i. êtes-vous originaire de radcliff ?
  Kieran n’est pas de Radcliff. Il vient de Californie. De Sacramento pour être exacte. Autant dire que Radcliff n’a absolument rien à voir avec Sacramento. C’est aussi pour cela qu’il est là. Parce que c’est loin. Parce qu’ici, personne ne le connaît. Parce qu’ici, il peut envisager de recommencer quelque chose. Parce qu’ici, peut-être que ses démons, sa culpabilité le laissera un peu tranquille. Parce qu’ici, personne ne viendra le chercher …peut-être.

  ii. avez-vous déjà eu affaire à un ou plusieurs hunters ?
  Vous voulez vraiment savoir ? Vous voulez vraiment faire remonter de sale souvenir à la surface ? Vous êtes vraiment sûr ? Très bien. Oui, Kieran à déjà eu affaire à des Hunters. Il en garde des cicatrices sur le corps et sur le cœur. Il est terrifié à l’idée d’avoir affaire à d’autres Hunters. Terrifié à l’idée qu’il puisse perdre une nouvelle fois le contrôle. Terrifié à l’idée de voir son sang couler et entendre les râles d’agonies de ses adversaires. Terrifié de devoir de nouveau partir, recommencer encore une fois.

  iii. utilisez-vous beaucoup votre don ?
  Il l’utilise sept jours sur sept. Vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Trois cents soixante-cinq jours par an. C’est pas comme s’il voulait l’utiliser. Au contraire, il aimerait ne pas l’utiliser mais sa radioactivité en a décidé autrement. Il émet continuellement des ondes mauvaises pour l’homme. Heureusement, la plupart du temps, c’est assez faible -mais quand même dangereux si on reste trop longtemps avec lui-. Le problème, c’est quand il perd le contrôle. Là, c’est le pire … Si quelqu’un pouvait l’aider à contrôler son pouvoir, à enfermer les ondes gamma dans son propre corps, il lui en serait reconnaissant.

  iv. pensez-vous que les mesures mise en place par le gouvernement sont suffisante ?
  Très sincèrement, il ne sait pas vraiment quoi penser. Le fait de se faire dépister est peut-être un peu trop … trop quoi. Tous les mutants ne sont pas dangereux. Tous les mutants ne sont pas des assassins. Tous les mutants ne sont pas des psychopathes. Certains Humains et Hunters sont bien plus effrayants que n’importe qui d’autre. Il peut vous le confirmer. Il peut comprendre que les humains aient un peu peur d’eux mais pourquoi vouloir les chasser comme des bêtes de foire plutôt que de les comprendre, de les connaître ? Ca, il n’arrive pas à comprendre …

Tu t’étais installé dans un coin de la maison où tu résidais. Installé sur le sol, un coussin sous les fesses, tu lisais un bouquin que tu avais emprunter. Tu entendais les animaux de ton … protecteur ? Sauveur ? Ami ? Tout ça à la fois ? Peut-être, tu ne savais pas vraiment comment le situer. Ils étaient nombreux mais tu t’étais habitué à eux. Tu as commencé à lire ton livre pour tomber sur une phrase qui te noua la gorge, te serra l’estomac. Comment une simple phrase pouvait ainsi te bouleverser ? C’était simple, elle correspondait tellement bien à ta vie. Cette vie que tu aimerais différente, bien moins compliqué. Une vie tout simplement.

