C'était une journée peu différente des autres. J'avais du boulot, un client plutôt fortuné venait de m'appeler afin que je protège sa fille durant la journée. Ce qui ne me change pas vraiment de mes habitudes, la majeur partie de mes clients sont riches. En même temps, on ne peut pas tous avoir les moyens de se payer un garde du corps. J'enfile ma tenue et me rase, je devais faire bonne impression, cela faisait aussi partie de mon boulot. Je ne devais évidemment pas faire tache à côté de mes clients. Un coup de brosse à dents, un coup de peigne, un peu de parfum et me voilà prêt à sortir. Prêt à rencontrer un énième client qui sera sans doute aussi exigeant que tous ceux qui l'ont précédés.

Je sortais d'un pas assuré en direction du centre-ville, le vent frais brûlait mes joues. Je rencontre toujours les mêmes personnes en passant dans ces ruelles qui me permettent d'accéder plus vite au centre-ville, ce pauvre homme assis, appuyé contre le mur qui a toujours ce regard m'incitant à avoir pitié. Chaque fois je cède et dépose une modique pièce, il fait alors un léger signe de la tête afin de me remercier. Il y a aussi les deux petites jumelles insouciantes, fonçant à toutes vitesses sans même porter la moindre attention aux personnes passant non loin, bien que peu de personnes passent par là. C'était une ambiance peu intéressante qui régnait par ici. Heureusement pour moi, ces ruelles n'étaient pas si grandes que ça et il ne me fallait que quelques minutes afin d'en sortir.

Me voilà en plein centre-ville, un peu plus peuplé que les ruelles que je venais de traverser. Je rejoins alors le point de rencontre annoncé par mon client lors de l'appelle d'un pas rapide, afin d'être sûr que mon client ne m'attende pas. J'arrive au lieu du rendez-vous à temps, quelques secondes plus tard, la voiture noire débarque et s'arrête un peu plus loin devant moi. Une jeune fille en descend et me serre la main.   « bonjour. je... » je lui lâche un léger sourire. « Bonjour. » Elle semble avoir oublié ce qu'elle voulait me dire, je la regarde fixement attendant sa réponse. « j'ai envie de faire du shopping, vous connaissez votre métier je suppose. » Mon regard reste bloqué sur le sien un instant, je n'aimais pas particulièrement ce qu'elle venait de me dire. Bien évidemment je connais mon métier. Je me place alors à côté d'elle et nous commençons à marcher en direction des quelques boutiques du centre-ville qui pourraient intéresser la demoiselle que je devais protéger aujourd'hui. Je jette quelques coups d’œil vers elle avant de reprendre. « La demoiselle se nomme ? »

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Elle venait de me rire au nez avant de me répondre qu'elle s'appelait Pandora. C'était un prénom que je n'avais jamais entendu mais pour le coup je me demande encore si le fait d'avoir rencontré ce prénom aujourd'hui est plutôt positif ou non. Son air un peu moqueur et hautain allait sans doute vite m'énerver mais je devais me contenir, tout simplement car il s'agit de mon boulot et savoir passer au dessus de ces petits problèmes en fait aussi parti. Nous continuons à garder le rythme et chaque pas me rend pensif. Quelque chose n'était pas crédible chez elle, elle manquait terriblement de confiance et pourtant elle me prenait de haut. La demoiselle m'intriguait énormément. Je ne savais pas quoi penser, il ne me restait alors qu'à me taire et à la suivre.

Elle s'est arrêtée nette, devant cette boutique hors de prix qui sans nul doute ferait pleurer plus d'un porte-feuille. « et toi, tes amis, ils t'appellent comment ? » J'ai continué à regarder droit devant moi, observant mon reflet. « Alessandro mais les plus flemmards m'appellent Sandro. » Elle venait de me tutoyer, ce qui était plutôt étonnant il faut l'avouer. Je me perdais peu à peu dans mes pensées, à trop réfléchir sur le comportement de cette femme j'en venais même d'oublier que je devais la surveiller. Mes yeux rivés sur sa nuque, je pensais à chaque détail qui pouvait me laisser croire qu'elle était fausse, qu'elle ne me montrait pas qui elle était vraiment, qu'elle jouait un rôle. Elle s'est retournée afin de me faire face et m'a alors sorti de toutes mes pensées. « finalement, j'ai faim. » J'ai regardé vers le ciel tout en me disant que cette fille était vraiment spéciale. « D'accord, tu veux manger quelque chose particulièrement ? » je préférais l'accompagner manger quelque part plutôt que l'emmener faire du shopping, ce qui restait totalement compréhensible. Le shopping ce n'était clairement pas pour moi, il suffit de me laisser quelques secondes dans un magasin avant que je baille et que mes yeux se mettent à briller. D'autant plus que cette fille n'a jamais l'air de vraiment savoir ce qu'elle veut, alors je ne préfère pas imaginer le nombre d'heure qu'on aurait passé dans les boutiques à ratisser rayon par rayon.

