i. êtes-vous originaire de radcliff ?
     Hazel se souvient parfaitement du jour où il a emménagé à Radcliff tout comme le jour où il se revoit quitter sa campagne Écossaise aux alentours de Glasgow. Les grands espaces et la verdure lui manquent terriblement, il se sentait en sécurité là-bas, il se sentait capable de protéger sa famille contre tous les dangers malgré les grands horizons inconnus qui se présentaient devant lui. Il ne sait pas pourquoi ils ont dû partir, peu après la naissance de sa sœur, il suppose un problème de dette, ou de père. Mais, fidèle à lui-même, il ne lui a fallu que quelques semaines pour s'habituer complètement à cette nouvelle population et ce nouvel environnement. Aucune cachette ne lui résista, aucun passage secret entre deux ruelles, aucun magasin peu surveillé et aucun passant distrait. Cette ville l'endurcit tout comme elle le détruisit.

     ii. avez-vous déjà eu affaire à un ou plusieurs hunters ?
     Il n'a eu affaire à des hunters qu'une seule fois mais ce fût le pire jour de sa vie. Ce fût peu de temps après le discours qui rendit publique l'existence de lui et les siens. Hazel ne s'est pas vraiment inquiété pour lui, d'une parce que ce n'est pas dans sa nature, et deux parce qu'il se savait assez malin pour se cacher assez efficacement et passer inaperçu. Sauf qu'à la base, si il se trouva nez à nez avec ces extrémistes, ce fût parce qu'ils avait repéré sa sœur. Hazel ne savait même pas qu'elle était comme lui, et bien qu'elle savait être discrète devant son frère, il semblerait qu'une fois seule, elle n'en faisait qu'à sa tête. Les Hunters l'avaient repérée, ils sont alors venus toquer chez eux, comme si de rien n'était, en revendiquant le corps de sa sœur. S'en suivit une course poursuite dans les rues jusqu'à l'explosion d'une station essence et d'un corps sans vie sur le sol, le crâne ouvert sur une flaque de sang. Mais ça, c'est un épisode qu'il n'est pas prêt de raconter.

     iii. utilisez-vous beaucoup votre don ?
     Jusqu'à il y a deux ans, Hazel l'utilisait beaucoup, pour se défendre dans les rues mal fréquentées qu'il était obligé de traverser, pour voler, pour intimider les hommes qui embêtaient sa mère, ou tout simplement aller cherchez sa sœur qui se mettait comme toujours dans des situations pas possible. Il acquit rapidement assez d'aisance pour être crédible, son corps maigrichon et faible et sa petite bouille de petit garçon ne l'aidant pas à la base, il devint assez rapidement intimidant en montrant ses grandes capacités. Même si il ne touchait pas toujours sa cible à l'endroit souhaité (et ce en bon ou en mauvais), cela lui servit toujours assez pour rester en vie et protéger sa famille. Il ne s'entrainait pas particulièrement, le peu qu'il savait suffisait à le faire progresser. Il ne voulait pas devenir l'un de ces tueurs froids, et il pensait qu'en refusant de s'entrainer réellement, il garderait un minimum d'humanité. Mais ce fût assez difficile, puisqu'il gagna tout de même assez rapidement de l'expérience même sans rien faire. Depuis le tragique accident de sa sœur, il se tient le plus loin possible des armes évidentes comme les fusils, couteaux, batte de baseball ect... Mais moins il pratique avec ce genre d'arme, plus il devient instable avec les objets en tout genre, et au moindre soucis, dès qu'il se sent en danger, le premier objet qu'il touche devient une arme pour lui et son pouvoir se déclenche, ce qui le rend malade à chaque fois.

     iv. pensez-vous que les mesures mise en place par le gouvernement sont suffisante ?
     Bien qu'Hazel ait toujours été plutôt tourné vers les autres que vers lui même, c'est un point dont il ne s'est quasiment jamais soucié. Par rapport à sa position de transmutant, Hazel s'est toujours vu seul, même si il se doutait que d'autres étaient comme lui, il n'en a jamais rencontré et il n'était pas au courant pour sa sœur. Son pouvoir est assez particulier au final pour passer comme un savoir qu'il aurait pu acquérir de lui-même, avec de la pratique. Il se passera ce qu'il doit se passer, et il n'a jamais paru aussi humain que depuis la mort de sa sœur. Le gouvernement aura beau faire de jolies discours, il n'a jamais été capable de contrôler quoi que ce soit, les gens sont d'autant plus libres maintenant qu'ils sont capable de beaucoup.

