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 it's do or die. (alyah)

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MessageSujet: it's do or die. (alyah)   it's do or die. (alyah) Icon_minitimeMar 17 Mar 2015 - 20:22

― alyah & lyudmila ―
nobody can save me now,
the only sound is the battle cry.

Ses doigts pianotent contre le volant sans qu’elle s’en rende compte. Le regard dans le vide, elle a oublié depuis combien de temps elle est garée là. Ça a plus aucune importance de toute façon. Lyudmila, elle a plus le choix. Dehors, tout est noir. Le ciel, les arbres et puis le sol. Quand elle ouvre sa portière, y’a qu’une chose qui lui saute aux yeux – ça détonne dans le canevas sombre de la nuit. Son épiderme est teinté de pourpre. Elle s’arrête et se met à fixer ses phalanges, en sentant son cœur accélérer sa course. Les évènements lui reviennent sous forme de flashs. L’homme qui s’extirpe de l’habitacle. Elle, qui vient à sa rencontre lentement. L’expression de son visage quand il la reconnaît. Le geste rapide de sa lame contre la gorge de sa victime. Le gargouillis immonde entre ses lèvres, le torrent d’hémoglobine entre ses doigts. Elle ferme les yeux, comme pour chasser les images qui refusent de la quitter. Ça la fait penser à sa mère. C’est stupide : elle pense jamais à sa mère. Mais elle se souvient soudainement des passages de la Bible qu’elle lui lisait, en lui disant que c’était ce qui la sauverait. Y en a qu’un seul qui résonne dans sa boîte crânienne. 20.13, Tu ne tueras point. Elle a péché.

Ses pas sont presque hésitants, comme si elle voulait avancer à reculons. Mais elle marche tant bien que mal jusqu’à son coffre, se mettant à l’observer une fois qu’elle est postée devant. Elle ose pas l’ouvrir. Mais là encore, elle a pas le choix. Alors elle inspire une grosse goulée d’air avant d’actionner le mécanisme. Et elle le regarde. Ses traits sont figés, à peine éclairés par la lueur des phares et des étoiles. Pendant une seconde, elle se demande. À qui manquera-t-il ? Est-ce que ses proches vont le pleurer ? Être désespérés par sa disparition soudaine ? Qui abandonne-t-il exactement, derrière lui ? Elle sait pas. Elle a pas voulu savoir, et elle le veut toujours pas dans le fond. C’est plus simple de ne rien savoir. De le voir comme ce foutu hunter qui l’a démasquée, ce danger qu’elle ne pouvait pas laisser lui échapper. Elle n’a fait que se protéger. Du moins, c’est ce qu’elle se répète en boucle, comme pour se soulager. Et puis, elle pense à ce qu’il a fait. À tous ces mutants qu’il a dû massacrer, à tous ces innocents qui ont sûrement perdu la vie à cause de lui et les autres. Ceux qui ont souffert, devenus martyrs dans une traque injuste. Alors le visage de l’ukrainienne se ferme, son regard se durcit et elle l’observe avec distance. Quelque chose clique dans son esprit. Elle ne voit plus l’homme. Elle ne voit que le meurtrier. Elle le toise, et elle voit un monstre dans son coffre. Elle serre les poings, et elle sent un monstre dans sa cage thoracique. Y’a plus de regret dans l’encre de ses yeux – rien qu’un brasier.

Faut qu’elle s’en débarrasse. Le problème, quand on est novice, c’est qu’on sait pas quoi faire d’un macchabée. Et Mila, elle a jamais tué personne. Elle a voulu pourtant, plus d’une fois. Ses parents. Tous ceux qui lui ont fait du mal. Les enfoirés qui veulent éradiquer les mutants. Y’a des tas de gens, qu’elle a voulu voir morts. Sous ses mains, la plupart du temps. Mais elle est jamais passée à l’acte. Jusqu’à aujourd’hui. Elle aurait peut-être dû planifier les choses plus proprement – elle a juste élaboré le plan de l’action, pas l’après. C’est vraiment très con, mais elle a même pas pris de pelle. Pourtant c’est sûrement un outil indispensable quand on veut faire disparaître un corps. Elle suppose. Parce qu’elle sait pas trop quoi faire d’autre, à part l’enterrer quelque part dans ces bois. Mais elle a pas de pelle, même pas de briquet si elle choisissait de le faire cramer, et encore moins de quoi le découper en morceaux si elle s’en sentait l’envie – ce qui n’est pas franchement le cas. Alors elle réfléchit. Peut-être qu’elle pourrait appeler Artem. Aucun doute qu’il l’aiderait à se débarrasser du cadavre sans hésiter, c’est pas ça qui l’inquiète. C’est plutôt sa réaction en apprenant qu’elle a buté quelqu’un. Il est hors de question qu’elle le lui dise. Elle connaît suffisamment son frère pour savoir qu’il va vriller, lui faire un sermon et vouloir quitter la ville le plus vite possible. D’autant plus si elle lui dit qu’elle a une deuxième cible – le neveu de celui qui gît dans sa bagnole. Le deuxième à savoir qui elle est, à être une menace pour elle ; et encore plus quand il apprendra la disparition de son oncle, certainement. Alors elle peut rien dire à Artem. Mais après réflexion, elle sait à qui faire appel. Il n’y a personne en qui elle ait une entière confiance comme celle qu’elle voue à son frère, mais il y a bien quelqu’un qu’elle respecte et qu’elle estime suffisamment pour tenter le coup. Alyah. C’est sa collègue au garage, mais c’est surtout celle qui lui donne quelques cours pour améliorer ses méthodes de défense. Cette fille cache des choses, Mila en est persuadée – et elle s’en fiche complètement en réalité, mais quelque chose lui dit qu’elle est la personne à appeler dans ce genre de situation.

