait l’intimider plutôt que de lui faire du mal, ce qui était plutôt bon signe. Viktor saurait sûrement se défendre en cas d’attaque, mais il préférait savoir qu’il n’avait pas à faire à un de ces ex-soldats profondément dérangés par ce que leur travail demandait, et qui avait perdu tout sens des proportions. « Parce qu’entre la vertèbre déplacée, les bleus et vos diverses cicatrices laissées par des balles… Vous avez visiblement beaucoup d’ennemis. » Encore une pause, et il pointa en direction d’une des marques qu’il avait aperçues durant l’examen. « Un sniper dans le dos, c’est particulièrement traitre… Heureusement pour vous qu’il a manqué. » Sourire amical.


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Dernière édition par Viktor Dawson le Jeu 16 Avr 2015 - 13:27, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: what's up, pussycat? (ft. alyah)   what's up, pussycat? (ft. alyah) Icon_minitimeJeu 16 Avr 2015 - 13:08

Une vertèbre déplacée. C’était bien ma veine tiens, surtout avec le chasseur fou qui me collait aux basques, bien déterminé à accomplir ses délires psychopathiques sous couverture religieuse. J’avais réussi à m’échapper, mais il n’allait pas lâcher, en tout cas pas tant que je serais encore vivante. Maintenant ça se jouait à lui ou à moi, j’allais devoir le tuer, un de plus sur la liste, un connard de moins dans ce monde. J’irais pas non plus jusqu’à dire que je le vivais comme une corvée, j’étais même plutôt impatiente de le revoir, j’allais donner plus au second round qu’au premier. Je n’ai pas dit mon dernier mot. J’allais me faire un plaisir de lui tordre le cou, de le renvoyer à côté de son Dieu qu’il aimait tant. En fait, je vais tellement le fracasser qu’il va falloir censurer la scène.

Je me rhabillai sans un mot, écoutant toujours les conseils du vétérinaire. Au repos une semaine ? Grande nouvelle. C’était exactement ce dont j’avais besoin, des vacances forcées, toute une semaine seule avec mon esprit morcelé. Rien ne servait de protester évidemment, je n’allais pas guérir en grinchant. Il me le paierait bien quand même ce satané chasseur. Je suis aussi orgueilleuse qu’un chat, les gens qui me blessent en général se prennent un méchant coup de griffes. Et durant mes années de service, j’ai été touchée nombres de fois. Des balles, des coups, des passages à tabac, j’avais le corps encore plus marqué qu’un motard fils du chaos tatoué de la tête aux pieds. J’avais collecté mon petit lot de blessures, mais j’avais toujours rendu chaque coup. En double.
Enfin, il allait falloir attendre de ne plus souffrir le martyr à chaque pas avant d’envisager la revanche. Pour les antalgiques, j’allais devoir bien évidemment me débrouiller. Ce n’était pas avec une note d’un véto que j’allais pouvoir avoir des médocs pour moi. Sauf que voler des médicaments avec le dos en compote, ça ne s’annonçait pas évident. Et je doutais bien que  trois litres de bière n’allaient pas non plus arranger mon cas.  « Je suppose que me bourrer la gueule n’est pas thérapeutique. » Un trait d’humour encore douteux qui ne dérida pas non plus le vétérinaire puisqu’il se lança dans un discours de médecin inquiet.