Je ne sais pas pourquoi mais j'ai eu cette soudaine envie d'en apprendre plus sur elle, ce petit truc louche m'incitait à vouloir en connaître un peu plus, alors sans réfléchir je lui ai posé une question. « Alors dis-moi, tu fais quoi de beau à Radcliff, tu as des passions ? » Je lui ai posé la question sans prendre la peine de la regarder, je n'avais pas envie de la voir me rire au nez comme à la première question que je lui avais posé.

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« bien sur, j'adore faire de la charité, avec les soirées où on vend aux enchères des objets pour les bonnes œuvres, je fais du tennis aussi. et bien sûr, je fais de l'équitation, en venant ici, j'ai du laissé à l'écurie Bouton d'Or, mon cheval, c'est un magnifique... alezan. » J'avais l'étrange impression qu'elle n'était pas sincère, sa façon de se comporter et son intonation me laisser l'amère impression que tout cela était faux, qu'elle n'était pas la fille qu'elle laissait paraître. D'autant plus que ses passions ne collaient pas tant que ça avec son caractère, une fille comme elle qui fait de la charité ? Non, je ne pouvais pas y croire. Peut-être que je me trompais mais à mes yeux, tout cela était impossible. Je me perd alors quelques secondes dans mes pensées avant que la jeune fille ne m'en sorte subitement.

« j'ai soif en fait. Un café alors. Et je veux le prendre en terrasse. L'air à l'intérieur est étouffant dans ce genre d'endroit. » Je commençais à croire qu'elle se jouait de moi, que tout ça n'était qu'un coup monté. Elle me faisait tourner en rond comme un poisson le ferai dans son pauvre bocal. Elle ne voulait plus manger, non, maintenant elle voulait boire un café mais pas n'importe où, sur la terrasse. Le genre d'endroit où tout le monde pouvait la voir, la remarquer. Un endroit où quiconque lui en voudrait pourrait la retrouver. Évidemment j'accepte, ce n'est pas comme si j'avais le choix voir même mon mot à dire. « Tu es sûre de toi ? Tu ne comptes pas me dire que finalement tu as changé d'avis au dernier moment cette fois ? » Je n'aurai peut-être pas du dire ça, mais cette cliente était différente. Elle ne savait pas ce qu'elle voulait, ce qui est plutôt perturbant, habituellement mes clients savent déjà où ils souhaitent aller, elle, non, elle me faisait tourner en rond dans le centre-ville.

Je n'avais plus qu'une envie, savoir qui elle était vraiment, au plus profond de moi, j'étais persuadé qu'elle jouait un rôle.

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« On se tutoie maintenant Sandro ? » Je baisse la tête quelques secondes, sourire en coin,puis la relève tout en fixant Pandora. « Sauf si cela te pose un problème ? » je me mord les lèvres instinctivement, en imaginant qu'elle puisse me dire que oui, effectivement cela la dérange, et dans ce cas je risquerai de perdre un client.

Pandora marchait devant moi, dans une étroite ruelle que je n'avais jamais traversé, me guidant jusqu'au café qu'elle voulait rejoindre. Elle semblait plus déterminée que pour les boutiques précédentes. Le soleil était caché et je devais regarder attentivement où je marchais, mon regard se perdait peu à peu sur les dalles qu'engouffraient mes pieds petit à petit.

Je n'avais pas fait attention aux bruits qui m'entouraient, trop occupé à regarder là où je marchais. Le sifflotement de Pandora me guidait et j'adaptais le rythme de mes pas au bruit qu'elle produisait. Les mains dans les poches, je n'avais pas vu le coup venir, je n'avais pas prévu tout ça. Je n'avais pas été prudent.

Tout à coup, les sifflements se sont arrêtés, laissant place à un petit bruit strident et sans même avoir le temps de réagir, un homme venait de me sauter sur le dos, me faisant tomber à quatre pattes. J'apercevais quelques mètres devant moi Pandora, un couteau à la gorge. Je m'en voulais, je n'avais pas été assez attentif, Pandora risquait de mourir par ma faute. Il fallait que j'agisse au plus vite.

