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MessageSujet: Re: ☆ le ctrl+v.   ☆ le ctrl+v. - Page 11 Icon_minitimeDim 27 Mar 2016 - 0:55

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Alec Lynch
Alec Lynch

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MessageSujet: Re: ☆ le ctrl+v.   ☆ le ctrl+v. - Page 11 Icon_minitimeDim 27 Mar 2016 - 0:57

Citation :
199231
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MessageSujet: Re: ☆ le ctrl+v.   ☆ le ctrl+v. - Page 11 Icon_minitimeDim 27 Mar 2016 - 3:29

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MessageSujet: Re: ☆ le ctrl+v.   ☆ le ctrl+v. - Page 11 Icon_minitimeDim 27 Mar 2016 - 3:42

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MessageSujet: Re: ☆ le ctrl+v.   ☆ le ctrl+v. - Page 11 Icon_minitimeDim 27 Mar 2016 - 4:07

Citation :
Stories are where memories go
when they´re forgotten.
Silencieusement, elle pleure. Retenant les sanglots dans le fond de sa gorge, serrant l'ours en peluche contre elle comme si sa vie en dépendait. Et peut-être qu'elle en dépend, en effet ; dernier souvenir d'un quotidien peu resplendissant, mais déjà loin. Presque effacé. Depuis qu'elle a emménagé ici, elle pleure. Il s'est énervé, aujourd'hui. À bout de nerfs, il l'a frappée. La marque de la main lui est restée plusieurs heures sur la joue — lorsqu'elle est allée se coucher, elle était toujours là. Peut-être y était-elle encore. Les picotements chauds avaient cessé, mais qui sait ?

Alors depuis qu'il a frappé, depuis qu'il a crié, elle a cessé de faire du bruit. Comme il demandait. Soucieuse de laisser ses larmes couler sans un son, sans se plaindre. Sans plus parler de maman — « J'veux plus entendre son nom, tu m'entends ? Si tu l'appelles encore une fois, je demande à Gary de te couper la langue. » —, sans plus oser regarder le reste des grands. Gary ne l'avait pas lâchée d'une semelle, pour le reste de la journée ; un ordre expressément formulé — « Tiens, tu vas la surveiller, et si elle réclame encore sa mère, tu sais c'qu'il te reste à faire. » — et il s'était retrouvé à faire la chasse gardée, veillant à ce que les cinq petites lettres assemblées ne franchissent plus une fois les lèvres de l'enfant. Les ordres avaient été respectés ; et ce soir, la petite Janis avait toujours sa langue pour parler, et ses yeux pour pleurer.

Le noir l'effrayait. Elle fixait le coin de sa chambre, visible depuis son lit, où les ombres étaient si denses qu'elle ne parvenait à rien distinguer. Elle entendait les voix, chuchotis lointains et aliénants, qui s'en élevaient. Et elle n'y comprenait rien, la gamine. Besoin de savoir qui sont ces gens qui parlent, mais interdiction de bouger du lit. Perdue, éplorée. Le coeur brisé par le chagrin, et par la peur de voir à nouveau le soleil se lever le lendemain.

Rassemblant tout son courage, elle ferme finalement les yeux. Tente d'imaginer le doux visage qui lui servait de repère, avant que la maladie ne l'emporte. Un instant, elle croit qu'elle n'y parviendra pas. La bouche contre l'ours en peluche, elle laisse enfin quelques sanglots éclater. Tend l'oreille. On ne l'entend pas. Alors elle les laisse reprendre, sans plus se garder. Les paupières toujours closes, elle parvient enfin à imaginer les doux traits de sa génitrice. Et il lui semble entendre à nouveau sa voix, comme au fin fond d'un rêve. « Ce n'est rien. Ce n'est qu'un cauchemar. Calme-toi. » Et elle se force à respirer, à se calmer. Dans le coin de sa chambre, les voix cessent de murmurer. Elle sent progressivement le sommeil la gagner, les larmes s'assécher. Toujours tremblante, elle finit néanmoins par sombrer. Seule, terrifiée, et priant secrètement pour ne jamais se réveiller.

※ ※ ※

Elle le regarde, le tyran. Son couteau encore en main, le sang tiède s'égouttant le long de la lame d'acier froid. Elle le fixe, le coeur battant — sans savoir s'il bat de joie ou d'horreur, d'excitation ou de fascination.

Elle l'a fait. Sans hésiter, sans même prêter l'oreille aux supplications qu'il lui avait lancées. Les jambes brisées à coup de batte, il n'avait pu s'enfuir. Rampant au sol, misérable ver, lâche serpent dévoilant finalement sa condition aux yeux du monde. Il avait levé la main, comme un foutu cliché ; tenté d'attraper le bas de ce t-shirt, bien trop grand pour elle. Il avait gémi, alors qu'elle calait son arme première contre le buffet pour lever le couteau. Et elle s'était penchée vers lui, pernicieuse petite chose, ses mèches blondes effleurant le visage qui l'avait vue grandir. J'suis l'seul à pouvoir te protéger. Le seul à pouvoir te sauver. Fais pas ça. Mais l'heure des réclamations était terminée. Il en avait eu, des années pour se rattraper, pour corriger les erreurs de parcours, et commencer à prendre soin d'elle comme on le lui avait demandé. Ce soir, c'était trop tard.

Ce soir, ce n'était plus l'heure de parler. Ce soir, c'était l'heure de payer.

