Sujet: and I will not tell the thoughts of hell. Lun 23 Mar 2015 - 1:09
Noeh était incapable de ne pas les remarquer. Tous ces étudiants qui le fixaient, qui se posaient des questions, qui se murmuraient des choses à l'oreille sur son passage. L'ancien pianiste n'avait pas besoin d'entendre leurs messes basses pour en deviner les propos. Il n'y avait qu'à les regarder pour prédire tout le reste. Pourtant, c'était dans ces immenses bâtiments, entre ces murs quelque peu délabrés et ces nombreux cours passionnants, qu'il se sentait le mieux. Aucune pression familiale, aucune pression amicale, aucune, sauf celle de la présence encore fréquente du visage d'Adriel quel que soit l'endroit où Noeh se rendait. Il le percevait au détour d'une porte, près d'autres élèves, en pleine discussion enjouée. Le fantôme de son ancien colocataire transpirait des murs, lui donnait des sueurs froides et le faisait régulièrement sursauter. Pourtant, l'étudiant poursuivait sa route. Il n'en démordait pas. L'Histoire pouvait le sauver. Continuer à essayer de guérir, malgré les nombreux mauvais résultats, aussi. Il devait juste essayer d'oublier tout le reste. Sa respiration s'accéléra quelque peu. Plus il endurait les regards dévisageants et interrogateurs, plus son corps avait besoin d'accélérer la cadence. Sa béquille frappait avec frénésie le sol dur et froid. Il faisait plus de bruit, il était encore plus repéré lorsqu'il agissait de la sorte. Mais c'était, encore une fois, plus fort que lui. Son état physique le poussait à vouloir échapper à toute forme d'oppression de la part des autres. Ils n'étaient pas capables de comprendre ce que cela faisait, ils ne mesuraient pas ce qu'ils étaient en train de faire, de lui faire. Ou bien Noeh se faisait-il juste des idées, de stupides suppositions, des déductions infondées qui n'avaient aucunement lieu d'être. Le doute persistait. Comme souvent depuis son réveil à l'hôpital : chacune de ses pensées se remettait elle-même en cause et en question. Elles hésitaient, avaient peur d'emprunter le mauvais chemin et de le mener plus vite que prévu à sa perte. Un sentiment qui hantait le jeune homme à chacune de ses inspirations et qui faisait mine de le quitter de la même façon lors de ses brèves expirations. En somme, son quotidien continuait d'être affecté par un événement de sa vie qui ne parvenait pas à rester ancré dans son passé.
Les pas de Noeh se stoppèrent enfin devant la porte d'un bureau. Ce dernier était presque trop bien caché au Nord de l'université, il avait presque manqué ne pas en trouver l'emplacement exact la première fois qu'il avait été obligé de se déplacer jusqu'ici. Pourtant, son sang Callahan avait pour une fois joué le jeu et l'avait aidé à se repérer rapidement dans ces locaux inconnus. A présent, il lui fallait juste le temps de reprendre son souffle. Les doigts recroquevillés de sa main droite s'enfoncèrent encore un peu dans la poche de sa veste. Cette main déstabilisante était ce dont il voulait que les personnes qu'il avait en face se rendent le moins compte. Elles devaient l'oublier, ne même pas y songer ou la deviner au creux de sa prison de coton gris. Ce poing défectueux resterait transparent jusqu'à ce qu'il se délie un jour ou l'autre. S'il se déliait. En attendant, Noeh continuerait à le masquer au regard du monde entier, ainsi qu'au sien. Parfois, il se disait même qu'il commençait à vraiment l'oublier. Il y croyait vraiment. Jusqu'à ce que ses cauchemars ne lui rappellent avec ingéniosité qu'il n'avait plus la possibilité de caresser les belles touches blanches qui composent les pianos à cause de cette même main atrophiée. Au matin, il n'avait alors plus que cette idée en tête, obsédante, étouffante. Secouant la tête, l'étudiant constata que de longues secondes s'étaient écoulées et que l'on devait peut-être commencer à l'attendre derrière la porte. Hésitant un instant, se soufflant en son fort intérieur qu'il ferait mieux de réviser pour son prochain cours d'Histoire médiévale plutôt que de continuer