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 please don't take my sunshine away.

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Noeh Callahan
Noeh Callahan

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SUR TH DEPUIS : 15/03/2015
MessageSujet: please don't take my sunshine away.   please don't take my sunshine away. Icon_minitimeMar 17 Mar 2015 - 22:56

Le bruit qu'émit la béquille contre le goudron sec, brutal, presque corrosif, fit apparaître une mimique tordue sur le visage de Noeh Callahan. Il haïssait ce bruit. Il détestait encore plus devoir le subir, encore et encore, tel un marteau qui venait s'incruster juste sous son crâne déjà bien douloureux. Ce bruit représentait beaucoup trop de choses à la fois, tel le pire des fardeaux, lui remémorant au quotidien que ce qui lui était arrivé était entièrement de sa faute. C'était à peine son premier pas dehors, pourtant le jeune homme sentait déjà tout le poids du monde s'écrouler sur ses épaules. Il n'avait pas encore croisé âme qui vive, il n'avait pas dû adresser la parole à quiconque, on ne l'avait pas encore forcé à faire quoi que ce soit. Mais Noeh souffrait déjà. Et pour cause : ses vieux démons ne le lâchaient jamais vraiment. Même lorsqu'il se décidait à faire un pas en avant, comme maintenant, ils se trouvaient toujours ancrés dans son palpitant fatigué, prêts à faire une piqûre de rappel s'il commençait à trop oublier sa condition. Ses lèvres laissèrent échapper un soupir bref. Il ne devait pas reculer. Maintenant qu'il se trouvait hors de chez lui, confronté à ce qu'il redoutait le plus, plus protégé par les quatre murs de sa chambre sombre, il ne pouvait pas flancher. Il fallait se forcer. Lance-toi, qu'est-ce que tu risques ? Il était vrai qu'il n'avait plus vraiment grand chose à perdre présentement. Sa jambe ne pouvait plus fonctionner seule, le privant de liberté. Les doigts de sa main ne parvenaient plus à se détendre, l'arrachant à sa passion. Aux yeux de Noeh, non, il n'avait plus rien à abandonner. Ses clés tournèrent dans la porte d'entrée. Voilà, sa décision était scellée, il ne pouvait pas revenir dessus. Alors, Noeh se retourna et laissa la brise fraîche de la journée venir s'échouer contre son visage au fur et à mesure de sa marche presque silencieuse. Il aurait donné n'importe quoi pour passer inaperçu, pour ne pas subir ces airs étranglés et révulsés de l'autre côté des trottoirs, rien qu'une seule seconde. Sa main droite était cachée à l'intérieur de la poche de sa veste. Elle était à l'abri de l'oeil acerbe de la vie. L'étudiant ne pouvait pas se protéger de tout, mais il pouvait essayer de l'être en partie. Le chemin allait être encore long jusqu'au bureau de Matthias, il le savait, son corps aussi. Pourtant, il ne voulait pas s'arrêter. Ses jambes commençaient à fatiguer, son pouls se voulait de plus en plus irrégulier et ses yeux se plissaient sous l'effort, mais sa détermination s'affirmait dans le même temps. Un simple petit aller jusqu'à là-bas n'allait pas le tuer. Surtout que sa motivation première n'était certainement pas le fait d'apercevoir son frère (auquel il adressait très rarement la parole), mais bel et bien pour avoir l'occasion de croiser Pietra. La jeune femme était aux abonnés absents depuis quelques temps dans sa vie et cette simple idée commençait à rendre Noeh irritable et incertain à son sujet. Peut-être n'avait-elle plus envie de le voir ? Peut-être que, comme certains, elle avait fini par ne plus pouvoir endurer la vision désespérante qu'il renvoyait ? Néanmoins, toutes ces questions n'étaient que des suppositions. Le jeune homme n'avait aucune preuve de ce qu'avançaient ses propres interrogations, doutes multiples qui le menaient aujourd'hui à sortir de chez lui pour en découdre pour de bon. Si Pietra désirait ne plus lui parler, bien, mais elle devrait le lui annoncer en face. « Bonjour, je cherche Pietra. » Le ton de Noeh éprouvait le plus grand mal à être courtois. Il ne connaissait aucune des trois personnes qui se trouvaient devant lui, ce qui aurait dû le pousser à se montrer poli, mais il se sentait incapable d'agir autrement et de cesser d'afficher cet air distant. Une mauvaise habitude parmi tant d'autres qu'il avait prises à la suite de son accident. Les regards noirs qu'il reçut comme début de réponse lui confirmèrent qu'il avait mal agi. Il ne percevait qu'une seule chose à travers ces pupilles sombres : les insultes ou les critiques. Deux catégories de pensées qui ne l’atteignaient pas et qui ne l'avaient d'ailleurs jamais atteint de toute sa vie. Noeh avait toujours eu cette faculté à se montrer désinvolte en toute circonstance. Preuve en était qu'il était resté le même sur certains points. S'appuyant sur sa béquille, il patienta quelques instants avant d'enfin obtenir une réponse. Pietra se trouvait chez elle, malade. Arquant un sourcil à cet annonce, une once d'étonnement traversa ses traits avant qu'il ne daigne relever la tête en direction de ses informateurs. « Merci bien. »

Et il reprit sa route. Noeh ne savait plus exactement où habitait son amie, mais il se souvenait avoir déjà fait un tour dans le coin. Il paraissait qu'il devait s'entraîner au maximum à se servir de sa mémoire, dès qu'il en avait l'occasion, afin de réapprendre à se servir de cette dernière au mieux. Il devait la rééduquer, elle aussi. Ce conseil de la part des médecins l'avait fait bien rire, sur le coup. C'était quoi, le secret ? Il allait recouvrer tout d'un coup certains moments volés par Adriel, ou bien ? Le trajet jusqu'au petit habitat de Pietra lui sembla encore plus long que celui pour se rendre au boulot de son frère et elle. Affublé d'une jambe défaillante, les choses semblaient toujours plus compliquées. Par moment, la respiration du jeune homme se faisait saccadée. La voix de l'équipe soignante le rappelait alors à l'ordre. Pas trop vite, Monsieur Callahan, vous allez vous blesser. La moitié du temps, par fierté sûrement, il n'écoutait pas. Et la moitié du temps, par bêtise, il souffrait inutilement. Même si sa condition physique ne lui permettait pas toutes les folies, Noeh s'adorait à défier les autres, comme au bon vieux temps, lorsqu'il en avait l'occasion. Ça lui permettait de se raccrocher d'une certaine manière à cet ancien gars qui parvenait à faire rire les gens dans sa provocation inutile. Ça le faisait sourire, un petit peu, aussi, ce qui était rare depuis son réveil. La béquille toucha une dernière fois le sol avant de s'immobiliser. Il était enfin devant la bonne maison. Du moins, c'était ce que laissait deviner la boîte aux lettres à sa droite à laquelle il venait de jeter un coup d'oeil. Inspirant une grande bouffée d'air frais, Noeh s'avança. Il monta avec difficulté les marches du perron, s'aidant de la rambarde à sa droite en même temps que sa béquille autour de laquelle s'était contractée sa paume gauche. Une fois arrivé en haut, il observa ce qu'il venait de franchir : un petit escalier. Un obstacle qui pouvait paraître simple pour beaucoup mais qui s'avérait être plus qu'un cauchemar pour son corps meurtris. Ses baskets firent grincer le bois. Noeh appuya sa béquille contre le mur près de la porte, afin que ce soit sa main la plus présentable qui se mette à cogner trois coups francs. « Pietra, t'es là ? », appela-t-il alors que ses doigts retrouvaient bien vite leur emplacement sur sa béquille. « Ce sont tes collègues qui m'ont dit que tu étais chez toi ! », expliqua-t-il. Il ne manquait plus qu'elle pense qu'il l'avait suivie ou qu'il s'était renseigné d'une quelconque autre manière pour se la mettre à dos bêtement. Même si, lorsqu'on y réfléchissait bien, le fait qu'il se soit rendu à son bureau pour obtenir des réponses fasse sans aucun doute partie de la catégorie « renseignements hasardeux ». « Il paraît que t'es malade, est-ce que ça va ? », termina-t-il finalement. Si Noeh n'obtenait qu'une réponse lointaine, alors il s'en tiendrait à cela. Mais, au moins, il aurait entendu le ton réconfortant de sa voix pour la première fois depuis un petit moment, et il savait au fond de lui qu'il en avait besoin pour réussir à continuer un peu sans sa présence à ses côtés, avant que le manque et l'absence ne se fassent à nouveau bien vite ressentir.
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MessageSujet: Re: please don't take my sunshine away.   please don't take my sunshine away. Icon_minitimeMer 18 Mar 2015 - 15:29


please don't take my sunshine away
pietra & noeh



Depuis cette nuit plutôt dramatique avec Elijah, Pietra se sentait beaucoup mieux. Au fur et à mesure que le NH24 quittait son système, elle sentait les pertes de contrôle devenir plus brèves et surtout, moins dangereuses. Ce n’était pas un retour à la normale, mais c’était déjà mieux que rien. Pour ce qui était de sa nouvelle puissance, elle avait accepté de subir l’entraînement de Mikael, qui n’avait décidemment rien en commun avec Obi-Wan Kenobi. Leurs sessions avaient été très brèves pour l’instant, puisque l’autre mutant souffrait aussi d’effets secondaires dûs à sa prise du NH24. Chaque fois que Pietra se souvenait que l’homme avait pris le traitement pour l’aider à retrouver Gee’, elle se sentait obligée de lui offrir quelque chose, que ce soit un pack de bières ou un gâteau. A ce rythme, elle allait finir par lui proposer de recoudre les boutons de sa chemise, ou de lui faire un ourlet. Mamie Pietra, une image qui ne l’enchantait guère… Quoi que, cantonné comme elle l’était dans sa maison, elle n’était probablement pas si loin du stéréotype de la vieille dame aux chats. Pour une jeune femme aussi sociable que Pietra, cet isolement était un enfer ; mais tant qu’elle ne se sentait pas prête, elle ne pouvait absolument pas se risquer à sortir, mis à part pour acheter de quoi subsister. Même dans ces situations, prétendre une extinction de voix était la solution qu’elle employait le plus souvent, comme en ce début d’après-midi particulier.

La jeune femme claqua la porte de sa voiture – premier tour dedans depuis qu’elle avait commencé à sentir les effets secondaires de sa mutation décuplée – et ajusta ses lunettes de soleil. Ce dernier ne brillait pas particulièrement fort, mais elle était toujours très sensible à la lumière, et préférait éviter de retomber dans une migraine. Avec ses lunettes, son grand chapeau mou, sa jupe blanche évasée et son chemisier bleu à fleurs brodées, elle avait plus l’air d’une vacancière que d’une convalescente. Verrouillant son automobile, la jeune femme se dirigea rapidement vers sa porte d’entrée, jonglant entre les sacs de courses et son trousseau de clés. Arrivée à l’intérieur, elle posa ses sacs dans la cuisine et rangea rapidement leur contenu. Dix minutes plus tard, elle s’affalait sur le canapé, épuisée. Un coup d’œil à sa montre l’informa qu’il était environ quinze heures – elle avait tout l’après-midi pour décompresser, alléliua. La brune se débarrassa joyeusement de son chemisier, qui était tout juste trop cintré pour un confortable après-midi devant la télévision. Elle s’apprêtait à allumer ledit appareil lorsque trois coups résonnèrent. « Mais c’est pas vrai… » grommela-t-elle, une main tendue pour récupérer le chemisier qu’elle venait à peine d’ôter. C’était comme si son invité surprise avait attendu sagement derrière la porte pour trouver le moment le plus inopportun pour s’annoncer. Elle hésitait à crier ‘je suis à poil, cassez-vous !’ ou au contraire ouvrir la porte en soutien-gorge lorsque une voix bien connue se fit entendre. «Pietra, t'es là ? » « No… Noeh ? » bégaya-t-elle, entièrement prise de court. De toutes les personnes qui auraient pu frapper à sa porte en cet après-midi, Noeh était à la fois le plus et le moins bienvenue. La brune se leva en vitesse, enfilant son haut du mieux qu’elle pouvait, manquant de boutonner mardi avec jeudi au passage. Très élégante, vraiment.

Derrière la porte, Noeh continuait à parler, visiblement nerveux. «Ce sont tes collègues qui m'ont dit que tu étais chez toi ! » expliqua-t-il, ce qui lui tira un léger sourire. Il était passé la voir au travail ? Puis elle se souvint que Matthias serait sans doute aux laboratoires aujourd’hui, et son sourire fléchit – il était sans doute passé voir son frère, et avait opéré un détour sur le moment. Même si cela n’expliquait pas pourquoi il avait ensuite continué son chemin jusque chez elle. «Il paraît que t'es malade, est-ce que ça va ? » fut sa dernière phrase avant que Pietra n’ouvre enfin la porte, et remplace la planche de bois à qui parlait le jeune homme par son visage nettement plus expressif. « Noeh, rentre… » dit-elle, s’effaçant pour lui laisser la place de passer. Un quart de seconde plus tard, elle s’empressait d’ajouter « Enfin, si tu veux, fais comme tu le sens... » La mutante grimaça. Elle n’avait pas fait une phrase entière qu’elle se mettait déjà à donner des ordres – intentionnels peut-être, mais son don n’était pas toujours très au fait sur les us et coutumes de la grammaire. Elle jeta un regard inquiet en direction de Noeh, cherchant un quelconque aspect vitreux à son regard. Ne voyant rien d’anormal dans ses doux yeux bruns, elle se retint d’émettre un soupir de soulagement. L’instant d’après elle manquait se de prendre les pieds dans son chat, qui avait décidé de venir miauler entre ses pattes. Elle laissa s’échapper un petit rire et murmura des excuses, attrapant la bête avant qu’elle ne vienne se frotter contre la béquille du garçon et ne le fasse s’écrouler sur son tapis.