« Lilyan, arrête d’embêter ta sœur tu veux ? » « Pourquoi ? » « Parce qu’elle hurle et que ça fait mal à la tête de tout le monde ! » Oui, à une époque, une époque heureuse tu te nommais Lilyan Adamson. Aujourd’hui, tu n’étais plus lui, tu étais Kieran Doherty. Une moue boudeuse était apparu sur ton visage de poupon angélique avant de redonner sa poupée à ta petite sœur Courtney. Celle-ci s’arrêta immédiatement de pleurer et ficha vite fait le camp avant que tu ne change d’avis. Tu aimais ta petite sœur, bien sûr. Tu adorais l’embêter c’est tout. Ce n’est pas ce que font tous les frères du monde ? Surtout à ce jeune âge, cinq ans. Elle n’avait que trois ans après tout. Tu étais alors allé près de ta mère et tu t’étais collé à elle avec un sourire pour te faire pardonner. Un sourire d’angelot purement innocent. Ta mère avait soupiré avant de te sourire également et de t’ébouriffer les cheveux dans un geste d’amour. Tu étais ensuite parti vers ton père qui t’avais soulever et jeter en l’air pour te rattraper. « Wow ! Tu es devenu un grand garçon, je ne vais plus pouvoir te faire ça encore longtemps. » « Alors je ne grandirais plus ! ». Ton père avait ri avant de te serrer tout contre lui pour te déposer sur le sol.

Ce souvenir te faisait sourire. Sourire qui se fana rapidement. Depuis ta naissance tu étais un mutant et tu ne le savais pas encore. Tout comme tes parents. Tu ne savais pas non plus que tu étais dangereux non seulement pour eux mais pour ta petite sœur aussi.

Tu cours pendant la récréation. Tu joues au Loup. Tu as été touché, tu es donc maintenant le loup. Tu cours en riant derrière une jolie petite fille pour tenter de te faire remplacer. Cependant, tu trébuches et tu tombes. Lourdement. Tu saignes. Tu sais que ce n’est pas bon signe. Tu le sais parce que ça t’es déjà arrivé de saigner et cela ne s’arrêtait jamais même pour une petite coupure. Tu avais même des médicaments à prendre. Heureusement pour toi, tes professeurs de primaire étaient là, ils avaient tout vu et ils t’embarquèrent à l’infirmerie. Tu avais un peu la tête qui tournait de voir tellement de sang et d’en perdre surtout. Ils ont parlé d’hémophilie. Tu étais un peu trop jeune pour comprendre sans explications. Explications que tu demandas d’une petite voix. Tes parents sont venus te chercher et tu as cru voir ta mère pleurer et ton père très inquiet. Tu te sentais pourtant bien. Tu ne saignais plus à présent. C’était si grave que ça ? C’est ce jour-là que tu appris la gravité de ton hémophilie. Ce jour-là où tu décidas de tout faire pour ne plus tomber. Tu pouvais faire du sport mais avec modération pour ne pas tomber. Tu comprenais mieux pourquoi tu devais aller tous les mois à l’hôpital pour qu’ils te mettent du sang dans les veines. « Papa, Courtney elle est comme moi ? » « Non mon chéri. » « Tant mieux alors. ». Ta petite sœur c’était elle qui comptait le plus avec tes parents dans ton petit cœur. Tu n’aurais pas supporté de la voir avoir la même chose que toi. Cela n’aurait pas été juste pour elle !

Malgré ce « petit » soucis de santé et parfois tes coups de fatigue sans raison apparente, tu étais un garçon comme tous les autres. Un garçon intelligent, curieux, avec une soif d’apprendre qui épatait tes professeurs. Il t’arrivait de regarder le cirque et d’admirer la dextérité des jongleurs, l’agilité des acrobates, l’univers des magiciens, le théâtre des clowns, les dresseurs qui ne semblaient avoir peur de rien. Tu t’exerçais à lancer des balles en l’air. Ca avait l’air si simple pour les jongleurs mais toi, tu n’y arrivais pas. C’est ton père qui t’as appris en voyant que tu cherchais à comprendre le mécanisme du jonglage. Tu empruntais également tous les livres sur la magie que tu pouvais trouver car tu adorais lire. Tu dévorais les livres. Toute sorte de livre. Personne ne savait comment tu faisais pour avaler tellement de page et te souvenir de la plupart des histoires que tu lisais -dans les grandes lignes-. Pour un anniversaire, tu avais même reçu une boite de magie. La fameuse boîte des « petits magiciens en herbe ». Tu avais l’air tellement heureux. Comme un gosse. Gosse que tu étais, certes. Tu impressionnais ta sœur quand tu réussissais un tour. Tu la faisais rire quand l’un d’eux tombait à l’eau. En parlant d’eau, tu adorais cet élément. Tu nageais comme un poisson. Pour ton plaisir. Pas dans un club. Non. Tout simplement pour toi-même. Tu adorais aussi les dessins animées et les Disney que tu regardais avec ta sœur ou bien les comics ou les jeux-vidéos. En fait, tu étais un vrai geek dès ton jeune âge. Et pourtant, tu n’étais pas renfermé ou même unpopulaire. Non. Tu avais ta bande de pote. C’est fou ce qu’une belle petite gueule peut faire n’est-ce pas ?