Son regard tenta de percer le mien, mais il ne dut rencontrer que deux sphères dures sans aucune lueur pour égayer le tout. Qu’il s’inquiète pour un patient devait faire partie de son métier, mais je me demandais s’il était vraiment sincère. Peut-on vraiment être un chic type à ce point ? Les gens trop aimables m’agacent autant que les cons.
Mais il avait mis le doigt sur les secrets que cachaient mes cicatrices. Il avait l’air de s’y connaitre, mais je ne pouvais pas attribuer seulement cela à son expertise médicale, il semblait lui aussi posséder des connaissances militaires. S’il pensait pouvoir endormir ma méfiance, il se gourait complètement. Au contraire, je sentais en moi le spectre rongeur qui me prenait aux tripes à chaque dépassement. Des questions par milliers traversaient mon esprit, fusaient. Des théories farfelues du complot s’incrustèrent dans le lot, laissant un vague brouillard dans ma tête. Immobile, incapable de me défaire de ces pensées traitresses et paranoïaques, je lui rendis un regard vide en guise de réponse. Qui es-tu vraiment ? Que sais-tu vraiment ? Ne te mets pas en travers de mon chemin. « Les gens comme moi ont beaucoup d’ennemis. » Une réponse articulée avec méfiance. Je n’avais pas envie de lui préciser où je pourrais rester en sécurité, et s’il était de mèche avec les chasseurs ? Il pourrait me dénoncer et ils m’attaqueraient alors que je n’étais pas en état de me défendre. « Mais ne vous en faites pas, trente ans qu’ils manquent leurs coups. » Tu connais mes cicatrices, pas mon histoire. Mais combien de temps encore ? Les années passaient et je dépérissais avec elle, sombrant peu à peu dans les affres de l’âge, dans une dépression incontrôlée. J’ai une guerre dans ma tête, et un jour elle finira par s’étendre en dehors, par me déconcentrer.

Après un autre examen rapide des lieux et de mon médecin improvisé, je dus me résoudre à lui concéder un capital de sympathie. Il fallait que je lutte contre cette voix qui me susurre constamment que tout le monde cherche à me nuire. « Merci pour votre aide, doc. Et désolée pour la mauvaise surprise. L’habitude de se faufiler plutôt que d’entrer par la porte. »  Dans les poches d’une veste deux fois trop grandes pour moi je sortis un morceau de papier froissé que je lui tendis. « Si vous connaissez le nom des médicaments qu’il me faut, vous pouvez les noter ? Je m’arrangerai pour me les procurer. » Et pour votre bien, vaudrait mieux pas que vous vous souciez du comment. En attendant qu’il consente, je replaçai mes mains dans les poches et inspectai toujours la pièce. « Donc vous avez servi pour l’armée, hein ? » Il avait bien la carrure de l’emploi, et l’air marqué quand même par les temps durs. Cela expliquait aussi qu’il ait des connaissances plus poussées. Il devait avoir les mêmes histoires tracées sur la peau. La différence, c’est que je n’avais jamais foutu un pied sur un champ de bataille.
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MessageSujet: Re: what's up, pussycat? (ft. alyah)   what's up, pussycat? (ft. alyah) Icon_minitimeSam 18 Avr 2015 - 16:53

what's up, pussycat?

 
« Je suppose que me bourrer la gueule n’est pas thérapeutique. » plaisanta-elle, ne tirant cette fois non plus un rire des lèvres de Viktor, qui préféra passer directement aux choses sérieuses, en commentant sur ses cicatrices. La mutante ne lui sauta pas dessus directement, même si elle avait l’air dit penser. « Les gens comme moi ont beaucoup d’ennemis. » répondit-elle simplement, le dévisageant avec méfiance. ‘Les gens comme elle’ était une formulation vague à souhait, pouvant désigner aussi bien les mutants en général comme les ex-militaires en particulier. Après un instant elle rajouta un « Mais ne vous en faites pas, trente ans qu’ils manquent leurs coups. » qui laissait entendre une note de défi, comme si elle s’attendait à ce que le vétérinaire ne veuille tenter sa chance, lui aussi. Enfin, s’il avait vraiment voulu lui faire du mal, il aurait pu simplement lui tordre le cou pendant qu’il l’auscultait – ou donner un bon coup sur sa vertèbre déplacée, ce qui l’aurait sûrement paralysée de douleur. Il ne l’avait pas fait, et même si il comprenait pourquoi ne pas la tuer dès que l’opportunité s’en présentait n’était pas le meilleur signe de bonne foi au monde, il était quelque part vexé qu’elle le voie comme une menace. D’un autre côté… cinq ans en civil et il avait l’impression que les habitants de la ville avaient tendance à voir en lui un être tout à fait inoffensif, soit à cause de sa prothèse, soit de par son caractère plutôt amical. Il ne lui était pas entièrement désagréable de se retrouver en face d’une jeune femme visiblement dangereuse, et qui le reconnaisse comme tel.

