Sujet: Anywhere I would've followed you [Alyah] Dim 1 Mar 2015 - 19:10
La cigarette au bout du bec, le regard rivé sur le bitume, il grignote nerveusement le chemin qui le sépare peut-être de son objectif. Les passants le bousculent parfois, il ne redresse pourtant jamais la nuque. La marée humaine ne l'atteint à aucun moment, la détermination pousse ses pieds toujours plus loin. Il souhaite rester anonyme, évanescent dans un décor rustre et hostile. La guerre ne s'arrête jamais pour les mutants. Surtout pas pour ceux qui ont connu de vrais combats et en mène régulièrement dans leur propre tête. Il remonte les allées et le temps, s'attardant en pensée sur leur séparation. L'amertume s'attarde sur son palais, tissée à force de semaines, de mois, d'années gâchées. Trois ans. Trois ans déjà. Elias augmente sa cadence à ce seul songe. L'impatience lui fiche plusieurs coups dans le dos. Peut-être qu'il s'oriente sur une nouvelle fausse piste mais jamais, il n'a semblé être si proche du but alors il décide d'y croire. De toute façon, il ne peut plus se préserver de l'espoir ou de la déception. A chaque erreur, chaque raté et chaque désillusion, sa contrariété s’envenime. Il a l'impression qu'elle le possède tout entier, qu'il n'est plus composé que de cette constante. Sa frustration se mesure en nombre de soupir qu'il propulse chaque jour, chaque heure. Lassé de courir après des chimères, épuisé à l'idée de faire face à un nouvel échec cuisant. On peut reconnaître à Rikki un talent indéniable pour la discrétion. Bien trop douée pour son propre bien, elle semble l'avoir semé à chaque coin de rue. A ce stade, c'est une réelle torture pour lui d'ignorer ses souhaits. Et si elle ne voulait plus se faire rattraper par son ancien allié ? Et si elle préférait davantage sa liberté à son passé ? Peut-être qu'elle a baissé les bras à leur propos. Peut-être qu'elle a abandonné la seule idée qu'il la poursuive jusqu'aux recoins du monde pour la retrouver. Le visage de Kaleb flotte dans son esprit, il se renfrogne. Elle n'aurait pas totalement eu tort. Et il ne pourrait pas la blâmer.
Sauf que lui, il est là maintenant. Sur le sol américain, loin de chez lui, de chez eux. Est-ce que trois ans suffisent pour arriver à ce constat ? Est-ce suffisant pour qu'elle ait oublié sa promesse ? Ou pour qu'elle n'y croit plus ? Elle doit savoir qu'il honore toujours ses dettes. Elle doit savoir que lui ne l'abandonnerait jamais. Pas comme Kaleb qui s'occupe trop de son nombril et de son pays pour oser tout lâcher. Il désapprouve tellement ce comportement. Pourquoi continue-t-il à ce point à vivre dans le déni ? Ça le dépasse depuis trop longtemps. Que devra-t-il dire à Rikki d'ailleurs ? C'est le cadet de ses soucis au fond. Il s'inquiète bien plus de son opinion sur celui qu'il est devenu. Cet incapable qui n'a pas été fichu de la tirer de son asile de fou. Sur cet abruti qui l'a envoyé en enfer à sa place. Les regrets jalonnent son périple jusqu'au quartier où elle est censée vivre d'après ses informations. La description lui correspond en tout cas et de façon assez troublante. Tout se recoupe et le ramène à cette Alyah. Il n'en sait pas grand chose cela dit. Le bâtiment sur lequel son regard tombe ne paie pas de mine et lui semble être une planque toute choisie, fiable ce qui alimente un peu plus son enthousiasme. Gardant une expression impassible, il tire une dernière bouffée de nicotine et écrase son mégot sur l'asphalte avant de se poster devant l'immeuble, attendant qu'un habitant sorte ou entre pour pénétrer à son tour dans la bâtisse, ce qui ne tarde pas. Il retient la porte, adresse un sourire bienveillant à la femme qui l'interroge d'un regard, cherchant à distiller tout doute sur la nature de ses intentions. L'escalier accueille ses pas, il les grimpe en peu de temps pour atterrir sur le bon palier, le cœur au bord des lèvres. La nervosité devient doute. Il aspire l'air de manière compulsive et se défait de cette impression de déjà-vu. Cette fois-ci, c'est sûrement la bonne.
Il relève les doigts pour apposer quelques coups sur la paroi mais se ravise. Rikki aurait tout intérêt à ne pas ouvrir si aucune visite n'était planifiée. Elle pourrait tout aussi bien ne pas être chez elle. Le trentenaire laisse son instinct lui dicter sa conduite. Très calmement, il attend qu'un de ses voisins déserte son environnement proche. Il va jusqu'à le saluer et le gratifier d'un rictus aimable dans la continuité de cette mascarade avant de s'occuper de la serrure de cet appartement. Habilement, il parvient à la crocheter. Silencieusement, il entre, pas de velours qui s'aventurent docilement dans l'entrée. Il reste aux aguets. S'il se trompe, il risque gros. Ce ne serait pas la première fois non plus. Il replace sa capuche sur sa tignasse, voile ses traits grâce au textile, juste au cas où, avant de continuer son ascension dans les entrailles de la pièce. Ses yeux tentent de s'agripper à des détails qui lui permettraient d'infirmer ou d'affirmer son hypothèse. Il a peur de ne plus parvenir à reconnaître son odeur. Cette idée lui broie un peu plus la cage thoracique. Trop de temps a filé. Et c'est sa faute. Depuis le début.
