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 surely this must be my masterpiece ≡ (w/ razen)

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MessageSujet: surely this must be my masterpiece ≡ (w/ razen)   surely this must be my masterpiece ≡ (w/ razen) Icon_minitimeMer 30 Mar 2016 - 0:53

Surely this must be my masterpiece.
- Pitch black, pale blue, It was a stained glass Variation of the truth And I felt empty handed. You let me set sail With cheap wood. So I patched up Every leak that I could, 'Til the blame grew too heavy. Stitch by stitch I tear apart. If brokenness is a form of art, I must be a poster child prodigy. Thread by thread I come apart. If brokenness is a work of art, Surely this must be my masterpiece. / RAZEN & REN TOWNSHEND ★

Ren ferma la porte dans son dos, peut-être pour la dernière fois. Le bureau du maire, qu’il avait occupé aux côtés de Thaddeus durant la dernière année, allait peut-être bientôt lui filer entre les doigts. C’était avec un pincement au coeur qu’il avait laissé son employeur ce soir là, sentant qu’un chapitre de sa vie menaçait de s’achever. Ca lui faisait tout drôle, au chasseur, de ne pas avoir la certitude de revenir le lendemain. De ne plus se tenir discrètement derrière la chaise de Lancaster durant ses réunions, de ne plus l’accompagner au quatre coins de la ville lors de ses déplacement. Il resterait bien sur son homme de main, mais ce ne serait plus pareil. Plus exactement la même chose. Maire de Radcliff ou pas, Thaddeus resterait celui qu’il servait avec loyauté ; peu importait les résultats du lendemains, il resterait sagement aux côtés de cet homme pour qui il donnerait sa vie. Pourtant, lorsqu’il lança un dernier regard à l’hôtel de ville en rejoignant son véhicule, il ne pu s’empêcher de déjà regretter ce poste qu’il avait tant chéri. La nuit commençait à tomber sur Radcliff, apportant à l’air lourd un brin de fraîcheur. Les roues filait sur le béton encore chaud, la fenêtre était ouverte ; Ren profitait de l’air qui s’engouffrait dans le véhicule, laissant la brise estivale lui caresser le visage. Le chasseur ne voulait pas rentrer chez lui, pas tout de suite. Il appréciait la solitude de son grand manoir d’habitude, pourtant ce soir il avait envie de compagnie. Pourquoi se morfondre seul dans son salon alors qu’il pouvait se morfondre au milieu d’inconnus qui connaissaient le même dilemme que lui ? L’anglais aurait pu appeler Costia, lui proposer une soirée en bonne compagnie. L’emmener manger dans un beau restaurant, ou se contenter d’un film au cinéma. Simplement se trouver à ses côtés, profitant de sa présence apaisante et de son sourire qui le faisait fondre. Townshend se retint pourtant, ne voulant pas déranger la belle aussi tard dans la soirée ; il aimait faire les choses bien, arriver avec un bouquet avec une réservation pour manger. Pas à l’improviste. Peut-être qu’il pourrait arranger quelque chose le lendemain ; célébrer la victoire de son employeur à ses côtés ou au contraire trouver un peu de réconfort suite à sa défaite. Ce soir, il voulait se noyer dans la foule, s’oublier parmi les corps imbibés d’alcool. Le bar serait la meilleure solution, là où il pourrait noyer ses inquiétudes dans l’alcool, comme le reste des personnes présentes. Il y avait un certain réconfort, dans la présence de toutes ses personnes qui fuyaient leurs problèmes dans l’alcool. Personne ne se parlait, mais tout le monde se comprenait. Un soutient silencieux, sous-entendu. C’était un sentiment que le chasseur appréciait, n’étant pas confortable lorsqu’il se confrontait à ses propres émotions ; au bar, il avait l’impression d’être conforté sans avoir à s’expliquer, ou à dire quoi que ce soit. Ren avait son bar fétiche, pour les soirées comme celles-ci. Son repère, où il venait s’exiler lorsque l’idée de rentrer seul chez lui le répugnait. Un petit établissement discret au sud de la ville, qu’il fréquentait depuis plusieurs années maintenant ; c’était un habitué aujourd’hui, on le reconnaissait directement lorsqu’il pénétrait dans le bar. Pas qu’il vienne si souvent que ça, le chasseur n’était pas non plus alcoolique. Pourtant, il ne passait pas inaperçu, avec son costume parfaitement coupé, son air de chien d’attaque et son visage ecchymosé. Il était de ceux qui restent dans l’esprit des gens, de ces personnes qu’on connaissait sans connaitre. Cette silhouette inquiétante courbée au dessus du bar, celle qui ne disait jamais rien ; une réputation que Ren appréciait, au moins on ne venait pas le déranger.

