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 the space between is deafening (salorcan)

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Lorcan Wolstenholme
Lorcan Wolstenholme

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MESSAGES : 7339
SUR TH DEPUIS : 25/04/2014
MessageSujet: the space between is deafening (salorcan)   the space between is deafening (salorcan) Icon_minitimeDim 11 Déc 2016 - 12:16

the space between is deafening
Salomé & Lorcan
Is it only when you feel a part is empty that it’s gnawing at the corners of your mind.

Mi-novembre 2015, Radcliff's Hospital.
Lorcan était une loque humaine. Rien de moins. C’était en tout cas l’effet qu’il avait depuis qu’il était cloué à ce lit d’hôpital, incapable de faire le moindre mouvement sans se faire transpercer par des vagues de douleur qui ne lui laissaient aucun répit. Il avait encore trop peu de notion de temps, et il ne savait pas réellement depuis combien de jours il était là, mais il aurait répondu des mois si on le lui avait demandé, même si cela ne faisait pas plus d’une semaine – deux semaines au grand maximum. Mais que ce soit une ou deux semaines, sans pouvoir se lever et avec un panel de mouvements très limité, c’était une torture quotidienne. Mais le pire était qu’il était bien conscient de son incapacité totale à se lever. Même s’il n’avait pas mal, même si par magie il pouvait poser les pieds par terre, il ne tiendrait pas debout. Il était complètement abruti par les médicaments, et il s’épuisait en un rien de temps. Il avait perdu trop de sang, il avait subi des opérations lourdes, et il avait besoin de repos. Certes. Mais quand il émergeait du coton pour quelques heures de lucidité, il se sentait complètement pris au piège. Il avait beaucoup trop de temps pour observer le plafond, pour compter les hématomes qui restaient bien visibles sur sa peau, pour détailler les draps qui cachaient cette jambe qu’il ne voulait pas voir. Il détournait les yeux constamment quand les infirmières venaient lui faire des soins, incapable de regarder. Il ressentait déjà trop nettement ce qu’on lui avait expliqué les premiers jours. Il avait mal presque sans interruption, et quand la douleur s’estompait, il avait toujours la bonne idée d’essayer de bouger : alors ça devenait pire encore. Sa jambe était devenue un poids mort. Avant de pouvoir remarcher, il se passerait encore de très, très longues semaines. Encore plus avant qu’il ne puisse courir. Faire du VTT, de l’escalade, tout ça … Il ne fallait pas y penser. Et aller skier dans les Rocheuses, comme il avait prévu de le faire en janvier ? Il pouvait oublier ! Le genou, en ski, ça ne pardonne pas. Et une balle dans le genou, c’était assez radical aussi. C’était déprimant.

Couché dans ce lit d’hôpital, même quand il n’était effectivement réveillé que pour quelques heures, Lorcan avait beaucoup trop de temps pour cogiter. Ses seuls moments de répit étaient quand quelqu’un venait le voir, mais les visites étaient encore restreintes et ils ne restaient jamais bien longtemps. Alors, il s’occupait comme il le pouvait, pour surtout éviter de trop repenser à ce qui l’avait mené ici – et à tout ce dont il serait privé quand il sortirait d’ici. Par chance, il avait une télévision avec énormément de chaînes. Il ne savait pas qui avait fait bouger quels leviers à l’hôpital (il avait bien idée d’un nom, mais il n’y croyait pas trop) mais il avait été transféré dans la meilleure chambre du bâtiment. Alors il avait plein de chaînes à la télé, et plein de temps pour zapper sans arrêt, ce qu’il faisait très rarement chez lui et qui commençait déjà à le gonfler. Entre la chaîne de sports d’hiver qui le narguait complètement, la chaîne qui rediffusait Top Chef en continu et qui lui rappelait qu’il allait sans doute perdre son job avant de pouvoir reposer le pied par terre, et les chaînes de clips musicaux où il y avait une chanson de rupture qui passait régulièrement, avec un couple qui s’envoyait des trucs à la figure en hurlant, merci pour les souvenirs agréables … Lorcan n’arrivait même pas à suivre Game of Thrones sans s’assoupir devant les intrigues politiques tarabiscotées. Il était donc devenu une loque humaine qui dormait les trois quart du temps et qui déprimait le reste.

Cet après-midi là, Lorcan avait déjà envoyé deux sms à Aspen en lui demandant quand est-ce qu’elle comptait revenir. Il en avait également envoyé un à Calista, et il ne tarderait pas à lui envoyer le second. Il était encore tôt et il se doutait qu’elles avaient bien mieux à faire que de venir faire la causette à leur infirme de frère, mais il ne les laisserait pas s’en sortir aussi bien. Et puis, il fallait qu’elles viennent maintenant, parce que c’était le moment de la journée où il allait le mieux : les médicaments faisaient effet mais pas assez pour qu’il dorme. En attendant qu’elles arrivent, il s‘était remis à jouer à un jeu débile sur son téléphone, avec la chaîne de clips musicaux en fond sonore. Mais quand les premières notes chanson si populaire qu’il commençait à haïr cordialement se mirent à jouer, il poussa un juron et attrapa vivement la télécommande pour changer de chaîne. Dans sa précipitation à ne pas entendre le lancinant refrain à l’eau de rose qui le hantait jusque dans son sommeil, il appuya sur plusieurs boutons en même temps et l’écran devint noir. « Raaaah, fais chier ! » Il fixait l’écran avec un désespoir croissant à mesure qu’il pressait les touches et que rien ne se passait. « Mais vas-y, allume-toi … » Il continuait à encourager la télé d’un ton suppliant quand la porte de sa chambre s’ouvrit. Son visage s’éclaira à la venue de ce sauveur qui allait pouvoir rallumer directement la télévision, puisque lui n’était pas capable d’aller appuyer sur le bon bouton. Et puis ses traits s’affaissèrent en reconnaissant sa visiteuse. Ni Aspen, ni Calista, ni une infirmière : c’était Salomé qui venait de franchir la porte. Il avait essayé de ne pas penser à elle depuis des semaines, et il n’y était même pas arrivé quand il était encore valide et en bonne santé. Alors une fois qu’il avait été cloué sur ce lit, sans rien d’autre à faire que de ressasser ses souvenirs, c’était devenu un enfer. Elle était la dernière personne qu’il aurait cru voir ici, et la surprise le laissa sans voix une seconde. Il ne savait absolument pas comment réagir à sa présence, parce que dans sa tête se superposait à elle les insanités qu’ils s’étaient lancés à la figure la dernière fois. « Salut. » Bon. C’était un début. Il ne fallait surtout pas qu’il lui demande si elle s’était trompée de chambre, comme il avait failli le faire. Et pour éviter de dire d’autres bêtises du même genre, il prononça la seule phrase qui sembla sûre : « Tu peux éteindre et rallumer la télé ? J’ai fait une connerie je crois. »
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Salomé Callahan
Salomé Callahan

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MessageSujet: Re: the space between is deafening (salorcan)   the space between is deafening (salorcan) Icon_minitimeDim 11 Déc 2016 - 14:29

Holds me down, hold me now
It is not clear why we choose the fire pathway, where we end is not the way that we had planned.