« ENFOIRÉS ! » Mon coude est alors parti en arrière, frappant de plein fouet le visage de l'homme se tenant à mon dos. Son corps s'écrasa derrière-moi, je venais surement de l'amocher. Je me suis levé et j'ai foncé, je savais que chaque secondes étaient précieuses. Un autre homme vêtu de noir, masqué, m'a intercepté, tentant de m'infliger un coup en plein visage que j'ai esquivé de justesse. Trop angoissé par l'idée que Pandora puisse être égorgée à n'importe quel moment, je n'ai pas vu le coup de tête arriver, me donnant l'impression que ma tête allait exploser, l'arcade en sang. La douleur venait de me faire réagir, mon poing est parti dans les côtes de l'homme à plusieurs reprises, jusqu'à ce qu'il me lâche et s'écroule face à moi.

« PANDORA ! »Je n'ai pas réfléchi et j'ai sauté, j'ai sauté sur l'homme qui la tenait et l'ai fait tomber sur moi. Le couteau a volé un peu plus loin sur ma droite, en direction des deux hommes avec qui je venais de me battre. Son poing a heurté ma joue, me faisant cracher du sang. Les coups partaient dans tous les sens, la victoire reviendrait à celui qui encaisserai le mieux. Nos corps ont roulés et je me suis alors retrouvé au-dessus, ce qui était plutôt avantageux. J'avais mal, je souffrais, ma tête me brûlait mais je ne pouvais pas faire marche arrière. Le goût de sang dans ma bouche me dégoûtait et mes poings commençaient à s'érafler. Mon genoux a alors frappé la partie connue pour être la plus sensible chez les hommes, laissant mon adversaire sans souffle.

Je me suis relevé, posant mes mains sur les épaules de Pandora. « Je ne laisserai personne te faire du mal, mais il faut que l'on parte, ils vont surement bientôt se relever. » J'étais exténué mais je n'avais pas le temps pour me plaindre, ni même pour me reposer. Il fallait qu'on parte, histoire que je n'ai pas à me servir de mon don.

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Tout se passait si vite. Pandora tremblait, je me sentais mal pour elle, j'avais l'impression de ne pas avoir accompli correctement mon boulot, d'avoir tout foiré. Mes jambes avaient envie de lâcher sous le poids de mon corps affaibli, mais il ne fallait pas. Panda avait prit de l'avance, elle était un peu plus loin devant, courant. Les hommes derrière nous se relevaient et Panda s'est retournée bêtement, perdant son équilibre et s'écrasant sur le sol. Je l'ai rejoins et me suis arrêté à côté d'elle. Je me suis presque allongé afin d'être à son niveau. La main sur son épaule, je l'ai longuement regardé. J'ai légèrement frotté son dos comme pour la rassurer. Les hommes se rapprochaient peu à peu. « Tu n'as plus à avoir peur, tu n'as plus besoin de fuir, je suis là, il ne t'arrivera rien. » J'ai alors replacé l'une de ses mèches, pour lui montrer que tout ce qu'il y avait autour n'avait aucune importance. Pour lui montrer que si je prenais le temps d'être à son petit soin, c'était car il n'y avait plus aucun risque. J'ai toujours pensé que mon don allait rarement me servir étant plus jeune, à présent je vois l'importance capitale qu'il peut avoir. J'aurai tout à fait pu soulever Panda et continuer à avancer mais je ne voulais pas, tout simplement car je voyais qu'elle était au plus bas, que c'était trop pour elle.

Tout était comme déjà fini à mes yeux, je savais que nos agresseurs ne pourraient pas nous approcher, tout simplement car j'allais créer un champ de force. Je pouvais enfin souffler, bien évidemment Panda ne sait pas que je suis un transmutant et j'appréhende. Qui sait, c'est peut-être une hunter ? Mais comment pourrait-elle m'en vouloir alors que je la protège ? J'ai aussi peur qu'elle me prenne pour un monstre, qu'elle se mette à me fuir. Bien que je ne la connaisse pas plus que ça, j'avais déjà cet étrange lien avec elle qui me poussais à vouloir apprendre à la connaître.

Les deux hommes qui se sont relevés n'étaient plus qu'à deux mètres de nous, soit assez pour que mon champ de force les fassent valser au loin. J'ai posé mon regard sur eux un peu comme pour m'assurer que mon don fonctionnait, toujours la main sur l'épaule de Panda de façon à ce qu'elle ne soit pas éjectée par le champ de force. Pendant quelques secondes, je me suis concentré, pendant quelques secondes il se sont rapprochés et en moins d'une seconde, ils ont volés de l'autre côté.