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Sujet: Re: Anywhere I would've followed you [Alyah] Mar 3 Mar 2015 - 3:30
Un jour, dans un autre temps, une autre vie.
La chaleur était moite et étouffante. La blouse blanche obligatoire lui collait à la peau. L’air était lourd, à la limite de l’irrespirable. Elle s’imaginait que dehors, le soleil chauffait les terres arides du Maroc, où de grands espaces n’attendaient que d’être foulés à toute vitesse. Liberté. La lumière du jour ne filtrait pas dans cette chambre grise, elle vivait dans quatre murs éclairés par des néons blancs. Le tout donnait aux lieux une allure spectrale, et elle ne détonnait pas avec le tableau, recroquevillée sur le lit. Elle ne bougeait pas, ne se donnait pas ce mal, encore toute groggy de la dose de médicaments injectée. Elle fixait un point sur le mur, et son esprit trouble y voyait mille silhouettes dansantes, une mouvance lascive et sensuelle rappelant les princesses sauvages de contes orientaux.
A midi pile, la porte blindée s’ouvrit sur un infirmier qui apportait un plateau repas. Il observa la patiente qui n’avait pas cillé à son entrée, toujours absorbée par le spectacle invisible. Il avait toujours quelques angoisses quand il entrait dans cette chambre précisément, mais faisait finalement face au même spectacle de désolation que d’habitude. Il essayait de se marteler que cette femme était bien plus dangereuse qu’elle n’en avait l’air, qu’elle avait participé à la mise à mort de centaines de personnes, mais rien n’y faisait. Il ne voyait qu’une silhouette pâle, abandonnée et détruite. Il n’y avait plus rien de fougueux, elle était devenue un décor de plus dans cet hôpital fantôme. « Je vous dépose votre repas sur la table. » Aucune réaction. Ce n’était pas la première fois qu’elle se laissait absorber ainsi, ignorant les vivants. Il entrait souvent et repartait, avec le même sentiment de n’avoir jamais existé, mais finissait par se dire qu’au final, c’est elle qui n’existait pas. D’habitude il filait sans autres échanges, se contentait de faire son travail sans s’obstiner à creuser le vide. Mais aujourd’hui, il voulait obtenir quelques réponses, une explication. « Vous ne profitez pratiquement jamais de vos heures de balade, pourquoi rester ici ? Vous pourriez vous joindre aux autres pour les activités de groupe. » Contre toute attente, la voix rendue rauque par des semaines de mutisme perça le silence habituel. « Je préfère l’attendre ici. » L’infirmier afficha une moue perplexe. Il ne savait pas s’il s’était attendu à une réponse appropriée ou non. « Mais attendre quoi ? » L’Israélienne tourna finalement la tête vers lui, et il crut percevoir de la lucidité dans ses prunelles sombres. Etait-elle aussi folle qu’elle n’en avait l’air ? « J’attends qu’il revienne me chercher comme il l’a promis. » Elle devait l’être oui.
Le silence retomba quand il quitta la pièce. Il n’entendrait jamais le cri muet, avorté, un prénom perçant les hallucinations, un phare dans la nuit. Elias.
De nos jours.
Quatre murs gris l’entouraient toujours, comme un leitmotiv de sa vie. Elle n’était pas prisonnière ici, mais conservait quand même ce sentiment d’être restreinte. Les lieux ne brillaient pas de vie, un rappel sinistre de ces longs mois d’enfermement. Le chat se remettait en cage. Cette ville commençait à la lasser, mais quelques engagements la maintenaient sur le sol de Radcliff. Des visages qui s’étaient imposés à son quotidien et qui s’avéraient aussi rassurants qu’effrayants. Voulait-elle d’une vie stable ? Peut-être bien qu’une vie comme ça l’attendait… ailleurs. Mais il fallait encore arranger tellement de choses dans son quotidien. Alors comme bien des fois, elle tuait son temps devant une de ces séries à l’américaine tout en mangeant. Elle avait pris énormément de mauvaises habitudes dans ce pays et vivait d’inconstance alimentaire. Manger un pot de glace à trois heures du matin en sortant d’un cambriolage, c’était devenu une banalité, un cinquième repas. Mais il n’était pas si tard, il ne faisait même pas nuit. Les rayons du jour déclinant perçaient encore à travers les stores baissés. La voilà seule dans son empire du néant, trônant sur une montagne de rien. Rien pour l’animer, rien pour l’égayer, seul le bourdonnement de la télé occupait la pièce. Il fallait juste un bruit de fond pour combattre l’hypnose du silence, cette suceuse d’âme. Mais le rien céda place très vite à un événement, quand les sens toujours en alerte de la mutant perçurent le bruit plus que familier d’une serrure qu’on triturait. Comme électrisée, elle se releva du canapé, martyrisa la télécommande pour éteindre le poste et sans réfléchir plus se glissa dans l’ombre à côté de l’entrée, et la porte s’ouvrant lui offrit la meilleure des cachettes. Parfois les vieux coups étaient les meilleurs. Elle serra dans sa main le poignard qu’elle ne quittait jamais, et attendit que l’intrus fasse quelques pas de plus dans son antre. Fidèle à la paranoïa, elle s’imagina déjà un des agents à sa poursuite venu observer le terrain. Elle avait été découverte. L’idée la glaça d’effroi. S’il était vraiment du Mossad ou d’ailleurs, alors il ne devait pas être seul sur sa piste, ils devaient déjà être toute une unité dans cette ville. Il fallait se débarrasser de lui, faire son sac, et partir au plus vite, dans la nuit même.