Caressant le siamois comme un méchant dans un film James Bond, elle laissa Noeh s’installer sur son canapé, notant au passage qu’il avait l’air plutôt exténué. Avait-il marché depuis le laboratoire, ou était-ce simplement le petit escalier de sa véranda qui l’avait autant affecté ? « Ça va ? Tu veux quelque chose ? » demanda-t-elle, désignant sa panoplie d’antidouleurs étendue sur la table. « Comme tu vois, j’ai braquée une pharmacie la semaine dernière, alors je ne manque pas… » Sa plaisanterie cachait sa nervosité. Noeh dans sa maison, assis sur son canapé, c’était une bombe à retardements, comme laisser une allumette à côté d’un bâton de dynamite.  Pourtant, elle ne pouvait se décider à le faire partir. Déjà parce qu’il devait bien se rendre compte qu’elle n’était pas aussi ‘malade’ qu’on la croyait, ou du moins, ce n’était pas un mal ordinaire. Mais aussi parce que le voir là, avec son visage pâle aux cernes mauves, lui donnait plus envie de jeter une couette sur eux et regarder des séries pourries sur Netflix qu’autre chose. Et puis, Mikael lui avait dit qu’elle devait s’entraîner… Quel meilleur entraînement que de discuter avec Noeh ? Si elle pouvait se contrôler autour de lui, elle pourrait le faire avec n’importe qui. Aussi s’assit-elle délicatement sur le bord d’un fauteuil, soudainement très consciente de chacun de ses gestes. Une main dans le pelage de Roy, l’autre jouant avec ses propres cheveux, elle prit une inspiration et dit d’une voix contrôlée : « J’ai pris un congé maladie pour le mois… C’est un peu compliqué à expliquer. » Elle fit un geste qui signifiait à peu près ‘j’espère que tu me pardonnes’, priant intérieurement pour que l’explication moins que satisfaisante suffise.

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Noeh Callahan
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MessageSujet: Re: please don't take my sunshine away.   please don't take my sunshine away. Icon_minitimeVen 20 Mar 2015 - 0:36

Noeh resta planté là. Appuyé sur sa béquille, le cœur prêt à le lâcher d'une seconde à l'autre et l'âme en suspend. Il devenait plus nerveux que jamais, ce qui avait le don de redoubler son incertitude. C'était autorisé, au moins, de débarquer de la sorte chez une personne malade ? C'était permis, c'était conseillé ? L'ancien joueur de piano n'en avait aucune fichue idée. Rien de tout cela ne lui était venu à l'esprit avant de venir. A présent qu'il se trouvait devant la porte, à attendre une réponse qui ne viendrait sûrement pas, les bonnes interrogations faisaient leur chemin dans son esprit. Pourtant, d'habitude, il n'était pas du genre esprit lent : mais, pour le coup, Noeh pouvait se darder d'avoir battu un petit record. Pietra pouvait être en train de dormir, ou en train de lutter contre des maux de ventre ou de tête. Elle n'avait peut-être envie de recevoir personne dans cet état-là. Après tout, n'était-ce pas lui qui, ces derniers temps, refusait la compagnie de toutes les personnes de son entourage alors qu'il entrait lui-même dans la catégorie « malade » ? Si, bien sûr que si. L'idée de pouvoir passer un peu de temps aux côtés de Pietra avait eu raison de toute sa maigre logique. L'étudiant avait l'impression que les secondes étaient en train de se transformer en d'interminables journées. Aucune réponse ne lui parvenait, rien, pas de bruit, ni d'indice attestant d'une quelconque présence de  son amie dans cette maison. Son cœur commençait à se tasser sur lui-même. La déception était grande. Pour une fois qu'il osait sortir, pour une seule et unique fois où il se poussait à mettre le pied dehors, pour une fois qu'il ne demandait qu'à simplement entendre sa voix, si ce n'était même sa respiration apaisante ou son rire rassurant, la vie se dressait contre lui. Son amie pouvait aussi être sortie, au lieu de dormir ; peut-être était-elle même aller faire un tour chez le médecin et qu'elle ne reviendrait pas avant des heures. Les doigts courbés de la main droite de Noeh commencèrent à se réavancer vers le bois, juste de quelques millimètres, prêts à réitérer son geste. Mais il se rappela à l'ordre avant de commettre un geste idiot qu'il regretterait. Jamais il n'avait été du genre à harceler les autres, ce n'était pas aujourd'hui que cette manie allait le gagner. Son visage s'abaissa alors vers ses baskets. Qu'il avait l'air ridicule, à continuer à espérer, à se raccrocher à cette folle perspective que Pietra ne se trouvait pas loin de lui. Secouant la tête, Noeh la releva vers la porte au même moment où cette dernière s'ouvrait enfin. Presque abasourdi, son corps tout entier sentit une vague de soulagement déferler en lui. Son invitation à entrer lui arracha un faible sourire, vestige du long effort qu'il venait de produire quelques minutes auparavant.  

« Maintenant que je suis là, pourquoi pas entrer ? », fit-il de sa fameuse voix qui, parfois, retrouvait cette certaine forme de provocation naturelle qui lui seyait si bien. Le jeune homme ne se le fit donc pas proposer deux fois et passa devant Pietra qui s'affaira à refermer la porte derrière lui. Le plancher de la pièce grinça quelque peu sous son poids. Sa béquille produisait toujours le même son irrégulier, soudain. Tout dépendait de la vitesse à laquelle il réussissait à avancer. Le chat de son amie manqua d'ailleurs d'en faire les frais. Noeh observa l'animal se précipiter aux pieds de sa maîtresse en secouant la tête. Un soupir douloureux s'échappa de ses lèvres lorsqu'il put enfin s'asseoir sur le canapé. Depuis son réveil, l'étudiant avait dû apprendre à gérer le temps où il se trouvait debout. Après la promenade exceptionnelle et déterminée qu'il venait de faire, les conséquences allaient être inévitables. Cependant, c'était le doux prix à payer pour pouvoir apercevoir un visage aussi angélique que celui de Pietra Nelson-Byrd et il ne le regrettait pas. L'inoubliable question parvint à ses oreilles. S'il allait bien ? Jetant un regard à la demoiselle, sa tête pencha en arrière avant de toucher le dossier du fauteuil. De quoi avait-il l'air, là, exactement ? D'un gars plein de santé, ou d'un mec complètement épuisé ? Non, parce que si la deuxième option était la bonne, il était heureux de pouvoir offrir une image aussi positive de sa personne dans une période où rien ne s'arrangeait pour son état. Toutefois, ce regard qu'il venait de lui adresser, il l'aurait adressé à n'importe qui aurait prononcé une nouvelle fois ces mots à son attention. La  jeune femme ne devait pas s'en faire, c'était son seul moyen de se protéger, la plupart du temps. Observant alors les médicaments de Pietra étalés sur la table basse devant eux, Noeh ne put s'empêcher d'arquer un sourcil. « C'est ce que je constate. » Il la soupçonnait même d'avoir attaqué plusieurs pharmacies dans un même temps. Même lui ne détenait pas autant de choix dans son propre stock. Un sourire bref s'incrusta sur ses lèvres, avant de disparaître presque aussitôt. Déceler une simple mimique rieuse et permanente sur ce visage abîmé par la fatigue relevait dorénavant du miracle, en partie parce que sourire pouvait être interprété comme le signe que son moral était en train de s'améliorer, ce qui n'était pas le cas. « J'ai ma propre pharmacie à la maison avec tout ce que je dois prendre pour la rééducation et la douleur, t'en fais pas. » Puis, enfin, Pietra laissa entendre un début de réponse quant aux questions qu'il avait prononcées alors que la porte d'entrée les séparait. L'attention de Noeh pour elle redoubla alors. Pourquoi avait-elle eu besoin de prendre congé pour un mois entier ? Était-ce si grave que ça ? Que se passait-il de si terrible pour qu'elle souhaite à ce point éviter le sujet ? L'étudiant détestait entendre les termes « compliqué » et « expliquer » dans la même phrase. Encore plus lorsqu'elle sortait de la bouche de la jeune femme. Même si, en ce moment, Noeh n'était pas le meilleur pour venir en aide aux autres, il y avait certaines personnes pour lesquelles il n'avait pas envie d'être simplement le revenant d'une mauvaise rencontre avec un transmutant. Il voulait être le même, à ses yeux, l'exacte même personne qu'il était avant son accident. La simple idée de pouvoir constater quelque chose de différent au fond du regard de son amie était insupportable pour lui. Alors, malgré son cœur en train d'affoler son corps entier sous l'angoisse intérieure à laquelle se retrouvait confronté son esprit, Noeh avait besoin d'être présent pour elle. Accrochant ses prunelles aux siennes, on ne pouvait pas faire plus sincère que ce qu'il allait dire. « Tu veux en parler ? J'ai tout mon temps. » Et ce n'était pas un mensonge. Personne ne se trouvait chez lui actuellement, personne ne se rendrait compte de son absence, personne n'allait le chercher. Il était pour une fois libre, ou presque, de ses mouvements. Les doigts de sa main gauche commencèrent alors à desserrer avec précaution sa béquille, qu'il réussit à faire tenir contre le canapé. Son autre main était partie depuis longtemps se cacher dans la poche de sa veste, en lieu sûr, loin du regard de Pietra. « Mais avant que tu commences, je crois que mon corps ne serait pas contre un verre d'eau finalement, si ça ne t'embête pas. » Une manière pour lui de lui laisser l'opportunité de réfléchir à comment elle allait pouvoir lui présenter son état, qui apparaissait plus grave qu'il ne l'imaginait, mais aussi une façon comme une autre d’immiscer dans son esprit l'idée qu'il n'était pas près de quitter les lieux.
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MessageSujet: Re: please don't take my sunshine away.   please don't take my sunshine away. Icon_minitimeVen 20 Mar 2015 - 16:02


please don't take my sunshine away
pietra & noeh


« C'est ce que je constate. » dit-il, sourcil arqué et – pendant un bref instant – le sourire aux lèvres. Ce fut bref, mais le simple fait d’avoir réussi à lui tirer une vague expression d’amusement affola le cœur de la brune. « J'ai ma propre pharmacie à la maison avec tout ce que je dois prendre pour la rééducation et la douleur, t'en fais pas. » Oui, enfin, sa maison était plutôt loin… Mais Pietra ne dit rien, sachant pertinemment que Noeh détestait se sentir cajolé. Elle pouvait comprendre, ayant passé un été à l’hôpital, lors de ses dix-sept ans. Le souvenir des évènements de ces mois-là la fit frissonner. L’anévrisme qu’elle et Gee’ avaient accidentellement infligé au garçon d’écurie, et surtout les mois qu’elles avaient passé à s’entraîner sur lui étaient bien trop similaires aux évènements ayant si violemment affecté Noeh. Certes elles avaient choisi le garçon pour son arrogance et son comportement odieux envers elles et les autres filles des alentours, mais la mutante savait bien que ces justifications ne valaient que lorsqu’elle avait été trop jeune pour comprendre l’étendue de son pouvoir. Presque huit ans s’étaient écoulés depuis cet accident, et pourtant sa culpabilité ne disparaissait pas. Pire, depuis que Salomé lui avait parlé d’Adriel, elle s’était développée, pourrissant sa relation avec Noeh jusqu’à ce qu’elle ne se sente obligée de couper contact. Ou du moins, elle avait tenté de prendre ses distances ; mais la présence du jeune homme sur son canapé montrait bien combien c’était manqué.

Mordillant sa mèche de cheveux, Pietra fixait Noeh d’un regard presque suppliant. ‘Ne m’en demande pas plus’, aurait-elle voulu rajouter, mais elle avait trop peur de lui forcer la main. Une part d’elle aurait voulu dire la vérité à Noeh, mais trop de ‘et si’ s’y opposaient pour qu’elle osa lui faire un aveu qu’il méritait pourtant. Elle qui n’avait jamais pensé que sa mutation en concernait un autre qu’elle voyait soudain apparaître en lui un contre-exemple plus que convaincant. Continuer à le côtoyer, à lui parler, lui sourire alors qu’elle savait ce qu’il avait vécu, lui semblait une trahison impardonnable. Non seulement il ne savait pas que Salomé lui avait tout avoué – ce qui était déjà assez contentieux, lui qui était si sensible sur le point de son ‘accident’ –  mais en plus elle portait le même gène que l’homme responsable de tous ses maux. Elle ne vaudrait pas mieux que lui aux yeux de Noeh, s’il venait à le découvrir. Une nouvelle manipulatrice attirée par sa destruction mentale, une fausse amie qui, loin de lui offrir un espoir de renouveau, s’apprêtait à le tirer de nouveau dans un enfer dont il s’était à peine tiré vivant, la première fois. Elle ne s’attendait pas à ce qu’il la croit, si elle tentait de lui expliquer son innocence, ses bonnes intentions. Et après tout, comment croire une seule parole sortant de ses lèvres après qu’il sache ce qu’elle était réellement ? Même s’il la croyait, il pourrait y voir une manipulation, l’influence de la jeune femme sur son cerveau, un nouveau tour qu’on lui jouait. Toute confiance serait perdue, irrémédiablement.