à se traîner jusqu'ici, son coude vint finalement cogner contre la porte. « Je peux entrer ? », questionna-t-il, en l'attente d'une réponse favorable. Cette dernière lui parvint prestement et, libérant juste le temps d'un instant la main droite de sa cage, il s'affaira à la laisser retomber sur la poignée grise. Autant que cette main pas si habituelle serve un peu à quelque chose. Le regard de Noeh tomba alors dans celui de Godric. Bien évidemment, il se trouvait toujours dans l'incapacité presque chronique d'afficher un quelconque sourire. Et, de toute façon, se rendre à un tel rendez-vous obligatoire ne faisait toujours pas son bonheur, malgré que ce soit déjà le troisième auquel il faisait honneur de sa présence. Repoussant la porte de sa béquille après s'être avancé de quelques pas lourds, le jeune homme vint prendre place sur la chaise située devant le bureau de son psychologue. Leurs regards ne se recroisèrent qu'une fois qu'il fut installé et que son visage concéda à s'élever dans la bonne direction. Un long soupir lui échappa alors. Au début, Noeh avait stipulé qu'il ne voulait parler de ce qu'il lui était arrivé à aucun professionnel. Malheureusement, personne n'avait dû avoir l'envie explicite de réaliser son seul souhait. L'étudiant avait rapidement eu vent des rendez-vous auxquels il allait devoir se présenter ponctuellement, et ce, à plusieurs reprises. Voilà qu'à présent il se retrouvait pour la troisième fois en peu de temps, d'après lui, devant cet homme qui inspirait sans doute malgré lui une certaine confiance. Oui, Noeh trouvait qu'il était capable de prendre assez de recul pour ne pas le traiter comme tous les autres et ça le rassurait. Cet homme était juste là pour faire son boulot et ne s'investissait pas corps et âme dans son suivi, ou alors l'ancien pianiste n'en avait aucunement le même ressenti. Qu'attendaient-ils, à présent ? Ou plutôt, qu'attendait son psy de sa part, encore une fois ? Généralement, il fallait que les efforts viennent de lui. Il paraissait que c'était ce qui allait lui permettre de se rouvrir aux autres, de faire « le premier pas ». Sa béquille vint toucher terre dans un petit bruit sec. Puis, après une ou deux secondes supplémentaires à se complaire dans ce silence si particulier qui régnait dans son esprit, Noeh se décida à ouvrir la bouche. « Bonjour. »
Invité
Invité
Sujet: Re: and I will not tell the thoughts of hell. Lun 23 Mar 2015 - 22:47
Noeh&Elijah
Don't want to hear about it.. Every single one's got a story to tell. Everyone knows about it. From the Queen of England to the hounds of hell.
Tentative de suicide, on lui avait dit. Saut dans le vide, dans la vie, saut vers ce grand inconnu qu’est la mort et qui n’a pas voulu le rencontrer ce jour là. On lui a dit qu’il était mal vu. On lui a dit que personne n’avait jamais réellement compris pourquoi il agissait comme cela. Noeh était à part, Noeh était le cadet. Parfois, les petits derniers d’une famille s’en sortaient bien. Parfois, ils étaient comme lui. Exclu, à part, comme né trop tard dans cette famille qui avait déjà bien trop grandit sans lui. Elijah aurait du avoir un petit frère lui aussi – sauf qu’il n’a pas eu besoin de choisir la solution du lâche pour partir de ce monde. Son jumeau n’avait simplement pas poussé de cri alors que lui hurlait à plein poumons. Aurait-il eu ce complexe d’infériorité, de vilain petit canard, étant donné la facilité avec laquelle Elijah arrivait à ce mouvoir dans ce monde qui était pourtant contre lui ? Il ne le savait pas, et ne voulait pas le savoir. Bien qu’il se fasse passer pour psy, il n’en était pas un et ne faisait que jouer avec le jeune Callahan pour arriver à ses fins. Son esprit, ses remords, pensées et regrets, tout ce qui ne passait pas les lèvres du mutants pourtant bavard était le territoire tout entier d’un pouvoir qui le rongeait, douce tumeur, cancer mégalomane. Il ne pouvait et ne voulait se remettre en question, puisqu’il était parfait. Noeh ne l’était pas, puisqu’il s’appellait Callahan.