bloody afternoon

❝ Dis, tu ne voudrais pas reprendre tes études ? ❞ dit-elle dit avec un petit sourire. Je la regarde d'un air détaché en continuant de sortir le linge sec de la machine et de le plier. Je regarde autour de moi, dans cette laverie publique, je regarde nos vêtements délavés, quasi miteux. Alors je lui réponds en ricanant ❝ Quelles études, Maman ? Ça fait déjà quatre ans que j'ai arrêté tout ça... ❞ La fin de ma phrase n'est plus qu'un murmure, et ma mère pose sa main sur ma joue. Je détourne le regard. Pourquoi cherche-t-elle à me faire abandonner tout ce qui compte réellement pour moi ? Protéger ma famille. Je me fiche d'avoir déjà fait tous les petits jobs possibles, de n'avoir pas fini le lycée, je sais ce que je vaux, et je le vaux par de là mes sacrifices et ce que j'ai fait pour elles. ❝ Bell... ❞ J'attrape le dernier T-Shirt dans le sèche-linge et le plis à la hâte. La porte de la laverie s'ouvre en un battement, et j'entends des cris qui résonnent à l'extérieur. Je me redresse et jette un coup à ma mère. Orphan. Je lève les yeux au ciel et, sans aucune autre parole, je sors dans la rue. Il fait chaud pour un mois d'octobre et l'air est si lourd que j'ai l'impression de le sentir peser sur mes poumons. Un groupe d'hommes traverse la rue, ils portent tous un badge que je n'ai pas besoin de distinguer parfaitement pour savoir à quoi rattacher ces hommes. Je tourne la tête dans la direction où se dirigent ces hommes et aperçois le haut d'un crâne que je reconnaitrais entre milles. Un homme la tient par le coude et la force à le suivre. Elle se débat comme une bête sauvage, et je n'ai pas besoin de voir son visage pour savoir l'expression qui y est peint. Mon sang ne fait qu'un tour et je me rue sur eux, faisant lâcher prise à l'homme d'un coup sec. L'homme, surpris, se tourne vers moi. ❝ Qu'est-ce que... ❞ Je ne l'écoute même pas et me tourne vers Orphan. Elle époussette sa veste comme si de rien n'était, sans me regarder. ❝ Elle m'a volé, cette petite g... ❞ Je me retourne et lui lance un regard noir ❝ Pardon ? ❞ L'homme recule, méfiant. Je n'ai pas besoin de toucher le couteau suisse qui se trouve dans la poche arrière de mon pantalon pour le sentir vibrer. C'est comme si les pulsations de mon cœur résonnaient à travers lui et me poussaient à le prendre en main. Les battements résonnent et bourdonnent dans mes oreilles, c'est plus fort que le simple fait de savoir qu'ils ne sont que l'écho de ceux de mon cœur, c'est comme si le métal de l'arme empoisonnait mes sens, j'en ai presque le goût dans ma bouche. Je sers les poings et l'homme le prend pour un autre signe de menace, alors il recule encore d'un pas. J'attrape Orphan par le coude, sans ménagement, et sans la regarder, je fouille dans les poches de sa veste et de son pantalon jusqu'à trouver une montre. Je la tends à l'homme et la lâche sans même vérifier qu'il ait assez de temps pour la rattraper et je fais demi tour, tirant Orphan derrière moi et jouant des coudes pour me frayer un chemin au travers du groupe d'homme de tout à l'heure.