Le chasseur pénétra dans l’établissement avec son masque de glace sur le visage, cette expression figée qui ne le quittait pas. Il salua silencieusement le gérant d’un geste de la main, et vint trouver son tabouret habituel, au bout du bar, dans le fond de la salle. D’ici, il pouvait tout voir, tout observer ; un point important pour ce chasseur naturel. Il commanda comme d’habitude, un verre de bon whisky et quelques glaçons. Les minutes filèrent, et le chasseur se laissa bercé par l’ambiance de la salle. La musique, les conversations, les bruits de verre et de liquide. Townshend se sentait bien, l’alcool dans ses veines apaisant peu à peu ses soucis. Une soirée qui s’annonçait tranquille en perspective, mais qui se retrouva soudain troublée quand un homme vint s’installer à quelques tabouret de lui. Le sang du chasseur ne fit qu’un tour. Malgré les lunettes et la canne blanche -probablement un coup monté de sa part, il s’était renseigné sur le gagne-pain des Townshend après avoir revu Alvin-, il aurait pu reconnaitre l’inconnu parmi tant d’autres : Razen. A moitié étonnant, puisqu’il avait rencontré son autre frère quelques mois plus tôt. Il avait simplement espéré que les deux hommes avait suivis ses conseilles, et qu’ils avaient fichu le camp de Radcliff. Apparemment non. Il allait devoir réitérer ses menaces. Ren se leva de son tabouret, verre à la main ; il s’approcha de son aîné, prenant place à ses côtés. « Soirée difficile ? » souffla-t-il innocemment en remarquant le verre entre les mains de son frère, espérant le surprendre.
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Razen Townshend
Razen Townshend

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MessageSujet: Re: surely this must be my masterpiece ≡ (w/ razen)   surely this must be my masterpiece ≡ (w/ razen) Icon_minitimeMer 30 Mar 2016 - 21:25

surely this must be my masterpiece
Ren & Razen



« Un whisky, s’il vous plait » Razen se laisse tomber sur le siège, trouvé quelques secondes auparavant d’un tâtonnement prévu. Il aime bien les bars, l’Anglais, malgré le bruit et l’agitation, malgré l’atmosphère étouffante de début de soirée et l’odeur de transpiration et de fumée qui l’enveloppe. Il aime bien les bars parce que dans des soirées comme celle-là, il devient qui il veut, il se fond dans l’identité qu’il veut et il doit bien admettre que ça lui plait. Mais ce soir… Razen sait qu’il ne devrait pas être là. Il le sait viscéralement parce qu’il a eu le temps, un peu trop de temps d’ailleurs, d’y réfléchir. Il sait qu’il n’a rien à faire dans ce bar qui, non content d’héberger bien trop de monde, recueille régulièrement d’autres anglais. Un autre anglais. En toute honnêteté, Razen pensait s’y échouer plus tôt, dans ce bar. Le lendemain de cette discussion houleuse avec Alvin, discussion qui semblait remonter maintenant à des siècles, étant donné la succession d’emmerdes qui leur étaient tombées dessus depuis. Entre Abberline et Ailionora, entre ses blessures et ses errances, entre ses prises de tête face au problème Wolstenholme et ses insomnies qui ne voulaient qu’aller en s’amplifiant… Razen n’avait pas eu le temps de venir boire un verre ici.