Le couteau s'était planté dans le torse avec une lenteur presque exagérée, tandis qu'elle soutenait sa nuque, ne réagissant pas aux mains brisées qui tentaient vainement de s'agripper à sa gorge pour l'étouffer. Elle avait soutenu ses yeux mats, sans ciller, battant à peine des cils lorsque la deuxième attaque avait percé une veine un peu trop sous pression. Le sang qui gicle, l'éclabousse. Une goutte dans l'oeil l'avait faite tiquer, mais elle n'avait pas pris le temps de s'essuyer. Le spectacle de l'agonie était bien plus plaisant — si longuement attendu, si souhaité.

Au bout de quatre fois à accueillir la lame cruelle, le corps entre ses mains avait commencé à faiblir. Les doigts qui tremblent, qui s'éloignent de la peau d'albâtre pour tenter d'aller boucher les plaies qui s'accumulaient. Le sang qui tache les vêtements, le coeur et l'âme. Qui se répand, doucement ; flaque du glas résonnant. Elle l'avait couché au sol, le bourreau. Elle avait vu sa main monter vers elle une dernière fois, ses phalanges s'accrocher à la couture de son vêtement. S'il te plait... Ne pouvait-il pas simplement mourir, une bonne fois pour toutes ? La laisser vivre, respirer ; s'enfuir. Exister.

Et les dents de la captive s'étaient brusquement serrées. D'un geste brusque, elle avait tordu le poignet qui la retenait. Le cri de l'homme n'avait pas passé sa gorge, soudainement transpercée par la lame froidement maniée. L'ensemble de son corps s'était relâché et elle avait vu son regard s'éteindre, tandis que son coeur à elle s'emballait. Lentement, elle s'était redressée, dégageant son arme de la trachée, ne prenant pas la peine de l'essuyer. Et elle s'était demandée si c'était ça, la liberté — l'amertume qui lui restait collée au fond du palais, le venin de l'adrénaline qui se distillait dans ses veines à les faire exploser.

Tandis qu'elle réfléchissait, se laissant envahir par la plénitude qui finalement lui venait, elle ne pouvait se détourner des yeux vitreux qui la fixaient. L'impression qu'il avait décidé de la hanter, la cruauté peignant ses iris jusque dans la mort. Un coup de pied rageur — la boîte crânienne craque. Maintenant, ses chaussures aussi sont foutues.

Tant pis. Les yeux ne la regardent plus, et elle se sent mieux, la louve ; le sang qui coule le long de sa gorge, de ses joues. Elle se détourne enfin du cadavre, comme lassée. Elle pose soigneusement le couteau sur la table où elle l'a trouvé, fait passer son t-shirt par-dessus sa tête pour s'en débarrasser. Elle s'essuie rapidement les joues avec le tissu déjà condamné : se débarrasser du vermeil qui teinte sa peau, toilette nécessaire pour ne pas avoir de questions en sortant du club. Il était tard, et ils ne croiseraient probablement personne. Mais prudence était mère de sûreté, et s'ils venaient à croiser quelque badaud en chemin, mieux valait éviter de soulever trop de questions. Elle ne s'encombre néanmoins pas de trop de précautions, abandonnant le linge éclaboussé à côté du couteau, sans prendre la peine de chercher à cacher les preuves qui pourraient faire remonter jusqu'à elle. D'toute façon, elle ne fait pas partie des fichiers. On n'a pas pris la peine de l'arrêter, de prendre ses empreintes ou son ADN. Son certificat de naissance est la seule preuve de son existence qu'on ait — alors pourquoi s'inquiéter ?

Elle a fait volte-face, retournant de son pas chaloupé vers l'homme qui n'a pas bougé. Assis dans son coin, il expulse la fumée à intervalles réguliers sans cesser de la fixer. « Ça y est ? T'as fini ? » Ah elle a fière allure, la détenue nouvellement libérée. Pas vraiment capable de réaliser l'ampleur de ce qu'elle vient de faire, et les changements que ça va apporter. Juste capable de savourer l'adrénaline que tuer a fait monter. « Ouais. Tu peux me passer ta veste ? » Elle a tendu la main, sans insolence ou prétention. Et il se redresse, cigarette coincée entre les lèvres, obtempérant. Elle passe le cuir sur ses épaules nues, remonte la fermeture éclair jusqu'en haut. « On peut y aller. » C'est bien trop grand pour elle, mais elle s'en fout : le principal, c'est de ne pas sortir en sous-vêtements. La veste est encore chaude, et ça lui arrache un bref frisson. Elle trouvera d'quoi s'habiller en chemin — ça ne la stresse pas. Pour le moment, elle a juste envie de sortir de là.

La curiosité qui la pique, alors que le vent tiède lui caresse enfin le visage. Elle se sent l'impatience d'une enfant qui s'apprête à découvrir le monde. Pas la moindre idée d'où elle va, mais bien décidée à s'y rendre. Et elle est soudainement belle, les traits détendus. Sortie de sa cage, prête à dévorer le lendemain à belles dents. Ses ailes se sont déployées. Sanglantes, mais resplendissantes. Agitées par son plaisir de se lancer à corps perdu dans le voyage qu'on lui a promis ; plaisir d'enfin voir de quoi ont l'air le monde et la liberté.