Pendant ce temps, ladite jeune femme s’était remise à observer les lieux, et semblait avoir décidé qu’il n’était pas une menace imminente. « Merci pour votre aide, doc. Et désolée pour la mauvaise surprise. L’habitude de se faufiler plutôt que d’entrer par la porte. » Cette fois-ci, Viktor rit. « Vues les circonstances, je suis surtout impressionné que vous ayez réussi à passer par la lucarne, même avec votre mutation. » Une pause, puis, à demi-sérieux : « Par contre, je préférerais que vous sortiez par la porte ; sinon, vous risquer de vous faire encore plus de mal… » Il aurait été fasciné de voir si elle y arrivait, et d’observer comment sa mutation se manifestait en mouvement, mais commencer sa semaine de repos en se tordant dans tous les sens n’était vraiment pas une bonne idée. Sa patiente ne le contredit pas, et se contenta de sortir un bout de papier qui allait servir d’ordonnance. Avec sa veste qui aurait mieux convenu au gabarit du vétéran que le sien, elle avait l’air presque mignonne, une gamine un peu perdue. Impression un peu déconcertante de quelqu’un dont la peau était recouverte de cicatrices, et dont le regard avait la dureté d’une combattante invétérée. « Si vous connaissez le nom des médicaments qu’il me faut, vous pouvez les noter ? Je m’arrangerai pour me les procurer. » Viktor lui prit délicatement la feuille de ses mains, et nota les antalgiques qu’il pensait être les mieux adaptés à la situation : n’étant après tout que vétérinaire, ses connaissances médicales étaient basées sur un mélange de recherches et de bribes de conversations retenues au cours des années.

Ayant fini de noter, il lui rendit le papier, où il avait également ajoutée l’un des points de contacts de Seth. « Je suis sûr que vous saurez vous les procurer sans problème, mais si vous avez des fonds et que vous pourriez éviter de les voler à un hôpital, je vous conseille d’aller le voir. Il se spécialise dans ce genre de transactions. » Devant le regard surpris qu’elle lui jeta, il laissa s’échapper un nouveau rire. « Je suis peut-être passé en civil, mais ça ne veut pas dire que je ne me tiens pas au courant des… ressources de la ville. » dit-il, souriant amicalement. Entre Ellie et Malachi, il avait largement de quoi faire, pour se tenir au courant des mouvements souterrains de la ville. Ses amis étaient peut-être intelligents et dévoués à leur cause, il leur manquait l’entraînement et l’expérience d’un soldat s’étant spécialisé dans les combats de guérillas et guerres civiles. Cela dit, il ne s’était jamais attendu à devoir utiliser ce savoir dans le Kentucky… L’idée que les guerres n’arrivaient qu’ailleurs était une illusion commune, mais après les horreurs qu’il avait vécues, c’était une illusion qui l’avait longtemps réconfortée. Maintenant, le front l’avait retrouvé, et il était pour lui de reprendre son rôle de soldat. Rôle que la mutante avait instinctivement perçu, et qui semblait désormais l’intéresser.

« Donc vous avez servi pour l’armée, hein ? » demanda-elle, plus pour obtenir une confirmation officielle qu’autre chose. Viktor acquiesça, s’adossant contre la table d’examen pour laisser sa jambe amputée souffler un peu. « Pendant presque dix ans, oui. Principalement en Iraq et en Afghanistan, mais j’ai été un peu partout au Moyen-Orient, et une ou deux fois en Europe de l’Est… » répondit-il, sans plus élaborer. Il se tourna un peu pour la regarder en biais, curieux malgré lui. « Et vous ? L’accent n’est certainement pas américain, mais j’ai du mal à le placer… C’est probablement intentionnel. » finit-il avec un sourire.



