18 heures. Fin de service, y'a vraiment rien à faire dans cette ville honnêtement. On était mardi, je finissais plus tôt, j'aimais bien marcher dans la ville tranquillement sans que l'on puisse me prendre la tête. Puis, ils avaient pas besoin de moi tout le temps, on était assez pour pouvoir faire des roulements. Et le mardi, à cette heure, j'aimais me rendre au club de tir. Il y en avait un poste de police, mais pas aussi beau que le club de tir de Radcliff. Et puis, cela me permettait d'être seul, parce que au poste, tout le monde savait que j'étais un ancien des forces spéciales donc certains aimaient me poser des questions et me déranger assez souvent.

Me voilà au club de tir, il n'y avait personne. C'est pour ça que j'aimais le mardi, les gens étaient occupés le plus souvent. L'entrée était assez grande, des armes étaient dans des vitrines, je les regardais. Elle me faisait ressasser des souvenirs assez douloureux. Il y avait beaucoup d'armes que j'avais utilisé là-dedans lorsque j'étais à l'armée. Maintenant, je devais me contenter d'armes de flic comme les fusils à pompes, les beretta ou magnum.

Je cherchais la responsable, Nora. Cette belle blonde, je savais qu'auparavant elle était une agent d'Interpol, mais je n'en savais pas plus sur elle, il faut l'avouer. Cependant, elle m'intriguait énormément. Mon regard se tourna à nouveau vers les armes, ma tête pleins de souvenirs. J'attendais tranquillement l'arrivée de la responsable.

Je n'aimais pas la pluie, bon je n'aimas pas également quand il y avait trop de soleil. Mais, la pluie, je détestais vraiment. Cheveux mouillés, fringues trempés qui collaient à la peau. Quoi de bien ? En plus de cela, il y avait un orage. Cool. Dans tout les cas, j'étais à l'abri pour l'instant puisque je m'étais rendu tranquillement au club de tir pour m'exercer un peu. Faut dire que j'avais pas vraiment besoin de faire feu pendant mon service, c'était extrêmement rare. Donc, comme je disais, le club de tir était là pour que je puisse garder la main en toute tranquillité.

Bref, j'étais dans le club, et je regardai les armes à feu, en repensant à certains souvenirs auquel je n'aurai aimé penser.Toute mon escouade morte, moi, le seul survivant. Ma famille morte, je commençai à me dire que plus j'étais proches des gens, plus ils partaient. Pourquoi pensait à cela ? Ça ne menait à rien, j'allais me morfondre et me renfermer encore plus sur moi-même. « Vous savez, elles ne vont pas se mettre à tirer tout de seul même si vous les observez comme ça ». La voix de la femme me retira de ces douloureux souvenir, mes petits yeux clairs tombèrent sur elle. Cette blonde était vraiment charmante, je ne pouvais le nier. Elle allait me poser une question, l'orage la stoppa, laissant un court silence s'installait. Me demandant alors si je cherchais quelque chose en particulier, je souris bêtement. « Eh bien... est ce que vous aurez des armes de type beretta ? J'aimerai me familiariser avec cette arme, si possible. », demandai-je, bien que je voyais qu'elle n'appréciait pas le fait que je sois là. J'étais le seul client, et elle semblait bien toute seule. « Si vous n'en avez pas, je peux toujours utiliser mon arme de service. », continuai-je alors. Dans tout les cas, elle ne pouvait pas se débarrasser de moi.

Cette femme voulait véritablement se débarrasser de moi. Le ton de sa voix était vraiment distante et froide, mais elle avait mal affaire avec moi. Etait-ce le temps qui la rendait comme cela ? C'est vrai qu'il s'agissait littéralement d'un temps pourri : orage, pluie. La totale, quoi. Elle était vraiment désagréable, mais je ne venais pas pour elle, loin de là. L'orage faisait du bruit encore, peut-être fallait-il que je reste chez moi au chaud ? Après ma demande, la femme me répondit qu'elle avait exactement des berettas et qu'elle était en train de les nettoyer. Suite à cela, elle s'en alla.