Inconscient du précipice vers lequel il les poussait, Noeh continua. « Tu veux en parler ? J'ai tout mon temps. » Pietra n’avait pas besoin d’être capable de contrôler les gens pour savoir qu’il ne s’agissait pas réellement d’une question. Il n’était pas venu simplement pour lui faire du bouillon de poulet et lui tenir la main tandis qu’elle guérissait. La jeune femme ne savait pas grand-chose du Noeh d’avant, du fantôme qui hantait le Noeh qu’elle connaissait aujourd’hui et tous ses proches, mais elle était prête à parier qu’il était sacrément têtu. Ce trait, au moins, il semblait l’avoir gardé. « Mais avant que tu commences, je crois que mon corps ne serait pas contre un verre d'eau finalement, si ça ne t'embête pas. » « Si c’est ton corps qui le demande… » dit-elle en se relevant. Elle lui jeta un petit sourire avant de disparaître dans la cuisine, où ledit sourire fondit bien vite. Elle allait avoir du mal à s’en tirer avec des semi-explications, ou même prétexter une grande fatigue et lui demander de partir. Noeh était trop intelligent pour qu’une feinte aussi visible ne réussisse, et surtout, elle n’avait pas envie de le blesser davantage. Peut-être aurait-elle du passer outre sa réticence, mais c’était plus fort qu’elle : l’idée d’intentionnellement lui faire du mal  - même si c’était pour son bien – la révulsait. Surtout, elle ne pouvait se résoudre à accepter qu’il quitte sa maison en pensant du mal d’elle, ou qu’elle n’appréciait plus sa compagnie. L’idée même lui tordait le cœur.

La jeune femme soupira, avant de fermer le robinet. Elle prit le verre d’eau dans une main et de l’autre ouvrit un placard, en sortant un paquet de biscuits que Noeh avait à moitié démoli, la dernière fois qu’il était là. Le tout fut posé sur la table, après qu’elle eut balayé une partie de ses antidouleurs. Elle observa Noeh d’un regard nerveux, tentant malgré tout de rester souriante. Il était déterminé, elle le lisait dans chacun des traits de son visage, du durcissement de son regard à la courbure de ses lèvres. Pietra s’assit à côté de lui,  et ne dit rien pendant un bon moment. Elle se contenta de rester là, à le fixer de son regard bronze, se demandant si elle n’avait pas une information suffisamment excitante pour changer le sujet. ‘Tu savais que je couchais avec ton frère, avant ?’ aurait sans doute l’effet désiré, mais… Elle n’était pas encore désespérée à ce point là. « Tu sais que j’ai des migraines… » finit-elle par dire. Salomé lui en avait sûrement parlé, et elle n’était pas entièrement sûre qu’elle ne l’ait pas mentionné aussi, une fois au moins. « Depuis que je suis toute petite, elles arrivent et peuvent durer des jours et des jours. Des vraies migraines, avec des étourdissements et des nausées et la sensation que la moindre lumière est une aiguille qu’on enfonce dans mes rétines… » Elle fit un geste en direction de sa table basse, dont la collection d’antidouleurs en devenait un peu moins étrange.

« Depuis que je suis à Radcliff, ça s’était amélioré, peut-être le changement d’air ou une autre bêtise du genre. Tu connais aussi bien les fausses explications des médecins que moi. » ajouta-elle avec un léger sourire. « Mais au début du mois, j’ai subie ma pire attaque. Une semaine alitée. Mes… parents m’ont conseillé de tenter un remède… expérimental, et au début ça allait mieux. Je suis retournée travailler, puis il y a eu des… complications. Les migraines sont revenues, avec en plus des convulsions, vomissements, bref je te passe les détails. J’ai pris un mois de congé avec l’accord d’un médecin, le temps que le médicament ne soit entièrement sorti de mon système, et que les migraines ne se calment. » Voilà, c’était dit. Une version un peu censurée – le « médecin » plus ou moins douteux, elle l’avait trouvé grâce à Seth, et elle n’était certainement pas prête à considérer lui ou Mikael comme ses ‘parents’ adoptifs, mais elle n’avait pas trop eu le choix. Avec un peu de chance, Noeh ne ferait pas le lien entre la chronologie qu’elle venait de lui donner, et la présence du NH24 sur le marché…

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Noeh Callahan
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MESSAGES : 2577
SUR TH DEPUIS : 15/03/2015
MessageSujet: Re: please don't take my sunshine away.   please don't take my sunshine away. Icon_minitimeLun 23 Mar 2015 - 1:10

Noeh sentait bien que Pietra n'avait pas forcément envie de ressasser tout ça. Lui-même n'aimait pas lorsqu'on s'acharnait à vouloir découvrir ses moindres ressentis quant à ses douleurs ou ses problèmes. Il préférait lorsqu'il ne recevait aucun questionnement, pas même des regards peinés. Dans ces cas-là, il s'adorait à dire que « rien » était bien mieux que « tout » ; preuve en était les nombreux silences qui faisaient office de réponses de sa part lorsqu'on lui en demandait un peu trop. Pourtant, à présent que l'étudiant se trouvait aux côtés de son amie, sa détermination n'en était que plus renforcée. Les mots énigmatiques qu'elle avait prononcés en guise de réponse à ses interrogations le laissaient plus que sur sa faim. Des dizaines de pensées lui traversèrent même l'esprit. Dont la plus récurrente : disait-elle la vérité ? Était-ce si compliqué à expliquer ou bien avait-elle peur de l'embêter ? Peut-être que personne n'avait cherché à quémander de ses nouvelles avant et que dorénavant la jeune femme n'osait plus se livrer sur le sujet. Noeh sentait qu'il ne pouvait pas la laisser seule dans une telle période. Son regard la suivit lorsqu'elle quitta la pièce où ils se trouvaient pour se rendre dans sa cuisine. Ses lèvres commençaient à devenir sèches, bien évidemment, mais il essayait de la préserver un peu de toutes les choses qui traversaient son esprit à lui et qui menaçaient de lui tomber dessus s'il ne réfléchissait pas un instant. Au premier abord, Pietra ne semblait pas avoir pris ses distances avec lui pour les raisons auxquelles il avait songé. C'était si facile de se faire des idées sur ce que pouvait ressentir les autres, parfois. L'ancien joueur de piano ne faisait que cela désormais. Il devinait, anticipait, appréhendait. Il se préparait inexorablement à perdre certaines personnes dans cette nouvelle vie qui ne laissait pas de place à la personne qu'il avait été avant. Noeh sentait le changement. Il le subissait physiquement et l'endurait moralement. Il souffrait de la façon dont il se mettait de plus en plus à traiter les autres, mais il n'avait déniché que cette solution pour ne plus supporter trop de choses à la fois. C'était plus fort que lui. Toutefois, quelques personnes parvenaient à garder une place singulière dans son existence. La jeune femme chez qui il se trouvait en faisait partie. Parce qu'elle, contrairement à Salomé ou à Aspen, elle connaissait un peu moins le Noeh d'avant et n'avait d'autres possibilités que de se baser sur l'image qu'il avait à montrer aujourd'hui, sans un trop grand appui du passé. Et cette simple idée encourageait l'étudiant à ne pas trop aggraver les choses avec elle.

Son regard s'ancra un instant dans le sien lorsqu'elle passa l'encadrement de la porte qui menait à la pièce suivante. Ce verre d'eau ne serait vraiment pas de trop. Puis, il constata avec un air étonné qu'elle avait également emporté un paquet de gâteaux qu'ils avaient entamé la dernière fois qu'il était venu jusqu'ici. Sans même en avoir encore un en bouche, Noeh se souvenait de leur goût. Ces sablés faisaient partie de ses préférés. Ils se voulaient granuleux au début puis moelleux sur la fin. La saveur noisette qui s'en dégageait alors s'insinua dans sa mémoire. Il s'en souvenait. Il percevait soudainement ce qu'il ressentait auparavant en glissant un de ces biscuits au creux de ses dents enjouées et son cœur manqua un battement. Un souvenir. C'était un souvenir lointain qu'il avait là. Quelque chose qu'il pensait ne plus vraiment être capable de se remémorer après le passage d'un Adriel dévastateur dans son esprit et son âme. Ça paraissait tout bête, de se réjouir de la sensation que produisait un gâteau contre ses papilles, mais ça représentait beaucoup pour lui. Tellement, même. « Merci », souffla-t-il d'un voix quelque peu étranglée. Noeh se maudit instantanément. Il ne devait pas montrer de tels signes de faiblesse devant une simple boîte de biscuits, ça devenait idiot. Mais peut-être que Pietra comprendrait, ou qu'elle n'y prêterait d'ailleurs aucunement attention. La deuxième option obtenait tous les suffrages du côté de Callahan. Sa main gauche vint d'abord se saisir du verre d'eau, dont quelques gorgées atterrirent entre ses lèvres, avant qu'il ne le repose doucement et que ces mêmes doigts ne se débrouillent à ouvrir le paquet de biscuit et ne se saisissent d'un premier trésor doré. Sa main droite n'avait pas bougé, toujours fermement enfermée dans la poche de sa veste. « Ces gâteaux sont toujours aussi excellents. » Cependant, malgré le léger enthousiasme qui se dénotait de sa voix, Noeh ne parvenait pas à sourire. Cette pensée évocatrice, en plus d'avoir une touche de plaisir, possédait dans le même temps un arrière-goût de mauvais rappel. Tout ce qui lui était arrivé était de sa faute, comme si ses parents lui avaient appris ne serait-ce qu'un seul jour à faire confiance dès le début à une personne. On lui répétait que ce n'était pas lui, que le pouvoir d'Adriel avait été plus fort que tout, beaucoup plus puissant que sa pauvre carcasse. Mais ça ne passait toujours pas pour Noeh, la culpabilité le poursuivait encore et toujours. « Ouais, tu m'en avais parlé. » Les migraines de Pietra avaient toujours préoccupé Noeh. D'une certaine manière, il avait constamment cherché à lui changer les idées lorsque les choses commençaient à mal aller pour elle, et souvent, ça fonctionnait. L'ancien pianiste n'avait pas besoin de faire trop d'efforts pour faire rire ou pour faire changer les idées aux autres, avant, c'était presque naturel chez lui. Il détenait cette faculté à tout effacer de son sourire en coin. A présent, il se retrouvait face au mur. Il ne pourrait jamais réellement faire quelque chose pour aider Pietra à lutter contre ses migraines. « D'accord, je vois. » Le jeune homme avala sa dernière bouchée de gâteau. Ce qu'elle venait de lui avouer lui avait coupé l'appétit. Durant tout ce temps, elle souffrait, endurait un mal physique qu'il ne pouvait pas imaginer, trop égoïste qu'il était à endurer lui-même les siens dans les recoins sombres de sa chambre. Un soupir s'évada de ses lèvres. Il s'en voulait. Il se détestait de poursuivre sur son idée première, mais il avait besoin d'être certain que ce qu'elle lui révélait avec ce qui semblait être une sincérité sans borne n'était pas au final que des mots pour éviter la vérité sur la raison de son éloignement. « Tu sais, un- Un moment j'ai pensé que c'était moi qui... », débuta-t-il de ce ton bien moins assuré qu'il n'aurait jamais utilisé lorsqu'il était encore capable de jouer de son instrument favori ou de marcher sans aide. « Que j'avais fait quelque chose qu'il ne fallait pas. Mis à part me jeter par cette fenêtre, bien sûr. Je veux dire avec toi. » L'humour noir n'était peut-être le meilleur moyen d'amener le sujet sur le tapis. « Je ne suis pas facile à vivre, je le conçois, mais je ne veux pas que ça se mette entre nous. J'ai besoin de pouvoir compter sur toi et- et si- je comprendrais que tu ne supportes pas de rester avec moi trop longtemps. » Son visage acquiesça de lui-même tandis que ses prunelles concernées dérivaient dans les siennes. « Ma mère a du mal aussi », avoua-t-il. Par chance, sa famille lui permettait de pouvoir se préparer à toutes les éventualités de réactions quant à son nouvel état physique. C'était un point positif comme un autre au milieu de cette nouvelle existence désarmante. « Elle ne supporte pas de me voir marcher avec cette béquille à la main ou encore éviter le piano dans le salon du regard. » Rien qu'à l'entendre, il était vrai que l'ambiance qu'il faisait régner chez les Callahan n'était pas au beau fixe. Néanmoins, si Noeh faisait subir cette même sensation de mal-être à Pietra, elle ne devait pas se cacher derrière ses migraines et lui dire tout ce qu'elle avait sur le cœur. « Alors je peux comprendre si c'est le cas pour toi aussi. J'ai juste besoin de le savoir. J'ai juste besoin de me dire que, si ce que je viens de dire résonne vrai pour toi aussi, tu seras assez sincère avec moi pour me le dire. » Lorsqu'il serait fixé, l'étudiant pourrait enfin savoir s'il pouvait se comporter comme l'ami qu'il avait envie et besoin d'être pour elle et quémander pour de bon ce qu'il pouvait tenter de faire pour lui venir en aide.

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MessageSujet: Re: please don't take my sunshine away.   please don't take my sunshine away. Icon_minitimeMar 24 Mar 2015 - 13:11


please don't take my sunshine away
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Petra observa sans commenter la réaction de Noeh face au paquet de biscuit, puis sa main gauche tentant d’ouvrir seule ledit paquet, main droite toujours fichée dans sa poche. Elle avait déjà vue cette main figée par sa chute, mais seulement lorsqu’il n’avait pas eu d’autre choix que de la sortir. Intérieurement, elle aurait aimé qu’il se sente suffisamment à l’aise auprès d’elle pour ne pas chercher à cacher les séquelles de son accident ; cependant elle sentait que c’était encore trop personnel pour lui, et que la personne la plus mal à l’aise face à ce corps qui ne lui obéissait plus totalement, c’était lui. Elle se contenta donc d’attraper à son tour un biscuit, et d’y croquer à pleine dents. Entre deux bouchées, elle attendait de voir comment il réagirait à ce qu’elle venait de lui dire. La mutante s’attendait à de nouvelles questions, ou à une expression de sympathie ; à la place, elle eut un simple « D'accord, je vois. » qui manqua de la faire soupirer de soulagement. Un son similaire sorti des lèvres de Noeh, à sa grande surprise. Le dévisageant, elle chercha en vain une explication à son soudain attristement, qui ne lui semblait pas lié à ses aveux. Noeh pouvait peut-être compatir à ce qu’elle avait souffert, mais il était trop épineux quant à sa propre situation pour s’exprimer de cette façon face à celle d’une autre.