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MessageSujet: Re: what's up, pussycat? (ft. alyah)   what's up, pussycat? (ft. alyah) Icon_minitimeMer 6 Mai 2015 - 17:25

A sa remarque, je levai les yeux vers la lucarne qui avait été mon moyen d’entrer. Une grimace s’arracha à mon visage en repensant à la douleur. Putain oui j’avais eu mal. J’avais eu l’impression qu’on me torpillait le dos, qu’on me tirait dessus sans arrêt avec une arbalète et que la douleur s’était ensuite étalée, m’avait paralysée. Il y eut un moment où j’avais bien cru rester coincée là-haut, dans une position des plus inconfortables. Mais finalement, animée par l’énergie du désespoir, j’avais réussi à m’échapper de ma prison de fortune. Sinon je n’aurais pas donné cher de la santé mentale du passant qui aurait un buste s’agiter à l’extérieur de cette lucarne. Ou de sa santé tout court, puisqu’il aurait ensuite fallu que je le retrouve pour lui vider un chargeur dans la tête.

Je hochai la tête quand il déclara qu’il préférait me voir sortir par la porte. Bon, ça allait faire une belle surprise à sa secrétaire, mais si ça pouvait éviter que je me pète davantage le corps, c’était bon à prendre. Au pire, il ferait diversion le temps que je me faufile à l’extérieur. Enfin, ça c’était dans l’hypothèse où il ne voulait pas raconter cette aventure à ses proches. Mais franchement, qui n’aurait pas envie de se vanter avec une anecdote du genre ? Aujourd’hui j’ai soigné une femme chat ! Et je pense que c’était une ancienne militaire en plus ! Il faudrait même pas trois jours pour qu’une information du genre tombe dans les oreilles des mauvaises personnes et que ces dites personnes viennent me débusquer ensuite…
Ah, paranoïa quand tu nous tiens. Je tentai de chasser ma psychose en pensant à autre chose de plus réjouissant. Mais dans mon cas, en fait, ce n’était pas la meilleure méthode, parce que mes souvenirs réjouissants menaient à d’autres souvenirs qui étaient beaucoup moins réjouissants eux. Tentative vaine à chaque fois, car je ne restais jamais bien longtemps dans le monde des Télétubbies, il fallait toujours une merde pour gâcher le tout.

« Je suis sûr que vous saurez vous les procurer sans problème, mais si vous avez des fonds et que vous pourriez éviter de les voler à un hôpital, je vous conseille d’aller le voir. Il se spécialise dans ce genre de transactions. » Je haussai un sourcil en lisant le nom. Seth Koraha. Qui pouvait bien être ce type, et surtout, comment est-ce que ce vétérinaire bien sous tous rapports pouvait le connaître et être lié à lui ? Une réponse qu’il fournit immédiatement, tout en restant vague sur les circonstances. Bon, j’avais peut-être eu raison en lui conférant un côté dangereux. Après tout, les pires connards pouvaient aussi se cacher sous une apparence de gentil lapin. Eh bien qu’il eut l’air aimable, du genre à animer les concours canins et à collectionner les magnets de dauphin qu’on trouve dans les paquets de yaourt, il se pouvait bien qu’il cache un aspect plus sombre de sa personne.
Je hochai la tête encore une fois, renfrognée presque. Je ne pouvais pas dire que j’étais vexée qu’il me prenne pour une voleuse, parce que j’en étais bel et bien une, mais j’étais passablement agacée que mes intentions soient si claires. « J’irai le voir alors. » Menteuse, me dis-je à moi-même. Puis je dus y réfléchir à deux fois. Je n’étais pas en condition pour aller voler quoi que ce soit, alors je devrais peut-être vraiment considérer cette proposition.