Six-cent-vingt jours. Une éternité et pourtant, la brune se revoyait encore très clairement passer les portes de ce même hôpital ce jour-là, ce jour à partir duquel tout n'avait eu de cesse de partir en vrille. Six-cent-vingt jours et elle avait fini par connaître chaque couloir par coeur, à force de les avoir arpentés de long en large. D'abord pour Noeh, longtemps pour Noeh. Puis pour Aspen. Moins d'une année et demi, voilà le temps qui avait suffi à les y amener tour à tour, à manquer de leur arracher la vie. Et elle avait à peine eu le temps de s'en remettre, Sam, que déjà c'était à son tour à lui. Comme une affreuse malédiction plantée là, au-dessus de leur quatuor, à subir le pire les uns après les autres. L'appel d'Aspen l'avait retournée, littéralement, alors que le sol s'effondrait sous ses pieds. Lorcan était à l'hôpital. Lorcan allait très mal. Le pronostic n'avait pas encore été prononcé. Les informations étaient trop lourdes, trop nombreuses, emportant avec elles toute forme de raison alors que la Callahan renouait avec cette atroce sentiment d'impuissance porté à de trop nombreuses reprises. Cette fois, c'était encore autre chose. Parce que se rendre à son chevet, ça ne sonnait pas comme l'évidence que ç'avait pu être avec son frère, ou avec sa meilleure amie. Franchir le pas de sa chambre, après tout ce qu'ils avaient pu se dire la dernière fois, et tout ce qu'ils ne s'étaient pas dit après, c'était bien plus délicat que ça n'aurait dû l'être. Peut-être même bien que c'était une mauvaise chose, tant pour lui que pour elle. Que le venin était encore bien trop présent pour ne pas empoisonner à nouveau la moindre de leur rencontre. Ce n'était pas comme la dernière fois, la dernière dispute monumentale qui avait pu les éloigner un an plus tôt, parce qu'en se retrouvant la réconciliation n'avait finalement pas tardé, que l'on ne se délestait pas comme ça du meilleur ami de toute une vie. Il avait fallu qu'ils se rapprochent comme ils ne l'avaient jamais fait pour que l'éloignement soit aussi brutal, la rupture du lien si complète. Elle avait pas mal cogité à ce sujet, malgré elle, et c'était peut-être la seule explication qu'elle avait pu trouver à cette effusion de violence verbale sans pareil. Qu'ils n'avaient peut-être eu aucune maîtrise sur ce qu'ils songeaient anodin, qu'à trop jouer avec ce feu qu'ils ne contrôlaient finalement pas, la brûlure n'en avait été que plus indélébile encore. Et cette fois, elle n'arrivait pas à faire la part des choses, pas après avoir été contrainte d'assimiler la douleur à sa présence, à cette manière délibérée de l'éveiller bien trop profondément dans sa chair. Et elle ne parvenait pas à trancher avec cet état dans lequel ils s'étaient séparés. Est-ce-qu'ils en reviendraient vraiment, cette fois ? Est-ce-qu'après de tels mots, un retour en arrière était encore possible ? Est-ce-que le plus si affinité qu'elle collait derrière leur amitié lorsqu'elle y songeait avant tout ça n'avait pas finalement contribué à tout foutre en l'air ? C'était des questions auxquelles elle ne pouvait plus échapper, maintenant qu'elle avait une décision à prendre. Les jours s'écoulaient sans qu'elle ne s'y rende, grapillant pourtant des nouvelles auprès d'Aspen. Profitant du fait que les visites étaient strictement réservée à la famille pour se dérober. Incapable de rejeter le noeud qui lui serrait le ventre, à lui filer la nausée dès que ses pensées dérivaient vers lui, à se l'imaginer cloué dans un lit, branché à des tas de machines. Parfois, dans les moments où la faiblesse de son coeur prenait le pas sur la rancune qui n'avait jamais quitté ses veines, elle était presque prête à demander à Aspen de lui transmettre un message de sa part, voire à prendre les devants et à aller le trouver. Mais il lui fallait du repos, et ce n'était pas franchement le mot qui collait à leurs derniers échanges, alors à force de réflexion elle n'avait pas essayé d'y aller, Sam, et elle avait gardé ses distances.

Jusqu'à ce qu'à trop trépigner, à trop se perdre, il ait fallu une fois de plus qu'une impulsion dicte sa conduite. Qu'avant même de s'être laissé le temps de réfléchir, elle se soit trouvé devant sa porte, à presque se demander comment elle avait pu arriver jusque là. Des pas mécaniques laissant de côté les questions, avant de toute les recevoir en pleine figure une fois si proche de le revoir. Si elle réfléchissait encore un peu, elle allait faire demi-tour. La main sur la poignée, celle-ci s'ouvrit presque à contre-coeur alors que sa cage thoracique se resserrait en l'apercevant déjà, bien trop tôt.  Elle eut tout le loisir de voir son visage changer d'expression, tout comme il put sans doute voir le sien se décomposer un peu plus encore alors qu'elle analysait la situation. Comme si détailler minutieusement les moindres appareils qui l'entouraient allaient calmer quelque peu les battements déréglés de son coeur. Muette, incapable de le saluer à son tour, le bordel d'émotions qui hantait ses prunelles se reposa sur lui, la laissant interdite à sa question. Elle marqua une hésitation avant de finalement se décider à refermer la porte, tétanisée comme si elle venait de bloquer son unique issue de secours, pour mieux se retourner vers lui. La télé. Éteindre et rallumer. Au moins quelque chose de simple pour lui occuper les mains et l'esprit durant quelque secondes. S'approchant directement de l'écran pour y presser le bouton, celui-ci finit par s'allumer alors que son instant de répit s'envolait déjà. « Tu peux mettre la chaîne que tu veux, si ça marche. » Mots mécaniquement prononcés alors qu'elle mettait quelques secondes à finalement se retourner vers lui, l'observant sans vraiment savoir ce qu'elle devait faire à présent. « Peut-être qu'il y'a plus de piles dans ta télécommande. » Prête à lui demander s'il ne voulait pas qu'elle aille le signaler à une infirmière, tant cela semblait important de régler ce problème plus que toute autre chose. Et puis, ça lui aurait permis de sortir de cette chambre dont l'atmosphère l'étouffait déjà, et peut-être de ne plus revenir pour leur éviter ce moment gênant. « Enfin, j'en sais rien. J'y connais rien de toute façon. » Ramenant ses cheveux d'un même côté de ses épaules pour se donner une contenance, elle prit finalement l'initiative d'ôter sa veste et de dérouler son écharpe pour venir les poser sur le dossier du siège qui se tenait près de son lit. « On crève de chaud, ici. J'sais pas ce qu'ils ont à toujours mettre le chauffage à fond, on dirait qu'ils veulent que tout le monde fasse un malaise. » Et pour ce qui était du malaise, celui-ci semblait s'intensifier un peu plus encore alors que les mots lui échappaient pour mieux sauver les apparences. L'idée de tomber dans les vappes maintenant, c'était peut-être encore mieux que de rester là, à se tenir comme une idiote près du lit en le regardant à peine. « T'as besoin d'autre chose ? Genre quelque chose à boire ? »  Toutes les excuses semblaient décidemment bonnes pour la pousser loin de sa chambre. « Enfin t'as sûrement une sonnette pour appeler quelqu'un, au pire, j'imagine. » De mieux en mieux. Et son regard qui se posait sur lui par intermittence, avant de s'en détourner. Parce que c'était franchement pas évident d'être là, de voir son niveau d'inquiétude augmenter un peu plus encore sans pouvoir poser les questions qu'elle voulait. « Enfin bref, si tu suivais un truc à la télé j'peux revenir plus tard. » Ou jamais. Jamais, ça semblait bien aussi, alors que la chaleur des lieux avait bon dos pour justifier ses pommettes qui se teintaient légèrement à mesure que la situation devenait de plus en plus suffoquante.
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Lorcan Wolstenholme
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MessageSujet: Re: the space between is deafening (salorcan)   the space between is deafening (salorcan) Icon_minitimeDim 11 Déc 2016 - 21:27

the space between is deafening
Salomé & Lorcan
Is it only when you feel a part is empty that it’s gnawing at the corners of your mind.

Le temps s’était écoulé depuis ce fameux soir où Lorcan avait eu sa promotion au restaurant. Où il l’avait annoncé fièrement à Salomé et où il avait cru qu’ils fêteraient ça comme ils le faisaient depuis que leur amitié avait dérapé vers ce quelque chose de différent. Ce fameux soir où les choses avaient dégénéré trop vite, trop fort. Oui, il s’était passé bien des choses après ce soir là, mais entre eux, tout s’était arrêté. Quand elle avait quitté son appartement, sans même claquer la porte derrière elle, leur amitié avait été réduite à néant. Plus un mot, plus un regard. Lorcan avait ressassé sa colère envers elle sans parvenir à la calmer, et sans doute qu’il n’avait même pas vraiment essayé de la calmer. Il lui en voulait, chaque fois qu’il pensait à elle il se sentait un peu plus rongé par le ressentiment, et le temps ne l’arrangeait pas. En restant campé sur ses positions, il empirait son état d’esprit, il éloignait encore l’hypothétique amélioration des choses. Il s’était résigné à ce que désormais, sa vie se fasse sans elle. Pas encore prêt à accepter des divergences d’opinion si gigantesques qu’elles creusaient un trou béant entre eux. Et puis il s’était trouvé nez à nez avec un hunter, et il avait cru que sa vie s’arrêtait là. Qu’il finirait dans un bain de sang à agoniser sur un trottoir dans un coin pourri de Radcliff. Mine de rien, depuis qu’il s’était réveillé à l’hôpital, bien vivant, il avait eu du temps pour y penser et pour prendre un peu de recul. Il n’était pas dans le meilleur état pour être en colère, alors tout le reste en profitait pour affluer. On ne pouvait pas dire qu’il était très lucide, mais malgré le cocktail chimique qui le laissait KO une bonne partie de la journée, il avait l’impression d’avoir quand même un peu avancé. Il avait constaté certains faits, des détails qui semblaient avoir de l’importance. Mais il n’avait pas trouvé de solution au problème Salomé. Il n’était pas certain qu’il y ait la moindre solution à ce problème là, mais le jour où il devrait y faire face lui semblait encore très loin. Seulement voilà, il était arrivé plus vite que prévu.