Tout changea lorsque tu as eu treize ans. Depuis quelques temps ta mère ne se sentait pas très bien. Elle savait qu’elle n’était pas enceinte. Elle décida donc de consulter son médecin qui lui conseilla de passer des examens à l’hôpital. Conseil qu’elle suivi. Quand elle rentra le soir, tu as remarqué son regard. Elle était blanche comme un linge. Tu ne l’avais jamais vu ainsi mais elle ne dit rien jusqu’à ce que vous alliez vous coucher Courtney et toi. Enfin, tes parents ont pensé que tu étais couché alors que tu étais en train d’écouter aux portes. Ce qui n’est pas très bien d’ailleurs, je le reconnais. « Que se passe-t-il Emily ? » Ta mère s’est mise à pleurer et ton père s’est précipité vers elle. « J’ai un cancer Nicholas ! » « Quoi ? C’est impossible ! » « Ils disent qu’ils ne peuvent pas se tromper ! » « Quelle sorte de cancer ? » « Le genre dont tu ne guéris pas … » Le silence s’installa. Pesant. Etouffant. Tu avais compris, tu n’étais pas bête. Tu t’es aperçu que tes larmes coulaient le long de tes joues. Larmes silencieuses et pourtant énorme. Tu n’avais plus pleuré depuis … depuis longtemps. Tu es reparti sur la pointe des pieds et tu t’es réfugié sous tes couvertures pour pleurer de tout ton être. Tu n’as que très peu dormi durant la nuit et au matin, tes yeux étaient rougis. Courtney t’as demandé ce qu’il t’arrivait, tu avais répondu que tu avais fait des cauchemars. Tes parents ne t’avaient pas cru. Ils avaient comprit que tu savais. Le soir, tes parents t’avaient un peu disputer mais tu leur avait dit : « Je suis le grand-frère, j’ai treize ans, il y a des choses que je sais, que je comprends. Nous avons le droit de savoir. Courtney à le droit de savoir. » Tu n’avais pas tort mais tant que tu ne serais pas père de famille, tu ne pourrais pas comprendre ce que signifie les mots « protégé ses enfants ».

La santé de ta mère se dégrada petit à petit. Courtney et toi vous faisiez tout pour la soulager. Vous faisiez le ménage, la cuisine, le repassage bien sûr avec l’aide de votre père mais cela ne changeait rien. Même avec les médicaments. Même avec la chimiothérapie. Rien n’y faisait. Votre mère s’affaiblissait. Votre mère maigrissait. Votre mère dépérissait sous vos yeux impuissant. Pendant trois ans son cancer progressa pour devenir un cancer généralisé. Elle fût hospitalisée et mourut quelques mois plus tard. C’était un véritable séisme. Un cataclysme. Une catastrophe pour toi. Tu t’étais transformé en beau jeune homme avec du muscle, bien des personnes auraient souhaité t’avoir dans leurs bras mais tu ne voyais que la maladie de ta mère alors, tu repoussais les avances des personnes qui t’entouraient. Le deuil s’installa dans la maison. Ton père venait de perdre sa femme, son amie, sa confidente, son âme-sœur. Courtney et toi vous aviez perdu votre mère, la femme qui vous avait donné la vie, qui vous avait élevé et donné tant d’amour. Cependant, votre mère en femme forte vous avait demander de ne pas vous laisser abattre, de continuer à vivre et de réussir vos études. Elle vous avait dit également qu’elle veillerait sur vous de là où elle serait. Tu la croyait. Tu décidas donc de t’enfermer dans tes études même si tu avais décidé depuis longtemps de devenir bibliothécaire.