※ ※ ※

Les yeux noyés dans les bouteilles alignées derrière le comptoir, elle semblait ne même plus voir ceux qui autour d'elle s'animaient. Quel intérêt ? La soirée était bien avancée, les corps commençaient à s'imbiber — les esprits à divaguer. Et la plèbe soûle ne l'avait jamais captivée. Elle prêtait tout au plus attention à leurs jérémiades pour se distraire, se gardant bien de jamais intervenir. Les disputes éclataient parfois sans même lui faire tourner le nez, et elle n'avait aucun scrupule à laisser les tabourets s'abattre sur les crânes sans prendre la peine de se décaler pour faire de la place aux combattants. Tout ça, c'était pas ses affaires. Les verres brisés, les insultes crachées lui passaient par-dessus la tête. Tant qu'on ne la touchait pas, on pouvait bien se pavaner à ses côtés, lui parler, se battre ou se soûler. La vie pouvait continuer de tourner, le monde pouvait s'effondrer : elle n'en avait strictement rien à secouer.

Et peut-être davantage ce soir en particulier. Ce soir, qu'elle était bien en peine de supporter. Mettre les voiles avait été bien plus dur qu'elle ne l'aurait pensé. Elle n'avait pas trop cherché à se justifier, ni à laisser de mot. Altaïr la savait de plus en plus indépendante — tout autant, peut-être, qu'il pouvait l'être. L'étonnement, s'il s'en retrouvait affecté, passerait sûrement aussi rapidement qu'il serait arrivé. Elle s'était imaginée, en bouclant son sac à dos et en s'éloignant sans se retourner, qu'il en serait de même pour elle. Qu'elle parviendrait à passer outre sans trop de difficultés. Un verre ou deux pour aider, avait-elle cru ; et maintenant, tout était pire. En plus de s'avérer chaque seconde un peu plus pathétique et un peu plus hostile, le monde tournait. Ses pensées tanguaient tout aussi sournoisement, lui rappelant à chaque seconde l'effarante vérité : elle était ce qu'ils appelaient dégénérée.

Dégénérée. Pas folle, pas cinglée. Dégénérée. Un gêne x, qu'on lui avait dit. Elle n'était pas sûre de tout à fait comprendre de quoi il s'agissait. Mais elle était dégénérée. Les voix, les brèches, les murmures et les cris ; c'était pour ça. Elle n'avait jamais été psychotique, n'avait jamais eu de crises hallucinatoires. Toutes ces choses existaient vraiment — et ce foutu test lui en avait donné la preuve. Elle n'était pas certaine d'encore tout comprendre ; mais ce qu'elle comprenait, c'était qu'elle n'était pas folle. Juste dégénérée. Comme ces gens qu'Altaïr chassait, et qu'elle avait tué sans pitié durant toutes ces années à voyager à ses côtés. Comme ceux que — d'après ce qu'il lui avait dit — son défunt tuteur vendait à d'autres chasseurs. Dégénérée. Quel était le lendemain pour les gens comme elle ? Elle n'en avait pas la moindre idée. Tout ce qu'elle savait, c'était que si Altaïr l'apprenait, il se retrouverait dans une position qu'elle ne voulait pas le voir affronter. Elle ignorait s'il aurait le courage de se ranger du côté de sa haine, et de lever la main sur elle pour tenter de la tuer. Tout ce qu'elle savait, c'est qu'elle refusait de se retrouver confrontée à ça, et refusait par-dessus tout de contraindre Altaïr à ne serait-ce qu'envisager ce genre d'idée.

Alors, elle était partie. Purement, et simplement, tuant dans l'oeuf l'idée de toute situation problématique entre eux. C'était bien plus difficile qu'elle ne l'avait espéré, et elle se sentait glisser, à chaque seconde qui passait ; sombrer dans les ténèbres de son âme, maintenant qu'il n'était plus là pour l'en extraire. Les doigts qui picotent, l'envie de se défouler. Passer ses nerfs sur tout et n'importe quoi, pour mieux oublier. L'alcool, ça n'a de toute manière jamais fait effet. Tout c'qui fonctionne, c'est d'cogner. Encore, et encore. Sans y penser, sans s'arrêter.

Cogner le type qui s'est finalement laissé emporter par son élan, et qui l'a heurtée avec un grognement. Cogner son copain, désireux d'arracher son camarade de beuverie aux petits poings refermés de la bête qui s'est finalement décidée à bouger. Cogner celui qui vient ensuite, et celui qui suivra. Sans y penser, sans s'arrêter ; cogner. S'disant que demain, peut-être que ça ira mieux. Sachant pourtant que demain, les choses ne s'ront pas plus belles qu'aujourd'hui, ou même qu'hier.

Demain, le monde sera toujours le même. Demain, le monde réclamera toujours du sang ; et elle sera toujours là pour lui en donner, loyale et dévouée. Sans y penser, et sans être capable de s'arrêter.

※ ※ ※

part 4 - swords crossed

※ ※ ※

part 5 - scream in the night
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Cesare DeMaggio
Cesare DeMaggio

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MessageSujet: Re: ☆ le ctrl+v.   ☆ le ctrl+v. - Page 11 Icon_minitimeDim 27 Mar 2016 - 5:55