Il développa un peu plus sur son expérience dans l’armée, confirmant mon intuition. Et indéniablement, il me retourna la question en soulevant mon accent. Je haussai les épaules, tentant de paraître décontractée, mais le geste ne m’attira que les foudres de ma vertèbre déplacée. Fais chier. « Je suis Française en fait. » Ma couverture officielle, Alyah la Française, ce que ma carte d’identité confirme, ce que ma maîtrise de la langue de Molière soutient encore. J’espérais juste qu’il n’était pas un expert linguistique français, car j’allais encore sinon me faire griller bêtement, comme avec Marius. « Les baguettes, les pains au chocolats, le foie gras de canard, tout ça. » Et pour lui prouver ma fausse bonne foi, je me sentis obligée de développer un peu plus. « L’armée c’est un truc de famille on va dire. Mais faut croire que l’éducation militaire ne m’a pas suffisamment recadré. J’étais trop belliqueuse pour servir correctement et j’ai été virée pour faute. »
Bon Confessions Intimes t’as fini ? Je me pinçai les lèvres. Je ne voulais pas trop parler non plus, il pourrait finir par croire que je l’aime bien. Je commençai à me tortiller, à me demander comme sortir. Je ne sais pas ce que j’attendais. C’était un vétérinaire, il ne distribuait pas de sucettes au citron à ses patients quand il étaient sage, alors peut-être que je devrais filer sans demander mon reste. « Je vous dois combien ? »

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MessageSujet: Re: what's up, pussycat? (ft. alyah)   what's up, pussycat? (ft. alyah) Icon_minitimeMar 19 Mai 2015 - 23:21

what's up, pussycat?

 
A sa réflexion sur le vol de médicaments, la mutante parut vexée. D’un autre côté, une personne féline capable de rentrer par effraction même avec une vertèbre cassée, un passé militaire et une paranoïa assez présente… Il ne l’imaginait pas vraiment floriste. Peut-être fournisseuse d’herbe à chats pour les matous du coin, à la rigueur ; mais cambrioleuse, catburglar quoi, c’était le plus probable. Il n’était pas très impressionné par ce choix professionnel, mais pour l’instant, tant qu’elle laissait sa collection de magnets dauphins en paix, il n’irait pas la critiquer. Elle pouvait très bien être une voleuse à la Robin des Bois, n’est-ce pas ? Ce serait en tout cas la justification de Viktor pour ne pas la dénoncer à la police, ou lui faire un sermon sur ses choix. Lui-même avait suffisamment d’anciens camarades d’armes qui avaient fini mercenaires ou dans d’autres carrières peu réputées pour savoir que la vie ne laissait pas toujours le choix.

« Je suis Française en fait. » Viktor haussa un sourcil, mais ne dit rien. Il ne s’était pas attendu à ce qu’elle lui réponde, et certainement pas à ce qu’elle lui dise la vérité. La nationalité française était de toute évidence un mensonge – mais soutirez française et américaine à ses possibilités, il en restait tout de même plus de cent cinquante… Enfin au moins elle n’avait pas dit russe, en quel cas il aurait eue l’excuse parfaite pour griller sa couverture. Même s’il ne l’aurait tout de même pas fait, n’ayant aucune raison de lui faire cracher la vérité que sa propre curiosité. Pendant qu’il réfléchissait, la mutante continua à développer sa fausse identité, « Les baguettes, les pains au chocolats, le foie gras de canard, tout ça. » Miam, elle lui donnait faim. Viktor se contenta de sourire amicalement, ne souhaitant ni faire semblant de la croire, ni marquer son scepticisme. A la place, il détailla le visage de la menteuse, son langage corporel, ses tics nerveux. Il ne pouvait pas vraiment comparer ce qu’il voyait à une instance où il était sûr qu’elle lui avait dit la vérité, mais l’expérience n’en demeurait pas moins intéressante. Pour un homme pas forcément toujours très perspicace, le vétéran avait une étrange fascination avec la psychologie et la communication non-verbale.