Elle était tellement persuadée de sa théorie, qu’elle ne tiqua pas en voyant la capuche remontée, se persuadant que c’était une de ses directives en tant qu’agent. D’un coup sec, elle fit claquer la porte et profita du sursaut de l’inconnu pour se glisser derrière lui. Sa main droite bien serrée autour de l’arme vint se glisser juste sous son menton, la pointe orientée vers la carotide, pendant que la main libre entreprit d’entraver le bras gauche de l’inconnu dans son dos. « Tu bouges, tu meurs. » Quatre mots sifflés froidement, qui ne laissaient aucun doute sur son intention de mettre sa menace en place si elle n’était pas obéie. Comme l’intrus ne répliqua pas ni ne tenta de mouvements, elle lui asséna un violent coup de pied derrière le genou droit pour le faire plier, et maintint son pied appuyé pour le faire tomber complètement à genoux. Elle appuya de tout son poids pour finalement coller le corps au sol et elle se mit à califourchon sur son adversaire toujours à sa merci. La pensée qu’il ne s’était pas défendu commença à faire son chemin, et elle se demanda si c’était une stratégie ou alors si elle se trompait sur son adversaire. Et si sous cette capuche il ne se cachait en fait qu’un voyou de quartier ? Il fallait lever le doute. Sa main rencontra d’abord la nuque et ses doigts entourèrent le cou, pressèrent la trachée pour le dissuader de bouger. Et l’autre main, plus curieuse, dévoila finalement le visage du voleur. La réaction ne se fit pas attendre. L’Israélienne recula vivement lâcha toute prise et se traîna vers l’arrière. Le sang se mit à battre plus fort dans ses tempes, sa respiration semblait avoir du mal à retrouver une cadence normale, et c’était bien un tremblement nerveux qui commença à agiter les mains de la mutante. Ce ne pouvait être qu’une hallucination. La réalité se foutait de sa gueule, ce n’était tout bonnement pas possible. Pourtant sous ses yeux, le fantôme prenait chair. Elle l’avait bien senti, là tout contre elle, c’était lui.
Elle n’avait soudainement plus de patience, pas quand enfin il se trouvait à portée de mains. Elle revint vers cette forme qui se réanimait à peine, mais elle ne le laissa même pas retrouver un certain équilibre, et se jeta de nouveau sur lui, laissant son visage épouser le dos du mutant. Ses bras se refermèrent sur lui dans une étreinte dont elle rêvait depuis longtemps, ses mains s’attribuèrent une place sur son torse pour le forcer à rester contre elle. Elle inspira à plein poumons, et il n’y eut plus de place pour le doute. Une clameur s’éleva en elle, un sentiment de joie qu’elle pensait tombé dans la désuétude. « J’ai toujours su que tu reviendrais. » Elle n’avait jamais douté, même quand le monstre de la paranoïa s’était emparé d’elle, elle avait tenu bon et s’était accrochée à cette promesse. Le délire et la folie avaient rongé tout le reste, mais le souvenir de lui était intact, la force avec laquelle elle croyait en lui n’avait jamais faibli. « J’ai encore du mal à croire que tu es réel, alors je ne te lâcherai peut-être jamais. »
Dernière édition par Alyah Levanon le Mer 4 Mar 2015 - 0:46, édité 2 fois
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Sujet: Re: Anywhere I would've followed you [Alyah] Mar 3 Mar 2015 - 21:12
Le champ de vision restreint par le textile, sa concentration se porte avant tout sur les sons rencontrés, les déplacements d’air, les odeurs. Il perçoit la silhouette une seconde trop tard. La porte se referme quand il la sent, juste derrière lui. Oui, trop tard pour remuer. La propriétaire des lieux s’avance déjà, le tient en joue. Il sait alors qu’il a touché au but. Qui d'autre aurait pu réagir avec autant de précision et de rapidité qu’elle ? Elias retient pourtant son sourire triomphant avant d’être tout à fait certain. Un couteau frôle sa peau, ses muscles se contractent instinctivement. Menacé, vigilant mais s’accrochant toujours aussi férocement à son espoir dément. Sa voix coule ensuite, traînée brûlante qui atteint d’abord ses tympans mais dégringole son organisme aussi vite jusqu’à toucher sa poitrine pour tordre douloureusement sa mécanique aortique. Entre un millier de personne, il peut reconnaître le timbre. Les trois ans semblent se compacter, disputent sa ligne temporelle jusqu’à devenir dérisoire. En l’espace d’une seconde, il a l’impression d’avoir rattrapé cette éternité. Le but est atteint, c’est tout ce qui compte désormais. Troublé pourtant, toujours ahuri par cette réussite, il ne dit mot et ne réagit nullement quand elle l’immobilise brutalement au sol. Il accuse seulement la douleur d’une grimace, toujours absorbé par un soulagement qui lui semble pourtant tellement étranger. Elle pourrait le tuer. Mais il sait qu’elle n'en fera rien s’il ne la provoque pas. Un rire s’écrase dans sa gorge sans jamais tout à fait s’extirper alors que le ridicule consommé de cette situation lui saute aux yeux. Sa muette hilarité se poursuit et si elle n’est pas la cause de son mutisme, la pression que sa coéquipière exerce sur sa carcasse peut plaider coupable. Il peine à respirer, aplatit contre le parquet mais jamais ça ne semble l’angoisser. Il espère secrètement qu’elle devinera d’elle-même, qu’elle comprendra d’une façon ou d’une autre. Qu’elle n’a pas oublié. Pas suffisamment pour ne pas le reconnaître. Quand enfin, elle avance ses doigts vers le tissu, il ne peut contenir son rictus.