Citation :
Y’avait tant de moments, tant de petites choses qu’il avait ressassés pendant ces semaines passées loin d’Isolde, dans un silence tendu et insoutenable. Chaque souvenir qui avait tourné dans sa tête avait mis à mal sa mauvaise volonté, tout en le motivant à continuer : au moins, mettre son futur avec Isolde dans la balance de sa vengeance, ça avait eu le don de raviver bien souvent sa hargne lorsqu’il avait été question de survivre, chasser, maintenir les apparences, et mettre toute son énergie dans ses ambitions d’affrontement avec Kingsley Moren. Il avait toujours trouvé ça ironique, la retenue dont son père avait fait preuve, lorsqu’il avait été question de simplement se venger- lui qui l’avait averti, avec une fausse bienveillance, du cercle-vicieux que pouvait être la simple idée de vengeance. Venant du type qui avait passé sept années à traquer et persécuter Isolde Saddler juste pour être une mutante, ç’avait été une ironie acerbe qui avait souvent paralysé le fils, et forcé ses muscles à se crisper sur place pour ne pas qu’il finisse par lui sauter à la gorge. Mais force était de reconnaître que Rafael, Moira, et même Isolde, ils avaient tous eu raison d’une quelconque manière : il avait toujours su que s’venger, tuer Moren et réclamer le sang de ses ennemis en l’échange de celui de sa sœur, ça n’aurait jamais ramené Aria – il n’était pas fou au point d’penser les choses à ce point. Mais il n’avait jamais pris le temps d’évaluer le vide que ça créerait en lui ; l’abysse vertigineux qui remplacerait la motivation et la volonté qui l’avait tant échaudé pendant ces mois entiers. Près de six longs mois, à ressasser sa hargne, sa rage, ses souvenirs, son impuissance, les images tortionnaires de cette nuit-là à la fête foraine : est-c’que les cauchemars allaient enfin cesser ? Au moins pouvait-il se targuer d’avoir quelque chose qui en valait la peine au bout du tunnel- quelque chose à quoi se raccrocher : Isolde et lui, maintenant, il voulait vivre tout ça à plein régime, il n’voulait plus se retenir, plus se restreindre. Il avait presque envie d’aller cracher sa haine en plein dans le visage de son père, quand bien même sa raison insolente lui disait que c’n’était pas la meilleure idée qui soit- qu’y’avait encore des choses à faire, des avantages indéniables à exploiter. Et il fallait qu’ils fassent ça. Il faudrait qu’ils le fassent- à un moment donné. Un jour. A un autre moment que maintenant.

Maintenant, y’avait qu’Isolde qui existait, qu’Isolde qui importait – même Clara était loin de ses pensées, elle était en sécurité ; et il avait beau aimer sa fille au point que ça en fasse un mal de chien, il avait juste envie de penser à Isolde maintenant. Eux deux qui s’étaient trop manqués, eux deux qui avaient si souvent menacé de s’perdre jusqu’au point de non-retour. Eux deux qui avaient tant lutté – Isolde, qu’il avait manqué de perdre sans pouvoir rien y faire ; comment est-c’qu’il aurait fait, s’il avait dû assister impuissant, à Kingsley Moren tuant la transmutante juste sous ses yeux ? Il n’voulait pas y penser ici et maintenant ; le songe viendrait l’embrouiller bien assez tôt, lorsque l’idée aurait eu le temps de faire son trajet profondément dans son esprit. « Ouais et toi t’as jamais rien écouté de c’que j’ai dit si tu savais pas déjà que j’ai vécu dans une grotte. Surtout pendant ces dernières semaines… » plus que jamais, Cesare s’était retranché avec ses propres songes et avec lui-même, majoritairement pour éviter les trop longues, trop insoutenables et trop déplorables discussions avec ses parents. Plus ils s’évitaient, mieux ils se portaient – Cesare remplissait sa part du contrat, et c’était tout ce qui devait importer : ils n’avaient pas b’soin de sympathiser, pas besoin de chercher à s’retrouver père et fils à nouveau. Alors ils ne l’avaient pas fait, et Cesare rentrant toutes les nuits à une heure précise, sans que rien n’indique qu’il ait fait quoique ce soit de travers, avait fini par assagir la méfiance de Rafael. « Mais on peut essayer quand tu veux-… même si j’suis sûr que j’préfère toujours le vrai truc. » un rictus au coin des lèvres, pour ponctuer ses paroles, ça aussi Isolde devait le savoir- ils avaient bien eu une longue discussion y’a quelques semaines, débattant sur l’utilité des gadgets et Cesare s’était targué de n’pas apprécier avoir son nez accroché à son téléphone. Définitivement, entre taper des mots sur un écran pour faire genre et vraiment faire toutes ces choses avec la Saddler, le choix était vite fait. « J’suis sûr que les sextos sont un parfait moyen d’révéler les poètes. » l’idée le fit ricaner- ouais, elle avait parlé de ses discours bien pompeux pour la mairie, elle, mais il n’les avait qu’à peine écoutés, lui. Il s’était tenu le plus loin possible de cette putain d’élection, et il n’s’en était que mieux porter- voir Isolde se mettre sur le devant de la scène comme ça, ç’aurait fini par le rendre fou, littéralement- et ses tripes tout autant que sa raison avaient été en accord sur ce point-là, au moins. « Ouais, l’ambiance était pourrie. Mais tout va mieux, maintenant. » et s’il fallait qu’il l’admette, ça en avait valu la peine- au moins, toutes les deux allaient bien, et les choses avaient fini par bien se goupiller ; que demander de plus ? Il n’voulait pas y penser, il n’voulait pas s’accrocher à de nouveaux et si, parce que pour une fois, il portait en lui l’intime conviction qu’ils n’en avaient pas besoin.
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Isolde Saddler
Isolde Saddler

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SUR TH DEPUIS : 15/02/2015
MessageSujet: Re: ☆ le ctrl+v.   ☆ le ctrl+v. - Page 11 Icon_minitimeDim 27 Mar 2016 - 16:14

Citation :
199465
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MessageSujet: Re: ☆ le ctrl+v.   ☆ le ctrl+v. - Page 11 Icon_minitimeDim 27 Mar 2016 - 18:55