Et ça ne change strictement rien au fait qu’il ne devrait pas être assis là. Pas besoin d’être voyant pour prédire qu’Alvin ne va pas apprécier l’initiative, pas besoin d’être clairvoyant pour savoir que la discussion à venir va briser tous les espoirs et les illusions de l’aîné de la fratrie. Il est suffisamment têtu, âgé et lucide pour être conscient qu’Alvin a raison et que cette conviction qu’il a que Ren est inoffensif est simplement le reflet de sa culpabilité et de sa nostalgie. L’aveugle inspire, l’aveugle se penche sur le bar. Il lui a fallu pas loin de trois semaines pour trouver vraiment la trace de son petit frère. Oh, il aurait pu se pointer à la mairie la bouche en cœur et une boite de chocolat dans les mains mais… mais non, soyons honnête, si Razen est capable d’agir en vrai crétin, il n’irait pas jusque-là juste pour remporter la palme du plus fier imbécile de Radcliff. Il a mis des semaines, donc, à cibler ce bar. A graisser des pattes. A effleurer des épidermes, cerner des attentes, caresser dans le sens du poil et menacer. En toute discrétion. Un souffle, il s’entend poser au barman une question sans importance, juste pour avoir un prétexte pour lui toucher le bras. Et s’imprégner de l’ambiance du bar. Après tout, qui de mieux placé que le responsable pour avoir une idée de la température de la salle ? Il en profite aussi pour poser une deuxième question, bien plus intéressante. Et pour glisser une demi-douzaine de billets dans la main du gérant. Il est là.

Récupérant son verre et se levant dans la foulée, sa canne heurte une table, une chaise, trace son chemin et file en suivant son instinct de l’autre côté de la pièce. En retrait. Visible. Si le gérant ne lui a pas menti, Ren est là. Et si Ren est là, il va le voir. Et s’il le voit, il va venir de lui-même. Razen se laisse tomber sur le tabouret pour la deuxième fois de la soirée, en bon presque-quadragénaire comme il aime à le rappeler quand Ailionora l’agace. N’embête pas ton père, il est vieux, et va lui chercher une bière, tu seras adorable. Pas qu’il se sente vieux en réalité, mais disons que pour une gamine de seize ans, c’est un bon prétexte. Dans tous les cas… Razen soupire en se passant une main sur le visage. Il hésite, l’aveugle. Il hésite à partir, il hésite à rester, il hésite même à prévenir Alvin. Mais il a pris une décision et il compte bien s’y tenir : ça fait trop longtemps qu’il repousse cet instant. Une gorgée se glisse dans son œsophage, ses doigts pianotent contre le verre, récoltant à chaque choc un peu plus d’information sur l’objet. C’est un jeu auquel il s’adonne depuis des années, afin d’affiner encore et toujours plus son contrôle sur sa mutation. Son index heurte le verre, il obtient un pourcentage diffus des composants. Son majeur le rejoint, il cible une petite fêlure, là, à un centimètre de ses lèvres, invisible pour un humain, évidente pour un mutant comme lui. Son index revient à l’assaut, il y a un défaut de fabrication. Et un raclement de chaise distrait l’Anglais dans sa rythmique cadencée. Un autre raclement, couinement, ce qu’on veut, et Razen n’est plus seul autour de sa minuscule table. « Soirée difficile ? » Pas un sursaut, Razen ferme les yeux pour chercher à entendre dans cette voix des traces d’éclat de rire. Comme il saurait reconnaître la voix d’Alvin dans une foule dense, il a la conviction que c’est le dernier des Townshend qui se trouve face à lui. C’est inscrit dans ses tripes, c’est inscrit dans son cœur, c’est inscrit dans les battements de son cœur. D’un mouvement de poignet, Razen fait tourner le liquide dans son verre, se disperse dans les clapotis et s’en accorde une gorgée avant de laisser un sourire se tracer sur ses lèvres. « Pas vraiment. » Un soupçon d’excitation, il meurt d’envie d’enlacer son frère, son petit frère, qui a mué, grandi, changé. Qui est devenu dangereux, aussi. L’une de ses mains se perd dans sa barbe. « Tu as sacrément grandi, depuis la dernière fois. » Bien Razen, c’est beau comme observation de la part d’un aveugle. D’autant plus que la dernière fois remonte à quoi… vingt ans ? Davantage ? « J’imagine que vu les élections, les sondages et ton patron, c’est plutôt pour toi que la soirée est difficile, non ? Ça va, pas trop stressé par le déménagement à venir ? » Razen se mord la langue, se faisant taire un peu tard. C’est plus fort que lui : il ne sait pas par où commencer donc il commence par le plus simple, la moquerie. Pas nécessairement méchante, mais… il sait qu’il aurait pu s’en abstenir. Il prend son inspiration. « Je t’ai cherché, tu sais. Dès que j’avais une seconde à moi, je t’ai cherché. Et c’est Alvin qui t’est tombé dessus le premier. » Une nouvelle gorgée, il sent du bout des lèvres que la quantité diminue drastiquement.