« L’armée c’est un truc de famille on va dire. Mais faut croire que l’éducation militaire ne m’a pas suffisamment recadré. J’étais trop belliqueuse pour servir correctement et j’ai été virée pour faute. » Elle développait trop, sa couverture en devenait plus risquée. Viktor acquiesça poliment, autant pour leur épargner une suite de cette conversation sans but que pour la rassurer et lui laisser croire que ses explications l’avaient convaincu. Pour la forme, il répondit même : « Je peux comprendre… La rigueur de l’armée n’est pas pour tout le monde. Même si j’avoue qu’elle me manque, parfois. » Aveu typique d’ancien militaire, mais qui ne lui correspondait en rien. Il avait rejoint l’armée parce qu’il y croyait vraiment, certainement pas parce que c’était une affaire de famille ; au contraire, sa mère avait une sainte horreur de l’uniforme, et son père avait passé suffisamment de temps avec MSF pour ne pas y faire confiance. Mais pour le moment, la vérité n’était pas importante, tant que le fait de se parler, de répéter implicitement l’absence d’animosité entre eux. Ils parlaient sans rien se dire, sans rien s’avouer vraiment, mais le message était clair : nous ne sommes pas ennemis. Le dire ouvertement était suspect ; l’insinuer, beaucoup plus convaincant. Même ce semblant d’intimité mit la mutante male à l’aise, et elle commença à se tortiller, sans penser à ses vertèbres. Viktor en était tenté de lui mettre un cône comme aux chiens, pour lui faire comprendre qu’elle devait faire plus attention.

« Je vous dois combien ? » La question prit le vétérinaire par surprise. Clignant des yeux, il prit un instant à réagir. « Mais… rien, enfin. » Il n’allait tout de même pas demander à une mutante blessée de le payer pour une brève ausculation. « Revenez me voir dans une semaine, que je vois où en sont les choses. C’est tout. » Ce n’était pas une forme de paiement en soi, mais de cette façon au moins, il pourrait vérifier qu’elle s’était bien reposée, avait pris ses antalgiques, et n’était pas morte entre temps. Viktor s’inquiétait de ses patients, qu’ils soient animaux ou humains… ou entre les deux. La brune qui le regardait toujours de façon suspicieuse ne faisait pas exception à sa règle.



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MessageSujet: Re: what's up, pussycat? (ft. alyah)   what's up, pussycat? (ft. alyah) Icon_minitimeJeu 11 Juin 2015 - 13:43

Il se contentait d’un sourire gentil comme s’il regardait un chaton qui s’acharnait à mordre sa queue. J’espère que je n’avais pas l’air aussi attachante, sinon j’allais devoir me remettre sévèrement en question. En tout cas, il semblait à moitié croire à mon récit, ce qui assurément me pousserait plus tard à ré-exercer mon jeu d’actrice. Fut un temps, je réussissais d’un sourire à faire croire à des millionnaires que j’étais tout ce qu’ils voulaient bien que je sois – mannequin, artiste ou je ne sais quelle autre connerie qui n’éveillait aucune méfiance. Fut un temps, j’étais Rivka, et j’étais tous les visages que le Mossad me donnait. Pendant l’explosion, j’étais une hôtesse d’accueil impeccable dans un hôtel luxueux et les chefs de partis terroristes me décrochaient des sourires de connivence tous les soirs et me laissaient accès à leurs chambres où se tramaient leurs plans extrémistes. J’étais qui je voulais, mais maintenant je n’arrivais même plus à faire croire à un vétérinaire sans histoire que j’étais Française. Seuls ceux qui ne cherchaient pas plus loin hochaient la tête crédulement.