Un an plus tard alors que vous pensiez enfin être sorti de ce cauchemar, c’est votre père qui a eu son cancer. Le même que votre mère. Pourquoi est-ce que le destin s’acharnait sur votre famille ? C’était bien entendu la question que vous vous posiez Courtney et toi. Votre père déclina plus lentement que votre mère. Il semblait attendre la fin de tes études pour que tu puisses t’occuper de Courtney convenablement. Enfin, il ne décidait pas non plus mais on dit que parfois ça aidait d’avoir un objectif. Il avait atteint son objectif. Il s’est éteint dans une chambre d’hôpital quand tu lui as dit avoir eu ton diplôme et avoir eu une offre d’emploi. A la grande bibliothèque de Sacramento. Nouveau deuil. Vous avez vendu la maison d’un commun accord pour vous installer dans un petit appartement. « Lilyan ? » « Oui Courtney ? » « On a reçu le dossier médical de papa. Celui de maman doit se trouver dans ses affaires. Tu veux le lire avec moi ? » « Pourquoi faire Court ? Papa n’est plus parmi nous. Maman non plus. Pourquoi vouloir te poignarder un peu plus ? » « Parce que je veux savoir. Je veux comprendre comment et pourquoi ils sont morts ! » « D’un cancer ! Ils sont morts d’un cancer ! » « On attrape pas de cancers comme on attrape un rhum ! » « Certains sont génétiques. D’autres c’est à cause de notre environnement ou de notre hygiène de vie, que veux-tu de plus ? » « Tu n’es qu’un idiot ! Je te déteste grand-frère ! » La porte de la chambre de Courtney claqua et tu as soupiré en passant une main dans tes cheveux. Cela faisait trois mois que votre père était mort. Tu regardais le dossier juste devant toi. Le dossier de ton père, celui que ta sœur avait jeté sur la table avant de partir telle une furie. Tu hésitais à l’ouvrir. Pourquoi ? A cette époque, tu ne le savais pas vraiment. Etait-ce par envie de tourner la page ? Etait-ce parce que tu trouvais ça trop intime ? Finalement, tu avais attrapé le dossier et tu l’avais lu. Ton regard en disait long sur ta surprise. Plutôt ta stupéfaction. « Cancer du à une exposition aux radiations » ? C’était pourtant impossible. Certes il y avait une centrale nucléaire mais il n’y travaillait pas. Ses sourcils se sont froncés et il se décida à faire des recherches. Des radiations pouvaient-elles portés jusqu’à leur ancienne demeure ? Dans ce cas-là, ils auraient dû entendre parler de nombreux cas de cancer non ? Et sa mère ? Si c’était le même cancer, c’était peut-être aussi des mêmes causes ! Quand tu avais trouvé son dossier, tu en avais eu la confirmation …