Peut-être que son jumeau aurait pu être jaloux. Jaloux de la manière avec laquelle Elijah s’était penché un jour sur le bureau d’accueil de la faculté du coin, un sourire aux lèvres, un costume parfaitement taillé sur les épaules sans pour autant faire trop professionnel. Il aurait été admiratif de la manière ou, avec quelques mots suaves et bien placés, après avoir fait un peu de discussion avec la quinquagénaire le mutant s’était vu devenir psychiatre officiel de la faculté. Les papiers furent remplit, et d’ailleurs, certains élèves qu’il croisa dans les couloirs de l’administration purent jurer après avoir échangé quelques paroles que le docteur Fitzgerald avait fait des miracles pour eux. Ne leur demandez pas ce qu’ils avaient pour être venu le voir, ils ne sauront pas. Avec le même sourire aux lèvres, ils ne feront que répéter bêtement qu’il était génial, Godric, oui, un vrai magicien. Cynique ou idiot, l’irlandais avait pris le surnom de Godric qui aurait été celui de son jumeau. Heure de la mort : 11H37. Elijah avait soit un humour très noir, soit retrouvait dans la mort de ce nouveau né qui aurait pu être aussi ignoré que Noeh, une similitude avec ce dernier. Avec celui qu’il voulait manipuler, briser, jouer avec dans le seul but d’atteindre son père.
Se faire passer pour ce qu’il n’était pas était à la fois dans les habitudes du mutant, mais aussi tout son contraire. S’il n’hésitait pas à clamer ses convictions, laissant son don persuader ses interlocuteurs, pour de nombreux actionnaires dans le pays, il n’était qu’un brillant actionnaire milliardaire au charisme certain. Une ombre et un personnage à la fois. Godric et Elijah, l’un mort et l’autre vivant, deux identités qui s’alliaient pour courroner un monde transmutant. Un monde sans hommes, sans femmes, sans guerres.. Juste eux. Le trône sera fait d’os de chasseur, et il n’y aura que des champs de cadavres humains à l’horizon – mais au moins seront-ils en paix, n’est-ce pas ? Aussi absurde que cela puisse paraitre, un jour Elijah s’était convaincu que ces idées étaient juste, et depuis, il s’y tenait. Alors il avait essuyé des défaites, puis des victoires. Son réseau actuel était partout et nulle part à la fois, à son image. Des sources lui donnaient des informations en continu, des tueurs à gage l’excluaient de tout meurtre de chasseur, et puis des infiltrés chez ceux qui tuaient sa propre race permettait de les saboter de l’intérieur. Il ne s’était jamais réellement préoccupé de Radcliff, bien que la ville soit l’une des plus peuplées au niveau des hunter, mais depuis qu’il s’y était installé, Elijah avait rapidement identifié les problèmes majeurs qu’il fallait soit éviter, soit annihiler. Sans parler de Thaddeus, plusieurs familles de chasseurs étaient bien implantées, et parmi elles, celle des Callahan. A sa tête était une certain Roderick, avec qui il avait échangé une poignée de main. Etrange, à quel point les réunions d’actionnaires, à quel point l’argent avait le don de réunir les pires ennemis dans une même pièce. Ce jour là, Elijah ne savait pas à qui est-ce qu’il faisait face, et Roderick non plus. Tout ce qu’il savait était que le senior était intouchable. Il pouvait le tuer, mais pas sans laisser sa peau se faire arracher par l’espèce de clan qui gravitait autour de lui.