La brune recule et la peur s’insinue brutalement. Et si... Le mutant sent la nervosité reprendre ses droits sur ses membres endoloris. Il se redresse juste assez pour accueillir son étreinte inopinée. Ahuri, il ne remue pas alors qu’elle s’agrippe à lui. Peu habitué à ce genre de démonstration, il en reste interdit. Toutes ses appréhensions se démantèlent d’une seule et même onde par ce geste dont la portée symbolique ne peut lui échapper. Il apprend à en mesurer la valeur durant les quelques secondes de silence qu’il s’octroie. La séparation semble flagrante, concrète, les dégâts de cette angoisse lui apparaissent quasiment matérialisés. Ses inspirations mesurées s’affolent juste un peu alors qu’il remonte très lentement ses mains pour effleurer prudemment les doigts entrelacés de la jeune femme contre sa poitrine. La mélodie reprend et il se surprend à fermer les yeux pour en apprécier la sonorité. « Et j’ai toujours su que je te retrouverais. » Même quand Kaleb faisait preuve d’un défaitisme aberrant, même quand il a fallu envisager le voyage jusqu’en Amérique. Jamais, il n’aurait arrêté son périple. Sa dernière remarque lui arrache un léger rire nerveux. L’émotion lui lamine encore les poumons et ne rend pas honneur à son amusement. « Tu ne pourrais pas me supporter aussi longtemps que ça. Puis niveau logistique, ça risque de poser quelques soucis. » La légèreté offre son espace à la gravité des événements antérieurs. Il soupire alors. « Je suis désolé… D'avoir mis autant de temps à… Revenir. » C’est plus facile de parler tant que son regard se limite à sa carrure alors il enchaîne. « A moi aussi, ça me semble surréaliste. » Ses paumes s’accrochent un peu mieux aux mains de l’israélienne alors qu’il subit sa dernière phrase, la soupesant dans son esprit chamboulé.
L’intention germe, il ignore s’il pousse les limites assez exigües de son ancienne partenaire mais il n’accorde à ce songe que très peu de crédit. Il a juste besoin de voir son visage, juste envie de faire face à cette réalité. Très calmement, il se retourne sans jamais la forcer à rompre sa prise sur lui. Ses yeux cherchent les siens un instant, frénétiquement, impatients. Quand leurs regards s’entrechoquent enfin, ses joues lui font presque mal tant il a perdu la seule habitude de sourire sans sa présence. Ses bras entourent les épaules de la mutante très précautionneusement pour la rapprocher sans jamais tout à fait raffermir ce contact, craignant de la bousculer bien plus que ce qu’elle peut supporter. Afin sans doute, de donner une dimension bien moins solennel à ces retrouvailles, il s’entend lui déclarer de son ténor rocailleux mais amusé « J’ai pu constater que tu n’avais pas perdu tes réflexes, ni ta maîtrise voilà qui est rassurant. On aurait pu croire qu’après tout ce temps, tu te serais rouillée. Mais c’était un sacré bon accueil, Rikki. Je crois que je vais avoir de beaux hématomes demain matin. Je n’en méritais pas tant. » Il mérite pire que ça pour lui avoir fait traverser un tel enfer mais il se garde de le mentionner bien que la culpabilité rugisse toujours dans ses entrailles sans jamais faillir malgré le fait qu’il puisse l’admirer en pleine possession de ses capacités, en bon état d’après ce qu’il peut jauger. Il ne peut pas lui avouer ses états d’âme, cette crainte viscéral qui l'a porté durant de nombreux mois, la seule idée qu’elle ait pu perdre sa foi en lui. Il ne peut pas oser froisser cette euphorie par son manque de confiance en elle, en son estime pour lui plus précisément. Alors il se contente de leur étreinte, de sa fragrance, de sa chaleur, du fait qu’ils se soient enfin retrouvés. Du fait qu’il ait réussi à tenir sa promesse. Du fait que demain, après-demain et tous les jours qui suivraient, il saurait où elle se trouve. Et comment la contacter. Cela suffit à accrocher sur ses traits un rare apaisement. Si loin de chez lui et pourtant. Pourtant, il n’a jamais eu plus l’impression d’avoir atteint le chemin de la maison.