Y’a un moment de flottement. Elle hésite. Elle observe son portable pendant un moment, sans savoir si elle doit céder à son intuition ou non. C’est comme ça qu’elle a toujours fonctionné, en suivant son instinct. Ça l’a plutôt bien servie jusqu’ici, mais il suffit d’une fois pour tout gâcher et elle en est parfaitement consciente. Toujours est-il que les aptitudes d’Alyah et leurs nombreux points communs dans leurs comportements portent à croire qu’elle a un passé plus lourd qu’elle ne veut le montrer. Alors Lyudmila, elle finit par céder. Elle compose le numéro enregistré dans son téléphone, et elle patiente jusqu’à ce que son interlocutrice décroche. « Salut. C’est Mila. » Elle sait même pas quelle heure il est – assez tard pour qu’il fasse nuit, mais pas non plus une heure indécente. Elle s’en fiche un peu. « J’ai un problème. » Autant aller droit au but, hein. Et puis c’est pas leur genre de faire dans les chichis, que ce soit l’une ou l’autre. Mais elle va quand même éviter de dire explicitement au téléphone qu’elle a ôté la vie à quelqu’un. On sait jamais. « J’pense que tu vas pouvoir m’aider, donc j’te demande d’éviter de poser des questions et de me rejoindre à la lisière de la forêt en dehors de la ville. » Avec ses phares allumés, Alyah aura pas de mal à la trouver. Elle ose espérer que sa collègue s’exécutera – mais quelque chose lui dit qu’elle le fera. Après tout, elles sont toutes deux mutantes, et ça fait un moment déjà que Mila essaie de la sensibiliser à la cause Uprising. Même si Alyah semble vouloir rester distante, l’ukrainienne est pratiquement sûre qu’elle est pas friande des hunters non plus. Alors ça devrait fonctionner sans accroc, en théorie. « Ah, si possible, ça serait cool que tu mènes une pelle, ou un paquet d’allumettes. Voire même une tronçonneuse si t’as envie. Ça peut toujours servir, si jamais des chasseurs nous tombent dessus par exemple. Pas vrai ? » Quelle subtilité. Faut pas lui en vouloir, elle est encore sous le coup de l’adrénaline. Tuer quelqu’un, c’est plus éprouvant qu’elle l’aurait cru.


Dernière édition par Lyudmila Kovalenko le Mer 29 Avr 2015 - 15:26, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: it's do or die. (alyah)   it's do or die. (alyah) Icon_minitimeDim 22 Mar 2015 - 22:21

Getting away with murder
"As I rise up through each floor shit gets dark when you lose it all. I can hear it coming, I can hear the drumming.
Behind every door is a fall, a fall, and no one's here to sleep"


La sonnerie stridente domina les crachotements de la télévision. Elle sauta d’un bond sur son portable en espérant voir s’afficher le numéro d’Elias. Il travaillait en cette soirée et ils avaient prévu de se retrouver ensuite, comme toutes les nuits depuis qu’ils s’étaient retrouvés. Ils passaient leurs nuits à tirer des plans sur la comète, à se chercher des noises, à se remémorer le bon vieux temps et à s’endormir l’un tout contre l’autre. Elle ne voulait pas l’admettre, mais elle se réveillait tous les matins avec la boule au ventre, la peur qu’il ne se soit envolé dans la nuit et que tout n’ait été en fait qu’un rêve. A force de fuir la folie, il n’aurait pas été étonnant que cette salope la rattrape et la berce d’illusions.
Ce ne fut pas Elias, mais Lyudmila, sa collègue au garage. La mutante haussa un sourcil, perplexe. Elle ne savait pas qu’elles étaient devenues suffisamment proches pour que cette dernière l’appelle à de telles heures. Ce genre de coup de fil ne rimait qu’avec une seule chose : ennuis. L’Ukrainienne devait avoir un problème et elle espérait qu’Alyah puisse la dépanner, sûrement. Une bagarre en sortant d’un bar ? Avait-elle crevé au bord d’une route de campagne ? Le problème en tout cas fut confirmé par sa collègue mutante. L’Israélienne serra les dents, alertée par le ton grave de Mila et le léger tremblement dans sa voix. Ce n’était pas juste un problème, c’était toute une mauvaise situation. Des pelles, des allumettes, une tronçonneuse… Alyah savait ce que ça voulait dire, ce n’était pas pour se défendre d’un chasseur que Mila l’appelait, c’était pour se débarrasser d’un cadavre.