Alors, il décida de s’en prendre à ce clan. A ce Noeh, instable, lâche. Faible. Le transmutant ne savait pas quel lien liait le jeune homme à son père, mais ce qui était sûr était que s’il était à la place de Roderick, il aurait depuis longtemps achevé la tentative ratée de son fils. « Entrez. » Il se leva, passant mécaniquement ses mains sur son costume pour le défroisser un minimum. Assis derrière un bureau qui n’était pas le sien, il avait attendu un bref moment avant qu’il n’arrive. Avant qu’il ne demande la permission d’entrer, lui à la main difforme qu’il ne pouvait même pas utiliser pour frapper à une porte. Oui, s’il s’appelait Roderick, il mettrait fin à cette démarche étrange, à moitié appuyée sur une béquille bruyante, une pate dans la poche, l’autre bien trop serrée autour de la poignée qui lui permet de marcher correctement. Elijah évita de la fixer trop longtemps car il savait à quel point son regard pouvait parfois être dérangeant, mais du coin de l’œil, il observait la démarche du vilain petit canard qui était encore plus vilain depuis son suicide aussi manqué que le restant de sa vie. Derrière son visage sympathique et aimable, l’irlandais jugeait le pauvre étudiant qui croyait trouver en lui l’espoir permettant de remettre les bouts brisés qu’était devenu sa vie ensembles – mais tout sang de chasseur était un sang qu’il fallait faire couler. Si Noeh avait été mutant, même Eli aurait éprouvé une peine, contenue certes, mais tout de même présente à sa vue. Il aurait tenté de réellement l’aider, pas simplement de le manipuler. Mais lui, lui et sa gêne, et son dégoût pour lui-même qui était presque palpable, lui et le silence et le manque de politesse qu’il faisait régner comme si cette pièce était sienne, lui il pouvait bien crever après que le mutant s’en soit servi où lorsque ses proches apprendront ce qu’il a fait sans le savoir – Elijah s’en foutra. Un « Bonjour » réussit finalement à s’extirper des lèvres légèrement serrées du jeune homme. « Bonjour Noeh, je t’en prie, prend place. » Son ton était aimable, bien que pour rien au monde il ne priera jamais un Callahan ni aucun de son espèce quoi que ce soit. Montrant de la main le fauteuil en cuir noir ou l’étudiant s’était déjà assis, il prit s’installa en face de lui, une sorte de calepin à la main.
C’était leur troisième séance. Elijah voulait prendre son temps pour ne pas rater l’opportunité qu’il avait de tenir un des membres de ce clan de tueur. Il avait changé de nom, de prénom, et pendant les deux premières séances, il n’avait fait qu’installer un climat de confiance entre lui et Noeh. « Tu vas bien ? Tu as l’air d’avoir moins de difficulté avec ta béquille. » Le gamin pourrait très bien penser le contraire, le simple fait d’entendre le transmutant lui dire cela était quelque chose de bénéfique. Du moins pensait-il. « Ecoute Noeh, durant nos précédentes séances nous avons parlé de la manière dont tu abordais tes cours, le regard des autres.. » Le faux psychiatre tourna les pages de son calepin ou il n’avait pas fait semblant d’écrire, de peur de perdre là quelque information importante. « .. Et la sauce immonde qu’ils servent à la cafétéria de la fac. » Sourire amical. « Je voudrais bien t’épargner le blabla de psy parce que je considère que les choses qui te touchent vraiment, celles qui font ce que tu es maintenant, doivent émaner de toi-même. Je ne veux pas te forcer à me dire comment étaient tes parents avec toi jeune, si des personnes t’ont influencée ici ou plus tôt dans ton enfance – mais tu sais que ce n’est pas le fait de savoir que la sauce moutarde est non-comestible qui va m’aider à t’aider toi. » Ses pupilles bleutées croisèrent celles du Callahan, le forçant à le regarder dans les yeux, lui qui préférait si souvent éviter ce contact. Dommage pour lui, cela permettait à la mutation d’Elijah d’agir encore plus efficacement. « Si tu n’y arrives vraiment pas, je peux te raconter une anecdote sur moi, en échange d’une sur toi. Mais ça sera plus aisé si l’initiative vient de toi. » Et Dieu savait, après deux rendez-vous, que Noeh avait autant d’initiative pour bavarder que pour dire bonjour en entrant dans son bureau.