Au bout de quelques instants, il ouvrit enfin la bouche, et le tremblotement de sa voix serra la gorge de Pietra. « Tu sais, un- Un moment j'ai pensé que c'était moi qui... Que j'avais fait quelque chose qu'il ne fallait pas. Mis à part me jeter par cette fenêtre, bien sûr. Je veux dire avec toi. » La brune porta une main à sa bouche, tentant d’étouffer le sorte de miaulement de douleur qui manqua de s’en échapper. Comment avait-elle pu manquer de prévoir la manière dont Noeh interpréterait sa disparition soudaine ? Elle avait réagi instinctivement, trop horrifiée par la situation pour penser plus loin que ce qu’elle devait faire. Et ce faisant, elle avait oublié que son ami, n’ayant pas toutes les informations en sa possession, serait obligé de tirer des conclusions lui-même. Conclusions qui ne faisaient que renforcer la haine et le dégoût qu’il nourrissait contre lui-même, et qu’elle avait tenté de combattre. D’ailleurs, l’étudiant s’était lancé sur cette lignée. « Je ne suis pas facile à vivre, je le conçois, mais je ne veux pas que ça se mette entre nous. J'ai besoin de pouvoir compter sur toi et- et si- je comprendrais que tu ne supportes pas de rester avec moi trop longtemps. » Elle se força à soutenir son regard, même si elle sentait déjà les larmes humidifier ses yeux. « Noeh… » murmura-elle, avant de s’interrompre : il n’avait pas fini. « Ma mère a du mal aussi. Elle ne supporte pas de me voir marcher avec cette béquille à la main ou encore éviter le piano dans le salon du regard. »  Pietra attrapa la main gauche de Noeh, la serrant sans réfléchir. Elle se forçait à ne pas l’interrompre, à ne pas lui crier qu’elle était désolée, qu’elle n’avait jamais voulu le quitter, et surtout qu’elle n’avait jamais pensées toutes ces choses dont il avait peur. Il avait visiblement besoin de les dire, et elle lui devait de les écouter sans broncher.

« Alors je peux comprendre si c'est le cas pour toi aussi. J'ai juste besoin de le savoir. J'ai juste besoin de me dire que, si ce que je viens de dire résonne vrai pour toi aussi, tu seras assez sincère avec moi pour me le dire. » conclut-il. « Oh, Noeh. » souffla la jeune femme, resserrant un peu plus sa main autour de celle du garçon. « Je suis tellement désolée de t’avoir laissé penser ça, si tu savais… Ce n’était pas mon intention. » Elle se tut un petit moment, cherchant à reprendre le dessus sur ses émotions. Elle avait le cœur qui battait fort contre ses côtes, entre l’émotion qu’il venait de lui insuffler et l’appréhension de ce qu’elle pouvait lui répondre. Elle finit par tenter : « Je ne connais pas le Noeh d’avant, et sincèrement je m’en fiche. Ta béquille, ta main, tes moments de mauvaise humeur, pour moi ça va de pair avec ta tendance à démolir mes stocks de biscuits et ton incapacité à apprécier le cubisme. Je prends le tout. » Un sourire timide se dessina brièvement sur ses lèvres. « Je ne suis pas prête de te faire un speech sur le besoin de t’accepter comme tu es, à part entière… J’en ai déjà entendu assez pour savoir à quel point ils sont insupportables. Mais ce n’est pas ton fichu caractère qui m’a fait fuir, promis. » Intérieurement, elle grimaçait. Elle sentait toutes les failles, les ellipses et les esquives de son discours, effritant sa sincérité comme une armée de termites. Tout ce qu’elle avait dit était vrai, et pourtant elle ne pouvait s’empêcher de penser à combien cela sonnait comme une promesse de retour à la normale, alors qu’elle savait que c’était impossible.

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Noeh Callahan
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MessageSujet: Re: please don't take my sunshine away.   please don't take my sunshine away. Icon_minitimeSam 28 Mar 2015 - 17:08

Noeh n'avait pas réalisé de suite. Perdu dans ses pensées douloureuses, se forçant à être capable d'accepter le fait que Pietra n'avait peut-être plus envie de le compter dans l'équation de sa vie, il n'avait pas prêté attention au geste de la jeune femme. Pourtant, lorsqu'il eut terminé, la pression qu'exercèrent ses doigts contre sa paume légèrement tremblante sous l'effusion d'émotions qui s'était faite dans son esprit, son regard fut inévitablement attiré vers leurs deux mains serrées l'une contre l'autre. Ce contact rassurant accapara même son attention quelques instants. Il observa, détailla chaque parcelle de leurs peaux côte à côte et ancra cette vision en plein cœur de ses souvenirs. Jusqu'à enfin entendre en retour la voix de la jeune femme près de lui. Le regard de l'étudiant n'osa tout d'abord pas s'élever en direction du sien. Son visage resta tourné vers de la table basse proche de ses jambes, préférant laisser ses tympans percevoir chaque note de la voix de Pietra sans autre artifice visuel. La sincérité qui s'en dégageait accéléra légèrement les battements de son cœur. Un soulagement peut-être trop précoce se logea alors dans ce dernier. Si elle pensait réellement ce qu'elle était en train de lui dire, il ne pourrait pas être plus apaisé. Son amie disait se ficher de celui qu'il avait pu être avant. Cette simple phrase avait suffi à faire passer dans ses prunelles verdoyantes un éclair nouveau de bien-être comme il était si rare pour lui d'en éprouver dernièrement. Sa propre main avait envie de presser la sienne à son tour, dans une initiative nouvelle, mais il la réprima bien vite. Son émotion ne devait pas prendre le pas sur ses réflexions et il n'avait pas pour ambition de la placer dans un état de gêne inutile. Puis, enfin, un dernier mot : promis. Une grande inspiration pénétra dans les poumons de Callahan. Tous ces mots qui s'étaient enchaînés faisaient dorénavant partie de sa vie, de son existence, et il n'était pas prêt à les laisser filer. Pietra était l'une des seules pour laquelle il se souciait véritablement de l'impact qu'il pouvait avoir. Osant enfin tourner son visage vers elle, un bref sourire rassuré glissa sur ses lèvres. « D'accord », souffla-t-il doucement. Après leur début de conversation plutôt amicale et sympathique ou presque, il était vrai que tout ce qu'il venait d'avouer les plaçait dans une situation plus périlleuse et délicate. Néanmoins, Noeh sentait qu'il pouvait se permettre de respirer à nouveau comme il en avait envie. Cette appréhension qu'il possédait en claudiquant jusqu'au bureau de Pietra, puis jusqu'ici, n'était plus. Comme envolée, disparue, effacée. Par sa réponse immédiate et sincère, la demoiselle avait fait s'évaporer tous les maux que possédait Noeh quant à leur amitié qui commençait possiblement à s'effriter. Depuis son accident, il était vrai qu'il favorisait les suppositions plutôt que la vérité par rapport aux pensées des personnes qui l'entouraient. Il préférait en fait prévenir plutôt que de mal guérir par la suite. Il y avait beaucoup de choses qu'il avait appris depuis sa sortie de l'hôpital, et celle-ci en faisait partie. Acquiesçant faiblement, il devinait au regard de son amie qu'elle était également soulagée de voir que tout ce qu'il pensait de cet éloignement et suppositions avait quitté son esprit. « Merci Pietra. » Laissant son dos rencontrer à nouveau le dossier moelleux du canapé sur lequel il était installé, son regard retrouva brièvement le sien, incapable de résister à l'envie de s'y plonger alors que quelques minutes auparavant, il s'était conforté dans l'idée qu'il n'aurait peut-être plus l'occasion de le faire. « Est-ce que tu crois que je pourrais aider en quoi que ce soit pour tes migraines ? », demanda-t-il d'un ton plus grave et encore plus concerné qu'il ne l'était avant. A présent qu'il était fixé sur ce qui se tramait dans la tête de la jeune femme par rapport à leur amitié, Noeh pouvait essayer d'être le plus normal possible. Il voulait qu'elle oublie qu'il était arrivé jusqu'ici à moitié épuisé, voire un peu trop essoufflé, et que l'appel de son canapé stable et accueillant avait été plus fort que tout. Il avait besoin de se concentrer sur elle et rien que sur elle, et qu'elle fasse d'ailleurs de même. Ses migraines lui gâchaient la vie. Les médecins n'étaient même pas capables de lui apporter un minimum d'aide pour la soulager de ces dernières, alors il pouvait peut-être prétendre à lui accorder l'attention nécessaire dont elle avait possiblement la nécessité pour s'en remettre. Il arrivait rarement à Noeh de subir ce genre de mal, mais il savait ô combien les douleurs physiques pouvaient être difficiles à endurer par moment. Bien évidemment, il savait qu'il n'était pas médecin, infirmier ou quoi que ce soit d'autre pour être apte à lui venir convenablement en aide mais par cette simple question, il lui remémorait qu'il serait toujours présent pour elle dès qu'elle en ressentirait le besoin. Noeh ressentait le désir de se montrer présent comme un ami normal le ferait. L'ambition d'oublier sa jambe ou sa main était grande, mais il se sentait capable de beaucoup lorsqu'il se trouvait en présence d'une personne aussi téméraire que Pietra à se dépêtrer de ses maux sans pour autant en avertir les autres. Séparant alors leurs mains toujours jointes avec douceur, le jumeau Callahan détourna un instant le regard, gêné même s'il ne le décelait pas réellement, avant de désigner l'animal de la demoiselle de son index. « Si ta boule de poils ne traînait pas H24 dans tes jambes, peut-être que tu pourrais te reposer un peu plus. » Ses prunelles captèrent les siennes dans une mine amusée. Le jeune homme préférait tenter de ramener un peu de positivité dans cette discussion qui s'avérait peut-être trop sérieuse pour de jeunes gens comme eux. « En tout cas si je peux faire quelque chose, fais-le moi savoir. » Opérant un mouvement en avant, il comprit que son corps se mouvait de lui-même vers le paquet de biscuits non loin, encore sujet à reprendre ses esprits après la longue marche qui l'avait conduit chez Pietra. Son estomac devait hurler famine en silence depuis quelques secondes sans même lui laisser le temps de le comprendre. Les paroles de son amie lui revinrent alors en mémoire. Laissant un petit rire s'échapper de ses lèvres, Noeh se tourna en direction de la jolie chercheuse tout en croquant dans un nouveau gâteau. « Je ne comprendrais jamais comment tu peux apprécier le cubisme... », fit-il avec un petit sourire en coin aux lèvres. Leurs discussions sur le sujet les ramenaient toujours au même point, c'est-à-dire celui de départ, à savoir qu'ils ne seraient probablement jamais en accord quant à cette forme d'art singulière. « Ton travail ne te manque pas trop ? », quémanda-t-il enfin, devinant qu'être obligée de rester chez elle plutôt que de faire ce qu'elle aimait n'était pas simple, subissant lui-même cet éloignement à cause des doigts de sa main droite inaptes à se délier et à toucher à nouveau les touches d'un piano.
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MessageSujet: Re: please don't take my sunshine away.   please don't take my sunshine away. Icon_minitimeDim 29 Mar 2015 - 20:40


please don't take my sunshine away
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Ce ne fut que lorsque le silence retomba que Pietra s’aperçut de leurs doigts entrelacés. Elle baissa le regard, autant pour vérifier qu’elle ne rêvait pas que pour cacher le rouge qui lui montait aux joues, fait rarissime chez elle. Mais Noeh ne s’en déliait pas, soit parce qu’il n’avait pas remarqué, soit parce que le contact ne le gênait pas. Elle aurait peut-être dû dire quelque chose, mais elle n’avait pas envie de briser un contact qui lui semblait si intime, aussi anodin qu’il puisse paraître. « D'accord. » La voix de Noeh lui fit relever le regard, doucement. On aurait dit une éclaircie après un orage, tant le contraste dans ses expressions était visible. Il avait l’air entièrement rassuré, serein presque, même lorsque son sourire re-disparut. La jeune femme ne put s’empêcher de s’insulter intérieurement devant sa propre lâcheté. Elle n’osait ni lui avouer la vérité, ni l’envoyer paître sans la moindre explication, et la torture qu’elle lui infligeait lui semblait d’autant plus ignoble qu’elle partait de bons sentiments. Elle le fuyait, il la rattrapait ; elle lui promettait mille choses, il la croyait ; elle lui souriait et le poignardait en un même instant. Et le « Merci Pietra. » qu’il souffla ne fit qu’empirer les choses, au point que la jeune femme dut à nouveau détourner le regard. Il la remerciait de l’empoisonner avec ses mots, de lui faire miroiter un avenir sans nuages alors qu’elle savait très bien qu’à l’instant où il repasserait le seuil de sa porte, elle serait obligée de la lui claquer au nez.