Salomé était dans sa chambre. Elle le regardait avec un air aussi ravi que lui – seulement lui avait l’excuse d’être en mauvais état et de présenter cet air là à tout le monde. Elle … Elle devait se demander autant que lui ce qu’elle fichait là. Il aurait bien aimé lui poser la question, mais il n’en eut pas le courage. Il n’avait pas envie de se prendre la tête avec ça, pas aujourd’hui, pas avant un bon moment. Arranger les choses, oui. Discuter avec elle, oui, sans doute, il fallait bien y passer un jour ou l’autre. Mais pas maintenant. Seulement elle était là, et il ne pouvait pas partir pour abréger son supplice. Cette fois c’était officiel, il se sentait bel et bien pris au piège. Et puisqu’il fallait meubler le silence qui menaçait de s’installer, il ne trouva rien de plus à lui dire que lui demander de rallumer sa télé, ce qu’elle effectua sans un mot. L’écran devint noir, puis l’image revint, et Lorcan hocha la tête, pas mal soulagé. « Ah, génial. Merci. » Même ses remerciements sonnaient bizarrement, mais la situation devenait de plus en plus gênante à mesure que les secondes défilaient, et de là où il était, il avait du mal à faire semblant. « Nan, c’est pas les piles, j’ai juste … appuyé sur plusieurs touches sans faire exprès. » A nouveau un silence épais, et Lorcan regarda avec une incrédulité croissante Salomé ôter sa veste, puis son écharpe. Qu’est-ce qu’elle faisait là ? Elle n’avait pas l’intention de s’installer, non plus ? Merde, c’était quoi ce plan ? Il faisait chaud, la bonne excuse ! Tout ce qu’il voyait, c’était que malgré le silence et leur échange insipide sur la télé, elle comptait persévérer et rester là. Lorcan eut soudain très envie d’attraper ses draps et de se les rabattre sur la tête, mais au lieu de ça, il haussa une épaule. « Je sais pas. Moi je bouge pas de mes journées, alors j’ai pas particulièrement chaud. Ca doit être pour ça. » Ils n’avaient pas eu de conversation aussi passionnante depuis des lustres, et Lorcan soupira doucement. Elle lui mettait les nerfs en pelote, à rester plantée devant lui et à scanner la pièce du regard. Il avait l’impression qu’elle lui avait mis une bombe à retardement dans les mains, et il attendait avec angoisse qu’elle lui explose à la figure. Elle faisait bien durer le suspense en tout cas, elle ne semblait pas décidée à aborder le vif du sujet et tournait soigneusement autour du pot. « Non, j’ai besoin de rien. » Répondit-il de façon automatique quand elle lui posa la question. « Enfin, j’ai besoin de plein de trucs, mais y’a rien qui passera les portes de l’hôpital, donc bon … » La liste de tout ce qu’il ne pouvait pas faire s’étirait de jour en jour, et qu’il ait une sonnette ou non – merci Salomé de lui rappeler qu’il était dépendant des autres – ça ne changeait pas grand-chose. Les infirmières commençaient à savoir qu’il essayait toujours d’en obtenir plus, mais ça ne marchait jamais. « Ouais, je suivais un truc passionnant. » Lâcha-t-il finalement. Il eut très envie de saisir la possibilité qu’elle lui offrait, de la mettre dehors avec les formes et de ne plus entendre parler d’elle. Elle ne reviendrait pas, s’il lui demandait de partir. Il la connaissait un peu trop bien pour ne pas comprendre ce qu’elle leur offrait à tous les deux. « Je mène une étude sur la fréquence de passage des clips d’Enrique Iglesias sur MTV, tout en battant mon record personnel sur Candy Crush. Ca demande une attention de tous les instants. » Fit-il en lui montrant l’écran de son téléphone portable, un demi-rictus aux lèvres. « Alors ouais … Mon emploi du temps est assez chargé, là, comme tu peux le voir. » Voilà, il avait laissé passer sa chance. Il essaya de se caler un peu plus confortablement contre son oreiller, grimaça quand la douleur de son genou se réveilla, puis il releva à nouveau les yeux vers Salomé. Elle n’arrêtait pas de regarder ailleurs, et il ne savait pas si c’était à cause des coups qu’il avait reçus au visage ou juste parce qu’elle ne voulait pas soutenir son regard. Les deux raisons ne lui faisaient pas tellement plaisir, dans tous les cas. « Bon. Si tu comptes rester, tu veux pas t’asseoir ? Je me lèverais pas pour t’accueillir alors ne reste pas plantée là. Y’a une chaise, tu peux la prendre et la mettre où tu veux. » Il n’avait pas la patience pour attendre qu’elle prenne cette décision par elle-même. Qu’elle accouche de ce qu’elle avait à dire, il ne pouvait pas tomber plus bas de toute façon.

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Salomé Callahan
Salomé Callahan

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MessageSujet: Re: the space between is deafening (salorcan)   the space between is deafening (salorcan) Icon_minitimeLun 12 Déc 2016 - 19:23

Holds me down, hold me now
It is not clear why we choose the fire pathway, where we end is not the way that we had planned.

Ses mains se crispèrent sur ses avant-bras aux remarques de Lorcan, et elle regretta un instant d'avoir franchi le pas de la porte en premier lieu. « Quel programme. » L'ombre d'un sourire sarcastique au coin des lèvres, la brune contemplait le fossé qui semblait s'étendre un peu plus encore entre eux. Ça n'avait jamais été une bonne idée de revenir. Jamais. C'était ce qu'elle se disait, alors que la rancœur se mêlait à l'inquiétude, que tout ça mélangeait un peu plus encore le fond de ses iris. Et pourtant, elle finit par s'asseoir. Laissant la chaise bien en place juste à côté de son lit. Le sang suffisamment échauffé pour se laisser aller à soutenir son regard pour de bon, cette fois, en faisant abstraction des hématomes qui se dessinaient encore le long des reliefs de son visage. « La douleur, ça va ? » Première question simple, sincère. Certainement la première qui l'avait tiraillée en le découvrant dans son lit. Puis en le voyant grimacer dès qu'il avait un peu bougé la jambe. C'était pas plaisant à voir, franchement, et elle avait eu beau le maudire de toutes ses forces que la réalité ne faisait pas moins mal pour autant. Le trouver dans cet état, ça la laissait forcément s'imaginer l'horreur de cette nuit, ce qu'on lui avait fait, à laisser son imagination trop vive broder les contours d'une scène qui lui nouait l'estomac. Que quelqu'un l'ait blessé physiquement, c'était le premier coup à encaisser. Savoir qu'il allait mettre du temps à re-marcher, c'était pire encore. Surtout en le connaissant un minimum, parce que malgré ce qu'elle avait pu se dire depuis ce jour-là, qu'ils ne se connaissaient pas si bien que ça, elle savait au moins à quel point il lui serait difficile de rester cloué sur place. « Je voulais savoir comment tu tenais le coup. J'ai eu de tes nouvelles par Aspen, tu te doutes bien. » Aspen qu'elle avait soutenu du mieux qu'elle le pouvait sans souffler mot de leur éloignement brutal, ne cherchant pas à lui donner davantage de raisons de se tracasser. S'humectant les lèvres en puisant dans ses dernières forces pour poursuivre, pour prendre le pas sur ce qu'elle aurait dit en d'autres circonstances, en le revoyant sans le trouver prisonnier d'un lit d'hôpital. C'était pas évident de le voir, et encore moins dans cet état. Le trouble la gagnait, trop vite, alors que son pouls s'accélèrait en sentant les secondes s'égréner lentement. Le temps lui était compté avant d'imploser, de quitter les lieux au moment où son calme achèverait de se faire la malle sans qu'elle ait pu admettre qu'il lui avait un peu manqué. Que ça la faisait bien chier, d'ailleurs, mais que c'était un fait. Qu'oublier quelqu'un avec qui on avait fait la course en couche-culottes, c'était pas franchement du gâteau, malgré les saloperies qu'ils avaient pu se balancer, bien loin de l'innocence de leurs rapports avant tout ça. Et à le voir là, en plus du reste, c'était comme si elle n'avait pas le droit d'être rancunnière. Comme si porter une chemise d'hôpital immunisait contre le ressentiment des gens. Comme si ça allait faire d'elle la personne la plus inhumaine sur Terre, si elle osait laisser s'échapper les fragments de sa colère. Et puis, il y avait aussi le fait que si c'était pour qu'ils finissent par s'étriper à nouveau à coup de répliques cinglantes, c'était qu'elle aurait mieux fait de rester chez elle. Sauf qu'elle n'était plus vraiment prête à accepter de s'être trompée, Sam, pas quand ça semblait donner raison à ce qu'elle lisait dans ses yeux à lui. Et elle n'avait jamais aimé ça, lui donner raison. Encore moins maintenant.