Pour beaucoup, il s’agissait sûrement d’une folle situation qui ne se produisait que dans les thrillers. Un coup de fil dans la nuit, un corps encombrant, deux nénettes qui doivent se débrouiller pour masquer les preuves, c’était un scénario de film. Mais pour la mutante, ce n’était qu’un écho de son passé. Mila savait-elle vraiment qu’elle n’avait pas juste appelé une collègue qui semblait se débrouiller, mais qu’elle avait appelé une ancienne professionnelle de ce genre de cas ?
Un frisson d’excitation courut le long de son échine. De l’action, un shoot d’adrénaline qui la remettrait dans le bain. Elle avait l’impression de n’avoir vécu que dans l’anticipation de ce moment. Il lui semblait avoir préparé tout sa vie le plan parfait pour s’en tirer avec un meurtre. Parce qu’il s’agissait bien de ça, s’en sortir avec un meurtre sur le dos. Un de plus pour elle. Mais pour Mila ?
Alyah s’étira et pianota un rapide message à Elias lui expliquant qu’elle avait une urgence qu’elle lui expliquerait plus tard et qu’elle le retrouverait par la suite. Elle enfila rapidement des vêtements confortables et alla chercher un sac de sport sous son lit. Un sac qui ressemblait un peu au fin fond du coffre de Dexter. Des armes en tout genre, des gants, du désinfectant, de la javel et d’autres instruments dont l’usage devrait restait dans les tréfonds des esprits tordus. Elle récupéra ce dont elle avait besoin et quitta son appartement à toute allure. Avant de rejoindre Mila, il lui fallait passer par deux étapes essentielles : voler des pelles et voler une voiture.

Elle n’avait jamais eu l’utilité d’une voiture à Radcliffe, pas quand on pouvait s’approprier n’importe quel tacot avec l’aide d’une lime à ongles et de quelques fils bien connectés. Elle avait déjà la cible en vue, le vieux 4x4 d’un couple de retraités de son voisinage. Ils ne s’en servaient quasiment jamais et la voiture dormait dans l’allée la plupart du temps. Alors il lui arrivait des fois d’emprunter le véhicule. Pour les pelles, un tour dans le local du jardinier ferait l’affaire, et elles seraient de retour avant qu’il ne remarque. Il ne devrait pas y avoir d’accroc, c’était même prohibé dans un tel plan. Pour elle, mais surtout pour Mila.
Les doigts serrés autour de son volant, elle suivait la route que sa collègue lui avait indiqué jusqu’à trouver deux phares perçant l’obscurité. La capuche vissée sur la tête, le visage masqué au maximum pour ne pas être totalement à découvert, l’Israélienne observait les horizons pour capter tous les détails. Le visage impassible, Alyah s’arrêta au niveau de l’Ukrainienne et sortit sans un mot. Un bref signe de tête en guise de salut, ses premières paroles furent. « Où est-il ? » Autant la mettre dans le bain directement aussi, lui faire comprendre que la tentative de subtilité avait été perçue comme un projectile énorme lancé à toute vitesse. Et finalement elle posa les yeux sur la masse informe dans le coffre de son acolyte improvisée. Elle détailla brièvement le corps et vit la fine ligne rouge tranchant la carotide. Ça avait été rapide, mais calculé. Prémédité. Elle osa un regard interrogateur à Lyudmila et elle vit dans ses prunelles. La tourmente de la première fois. Première mort. Elle comprenait mieux pourquoi l’Ukrainienne l’avait appelée. Pas parce qu’elle avait besoin d’aide, mais simplement parce qu’elle ne savait pas comment faire.

« J’ai besoin que tu m’expliques exactement tout ce qui s’est passé. Qui c’est ? A quelle heure, où et comment ? » Il fallait des détails pour tout opérer de manière optimale, tout calculer, tout prévoir. Il ne fallait rien laisser au hasard, obéir à un plan et laisser le moins de marge possible aux imprévus. Mais était-elle vraiment prête ? D’une voix ferme, celle qu’on prenait quand on s’efforçait de maintenir l’ordre, elle débita : « Je peux m’en charger si tu n’es pas prête pour ça. »
Elle balança les deux pelles devant la mutante puis le sac des fournitures essentielles. Les gants et autres ustensiles étaient maintenant éparpillées aux pieds de Mila et elle allait devoir déterminer maintenant si oui ou non, elle était de la partie. Elles s’apprêtaient à passer au stade au-dessus  de leur tutorat : « Comment tuer et ne pas se faire prendre ? »
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MessageSujet: Re: it's do or die. (alyah)   it's do or die. (alyah) Icon_minitimeDim 29 Mar 2015 - 18:44

L’attente lui paraît particulièrement interminable. Elle n’a même pas la force de refermer son coffre – elle qui a eu tant de mal à l’ouvrir pourtant. Quelques secondes sont passées à détailler sa victime de la tête aux pieds. Elle a presque envie de fouiller ses poches, pour voir ce qu’il a sur lui, ce que ça peut lui apprendre à son sujet. Mais elle résiste. Elle ne veut rien connaître pour ne pas risquer de se faire étrangler par la culpabilité. Elle ne veut pas regretter. Elle a fait ce qu’elle devait faire. Y avait pas d’autre issue – ça aurait été elle ou lui à un moment ou un autre. Elle n’a fait que précipiter l’inévitable, jouant à la faucheuse plus tôt que prévu. Ses tourments intérieurs la tiraillent et elle se retrouve à faire les cent pas devant son véhicule. Une part d’elle-même lui murmure qu’elle avait pas le droit. Vouloir combattre ces putains de chasseurs est une chose, se mettre à les tuer en est une autre. Ça la met au même niveau qu’eux, qu’elle déteste pourtant de toutes ses forces. Mais elle s’efforce d’étouffer cette petite voix, n’écoutant que ce que lui crient ses tripes. Elle avait pas le choix. Il l’avait vue, ce con. Il connaissait sa nature et elle pouvait pas le laisser mettre sa vie en péril. Il serait venu à ses trousses à un moment ou un autre. Elle avait pas le choix. Et tant pis si ça veut dire qu’elle a perdu un bout d’elle-même ce soir. Tant pis si elle vient de franchir le point de non-retour, en ôtant la vie à un homme, une rivière pourpre venant encrasser son épiderme et le fond de ses yeux. Combien de sang a-t-elle perdu au nom de cette cause maudite ? Combien de cris a-t-elle poussés ? De suppliques ? Combien de fois a-t-elle prié pour qu’on la tue et que son calvaire connaisse une fin ? Combien de fois, hein ? Trop. Beaucoup trop. Ils lui ont tout pris. Et ils ont laissé sur elle les traces de l’horreur nichée dans leurs cœurs trop noirs. Alors si elle doit en venir là pour obtenir vengeance, ainsi soit-il.