C’est à tes vingt-six ans que tu compris réellement qui tu étais. Et pas dans des circonstances très joyeuses. Tu rentrais tard chez toi, tu avais dû rester pour une réunion de travail. Il faisait déjà nuit et tu avais décidé de prendre un raccourci. Raccourci que tu n’aimais pas particulièrement d’ailleurs. Tes pas semblaient plus rapides et tes enjambées plus grandes. Tu étais mal à l’aise dans cette ruelle peu fréquenté. Ce soir-là, il y avait un petit groupe. Tu ne leur prêtas pas attention. Ils étaient jeunes, ils avaient bien le droit de discuter et de rire dans la rue n’est-ce pas ? Malgré leur look un peu effrayant, tu te disais qu’ils ne pouvaient pas être bien méchant. Comme tu te trompais. Tu avais presque immédiatement senti qu’ils te suivaient. Tu accéléras encore un peu plus le pas. Ils t’ont rattrapé. Ils t’ont entouré, t’encadrant afin que tu ne puisses pas t’échapper. Le ventre noué par l’appréhension et la peur, tu avais fait le maximum pour paraître naturel : « Je peux vous aider ? ». Les rires qui ont suivi cette phrase t’on fait froid dans le dos. Ils ne voulaient pas d’aide, ils voulaient quelque chose de toi. De l’argent très certainement. L’un d’entre eux sorti un couteau. « Rentrez ce couteau s’il vous plaît, nous sommes entre gens civilisés ! ». Tu avais le trouillomètre à zéro. Si jamais il te plantait le couteau dans le corps, tu serais très certainement dans une grosse galère. Tu risquais de mourir avec ton hémophilie. « File-nous ton fric ! » « Je n’ai que dix dollars sur moi ! » « Tu mens. » « C’est la vérité ! » « Dix dollars ! Tchh, tu nous fais perdre notre temps mais t’es plutôt beau gosse alors j’imagine qu’on peu profité un peu de toi à la place. » « … ». Ton cerveau te commandais de fuir, tes jambes ne semblaient pas d’accord. Tu étais si effrayé que tu étais paralysé par la peur. Courtney devait se faire un sang d’encre ! Tu devais te sortir de cette situation. Tu devais réfléchir ! Tu devais faire marcher tes jambes ! Elles ont finalement acceptées. Tu as poussé l’un d’entre eux assez violemment pour qu’il atterrisse contre un mur et tu as tenter de t’échapper par la brèche que tu avais ouverte. Ca aurait pu marcher si tu n’avais pas senti une douleur dans ton flan droit. Par réflexe, tu avais poser ta main sur lui pour le ressortir plein de sang. « Merde » C’est le mot qui était sorti de ta bouche tandis que les racailles se disputaient. Il y avait trop de sang pour que se soit normal. Tu ne sais pas ce qu’il s’est passé mais, d’un coup, ils ont arrêté de se disputer. Ils se sont tortiller dans tous les sens, souffrant le martyre sous tes yeux ébahis. Ils ont craché du sang avant de tomber sur le sol. Tu t’es alors enfui jusqu’à une rue plus éclairée. Tu es rentré dans quelqu’un avant de t’évanouir. Tu avais perdu beaucoup trop de sang.

Lorsque tu t’es réveillé le lendemain matin, Courtney lisait le journal. Elle a bondit sur ses pieds et t'as serrer contre elle jusqu’à t’en faire mal. Tu étais content de la revoir. Elle t’a passé le journal et quelques livres avant d’aller faire sa journée. Ton regard s’écarquilla. Ils parlaient de toi, de ton agression dans une petite colonne de quelques lignes mais ce qui faisait les gros titres c’est qu’un petit groupe de racaille avait été retrouvé mort. Les causes du décès semblaient être naturel mais il n’en était rien. Ils avaient été irradiés. Loin d’être un abruti, tu as ajouté deux plus deux et tu as comprit. Tu as comprit que c’était ta faute. Tu as comprit que c’était toi. Tu as comprit que tu faisais partie de ce groupe appelé Mutant ou Transmutant ou peut importe. Les dossiers médicaux de tes parents te sont alors revenus en mémoire. Tu as comprit également que la cause de leur cancer et de leur décès c’était toi. Tes pensées sont alors allé vers Courtney. Est-ce qu’elle était en danger ? Est-ce qu’elle était déjà irradiée ? Est-ce qu’il était trop tard pour elle ? Tu regardais tes mains, tu avais l’impression de voir du sang dessus. Tu ne voulais pas y voir le sang de Courtney. Ta décision était prise … Cette décision te brisais le cœur bien entendu mais si c'était pour protéger ta  sœur alors, tu ferais tout pour.

Tu exécutas ton plan quelques jours après ton retour à l’appartement que tu partageais avec elle. Tu as démissionné de ton job sans donner de précision. Tu as dit que c’était une histoire personnelle. Le soir, tu as fait à dîner, manger avec elle avant que vous ne regardiez la télé ensemble. Elle alla se coucher. Toi, tu lui avais dit ne pas être fatigué, que tu allais lire dans ta chambre. En fait, tu n’as pas lu, tu as écrit. Tu lui as écrit une lettre afin qu’elle sache.