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Alec Lynch
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SUR TH DEPUIS : 26/04/2015
MessageSujet: Re: ☆ le ctrl+v.   ☆ le ctrl+v. - Page 11 Icon_minitimeDim 27 Mar 2016 - 18:56

Citation :
Agir imprudemment avait sa propre saveur- une saveur enivrante, l’ivresse battant dans ses veines comme si c’était la première fois qu’il osait enfin défier ses parents, ses croyances et toutes les lois qui avaient dicté sa vie- c’était à croire que Cesare vivait quelque chose comme une crise d’adolescence, enfin un caprice pour briser les liens qui l’avaient enchainé aux volontés des autres. Peut-être était-ce ça aussi, qui l’avait poussé vers Isolde, vers les transmutants, vers ce groupe duquel il n’connaissait rien, mais qui avait représenté un repère dans le néant ; l’interdit, l’inconnu, l’inépuisable énigme qu’il avait eu tant envie de découvrir : et s’il y avait eu l’attrait de l’inconnu – la curiosité - pour motiver l’attention qu’il avait attardée sur la Saddler lorsqu’ils s’étaient rencontrés, c’n’était pas ce qui le faisait rester. C’qui le faisait rester, c’était tout ce qu’il avait découvert, tous les délices qu’il avait goûtés avec Isolde- la femme qu’elle était, la personnalité qu’elle affichait, toutes ces assurances qu’elle avait fait si nettement raisonner en lui lorsque ses convictions à lui étaient entrés brutalement en collision avec ce nouveau monde. C’était un peu une histoire classique, ça, un homme et une femme qui s’rencontraient pour bouleverser du tout au tout ce qu’ils croyaient, ce qu’ils pensaient connaître, ce qui avait si ardemment déterminé leurs vies respectives jusqu’alors ; lui, il s’en foutait que ça ressemble à mille autres histoires, ces romances retracées dans des bouquins qu’il n’avait jamais lus, ou des films qu’il ne regarderait jamais. Y’avait Isolde, y’avait lui, y’avait Clara- et incroyablement, toujours une part d’eux-mêmes qui avait résisté aux épreuves et à tout ce qui aurait dû les détruire. Ce qui aurait détruit n’importe qui : il n’avait pas suffi de grand-chose, pour que son père embrasse volontiers une haine brûlante pour les mutants, les associant tous au monstre qui avait tué son père et son frère lorsqu’il avait quelque chose comme l’âge de Cesare aujourd’hui. Il n’aurait pas suffi de grand-chose, pour que Cesare répète ce cercle vicieux avec la mort d’Aria ; mais il s’accrochait à la surface, il s’accrochait à la réalité et fuyait les ténèbres. Parce que c’n’était pas ce qu’il avait envie de devenir- plus maintenant, maintenant que l’inconnu, l’étranger, le nouveau avec Isolde avait des promesses qu’il choisirait toujours avant le reste.

N’lui avait-elle pas dit que tout cette histoire n’était pas une question de mérite ? Parce que s’ils étaient condamnés à s’perdre pour toujours, ils n’méritaient certainement pas de vivre mille épreuves sur le chemin – et si on pouvait discuter de son cas à lui, philosopher pendant des heures sur ce qu’il méritait et c’qu’il ne méritait pas, le cas d’Isolde était bien plus évident. Le cas de Clara également- elle non plus, elle n’méritait pas de vivre dans un environnement constamment en déséquilibre, soumis aux exigences et aux choix d’autorités supérieures qui dicteraient complètement sa vie. Ses parents. Ses gènes. La nature. Le reste de la société. Il essayait de s’faire à l’idée de lâcher prise, lui, l’abandon d’une raison, d’ses culpabilités, de ses remords pour en tirer le meilleur – ses sentiments, inchangeables et indéniables pour Isolde, pour Clara et toutes les choses qui avaient de l’importance au-delà de sa rancœur, de sa haine et de ces devoirs imposés à sa vie. C’était déjà tout ça qu’il avait combattu, pour se défaire de l’emprise de ses parents des mois plus tôt : certes, cette fois-là ça n’s’était pas bien fini – mais plus maintenant. Plus maintenant, alors qu’ils étaient unis : qu’il n’lui mentirait plus, n’lui cacherait plus la moindre vérité- et qu’ils prendraient leurs décisions ensemble. Et avec ces croyances-là, la transmutante était la gardienne des derniers relents de confiance et d’espoir du DeMaggio – il espérait bien qu’elle en ferait bon usage, plutôt que de lui briser le cœur. Il l’espérait, l’espérait, malgré le fait qu’il avait dû lui-même venir à cet appartement pour demander des comptes à la jeune femme sur la destinée qu’elle avait déroulée juste devant eux en prenant des choix arbitraires pour eux deux. Eux trois. Tout ça, c’était balayé sur le côté, oublié, au profit d’une deuxième chance, la survivance de leurs volontés. « Ouais- et j’te promets qu’elles n’ont pas trainé sur un autre dos, même pas celui de mes trente-douze mille amantes. » le sourire à la commissure des lèvres, celles-ci éprises de la danse de leurs baisers, Cesare goûtait à l’aisance de l’indifférence, l’aisance de l’imprudence et de la dégustation acidulée des moments passés sans concession. Il était heureux, ouais, et infiniment, ça le rendait meilleur, en effet ; dans ses attentions, ses intentions, ses baisers, ses caresses – de ses mains chaudes, Cesare appréciait plus que jamais la compagnie d’Isolde. Parce qu’au fond, au-delà de leur dispute, ce soir, y’avait aucune catastrophe, aucune mort et aucune blessure grave et sanglante qui les avait réunis ; leurs remords laissés de côté, il ne restait qu’eux, le plaisir et l’envie de s’retrouver. Et il serait tenté de la distraire, encore et encore, juste pour n’pas voir les heures passer, qu’elles finissent par se transformer en jours entiers sans qu’ils n’en aient quoique ce soit à faire. Il suivit la jeune femme sans se faire prier, leurs mains accrochées, jusqu’à ce qu’elle s’arrête : lui, il ne se fit pas prier pour continuer à avancer, se retrouvant contre Isolde jusqu’à la faire reculer. Encore, et encore, jusqu’à ce que de son dos, elle se retrouve acculée contre un mur, à l’angle du couloir qui était censé les mener vers la chambre. « C’est une bonne idée… j’devrais faire ça. » enjôleur, moqueur, Cesare s’était penché pour venir mordiller la lèvre d’Isolde, coinçant sa lippe entre les deux siennes avant de la prendre dans un baiser- ils n’auraient jamais mis autant de temps à faire quelques mètres. Au moins, sans se faire prier, le chasseur s’était débarrassé de son dernier vêtement, l’envoyant baladé comme elle, elle avait envoyé balader son tee-shirt – il allait bien galérer demain pour retrouver tous ses vêtements. Ils s’étaient déjà totalement perdus dans tout ça, d’toute manière.
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MessageSujet: Re: ☆ le ctrl+v.   ☆ le ctrl+v. - Page 11 Icon_minitimeDim 27 Mar 2016 - 18:57