Le bruit d’un moteur la sort de ses pensées, et elle aperçoit le visage impassible de celle qu’elle a appelé. La question claque dans sa tête et pour toute réponse, elle désigne sa voiture d’un bref geste du menton. Alyah s’approche, examine le cadavre un instant. Mila ignore ce qu’elle y voit mais lorsque leurs regards se croisent, la presque interrogation est palpable. Silencieuse, elle se contente de maintenir le contact visuel sans broncher. Puis sa collègue reprend la parole, posant des questions qui exigent des réponses précises. Elle n’a même pas le temps de répondre que l’autre se sent obligée de préciser qu’elle peut le faire seule. Lyudmila plisse les yeux, grince des dents. L’offre vient certainement d’un bon sentiment, mais elle le prend comme un affront. « Je lui ai tranché la gorge. C’est pas de le faire disparaître qui va me poser problème. » Sa voix est sourde, comme le calme avant la tempête. Elle veut prouver qu’elle sait ce qu’elle fait même si c’est loin d’être le cas, et elle n’a aucunement l’intention de se dégonfler maintenant. Elle voit ça comme un entraînement – la prochaine fois, elle saura s’en charger seule. Ses prunelles sombres se posent à nouveau sur le cadavre quand elle reprend la parole. « C’est... C’était un chasseur, de la famille Wolstenholme. Ça s’est passé il y a environ une heure maintenant, près du vieux château. Je lui avais donné rendez-vous en m’faisant passer pour son neveu. Quand il est sorti de sa voiture, je l’ai laissé voir que c’était moi. Et puis je l’ai tué. » Son récit est robotique – pas la moindre émotion ne transparaît, comme si elle était passée en mode pilote automatique. C’est un peu le cas. Elle refoule tout, cherchant à rester la plus froide possible. Mais ses yeux trahissent l’ouragan retenu en son for intérieur. « Sa voiture est restée là-bas. J’ai touché à rien, et sa clé est restée sur le contact. Je l’ai mis dans mon coffre, j’suis venue ici puis j’ai fini par t’appeler. » On dirait qu’elle parle d’un film, de quelque chose qui n’est pas réel. Sûrement qu’elle a encore du mal à réaliser ce qu’elle vient de faire.

Lyudmila observe un instant les objets qui ont atterri à ses pieds, sans bouger. Puis elle regarde ses mains, qui n’ont même plus l’air de lui appartenir. Ses vêtements, tachés ça et là par le sang de sa victime. Elle est presque certaine que si elle se voyait dans un miroir, elle se reconnaîtrait même pas. Un soupir lui échappe. Et elle finit par se baisser, attrapant la paire de gants qui se trouve devant elle, les enfilant alors que le coin de sa lèvre supérieure se retrousse légèrement, son nez se froissant – elle grimace. Elle a l’impression de sentir le sang séché s’imprégner un peu plus dans sa peau quand elle camoufle ses mains. C’est comme si elle prenait un bain vermillon. Sa gorge se noue et elle avale difficilement sa salive, prenant une longue inspiration avant de se retourner vers Alyah. Elle l’observe, son regard à demi perdu on ne sait où, à demi plongé dans celui de son interlocutrice. Elle est là, sans être là. Bouillonnante comme un volcan mais vide comme le néant. Toute sa vie, on a voulu lui faire croire qu’elle était un monstre. C’était faux. Mais ce soir, elle fait le choix d’en devenir un. Parce que Mila, elle combat le feu par le feu. « Alors, c’est quoi la première étape ? »


Dernière édition par Lyudmila Kovalenko le Mer 29 Avr 2015 - 14:57, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: it's do or die. (alyah)   it's do or die. (alyah) Icon_minitimeDim 26 Avr 2015 - 19:52

Les gestes étaient mécaniques, une routine répétée trop de fois. C’était comme marcher : au début on ne savait pas faire, et puis à la fin ça devenait une facilité du quotidien. Je ne sais plus vraiment quand c’est devenu un geste quotidien pour moi. Je pense bien qu’il a fallu que je m’y fasse très vite. Je n’avais pas d’autre choix que de m’adapter. Marche ou crève, c’est une constante depuis si longtemps que ma mémoire ne suit plus le fil.
Il y avait de l’aplomb dans le ton de Mila, sûrement était-elle vexée que je lui aie proposé de m’en charger. Mais finalement, je n’en attendais pas moins d’elle. Je voyais du sang de guerrière dans ses veines bleues, elle traversait comme moi des rivières tumultueuses, rendues pourpre par le sang qui a été versé. Elle avait toujours été du côté des passifs, mais maintenant, elle renversait la tendance.