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Sujet: Re: Anywhere I would've followed you [Alyah] Dim 8 Mar 2015 - 16:13
Il n’y avait plus de passé, plus d’avenir, juste les secondes du présent qui s’égrenaient. La mutante aurait voulu que le temps s’étire davantage, que le moment ne s’arrête jamais. Elle aurait voulu s’offrir l’éternité pour vivre cet événement pleinement. Rikki avait été retrouvée. Après bien des batailles, des jours entiers à fuir, il la retrouvait enfin. Lui, son catalyseur, son unique et son tout, la seule personne sur cette terre qui pouvait prétendre la connaître mieux qu’elle-même. Après trois ans à rêver sa présence, elle pouvait enfin le serrer contre elle, laisser ses doigts courir sur sa peau marquée et s’enivrer de son odeur. Il était debout devant, vivant et visiblement bien portant. Son cœur s’était lancé dans une course folle et elle oublia toutes les raisons qui autrefois la poussaient à restreindre le contact. Le toucher semblait maintenant être une évidence, une réponse à toutes les questions qu’elle se posait constamment. Et il y avait son odeur aussi. Ce parfum d’orient dont les nuances s’étaient imprimées dans sa mémoire olfactive. Elle avait passé des nuits entières à synthétiser la fragrance dans son esprit, un rempart entre elle et la folie. Elias avait toujours été son point d’ancrage dans la réalité, la voie à suivre quand elle se perdait entre les quatre murs gris de l’enfer.
La voix de son partenaire vibra en elle, une invocation de tous les moments passés. C’est finalement quand on retrouvait quelque chose de perdu qu’on se rendait parfois compte à quel point cette chose était cruciale. Comment avait-elle fait pour vivre aussi longtemps sans sa voix ? Elle ne répondit rien, juste pour pouvoir apprécier religieusement ces mots, juste pour se donner une excuse pour rester tout contre lui. Le poids des trois dernières années s’envola, comme si elles n’avaient été qu’un vague cauchemar dont elle se réveillait enfin. Il manœuvra doucement pour la retourner, et pour enfin permettre à leurs yeux de se retrouver. Il n’y avait pas de place pour un sentiment autre que la joie, un éclat de bonheur brut. Après de longs mois à peindre la toile de leurs retrouvailles, elle pouvait finalement faire face au chef d’œuvre final. Ses coups de pinceaux n’étaient qu’une esquisse, et ce moment était la finalité. Les détails de la réalité étaient beaucoup plus empreints d’allégresse, véhiculaient plus d’émotions, mais quelque part, il restait quand même un léger accroc. Car tout au fond d’elle, elle était pincée par un sentiment d’appréhension, celui de foirer le final. A cet instant, ils vivaient les premiers moments du reste de leur vie, et elle crevait de trouille à l’idée que finalement, l’expectation du moment ait été plus folle que le moment lui-même. Elle crevait de trouille à l’idée d’avoir trop changée pour qu’il la reconnaisse vraiment.
