i. comment êtes-vous entré parmi les hunters?
Noeh est un enfant hunter. Il en a d’ailleurs hérité nombre de qualités et de défauts, tels que son autorité et son insolence comme sa loyauté et sa témérité. Il a tout ça dans le sang. C'est-à-dire, qu’il est né dans une famille d’assassins sur plusieurs générations ce qui le vouait à en rejoindre les rangs qu’il le veuille ou non. Cependant, l’enfant impétueux, ne partageant pas ces idéaux familiaux bien trop extrémistes n’a pas tardé à faire comprendre à ses parents que rien ne le ferait jamais rejoindre le clan. Rien n’y personne. Du moins, c’était sans compter sur Adriel. Depuis « l’accident » tout à changé. Noeh nourrit aujourd’hui une haine incontrôlable envers les transmutants et autres abominations de l’espèce. Aussi, a-t-il décidé de prendre en main son entrainement, assistant son paternel dans ses chasses à l’homme sadiques. Il ne prend pas spécialement son pied à voir mourir ces monstre, mais savoure simplement sa vengeance.

   ii. avez-vous déjà effectué votre devoir de chasseur ?
Noeh à participé à plusieurs chasses avec son paternel depuis que ses idées ont changées, depuis qu’il a choisit de rejoindre le clan. Cependant, il en considère aucunes comme étant une vraie chasse puisse qu’il se contentait simplement d’un rôle d’observateur. Pourtant, sur les dire de son père, sa toute première et véritable chasse est pour bientôt puisse qu’il y sera chargé de tuer l’abomination.

   iii. les mesures du traité de protection des mutants vous font-elles peur ?
Elles auraient pu, c’est vrai, elles auraient tout à fait pu le faire trembler d’inquiétude et peut-être même de peur. Cependant, peu importe les lois qui voies le jour au fil des ans, rien ne sera assez beau pour protéger pleinement ces monstruosités de destin qui les attends. Il a lui-même faillit laisser sa vie sous le jouc de l’un des leur et rien n’est moins pardonnable à ses yeux, si ce n’est peut-être de s’en prendre à sa sœur.

   iv. que pensez-vous de l'élection récente de thaddeus lancaster à la tête du comté ?
Thaddeus Lancaster, pour nouveau chef à la tête du comté et rien de plus que ça, rien de moins. Un être sain dans un corps sain ? Oh non, loin de là, pourtant il est la nouvelle icône des hunters. Tout le monde sait ce qu’il pense et ce qu’il prévoit. On a beau dire, s’il a prit le pouvoir c’est qu’il y a plus d’opposant au génome qu’autre choses et peu importe ses choix. Peu importe l’éthique et la justice, tant qu’il permet de sauver et protéger les plus faibles. Les êtres dépourvus de moyens de survivre face à l’ennemi, face à l’évolution. On ne dirait peut-être pas comme ça, mais dans le fond, tout ce qu’il veut c’est aider et protéger son prochain.

Être blessée et égarée, Noeh c'est le provocateur incontesté. Instabilité. Sud pour Nord, il n’attire que ce qui lui ressemble, ce qui lui est semblable. L’imprévisible et sécurisante autorité. La séduction de l’inconnu, l’attrait. Noeh il est comme le gamin insatisfait, ce gosse dans le rayon qui pique une monstrueuse colère à en terroriser plus d’un.  C’est la feuille qui virevolte un jour d’orage, la barque dans les rapides, le bateau en papier tombé dans l’égout. Il est d’une simplicité désarmante, farouche et protecteur. Homme accompli, mais pas vraiment remit de la dureté de la vie. Il est la haine de l’ennemi et l’ennemi de la servitude. Il est la pluie sur les fenêtres et l’inquiétude du ne pas être.