Le silence était compact autour de nous, presque pesant sur ma poitrine. Elle nous délivra finalement en entamant le récit des événements. Un chasseur. Wolstenholme. Une heure avant. Vieux château. Les informations s’inscrivaient dans mon cerveau qui tournait déjà à plein régime pour trouver la meilleure tactique. Lentement, j’entrepris une danse mortuaire. Les gestes étaient presque lascifs, les gants glissaient avec aisance sur mes mains et je me parais de la Mort. Mon plus bel atour. Mettre à sang restait un plaisir interdit, un de ceux qui laissaient un goût amer mais qu’on reproduisait à l’infini. Dans la vie et dans l’au-delà, n’étais-je pas étroitement à la mort ? N’étais-je pas devenue un de ses disciples les plus appliqués ? Je ne portais pas ce titre fièrement, mais au moins je l’appliquais avec efficacité.
Et la danse continuait, mes pensées sombres rampaient autour de ce cadavre, y cueillaient des secrets que seuls ceux qui trépassent peuvent vous révéler. Je me penchai une nouvelle fois au-dessus de celui qui fut un jour un chasseur, et une lueur de défi s’alluma dans mes yeux. N’as-tu pas mérité ton sort ? Les femmes peuvent donner la vie, n’est-il pas légitime qu’elles l’enlèvent aussi ?

« Alors, c’est quoi la première étape ? » Je levai un regard transcendé vers elle. Elle semblait détachée, elle semblait indifférente à la scène, mais je savais qu’une première mort ne s’oubliait jamais. Longtemps encore, le visage de ce chasseur allait hanter les cauchemars de l’Ukrainienne. Elle allait le voir partout, il deviendrait une seconde peau. Certains le supportaient, finissait par sublimer l’expérience, par en tuer d’autres pour faire passer le goût du premier, mais les années n’effaçaient jamais complètement. On n’oublie pas on vit avec. L’expression avait été inventée pour cette situation en particuliers. « On le déplace. On trouve un coin pas trop chiant à exploiter. On le nettoie, et on l’enterre. » Grosso modo, il n’y avait pas énormément de marge de manœuvre à ce niveau-là. « L’idéal, c’est qu’ils ne retrouvent jamais le corps. Mais s’ils le retrouvent, on le met sur le dos du neveu. » Je ne voyais pas d’autres façons de terminer tout ça. Oh bien sûr, on pouvait jouer la carte de la disparition ou de la fuite, mais de nos jours, tout était beaucoup trop surveillé et beaucoup trop contrôlé. Surtout en Amérique. Non, il fallait les laisser chercher, et une fois qu’ils trouveraient le corps, il fallait leur présenter un suspect crédible. Un motif qui justifierait que le neveu tue l’oncle ? Elle s’en préoccuperait plus tard.

Je posai mes deux mains sur le blouson du chasseur, et d’un geste brusque je le sortis du coffre. Le corps mort atterrit sur le sol en bruit sourd, mais pour moi, c’était un son familier. Un écho du passé. « Je vais le traîner, ils doivent penser qu’il n’y avait qu’une seule personne. » Je pris une profonde inspiration. J’étais guérie déjà depuis ma rencontre avec ce salopard de Kingsley, mais je craignais quand même qu’un surplus d’effort n’abîme mes vertèbres. On verrait bien. De toute façon, il fallait brouiller les pistes qui pourraient mener à Mila. « Prends le sac et les pelles. » Elle allait devoir s’habituer à cette rengaine autoritaire. Dans cette opération, je commandais. Dans cette opération, je savais quoi faire. Je n’attendis pas de réponse et de retour, et je commençai déjà à traîner le corps à la lisière du bois. « Il y a une lampe dans le sac, normalement. J’aurais besoin qu’on éclaire un peu le chemin. » Mais tant que j’avais encore un peu de visibilité je poursuivis. Une fois qu’on aurait trouvé un terrain praticable et une terre meuble, on pourrait se débarrasser de la preuve la plus encombrante.
Sans pression aucune, je me mis à siffler l’air du Roi Lion. The Lion sleeps tonight.
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MessageSujet: Re: it's do or die. (alyah)   it's do or die. (alyah) Icon_minitimeMar 5 Mai 2015 - 18:33

C’est dégueulasse un cadavre. Rien de bien étonnant là-dedans, c’est un fait universel, que Mila connaît pertinemment. Mais savoir que celui-ci c’est le sien, que celui-ci est là à cause d’elle, ça lui file l’impression qu’il est pire que tous les autres. Elle le regarde et elle a peur qu’il ouvre ses paupières brusquement, qu’il revienne comme un putain de zombie et qu’il lui saute à la jugulaire. Elle le regarde et elle a la nausée rien qu’à voir son teint cireux, la ligne fine qui s’étire sur sa gorge, le sang séché qui a taché sa peau et ses vêtements. Alors elle le déshumanise, elle pense à toutes les horreurs qu’il a certainement commises pour apaiser sa conscience, elle le voit plus comme un homme mais comme un animal. C’est un insecte qu’elle a écrasé sous sa godasse, un poisson mort de plus sur l’étalage, coincé entre les truites et les cabillauds. Elle veut se convaincre qu’il n’est rien, aussi minuscule que du plancton mais elle se trompe. Il est le monstre tapi dans les abysses, le calamar géant qui remontera pour l’étouffer entre ses tentacules. Mila veut croire que l’histoire vient de se terminer mais elle se voile la face – ça la poursuivra qu’elle le veuille ou non, même si elle veut se prétendre détachée, même si elle se convainc qu’il n’est que le premier d’une longue lignée. La guerre fait rage depuis longtemps mais elle ne faisait que danser entre les bombes sur le champ de bataille, se faufilant entre les mines comme un serpent. Elle vient de mettre le pied sur l’une d’entre elles. Et un jour ou l’autre, ça viendra lui exploser à la gueule.