Noeh s’installa confortablement dans le canapé, comme pour signifier qu’il ne comptait pas la laisser le jeter dehors de sitôt. « Est-ce que tu crois que je pourrais aider en quoi que ce soit pour tes migraines ? » Sa sollicitude la toucha, et elle haussa les épaules légèrement. « A moins que tu n’en saches plus que les experts dont j’ai déjà fait le tour… Pas vraiment. Je préfère être seule quand ça arrive, parce que même le bruit d’un placard qui grince peut devenir assourdissant. » Et parce que je ne sais jamais ce qui peut arriver… ajouta-elle silencieusement. « Parfois, ma sœur me faisait un massage crânien, mais c’est tout. » dit-elle à la place, non sans se mordre la lèvre. Elle n’avait pas envie de parler de Gee’, même à Noeh. Depuis son retour, Mikael lui avait fait part de ses découvertes et… Elle préférait ne pas y penser. Une partie d’elle espérait qu’il s’était trompé, que la femme qu’il avait rencontrée n’était pas Giulia, sa Giulia, mais elle savait combien l’espoir était insensé. Enfin. Secouant ses longs cheveux, la jeune femme chassa ces pensées de sa tête. Elle sentit Noeh doucement délier leurs mains, et ne put s’empêcher de faire une petite mine triste. Rapatriant sa main soudainement froide sur ses genoux, elle tourna le regard pour suivre son doigt, qui désignait le petit animal s’approchant à pas doux du canapé.

« Si ta boule de poils ne traînait pas H24 dans tes jambes, peut-être que tu pourrais te reposer un peu plus. » Pietra rit, attrapant le chat qui venait de sauter sur son ventre. Noeh parlait bien comme quelqu’un qui n’avait jamais eu d’animal de compagnie. « Peut-être bien, mais regarde-moi cette adorable bouille, ma vie serait beaucoup plus triste sans elle… » dit-elle, jouant avec les oreilles de la bête. Roy émit un miaulement réprobateur mais ne se défendit pas, visiblement prêt à sacrifier un peu de dignité pour le confort du canapé. La mutante rit de nouveau, rencontrant le regard sombre de Noeh, qui brillait pourtant d’une lueur amusée. « En tout cas si je peux faire quelque chose, fais-le moi savoir. » « C’est gentil, merci. » dit-elle, l’observant se pencher pour attraper un nouveau biscuit. Avec un sourire, elle laissa son regard couler sur les traits de Noeh, constatant avec plaisir que son teint avait repris un minimum de couleur, lui donnant moins l’air d’un cadavre fraîchement déterré. Elle imita son geste et se servit à son tour d’un biscuit, dans lequel elle croqua avec avidité. Un instant, elle pensa à en racheter, avant de se souvenir que Noeh n’aurait plus l’occasion de venir les démolir dans son salon. La pensée lui coupa l’appétit, et elle finit son biscuit avec une note d’amertume sur la langue.

N’ayant pas la moindre idée de ce qui se passait dans la tête de son amie, le jeune homme relança la convers ation. « Je ne comprendrais jamais comment tu peux apprécier le cubisme... » « C’est mon côté prétentieux, tu sais, même lorsque je ne comprends pas, j’ai besoin de faire semblant d’apprécier… » plaisanta-elle, avec un clin d’œil entendu. La dernière fois qu’ils avaient été au musée, elle avait tenté d’expliquer sa passion pour ce mouvement à l’étudiant, qui était resté perplexe. Ils avaient fini par en conclure que Pietra aimait tout ce qu’elle ne comprenait pas, et la blague était devenue une habitude. De nouveau, elle observa le sourire du garçon disparaître avec un pincement au cœur. Il souriait plus avec qu’elle qu’avec n’importe qui, elle le savait, mais c’était si peu… « Ton travail ne te manque pas trop ? » A nouveau, la mutante haussa les épaules. « Être active me manque. Je ne pensais pas que rester chez moi, roulée sous ma couette deviendrait ennuyeux, mais au bout d’une semaine je devenais déjà folle… Et puis, je ne pouvais pas vraiment recevoir de monde, alors j’étais plutôt seule. » Ce dernier aspect était plus ou moins un mensonge. Certes, la majorité des humains avaient dû se tenir loin d’elle, mais entre Elijah et Mikael elle avait eu pas mal de compagnie. Mais les sujets de conversation n’avaient pas été très originaux, s’étant presque entièrement cantonnés à sa mutation, et la meilleure façon de la contrôler. « Et toi, les études ? La vie universitaire ne me manque pas du tout, j’avoue que je ne t’envie pas… »

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Noeh Callahan
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MessageSujet: Re: please don't take my sunshine away.   please don't take my sunshine away. Icon_minitimeSam 4 Avr 2015 - 19:19

La réponse de Pietra le fit sourire. Ils ne seraient jamais d'accord au sujet du cubisme, ou d'une quelconque forme d'art. Néanmoins, c'était ce qui plaisait au jeune homme. Dernièrement, on préférait parfois aller dans son sens plutôt que de le contrarier et de s'attirer ses « foudres », ou en somme son mauvais caractère. Avec la jeune femme, le dialogue avait toujours été possible et il l'était encore. Comme avant, comme au bon vieux temps. Noeh savait qu'il pouvait compter sur elle, comme elle pourrait toujours compter sur lui. Leur amitié n'avait pas changé et cela redonnait un peu de contenance à son cœur affaibli par les dernières épreuves que la vie avait placées sur son chemin. « J'ai ressenti la même chose quand je me suis réveillé à l'hôpital », acquiesça-t-il alors. Il comprenait parfaitement de quoi elle parlait. Son corps se souvenait de chaque seconde passée coincé dans ce lit blanc, triste, perdu au milieu d'un hôpital où régnait le plus souvent un silence de mort. A la différence de Pietra, Callahan avait reçu du monde. Trop de monde, même. Dès son réveil annoncé, sa famille avait fait le déplacement, juste pour vérifier que tout allait bien. Puis les infirmières, médecins et autres personnels de l'hôpital n'avaient cessé de faire des visites opportunes dès qu'il était l'heure de passer dans la chambre de leur patient tout sauf favori. Noeh avait vu défiler beaucoup de visages, tous différents, pour la plupart contraints. Pourtant, il s'était senti terriblement seul. Incapable d'accepter la moindre marque de gentillesse, le moindre sourire ou la plus petite remarque. Passer du temps avec d'autres personnes, de sa connaissance ou pas, l'agaçait puis lui manquait quelques instants plus tard. Un combat intérieur qu'il avait essayé de ne pas prendre en considération en tentant de se distraire l'esprit un maximum, sans succès. « Le fait de ne pas pouvoir bouger comme on a envie est quelque chose d'insupportable. » Car c'était bien ce qui avait rendu Noeh encore plus irritable que de recevoir de la visite : ne pas pouvoir sortir de l'hôpital de suite, ne pas pouvoir se lever seul, ne pas pouvoir reprendre sa vie. Cette ancienne vie si chère à ses yeux, quand son accident n'avait pas eu lieu, quand cette idée implantée dans son esprit de passer par la fenêtre de sa colocation n'avait pas remis tout son avenir en jeu. Pourtant, il y avait bien une chose que le jeune homme avait réussi à maintenir à flot au milieu de tout cet univers en train de s'échouer : sa passion pour l'Histoire. Le fait que son amie aborde le sujet, considère même qu'il n'avait pas arrêté ses études comme certains le supposaient sans s'informer avant, lui fit manquer un battement de palpitant. « L'Histoire est la seule chose qui parvient à me détourner de ça. Quand je suis en cours, ça me sort carrément de l'esprit. Enfin, dans les rares cas où j'arrive à me concentrer. » Son regard s'était promené de lui-même le long de sa jambe, mentalement en direction de sa main masquée. Lorsqu'il se plongeait grâce à l'un de ses professeurs au cœur de la période médiévale ou des conquêtes de territoire des siècles précédents, le jumeau Callahan s'évadait de tout le reste. Il parvenait à se séparer mentalement de tout ce qui pouvait lui causer du tort et appréciait chaque seconde passée hors de la tourmente que lui causait sa condition physique défaillante. Ça lui faisait du bien, ça l'extirpait d'un quotidien étrange pour le replacer dans un contexte qui le faisait tout simplement rêver. Croquant doucement dans son biscuit, le jeune homme éprouva soudain de la difficulté à avaler. Ses pensées commençaient à se perdre dans les méandres du sujet qui se rattachait inévitablement à celui de ses études et qui ne parvenait jamais vraiment à le laisser en paix. Inspirant lentement, il se laissa retomber dans le dossier du canapé, jetant un regard bref en direction de son amie, avant de poursuivre. « Je passe plus de temps chez mes parents, vu que je ne peux pas... Que je n'ai pas pu retourner dans ma chambre universitaire. » Noeh savait qu'il pouvait en parler avec Pietra. Il la connaissait depuis longtemps, avait confiance en elle et était la seule qu'il acceptait de garder intacte dans son existence malgré son accident. Elle incarnait la rare personne que Callahan s'était mis en tête de ne pas décevoir et de ne pas repousser comme les autres. Alors, il se disait qu'il pouvait lui livrer sans crainte ce qu'il avait sur le cœur. Du moins, une infime partie. Normalement, ce genre de confession était à faire à Godric, son psychologue. Mais certaines choses pouvaient être avouées à une amie en qui on espérait pouvoir placer une partie de soi sans crainte. Pour le jeune homme, Pietra représentait aujourd'hui cette personne. Ce qu'il avait besoin de confier n'était pas grand chose, ce n'était pas un secret d'état, c'était même facilement devinable lorsqu'on voyait l'état de sa main droite, celle qui glissait avec le plus de facilité sur les touches d'un piano auparavant. Cependant, ça signifiait tellement pour lui. L'instrument était l'échappatoire, la différence, la touche de sensibilité qui faisait de Noeh Callahan ce qu'il était au cœur de sa famille de chasseurs. C'était sa différence, la sienne, la seule dont il pouvait se darder d'être plus doué que d'autres. Sa sorte de petite fierté dans un milieu où se servir correctement d'une arme de pointe était plus important que tout. « Ce qui fait que j'ai désormais souvent cours aux heures où normalement je devrais être en train de jouer du piano. » Le chemin pour se rendre jusqu'à l'université n'était pas si long, mais le jeune homme avait fait exprès de réarranger son emploi du temps afin que son esprit soit occupé aux horaires où, normalement, on attendait de le voir se produire sur la petite scène de son bar préféré en ville. Il lui avait semblé que c'était plus facile ainsi, de trouver un stratagème pour tromper son âme et pour se sortir ses plus beaux démons de la tête. Malheureusement pour lui, ça ne fonctionnait pas à tous les coups. Il en rêvait même souvent la nuit. On disait qu'une femme désirant tomber enceinte rêvait de bambins au cœur de ses nuits. Dans le cas de Noeh, il se voyait recouvrer l'usage de sa main avant d'entendre le silence d'une pièce pleine de personnes présentes juste pour l'écouter leur jouer l'une de ses compositions. Chaque nuit, le morceau changeait. Son imagination ne cessait d'inventer ou de réinventer ses songes nuit après nuit, sans jamais se lasser de créer de belles mélodies enchanteresses. Secouant la tête de droite à gauche, Noeh poussa un dernier soupir avant de clore ses paupières pour essayer de penser à autre chose, et surtout pour éviter d'assombrir l'esprit déjà douloureux de Pietra. « Personne ne pourrait se concentrer en ayant ce souvenir en tête. »
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MessageSujet: Re: please don't take my sunshine away.   please don't take my sunshine away. Icon_minitimeJeu 9 Avr 2015 - 21:02


please don't take my sunshine away
pietra & noeh



« J'ai ressenti la même chose quand je me suis réveillé à l'hôpital. » dit Noeh, compatissant. La mutante grimaça à l’idée de l’hôpital et de ses murs blancs, de l’odeur de désinfectant et des mains froides des infirmières, rendues rudes par des années de soins et de gardes. Elle n’y avait pas passé une grande partie de son enfance, mais tout de même plus que la majorité de la population, et largement assez pour avoir ces lieux en horreur. Que sa grand-mère ait insisté sur un accouchement à la maison pour elle et Gee’ ne la surprenait aucunement : elle ne pouvait imaginer de pire endroit où démarrer son existence. Elle avait eu tant de chance, de ne pas s’y faire traîner par un ami bienpensant mais peu informé sur l’origine de ses souffrances. Les contrôles constants, les prises de sang, les injections, l’intraveineuse et toutes les radios diverses et variées qui accompagnaient ses séjours dans ces lieux stérilisés lui glaçaient les veines par leur simple souvenir. Machinalement, sa main se porta à son bras droit, où la cicatrice encore rouge laissée par la balle du Hunter trahissait son dernier passage aux urgences. Elle ne doutait pas que l’expérience de Noeh ait été tout aussi désagréable, probablement pire : elle ne s’était rendue dans le bâtiment réservé aux patients suicidaires et dépressifs qu’une ou deux fois durant son adolescence, lors d’un examen psychologique, mais l’atmosphère qui y régnait ne lui avait jamais parue accueillante, malgré les tentatives des soignants.

Pietra se tortilla pour attraper le paquet de biscuits sans trop déranger Roy, qui s’était assoupi sur son ventre. Au bout de quelques contorsions elle y parvint, et s’empara de sa récompense, le regard triomphant. « Le fait de ne pas pouvoir bouger comme on a envie est quelque chose d'insupportable. » Elle acquiesça solennellement, la bouche encore pleine. C’était entièrement vrai, l’isolation était l’aspect le plus insupportable de sa convalescence. Toutefois, c’était un exil qu’elle s’était elle-même imposé, bien trop consciente des dangers d’un pouvoir incontrôlable sur les esprits susceptibles. Noeh avait été isolé pour son propre bien ; elle, pour le bien des autres. Le contraste la déprima encore davantage, et elle se décida rapidement à changer le sujet. L’histoire fut visiblement le bon choix, car les yeux de Noeh s’illuminèrent immédiatement, arrachant un sourire à la jeune femme. Elle était heureuse de voir qu’il n’avait pas abandonnées toutes ses passions, pour s’enfoncer dans un miasme maussade dont rien ne pourrait le tirer. « L'Histoire est la seule chose qui parvient à me détourner de ça. Quand je suis en cours, ça me sort carrément de l'esprit. Enfin, dans les rares cas où j'arrive à me concentrer. » La brune suivit le regard de Noeh sur sa jambe, qui aurait pu paraître normale si elle n’avait su que la béquille appuyée contre son canapé servait pratiquement de remplacement. La discussion, après cette brève éclaircie, sombra rapidement dans une ambiance d’orage.  