Un beau jour on se rend compte que quelque chose a changé. Il voit tout, il sent tout, mille détails entrent en lui comme de longues échardes et l'écorchent vif. Mille détails que d'autres ne remarquent pas parce qu'ils ont des peaux de crocodile. Il comprend tout et pourtant aucune pensée ne s'articule et aucun son ne sort de sa bouche. Il reste planté là, le regard dans le vide et le regard vide. Statique, il fait face à l'une des fenêtres de la baie vitrée. Inerte. Il parait sans vie, comme ôté de la moindre parcelle d'énergie, au plus grand damne de sa sœur. Et c'est comme s'il n'était plus là. Son corps n'a plus l'air de rien, si ce n'est celui d'une vielle boite vide et bonne à jeter. Sur son visage pâle, blanc comme un cachet d'aspirine et sous ses beaux yeux clairs, de grandes poches se dessinent. Deux crevasse, que dis-je, deux énormes cratères ne cessent de se creuser. Encore et encore. Mais il n'en a que faire, de toute façon il ne peut plus rien faire.
« T’es bizarre, Louis. » Il ne réagit pas, absorbé par le paysage au dehors, il ne bronche pas. Il ne se retourne même pas à l’entente de cette voix douce qu’il connait si bien. Bi..bi..bizarre. Dans sa tête il a tout entendu, tout compris, mais il est incapable de réagir. Et c’est comme si le mot ricochait sur les parois de son acéphale, un peu à l’image de ces vieux jeux vidéo ou contrôle deux palets de chaque cotés de l’écran pour y faire rebondir une petite balle qui ne doit pas tomber. Ça gigote, ça gesticule dans son cerveau. Ça bouge tellement qu’il ne sait plus où donner de la tête, il n’a plus toute sa tête. Il l’entend soupirer et il pourrait presque sentir son inquiétude palpable, mais rien n’y fait. Il ne bouge pas. Indifférent à tout ce qui l’entoure, amorphe. Noeh n’est plus le même, il à changé, il est différent. Noeh n'est plus lui-même. Il semble ne plus exister, du moins plus dans cette réalité. Il les a quittés, ses proches, ceux qu’il aime. Il les a quittés et les a abandonnés là, blessés. Pourtant, Salie est probablement la chose qui lui est la plus cher, ou du moins elle l’a été. Salomé et Noeh, Noeh et Salomé, les deux morceaux d’un même tout que rien ne semblait pouvoir séparer. Quelque chose se tord et se brise en lui, mais il ne sait pas quoi, il est incapable de le nommer ni même de le diagnostiquer. Il le sent ça aussi, mais c’est tout.

Au bout de quelques instants de silence, d’un calme de glace et de plomb, de longs blancs. La porte s’ouvre sur Adriel. Et c’est comme si une étincelle de vie était entrée dans la pièce, comme si la clairvoyance avait reprit sa place dans la caboche du gamin Callahan. C’est l’opacité dans son cerveau qui se dissipe. Alors en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, le jeune homme se détache de sa contemplation, filant droit vers la cuisine pour réapparaitre un vers à la main qu’il tend à son colocataire. C’est le cirque. C’est une pure mascarade ou bien, peut-être, un affreux cauchemar.

∞ ∞ ∞
L’attrait de l’invisible, la gravité dans le vide. Noeh, est assit sur la rambarde du balcon, invisible. Il assiste avec une tristesse imperceptible au conflit opposant son traitre d’ami et son incontrôlable sœur. Ces deux personnes pour qui il aurait tout donné, tout, y comprit sa vie. Il se balance, comme ces gens retardés qui tente de se rassurer, d’avant en arrière. Il se balance, est-ce qu’il hésite ? Probablement, mais pas longtemps. En un instant il lâche la barrière, bascule en arrière et tombe. Il tombe dans le vide.

S'il y a une chose dont on peut être certain dans la vie, c'est que rien ne dure. Même pas la vie.

Le vent fouette son visage, l’air frais, l’air froid. Il rejoint les lumières, toutes ces merveilleuses lumières qui le captivaient derrière la fenêtre fermée. Et c’est comme s’il flotte dans l’air, comme s’il fouette l’air. La chute lui semble interminable, elle est longue et parait sans fond. Pourtant le sol se rapproche dangereusement, il le sait et il le sent. Il a le corps tremblant et le cœur palpitant. Fébrile est le gamin. Le temps d’un instant, de quelques minutes et de nombreuses secondes, le voile de son esprit se lève. Il disparait et c’est comme s’il était de nouveau lui-même. Toutes les pièces du puzzle s’organisent, s’emboitent ensembles. Juste le temps d’un cri, un seul et unique cri d’horreur et d’amour. « Salie ! » Noeh hurle à plein poumons, mais c’est inutile, personne ne l’entend. Le voile réapparait et bientôt il heurte le sol. Il s’écrase. Son corps se cogne, il se brise, il éclate. Et tout est finit.