Sa détermination est palpable, de ses dents serrées jusqu’à son regard trop sombre. Elle a pas l’intention de se défiler et elle se gêne pas pour le faire savoir à Alyah, le prouvant encore un peu plus quand elle enfile les gants balancés par sa collègue, lui demandant des indications sur la marche à suivre. Elle écoute attentivement la réponse de son mentor d’infortune, se figeant momentanément quand celle-ci parle du neveu. Lui mettre le meurtre sur le dos semble logique en cas de problème. Mais ça lui convient pas – ça colle pas avec ses plans. Le neveu en question, elle compte lui faire la peau aussi. Parce qu’il est de la même trempe que son oncle, parce qu’il l’a vue et qu’il représente également un danger. Elle le laissera pas s’en sortir. « Ils doivent pas retrouver le corps. On f’ra en sorte que ça arrive pas. » C’est même pas une question ; juste une affirmation qui ne laisse pas la place au doute. Elle changera pas ses plans, quitte à risquer de se foutre dans la merde. De toute façon elle est déjà en plein dedans, elle a plongé tête la première et maintenant elle a plus qu’à sortir ses rames.

Quand Alyah se met en mouvement c’est brutal, le macchabée s’écrase sur le sol dans un bruit sourd et Mila sursaute malgré elle, reculant d’un pas en le voyant tomber à ses pieds, face contre terre. Sa gorge se noue, ses poings se serrent, ses muscles se figent. Ses prunelles sont fixées sur lui, incapables de s’en détacher même quand sa complice ouvre la bouche, même quand sa voix fend l’air sournoisement avant de prendre un ton autoritaire. Mila reste immobile un instant, hochant vaguement le menton avant de finir par s’exécuter, attrapant les outils en silence. Elle déteste qu’on lui donne des ordres, incapable de supporter la moindre forme d’autorité, quelle qu’elle soit – qu’il s’agisse de son frère, de flics, d’amis ou d’ennemis, c’est la même chose pour tout le monde : elle fait toujours le contraire de ce qu’on lui demande parce qu’elle refuse catégoriquement d’obéir. Mais pas ce soir. Parce que ce soir, elle sait que c’est Alyah qui a la situation sous contrôle. Et elle fait attention à chaque détail, l’imprimant dans les tréfonds de son esprit pour pouvoir répéter l’opération seule. Il y aura une prochaine fois, à n’en pas douter. En attendant elle se concentre sur le moment présent, fouillant le sac à la demande de sa collègue pour en sortir une lampe torche, qu’elle allume en direction du chemin. Elle avance près de sa victime, regardant où elle met les pieds pour éviter de trébucher sur une branche ou une cucurbitacée sauvage, lançant un regard perplexe à Alyah quand celle-ci se met à siffler tranquillement. L’image est presque absurde, tellement qu’elle aurait certainement ricané si elle avait été d’humeur. « S’tu continues d’siffler tu vas réveiller les oiseaux. Ou juste m’filer de l’urticaire. » À mesure qu’elles avancent, les feuilles craquent sous ses pieds et elle essaie soigneusement d’éviter de poser les yeux sur le chasseur, préférant scanner les alentours comme si elle cherchait le coin parfait pour terminer le sale boulot. « C’est pas la première fois qu’tu fais ça, pas vrai ? T’étais quoi avant d’réparer des bagnoles ? Serial killer ? » Le sarcasme transparaît dans sa voix, la question n’en étant pas vraiment une. À vrai dire elle n’attend pas forcément de réponse, elle a la certitude qu’Alyah cache des choses plus sombres qu’il n’y paraît et dans le fond elle s’en fiche : ça l’aide dans ce cas précis, c’est tout ce qui compte. Ses prunelles se lèvent momentanément vers le ciel, beaucoup plus attrayant que le cadavre qui se fait traîner sur le sol. Elle aurait presque envie d’apercevoir une étoile filante et de souhaiter que le corps disparaisse instantanément, sans plus de cérémonie. Mais ces choses-là relèvent de la légende – des foutaises. Mila a jamais cru aux contes de fée.


{ points ajoutés }
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MessageSujet: Re: it's do or die. (alyah)   it's do or die. (alyah) Icon_minitimeJeu 21 Mai 2015 - 14:12

«Relax, je risque de réveiller personne. Hein ? » Pour étayer mes propos, je secouai le buste du chasseur mort comme si ce n’était qu’une poupée gonflable. Elle devait comprendre que ce qui était fait ne pouvait être défait, qu’il était maintenant ancré dans la mort et qu’il ne pourrait pas revenir. J’aurais aimé pouvoir la tenir éloignée des tourments, des cauchemars, mais si je pouvais me battre contre les conséquences de ses actes, je ne pouvais rien faire pour autant à sa psyché morcelée. « Les oiseaux risquent pas de nous dénoncer, ils en ont vu d’autres. » Je ne sais pas si ma quiétude la perturbait tant que ça. Je n’en étais pas au premier secret avec Mila, et elle n’en était pas à sa première surprise avec moi, et pour l’instant ça fonctionnait très bien. Mais pour l’instant, l’Ukrainienne devait encore être shootée à l’adrénaline, alors les véritables questions ne devaient pas trop l’atteindre, elle devait se dire que pour l’instant c’était normal, c’était dans la continuité de l’action. A un moment, la vérité finirait par nous rattraper toutes les deux.