« Je passe plus de temps chez mes parents, vu que je ne peux pas... Que je n'ai pas pu retourner dans ma chambre universitaire. » continua l’étudiant, après s’être enfoncé un peu davantage dans le dossier du canapé. Pietra se mordit la lèvre, mais ne répondit rien. Qu’y avait-il à dire ? Un simple ‘désolé’ ne pouvait pas exprimer à quel point la moindre référence à Adriel lui perçait le cœur d’un étrange mélange d’empathie et de culpabilité.  Et si elle se sentait mal, elle n’imaginait même pas le poids de ces paroles pour Noeh. A nouveau, cependant, elle se tut, consciente du fait que s’exprimer sur ce qu’il avait vécu était important pour lui. Si la situation avait été différente, elle aurait été touchée qu’il lui fasse confiance à ce point ; malheureusement, elle était trop consciente de sa malhonnêteté pour penser à autre chose. Pourtant elle ne pouvait s’arracher à cette conversation, prétexter avoir soudain un retour de migraine, ou un moment de faiblesse ; une part d’elle y voyait une sorte d’expiation, ou du moins un acte d’auto-flagellation digne d’Opus Dei, mais pour quelle faute, elle n’en était pas totalement sûre. Quoiqu’il en soit, la voix du garçon reprit, chaque mot un nouveau coup de fouet. « Ce qui fait que j'ai désormais souvent cours aux heures où normalement je devrais être en train de jouer du piano. » Un temps. Puis, Noeh secoua sa tête et ferma les paupières, avant de conclure : « Personne ne pourrait se concentrer en ayant ce souvenir en tête. »

« Noeh… » Instinctivement, Pietra étendit le bras en la direction du brun, sans savoir si elle comptait reprendre sa main, ou lui toucher le bras, l’épaule, le visage. Chaque toucher aurait apporté son lot de tressaillements, et d’altérations subtiles dans leur relation, certaines plus bienvenues que d’autres. Mais au moment où elle se penchait vers lui, un choc la saisit, et elle se figea. Une expression d’horreur se répandit sur son visage, et ses yeux fixaient Noeh sans plus le voir. Sa mutation, qui s’était pour l’instant tenue coïte, commençait à gronder en elle. « Oh non… » souffla-t-elle, sentant ses intonations pulser, vibrer de leur qualité irrésistible ; Roy ronronna en réponse, totalement inconscient de ce qui se passait. « Je… Je suis désolée… » bégaya-elle, rejetant le chat de ses genoux avec aussi peu de violence que possible. Il fallait qu’elle se contienne, qu’elle repousse son don aussi longtemps que possible. Elle recula lentement vers le couloir, se mordant la lèvre jusqu’à ce qu’elle blanchisse. A tâtons, elle trouva le bout du mur et en un instant s’engouffra dans le couloir. La porte de la salle de bains claqua derrière elle, et elle se laissa glisser au sol, les mains tremblantes, le cœur qui cherchait à bondir hors de sa cage thoracique.

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Noeh Callahan
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MessageSujet: Re: please don't take my sunshine away.   please don't take my sunshine away. Icon_minitimeSam 11 Avr 2015 - 15:55

Noeh se revoyait dans le bar, les doigts se baladant sur les touches du piano. Il se souvenait de chaque sons qui en sortait, de toutes les mélodies qu'il avait élaborées au fil du temps et des visages intrigués lorsqu'il se mettait à jouer. L'étudiant avait compris dès le premier instant où ses yeux s'étaient posés sur cet instrument que sa vie ne pourrait se faire sans. Le piano était son échappatoire, ce petit truc à lui dont il se servait pour faire craquer les jolies filles mais avant tout pour se libérer l'esprit et pour enchanter les songes de son public. Cette poésie qu'il délivrait aux oreilles des autres lui manquait plus que tout. Il sentait même le bout de ses doigts trépigner rien qu'à l'idée d'y repenser, mais pour autant toujours incapables de se mouver à leur gré. La voix de Pietra résonna près de lui. Oui, il savait qu'il faisait peine à voir et que ses pensées n'étaient pas les plus enthousiastes du monde, Pietra, il le savait. Mais ça ne parvenait pas à lui sortir de la tête, ça ne voulait pas le laisser en paix. Tous ces souvenirs l'aidaient sans doute à tenir le coup, le poussaient à se lever le matin alors que son corps refusait d'écouter totalement, sans qu'il ne le comprenne vraiment. En parler lui faisait du bien, un petit peu. Pas autant qu'il l'espérait. La présence de son amie à ses côtés se fit soudain plus indécise. Les mouvements frénétiques de cette dernière alors que les paupières de Noeh étaient encore closes lui intimèrent que quelque chose n'allait pas. Fronçant les sourcils, l'ancien pianiste releva la tête, constatant que Pietra n'était plus là. La porte d'une des pièces claqua avec force. Le palpitant du jeune homme s'affola. Saisissant précipitamment sa béquille, il chercha à se mettre bien vite sur ses jambes, bien trop vite. Un éclair sembla parcourir sa cuisse et son tibia gauches, ce qui le poussa à se rasseoir dans un petit grognement rauque. Il était même incapable de venir en aide à une amie. Il était impossible pour lui de se précipiter à sa suite pour essayer de comprendre ce qui n'allait pas. Sa respiration menaça de s'emballer. Noeh sentait l'agacement et la frustration traverser comme toujours chaque parcelle de son être et de son âme jusqu'à ce que cette aura négative n'embrume la moindre de ses pensées. Non, il ne devait pas se laisser abattra, plus tard peut-être, mais pas maintenant, pas tout de suite. Pietra avait besoin de lui. Elle souffrait sans doute plus que lui à cet instant précis. Alors toutes ces douleurs qui l'empêchaient d'avancer, qui le tiraient en arrière et se jouaient de ses intentions, il devait réussir à les mettre de côté. Serrant les dents, l'étudiant s'appuya de tout son poids sur sa pauvre béquille alors que son poing refermé sur lui-même se déposait dans un appui bref sur les divers meubles qu'il rencontrait sur son chemin. Ses phalanges longèrent le mur du couloir. La porte close s'érigea dans son champ de vision. Avalant difficilement sa salive, la voix de Noeh rencontra le bois sec. « Pietra ? », murmura-t-il. Il n'entendait plus rien. Il n'osait plus rien. Debout devant la matière recouverte d'une peinture lisse, Noeh n'avait aucune idée de comment il devait agir. Il n'avait pas la force de faire se rencontrer son épaule affaiblie et le bois dur, imposant, il n'avait pas non plus la capacité de deviner où pouvaient bien se trouver les clés de Pietra. De la même façon, cette dernière n'avait peut-être pas envie de le voir à nouveau forcer leur rencontre. Il était déjà venu jusqu'ici la déranger pour obtenir des réponses, peut-être que reproduire la même initiative n'était pas la meilleure chose à faire à présent. Déboussolé et inquiet, le jeune homme tenta tout de même de laisser retomber sa main malade contre la poignée, juste pour être certain que la porte resterait jusqu'au bout entre eux deux. Et c'était le cas. Le visage de Noeh s’affaissa, de même que ses épaules de plus en plus fragiles. Aucune réponse ne lui parvenait derrière la porte. Était-ce une de ses migraines ? Devait-il appeler un médecin ? Qu'est-ce qu'il était supposé faire dans ce genre de situation ? Son incapacité à répondre à ses propres questions le renfrogna. Il ne servait à rien. Comment avait-il osé lui proposer son aide un peu avant alors qu'en pareil circonstances il n'était pas fichu de trouver les bons mots ou l'attitude à adopter ? Pietra était tombée sur le pire ami que cette ville avait en réserve. Se maudissant, Noeh se rapprocha une dernière fois de la porte close. « Est-ce que... », reprit-il d'une voix calme, masquant au mieux le trémolo qui menaçait de perturber cette fausse quiétude du mieux qu'il le pouvait. Mais le simple fait de ne pas réussir à achever sa question confirmait son malaise. Un soupir franchit ses lèvres légèrement tremblotantes. Noeh devait arrêter le carnage, ça ne servait à rien de donner spectacle de son impuissance de la sorte, ça ne faisait qu'empirer les choses. « Je vais te laisser te reposer. » C'était la meilleure chose qu'il puisse faire. C'était ce dont il avait besoin lui aussi, de se reposer, de reprendre ses esprits après tous ces petits chamboulements survenus le temps d'une discussion avec cette jeune femme qui comptait à ses yeux. Qui n'était pas comme les autres et qui semblait être apte à comprendre mieux que quiconque ce qu'il était en train de traverser. Pietra représentait beaucoup. Elle symbolisait un renouveau dont Noeh éprouvait le plus grand besoin. Briser cette amitié entre eux en la privant de son espace vital n'était donc pas la façon la plus ingénieuse de perpétuer leur lien. Pourtant, Noeh n'avait pas bougé. Il attendait sans doute une réponse, ou plutôt son cœur en réclamait tout de même une chose en gage de vérification, pour ne plus avoir besoin de s'affoler de cette situation inconnue qui se masquait derrière la porte. Sa béquille sembla alors bouger d'elle-même. Le reste de son corps faisait comprendre à son pauvre palpitant préoccupé qu'à présent il fallait s'en aller. S'avançant une dernière fois, l'étudiant ne put s'empêcher de laisser ce qu'il avait sur l'âme s'évader de ses lèvres pour ne pas éprouver le moindre regret ensuite. « Donne-moi des nouvelles. » Une dernière phrase plus affirmée, un aveux tellement sincère qu'il ne pouvait pas en être autrement. Ses pas au son mécanisé le guidèrent alors jusqu'à la porte d'entrée, qu'il ouvrit et renferma de façon délicate, silencieuse, pour ne pas faire souffrir un peu plus Pietra, plus loin. Une légère brise fraîche vint se déposer sur son visage, jusqu'à ce que Noeh ne se décide à descendre les marche du perron une à une et de prendre la route de la maison Callahan.

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MessageSujet: Re: please don't take my sunshine away.   please don't take my sunshine away. Icon_minitimeSam 18 Avr 2015 - 13:55


please don't take my sunshine away
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« Pietra ? » La voix de Noeh était faible, un mélange de fatigue et d’inquiétude, amortie encore plus par le bois de la porte qui les séparait. Adossée contre le bois de celle-ci, Pietra tremblait, livrant un combat intérieur qui tendait chaque muscle de son corps sous l’effort. Ses ongles plantés dans la peau de ses bras lui faisaient mal, très mal, mais la douleur l’ancrait, déconcentrait son esprit des vibrations qu’elle y sentait, et le désir d’ouvrir la bouche pour laisser au moins quelques mots s’échapper, juste quelques-uns, sans les adresser à qui que ce soit… Mais elle n’osait pas, sachant que Noeh était juste de l’autre côté de la porte, capable d’entendre chacune de ses paroles. Alors elle se contenta de faire des exercices de respiration, tentant de réguler autant ses inspirations et expirations saccadées que la force bouillonnante qu’elle tentait de maintenir sous couvercle. « Est-ce que... » commença à demander Noeh, avant de laisser la question mourir sur ses lèvres. Malgré le calme forcé de sa voix, il n’en menait pas plus large que la mutante emmurée dans son silence de l’autre côté de la porte. Celle-ci sentait lentement, très lentement, un changement s’imposer dans son fort intérieur. Pas encore suffisant pour qu’elle ose ouvrir la bouche, mais tout de même assez pour la rassurer quelque peu, et calmer son cœur qui cherchait à bondir hors de sa bouche. Malheureusement, l’étudiant ne pouvait pas interpréter son silence comme un bon signe, et finit donc par lâcher : « Je vais te laisser te reposer. »

La résignation dans sa voix atteint plus Pietra que quoi que ce soit d’autre. Il voulait l’interroger, l’aider, lui apporter son soutien, et se retrouvait repoussé sans la moindre explication. Il avait beau compatir, et se trouver dans une situation qu’il pensait similaire, elle ne pouvait supporter la situation plus longtemps. Elle lui devait une explication, et maintenant ; sinon, ils se retrouveraient condamnés à rejouer ce petit manège à chaque rencontre ou presque, Noeh toujours plus inquiet et plus perdu, Pietra toujours plus torturée. Et lorsque la réalité finirait par éclater, il lui en voudrait mille fois plus d’avoir cachée la vérité, de l’avoir dupé en connaissance de cause, et toute promesse de ne l’avoir jamais manipulé s’en verrait sabotée. Lentement, elle commença à se déplier, s’appuyant contre le mur pour se hausser sur ses jambes encore flageolantes – en cet instant, les béquilles du jeune homme auraient été grandement bienvenues. Mais Noeh en avait besoin lui-même, puisqu’il venait de prendre sa propre décision. Elle l’entendit soupirer et se figea malgré elle. « Donne-moi des nouvelles. » murmura-t-il en guise d’au revoir. L’instant d’après, le claquement de sa béquille dans le couloir signifiait qu’il avait commencé à quitter le domicile de son amie. Pietra ferma les yeux, cherchant à calmer la sensation de tangue qui lui rappelait ses étés passés dans la barque sur le lac du ranch de ses parents. Cela ne dura que quelques secondes, une minute tout au plus, mais ce fut assez pour que Noeh ne se retrouve à la sortie de son domicile. Entendant la porte s’ouvrir – plus grâce au miaulement de Roy, qui se précipitait pour faire une balade, que le grincement lui-même – elle rouvrit violemment les yeux et chercha à ouvrir la porte de la salle de bains, oubliant que celle-ci était verrouillée.