(c) AMIANTE
Spoiler:
idem, si tu veux que je change quelque chose, dis-le moi :)
Noeh Callahan
MEMBER - join the evolution.
MESSAGES : 2577
SUR TH DEPUIS : 15/03/2015
Sujet: Re: and I will not tell the thoughts of hell. Sam 28 Mar 2015 - 17:07
Le visage de Noeh était toujours impassible. Ou plutôt, presque indifférent. Le ton aimable qu'employait Godric malgré l'attitude désagréable qu'il affichait le surprendrait toujours un peu. Généralement, lorsqu'il choisissait de ne pas faire d'effort comme présentement, les personnes qui se trouvaient en face de lui se renfrognaient. Elles savaient qu'après ce qu'il lui était arrivé, il n'était plus vraiment le même, beaucoup moins enclin qu'avant à sourire à la vie et aux autres, mais elles continuaient à arborer cette mine outrée qui lui faisait souvent détourner le regard. Il n'avait pas envie d'être compris. Il n'avait pas besoin d'être suivi. Noeh ne ressentait aucune nécessité à parler encore et encore de sa mésaventure, de la perte de sa passion, de sa famille qui ne savait plus trop comment prendre les choses. L'étudiant espérait juste pouvoir essayer de commencer à oublier tout ça. A passer à « autre chose ». Il percevait mal l'avenir qui se préparait pour lui, mais il estimait que foncer tête baissée vers ce dernier était mieux que de ressasser le passé. Cependant, cette vision des choses, c'était celle qui naissait quelques fois dans son esprit. Le reste du temps, le jumeau Callahan n'osait pas s'asseoir dans le salon, situé bien trop près du piano familial. Il sortait rarement de chez lui, se perdait dans ses bouquins de cours pour mettre à mal toutes ces pensées négatives qui s'insinuaient dans son quotidien. A quoi bon en parler encore aujourd'hui, demain et après-demain ? Ses yeux faits d'émeraude pure se baladaient tout autour de lui, frénétiquement, sans jamais s'arrêter sur un objet en particulier, ni sur le visage de son psychologue. Un moyen comme un autre de persister à prouver qu'il n'avait aucune envie de se trouver ici, que ça ne représentait qu'une perte de temps, encore plus pour Godric que pour lui. Il était ce qu'on appelait un cas désespéré. Pourquoi espérer ? Les lèvres de son interlocuteur se mouvèrent alors, prononçant des mots qui résonnèrent dans chaque recoin de son âme. Ses prunelles dérivèrent en direction de sa jambe, avant de venir se poser franchement dans celle de son psychologue. Était-il sincère ? Remarquait-il une différence dans sa façon de marcher, dans sa manière de s'accommoder à cette jambe étrange ou se fichait-il de lui ? L'espoir qui s'insinua dans ses veines dans le même temps que ses pensées se fracassaient fébrilement les unes contre les autres se voulait inédit. Enfin une personne autre que médecin ou infirmier, famille ou amis, observait un changement, une évolution, quelle qu'elle soit. Noeh ne parvenait pas à se décider sur le fait de savoir si cela s'avérait réellement positif ou non, mais son désir de voir un jour un véritable changement s'opérer pour son état prenait le dessus sans qu'il ne puisse rien y faire. L'attention qu'il ne portait pas jusqu'à présent à son psychologue prit ainsi une autre tournure. Ce dernier avait réussi à l'attiser, à l'intriguer assez pour que le jeune homme daigne cesser d'afficher cette nonchalance légendaire qu'était sienne depuis de longues semaines, au moins juste un instant.