Ma très chère sœur,

J’ai pris une décision. Une décision qui me déchire le cœur mais je ne peux pas faire autrement. Tu vas penser que je suis un lâche, c’est vrai, je le suis, je ne peux pas le nier. Je voudrais simplement que tu saches que je t’aime. Tu es ma petite sœur, mon double, ma bouée de sauvetage depuis que nos parents ne sont plus là. Je me suis accroché à toi pour ne pas sombrer. Si tu n’avais pas été là … je ne serais probablement pas aussi joyeux et heureux de vivre que je le suis aujourd’hui. Si tu n’avais pas été là … je ne sais pas ce que je serais devenu. Tu es mon encrage.

Te souviens-tu du jour où tu m’as suivi toute la journée parce que tu ne voulais pas me laisser partir avec mes amis(es) ? Tu avais l’air d’un petit poussin suivant son papa coq. Mes amis(es) m’ont beaucoup charrié après cela mais c’est ce jour-là que j’ai compris à quel point notre lien était fort. Je sais que je t’ai pas mal embêter quand nous étions vraiment tout petits. Je pense que c’était ma façon à moi de te dire que je t’aimais. Comme on dit qui aime bien châtie bien n’est-ce pas ? Tu m’en veux toujours pour ta poupée que j’avais malencontreusement salit et cassé ? C’était vraiment un accident. Heureusement que papa avait retrouvé la même …

Oui, je sais, je tourne en rond, j’évoque des souvenirs pour retarder le véritable sujet de cette lettre. Ne m’en veux pas petite sœur. Quand tu sauras tout, tu me haïras et je veux retarder ça au maximum. Je ne veux pas voir ce regard-là dans tes yeux Courtney c’est pourquoi je t’écris avant de m’enfuir dans la nuit. J’espère seulement que tu trouveras la force de me pardonner un jour pour tous mes péchés, pour m’être enfui lâchement, pour ne pas t’avoir dit la vérité, pour ne pas t’avoir vu avant mon départ et pour tout ce que j’ai pu te faire durant notre enfance.

Il est l’heure. Je dois tout te dire. Je suis un Mutant de naissance. Oui, ces humains ayant un mutagène dans le sang, quelque chose de différent en eux. Tu sais que je n’ai jamais été contre eux, que je pense qu’ils sont humains malgré leur différence, qu’ils ne sont pas plus mauvais que les humains sans don n’est-ce pas ? Eh bien, je crois que je suis différent. Je suis un monstre … Un monstre parce que je … Comment te dire ce que j’ai à te dire ? Comment faire sans être brutal ? Je crois que c’est impossible même avec la plus belle plume du monde … Je vais t’expliquer comment je l’ai apprit, ou plutôt comment je l’ai comprit …

Il n’y a pas si longtemps je me suis fait attaquer par un petit groupe de racaille n’est-ce pas ? Le lendemain de mon attaque tu m’as donné le journal. Ils parlaient de ce groupe de racaille. Ils étaient tous morts. Irradié. Irradié d’onde gamma. D’onde radioactive. Courtney … je suis celui qui les as tuer. C’est comme ça que je l’ai comprit, il ne faut pas être idiot pour faire le calcul. Je suis un Murant dont le pouvoir est la Radioactivité. Je les ai tués alors que mon sang coulait. Je suis un meurtrier mais je n’ai pas le courage d’aller me dénoncer. Je n’ai pas le courage d’aller en prison. Tu sais ma chère sœur, j’ai lu les dossiers médicaux de nos parents finalement. J’ai longtemps hésité parce que je pensais que ce serait trop douloureux, trop proche, que ça appartenait simplement à nos parents mais je les ai lus quand même. La cause de leur cancer fatal c’était une trop longue exposition à des radiations. C’est encore moi qui ai causé tout cela. Je t’ai pris nos parents. Ils sont morts par ma faute. Ils ne sont plus parmi nous par ma faute. Est-ce qu’ils avaient comprit que j’étais la cause de tous leurs maux ? Je l’ignore …

Quand je me suis rendu compte de tout cela, j’ai comprit que tu étais en grave danger avec moi. J’ai comprit que je devais partir. Je ne veux plus avoir de sang sur les mains, de mort sur la conscience. Je veux que tu vives, que tu sois heureuse, que tu trouves ton futur époux et que tu ait des enfants, c’était le rêve de Maman d’avoir des petits-enfants après tout … Je m’enfuis pour te protéger et pour me protéger. Je suis un égoïste n’est-ce pas ? Un égoïste que tu dois détester, haïr maintenant. Pardonne-moi Courtney. Pardonne-moi. Ton pardon sera mon plus beau cadeau, ma bénédiction.