« Noeh ! » s’écria-t-elle lorsqu’elle fut enfin libre, mais trop tard : la porte s’était refermée derrière lui, silencieusement. La brune faillit en rester là, utiliser la sortie du jeune homme comme l’excuse parfait pour remettre toute cette histoire à plus tard. Mais non, elle avait pris sa décision et elle ne pouvait plus reculer. En quelques enjambées elle était à la porte, qu’elle ouvrit d’un coup, criant après son ami. « Noeh, attends, s’il-te-plaît ! » supplia-t-elle, trop près de l’aveu pour se soucier de l’effet que son ordre pourrait avoir sur le jeune homme. Celui-ci s’arrêta, volontairement ou non elle n’en savait rien, mais il s’arrêta et même se retourna. Le regard qu’il lui lança lui fendit le cœur ; mais elle prit son courage à deux mains, et lança : « Je… Je ne peux plus te voir. » Ce n’était sûrement pas l’explication à laquelle il s’attendait ; d’ailleurs, ce n’était absolument pas une explication, juste une nouvelle pièce d’un puzzle dont il ne connaissait même pas l’image finale. S’adossant contre la porte, elle continua, ne lui laissant pas le temps de rétorquer quoi que ce soit. « Après ce que Sally m’a dit, sur toi, sur… Adriel... » dit-elle, le nom glissant sur sa langue avec un goût de sang et de bile. « Après ça, je ne peux plus te mentir, faire semblant que rien n’avait changé entre nous. J’aurais dû te claquer la porte au nez quand tu es arrivé, mais… » Elle se mordit la lèvre, son regard évitant celui de Noeh pour fixer l’arbre au bout de la rue, dans l’espoir d’y trouver un objet moins affectant que le visage de l’autre. « … Mais j’étais tellement contente de te voir que j’ai voulu faire semblant que tout allait bien. C’était égoïste, et j’en suis désolée. Vraiment. »

Un autre temps. « J’ai juste… Je voulais juste que tu saches que ce n’était pas de ta faute. Pas à cause de… ça, » murmura-elle, désignant la jambe et la main de Noeh avec un geste de la main. « Mais à cause de moi. » La mutante sentit quelque chose d’humide glisser sur sa joue, et leva la main pour l’essuyer, ayant trop honte de ses larmes pour les laisser couler librement. Ce n’était pas elle qui souffrait réellement, dans cette histoire, mais Noeh ; c’était lui qui avait été fait prisonnier, torturé et contrôlé sans même qu’il ne s’en aperçoive, comme elle l’avait fait  à tant d’autres humains. C’était elle le monstre, et un monstre qui se lamente sur son sort ne reçoit pas de pitié, surtout pas de la part des enfants qu’il croque. « Je ne veux plus te mentir. » répéta-elle encore, comme si cette phrase pourrait la protéger des conséquences de son aveu. Elle aurait dû continuer, lui expliquer ce que Salomé lui avait avoué au juste, qu’elle ne savait pas déjà, et surtout pourquoi cela affectait tellement leur relation, mais l’effort demandé était trop grand pour qu’elle y arrive en un coup, sans connaitre au moins une partie des pensées de Noeh.

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MessageSujet: Re: please don't take my sunshine away.   please don't take my sunshine away. Icon_minitimeDim 19 Avr 2015 - 17:20

Les pas de Noeh étaient traînants. Il n'avait pas vraiment envie de partir, de s'éloigner d'ici, de remettre de la distance entre lui et Pietra à nouveau. Néanmoins, la voir dans un tel état lui faisait comprendre qu'il ne devait pas abuser de cette présence rassurante qu'elle représentait pour lui. Le repos était la seule façon pour tous les deux de réussir à se remettre sur pieds le plus vite possible, même si la fuite soudaine de la jeune femme en dehors de son salon avait plus surpris l'étudiant qu'autre chose. Pourtant, sans vraiment comprendre comment, sa démarche se mit à ralentir petit à petit jusqu'à s'immobiliser complètement. La voix de son amie parvint alors jusqu'à lui et Noeh se retourna en arquant un sourcil dans sa direction. Il avait bien deviné, au ton qu'elle avait employé, que quelque chose n'allait pas, quelque chose d'un niveau bien plus élevé que précédemment. Son visage était quelque peu caché par l'ombre du perron. L'ancien pianiste n'apercevait pas très bien ses traits, ne percevait pas ce qui clochait. Cependant, quand les mots de la jeune femme tranchèrent l'air frais de la fin d'après-midi, le jumeau Callahan sentit toutes ses forces le quitter d'un coup. Pour le peu qu'il en avait. Je ne peux plus te voir. Ça semblait arriver comme un cheveu sur la soupe, ça bousculait toutes les certitudes sur lesquelles Noeh venait de fonder cette journée, ça effaçait avant tout ce qu'ils venaient de se dire à l'instant. Ses poumons avaient du mal à accumuler l'air nécessaire. Ses doigts se resserrèrent avec douleur autour de sa béquille, imaginant sans mal son pauvre palpitant à la place de cette dernière, car c'était exactement le sentiment qui parcourait chaque parcelle de son corps à ce moment précis. La trahison, le mensonge, la lâcheté. Les aveux douloureux que venait de prononcer Noeh n'avaient en fait trouvé aucune oreille attentive. Ses pupilles rageuses qui s'étaient dirigées au sol s'ancrèrent à nouveau en direction de Pietra. Parce que ce n'était pas fini, elle n'en avait pas assez d'avoir déjà anéanti toutes les pensées un tant soit peu positives qui avaient traversé son esprit durant l'après-midi, elle devait à présent s'expliquer. Le prénom d'Adriel manqua de faire flancher le cadet Callahan. Pourquoi toujours le remettre sur le tapis ? Est-ce que personne dans cette foutue ville n'était capable de passer à autre chose ? On s'étonnait ensuite que l'étudiant soit incapable d'avancer concrètement et de faire table rase du passé. Et là, les choses devinrent plus que floues pour lui. Elle ne voulait plus lui mentir ? Malheureusement c'était pour sûr ce qu'elle venait de faire en « faisant semblant » que rien n'avait changé entre eux, comme elle le disait si bien. Chaque mot qu'elle prononça ensuite passa par une oreille de Noeh pour sortir par l'autre. Il n'y croyait plus. Tout ce qu'elle pouvait inventer pour se justifier, pour argumenter une situation qui devenait de plus en plus insupportable pour l'ancien pianiste, tout filtrait dans ses veines pour qu'il ne l'oublie sans doute jamais en essayant malgré tout de disparaître de ses souvenirs. De toute manière, il serait compliqué pour lui d'oublier que son amie aurait préféré lui claquer la porte au nez. Sa main et sa jambe revinrent alors sur le tapis. Le visage de Noeh s'abaissa vers le sol. A présent, il préférait encaisser sans affronter son regard, chose qui devenait beaucoup trop difficile. Il n'avait plus assez de volonté en stock pour en supporter plus que nécessaire. Les regrets émergèrent. Il n'aurait jamais dû venir jusqu'ici, il aurait dû rester chez lui, enfermé, seul et non-confronté à la perte d'une personne aussi chère que Pietra à ses yeux.

L'incompréhension se devina encore quelques instants sur le visage de Noeh avant qu'elle ne soit remplacée par la rancœur, l'amertume. Secouant la tête, un rire triste s'évada de ses lèvres. On ne l'entendait plus rire depuis longtemps, alors pour qu'au final ce geste se trouve ainsi être teinté d'autant de déception, l'étudiant comprenait que ça ne valait plus la peine de le faire, plus jamais. « Tu peux m'expliquer comment je suis censé te croire, Pietra ? », lui dit-il d'un ton sec, presque agressif, retrouvant ces vieux démons qui le pourchassaient depuis sa sorte de l'hôpital. La mine mauvaise, agacée, Noeh se ravança d'un pas avant de se raviser. « Tout ce que tu dis n'a aucun sens et- et tu dis ne plus vouloir me mentir ? » Au cœur de ses questions, on comprenait que tout ce qu'avait dit la jeune femme auparavant ne pouvait faire complètement chemin dans l'esprit de Callahan. Il y avait des choses qui lui échappaient, des morceaux de puzzle qui n'avaient pas encore trouvé leur place finale dans ses pensées. Et cet état d'indécision qui le gagnait ne lui plaisait guère. Haussant la voix, l'étudiant poursuivit sans plus se préoccuper de ce que pouvait penser ou éprouver son amie. Si elle l'était encore après cette journée, d'ailleurs, vu ce qu'elle essayait de lui faire comprendre et qu'il ne voulait pas affronter pour de bon. « T'aurais dû me dire ce que tu pensais vraiment plutôt que- Mais pourquoi t'as pas claqué cette porte ?! », s'exclama-t-il soudain, avec une violence dans la voix dont il n'avait plus fait l'expérience depuis un bon moment. « Pourquoi t'as ouvert ?! Pourquoi, si c'était pour me faire croire que ce qui s'est passé avec ce monstre n'a rien changé entre nous ? Je te comprends pas, je comprends rien », finit-il plus pour lui-même que pour elle. Durant leur discussion dans son salon, Pietra lui avait fait comprendre que ses changements physiques ne comptaient pas à ses yeux, insinuant même qu'elle n'avait rien à faire  de celui qu'il avait pu être avant. Pourquoi revenir en arrière maintenant, aussi vite, de manière aussi brutale ? Perdu, le descendant des Callahan commença à prendre la route pour retourner chez lui, là où personne ne le ferait se sentir aussi minable et idiot qu'à présent. Il avait besoin d'être seul, Noeh, de ne plus subir le moindre regard ou la plus petite remarque lui renvoyant en pleine figure sa rencontre avec Adriel, son accident et les conséquences de ce dernier sur son existence toute entière. Puis, surtout, il ne voulait plus imposer sa présence à Pietra. Il avait envie de mettre au plus vite une certaine distance entre eux avant que leurs mots ne dépassent leurs pensées, si ce n'était pas déjà fait. Pourtant, alors que l'ancien pianiste venait de faire quelques pas nerveux en se détournant d'elle, il hésita un instant, se stoppa et se retourna vers la jeune femme toujours loin de lui, comme si les choses étaient définitivement brisées entre eux au point qu'être trop longtemps à ses côtés était une tare sans nom. « Tu sais quoi ? Tu ne vas plus avoir à me mentir. On ne va plus se voir si c'est ce que tu souhaites. Si tu veux des nouvelles, enfin si ça t'intéresse, ce dont je doute sincèrement, tu demanderas à ma sœur. » Grimaçant, Noeh jeta un coup d'oeil sur sa jambe gauche sur laquelle il était en train de forcer en restant immobile aussi longtemps et tourna le dos à Pietra sans se préoccuper des larmes qu'il avait pu apercevoir rouler le long de ses joues un peu plus tôt.

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MessageSujet: Re: please don't take my sunshine away.   please don't take my sunshine away. Icon_minitimeDim 19 Avr 2015 - 19:44


please don't take my sunshine away
pietra & noeh


La réaction de Noeh ne se fit pas attendre : le regard qu’il releva du sol brûlait d’une rage qui aurait pu détruire Rome. « Tu peux m'expliquer comment je suis censé te croire, Pietra ? » L’interpellée ne répondit rien. Elle ne supportait pas que l’on lui crie dessus. Si elle était parfaitement honnête, elle détestait même qu’on hausse le ton avec elle, ne serait-ce qu’un peu, ne serait-ce entièrement justifié. Elle se souviendrait toujours du jour où elle et Giulia s’était fait prendre les mains dans la boîte de bonbons de leur professeur de l’époque, une désagréable Canadienne – si si, ils existent – qui faisait honte aux stéréotypes de son pays. Evidemment, plutôt que de les réprimander calmement et sérieusement, comme elle pensait que tout bon adulte devrait faire, l’adolescente s’était mise à crier, à laisser exploser toute son aversion pour les jumelles, jusque-là réprimée. Malheureusement pour elle, ces dernières n’avaient eu qu’à se concentrer un peu pour lui demander poliment de ne plus leur parler que lorsqu’elle aurait quelque chose de gentil à dire, pour que la pauvre enseignante d’été se retrouve muselée pendant presque quatre heures. Giulia avait passé le weekend à vomir, et Pietra avait tant saigné du nez que ses parents avaient failli appeler un médecin, mais elles ne regretteraient jamais leur geste. Alors que Pietra se tienne debout, silencieuse tandis que Noeh laissait passer sa mauvaise humeur sur elle, cela relevait du miracle. « Tout ce que tu dis n'a aucun sens et- et tu dis ne plus vouloir me mentir ? » De nouveau, elle ne répondit rien. Tout juste sa mâchoire se resserra-elle, et elle chassa les larmes de ses joues avec un geste lourd de colère. Elle était trop fière pour se laisser sangloter tandis qu’on lui criait dessus, et la colère de Noeh lui rappelait qu’elle avait fait son choix. Elle en supporterait les conséquences la tête haute.