Elle se sentit soudain mise à nue par ces yeux qui l’avaient tant hanté. Le souvenir du dernier moment où leur regard s’était croisé flotta dans son esprit. Elle se souvenait d’Elias, au bord de l’abysse, prisonnier entre la colère et la résignation, de la haine flambante dans les yeux. Une menace d’explosion débordait et le nimbait d’une aura sombre. Et il y avait cette promesse, celle de revenir pour elle, et il l’avait fait, il était revenu. Mais que dirait-il en réalisant qu’il n’avait pas retrouvé Rivka, mais une entité vide prête à s’effondrer sur elle-même ? Est-ce que tu le vois, ce mal nécessaire, cet instinct de survie qui m’a poussé au pire ? Oui c’est un bel accueil, mais celle que je suis devenue était même prête à te faire du mal. Toi que j’aime tant. « Quelle idée d’essayer de surprendre un chat aussi ? » Elle partit dans un rire, mais elle comprenait également son geste. Frapper à la porte aurait été risible, et il y avait le risque de se tromper. Et puis simplement frapper à la porte, ça ne leur ressemblait pas, ils étaient adeptes des grands coups. Du bout du pouce, elle toucha le cou et y appliqua une légère caresse, là où quelques minutes plutôt, elle faisait pression. Mais elle n’alla pas au bout du geste, laissa son bras retomber sur le côté. Ils avaient trois ans à rattraper, mais pas comme ça. Elle se dégagea en essayant de ne pas paraître trop brusque, et bien qu’une part d’elle s’en voulût de rompre ce délicieux contact, une autre hurlait pour se libérer de ce regard qui l’idéalisait. Les trois ans se réimposèrent avec force, la forcèrent à regarder en face. Il serait forcément déçu de qu’il allait finir par retrouver. Mais elle osa espérer que le moment d’euphorie l’empêcherait de voir tout de suite, elle pria des divinités inconnues pour qu’on leur accorde ce moment. « Je veux tout savoir ! Où étiez-vous ? » Elle se retourna pour regarder la porte, comme si les autres allaient finalement suivre, qu’ils pourraient tous se retrouver finalement. « Qu’est-ce que vous avez fait ? Personne ne vous a coincés ? Est-ce qu’ils étaient sur vos traces ? » Elle avait un millier de questions qui étaient prêtes encore à s’échapper de ses lippes assoiffées. Elle voulait capturer tous les détails des trois dernières années, voulait tout savoir ce qu’elle avait manqué de lui.
Elle lui prit les mains et l’entraîna vers le canapé où elle le força presque à s’asseoir, toute délicatesse avait finalement disparue, elle était de nouveau cette brute de décoffrage. Elle alla chercher deux bières fraîches et en offrit une à Elias avant de se posa sur la table basse en face de lui. Elle ne pouvait s’empêcher de scruter son visage, comme pour chercher tous les changements, toutes les traces du temps. Qu’allait-elle retrouver également ? Etait-ce le même homme qu’elle avait en face d’elle ? Que restait-il vraiment d’eux ?
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Sujet: Re: Anywhere I would've followed you [Alyah] Mar 10 Mar 2015 - 13:17
Briser les codes tacites dans cette partie du Monde ne semble finalement pas si improbable. Tout est différent ici, maintenant. A cause de la séparation principalement mais pas seulement. Ils ont évolué en aparté, traversé des enfers sans se serrer les coudes, sans tenir les doigts de l'autre. La survie en solitaire, les conflits divergents. Ils sont autre et pourtant, étrangement similaires. Certaines constantes s'attardent et dans les altérités, ils ne peuvent donc pas se perdre. Pas encore. Question d'adaptation. Ils doivent sûrement apprendre à s'apprivoiser pour retrouver leur neutralité antérieure. Il y a sûrement une nouvelle façon d'agir. Pour le moment, ça n'a pas encore importance. Se retrouver prend toute la place, empêche les écarts que ces trois dernières années ont causé, de marquer leurs expressions, leurs discours et leur façon de s'observer. Elias tient Rikki contre lui. Tout le reste peut bien attendre. Elle est en vie, elle semble aller relativement bien. Il y a de quoi se réjouir après tout. Leurs démons respectifs sont en laisse durant les minutes qui précèdent leurs retrouvailles. Le mutant se surprend même à rire quand sa comparse lui fait remarquer son imprudence. Ses doigts viennent calmement chatouiller les pointes de sa chevelure mais s'arrêtent avant de pousser le contact à son extrême. Les limites sont encore incertaines. « J'aurais peut-être dû entrer en secouant un paquet de croquettes, en signe de paix ? » Son sourire s'étend un peu plus sur ses joues, rendant à son visage d'ordinaire serré, incroyablement dur, un peu de candeur évanouie. Son sérieux galope plus vite que l'innocence perdue pourtant et déjà, il s'explique d'une voix posée « Je me disais que tu n'aurais jamais ouvert si j'avais pris le temps de m'annoncer. Et comme j'avais peur que tu me files entre les pattes.. » Un soupire lui échappe quand il repense à cet interminable voyage pour atteindre Radcliff, aux endroits qui ont accueilli ses déceptions. Il avait alors toujours un coup de retard sur elle. C'en devenait frustrant.
