Evangeline ne s’était jamais sentie aussi vivante. Et finalement ce n’était pas un hasard puisqu’elle était elle-même ressuscitée aux yeux de son mari, après l’avoir cru morte pendant sept ans. Elle avait l’impression d’être rentée dans un coma très profond de n’en sortir que maintenant. Elle sentait des palpitations dans son cœur qu’elle ne connaissait plus depuis si longtemps qu’elle les croyait éteintes à jamais, partie dans la tombe avec le corps de Mal. Elles n’étaient qu’endormies en fait, et il n’y avait qu’un seul être unique à être capable de les réveiller, et ce malgré tout l’espace et le temps qui les avait séparé. Il y avait les bras de Malachi qui se resserraient autour d’elle avec une telle force… Et pourtant c’était terriblement bon. Elle ne pouvait pas avoir mal, les émotions qui enflammaient son cœur dépassaient tout. Elle était incapable de sentir la douleur, elle était incapable de ressentir quoi que ce soit d’autre que les émotions qui prenaient déjà tout son cœur. Elle nageait littéralement dans le bonheur. Elle sentit un souffle chaud expirer longuement lorsqu’elle se retira pour couper court à leurs retrouvailles physiques. Nez contre nez, Evangeline ferma ses paupières pour mieux se concentrer sur son soupir brûlant. Il sortit quelques mots murmurés alors qu’ils n’étaient encore qu’à quelques centimètres du visage l’un de l’autre. Il lui vola un baiser supplémentaire. Furtif et délicat celui-ci. Puis chacun repris sa place sur le canapé, renfonçant un peu plus l’emprise de ses fesses sur les coussins molletonnés. La discussion tourna autour d’Elijah, Evangeline ne pouvait pas s’empêcher d’y penser. La coïncidence était si bizarre… Evangeline se devait bien d’avouer que Malachi avait raison. Il ne le connaissait pas depuis très longtemps, mais il l’avait déjà cerné. Ils avaient déjà eu l’occasion de parler, mais si peu… Evangeline avait oublié à quel point son mari était brillant. Il avait un don pour décrypter les émotions mais ce n’était pas tout, il était aussi incroyablement talentueux dans les relations humaines. En un clin d’œil il était capable d’analyser la personnalité et le profil de quelqu’un. Elle le connaissait depuis sept ans maintenant, elle était bien placée pour juger. Et c’était dans ses cordes en effet. Mais pourquoi, pourquoi une telle machination ? Surtout après avoir joué tant d’années sur la corde sensible de son deuil. « Elijah n’est pas quelqu’un de très causant alors tu vois… Mais même à chaque fois je crois que je disais « mon mari » ou « mon époux ». Enfin Je ne sais pas… Honnêtement je ne sais plus. Peut-être qu’au début oui, j’ai dû dire ton nom quelques-fois. Mais ensuite non. » L’une de ses mèches de cheveux se retrouva à s’entortiller entre les doigts de Mal. « Ce qui est étrange c’est qu’il ne soit même pas là le jour où je devais le rejoindre ici. » Cela ressemblait à un coup monté. Pourtant cela ne ressemblait pas du tout à Elijah. Il n’était pas un bon samaritain. Il ne s’amusait pas à arranger les petits problèmes de chacun, bien que le leur soit un gros problème. Mais il n’était pas le genre à partir à la recherche des fins heureuses. C’était un peu chacun pour soi.
« Oh comment va Maureen, et tes parents ? Ils n’habitent pas ici avec toi ? » L’idée lui traversant l’esprit, elle donna instinctivement une petite frappe sur la jambe de Mal, l’une de ses manies, comme lorsqu’elle se sentait obligée de se tenir au poignet de son interlocuteur lorsqu’elle riait avec lui, ou elle. Evangeline n’avait jamais été très forte en mot, trouvant toujours ridicule ce déballage de lyrisme oral, et beaucoup plus dans le toucher. C’était et cela avait toujours été une fille tactile, ce qui pouvait bien souvent dérouter pas mal de gens, étonnés et parfois offusqué devant une telle familiarité quand ils ne se connaissent pas encore depuis très longtemps.

crackle bones

Code by Silver Lungs