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MessageSujet: Re: surely this must be my masterpiece ≡ (w/ razen)   surely this must be my masterpiece ≡ (w/ razen) Icon_minitimeJeu 19 Mai 2016 - 1:39

Surely this must be my masterpiece.
- Pitch black, pale blue, It was a stained glass Variation of the truth And I felt empty handed. You let me set sail With cheap wood. So I patched up Every leak that I could, 'Til the blame grew too heavy. Stitch by stitch I tear apart. If brokenness is a form of art, I must be a poster child prodigy. Thread by thread I come apart. If brokenness is a work of art, Surely this must be my masterpiece. / RAZEN & REN TOWNSHEND ★

Autour de lui, la valse des habitués, qui s’installaient à leur place favorites. Ren les connaissait bien, c’était un homme d’habitude ; depuis qu’il avait l’âge de consommer de l’alcool, il venait ici et savait reconnaitre les visages familiers de ceux qui n’avaient pas encore pris leurs marques. Avec sa mémoire édeitique, il était facile pour l’anglais de repérer les personnages récurent, de graver leurs traits dans son esprit. C’était un atout dans son travail, un que Galaad avait insisté pour qu’il travaille. Un effort qui a fini par payé, puisqu’à présent le chasseur n’oubliait jamais un visage, même s’il n’avait qu’une poignée de seconde pour l’observer. Alors même s’il ne passait pas toutes ses soirées adossé au bar, il savait faire la part des choses. Il savait quand une silhouette faisait tâche dans le décor habituel. Et cette silhouette en particulier, celle qu’il venait de repérer à quelques tabourets de lui, détonnait vulgairement de son tableau habituel. Son frère s’installait nonchalamment, sous le regard assassin du cadet Townshend, furibond. N’avait-il pas été assez clair avec Alvin ? Ses deux aînés n’étaient pas les bienvenu ici, il l’avait froidement fait comprendre à son frère leur de leur dernière altercation. Faute de les avoir revu dans les rues de Radcliff, Ren avait naïvement espéré que l’anglais l’ait pris au pied de la lettre, qu’il l’ait écouté sagement et qu’ils aient mis les voile avec Razen, loin du quotidien tranquille du chasseur. Mais apparemment, il s’était trompé. La colère lui brulait les veines, détestant voir ce fantôme du passé ressurgir en cette soirée déjà suffisamment contrariante. Ne pouvait-il donc pas avoir quelques heures de repos ? Seul avec un bon whisky, pour seule compagnie l’aura apaisante des autres âmes en peine qui s’étaient égarée dans le bar ? Le chasseur aurait pu finir son verre, partir s’isoler au manoir et oublier cette rencontre impromptue ; après tout, peut-être que son aîné était réellement aveugle, peut-être qu’il pouvait s’éclipser sans éveiller ses soupçons et gérer toute cette histoire un autre jour. Mais Ren voulait se débarrasser de ses frères, une bonne fois pour toute. Pas question d’attendre une seconde de plus, pas question de faire preuve de patiente cette fois-ci. Il réitérerait ses menaces au besoin, décidé à oublier ces retrouvailles imprévues. Cette fois-ci, il ne laisserait pas place au doute.