Le pouce de l'israélienne glisse sur son épiderme soudainement. Il ne dit pas un mot et profite seulement de la douceur de son geste. Cherche-t-elle à effacer la violence dont elle a fait preuve juste un peu plus tôt ? Il l'ignore mais ne peut se cacher de la satisfaction de voir certaines barrières tomber entre eux, témoignant sans doute du manque éprouvé durant ce trio d'années. Il l'espère du moins. Comme alertée par cette proximité rarement atteinte par le passé, elle se dégage de sa prise, le laissant orphelin et interdit. Peut-être que les habitudes reviennent à la charge finalement. Désolé d'avoir été légèrement éloigné, il n'en montre cependant absolument rien, se contentant d'apprécier ce qu'ils ont déjà pu partager. La joie d'Elias se fracture très vite quand elle pose sa première question, invoquant les absents dans l'espace exiguë, allant jusqu'à les chercher du regard. La tristesse voile un instant les yeux de l'homme. Il les détourne pour qu'elle ne puisse y lire sa propre déception et contrariété. Il se tait juste assez pour qu'elle puisse ajouter d'autres interrogations avant de l'entraîner à sa façon dans le salon. Il s'installe dans le canapé, les bras s'effondrant sur ses genoux. Il n'a pas encore trouvé les mots pour lui expliquer. Pas encore mobilisé assez de tact pour rendre léger un sujet aussi pesant, qui le hante depuis qu'il les a quitté. La brune revient déjà avec les rafraîchissements, il la remercie avant de boire une longue gorgée salvatrice. Il prend le temps d'aspirer l'air avant de débuter son récit. « On est restés au même endroit enfin... On a jamais trop bougé parce qu'on essayait de te tirer de là... Je ne sais pas s'ils nous ont vraiment poursuivi mais en tout cas, on n'a pas eu d'ennuis. On est resté discrets. » Le souvenir des échecs à répétition lui laisse un goût amer dans la bouche. « J'ai arrêté de compter après un certain temps mais on a essayé un nombre incalculable de fois de pénétrer dans ce maudit bâtiment... » Il ferme les paupières un instant pour digérer cette rage qui continue à grimper malgré le fait qu'elle soit désormais si proche.
Le terroriste se mord légèrement la lèvre avant de reprendre, conscient que parler de tout ça n'est pas facile autant pour lui que pour elle sûrement mais ce rite est obligatoire pourtant. Vivre dans le déni, non merci. « Quand on a appris que tu avais réussi à t'échapper... J'ai décidé de partir à ta recherche... » Il dépose prudemment sa bouteille sur la table basse avant de poursuivre. « Je suis venu seul, Rikki. Ils sont toujours là-bas, je crois... » Son regard se hisse avec précaution jusqu'au sien pour jauger ses réactions. « Kaleb cherche toujours une solution, il est toujours persuadé qu'ils vont nous reprendre s'il en trouve une... » Il serre la mâchoire et s’exhorte au calme. « Je n'ai pas vraiment eu de contact avec lui depuis que je suis parti... Il n'a pas vraiment approuvé que je me la joue solo. Et je n'ai pas vraiment aimé sa façon d'oublier quelles étaient nos vraies priorités. » C'est le moins que l'on puisse dire. Il se renfrogne encore un peu, rumine quelques secondes avant de se forcer à alléger la tension qu'il a inoculé dans la pièce. « Mais toi... Raconte-moi plutôt. Comment tu as fait exactement pour te tirer de là, c'était plutôt impressionnant. Je dois avouer que tu m'as bluffé et c'est pas donné à tout le monde ça. » Il lui fiche un léger coup d'épaule en signe de boutade avant de lui offrir un début de rictus à moitié triste, à moitié désolé pour le reste de leur groupe qui n'a pas jugé bon de lui en venir en aide.
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Sujet: Re: Anywhere I would've followed you [Alyah] Dim 15 Mar 2015 - 20:21
Existe-t-il un dieu pour ceux qui ont arrêté de croire ? Quelqu’un pour écouter les prières impies ? Une oreille pour les confessions des plus gros pécheurs ? Elle osait presque y croire, croire que ses désirs les plus profonds avaient finalement trouvé grâce aux yeux des créateurs, croire que la traversée du purgatoire était terminée et qu’elle avait suffisamment payé pour le passé. Il était là et c’était comme un signe du divin, comme une promesse de l’existence d’un Très Haut. Très jeune elle avait eu la foi, avait été élevée dans la tradition juive et en gardait quelques habitudes. Mais elle avait tant fait contre les préceptes religieux qu’elle s’interdisait maintenant le droit à la religion. On lui avait promis que Yahvé récupérait toutes les âmes égarées, accordait son pardon à qui le demandait vraiment, mais elle avait eu l’impression au fil des années d’avoir été ignorée royalement par les cieux. Sauf aujourd’hui. Aujourd’hui elle était prête à boire les paroles de n’importe quel taré en soutane qui lui dirait qu’elle le méritait. Elle voulait y croire. Elle voulait cette rédemption. Et puis elle se disait qu’elle avait traversé l’enfer, et que toute chose avait son contraire. Trouverait-elle donc enfin la pente ascendante ?
C’était bien ce que lui inspirait ce regard. Il était là pour la recoller, pour combler le vide que leur séparation avait causé. Il était là pour la sortir du trou, un rayon de lumière chatoyant dans le noir, l’étoile du Nord qu’on suit sans poser de questions. Elias, c’était la brise qui dissipait le brouillard, le point de couleur dans le clair-obscur de ses sentiments. Lui et seulement lui. Et pourtant. Elle tiqua quand il expliqua sa peur de la voir filer entre ses doigts, prit un air contrit comme pour s’excuser de l’efficacité avec laquelle elle avait effacée ses traces. Bien sûr, elle avait voulu qu’il la retrouve, mais elle avait aussi été consumée par la hantise d’être récupérée par d’autres, par les monstres qui peuplaient ses cauchemars. Si Elias pouvait la retrouver, alors le Mossad aussi, les autorités aussi, et alors ça sonnerait son retour au milieu de quatre murs. Ils s’étaient à peine retrouvés que le temps leur manquait déjà, ils allaient devoir partir très vite, sinon ils ne seraient pas en sécurité très longtemps. C’était en tout cas ce que le spectre de la paranoïa lui dictait.