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Alec Lynch
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MessageSujet: Re: ☆ le ctrl+v.   ☆ le ctrl+v. - Page 11 Icon_minitimeDim 27 Mar 2016 - 19:04

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Agir imprudemment avait sa propre saveur- une saveur enivrante, l’ivresse battant dans ses veines comme si c’était la première fois qu’il osait enfin défier ses parents, ses croyances et toutes les lois qui avaient dicté sa vie- c’était à croire que Cesare vivait quelque chose comme une crise d’adolescence, enfin un caprice pour briser les liens qui l’avaient enchainé aux volontés des autres. Peut-être était-ce ça aussi, qui l’avait poussé vers Isolde, vers les transmutants, vers ce groupe duquel il n’connaissait rien, mais qui avait représenté un repère dans le néant ; l’interdit, l’inconnu, l’inépuisable énigme qu’il avait eu tant envie de découvrir : et s’il y avait eu l’attrait de l’inconnu – la curiosité - pour motiver l’attention qu’il avait attardée sur la Saddler lorsqu’ils s’étaient rencontrés, c’n’était pas ce qui le faisait rester. C’qui le faisait rester, c’était tout ce qu’il avait découvert, tous les délices qu’il avait goûtés avec Isolde- la femme qu’elle était, la personnalité qu’elle affichait, toutes ces assurances qu’elle avait fait si nettement raisonner en lui lorsque ses convictions à lui étaient entrés brutalement en collision avec ce nouveau monde. C’était un peu une histoire classique, ça, un homme et une femme qui s’rencontraient pour bouleverser du tout au tout ce qu’ils croyaient, ce qu’ils pensaient connaître, ce qui avait si ardemment déterminé leurs vies respectives jusqu’alors ; lui, il s’en foutait que ça ressemble à mille autres histoires, ces romances retracées dans des bouquins qu’il n’avait jamais lus, ou des films qu’il ne regarderait jamais. Y’avait Isolde, y’avait lui, y’avait Clara- et incroyablement, toujours une part d’eux-mêmes qui avait résisté aux épreuves et à tout ce qui aurait dû les détruire. Ce qui aurait détruit n’importe qui : il n’avait pas suffi de grand-chose, pour que son père embrasse volontiers une haine brûlante pour les mutants, les associant tous au monstre qui avait tué son père et son frère lorsqu’il avait quelque chose comme l’âge de Cesare aujourd’hui. Il n’aurait pas suffi de grand-chose, pour que Cesare répète ce cercle vicieux avec la mort d’Aria ; mais il s’accrochait à la surface, il s’accrochait à la réalité et fuyait les ténèbres. Parce que c’n’était pas ce qu’il avait envie de devenir- plus maintenant, maintenant que l’inconnu, l’étranger, le nouveau avec Isolde avait des promesses qu’il choisirait toujours avant le reste.