L'amour est le seul rêve qui ne se rêve pas. Rêve : n.m (ancien français rever, resver) Images produites pendant le sommeil et résultat de l’activité psychique. Les rêves sont le produit de l’imagination et peuvent symboliser l’idéal.

C’est encore elle. Il regarde ses bras nus et les cernes sous ses yeux, il voudrait prendre son visage entre mes mains, caresser ses cheveux et que tout s'efface. Il voudrait la prendre dans ses bras, lui dire que tout va bien et qu’elle n’a pas à avoir peur. Noeh voudrait la rassurer, prendre soin d’elle comme il le faisait de Salie étant enfant. Pourtant il ne bouge pas. Il ne bouge pas d’un cil et reste là, à la fixer du regard. Séparés de quelques mètres à peine, ils se regardent fixement, les yeux dans les yeux. Ils se découvrent, s’analysent et s’apprennent. Apprivoiser. Ils sont dans la forêt, il le sait, il en est sûr. Et comment en douter lorsque tout autour de vous est vert, froid et humide ? Lorsque les arbres, couverts de feuilles colorées, s’étendent à perte de vue. Lorsqu’assis dans les feuilles mortes, on sent son corps se rafraichir au contact de la brume nocturne du printemps. Il n’y a pas la moindre source de lumière à des mètres à la ronde, pas le moindre l’lampadaire. Il n’y pas même pas une chandelle et sa boîte d’allumette. Il n’y a, pour ainsi dire, rien. Rien d’autres que leurs vêtements pour leur tenir chaud.

Il paraît que c'est dans les rêves que loge l'inspiration, la graine des chefs-d’œuvre de l'humanité. Serait-elle le sien, serait-elle son chef d’œuvre ? Il n’en sait rien, strictement rien. Il ne sait rien, si ce n’est que la dernière chose qu’il ai fait avant de se retrouver ici était de s’endormir. S’endormir. S’endormir et probablement rêver. Rêver d’elle, encore une fois. Rêver. « Tu es l’un des leurs n’est-ce pas ? Toi aussi tu n’veux qu’ma mort. » Elle ne vacille pas, ne tremble pas, ne cligne pas. Non, en voilà une fille bien courageuse. Elle reste là, les fesses dans l’herbe humide à attendre sa réponse. A espérer une réponse de l’ange qui se tient devant elle. Jusqu’aujourd’hui, ils n’avaient encore échangé aucuns mots, aucuns sons et aucunes phrases. Se contentant de rester la assis, l’un face à l’autre, sans bouger. Fidèle à la rencontre du petit prince et de son ami le renard. Irréels « Oui je suis l’un des leurs. » Décontenancé mais déterminé et franc, Noeh lâche la bombe. Il n’a jamais menti sur ses origines, ses convictions et ses façons de penser et jamais il ne le fera. C’est un principe, une règle et une ligne même de vie. « Mais je n’suis pas là pour te tuer, pas maintenant, c’est trop tôt. Où sommes-nous ? » Il répond sans laisser paraitre le moindre sentiment, la moindre humeur, ni quoi que ce soir. Impassible, intimidant et mystérieux. « Quel est ton nom ? »

Les filles c'est comme ça, même si elles sont plutôt moches, même si elles sont plutôt connes, chaque fois qu'elles font quelque chose de chouette on tombe à moitié amoureux d'elles et alors on sait plus où on en est. Les filles. Bordel. Elles peuvent vous rendre dingue. Comme rien. Vraiment.

Lorsqu’il rouvre les yeux, ses yeux beaucoup trop clair, Noeh est ébloui par la lueur du jour qui filtre à travers ses rideaux. Auréolé du soleil de midi. Ce n’était qu’un rêve, rien qu’un rêve comme un autre. Essaie-t-il de se convaincre avec fureur, tandis que sa tête tambourine. C’est comme un orchestre nomade de mardi gras français, comme un club de musique du lycée tambourinant sans s’arrêter sur le bord d’un terrain un soir de match, c’est comme une gueule de bois, passer sous un bus, sauter d’un balcon. Non c’est loin d’être semblable à un saut dans le vide. C’est douloureux, beaucoup trop douloureux. Qui est-elle, comment a-t-elle pu faire une telle chose ? Elle est entrée dans sa tête, elle à signé son arrêt de mort.