« Tu commences la rééducation quand, du coup ? » Désignant les draps d'un geste du menton, allusion à cette jambe blessée qu'elle ne voyait pas, avant de reporter son regard sur lui. S'en tenant aux raisons l'ayant motivée à venir. Avoir des nouvelles, entendre sa voix. Parce que même en ayant l'impression de marcher sur des oeufs, même en peinant à restreindre la rancoeur, c'était quand même quelque chose de le voir en chair et en os après s'être imaginé le pire. C'était peut-être ce qui lui arracha les mots des lèvres, alors que pour un instant c'était cette part là qui prenait le pas sur toutes les autres facettes de son humeur. « J'sais que t'avais sûrement pas envie de me voir et j'avais pas envie de venir non plus à la base. Faut juste croire que malgré tout j'peux pas m'empêcher de m'en faire pour toi, alors t'en fais pas, j'suis pas venue pour t'emmerder, juste pour te voir. » Même si ça avait tout l'air d'être le cas, qu'elle l'emmerdait, que ça l'emmerdait elle aussi, et que ça tendait un peu plus encore ses muscles le long de ses os. Qu'elle avait l'impression de donner l'illusion d'oublier tout, de se pointer comme une fleur sans avoir mesuré l'ampleur de cette visite, et qu'elle tenait à rectifier le tir. Parce que c'était pas agréable de repenser à lui lorsque les souvenirs qui lui revenaient restaient foutrement bloqués sur ce soir-là, comme si plus de vingt ans d'amitié se résumaient à ça. Et que s'ils ne devaient plus jamais se revoir après ça, en s'étant assurée de le voir en vie, loin des cris, l'adieu serait peut-être plus acceptable. S'il pouvait jamais l'être...
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Lorcan Wolstenholme
Lorcan Wolstenholme

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MessageSujet: Re: the space between is deafening (salorcan)   the space between is deafening (salorcan) Icon_minitimeLun 12 Déc 2016 - 22:16

the space between is deafening
Salomé & Lorcan
Is it only when you feel a part is empty that it’s gnawing at the corners of your mind.

Elle s’était assise, un peu trop près de lui. C’était la place d’Aspen et de Calista, celles qui n’avaient pas à lui laisser d’espace personnel quand elles venaient discuter avec lui. Il fut un temps, peut-être que ça aurait été la même chose avec  Salomé, mais plus maintenant. Ils n’étaient plus proches comme ça. Mais il n’aurait pas du lui dire qu’elle pouvait se mettre n’importe où, le sous-entendu avait été un peu trop clair. Tant pis pour lui. Il pourrait bien supporter cette proximité, il supportait quand même bien pire que ça. Il fallait qu’il arrête de voir sa présence comme une corvée, mais c’était un réflexe qu’il aurait du mal à effacer. Un réflexe qui s’était ancré en lui beaucoup trop rapidement et qui laissait sa marque, même quand il savait pertinemment qu’il se comportait comme un gamin boudeur. Elle était venue, ce n’était peut-être pas une si mauvaise chose que ça. Mais il marchait – gisait plutôt – sur des œufs et se méfiait de la moindre de ses paroles. Mais elle savait se tenir, peut-être même mieux que lui. « Ca va, c’est supportable la plupart du temps. » Il souffrait davantage la nuit, il avait toujours eu le sommeil agité et il ne s’était pas encore habitué aux tuyaux partout, aux pansements, à l’immobilité forcée. Et puis il y avait les cauchemars qui le réveillaient constamment. Du coup il passait de sales nuits et il compensait la journée comme il pouvait. Mais dans l’ensemble, ça allait. La douleur restait plus facile à gérer que le reste, la morosité, les souvenirs de l’agression, les réflexions déprimantes sur l’après. Le genre de chose dont il aurait pu lui parler, s’il n’y avait pas eu la dispute entre eux, mais qui restèrent bloquées sans qu’il n’envisage même de les évoquer. Ils n’en étaient plus à ce stade, où ils pouvaient presque tout se dire sans qu’il n’y ait de jugement entre eux. Ca avait pourtant été d’une simplicité effarante de se confier à elle, et ce pendant très longtemps … Et c’était difficile de constater qu’ils en étaient réduits à se regarder en chiens de faïence à présent, en se jetant des banalités. « Ouais, je me suis douté qu’elle t’avertirait. » Et voilà, encore une. Pas capable d’ajouter quoi que ce soit : il savait qu’Aspen avait prévenu Salomé presque immédiatement, et il savait aussi que sa jumelle avait pu tenir le coup en grande partie grâce à elle. Lui, quand Aspen avait été dans le coma, il avait été heureux de l’avoir, même s’il n’avait pas pu lui décocher une seule parole. Sa présence, ça lui avait suffit. Il savait que c’était important. Comme quand il avait disparu quand ça avait été Noeh qui s’était trouvé en mauvais état : là, il avait bien merdé. Salomé avait été seule, sans Aspen et sans lui. Mais elle, elle était là, elle l’avait été pour lui et elle l’était pour Aspen. Et elle était venue le voir malgré tout. Il aurait pu la remercier, peut-être, mais il ne le fit pas.

« Je sais pas, ils m’en ont pas encore parlé. J’ai essayé de lancer le sujet, mais on m’a répondu que le chirurgien devait voir l’état des ligaments, qu’il envisageait une autre opération, blablabla … » Tout en parlant, il posa les yeux sur son genou, et ses doigts se resserrèrent légèrement sur le drap. Sa mâchoire s’était crispée et il secoua la tête. « C’est ce genou là que je m’étais explosé en ski quand on était en terminale et ça joue pas en ma faveur. C’est bien ma veine, j’aurais … Enfin bon, j’sais pas encore. » Il s’était arrêté en plein milieu de sa phrase en reposant le regard sur Salomé, stoppant l’hémorragie de mots qui risquait de s’étendre encore longtemps. Il n’en pouvait plus d’être dans le flou, de ne pas savoir quand il pourrait remarcher, et s’il garderait des séquelles. Il avait envie de gueuler, de s’en prendre à tous ceux qui posaient la question, et surtout à tous ceux qui ne lui donnaient pas de réponse. C’était même pas contre elle, cette fois, mais ça faisait mal pareil. Et il était d’autant plus furieux qu’il ne voulait pas qu’elle le voie comme ça. Mais après un court silence, elle reprit la parole et le détourna de son auto-apitoiement. Pris de court, il se mit à rire et s’arrêta très vite en portant la main à ses côtes. « Putain Saaaam ! » Ca faisait mal, même de parler à présent, mais il continua, parce qu’il ne s’attendait pas à ça et que la surprise lui déliait la langue. « Nan, j’avais pas envie de te voir, et j’ai pas non plus envie de te parler. Je sais qu’on a des trucs à se dire et j’ai pas envie qu’on s’y mette maintenant. » Il s’arrêta pour reprendre son souffle et essayer de calmer un peu ses côtes douloureuses, ce qui ne fut pas d’un grand effet. Il avait oublié que rire faisait partie des choses implicitement interdites. « En plus je pensais vraiment que tu viendrais pas, je pensais pas que tu t’inquièterais pour moi à ce point. Aspen a bien du te le dire, que j’allais mieux. » Mieux, c’était une façon de parler. Là, tout de suite, il ne se sentait pas vraiment mieux, mais ça passerait, comme le reste. Il aurait fallu qu’il s’arrête de parler, qu’il se calme, c’était le seul moyen pour que ça aille mieux. Il ferma les yeux et inspira à nouveau – ça faisait mal, ça aussi, bon sang ! « Ca me fait chier depuis que je suis là, de penser que tu pourrais venir et que je doive trouver des trucs à dire. Je sais pas quoi te dire, j’ai pas encore trouvé, voilà. Et si toi tu voulais pas me parler, fallait venir à l’heure de la sieste, aussi. » Il rouvrit les yeux pour la regarder. Non, il ne savait toujours pas quoi lui dire, mais maintenant qu’elle était là, il n’avait pas envie qu’elle reparte. Est-ce qu’elle serait capable de repartir maintenant ? Elle l’avait vu, comme elle voulait. Et ils n’avaient pas encore vraiment parlé, comme ils voulaient tous les deux. « Tu t’es fais du souci pour moi, sérieux ? Après tous les trucs que j’ai dit la dernière fois ? » Cette question là, il n’avait pas prévu de la poser, juste d’y penser comme ça, mais elle était sortie toute seule.