Je dois partir à présent. Déchire cette lettre, brûle-là mais je souhaite que tu la détruise et que tu m’oublies. Nous ne nous reverrons plus. Je prends quelques petites choses que me tiennent à cœur, je te laisse le reste. Mon compte en banque, ma part d’héritage que je ne mérite pas, cet appartement. Tout t’appartiens à présent. N’essaie pas de me retrouver, je t’en conjure.

Tu resteras toujours dans mon cœur et dans mon esprit. Tu resteras toujours ma petite sœur adorée.

Je t’aime,
Ton frère, Lilyan.

Tu pleurais à la fin de cette lettre qui rassemblait ton adieu et ta confession à ta sœur. Tu enfilas le collier rassemblant les anneaux de fiançailles de tes parents, attrapa ton énorme sac à dos de type randonné que tu avais déjà préparé avant de t’en aller dans la nuit. Evidemment, tu t’es souvent retourné jusqu’à ce que ton immeuble disparaisse de ta vue. Tu ne pouvais plus revenir en arrière à présent. Tu n’avais plus le choix que d’avancer, de marcher droit devant. Tu savais où aller pour quelques jours ce qui était déjà pas mal. Tu es partis pour Los Angeles où un ami de longue date vivait. Pendant la première semaine tu lui avait dit que tu faisais simplement un petit voyage pour te changer les idées mais ton ami était loin d’être un idiot lui-même, il avait comprit que quelque chose n’allait pas. Finalement tu lui avouas tout, dans les grandes lignes. Tu lui avais juste dit que tu étais un Mutant et que tu pouvais être dangereux pour ta sœur, que tu étais parti. Tu lui faisais confiance. Trop peut-être …

En effet, un soir, tu étais sorti avec lui pour te changer les idées. Cependant, ce que tu ne savais pas c’était que c’était un traquenard. Dans une ruelle -décidément, les ruelles ne t’aimaient pas ou alors était-ce le contraire ?- des gens semblaient attendre quelqu’un. Ton ami semblait totalement détendu et naturel, tu as décidé de lui faire confiance. Encore une fois. La dernière. Comme lors de ta précédente agression tu t’es fait entourer, acculé contre un mur. Il y avait deux Hunters -mais à ce moment-là tu ne savais pas comment ils se nommaient- tu regardais ton ami se reculer avant de se placer derrière eux. Tu l’appela mais il semblait sourd à tes appels. Il regardait le spectacle qui s’offrait juste devant ses yeux. Tu avais compris mais tu ne voulais pas y croire, c’était trop dur. « Aide-moi » « Pourquoi ? » « Au nom de notre amitié » « Il n’y a plus d’amitié entre nous depuis le moment où tu m’as avoué être un de ces monstres ! » « … Qu’est-ce que les Mutants t’on fait ? » « Ils ont détruit ma famille. Je suis le seul rescapé. Il les ont tué ! » « Es-tu bien sûr que c’était un Mutant ? » « NE ME PRENDS PAS POUR UN IDIOT ! J’ai tout vu de mes propres yeux ! ». Tu as fermé les yeux et baissé la tête. Les Hunters n’avaient aucune once d’humanité dans leur regard. La trahison de ton ami, la peur te fît une nouvelle fois perdre les pédales. Tu avais cette fois-ci senti ton pouvoir t’envahir comme un tsunami. « Partez ! Dépêchez-vous ! » Tu leur tournas le dos, tenta en vain de te calmer. C’est là qu’un des deux Hunters trancha la peau de ton dos de l’omoplate gauche jusqu’au creux de tes reins à droite. Ton hurlement retenti dans la nuit et ton pouvoir se dévoila dans son entièreté. La puissance des vagues d’ondes irradiés à fait son effet immédiatement. Les deux Hunters et ton ancien ami sont tombés sur le sol. Mort. Tu avais de nouveau du sang sur les mains … Tu avais couru le plus longtemps possible jusqu’à t’écrouler devant une maison. Ton sang  s’écoulant en flot continue dans ton dos.