Mais lui il avait un passé militaire, et personne ne revenait complètement serein de la guerre. Il y avait toujours des séquelles psychologiques, et même si elles semblaient s’estomper au fil du temps, il demeurait quand même quelques traces de paranoïa ou au moins de méfiance. On vivait peut-être à l’ère où Wikipédia pouvait raconter qu’Obama s’adonnait à des rituels sacrificiels le soir et que le monde entier y croirait dans la seconde, mais il restait des gens comme [i]nous[i]… Des gens pour qui l’incrédulité était un trait nécessaire.
La rigueur militaire lui manquait ? Qu’il attendre de connaître celle du Mossad. Qu’il attende de connaître celle de l’enfer aussi. Je me contentai d’un regard entendu, prise par l’urgence de partir d’ici. Sans pour autant être claustrophobe, je commençais à me sentir oppressée par les murs et les quelques souvenirs qui s’insinuaient dans les tréfonds de ma mémoire en déni. J’avais envie de taper un sprint jusqu’à la sortie et de courir jusqu’à mon appartement, histoire de défouler ma frustration, mais mes conditions physiques ne le permettaient pas. Ce qui évidemment, augmentait ma frustration. Comment évacuait-on le surplus de sentiments quand on ne pouvait ni courir, ni frapper, ni escalader ? J’espère que cet handicap ne m’empêcherait pas d’aller au club de tir pour dégommer quelques cibles.

« Okay super, je repasserai. Et concrètement, qu’est-ce que j’ai le droit de faire et qu’est-ce que je ne peux pas faire ? » Mes pensées voletèrent vers le garage, mes collègues et ce que j’avais de plus ressemblant à un boulot stable. « Je suis mécano dans un garage. Je suppose que c’est mort pour un moment ? » Et puis comment j’allais expliquer ça à mon boss ? Je n’étais pas sûre que le docteur ici présent soit habilité à me signer un arrêt de travail. Au pire, si je débarquais avec un bandage, ça lui donnerait une idée. Et vu sa dégaine, c’est certainement pas mon boss qui avait une bonne assurance santé.
Mais je m’inquiétais aussi pour mes activités doubles. Vu comment j’avais souffert le martyr juste pour passer la petite lucarne, je pouvais tirer un trait sur les virées nocturnes. Et évidemment, mon corps avait choisi ce moment pour hurler son besoin d’aller se dégourdir. Les doigts de ma main droite s’ouvraient et se refermaient, un déploiement frénétique et désespéré. Je détestais cette situation. « Et je pense que vous allez devoir m’aider à sortir discrètement… A moins que votre secrétaire ne soit du genre blasée aussi. »
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MessageSujet: Re: what's up, pussycat? (ft. alyah)   what's up, pussycat? (ft. alyah) Icon_minitimeDim 14 Juin 2015 - 16:28

what's up, pussycat?

 


La mutante avait l’air de plus en plus fébrile, et Viktor ne pouvait s’empêcher d’y retrouver la même agitation que celle des chats errants dont il s’occupait dans le refuge, remuant sans cesse dans leurs cages, peu habitués aux petits espaces. Elle était dans un lieu inconnu, avec un homme inconnu qui, s’il ne lui voulait aucun mal, demeurait tout de même une source d’inquiétude, et elle était blessée. Difficile de ne pas sympathiser avec sa fébrilité, en somme. Si les rôles avaient été inversés, il ne doutait pas un instant qu’il aurait également été en train de faire les cent pas – même si avec sa prothèse, ce serait peut-être une mauvaise idée – et de chercher la première issue possible. C’est peut-être pour cela qu’elle accepta aussi facilement l’idée de revenir ; tout pour pouvoir s’enfuir maintenant. Le vétérinaire se demandait même si elle tiendrait sa promesse, si elle se retrouvait en ‘bonne santé’ à la fin de la semaine ; à vrai dire, elle lui paraissait être de ceux et celles qui pensaient que tout ce qui n’était pas ‘au seuil de la mort’ équivalait à être en bonne santé. Mais, plutôt que de l’embêter à ce sujet et risquer qu’elle ne remette réellement plus les pieds dans son cabinet, le vétérinaire ne dit rien, se contentant de sourire amicalement et maintenir une attitude aussi peu hostile que possible. De toute façon, l’étrangère changea rapidement le sujet. «Et concrètement, qu’est-ce que j’ai le droit de faire et qu’est-ce que je ne peux pas faire ? »