Le chasseur pris place auprès de Razen, silencieusement. Ses lunettes et sa canne l’intriguait, ignorant si son aîné avait réellement perdu la vue ou non. Le mercenaire aurait très pu se servir de cet handicap comme excuse, espérant peut-être que Ren ferait preuve de plus de clémence en sa faveur ; mais peut-être qu’il lui était réellement devenu aveugle. Après tout, l’anglais n’avait pas encore remarqué sa présence à ses côtés. Ren aurait dû se sentir mal, ressentir de la pitié pour son aîné si cet handicap était avéré. Mais rien. C’était triste surement, ça aurait dû affecter une personne normale ; mais le chasseur s’en souciait bien peu. Tout ce qu’il voulait savoir, c’était pourquoi les frères Townshend étaient encore en ville, malgré ses menaces. L’anglais commença la conversation innocemment, espérant jouer de l’effet de surprise. Sa voix s’éleva dans le brouhaha environnant de cette veille d’élection, avant que Ren avale cul sec le reste de son verre. L’alcool lui brula la gorge, réchauffant son corps déjà enflammé par la colère. Il aurait probablement dû arrêter, garder les idées claires ; mais il ne voulait pas avoir cette conversation sobre, ce n’était pas possible. Le chasseur voulait apaiser son esprit enragé, calmer l’impatience qui le poussait à violenter son frère pour qu’il comprenne ses menaces. Alors il fit signe au barman de lui resservir la même chose. « Pas vraiment. » répondit son frère aîné, un peu trop enjoué pour une conversation avec un inconnu. Sa voix n’avait pas changé. La tonalité n’était plus la même, mais la voix sonnait pareil. Ca fit tout drôle à Ren ; ça l’énerva encore plus, tous ces souvenirs ravivés. « Tu as sacrément grandi, depuis la dernière fois. » Tant pis pour l’effet de surprise, le Townshend l’avait de toute évidence reconnu. Bien, pensa Ren. Plus vite il en viendrait aux faits, plus vite il serait débarrassé de ces fantômes qu’il ne voulait plus revoir.  « Qu’est ce que tu fous là Razen ? » siffla-t-il entre ses dents, refusant de prendre part aux réminiscences de son aîné. Ca lui faisait trop mal.  Le chasseur empoigna un peu trop violemment le whisky que lui tendit le barman -le verre menaçant de se briser- avant de porter le liquide doré à sa bouche. « J’imagine que vu les élections, les sondages et ton patron, c’est plutôt pour toi que la soirée est difficile, non ? Ça va, pas trop stressé par le déménagement à venir ? » Le chasseur fronça les sourcils, brisant son masque de glace. Razen était très certainement la dernière personne avec qui il voulait discuter de cela. La dernière personne avec qui il voulait discuter, point. « Je pense que je peux gérer ça, je me suis très bien débrouillé jusqu’à présent. Tant que Thaddeus aura besoin de moi, je serais là. » souffla-t-il, sèchement, n’appréciant pas que sa vie d’avant et sa vie actuelle s’entremêle de la sorte. Il aurait préféré qu’elles restent aussi éloignées que possible. Le chasseur pris une autre gorgée, sans cesser de fixer son frère. « Je t’ai cherché, tu sais. Dès que j’avais une seconde à moi, je t’ai cherché. Et c’est Alvin qui t’est tombé dessus le premier. » Ren ne pu retenir un rire moqueur, désagréable. Non seulement il avait le culot de venir perturber sa vie à Radcliff, mais en plus il le faisait de plein gré ? Ca relevait du cauchemar pour Ren, qui supportait déjà mal la terrible coïncidence que lui imposait l’univers. Des milliers de kilomètres les séparaient de leur Londres natal, et ils se retrouvaient ici ? Ca valait le coup d’en rire. « Tu aurais jamais dû te donner tant de mal. » siffla-t-il, méchant.  Il marqua une pause pour prendre une gorgée. « J’e l’ai déjà dit à Alvin, et j’te le répète à toi : vous êtes pas les bienvenus ici. Je sais pas comment vous m’avez retrouvé, j’en ai rien à foutre à vrai dire. Mais je vous ai déjà mis en garde. » Un euphémisme pour ne pas dire menacé. « J’ai été gentil la première fois, mais visiblement vous êtes encore là, ça n’a pas marché. Je peux pas te promettre que je ferais preuve d’autant de patience cette fois-ci. »
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Razen Townshend
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MessageSujet: Re: surely this must be my masterpiece ≡ (w/ razen)   surely this must be my masterpiece ≡ (w/ razen) Icon_minitimeDim 22 Mai 2016 - 0:32