On continuait d’avancer, et je me démenai avec cette saloperie de cadavre quand elle continua la conversation dans la rhétorique. Ce que j’étais avant de réparer des bagnoles ? Un léger ricanement m’échappa. « Si j’te disais que j’étais agent secret pour le compte des Etats-Unis ? » Le ton était ironique, mais frôlait dangereusement avec une part de vérité. Et si je te disais que j’étais agent secret Mila ? Que j’avais abattu bien des types, juste parce que mon gouvernement leur avait mis des cibles sur le dos, que j’avais arraché des vies sans me demander si elles étaient bonnes ou mauvaises. J’ai été comme bien des soldats, mais avec une couverture spéciale. Et aujourd’hui ? Je réparais des bagnoles ouais. Chienne de vie. Et si j’te disais que j’avais été mise au trou quasiment deux ans dans un asile ? Est-ce que tu me croirais folle ? Probablement. Si j’te disais qu’on me recherchait ? Est-ce que tu te tirerais en courant ? J’avais trop de secrets, et ils étaient beaucoup trop pesants pour être gardés mais en même temps trop nocifs pour être dits. Quelque part, si on convertissait la logique en raisonnement tordu, j’étais celle qui faisait de nombreux sacrifices.

« Ici, c’est bon. » Je laissai tomber le corps sans ménagement, comme si ce n’était qu’un sac de viande. Il n’avait plus de vie, plus d’âme, il n’était rien qui puisse s’apparenter à l’humain, alors pourquoi s’offusquer de sa mort ? Les lèvres pincées, j’attrapai une pelle et traçai le périmètre de la tombe de fortune. « Bon, maintenant nouvelle étape, et pas la plus compliquée, on creuse. Et on creuse bien profond si tu veux qu’il reste enterré à jamais. » Faudrait pas non plus que les clébards de la police puissent le renifler aussi facilement. Ne parlons même pas de ceux des chasseurs…
Sans plus de précisions, je commençai à creuser. Les pensées tournaient cependant à toute vitesse dans mon esprit. A quel moment m’étais-je à ce point désolidarisée de la vie pour ne plus être affectée par la mort ? Avant je ne me posais pas ce genre de questions, mais maintenant qu’il était de retour, maintenant qu’il était à mes côtés, un processus désagréable de remise en question était en marche. A quel point Alyah était-elle différente de Rivka ? Laquelle des deux étais-je maintenant ? Je doutais bien que trop de sang avait coulé sous les ponts, une rivière de cadavres et de mauvais souvenirs, mais est-ce que ça m’empêchait pour autant de traverser jusqu’aux rives passées ?
Ta gueule et creuse. Et c’est ce que je faisais, je m’appliquai à creuser pour pouvoir balancer ce cadavre à la con dans les abysses, pour pouvoir enlever de mes yeux la preuve irréfutable que c’est la guerre. Et du coin de l’œil, j’observai Mila qui avait commencé à creuser aussi, motivée très certainement par son instinct de survie. « Tu sais, je veux surtout pas te bassiner avec des conneries de psychologie et de philosophie sur le bien et le mal et tout. Je m’en fous de savoir ce qu’il a fait, mais je me dis que si t’as décidé de le buter c’est pour une bonne raison. T’as l’air d’avoir la tête fixée assez solidement sur les épaules pour savoir quand est ton dernier recours. » Je me tus parce que je commençai exactement ce que je ne voulais pas trop faire, du réconfort de pacotille. Il n’y a pas de mots qui pourraient vraiment effacer ça, mais ces mots devraient être dits quand même, tôt ou tard. « T’as fait ce qu’il fallait, Mila. C’était lui ou toi. Et vu le palmarès du bonhomme, il aurait pas hésité. »

Bienvenue dans le monde des survivants, Mila.
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MessageSujet: Re: it's do or die. (alyah)   it's do or die. (alyah) Icon_minitimeMar 9 Juin 2015 - 22:26