Je me retrouvais seul dans la pièce, entouré d'armes. Il y avait un miroir dans la pièce et je me dirigeai pour me regarder à travers. Un jean levis, de simple basket, un polo blanc et une veste en cuir. J'étais pas habillé pour le temps qu'il y avait dehors, mais pour ma défense : ce matin, il ne pleuvait pas et faisait plutôt bon même. Bref, elle revint avec le beretta en main, un 9mm qui semblait pas mal. Elle me dit que c'était une arme légère et facile à dissimuler, ce qui était vrai. Elle se tourna et tira sur le carton, pas mal. Bien visé en plus, j'étais surpris mais pas trop, elle travaillait dans un stand de tir donc c'était logique qu'elle sache tirer. Elle se présenta. Nora, c'était un très beau prénom. « Milo, Milo Addhams. », lui répondis-je, en laissant un petit silence. « Vous tirez plutôt bien ? L'entrainement ? », lui demandais-je. Je me permis ensuite de prendre l'arme et de regarder le carton. J'attendis un instant avant de tirer. Deux fois dans le coeur de la cible, une fois dans la tête. « Ha, ça m'avait manqué. »

Je lui avais fait un petit compliment, elle m'avait répondu qu'elle était propriétaire d'un club de tir. Pas bête, mais cela ne voulait pas forcément tout dire. Nora pouvait être une simple féru d'armes et avoir voulu ouvrir son club de tir. Je voyais encore plus que très bien que la dame souhaitait mon départ, le plus rapidement possible. J'avais lâché un petit soupir avant de prendre l'arme et de vider les balles restantes sur la cible. Deux dans le coeur, un dans la tête. Je n'avais pas du tout perdu de ma précision, et cela se faisait ressentir. Après un petit sourire en coin, j'avais lâché que cela m'avait manqué de tirer. La blonde me fit une petite remarque, je posais mes yeux bleus sur elle pour finir par répondre : « Vous savez donc que je travaille dans les forces de l'ordre. On m'a déjà dit que j'avais une petite réputation dans le coin. », je lâchais un petit rire avant de continuer, « Disons que je préfère tirer qu'en cas d'extrême urgence... je ne veux plus... ».

BOUM. Un coup de tonnerre, les lumières furent coupés. Cela coupa ma phrase, heureusement, j'allais commencer à en dire un peu plus sur moi. Un juron sortit de la bouche de la propriétaire du club. Après un soupir, elle me dit qu'elle allait chercher des lampes torches. J’acquiesçais alors, impuissant pour le coup. Nora partit, je me plaquais contre le mur proche de moi et attendis patiemment. Autant partir si je ne pouvais tirer, c'était ce que je me disais. Mais, une partie de moi ne souhaitait pas laisser la belle ici, seule.

Soirée foutue à cause d'un orage, la loose totale. Je ne savais pas vraiment si je devais rester au stand de tir pour accompagner la belle Nora, ou si je devais m'en aller, déjà qu'elle ne voulait pas trop que je reste dans son club. Cette dernière était partie chercher des lampes torches, et j'attendais son retour. Qui se fit aussi rapide que l'éclair, d'ailleurs. Nora travaillait ici, et elle connaissait le stand de tir comme sa poche. Un peu normal, je dirais. Comme moi, je connaissais le poste de police par coeur. La femme me disait que ma pratique était terminée, et elle n'avait pas tort. Tout avait sauté, surement pas que son stand et cela prendrait du temps avant que tout ne redevienne à la normale. Je lâchai un soupir, je n'avais vraiment pas du tout de chance.

Surprise, surprise. Nora me proposa de rester au club. Mon regard se posa sur elle, avec un léger sourire. Pendant qu'il y avait de la lumière, elle voulait que je m'en aille et désormais, elle souhaitait que je reste. Je ne comprenais pas vraiment, mais ce n'est pas grave. « Commençons par nous tutoyer alors, non ? », répondis-je, c'était un oui, je voulais rester et discuter avec elle. Elle m'intéressait, je voulais réellement en savoir plus sur cette femme. Je m'appuya contre l'un des murs de la pièce, me laissant glisser au sol. « Vous êtes à Radcliff depuis combien de temps ? ».

Je lui avais dit qu'il était mieux de se tutoyer, ce qu'elle avait accepté avec un sourire. Je m'étais par la suite glissé contre le mur pour me retrouver au sol, Nora fit de même que moi, se plaçant d'ailleurs à mes côtés. Cette dernière me passa une lampe torche afin que je puisse mieux éclairer mes environs, je l'alluma et la posa sur le sol. Je ne savais pas pourquoi, mais je pensais à ma femme et ma fille. Ces deux femmes me manquaient énormément, il n'y avait pas un jour où je ne pensais à elles. J'avais un vide en moi que je n'arrivais pas du tout à combler, malheureusement.