surely this must be my masterpiece
Ren & Razen



Sa mémoire fourmille entre ses doigts. Sa mémoire n’est qu’une séquence de rire, une séquence de mots, une séquence de larmes. Il ne se souvient plus du visage de Ren, depuis le temps. Il ne se souvient que de son rire, que de ses cris, que de ses pleurs, que de son départ. Silencieux. Razen s’est imaginé ses retrouvailles des dizaines, de centaine de fois au fil des années, alors que chaque jour amoindrissait les chances de retrouver son petit frère. Mais il n’a jamais perdu espoir, ou du moins il a gardé caché dans un coin de sa mémoire comme autant d’éclats coupants meurtrissant la dernière promesse faite à ses parents. A leurs parents. Sa mémoire fourmille entre ses doigts, comme de l’électricité sur sa peau, conductrice, brûlante, piquante, qui s’exacerbe dans l’alcool presque autant que sa verve. Un raclement de chaise lui suffit pour savoir que la personne qui vient de s’asseoir est son frère. Son petit frère. Un raclement de chaise, une question, la réponse de Razen se fait attendre une poignée de seconde le temps qu’il ferme les yeux et se concentre sur ces quelques syllabes pour mieux déterrer les restes d’un passé commun. Les clapotis du whisky aiguisent son intérêt, la rugosité de sa barbe écorche ses doigts pour mieux le raccrocher la réalité et lui éviter une errance mnémonique qui lui serait fatale. Mais malgré tout, il faut bien qu’il l’admette, il faut bien qu’il l’assume, il faut bien qu’il l’accepte, l’anglais presque quarantenaire : l’émotion lui noue les tripes et efface de son esprit tout ce qu’il pouvait bien avoir à dire. Si Ren a grandi ? Assurément, en vingt ans. C’est à espérer du moins. « Qu’est ce que tu fous là Razen ? » Il l’ignore, sans sourciller. Ce qu’il fout là ? La réponse est aussi évidente que la bêtise de leur conversation. Bêtise qui n’est là que pour préparer le terrain à un sarcasme de trop. Oh, Razen le sait bien, que ses remarques n’ont rien à faire là, mais elles compensent trop brien le malaise grandissant du grand frère pour qu’il ne puisse les retenir. Vingt ans. Plus. Et il vient de le retrouver, il vient d’entendre sa voix. Il vient de comprendre, aussi, que tout est à reconstruire. Il avait beau s’en douter, le Razen, la réalité n’en est pas moins douloureuse. Son frère n’est qu’une putain d’étranger. Ils ne sont que deux putain d’étrangers. Et le verre qu’il termine à une gorgée près n’en est que la preuve supplémentaire d’une désillusion aussi inévitable que rapide, d’une désillusion aussi douloureuse que prévisible. Il cherche, l’Anglais. Il cherche dans la voix de son cadet un soupçon de souvenir. Il cherche quelque chose, mais il ne sait pas quoi. Il cherche, il cherche à n’en plus finir. Sans succès, sans trouver, sans rien d’autre que se réussir à se perdre. « Je pense que je peux gérer ça, je me suis très bien débrouillé jusqu’à présent. Tant que Thaddeus aura besoin de moi, je serais là. » Il se mord la langue, la tête légèrement penchée pour écouter. Un souffle, plus un sifflement. Toujours sec, toujours brut. Adulte. Désespérément adulte. Désespérément indépendant.