Et ses révélations intérieures furent suivies par d’autres, encore moins réjouissantes. Chaque mot tranchait, tombait comme un couperet. Sentence décisive. Il était seul. Et s’il était seul, alors ils étaient seuls aussi. Il n’y avait pas de mission, pas de plan, pas de repli ni de backup, pas d’équipe, juste eux d’eux. Elle tenta de rejeter en bloc le sentiment d’avoir été laissée pour compte. Elle voulait croire qu’il y avait bien plus, que sa famille idéale n’en avait pas été réduite à se déchirer sans elle. Elle cherchait le déni, cherchait même des excuses à Kaleb et Ihlan. Kaleb n’avait toujours vécu que pour le Mossad, que pour son devoir. Quand on l’avait dépouillé de ce devoir, il avait pour ainsi dire tout perdu. D’un côté, il était comme Elias, il avait besoin d’avoir une cause, de combattre pour quelque chose, sauf que pour Kaleb, il n’y avait pas d’autre cause louable que celle du Mossad. Sa foi toute entière était placée dans l’organisme. Finalement, ça n’étonnait pas la jeune femme de savoir qu’il développait toujours une obsession à l’idée de sauver leur nom, même après quatre ans. Et puis il y avait Ihlan, qui lui devait être déchiré entre l’idée de partir et l’idée de rester. Il avait dû faire le choix entre caresser l’espoir de retrouver Rivka et caresser l’espoir d’être innocenté. Et même si elle essayait de se bercer de ces pensées rationnelles, les démons eurent tôt fait de lui rappeler son propre sacrifice et la façon dont elle s’était mise à genoux sans ciller devant les autorités pour sauver les autres. Les démons voulaient attiser la colère, faire écho à celle qui vibrait dans la voix du mutant. Le regard vide suite aux explications de son partenaire, elle serra sa bière, et la fraîcheur finit par lui redonner un peu d’entrain pour raconter sa propre aventure.
« Le Mossad avait envoyé un agent pour me tuer. » Le souvenir de la rencontre, bien que parfois brouillée par les médicaments, refit surface. L’agent, le message qu’il apportait, le combat qui avait eu lieu et surtout les conséquences. Sa mise en quarantaine, l’organisation d’un transfert dans un hôpital plus sécurisé, perdu dans le désert. « Il devait m’injecter du poison, ou une surdose de médicament je ne sais pas, en tout cas je lui ai pas laissé le temps. » L’ombre d’un sourire passa sur son visage. « Alors il a fallu réorganiser ma sécurité, et ils ont voulu me transférer dans un trou paumé sous très haute surveillance. Je me suis dit que partir pendant le transfert, ce serait ma chance. Ils ont toujours mal dosé les médicaments, n’ont jamais compris que mon métabolisme avait besoin de plus de sédatif pour être tranquille, alors leur dose n’a pas tenu tout le trajet et du coup j’ai pu leur coller une rouste et me tailler. » Elle préféra éluder un peu sur les circonstances exactes, ne voulait pas inquiéter Elias avec des détails gores, comme le fait qu’elle avait dû se déboiter l’épaule pour passer la camisole ou encore qu’elle avait eu la cuisse déchirée par une balle et qu’elle avait cautérisé elle-même la plaie, à la barbare. Il n’avait pas besoin de savoir tout ça, car elle le savait, il en culpabiliserait.
Elle ne put s’empêcher de rester plus loin du sujet, il fallait qu’elle y revienne. « Peut-être que si on les contacte ils… » Mais sa phrase tomba dans le néant. Ils n’étaient pas là, et elle ne savait pas comment gérer cette information. Il lui semblait que mille émotions la traversaient, et elle ne trouvait pas celle qui était adéquate. Et puis elle voyait l’amertume dans les yeux d’Elias, elle voyait ce que ça lui faisait d’en parler. Ils venaient de retrouver et en deux minutes s’étaient faits rattraper par les détails cruels. Ça devrait être un moment de liesse, et pourtant ils tiraient tous deux une tête d’enterrement. Le satané tourbillon de la vie. « Eh, c’est bon. Ça va aller, tout ira mieux maintenant que tu es là. » Elle voulut oser un autre geste tendre, mais l’idée de le faire lui parut bizarre. Allez, t’en crèves d’envie. Sa main n’attendit pas la fin des délibérations intérieures et se posa sur le genou de son coéquipier et son pouce entama un mouvement circulaire, censé le rassurer. A eux deux, ils étaient déjà une équipe, et c’était bien plus que ce qu’elle n’avait espéré dernièrement. « Tu sais qu’on ne pourra pas rester éternellement ici. Il va falloir partir après. Si tu m’as trouvé, eux aussi ont très bien remonté notre trace. »
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