Une nouvelle fois tu t’éveillas à l’hôpital. Lorsque tu as pu sortir, tu as pris tes affaires chez ton ami mort et tu t’es enfui, encore une fois. Tu as vécu dans la rue dans plusieurs villes, tu ne faisais plus confiance à personne. Tu ne parlais jamais de toi aux SDF que tu croisais, ils n’avaient pas besoin de savoir. Tu n’avais pas besoin d’être de nouveau chassé. Tu t’affaiblissais parce que tu n’avais pas ton don de sang tous les mois dans les veines.

Ce n’est qu’à l’âge de vingt-sept ans alors que tu te reposais à l’ombre dans une rue qu’un homme se pencha vers toi. Il devait avoir ton âge. Il a attendu que tu te réveilles et sans préambule aucun t’as dit : « Lilyan Adamson n’est-ce pas ? Mutant dont le pouvoir est la radioactivité ? Je suis Jeremiah, un Mutant comme toi. Moi, je peux savoir qui est un mutant ou qui ne l’est pas, c’est mon pouvoir. Bizarre hein ? Viens, je vais t’emmener dans un endroit ou tu sera en sécurité. » « Comment connais-tu mon nom si tu sais uniquement qui est mutant ? » « Ah ! Zut ! J’me suis fait prendre ! En fait, j’ai un ami qui lit dans les pensées, il est un peu timide alors il ne voulait pas se montrer ! » Il t’avais sourit avant de se tourner vers le bout de la rue. Geste que tu imitas pour voir arriver un jeune homme. Il devait avoir à peine dix-sept ans. Il parla dans ta tête et tu décida de les accompagner. Cependant, tu étais bien faible et tu ne faisais que tituber. Les deux mutants t’ont aidé et ils t’ont conduit dans un bâtiment abandonné de la petite ville de Californie où tu te trouvais. Là, tu as découvert une sorte d’univers parallèle. Un endroit où tous les  mutants de la ville voire de la Californie étaient réunis. Tu t’endormi doucement tandis qu’un mutant manipulait ton sang, d’après ce que tu avais pu comprendre. Lorsque tu t’éveillas, tout le monde était là, ce n’était pas un rêve. Tu te sentais ragaillardi. C’était fou. On te donna à boire, à manger et même tes médicaments que tu n’avais plus prit depuis … depuis quand déjà ? Tu ne savais même plus ...

Tu es resté avec eux pendant quelques mois avant que tu ne te décides à accepter leur offre. Changer de vie et donc d’identité. Cette « association » faisait partie d’un énorme réseau de Mutant. Ils t’ont envoyé à Radcliff où tu as rencontré d’autres Mutants dont Saül qui t’as remit des papiers avec un nouveau nom : Kerian Chandler Doherty. Pas mal. Ca allait être dur pour toi de t’y faire mais tu allais y arriver pour les remercier d’avoir tant fait pour toi. C’est aussi là que tu avais rencontré ton protecteur chez qui tu squattais depuis lors …

Tu as senti quelque chose sur ton visage. Difficilement, tu as ouvert les yeux. Depuis quand tu les avais fermés ? Depuis quand tu dormais ? Tu avais ouvert tes yeux pour découvrir … le chien à trois pattes juste devant ton nez. Tu le caressas doucement avant d’essuyer la bave qu’il t’avais mis sur le visage en te réveillant. Ou était-ce des larmes ? Difficile a dire. Tu t’es levé lentement pour aller accueillir Judicaël, ton médecin, ton protecteur, ton héberger, ton … ami ? Peut-être … La suite est encore à écrire …