bloody night

Après avoir passé plus de deux heures à expliquer à Oprhan que de nous deux, j'étais le seul à pouvoir voler les autres, je me sentais exténué. Cette petite sotte ne comprend pas la moindre chose en ce qui concerne les moyens de survivre dans cette famille. Elle prend ça pour un jeu, elle pense que c'est facile. Elle est si loin du compte. Si elle croit que je vole le premier venu dans la rue, elle se trompe lourdement. Mais j'ai beau lui répéter les choses encore et encore, elle ne change jamais. Je sais que ce qui lui manque, c'est un père. Mais même si ma mère m'a affirmé que le père d'Orphan était le même que le mien, il n'a pas été plus présent pour elle que pour moi. Il n'a jamais vécu avec nous, je ne l'ai tout simplement jamais vu.
Ma mère dort dans le canapé, devant la télé. Orphan est encore une fois je ne sais où, elle a dû sortir en douce de sa chambre, et je lui laisse encore une dizaines de minutes avant de revenir à la maison, sinon c'est moi qui irais la chercher.
On toque à la porte, si brutalement que je sens chaque objets pouvant me servir comme une arme vibrer dans la pièce, comme si ils émettaient une onde sonique que j'étais le seul à pouvoir percevoir. Je jette un coup à ma mère, mon cœur bat trop vite dans ma poitrine, comme si il sentait que toute cette situation sentait les ennuis à plein nez ❝ J'arrive. ❞ Je vais réveiller ma mère le plus gentiment possible et lui dit d'aller pendre un bain, elle est tellement dans les vapes qu'elle ne bronche même pas et se dirige vers la salle de bain. J'écoute attentivement jusqu'à ce qu'elle ferme le verrou, nous savons tous à quel point Orphan est envahissante, et même ma mère cherche à échapper à sa présence de temps en temps, surtout lorsqu'elle prend un bain. Je me dirige vers la porte et l’entrouvre légèrement. Je reconnais immédiatement l'un des hommes que j'ai vu tout à l'heure dans la rue. Il porte toujours son badge anti-transmutant, d'ailleurs. Je ne sais pas pourquoi mais je me détends. Je suis persuadé qu'ils ne peuvent pas remonter jusqu'à moi. Ils doivent penser que quelqu'un dans le voisinage en est un. Après, ce qu'ils veulent lui faire, je n'en ai aucune idée, pour l'instant, je ne les vois que se balader avec des badges débiles ou des pancartes. Même si ceux que j'ai vu dans la rue tout à l'heure ont l'air loin d’être de simples manifestants apeurés. ❝ T'as pas une sœur, gamin ? ❞  Je me redresse, surpris, et l'homme en profite pour pousser la porte d'un coup de pied, se permettant même de faire un pas à l'intérieur et de jeter un coup d’œil. Le regardant du coin de l’œil, je vois à sa ceinture, alors qu'il se penche en avant pour avoir une plus grande vision de l'appartement, un pistolet. Je sens le métal, bouillant, du couteau suisse dans ma poche, il vibre et semble créer un mélodie que je suis le seul à percevoir. Tout mon corps me démange, et j'attends que les picotements atteignent crescendo leur apogée. Puis, au moment où ma vue se brouille et que ça en devient presque douloureux, je sors habilement le couteau-suisse de ma poche et l'ouvre en un clic. Alors, là, tout redevient net. Pivotant brutalement, je plante le couteau dans la chair de l'homme, le touchant à l'épaule. Et zut, ce n'est pas ce que je visais, à la base c'était la jugulaire. J'ai toujours été moins doué avec les armes blanches. L'homme émet une sorte de grognement et riposte avec un coup de poing en pleine mâchoire. Voilà pourquoi je suis aussi nul avec des armes blanches, je ne sais réellement pas me battre. Ma vue se brouille une nouvelle fois, et je sens toutes mes cellules de mon corps être appelées par le couteau qui est encore planté dans le bras de l'homme, mais aussi par le pistolet à sa ceinture. L'homme se rut sur moi, mais comme je suis rapide, je passe sous son bras et attrape au passage le couteau. Le temps que l'homme pivote, je me suis accroupi, et d'un coup sec, quasiment expert, je lui tranche les nerfs du pied droit, à l'endroit du talon d'achille. L'homme hurle, cette fois, et je regarde nerveusement la porte de la salle de bain. Je n'ai pas de temps à perdre, je dois éloigner le danger de ma mère. L'homme est complètement déstabilisé, il fait de grands gestes dans tous les sens mais il reste sur place. Dès que je vois une brèche, j'attrape l'homme par sa veste et le pousse de toutes mes forces dans le couloir, puis jusqu'à l’escalier où je le laisse tomber. Je regarde son corps dégringoler les marches en un bruit sourd. Je retourne fermer la porte de chez moi, une goutte de sueur coule le long de ma tempe et je me frotte le front avec ma manche nerveusement. Une fois retourné près du corps, inconscient ou mort, je n'ai pas envie de vérifier, je m'empare du pistolet, je sens son poids dans ma main, mais pourtant il me semble aussi léger qu'une plume. Je n'ai pas besoin de vérifier pour savoir qu'il ne reste que quatre balles sur six et que la détente a été mal entretue, ce qui risque de me jouer des tours. Je le coince à ma ceinture dans mon dos, le recouvrant avec mon T-Shirt. Dans ma tête, il n'y a qu'un mot qui résonne encore et encore. Orphan.