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Salomé Callahan
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MessageSujet: Re: the space between is deafening (salorcan)   the space between is deafening (salorcan) Icon_minitimeLun 19 Déc 2016 - 19:57

Holds me down, hold me now
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Un hochement de tête accompagna les réponses de Lorcan, systématiquement. Il n'y avait pas grand chose à dire, si ce n'était que c'était bien s'il supportait la douleur, ce qu'elle aurait dit à n'importe qui, ce qui ne valait finalement pas grand chose. Il ne lui donnait pas beaucoup de matière pour rebondir, et sans doute que ses questions brèves et concises n'appelaient de toute manière pas à de longs discours. Lorsqu'il parla de son incertitude quant à la rééducation, en revanche, ce fut un véritable intérêt qui s'anima dans les prunelles de la Callahan, et pas juste cet air concerné qui tenait à peine la route face à la gêne qui prenait le pas sur tout le reste. C'était que ça lui rappelait Noeh, aussi. La colère de ne pas savoir, de le voir rester au lit sans rien comprendre du jargon médical, parce que si ça n'avait tenu qu'à elle, elle l'aurait immédiatement mis sur ses pieds, quite à le porter elle-même tant qu'il se mettait à avancer. Scellant ses lèvres face à la colère et l'impatience, elle ne prononça pas le moindre mot, comme si une certaine distance s'imposait entre eux, comme si chaque parole sonnerait différemment à haute voix. Elle se contenta d'un nouveau hochement de tête, pour changer. Ce ne fut que son silence qui la poussa à parler à nouveau, à rompre ce moment de blanc en sortant ce qu'elle avait en travers de la gorge depuis qu'elle était entrée dans la chambre. Et le moins que l'on puisse dire, c'était qu'elle ne s'attendait pas à cette réaction. Le faire rire, ce n'était pas dans ses objectifs du jour, et sûrement pas après avoir dit ça. Le regard braqué sur lui, attendant qu'il ouvre la bouche pour juger si oui ou non il allait s'agir d'une connerie qui la vexerait pour la journée, la brune ne bougeait pas d'un poil, crispant un peu plus encore ses bras sur sa poitrine. Grimace de douleur ou non, sa fierté ne le ménagerait pas s'il se foutait d'elle, et son regard le laissait clairement entendre. Pourtant, ses paroles étaient on ne peut plus sérieuses. Et elle sentit l'éloignement qui les avait séparé prendre vie sous ses yeux, parce que c'était pas pareil d'affirmer elle-même qu'il ne devait pas vouloir la voir et de l'entendre le dire clairement. Elle aurait autant aimé que ça reste le fruit de ses ruminations, au lieu de devenir une vérité qui faisait plus de mal qu'elle l'aurait cru, bien malgré elle, derrière ses grands airs stoïques.

« J'ai pas envie de parler non plus. » Renfrognée, un marmonnement au bord des lèvres et le regard braqué sur ses ongles pour se concentrer sur autre chose, la brune gardait cependant l'oreille tendue vers les mots de Lorcan. « Hm-hm. » Oui, elle s'était inquiétée, il n'était peut-être pas obligé de le répéter non plus. Roulant des yeux alors qu'il évoquait l'heure de la sieste, un sourire ironique se dessina sur ses lèvres alors qu'elle reportait un oeil sur lui dans un battement de cil exagéré. « Si j'avais su, j'me serais renseignée à ce propos oui. » Un soupir s'échappa alors qu'elle secouait la tête négativement en se détournant légèrement, autant que le fauteuil parfaitement orienté vers lui le permettait. « J'voulais être sûre que t'étais en forme, sans que tu me sortes une ou deux vacheries j'aurais pas pu juger, tu vois. » Mesquine, la brune ravala pourtant sa répartie alors qu'il l'interrogeait sérieusement, que ses lèvres se pinçaient un instant. Il lui fallut au moins vingt bonnes secondes avant qu'elle ne le regarde à nouveau. « Tu veux que je m'enregistre en train de le dire ? Tu pourras te le repasser autant de fois que tu voudras comme ça. » Agacée, parce que malgré cette question qui ne semblait camoufler aucun piège, la brune conservait cette part d'égo qui comptait chaque centimètre de terrain qu'elle pouvait céder. Marquant une pause en le détaillant, en réalisant qu'elle s'était légèrement avancée sur son siège en prononçant ses mots pour mieux s'imposer et reprendre un semblant d'ascendant, elle manqua de revenir enfoncer son dos dans le dossier pour marquer un peu plus cette fameuse distance de sécurité qui s'était établie entre eux. A le regarder une seconde de plus, cependant, en venant puiser dans ces vieux travers l'ayant toujours poussée à avoir le dernier mot face à lui, elle ne recula finalement pas. Plantant son coude dans l'accoudoir en venant soutenir son menton de sa main, d'un air posé alors que la panique d'une réponse s'infiltrait dans ses veines, la Callahan finit par quitter cette position de pseudo-réflexion en se mettant à râler quelques secondes. « J'croyais qu'on devait pas parler hein. » Tirant un peu trop fort sur les manches de son pull au point d'en étendre la maille le long de ses mains, Sam l'observa à nouveau, incapable de formuler la phrase pleine de retenue qu'elle aurait aimé dire à ce moment-là. Probablement quelque chose du genre j'suis assez mature pour savoir quand laisser nos différends de côté. Aux antipodes de ce qui quitta ses lèvres. « Ouais, ouais et ça me fait chier. Pourtant ce genre de choses ça s'oublie pas, hein. J'pense pas que ça peut s'oublier, pas quand ça vient de quelqu'un d'aussi proche. » Le ton s'était spontanément abaissé, la pudeur venant imprégner ses cordes vocales alors qu'elle continuait à le regarder. « Faut croire qu'on a le don d'aller sacrément loin, hein. » D'abord la fête des fondateurs, et maintenant ça. Pourtant, ils se parlaient encore, encore une fois.  « J'avais pas envie de revenir, mais je pouvais pas faire autrement. Pas avec toi. » Nul besoin de préciser les raisons, il la connaissait suffisamment cette fierté illimitée qui la caractérisait tant, celle qui donnait sûrement plus de valeur à sa visite également. Celle qui s'inclinait rarement, qui faisait de lui l'une des personnes les plus importantes de sa vie malgré tout ce qui avait pu se dire, parce qu'elle était revenue malgré tout.
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Lorcan Wolstenholme
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MessageSujet: Re: the space between is deafening (salorcan)   the space between is deafening (salorcan) Icon_minitimeMer 21 Déc 2016 - 21:42

the space between is deafening
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Son éclat de rire avait été spontané, poussé par la surprise d’entendre Salomé exprimer aussi clairement le fond de sa pensée. Après toutes les têtes de circonstances qui étaient venues le visiter, il y avait elle qui sortait de l’ordinaire et qui ne le traitait pas comme un grand malade. Elle ne le ménageait pas, c’était le moins qu’on puisse dire. Et il en était resté comme deux ronds de flan. Mais c’était du Salomé tout craché, elle restait toujours aussi entière et directe. Après ce qu’ils s’étaient dit la dernière fois, il n’y avait de toute manière aucune raison pour qu’elle cherche à l’épargner. Alors Lorcan ne s’était pas moqué, et il ne trouvait même pas la conversation amusante. Simplement, elle … Et bien voilà, pris par surprise, il avait réagi de façon naturelle en retrouvant ce côté de caractère qu’il adorait chez elle. Et maintenant il s’en mordait les doigts. En tout premier lieu parce que ses côtes ne le remerciaient pas, et puis aussi parce qu’ils n’étaient franchement pas là pour rigoler. Sa présence le mettait mal à l’aise et en aucun cas d’humeur guillerette, seulement il était comme ça, il y avait certaines choses qu’il ne pouvait pas retenir, et encore moins dans l’état où il se trouvait. Salomé le fusilla du regard quand il se mit à rire, et il cru qu’elle allait ressortir dare-dare de sa chambre … Mais non. A croire qu’elle avait peut-être un minimum envie de lui parler ? Malgré le démenti presque immédiat qu’elle en fit, tranchant et sans appel. Oui, bon, ils étaient donc bien d’accord là-dessus : aucun des deux ne voulait dire quoi que ce soit à l’autre, c’était bien clair à présent. Cette confirmation de ce qu’elle avait déjà signifié clairement ne faisait que plonger Lorcan dans un peu plus de perplexité. Que faisait-elle là, bon sang ? Il la connaissait trop bien, et il savait qu’elle ne lui pardonnerait jamais ce qu’il lui avait dit la dernière fois. Même inquiète pour sa santé il croyait qu’elle ne se déplacerait pas, qu’une fois assurée qu’il en réchapperait et qu’il viendrait à nouveau squatter chez Aspen quand elle y serait, elle passerait à autre chose sans plus se soucier de lui. Ca lui allait d’ailleurs très bien, qu’elle reste loin de lui. Elle était bien trop rancunière pour venir jusqu’ici et pour accepter de lui parler … Il s’était peut-être trompé sur ce point. Quand il évoqua l’heure de la sieste, il cru qu’elle allait rebondir immédiatement pour l’enfoncer à ce sujet – elle en aurait bien eu le droit, il était devenu un vrai petit vieux et il était le premier à le remarquer. Mais non, et il en fut presque déçu. Elle lui avait simplement lancé un regard plein d’ironie, mais sa réponse resta des plus mesurées. La glace était loin d’être brisée entre eux, et les vieux réflexes qui menaçaient de ressurgir, profondément ancrés par une amitié qui avait été si solide, étaient constamment étouffés par le souvenir de leur dispute. Ca lui faisait vraiment bizarre, à Lorcan. Il avait l’impression d’osciller entre un agacement souverain envers elle et une envie de tout effacer pour revenir à ce qu’ils avaient eu avant. Quand il s’était réveillé, une de ses premières pensées avait été pour elle. Ca avait été simple, brillant : il voulait la voir, elle lui manquait. Et immédiatement après, cette pensée avait été recouverte par le ressentiment qui lui était revenu, brutal et sans merci. Il avait mis cet instant de faiblesse sur le compte des médicaments, et ça n’était pas revenu, même pas quand il nageait en plein brouillard à la lisière de l’inconscience. Seulement la pensée avait existé et il savait qu’elle existait toujours, quelque part. Et il ne savait pas ce qu’il devait en conclure.