Le regard bleuté de l'homme s'ancra alors dans le sien. Noeh était-il vraiment capable de parler de tous ces sujets alors que son état stagnait ? Évoquer la pluie et le beau temps, se délecter d'avouer enfin son dégoût pour les plats de la cafétéria, parler de tout et n'importe quoi, en somme, ce n'était pas mieux que d'aborder les sujets plus délicats ? Cette thérapie était bien là pour l'aider à reprendre goût à la vie et faire table-rase du passé, n'est-ce pas ? L'étudiant était bien présent pour ça, oui. Pourtant, il sentait au fond de lui qu'il pouvait se permettre de discuter de choses plus fâcheuses, plus évocatrices de sa personne que ses goûts déclinants pour la cuisine de l'université. Se rehaussant dans son siège, sa tête hocha sans réellement quitter des yeux Godric. « Je dois avouer qu'en savoir un peu plus sur l'homme aux mille questions que vous êtes m'intrigue, vraiment. » Une légère touche d'humour qui cachait toujours la même chose chez lui : son angoisse de revivre des périodes qui n'étaient pas les plus belles de sa (courte) vie. Le jeune homme fouilla tout de même dans sa mémoire. A la suite de son accident, les souvenirs qu'il pensait avoir conservés s'étaient fait et se faisaient toujours de plus en plus flous dans son esprit, comme si l'influence d'Adriel était encore présente dans ces derniers. Avait-il vraiment vécu tous ces petits détails dont il se remémorait la présence ou bien était-ce le fruit de l'influence du mutant ? Cette faiblesse de confiance en lui le plaçait dans une situation délicate. Comment pouvait-il évoquer tout cela auprès de son psychologue s'il ne savait pas par quoi commencer, ni même si tout ce qu'il pouvait apporter dans leur conversation s'avérait véridique ou non ? « J'ai du mal à me souvenir de comment étaient réellement mes parents avec moi lorsque j'étais gosse. » Ses sourcils se froncèrent. Pour une fois, il faisait au moins l'effort d'y songer un minimum. Il sentait que ça pouvait même le libérer d'un certain poids. Toutefois, certains souvenirs traçaient leur chemin tout seul : ceux des entraînements, des longues réunions de famille, des remontrances face à son comportement singulier en comparaison des autres chasseurs ou futurs chasseurs de la famille. Pouvait-il évoquer tout cela en présence de Godric ? Son esprit commençait à se perdre tout seul dans ses réflexions à rallonge. Son regard mi-clair, mi-perdu, voire perturbé alors qu'ils commençaient à peine, se dirigea à nouveau vers celui du psychologue, comme attiré par cette impression rassurante et confiante qui s'en dégageait. C'était rare pour Noeh de croiser de tels regards désormais. « Ils n'étaient parfois pas tendres avec moi ou Salomé ; c'est toujours le cas d'ailleurs. Ils ont une discipline particulière. Je ne l'ai jamais aimée », avoua-t-il d'un ton à la fois las et criant de sincérité. Ses parents ont toujours envisagé pour lui une route toute tracée. Leur fils suivrait leur destin, perpétuerait leur lignée de chasseurs et l’enseignerait plus tard à ses propres gamins. Mais Noeh n'était pas comme ça. Il était celui qui n'était pas fait pour cette vie, qui se trouvait loin de cette existence que ce soit au niveau du cœur, du corps ou de l'âme. Rien n'avait jamais motivé Noeh à se dépasser lors des entraînements ou autre, si ce n'était amuser ou détendre un peu la galerie lorsque les sessions de préparation à la traque de mutants devenaient bien trop barbare à son goût. Le visage souriant d'Aspen lui revint en mémoire ; c'était peut-être son attention à elle qu'il tentait de détourner de toutes ces règles auxquelles ils étaient contraints de se plier avec leurs parents respectifs. Peut-être, car à présent, Callahan n'était plus vraiment sûr de rien. Ses mains de plus en plus moites vinrent se coller contre son jean. Remuer les souvenirs commençait à avoir un impact sur son moral, mais si Godric jugeait que c'était nécessaire, alors il songeait à commencer à lui faire confiance sur ce genre de choses.
Contenu sponsorisé
Sujet: Re: and I will not tell the thoughts of hell.