Il ne me fallut pas trop longtemps pour la retrouver. Comme à son habitude, elle trainait dans les rues en faisant les yeux doux au passant en espérant leur voler un truc discrètement. J'ai encore du mal à penser qu'elle est comme moi. Comment ais-je pu être aveugle à ce point ? Quand a-t-elle pu découvrir son pouvoir ? Comment a-t-elle pu me le cacher ? Et pourquoi ne m'en a-t-elle pas parlé ? Je l'attrape par le coude, comme je l'ai fait tout juste quelques heures plus tôt et je la tire à l'écart des sources de lumière de la rue. Je la scrute de bas en haut, essayant de trouver le moindre détail chez elle qui me montre qu'elle est une transmutante. Elle doit voir dans mon regard que quelque chose cloche, parce que pour une fois elle ne me hurle pas dessus. Des voix nous parviennent de derrière, et je comprends que les compagnons de l'homme ont trouvé son corps. Je pousse violemment Oprhan pour qu'elle se mette à courir sans lui laisser le temps de demander ce qu'il se passe. Une fois dans l'autre rue, il n'y a pas beaucoup de vie dans cette partie de la ville. Je repère une station essence au loin, et je m'y dirige par instinct, même si je n'ai aucune idée d'en quoi elle peut m'aider, et même si je sais bien que c'est loin d'être ma corde de sortie. Orphan essaye de poser des questions, mais je la pousse d'un coup sec dès qu'elle ouvre la bouche. A l'approche de la station essence, déserte pour l'instant, je sors l'arme de sa cachette et l'empoigne à deux mains, mon index sur la détente. Orphan écarquille de grands yeux devant l'objet, elle ne m'a jamais vu en tenir, et pourtant ce n'est pas la première fois. Je fais le tour du bâtiment, à l'arrière se trouvent les poubelles et je demande à Orphan de se cacher entre deux containers. Je vois ses yeux embués de larme et je m'empêche de la prendre dans mes bras et de la bercer pour la rassurer, parce que ce n'est pas fini, j'entends les cris des hommes. Ils sont mêmes plus nombreux encore. Je regarde autour de moi, et je vois plus loin un bus, il ne devrait pas tarder à partir. Je passe ma main dans la nuque à Orphan pour la forcer à lever les yeux vers moi et être sûr qu'elle m'écoute ❝ Or', sois attentive. Tu comptes jusqu'à dix et tu cours jusqu'à ce bus, ok ? ❞ Elle cligne des yeux plusieurs fois, mais elle ne détourne pas le regard, et je vois briller dans ses yeux le courage qui brille dans les miens parfois. ❝ Et maman ? ❞ Je colle mon front au sien et je sens pleinement son odeur, qui me rappelle tellement les champs dans lesquels on jouait quand on était petits. ❝ Je m'en occupe. ❞ Je l'embrasse sur le front et elle me fait un signe de tête pour me dire qu'elle a compris. Je me détourne avant que mon cœur ne se brise et que j'oublie qu'avant de pleurer pour elle, je dois la protéger. Empoignant de nouveau l'arme à deux mains, je longe une première partie du mur, celle de l'arrière du bâtiment, puis je m'en éloigne doucement pour avoir une meilleure vue sur l'avant de la station. Je ne vois plus les containers derrière moi, je ne vois plus Orphan. Et je compte dans ma tête. 1. Je vois des hommes arriver en courant au loin. 2. D'autres sont déjà devant la station essence et forment un groupe. 3. J'entends les directives qu'ils donnent. Chercher la transmutante. La tuer. 4. Je lève l'arme, les bras tendus devant moi, jusqu'à ce que je sois dans la position de tir. 5. Je marche toujours, m'éloignant à chaque pas sur le côté un peu plus du bâtiment. 6. Je me concentre sur l'arme, je la sais mal entretenue, il faut que je sache si cette première balle atteindra sa cible ou causera ma perte, je dois savoir si cette première balle est fiable. 7. Les hommes commencent à se disperser. 8. L'un d'eux me pointe du doigt. 9. Je jette un regard par dessus mon épaule, mais je ne vois rien. 10. Je vise l'énorme station citerne, à une trentaine de mètres sur ma droite, à l'abord des pompes et je tire. Une ombre passe dans mon champ de vision, puis le son de l'explosion arrive jusqu'à moi, mon corps est projeté dans les airs, puis c'est le noir.

Je me réveille en sursaut et en nage. Tout s'est passé si vite. Pourtant, je ressens encore la brûlure des flammes provoqués par l'explosion sur ma peau. Je sens le souffle de la détonation ronger mon tympan. Les larmes me montent aux yeux et je prends ma tête entre mes mains. Je me balance d'avant en arrière, et alors que je ferme les yeux, je vois un corps allongé sur le bitume à côté de moi, à moitié brulé, le crâne ouvert, baignant dans son sang. Je suis quasiment persuadé que je n'ai jamais vu une telle image de mes propres yeux, mais je suis aussi sûr que c'était l'état dans lequel fût ma sœur après l'explosion. Elle qui me rejoignit au loin de s'enfuir. Comme d'habitude, jusqu'au bout elle me désobéit. Je bouche mes oreilles et je me mets à hurler, mais je garde les yeux fermés sur cette image, comme une punition.