C’est comme si y avait du plomb dans ses veines. Chaque mouvement qu’elle fait est trop raide, elle se tient tellement droite que c’en est ridicule et puis elle est crispée de la tête aux pieds, y a les jointures de ses poings qui blanchissent à mesure qu’elle les serre et ses dents qui se font douloureuses à cause de ses mâchoires soudées l’une à l’autre. On dirait un robot, ça lui ressemble tellement pas – toujours en train de s’agiter d’une manière ou d’une autre, jamais le dos droit, toujours une démarche un peu chaloupée, Lyudmila est habituée à tanguer comme les flammes d’un brasier. Mais pas ce soir, ce soir elle se fait statue et si son sens du sarcasme est pas perdu pour autant, il en devient quand même un peu trop grinçant et froid comme le cadavre qui traîne dans leur sillage. Son regard prend une teinte perplexe alors qu’elle regarde faire son acolyte, c’est étrange de voir à quel point ça semble normal pour elle. Alyah siffle et puis fait de l’humour noir, elle secoue à moitié la dépouille et on dirait qu’elle est calme, beaucoup trop pour que ça n’éveille pas les soupçons. C’est clair comme de l’eau de roche : elle en est pas à son premier rodéo. Mais Lyudmila dit rien, elle a arrêté de se poser des question au sujet de sa collègue y a longtemps et elle se contente de prendre ce qu’y a à prendre sans faire de la philosophie sur le sujet ; à chacun ses secrets après tout, elle est bien placée pour le savoir. Pourtant la réponse de l’intéressée lui arrache un son à mi-chemin entre le ricanement et le soupir, elle lève les yeux au ciel en se baissant pour éviter une branche trop basse. « Ouais, pis moi j’suis une princesse autrichienne. » Non mais ce qui faut pas entendre – agent secret, et puis quoi encore ? Elle y croit pas une seconde l’idiote, même si elle est prête à parier ce que vous voulez qu’Alyah cache un passé sombre, elle est à mille lieues de s’imaginer ce qu’est la vérité.

Le trajet est laborieux mais plus court qu’elle l’aurait cru et une vague de soulagement la traverse quand son mentor lui signale qu’elles ont trouvé l’endroit adéquat. Elle se contente de hocher une nouvelle fois la tête en signe d’approbation ; hors de question que le corps soit retrouvé alors elle fera tout ce qu’il faut pour s’assurer qu’il restera à sa place. Elle attend pas une seconde de plus pour attraper sa pelle et le bruit qu’elle fait en s’enfonçant dans le sol a un écho désagréable à ses tympans, tout lui semble plus corrosif depuis qu’elle a embarqué le mort dans son coffre et elle se surprend à espérer que ça passera aussi vite que c’est venu. Elle creuse la meurtrière du dimanche, elle se fait hargneuse comme bien souvent et elle s’acharne à la tâche en grognant légèrement face aux efforts qu’elle fournit. Ses muscles se contractent, sa température augmente et elle sent son souffle s’accélérer en même temps que son rythme cardiaque. La pelle s’enfouit toujours plus profondément et c’est à croire qu’elle veut creuser jusqu’au centre de la Terre, peut-être que c’est un peu le cas d’ailleurs, elle veut être certaine que son squelette la suivra pas dans son placard pour la terroriser la nuit. Elle veut l’enterrer tellement loin qu’elle l’oubliera et si elle peut foutre sa foutue culpabilité avec lui ça n’en sera que mieux. Quand la voix d’Alyah résonne à nouveau, elle daigne même pas lever le menton et continue sa besogne avec une agressivité à peine dissimulée. Les paroles restent suspendues dans le vide un instant, le temps qu’elle les assimile et qu’elle avale la boule qui prend place dans sa gorge ; elle sait que quelque part elle a bien fait mais elle arrive pas à faire taire la petite voix qui lui susurre qu’elle est tombée trop bas. Elle a envie de l’étrangler cette foutue voix, elle voudrait lui faire la peau et devenir sourde pour plus se faire torturer. « J’sais bien, pas besoin de m’le dire. » Le ton est trop sec, ça claque comme du verre qui s’éclate au sol et elle se mord l’intérieur de la joue tellement fort qu’un goût de rouille finit par venir attaquer ses papilles. Elle veut jouer à celle qui sait ce qu’elle fait et qui n’a aucun doute mais c’est faux, les questions commencent déjà à lui vriller la tête et si elle a pu les retenir jusqu’ici, ça devient de plus en plus insupportable. Alors elle lâche un profond soupir en passant une main sur son front mouillé par la sueur, étalant au passage une trace de terre sur sa peau, et elle continue sans s’arrêter, sans même vouloir regarder son interlocutrice lorsqu’elle ouvre la bouche à nouveau. « Il le méritait. Ce connard a tué j’sais pas combien de mutants, alors il l’méritait. J’veux dire, j’en sais rien, j’suis pas allée chercher son palmarès mais merde, c’était un chasseur. Alors il a forcément tué, huh ? J’l’ai juste empêché de nuire. » Depuis le début elle veut pas montrer que ça l’atteint mais ça transparaît quand même dans ses paroles, on sent bien qu’elle est pas si sûre d’elle qu’elle veut bien le faire croire et que les doutes ont déjà commencé à s’installer bien sagement. « Pis il allait venir après moi, j’le sais. Si j’l’avais pas tué maintenant, ça se serait joué entre lui et moi à un moment donné. J’ai fait que précipiter l’inévitable plus tôt qu’prévu. J’aime pas l’suspens. » Au final elle parle plus pour elle-même que pour Alyah, ses mots s’enchaînent sans qu’elle y réfléchisse réellement et ça ressemble plus à un questionnement rhétorique qu’à une réelle conversation. Y a sa pelle qui continue de malmener la terre et elle fait même plus attention à ce qu’elle fait, elle creuse tellement que ça commence à devenir sacrément profond, un peu brouillon aussi parce qu’elle est pas concentrée, elle va trop loin et trop fort et c’est franchement un travail de sagouin. Si on la stoppe pas elle finira probablement par se faire avaler par les méandres de la terre elle aussi, à ce stade c’est même plus un trou de fortune pour planquer un macchabée. C’est carrément sa propre tombe qu’elle s’est mise à creuser.
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