« Mais j’ai encore rien dit ! » Se défendit-il face à l’injustice qu’elle lui fit en reprenant la parole. Qu’elle lui laisse quand même un peu de temps, ils n’en étaient qu’à l’échauffement. « Bon, je vais réfléchir à une ou deux vacheries, pour te faire plaisir, juste pour que tu voies à quel point je suis en super forme. Y’a plus que ça qui fonctionne de toute façon ! » Il avait bien repris l’usage de sa langue, et quand il était dans les pics de sa forme il pouvait abrutir les infirmières de paroles, faute d’avoir quiconque d’autre à qui parler. Il n’imaginait pas ce que ça ferait, s’il était aussi privé de cette capacité en plus de toutes les autres … Là, il deviendrait fou pour de bon. « S’il te plaît, ça me fera plaisir pendant les moments difficiles. » Rétorqua-t-il du tac au tac quand elle proposa de s’enregistrer. Et dans le fond c’était vrai : il était content – peut-être même soulagé – qu’elle se soucie encore de lui au point de se déplacer pour s’enquérir de sa santé. Mais elle détestait le reconnaître, ça crevait les yeux. Seulement il était un peu tard pour s’en agacer : dès le moment où elle avait franchi le pas de sa porte, elle avait montré qu’elle s’inquiétait. Au moins un peu. Est-ce que ça lui faisait si mal que ça, de montrer qu’elle n’avait pas totalement tourné le dos à leur amitié ? Elle se conduisait constamment comme s’il allait utiliser ça contre elle … Il eut une moue agacée par ce constat, avant de se dire qu’il avait peut-être abusé de sa position la dernière fois, et que cela pouvait … peut-être … justifier son comportement. « Ouais, je sais. » Fit-il en détournant le regard, les dents serrées soudain. Il n’oublierait pas non plus, et il y pensait un peu trop souvent à son goût. Les trucs trop justes qu’elle lui avait dites et qu’il ne voulait pas reconnaître, et tout le reste, ce qui était injuste, impossible à accepter. Ils étaient tous les deux allés trop loin, et Lorcan se souvenait trop bien de la façon dont il avait cherché à la blesser. « T’es revenue quand même. Merci, alors. » C’était parfaitement sincère, même s’il n’avait pas relevé la tête pour lui adresser ces mots en face. Il reconnaissait l’effort qu’elle avait fait, dont il ne savait pas s’il aurait été capable à sa place. « Je voulais pas qu’on en arrive là. Pas au début en tout cas. » La soirée aurait été parfaite sans leur dérapage, mais il avait ensuite perdu le contrôle. De ses émotions, de ses mots, de tout. « Le truc c’est que j’arrive pas à prendre du recul avec toi. Je sais pas si j’y arrivais mieux avant ou si c’est juste à cause de la mutation et du fait que tu sois la seule avec qui je pensais partager tout ça. » Il ne savait pas où il voulait en venir, mais il savait qu’à un moment donné, la façon dont il voyait sa relation avec elle avait changé. Elle avait toujours eu beaucoup d’importance pour lui, et c’était devenu d’autant plus vrai quand ils avaient découvert leur mutation respective. Ses yeux dérivèrent vers la fenêtre derrière Salomé, vers le ciel gris, puis vers elle … Et à nouveau, il baissa la tête. « Mais je peux pas me dire c’est pas grave, ça va passer. Quand on se prend la tête, tout de suite ça monte à un niveau pas possible et y’a … » Les yeux toujours baissés sur le drap, sourcils froncés, il cherchait ses mots pour exprimer au mieux ce qu’il ressentait et qui lui semblait tellement évident, mais si difficile à décrire. « Je pensais pas qu’on pourrait en arriver là. Parce que je pensais qu’on avait trop besoin l’un de l’autre. Seulement quand t’as dit que tu retournais chez les hunters … Pour moi c’était fini. » Comme si elle avait trahi un accord tacite. Comme si elle l’avait abandonné derrière.

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MessageSujet: Re: the space between is deafening (salorcan)   the space between is deafening (salorcan) Icon_minitimeLun 9 Jan 2017 - 21:41

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La riposte était plutôt en forme, elle devait le lui accorder. Même dans cet état, après avoir traversé le pire et en être revenu, il parvenait encore à tenir la répartie. Elle aurait pu saluer l'effort, si ça ne l'avait pas tant emmerdée sur le coup. Certainement que ç'aurait été plus facile qu'il se taise, plutôt que de la pousser un peu plus encore dans ses retranchements, jusqu'à ce que les mots s'arrachent d'eux-mêmes à son contrôle. Elle se devait de lâcher du leste sur la rancune s'ils devaient commencer à discuter, parce qu'elle n'avait aucune maîtrise sur les raisons la ramenant invariablement à revenir, avec lui. C'était son meilleur ami, bien sûr, même si la violence des altercations semblait être montée crescendo à mesure qu'ils se rapprochaient.  C'était peut-être cette dernière dispute bien plus terrible que les autres qui l'amenaient à réfléchir sérieusement au problème les conduisant à s'écharper de la sorte, ce qui ne se serait jamais produit un an, deux ans plus tôt. La première explication venait du sujet trop délicat de leurs mutations, de leurs positions respectives, et sans doute n'avaient-ils jamais expérimenté de tels désaccords car les conflits n'atteignaient pas cette profondeur. Pourtant, l'un et l'autre ne changeraient pas de point de vue, c'était une certitude avec laquelle elle vivait depuis qu'elle avait quitté son appartement sans se retourner, persuadée qu'ils ne viendraient pas à bout de ce différent. Mais elle s'était retrouvée à faire un pas vers lui, vers l'acceptation de ne pas s'accorder cette fois, pour la première fois, celle qui comptait peut-être le plus. Vivre sans oublier, mais le retrouver, parce qu'il était devenu bien plus essentiel encore que ça n'était le cas auparavant. Elle avait toujours tenu à lui, énormément, là n'était pas la question. Aujourd'hui, maintenant, à quel point elle pouvait toujours tenir à lui malgré tout, c'était de cela qu'elle devrait répondre si elle souhaitait expliquer les raisons même de sa présence ici.

Par chance, Lorcan reprit la parole sans laisser de réel temps mort, lui évitant de ruminer ses propos. Ses yeux qui s'étaient détournés finirent par se reposer sur lui, sans parvenir à intercepter son regard, et c'était peut-être mieux ainsi sur le moment. Silencieuse, Salomé le contemplait batailler avec ses paroles alors qu'un pincement se faisait ressentir au creux de son ventre. Elle n'aurait probablement pas fait mieux, si elle avait dû décrire leur relation avant que tout se mette à partir en vrille ce soir-là. Il avait été son roc durant des mois, l'avait vue dans des états dans lesquels elle n'aurait jamais imaginé finir, essuyant ses larmes et des maux dont elle ne songeait pas revenir. Le premier vers qui elle s'était tournée, le seul, même, depuis que tout avait commencé. Elle avait eu besoin de lui à de si nombreuses reprises, la pensée rassurante de ne pas être seule venant fréquemment l'effleurer lorsqu'elle ne trouvait pas le sommeil. Ensemble, à deux, face à la tempête qui s'était abattue sur leurs vies, ç'avait forcément renforcé le lien, après tout ce qu'ils avaient pu traverser. C'était probablement ce qui l'avait amenée à l'embrasser en premier lieu. Fait qu'elle avait fini par reconnaître lentement,  qu'à se retrouver après une séparation si brutale, des mois d'évitement après avoir tant partagé avec lui, ce qui avait eu l'air d'une impulsion était pourtant totalement justifié dans son esprit. Ce qui avait suivi, qui au premier abord ne ressemblait fort qu'à des étreintes empreintes d'un réconfort dont l'un et l'autre avaient besoin, ça n'était pas son genre, à Sam, et encore une fois, ça ne semblait se justifier qu'avec lui. Parce qu'ils étaient certainement assez proches pour pouvoir se le permettre sans gêne, sans questions, même s'il y avait ce tiraillement qui la saisissait parfois, à penser à lui, qui n'avait rien de banal et qu'elle peinait à chasser de son esprit. Celui qui revenait un peu trop fort, alors qu'il conjuguait ses confidences à l'imparfait, que leur relation lui semblait projetée à des années-lumières à nouveau alors que ses mains se crispaient sur ses cuisses.