« T'aurais dû me dire ce que tu pensais vraiment plutôt que- Mais pourquoi t'as pas claqué cette porte ?! » s’exclama-t-il, avec une violence qui faillit faire exploser la résolution de son amie. Enfin, amie… Elle doutait qu’elle mérite encore ce titre, après ce qui venait de se passer. « Pourquoi t'as ouvert ?! Pourquoi, si c'était pour me faire croire que ce qui s'est passé avec ce monstre n'a rien changé entre nous ? Je te comprends pas, je comprends rien. » Monstre. Le mot avait plus de force dans la bouche de Noeh que dans ses pensées, et elle le sentit passer comme une gifle. Elle déglutit difficilement, tentant de prendre une attitude calme pour répondre, pour commencer à expliquer. Mais l’étudiant n’avait pas fini de s’exprimer. « Tu sais quoi ? Tu ne vas plus avoir à me mentir. On ne va plus se voir si c'est ce que tu souhaites. Si tu veux des nouvelles, enfin si ça t'intéresse, ce dont je doute sincèrement, tu demanderas à ma sœur. » Pietra cligna des yeux. Il avait déjà fait son choix ? Sans même lui donner la chance de s’expliquer, de lui faire comprendre ? Non pas que ce qu’elle avait à lui dire pourrait le convaincre de sa bonne foi, de la pureté de ses intentions, mais… Elle se sentait trahie. Elle avait espéré que leur amitié ait suffisamment de valeur à ses yeux – qu’elle ait suffisamment de valeur – pour qu’il prenne au moins le temps de l’écouter. Elle ne savait pas qu’il la tenait en aussi basse estime pour ne pas se dire qu’elle avait peut-être une bonne raison pour ses actions. Laissant cette dernière claque passer, Pietra prit son inspiration.

« Noeh, rentre. » dit-elle, aussi calmement que si elle avait été en train d’appeler son chat. « Je ne peux pas te donner d’explications à l’extérieur. » Elle n’avait mise aucune force dans ses paroles, même si une partie d’elle lui criait de lui ordonner de se taire, de retourner s’assoir dans son canapé et de l’écouter. Mais si elle agissait ainsi, elle ne vaudrait pas mieux qu’Adriel, malgré toutes ses protestations. Ce serait une ultime trahison, pire encore que tout ce qu’elle venait de lui faire subir. Alors elle se contenta de rentrer dans son salon et d’attendre Noeh, debout dans un coin de la pièce. S’assoir lui semblait trop familier, trop… décontracté. Sans parler du fait que debout, elle pourrait fuir plus rapidement, si besoin était. Noeh avait beau boiter, elle ne comptait pas se mettre à une distance où un coup de béquille pourrait lui faire le moindre mal. Au bout de quelques instants, celui-ci apparut, le regard noir. Elle lui fit signe de refermer la porte et de s’assoir, n’osant pas encore ouvrir la bouche de peur de retomber dans les larmes. Ses yeux verts tachetés de brun ne quittèrent pas Noeh un seul instant, et continuèrent à le fixer en silence pendant un moment, une fois qu’il s’était installé, aussi loin d’elle qu’il pouvait. Le contraste avec leur discussion amicale d’il y avait à peine une demie heure lui enroua la gorge, menaçant de faire picoter ses yeux.

« Je suis mutante. » La phrase résonna dans la pièce. Pietra fixa le brun du regard, une note de défi s’y incrustant malgré elle. Elle ne pouvait se résoudre à se haïr entièrement, malgré ce que les souffrances de Noeh lui montraient. Elle était mutante, oui, monstre peut-être, mais aussi monstrueuse qu'une humaine à onze doigts, ou un enfant sachant parler bien trop tôt. « Plus particulièrement, je suis une mutante capable d’influencer les gens autour d’elle, même de les contrôler. Comme Adriel. » Elle ne s’arrêta qu’une seconde avant de continuer, ne souhaitant pas lui laisser le temps de réagir. « Je ne savais pas que c’était un mutant qui t’avais forcé à te jeter par une fenêtre. Je pensais… je pensais que tu souffrais d’une dépression, ou quelque chose du genre. Je n’avais pas demandé les détails, parce que je pensais que ça ne me regardait pas. » Un autre pause, juste pour reprendre son souffle. Son regard, qui n’avait pas lâché Noeh jusque-là, finit par glisser, se plantant malgré elle sur le sol. « Alors quand… quand Salomé a découvert mon don, elle est venue me raconter ce qui s’était réellement passé. J’étais tellement horrifiée que quelqu’un puisse se servir de son don comme ça, de jouer avec la vie d’un être humain comme si ce n’était qu’un pantin sans valeur, que j’ai décidé de couper les ponts. » Sa main droite vint dégager une mèche de ses cheveux pour la porter à ses lèvres, tandis qu’elle continuait de fixer son nouveau tapis. « Parce que j’avais peur que cette… histoire t’ait rendu plus susceptible à mon don, et parce que j’avais peur que si tu découvrais ce que j’étais, tu penses que je m’étais liée à toi pour finir ce qu’il avait commencé. »

Pietra s’arrêta, haletante. Elle releva lentement son regard pour retrouver celui de Noeh, fière malgré sa lèvre tremblante qui trahissait l’émotion derrière son masque. «  Alors vas-y, maintenant que tu sais. Traite moi de monstre, de dégénérée, de sous-espèce, de ce que tu veux. Mais je te jure, je te le jure Noeh, que je ne m’en suis jamais servi sur toi. Jamais. »

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Noeh Callahan
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MessageSujet: Re: please don't take my sunshine away.   please don't take my sunshine away. Icon_minitimeDim 26 Avr 2015 - 15:06

Noeh, il aurait tellement donné pour continuer sa route. Il aurait tant aimé pouvoir empêcher sa démarche claudicante de ralentir, à son visage de se retourner afin que son regard peiné ne vienne s'échouer sur les traits de Pietra. Il aurait tellement voulu être plus fort que ça aujourd'hui et camper sur sa faible position, sur son pauvre palpitant trop friable pour supporter de nouvelles paroles bien trop difficiles à encaisser de la part de la jeune femme. Il n'avait pas envie de rentrer, de revenir une nouvelle fois vers elle. Ça faisait déjà trop mal. Ça affectait plus que de raison chacune de ses pensées, ce qu'il avait entendu passer ses lèvres alors qu'il s'éloignait, ça touchait le peu d'estime qu'il avait pour lui-même. Et ce qui le tourmentait le plus, c'était que ça le privait de la seule chose qu'il s'était donné pour objectif de garder à flot malgré tout ce qu'il était devenu : son amitié avec Pietra. Elle venait de lui arracher une petite partie du peu d'espoir qu'il avait placé en lui. Pourtant, l'étudiant se retourna. C'est Pietra, souffla une petite voix intérieure. C'est Pietra qui te demande ça, pas n'importe qui. L'observant passer la porte de chez elle, Noeh inspira un grand coup. Avait-il envie d'éprouver des regrets aujourd'hui ? Sans doute pas. Ses prunelles émeraudes se baladèrent un instant sur l'habitacle. Il se laissait le temps de bien réfléchir, de peser brièvement les pour et les contres sans être assez concentré pour aller jusqu'au bout de la manœuvre. Il avait peur, Noeh, il angoissait à l'idée de savoir ce que Pietra pouvait lui révéler à l'abri des oreilles indiscrètes. La frustration de ne même pas avoir un soupçon d'idée sur ce qu'elle pouvait bien avoir à ajouter après ce qu'il venait de lui balancer au visage le décida. Sa béquille recommença son bruit sec. La montée des marches du perron fut à nouveau délicate. Une fois arrivé derrière la porte, l'ancien pianiste se freina un instant. Secouant la tête, une partie de lui cria de faire demi-tour. De ne pas passer cette porte, de ne pas entrer dans cette pièce, dans cette maison, de ne pas mettre les pieds dans l'inconnu, de ne pas se plier aux exigences de son « amie », de ne pas se perdre dans son regard, de ne pas faire cette erreur. Son épaule vint pousser le bois sec. Un grincement signala son entrée. Il allait le regretter, le jumeau Callahan. Il allait s'en mordre les doigts de ne pas faire confiance à cet instinct protecteur qui lui hurlait que cette décision n'était pas la bonne et que ce qui allait se passer dans quelques secondes n'était pas bon pour lui. Cette sensation inquiète passa dans tout son corps. Dès que l'étudiant passa le seuil de l'entrée, il sentit le regard insistant de Pietra s'incruster sur sa pauvre carcasse. Noeh laissa à peine ses propres prunelles sombre lui rendre la pareille. Sans même réfléchir, il décida de s'installer le plus loin possible d'elle, de sa présence et de ce qu'elle avait pu représenter pour lui. Sous le coup de la colère, l'étudiant ne parvenait pas à être aussi réfléchi qu'il pouvait l'être en temps normal. S'installant sur l'une des chaises qui s'imposa dans son champ de vision, il serra les dents jusqu'à ce que ses jambes aient enfin accès au repos qu'elles réclamaient depuis de longues minutes. Noeh fixa le sol un court instant. Il n'avait pas envie de relever le regard en direction de Pietra, il n'avait plus envie de lui accorder quoi que ce soit aujourd'hui. Il n'en était plus capable. Physiquement comme mentalement.

Jusqu'à ce que la phrase claque dans l'air. Jusqu'à ce que le temps semble s'arrêter et que le sol ne se dérobe sous son être. Le visage inexpressif, Noeh se rehaussa sur son siège lentement avant d'accrocher son regard à celui de la jeune femme. Non, pas toi. Ce fut la seule chose qui lui passa par la tête, la seule émotion que l'on pouvait lire sur ses traits. Malheureusement pour lui, Pietra n'avait pas terminé. Sa main gauche lâcha sa béquille au sol. Il devait retenir son corps de s'effondrer au sol, son âme de se défaire de toute joie de vivre. Ça venait de l'atteindre, à Noeh Callahan, de la pire des façons qui pouvait être. Elle était comme lui. Elle était comme Adriel. Elle était comme cet être qui l'avait privé d'une partie de son existence, qui avait ruiné un bout de sa vie par la simple force de ses pensées et envies. Sous le choc, l'étudiant n'émettait aucun retour. Il s'en sentait tout bonnement incapable, encore plus faible qu'auparavant, abattu par ces mots qui se gravaient petit à petit à même sa peau. Un sourire mauvais passa ses traits. Une dépression. Ça aurait été tellement facile, ça aurait été tellement simple une dépression. Ça lui aurait évité les cauchemars, les absences, la douleur, l'éloignement. La peur, l'angoisse, l'appréhension de chaque pas, de chaque mot et de chaque souffle aussi. Mais non, Noeh n'avait jamais apprécié faire dans le conventionnel. Son truc à lui, c'était de servir de marionnette aux monstres de foire comme Adriel. Comme Pietra. Arquant un sourcil, le jumeau Callahan perçut le prénom de sa sœur dans la foulée de paroles que prononçait la jeune femme au loin. Elle savait ? Elle était au courant de ce qu'était Pietra mais ne lui avait rien dit ? La moite gauche de Noeh, moite, vint s'écraser sur son visage. L'air commençait à lui manquer. La maîtresse de maison poursuivait. Elle continuait à lui envoyer toutes ces informations dans la figure, sans même se préoccuper de savoir s'il parvenait à suivre le rythme ou non. Elle n'en avait que faire, elle n'avait rien d'autre comme tare que d'être une mutante. C'était normal d'oublier que lui n'était pas comme ça, que lui n'était plus le même depuis des mois, à cause de l'un d'eux. La respiration haletante, épuisée, de la jeune femme parvint jusqu'à Noeh. Leurs regards se croisèrent un instant, juste le temps pour elle de déballer sa dernière phrase, celle de la pauvre victime qui s'était faite traiter indirectement de monstre par le fils de hunter qu'il était, avant que l'étudiant ne se décide à y mettre un terme. Peu réactif durant cet « échange-monologue », une seule phrase passa ses lèvres pour résumer toutes les choses qui lui étaient passées par l'esprit, mais surtout pour faire comprendre à Pietra que les choses n'avaient pas changé pour lui. Non, elles ne pourraient jamais changer, encore moins après tout ça, pas après cette simple journée qui s'annonçait pourtant si paisible. « J'ai pas besoin de te le répéter, tu sais très bien ce que j'en pense », lâcha-t-il d'un ton sec, corrosif. Pas besoin de rajouter plus, son interlocutrice savait parfaitement de quoi il était en train de parler, à quoi il faisait référence par cette réponse brève. Laissant son regard dévier du visage de Pietra jusqu'à sa béquille au sol, l'ancien pianiste s'abaissa lentement afin de s'en saisir. Néanmoins, le destin semblait être contre lui. S'agaçant, il dût s'y reprendre à deux fois avant que sa fichue aide pour se mettre debout et avancer dans cette vie maudite ne se décide à coopérer. Le grognement douloureux qui s'échappa de ses lèvres lorsqu'il se releva brusquement vrilla dans l'air de la pièce comme témoin de ce qui se passait dans son esprit. Il était blessé, Noeh, affecté de la perte d'une personne qui était chère à ses yeux. Il était amputé à nouveau de la possibilité de compter sur une partie de sa vie qu'il ne souhaitait pourtant pas voir disparaître mais qu'il n'avait d'autre choix que de laisser filer. La respiration rêche, chaude et bruyante, seuls quelques mots évocateurs émergèrent de ses lèvres épuisées : « Laisse-moi partir. » Une supplication, un besoin, une simple requête qu'il avait peur de ne pas se voir accorder. Si Pietra était comme Adriel, alors il ne donnait pas cher de sa peau ni de son âme. Il n'avait peut-être déjà plus le contrôle de sa vie et que toute cette conversation n'était que le fruit des choix et envies d'une mutante capable de contrôler les autres à sa guise. Une sueur froide traversa l'échine du descendant Callahan. Secouant la tête, ses pas le guidèrent plus ou moins rapidement vers la porte d'entrée, seul échappatoire visible à cette situation qui commençait à s'enchaîner à son cou pour ne jamais lui rendre sa liberté. Pourtant, lorsqu'après quelques secondes durant lesquelles ses doigts recroquevillés s'acharnèrent à appuyer de tout leur poids sur la poignée de la porte, un soupir ralentit son départ. Le regard de Noeh se déposa une dernière fois sur Pietra. « Tu sais, je me demande ce qui est le pire : jouer avec la vie de quelqu'un ou jouer avec sa confiance », murmura-t-il tout doucement, tout en sachant que la jeune femme n'avait rien manqué.
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