Le vétéran prit quelques instants avant de répondre à sa question. Pour un chat, il aurait pu dire: ne la laissez pas grimper sur les meubles, trop s’étirer ou se contorsionner pour faire ses griffes etc. Il ne savait pas combien le comportement de la brune était félin, et il préférait ne pas l'insulter. « Pas de gymnastique, voltige, danse  - en fait, pas de sport du tout, ou vous allez empirer les choses. Restez assise ou allongée le plus possible, et surtout dans une position qui ne mettre pas de pression sur votre dos. Si vous dormiez sur le côté, ce serait idéal. » énuméra-t-il, douloureusement conscient qu’il s’agissait là majoritairement d’improvisation. Il se mordit la lèvre, cherchant d’autres prescriptions. « Dans la vie professionnelle, tant que vous n’êtes pas acrobate de cirque… » dit-il, n’ayant pas eu envie de sous-entendre un métier plus stéréotypé, du genre voleuse de diamants. La brune devait avoir suffisamment entendues ce genre de blagues avec un tel don. « Je suis mécano dans un garage. Je suppose que c’est mort pour un moment ? » Viktor fit la grimace. Mécano, cela demandait pas mal de contorsions, sous le capot de la voiture comme sous ses roues. Elle avait raison, c’était mort pour un petit moment. « Si vous pouviez demander à votre patron de vous faire trier les boulons et les vis ou faire l’inventaire pendant une ou deux semaines, ce serait idéal. Sinon, arrêt maladie. » Il ne savait pas comment elle justifierait cela à son patron, vu qu’il ne pouvait pas vraiment lui faire une ordonnance. Au pire, il demanderait à Ezekiel – même si lui soutirer une telle chose sans lui expliquer la situation serait extrêmement difficile. Et ses parents habitaient trop loin pour qu’une ordonnance de leur part soit autre chose que suspecte. Le brun se passa une main dans les cheveux, frustré de ne pas trouver de solution à ce problème.

Mais la mutante n’en attendait visiblement pas autant de lui. Un énième regard vers la sortie, et elle lança : « Je pense que vous allez devoir m’aider à sortir discrètement… A moins que votre secrétaire ne soit du genre blasée aussi. » Viktor laissa s’échapper un petit rire. On l’appelait rarement ‘blasé’, avec sa tendance à rougir et à bégayer dès qu’il se retrouvait dans une situation anormale. Il n’avait jamais réussi à maintenir son calme en dehors d’un contexte bien particulier, celui du chaos et de la guerre. Paradoxal, mais au moins, lorsque les balles fusaient, il savait ce qu’il avait à faire. Le monde des civils était d’une complexité qui le laissait perplexe. L’armée, comme le sport avant cela, c’était simple : suivre les ordres, faire gagner l’équipe, être prêt à se sacrifier comme à accepter les honneurs pour l’équipe. Et pour les prochaines minutes, l’équipe, c’était lui et cette étrange femme qui venait de s’immiscer dans sa vie. Lui faisant signe de se tenir coïte, il entrebâilla la porte et toussota deux ou trois fois pour obtenir l’attention de son assistante. « Roos, est-ce que tu peux aller me chercher un Frappucino au Starbucks ? J’ai une envie de caféine sucrée monstre… » La rousse le dévisagea comme s’il était fou. Viktor lui fit un sourire qui se voulait encourageant, avant de se rappeler que la jeune femme savait qu’il n’avait pas le droit au café pur, même masqué comme il le serait par des tonnes de crème et de sirop. Fichue assistante qui se souciait de sa santé.  « Techniquement un décaféiné, okay, mais s’il-te-plaît, hein ? » Il lui fit ses meilleurs yeux de chiots, même si des années passées à s’occuper d’animaux en tout genre aurait dû l’immuniser. La jeune femme roula des yeux et laissa s’échapper un soupir mélodramatique mais attrapa son sac. « Tu es géniale, merci ! » dit-il, avant de disparaître à nouveau derrière la porte et se retourner vers la mutante. « Ça vous donnera largement le temps de filer. »



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