« J'avais l'impression qu'il y'avait que toi qui pouvait comprendre. Tout. Même pas besoin de longs discours, au bout d'un moment, tu comprenais tout et t'étais le seul avec qui c'était aussi facile. » Maîtrisant sa voix pour ne pas trembler, ne pas vaciller à ces révélations qui sonnaient à leur tour au passé, comme si le présent n'était plus permis après la déchirure qui s'était opérée entre eux. Même lorsque Noeh avait accepté, Aspen aussi, ça n'avait jamais été si évident qu'avec lui, après plus d'un an à tant partager, et parce qu'il fallait probablement le vivre pour véritablement se projeter dans les bottes de l'autre. « J'pourrais jamais te remercier suffisamment d'avoir été là depuis tout ce temps, tout ce que t'as fait pour moi, c'est quelque chose que j'oublierai pas. » Et c'était à son tour de détourner les yeux, quand à parler à coeur ouvert c'était la fierté qui se faisait la malle pour ne laisser au premier plan qu'une sincérité non feinte. « Et j'pensais aussi que tout ça, c'était plus rien, pour que ça se termine comme ça. Qu'au final ça devait pas tant représenter que ça pour que tout parte en vrille aussi vite. » Tout ce qu'ils avaient fait l'un pour l'autre depuis la découverte de leurs mutations, leur amitié, la tournure qu'avait pris le tout en été, prononçant un peu plus son attachement à son égard avant la rupture brutale sonnant comme un point de non-retour. Elle aurait pu s'interrompre, terminer sur le bilan foireux de vingt années d'amitié et finir par se taire. Contempler avec lui le désastre de cette fin qui lui avait semblée inéluctable depuis des semaines. « J'ai toujours besoin de toi. » Un murmure alors que sa gorge se nouait, que l'égo se brisait au fond de sa poitrine et que ses yeux se reposaient sur lui. Elle ne pouvait simplement pas s'arrêter là. « J'veux pas quitter cette pièce sans savoir si j'pourrai revenir. » Une supplique au fond des iris, la douleur de leur échange passé se ranimant toujours un peu plus au fond de ses entrailles alors qu'elle demeurait immobile, à se livrer sans vouloir précipiter le verdict. « J'veux pas parler de la dernière fois, parce que ça sert à rien, j'suis pratiquement sûre qu'on s'entendra jamais là-dessus. J'veux juste pas qu'il t'arrive encore un truc. » Et ça lui écorchait la langue de le dire, que son point de vue ne rencontrerait probablement pas le sien, que ses raisons ne s'ouvriraient probablement pas aux siennes. Pourtant, après ce temps d'absence, la violence des mots passés, il n'y avait peut-être que ça qui lui importait vraiment. Qu'il continue si ça lui chantait, parce qu'elle ne pourrait l'en dissuader, tout comme la réciproque s'avérait vraie. Mais qu'il ne lui arrive plus rien. Qu'il soit en sécurité.
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MessageSujet: Re: the space between is deafening (salorcan)   the space between is deafening (salorcan) Icon_minitimeMer 25 Jan 2017 - 21:46

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Salomé & Lorcan
Is it only when you feel a part is empty that it’s gnawing at the corners of your mind.

Les mots étaient sortis, enfin. Il n’aurait pas cru qu’il les lui dise à elle, ni même à personne d’autre d’ailleurs. Expliquer la raison de sa colère envers elle, il ne voulait pas le faire. Il ne voulait pas y faire face, et il s’était persuadé que cela ne changerait rien, que c’était tout à fait inutile. Les justifications n’effaceraient pas ce qui avait été dit, d’un côté comme de l’autre. Sa volonté à lui s’était heurtée à la sienne, dans une violence qui les avait surpris tous les deux, et qui avait tout détruit. Parce qu’ils n’étaient capables, ni l’un ni l’autre, de faire de concession sur ce sujet qui leur tenait tant à cœur. Mais il avait fini par le dire, parce qu’elle était revenue et qu’elle avait fait un effort vers lui. Parce qu’il ne pouvait pas rester muet devant elle et la renvoyer d’où elle venait, en prenant le risque que plus jamais elle ne revienne. Il ne voulait pas qu’elle s’en aille pour de bon. Maintenant qu’elle était là, il pouvait bien le reconnaître : elle lui avait manqué … Et il voulait que cela cesse. Il avait besoin d’elle, d’autant plus maintenant. Il ne savait pas encore s’il était prêt à accepter ce qu’il avait refusé en bloc jusque là, cette étape viendrait plus tard. Quand il serait sorti d’ici, par exemple. Il n’avait pas à se prendre la tête là-dessus tant que les murs de l’hôpital le gardaient éloigné du monde des chasseurs où Salomé s’était replongée. Au moins, il avait réussi à le lui expliquer, malgré ses hésitations. Et elle avait gardé le silence tout du long, ce qui lui avait permis d’aller au bout d’une réflexion laborieuse sans être interrompu, ce qui aurait sans doute coupé net son élan de franchise. Finalement, elle reprit la parole avec un court silence, sans qu’il n’ait relevé les yeux vers elle, et il l’écouta décrire parfaitement ce qu’il n’avait pas réussi à exprimer, même avec tous les efforts possibles. Il releva la tête à ses mots, troublé, mais également empli de soulagement. A présent c’était elle qui ne le regardait plus, mais ça lui importait peu. Il l’écoutait, il aurait pu l’écouter parler ainsi pendant des heures, parce que ça faisait tellement de bien. Loin de ce qu’ils s’étaient lancé au visage lors de leur dernière dispute, loin de l’amertume des longues semaines qui avaient suivi. C’était ça, simplement ça, quelques mots qui résumaient avec simplicité mais beaucoup de justesse ce qui les avait liés dernièrement. Ils s’étaient compris parfaitement, peut-être même un peu trop, quand ils s’étaient découvert leurs mutations respectives, et c’était cette symbiose que Lorcan avait tant craint de voir voler en éclats si Salomé reprenait le chemin des hunters. Bien plus encore, c’était ce qui s’était passé quand elle lui avait jeté au visage qu’il ne comprenait pas ce qu’elle vivait. Elle avait mis une barrière entre eux en faisant la distinction entre lui et elle, en sous-entendant qu’il ne pouvait de toute façon pas se mettre à sa place. Pourtant ils avaient partagé tellement de choses qu’il avait l’impression que personne d’autre qu’elle ne pourrait plus jamais le comprendre comme elle le faisait. Même Aspen ne partageait pas ce niveau de relation avec lui, plus depuis que la mutation les avait séparés. Les remerciements de Salomé sonnaient d’une façon étrange à ses oreilles, parce qu’il avait eut l’impression qu’ils étaient parfaitement inutiles entre eux, juste avant leur dispute. Elle avait été là pour lui, elle aussi. Elle l’avait soutenu et Dieu sait qu’elle avait été un trésor inestimable dans les pires moments, comme il avait pu l’être pour elle. Ils le savaient. C’était une évidence telle que Lorcan n’aurait pas songé à devoir le lui dire, mais même les évidences avaient besoin d’être exprimées de temps à autre. Pour clarifier les choses. Pour que même une télépathe comprenne que s’il avait dit tout ça, ce n’était pas parce qu’il méprisait ses choix, juste parce qu’il avait peur d’être seul. Sans elle. Il aurait aimé lui dire, maintenant, que lui aussi voulait la remercier, même si tout était devenu pourri et bizarre, qu’ils ne retrouveraient peut-être plus leur relation comme avant ; au moins la remercier. Mais elle ne lui en laissa pas le temps et il préféra ne pas l’interrompre – s’il brisait son élan, elle non plus ne pourrait sans doute pas reprendre.