Bref, j'avais demandé à Nora depuis combien de temps elle était à Radcliff. C'était une petite ville, un peu trou perdu par rapport à la ville d'où je venais. Elle me répondit qu'elle était ici depuis quelques années et qu'elle venait de New York, je lui fis un sourire avant qu'elle ne me retourne la question. « Je suis ici depuis un peu plus d'un an », commençais-je avant de continuer, « Je.. je n'ai jamais été policier avant. Je viens d'Angleterre, et j'étais un militiare ». Peu de gens à Radcliff savait que j'étais militaire, et encore moins pourquoi je n'officiais plus en tant que tel. Seul ceux ayant vu mon CV savait, et rare l'avait vu.

Heureusement que je n'avais pas peur du noir, même s'il y avait des lumières, je me rappelai que ma fille avait peur du noir et j'étais obligé de rester à ses côtés jusqu'à ce qu'elle s'endorme. Ou ma femme lorsque je n'étais pas là. Donc, c'était bien plus souvent elle que moi, j'étais le plus souvent en mission qu'à la maison avec ma petite famille. Je dis à la propriétaire du stand de tir que je venais d'Angleterre et qu'auparavant, j'étais un militaire et non pas un flic. La jeune femme me répondit que l'Angleterre était un beau pays, et qu'elle y avait été grâce à son ancien job. Qui était agent d'Interpol. Je la regardais avec les gros yeux. Je n'étais pas surpris réellement, mais un petit peu quand même. Elle partit, et je me rappelai avoir travaillé avec Interpol sur une mission de sauvetage il y a quelques années. De bons souvenirs. On avait sauvé les otages, et on avait réussi à arrêter les ravisseurs.

Nora revint avec une bouteille de whisky, et j'esquissais un petite sourire. J'adorais le whisky. Elle but une gorgée, et je pris la bouteille, buvant à mon tour quelques gorgées. L'alcool doré me brûla le gosier, mais j'adorais réellement cette sensation. Ensuite, elle me questionna sur la raison de ce changement. Militaire en Angleterre à policier dans un trou paumé du Kentucky. Ressasser le passé, c'était dur. Mais, je préférais pour l'instant rester évasif à ce sujet, peut-être que plus tard, l'alcool me délierait la langue. « Je... Disons que je voulais être loin de mon passé. J'avais besoin d'évasion très loin de l'Angleterre et je suis déjà vu ici plus jeune, vraiment plus jeune donc me voilà. », avais-je dit alors. Juste ça, ça me paraissait déjà bien. « Et toi ? Interpol à un stand de tir ici ? », lui demandais-je alors.

Nora semblait plus entrain à parler après quelques gorgées de ce délicieux whisky, et l'atmosphère s'était réellement détendu entre elle et moi. Il n'y avait plus cette tension de début, et l'alcool dénouait nos langues facilement, il fallait l'avouer. D'ailleurs, je repris un peu de cette boisson alcoolisée pour avaler quelques bonnes gorgées. A nouveau, cela me brûla le gosier, mais ce fut avec plaisir que je le délectais. C'était ma boisson préférée avec la bière, et je pouvais vous dire que j'allais certainement en abuser cette soirée, surtout si Nora m'accompagnait. C'était toujours bon de boire accompagner.

On parlait de nous, de nos venues respectives à Radcliff. La blonde m'expliquait que l'on était pratiquement pareil, on avait besoin de tirer un trait sur notre ancienne vie. Elle rajouta également que Radcliff était bon à vivre, mais si ce n'était pas aussi calme qu'elle l'espérait. Je ris légèrement à ce qu'elle m'avait dit, buvant une petite gorgée de whisky. J'allais peut-être finir pompette. « Je suis habitué au conflit, tu sais.. donc, ici, c'est plutôt calme. Mis à part, quelques kékés qui veulent se la jouer chasseur de mutants. C'est désolant. », lui répondis-je. « Mais, cette ville, je l'apprécie bien pour l'instant. », avais-je ajouté. Je lui fis un sourire, buvant une autre gorgée de whisky. « Heureusement que je suis là pour te tenir compagnie », avais-je, avec un petit rire amusé.