N’lui avait-elle pas dit que tout cette histoire n’était pas une question de mérite ? Parce que s’ils étaient condamnés à s’perdre pour toujours, ils n’méritaient certainement pas de vivre mille épreuves sur le chemin – et si on pouvait discuter de son cas à lui, philosopher pendant des heures sur ce qu’il méritait et c’qu’il ne méritait pas, le cas d’Isolde était bien plus évident. Le cas de Clara également- elle non plus, elle n’méritait pas de vivre dans un environnement constamment en déséquilibre, soumis aux exigences et aux choix d’autorités supérieures qui dicteraient complètement sa vie. Ses parents. Ses gènes. La nature. Le reste de la société. Il essayait de s’faire à l’idée de lâcher prise, lui, l’abandon d’une raison, d’ses culpabilités, de ses remords pour en tirer le meilleur – ses sentiments, inchangeables et indéniables pour Isolde, pour Clara et toutes les choses qui avaient de l’importance au-delà de sa rancœur, de sa haine et de ces devoirs imposés à sa vie. C’était déjà tout ça qu’il avait combattu, pour se défaire de l’emprise de ses parents des mois plus tôt : certes, cette fois-là ça n’s’était pas bien fini – mais plus maintenant. Plus maintenant, alors qu’ils étaient unis : qu’il n’lui mentirait plus, n’lui cacherait plus la moindre vérité- et qu’ils prendraient leurs décisions ensemble. Et avec ces croyances-là, la transmutante était la gardienne des derniers relents de confiance et d’espoir du DeMaggio – il espérait bien qu’elle en ferait bon usage, plutôt que de lui briser le cœur. Il l’espérait, l’espérait, malgré le fait qu’il avait dû lui-même venir à cet appartement pour demander des comptes à la jeune femme sur la destinée qu’elle avait déroulée juste devant eux en prenant des choix arbitraires pour eux deux. Eux trois. Tout ça, c’était balayé sur le côté, oublié, au profit d’une deuxième chance, la survivance de leurs volontés. « Ouais- et j’te promets qu’elles n’ont pas trainé sur un autre dos, même pas celui de mes trente-douze mille amantes. » le sourire à la commissure des lèvres, celles-ci éprises de la danse de leurs baisers, Cesare goûtait à l’aisance de l’indifférence, l’aisance de l’imprudence et de la dégustation acidulée des moments passés sans concession. Il était heureux, ouais, et infiniment, ça le rendait meilleur, en effet ; dans ses attentions, ses intentions, ses baisers, ses caresses – de ses mains chaudes, Cesare appréciait plus que jamais la compagnie d’Isolde. Parce qu’au fond, au-delà de leur dispute, ce soir, y’avait aucune catastrophe, aucune mort et aucune blessure grave et sanglante qui les avait réunis ; leurs remords laissés de côté, il ne restait qu’eux, le plaisir et l’envie de s’retrouver. Et il serait tenté de la distraire, encore et encore, juste pour n’pas voir les heures passer, qu’elles finissent par se transformer en jours entiers sans qu’ils n’en aient quoique ce soit à faire. Il suivit la jeune femme sans se faire prier, leurs mains accrochées, jusqu’à ce qu’elle s’arrête : lui, il ne se fit pas prier pour continuer à avancer, se retrouvant contre Isolde jusqu’à la faire reculer. Encore, et encore, jusqu’à ce que de son dos, elle se retrouve acculée contre un mur, à l’angle du couloir qui était censé les mener vers la chambre. « C’est une bonne idée… j’devrais faire ça. » enjôleur, moqueur, Cesare s’était penché pour venir mordiller la lèvre d’Isolde, coinçant sa lippe entre les deux siennes avant de la prendre dans un baiser- ils n’auraient jamais mis autant de temps à faire quelques mètres. Au moins, sans se faire prier, le chasseur s’était débarrassé de son dernier vêtement, l’envoyant baladé comme elle, elle avait envoyé balader son tee-shirt – il allait bien galérer demain pour retrouver tous ses vêtements. Ils s’étaient déjà totalement perdus dans tout ça, d’toute manière.
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MessageSujet: Re: ☆ le ctrl+v.   ☆ le ctrl+v. - Page 11 Icon_minitimeDim 27 Mar 2016 - 19:15

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MessageSujet: Re: ☆ le ctrl+v.   ☆ le ctrl+v. - Page 11 Icon_minitimeDim 27 Mar 2016 - 19:16

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MessageSujet: Re: ☆ le ctrl+v.   ☆ le ctrl+v. - Page 11 Icon_minitimeDim 27 Mar 2016 - 20:09

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Barclay, c'était clairement pas le plus altruiste des types que Reese avait rencontré. Pas le plus généreux, ou le plus soucieux du bien-être des autres. On aurait pu dire qu'elle avait le chic de s'entourer de personnes du genre : centrés sur eux-mêmes, à la limite de la misanthropie – à moins que ce ne soit du désintérêt profond pour ce qui constituait cette piètre espèce qu'était l'humanité. Mais la vérité était bien autre. La foutue vérité, c'était que les gens comme ça étaient ceux qui lui parlaient. Ceux qui lui ressemblaient. La vérité, c'était qu'elle s'entourait des bestioles aussi sauvages et désagréables qu'elle, et que de cette antipathie naissait un esprit de meute hors du commun. Car, regroupés, des gens aussi individualistes devenaient, contre toute attente, férocement protecteurs les uns envers les autres, lorsque l'un des membres de la troupe se retrouvait en difficulté. Pas besoin de crier à l'aide, pas besoin de supplier qu'on vienne porter assistance. Les choses se faisaient naturellement, et les monstres d'égoïsme devenaient soudain plus soucieux des autres qu'on aurait pu le croire. Seulement, ces autres s'arrêtaient à la meute. La meute, c'était Reese et Evey. Pas la gamine qui, perdue là, hurlait à la mort. Aussi Barclay semblait-il n'en avoir strictement rien à secouer, de l'entendre s'égosiller de la sorte. Une très large part de conscience de la lionne s'en fichait, elle aussi – pour ne pas dire la quasi-totalité. Mais comme muée par une petite rumeur inconsciente et instinctive, nichée au fond de son esprit, la mère louve en elle ne parvint pas à poursuivre sa route en laissant là le chiot désemparé. Pas d'la même race, pas d'la même valeur. Elle était pas altruiste, elle était pas généreuse. Mais c'était qu'une fillette. Une fillette qui avait besoin d'aide. Ou, à tout le moins, besoin d'être mise à l'abri.