Il pourrait rétorquer des sarcasmes, encore. Il pourrait tourner la réponse de son petit, tout petit, si petit frère en dérision. Il pourrait se moquer, il pourrait persifler, il pourrait rendre le tout si risible que le rouge monterait sans aucune doute aux joues de Ren sous l’humiliation. Mais… mais il en est incapable, le grand frère, parce que la seule chose à laquelle il pense au final, c’est qu’il tient enfin au creux de ses mains la possibilité de rassembler leur fratrie, de recoller les morceaux de Townshend et de tenir, enfin, la promesse faite à son père, faite à sa mère, faite à leur sang. C’est qu’il en deviendrait presque inconscient, le clairvoyant, à ainsi frissonner de se trouver en présence du petit Townshend. Il souffle, presque déstabilisé. Il souffle qu’il l’a cherché, il souffle qu’il n’a pas cessé une seule seconde au contraire d’Alvin. Et il souffle, aussi, sans n’y laisser paraître, qu’il aurait préféré être le premier à le retrouver. Il ne perd peut être pas encore pied, le Razen, mais il n’en est pas loin au moment même où il termine son whisky. Parce que le rire de Ren crisse à ses oreilles d’aveugle, resserrent son poing autour du verre dans un agacement croissant. « Tu aurais jamais dû te donner tant de mal. Je l’ai déjà dit à Alvin, et j’te le répète à toi : vous êtes pas les bienvenus ici. Je sais pas comment vous m’avez retrouvé, j’en ai rien à foutre à vrai dire. Mais je vous ai déjà mis en garde. J’ai été gentil la première fois, mais visiblement vous êtes encore là, ça n’a pas marché. Je peux pas te promettre que je ferais preuve d’autant de patience cette fois-ci. » La crispation de Razen devient évidente. Comme le changement que chaque phrase inflige à son visage. Tu n’aurais jamais dû te donner tant de mal. Son poing se serre, s’imprègne de la composition du verre avec exactitude. Son visage se ferme, ses traits se durcissent. Le grand frère ému laisse place au grand frère en colère. Au tuteur. A l’aîné. Oui, définitivement à l’aîné, teinté du mercenaire, trempé de l’aveugle, pimenté du Razen. Son visage se durcit, avant de se détendre. Dans un rire cristallin. Sa nonchalance affectée n’est que le reflet de sa déception, domptée de justesse par sa patience. « Voyons, piccolo, tu es adorable de nous avoir donné de si charmants conseils, mais nous pouvons prendre soin de nous, ne t’inquiète pas. » Il se redresse, Razen. Il joue même avec son verre, d’une main, au comble de l’assurance. Il a été sur la brèche, le grand frère, mais il a repris les choses en main. Il s’est repris en main. Parce que la colère, maîtrisée, est le meilleur moteur que l’on puisse concevoir et qu’elle est là, au creux de ses tripes, à ronronner tranquillement. La colère, l’espoir, l’assurance, la déception. Un agrégat de tout cela qui le rend aussi sarcastique que caustique, aussi souriant qu’acide, aussi méchant, finalement, que désinvolte. « Et puis, petit prince, tu te doutes bien que puisque nous ne sommes pas venus dans le coin pour toi, il n’y a aucune raison d’en partir, pour toi… » Il s’échauffe, le Razen. Lentement. Il prépare le terrain. Quoique puisse bien vouloir Ren, de toute manière, il est condamné à être harcelé par son grand frère pendant un bon moment donc… autant qu’il prenne son mal en patience. « Mais tant qu’à faire… autant discuter, tu ne crois pas ? Tu as été gentil, c’est vraiment adorable de ta part. Alvin aussi a été gentil, qu’il m’a dit. Et moi aussi, je suis gentil. Nous sommes une gentille famille. Et comme toutes les gentilles familles, on peut parler de la pluie et du beau temps sans crainte et sans mise en garde aussi stupide qu’inutile. » Plus ça va, plus Razen glisse. Il est voué à glisser, de toute évidence, vers la moquerie assumée. Il se fout de la gueule de Ren, ni plus, ni moins. Il se fout de sa gueule, avec un grand sourire et un ton badin. Il se fout de sa gueule, il babille : tout ça pour une seule raison, faire comprendre à Ren qu’il n’est pas le seul à avoir grandi et changé. Et que si son frère ne voit plus grand-chose, ce n’est pas pour autant qu’il faut sous-estimer son obstination. « Est-ce que tu as trouvé, au moins, ce que tu cherchais en partant ? Une famille, un avenir, des études ? » Un mouvement de main, il appelle le serveur pour remplir son verre. Une nouvelle fois. Une énième fois.

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