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Mon don avait fonctionné, tout c'était passé comme je l'avais prévu. Les hommes ont volés à quelques mètres plus loin. C'était fini, Panda n'avait plus rien à craindre car oui, elle n'allait pas mourir. Elle touchait alors mon menton. « c'est toi... c'est toi... tu es...» je la regardais droit dans les yeux, sans sourire cette fois, j'attendais de voir sa réaction, j'attendais de voir si elle allait maintenant partir et m'ignorer car j'étais un transmutant ou si au contraire elle allait me soutenir car je venais de la protéger. Je me posais peut-être trop de questions à ce sujet, ce n'était surement pas la chose la plus importante à l'heure actuelle, mais c'est belle et bien cette pensée qui envahissait ma tête.

« ils sont... ? » j'ai légèrement rigolé en voyant sa réaction même si je me doute qu'elle ne devait surement pas rire. « Non ne t'inquiètes pas, ils ont juste du perdre connaissance, ils se réveilleront. » J'ai ensuite mis ma main sur sa joue et ai essuyé ses larmes, tout en la regardant. Elle avait une entaille à la gorge, ça n'avait pas l'air trop grave mais il fallait s'en occuper. « on devrait aller te soigner. Tu saignes énormément. » je l'ai regardé avec un sourire en coin, j'avais complètement oublié mes blessures, la douleur s'était comme évaporée. Je l'ai alors aidé à se relever. « Ne t'inquiètes pas pour moi, ça va aller. » Je me met alors à examiner son entaille. « Elle n'est pas profonde, tu n'auras aucune trace de cette blessure. En revanche, je doute que ton père apprécie. » ma mission première était de la protéger, je n'ai pas vraiment réussi dans le sens où elle n'est pas intacte. Je place mon bras autour de son épaule afin qu'elle avance à mon rythme, il faut qu'on sorte de cette ruelle. « Ton père demandera peut-être un garde du corps plus compétant que moi » lâchais-je en riant bêtement.

Je commençais à apercevoir les rayons du soleil, c'était la sortie, enfin. Je sors alors un mouchoir de ma poche. « Tu peux essuyer mon sang s'il te plait ? Faudrait pas qu'on se fasse trop remarquer en ville. »

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Doucement elle essuyait mes blessures. Je me laissais faire et ne disais rien. J'étais apaisé. Je ne pensais plus à tout ce qui venait de se passer, comme si la journée avait été banale, comme si nous n'étions pas passés dans cette ruelle. Le soleil réchauffait ma peau meurtri par les coups et peu à peu mon visage ne laissait plus paraître ces coups.

J'étais bien loin d'imaginer ce qui m'attendait. J'avais vu venir la carotte un peu avant mais cette histoire me l'avait complètement fait oublier. Elle était bien loin de moi mais elle devait bien venir à un moment ou un autre. « je... je... je ne suis pas riche. mon père est en irlande et il est loin d'être aisée. je ne suis personne Sandro, personne... » j'étais déçu, déçu car elle m'avait menti, déçu car elle avait joué un rôle mais je ne lui en voulais pas. Je ne lui en voulais pas car je savais que ce qu'elle venait de m'avouer était vrai et c'est ce que je voulais entendre. Je voulais savoir qui elle était vraiment, je voulais faire tomber le masque qui la poussait à se comporter de cette façon si étrange un peu plus tôt. Je lui ai légèrement souri. « Que tu sois riche ou que tu sois pauvre, ça ne change rien à mes yeux tu sais. Ce n'est pas une cliente que j'ai défendu tout à l'heure, c'est une fille à qui je tiens malgré le rôle qu'elle a joué. » je prend ensuite un second mouchoir avec le quel je frotte doucement l'entaille de Panda, afin d'enlever le sang autour de cette dernière. « J'espère juste qu'à partir de maintenant, j'apprendrai à connaître la vraie Pandora. » je lui lâche à nouveau un sourire. C'était instinctif, à chaque fois que j'essayais de lui faire comprendre que tout allait bien, qu'elle n'avait rien à craindre, je souriais bêtement. Je n'avais pourtant pas l'habitude de sourire et pourtant, je n'arrêtais pas de le faire.

Je passe à nouveau mon bras autour de son épaule afin qu'elle me suive, elle n'était plus vraiment ma cliente, je n'avais donc plus à la suivre.  Je rejoins alors le premier banc que je trouve, il n'y a pas beaucoup de monde dans les alentours. Je m'assois et souffle. « Et moi je suis un garde du corps. Un garde du corps qui a un don. Tu ne m'en veux pas trop de te l'avoir caché j'espère ? » lâchais-je d'un air ironique.

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