Elle avait presque détourné son attention de la petite, la Bernstein. Regardant autour d'elle, scrutant la foule avec une panique grandissante et une inquiétude dévorante. Elle joignait ses cris à ceux de Barry, bien consciente que l'enfant ne les entendrait probablement pas – mais rien ne les empêchait de tenter le tout pour le tout. Du coin de l'oeil, elle voyait les débris bousculés par la mutation de Barclay, mais ne soufflait mot. À dire vrai, elle s'en foutait. Et une part d'elle espérait même que sa fille aurait suffisamment d'instinct de survie pour se servir de son don s'il le fallait. En temps normal, elle lui interdisait ; mais vivre en direct un attentat et la terreur immédiate qui s'en suivait était-il vraiment une situation normale ?

Les cris de Barry lui firent tourner la tête en direction d'un bâtiment. Il lui semblait, elle aussi, avoir entendu quelque chose. Une réponse, bien qu'infime. Un petit cri, une petite supplication. Evey ? Ni une ni deux, elle était allée pour suivre le Griffin. Mais alors qu'elle tournait le dos à l'enfant qui hurlait toujours, elle la vit se faire renverser du coin de l'oeil. Le passant pressé hurla un juron et s'apprêtait à poursuivre sa route, lorsqu'on le bouscula, et qu'un coup de poing le cueillit au creux de l'estomac. « Pauv' con. » L'injure de la petite lionne se perdit dans les mouvements de foule, alors qu'elle attrapait la gamine, sur le point de se faire piétiner. « Allez, viens-là, dépêche. On va la retrouver ta maman. » L'impatience se mêlait à l'instinctive tendresse maternelle, et à l'empressement de partir à la recherche de sa propre progéniture. Mais elle savait que si Evey était dans le bâtiment que Barclay lui avait indiqué et que le grand blond avait mis la main sur la petite, celle-ci ne risquait plus rien. Qui plus est, ce serait sûrement un endroit plus sécuritaire pour l'autre enfant que les jambes des passants effarés.

Ni une ni deux, elle s'élança à la poursuite du grand blond, la petite dans les bras. Celle-ci pleurait et hurlait, accrochée à son cou comme à une bouée de sauvetage, non loin de lui faire manquer de souffle. Rapidement, elle arriva à la suite du mutant. Il avait dégagé l'entrée d'un coup de poignet, et la Bernstein, mains nouées sous les fesses de sa nouvelle petite protégée, regardait avec anxiété les portes. « Evey ?! » Une mère et ses deux fils, poussés par un homme qu'ils ne connaissaient visiblement pas – « par ici, madame ! » – sortirent rapidement, remerciant brièvement Barry au passage. Mais pas la moindre trace d'Evey. « Evey ! ... » Une pointe d'agonie dans le coeur, un tremblement erraillé dans la voix. Plus le temps passait, plus elle avait la sensation que les chances de retrouver l'enfant diminuaient. Mais elle ne lâcherait pas prise. Elle ne lâcherait jamais.

Elle se tourne, se retourne. Où t'es, bébé ? Le substitut d'une fille dans ses bras ne lui fait rien. Elle se contente de serrer le louveteau temporairement adopté un peu plus fort, pour ne pas qu'on le lui arrache, lui aussi. La foule la bouscule, et elle titube. Manque de perdre l'équilibre, se rattrape tant bien que mal en se cognant à un homme, qui ne s'arrête pas. La fillette glisse, pousse un cri, mais elle la retient. « Ça va, doucement. » Regards alentours. À quelques mètres, sporadiquement masqué par les badauds enragé, un membre des forces de l'ordre indique en hurlant la direction à prendre pour se mettre en sécurité. « Continue de chercher Evey ! » Faudrait pas se séparer, non. Faudrait pas. Mais la gamine dans ses bras pèse lourd, le poids de son chagrin et de sa peur la ralentit. Faut s'en débarrasser. La mettre en sécurité. Ni une ni deux, elle s'est faufilée jusqu'à l'agent de sécurité comme elle pouvait. « Elle a perdu ses parents. Prenez-la ! » Elle lui lâche la gamine dans les bras, sans même attendre de réaction. Dès l'instant où elle sent le paquet changer de bras, elle fait demi-tour. Repartir à contre-courant est bien plus pénible que de se laisser porter par le flot. Elle en souffre. Une main l'écarte, elle se cogne contre un coude un peu trop agité. Une douleur à la lèvre, mais pas de goût de sang – rien de grave, alors.

Un instant, elle s'est dit que quelqu'un avait peut-être fait pour Evey ce qu'elle avait fait pour cette gamine. Mais cette pensée avait été de courte durée, presque immédiatement supplantée par son instinct. Instinct qui lui hurlait que sa fille était toujours dans la cohue. Instinct qu'elle avait toujours écouté, et qui ne s'était que rarement trompé.

Elle avait perdu Barry. Les coups que lui laissaient sa tentative de remonter à contre-sens la masse paniquée la faisaient enrager autant qu'ils ne pouvaient la ralentir. Ses cris redoublaient, alors qu'elle bousculait sans relâche les moutons qui, affolés, se précipitaient dans la direction qu'on leur avait indiquée, se raccrochant à quelque illusion de sécurité au milieu du chaos. « Barry ! Evey ! » Ils étaient là, et elle le savait. Le coeur battant la chamade au creux de ses côtes, la détermination pulsant à ses tempes. Pas question d'abandonner sa fille. Pas question de renoncer. Elle la retrouverait. Dût-elle pour ça y laisser autant de plumes qu'il le faudrait.

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MessageSujet: Re: ☆ le ctrl+v.   ☆ le ctrl+v. - Page 11 Icon_minitimeLun 28 Mar 2016 - 4:14

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