Et finalement, il avait eu raison de se taire. Les mots qu’elle prononça ensuite lui serrèrent la gorge presque autant que si c’était lui qui les avait dites, tant l’effort qu’elle avait du produire lui semblait intense. Il n’aurait pas pu. Il en était certain, il n’aurait pas pu. Mais elle, elle l’avait dit. Il croisa son regard et eut un sourire – bon sang, pourquoi elle n’était pas venue plus tôt ? Il n’avait pas cru que ce soit possible, mais elle venait de faire un pas vers lui, vers la réconciliation. Elle avait proposé une trêve quand il en était encore à se dire qu’il ne pourrait plus jamais la regarder dans les yeux sans avoir la dispute qui reviendrait au bord de ses lèvres. « Okay. » Il inspira profondément et relâcha sa respiration. « J’ai … J’ai pas envie qu’on revienne dessus non plus. On a trouvé un sujet sur lequel on est pas d’accord et qui s’appelle pas Noeh, mais c’est des choses qui arrivent. » Il eut un demi-sourire, puis baissa les yeux. Il ne pouvait pas s’en sortir comme ça, à lancer des vannes – des vannes nazes qui plus est. « Sérieusement. Si c’est parti en vrille, c’est parce que ça comptait trop pour moi. Enfin, toi. Tu comptais, pour moi. Tu comptes, encore. » La précision semblait soudain essentielle à apporter, même s’il avait trébuché sur les mots et qu’il s’empressa de continuer pour ne pas se noyer complètement. « J’ai eu peur de te perdre, d’une façon ou d’une autre. » La perdre parce qu’elle deviendrait une véritable hunter, la perdre parce qu’elle n’en deviendrait jamais une complètement et qu’elle finirait par être démasquée … La perdre tout simplement, et peu importait la façon. « Tu peux revenir, tu sais bien que tu peux. Ca fait même pas un mois qu’on ne se parle plus et j’ai l’impression que je suis seul au monde, depuis que t’es partie j’ai … » Il poussa un soupir. « Moi aussi j’ai besoin de toi. » Elle l’avait dit la première et de fait, il n’avait plus aucun problème à l’avouer. « Tu m’as manqué. Même quand j’étais en colère et que j’aurais préféré t’oublier. » A ce moment, il aurait préféré se faire écorcher vif plutôt que de l’admettre, mais la réalité l’avait un peu trop vite rattrapé. Il n’était pas passé par l’écorchement, mais le sort que le hunter lui réservait n’était pas bien plus enviable, et il avait compris que peu importait la force de son ressentiment pour Salomé, cela n’effacerait pas tout le reste. Les autres sentiments qui n’avaient jamais disparu, qu’il avait juste préféré ignorer. Il étendit la main et la posa doucement sur le bras de la jeune femme. Il n’avait aucune arrière-pensée en faisant ce geste, juste le besoin de la toucher … Et peut-être de s’assurer qu’il n’avait pas sombré dans un rêve né d’une surdose de morphine. « Merci d’être venue. » Il l’avait déjà dit, mais il le répétait, avec plus de conviction cette fois.


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Salomé Callahan
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MessageSujet: Re: the space between is deafening (salorcan)   the space between is deafening (salorcan) Icon_minitimeLun 20 Fév 2017 - 18:52

Holds me down, hold me now
It is not clear why we choose the fire pathway, where we end is not the way that we had planned.

Elle avait pensé chaque mot, ne gardait sur la langue aucune amertume, seulement cette retenue presque prude qui entravait ses paroles depuis toujours lorsqu'il s'agissait de se livrer. Jamais l'effort n'avait été si difficile, mais peut-être qu'il n'en avait jamais tant valu la peine qu'aujourd'hui. Sa cage thoracique se resserrait déjà sur ce qui s'y murmurait encore, pincement sourd aux échos presque inaudibles, alors que le silence de Lorcan la tenait en haleine. Reportant un regard en biais vers lui alors qu'il reprenait la parole, les muscles contractés d'appréhension, éprouvés par ces maux qui l'avaient animée depuis près d'un mois, la brune hocha la tête dans la plus grande crispation du monde. Bien, au moins le sujet était clos, pour le moment. Ce n'était pas comme s'ils avaient besoin de ça en plus du malaise déjà existant, de la réconciliation fragile qui s'amorçait du bout des lèvres. Sam demeura un instant interdite alors que le prénom de son jumeau s'invitait dans la discussion, l'ombre d'un sourire passant furtivement sur son visage. Elle ne savait pas si c'était la note d'humour qui s'invitait au milieu du chaos de leurs paroles maladroites, ou le fait que ce soit si rassurant de l'entendre dire que c'était des choses qui arrivaient, mais à cet instant précis sa nuque se détendit légèrement. Y passant une main pour décontracturer les noeuds qui y emmêlaient ses muscles, ses doigts terminèrent leur course dans ses cheveux qu'elle ramena machinalement d'un même côté de son visage. S'occuper les mains, c'était ce qu'elle faisait de mieux lorsqu'elle était nerveuse, réellement nerveuse, qu'il s'agisse de tirer sur ses vêtements ou autre, ce tic l'avait toujours plus ou moins trahie aux yeux de ses proches. Un peu plus encore alors qu'il admettait qu'elle comptait pour lui, ce qui à cet instant précis n'arrangea en rien le désordre de ses idées. Il aurait pu le lui dire, avant, que ça l'aurait juste fait doucement sourire, à lui asséner un coup de coude qui voulait dire, toi aussi tu comptes, idiot. Mais là, c'était comme s'il n'y avait plus aucun acquis sur lequel se reposer, aucune certitude à laquelle s'accrocher. L'entendre dire qu'elle comptait, c'était pas le genre de phrase qu'elle allait prendre à la légère, tant elle avait cru l'oublier. Et même s'il peinait à parler, lui aussi, que les mots s'emmêlaient et qu'elle s'y perdait un peu aussi, au final, y'avait que ça qui importait vraiment. De savoir que non, elle ne l'avait pas perdu, et il ne l'avait pas perdue non plus. A la honte de s'être traînée jusqu'à cette chambre en ayant le sentiment de s'abaisser plus bas que terre en revenant vers lui, s'invitait l'idée que non, c'était pas d'être revenue qui lui donnait l'air d'une pauvre fille qui ne demandait qu'à se faire piétiner un peu plus. Revenir, c'était la meilleure chose à faire, la seule chose à faire au nom de cette amitié dont elle n'avait jamais douté avant que leur égo ne s'en mêle, que les injures ne s'emmêlent et qu'il ne semble rien y avoir à sauver.

A chaque mot de Lorcan s'amenuisait la pudeur et les craintes qui l'étouffaient. Elle le regardait, désormais, sans détours, toujours un peu en retrait malgré l'envie de rebondir sur ses paroles, lui dire à quel point c'était exactement ça pour elle aussi, dans le fond. Qu'elle avait eu peur, derrière la colère, et que ça l'avait mise encore plus en colère d'avoir peur, d'ailleurs. Qu'il avait une maîtrise sur ses nerfs qu'il n'osait imaginer, tant il savait les tendre et les détendre d'un mot, d'un regard. A la pousser dans ses retranchements parce qu'il la connaissait bien trop, comme il pouvait l'apaiser là où nul autre n'aurait été en mesure de le faire, comme il l'avait si souvent prouvé cette année. Alors ça pouvait faire mal, mais c'était sacrément salvateur aussi, souvent, de savoir vers qui se tourner quand les plombs menaçaient de sauter. Et que ces semaines sans lui, alors qu'elle était si énervée et qu'elle ne pouvait décemment retourner le voir cette fois-ci, ç'avait pas été une partie de plaisir. Et puis, alors que son silence l'étourdissait tant elle aurait eu à en dire si ses mâchoires crispées avaient daigné se relâcher, il le dit à son tour, qu'il avait besoin d'elle. Au fond des iris s'estompait la détresse en trouvant son écho dans ses paroles à lui, ce qu'elle avait attendu depuis qu'elle l'avait dit. C'était un saut dans le vide, au moment où elle avait réussi à arracher les mots à sa gorge nouée, à ne pas savoir du tout ce qu'il allait rétorquer à ça. Comme si elle peinait à se décider à se lancer si elle n'était pas certaine qu'il la suivrait de près, comme s'il fallait toujours être certain qu'ils se trouveraient sur un même pied d'égalité, avant de dire les choses, être certaine de ne pas se retrouver lésée par un accès de témérité. Probablement ce qui refoulait encore et toujours ses réflexions à propos de ce qui s'était passé entre eux, ces questions inabouties, qui avaient semblé destinées à ne pas s'exprimer, au bout du compte.

Le contact lui arracha une nostalgie sans pareille, nouant son ventre alors qu'elle s'humectait les lèvres, un picotement s'invitant à ses cils alors qu'elle s'éclaircissait la voix pour éviter de se laisser prendre par l'émotion. « Y'a pas de quoi. » Un léger rire lui échappa devant cette réponse qui sonnait presque étrange dans ce contexte tendu, et sa main finit par venir recouvrir la sienne sur son bras, refermant doucement ses doigts sur les siens. « Et toi aussi, tu m'as manqué. » C'était quand même important de le dire, tant c'était vrai. Un petit sourire en coin se dessinait alors qu'elle l'observait, que son esprit cherchait à tout prix à chasser la gêne, à détendre l'atmosphère pour ne pas repartir dans un silence empli de malaise. « En même temps, c'est pas comme si on s'connaissait depuis toujours et qu'y'avait au moins un truc par jour qui me faisait penser à toi. Vraiment la torture, de te faire la gueule, tu sais. » Comme si c'était de sa faute, d'avoir rendu les choses si difficiles pour avoir partagé tant de choses, tant de réflexions, tant de fou-rires en tant d'années. Un air réprobateur peu crédible sur le visage, sa prise se fit un peu plus appuyée sur sa main. Parce qu'elle avait beau faire mine d'en plaisanter, donner le change, qu'il n'en restait que ses mots gravés dans son esprit, ceux qu'elle n'oublierait pas, jamais.
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