Essoufflé, Caleb l’était comme souvent après ces moments torrides qu’il pouvait passer avec Scarlett. Ils étaient tellement fusionnels, tellement passionnels, qu’ils avaient besoin de s’épuiser de tous leurs saouls pour réussir à se décoller l’un de l’autre. Les doigts de la main gauche de Caleb jouaient tranquillement avec les mèches de Scarlett qui coulaient sur son torse en cascade, le chatouillant de ci, de là. Il sourit de tendresse à chacun de ses baisers légers, jusqu’à ce qu’elle est le bon gout de revenir s’allonger sur lui pour l’embrasser pour la millième fois de l’heure. Elle aurait du savoir qu’elle n’avait qu’un mot, qu’un sourire à esquisser pour qu’il reparte à l’assaut de son corps avec toujours plus d’entrain. Attrapant la lèvre inférieure de la jeune femme avec un air joueur, il laissa échapper un petit couinement de déception involontaire lorsque celle-ci se décida à s’extirper de ses bras pour passer par la case frigo. Il était vrai que les émotions, ça ouvrait l’appétit, mais il aurait pu se repaitre du parfum, de la peau de Scarlett encore des heures sans s’en lasser. Il la laissa s’enfuir, l’observant se servir sur le sol de sa chemise comme tenue de fortune, et il était vrai que de deviner les formes de Sca’ sous ces vêtements trop grands avait quelque chose d’absolument charmant. Et excitant, aussi. D’ailleurs, il ne mit pas bien longtemps à se lever à son tour, s’adossant à l’encadrement de la porte pour contempler la magnifique vue de la jeune femme plantée devant son frigo, à picorer de la salade de fruits.

- Pourquoi faire, la vue te gène ?

Il avait passé ses bras autour de la taille de la jeune femme en l’embrassant dans le cou, avant d’attraper un morceau de pomme et de le mastiquer avec un air taquin. Air qui passa de taquin à coquin lorsqu’elle lui demanda, de manière rhétorique, si il savait ce qu’elle avait envie de faire : Oh, il avait bien une petite idée, mais globalement, ils n’avaient pas besoin de le dire à haute voix. Il se fit retoquer dans une grimace, alors qu’elle avalait un nouveau morceau de fraise et qu’il posa chastement son menton sur le sommet de la tête de Sca’, ses mains jouant presque innocemment avec le tissu de la chemise qui les séparait. Il referma la porte du frigo alors qu’elle partait s’installer sur le canapé façon sirène sur son rocher alors que lui, pauvre marin, venait échouer à ses pieds, sous le charme. C’était terrible d’être à ce point à la merci d’une femme et de son charme, quand on y réfléchissait quelques secondes. Sauf que voilà, quand Caleb se retrouvait auprès de Scarlett, surtout si peu vêtue, il avait un peu de mal à réfléchir correctement. Il s’installa –littéralement- aux pieds du canapé et de la jeune femme, la tête renversée pour ne pas la quitter des yeux, un petit sourire toujours sur les lèvres :

- Hmmmm, oui, ça peut être une bonne idée. Enfin, si tu arrives avoir des congés pendant cette période, et que le procès ne tombe pas pendant la deuxième quinzaine de décembre, mais sinon, oui, ça ne pourrait clairement pas faire de mal… Tous les trois, du coup ?

Il voyait mal Scarlett partir sans son fils, même à quelques kilomètres de là, pour quelques jours. Alors passer son premier noël sans lui, ça paraissait inimaginable, et puis même lui n’envisageait pas de laisser le petit loin de sa mère à cette période de l’année. Alors pendant que Scarlett s’était remise à jouer avec ses boucles brunes, il continuait à la regarder avec la tête à l’envers, et une idée se mit à germer dans sa tête. Une idée qui ne séduirait peut être pas Sca, mais qui était dépaysante, à coup sur…

- … Ca ne te dirait pas qu’on prenne l’avion, tous les trois, et qu’on passe quelques jours de retour au pays ? Je veux dire, tu n’as jamais eu l’occasion de rencontrer mes parents et mes frangins, en dehors de Fiona… Ca pourrait être l’occasion ? Ils seraient tellement contents de te connaitre, de voir le petit, de me voir moi aussi, puisque ça fait un bail que je ne suis pas retournée là bas… Enfin, c’est une idée comme ça bien sur, on pourra en reparler aussi…

Un nouveau sourire, un nouveau regard amoureux, alors qu’il se décidait enfin à se redresser un peu pour embrasser la main de la jeune femme, puis ses lèvres tendrement. L’idée lui plaisait énormément, mais serait ce le cas pour elle ? Il ne savait pas, il espérait en tout cas. Sinon de toute manière, ce ne serait pas un problème : peu importait la décision de la jeune femme, qu’il suivrait les yeux fermés et avec plaisir….

 

Caleb avait le don de lui faire oublier tous ses maux, et cela faisait partie des choses qu'elle aimait tant chez lui. Avec lui, elle se sentait toujours en sécurité, et qu'il n'ait plus sa mutation n'y changeait strictement rien. Elle appréciait ces moments insouciants passés avec lui, loin de toutes ces préoccupations qui occupaient normalement ses pensées. Depuis qu'ils s'étaient retrouvés, Scarlett était beaucoup plus détendue, plus rassurée, et cela même si le spectre de Roman continuait à planer au dessus de sa tête. Concernant le chasseur, elle faisait confiance à Caleb pour les débarrasser de lui, il était la seule personne qu'elle connaissait à en être capable. Elle devait se convaincre que Griske ne serait bientôt plus un problème pour quiconque, et qu'elle ne devait surtout pas le laisser lui dicter sa conduite. En attendant, Scarlett n'avait plus envie de penser à lui, surtout pas quand Caleb était tout à elle, sans un centimètre carré de tissu pour couvrir son corps. Si la vue la gênait... ? Il aurait fallu qu'elle soit folle pour ne pas avoir envie d'en profiter. Et ce n'était pas comme s'il se privait de se rincer l’œil ; il fallait dire que Scarlett s'était installée dans une position plutôt suggestive, qui appelait à tout sauf à la chasteté. Ce moment de complicité, ils l'avaient bien mérité après les secrets qu'ils avaient échangés. Scarlett aurait besoin d'un moment pour se faire à l'idée que son grand amour avait perdu une partie de lui-même à cause d'un chasseur, tout comme lui devrait accepter que la mort de leur fille n'avait été ni naturelle, ni accidentelle. Scarlett espérait sincèrement qu'ils retrouveraient celui ou celle qui les avait privés de leur enfant, et que cette personne serait punie en conséquence. Si elle ne faisait pas forcément confiance à la Loi, elle avait confiance en lui, et savait qu'il ferait tout ce qui était nécessaire pour que ce crime ne reste pas impuni. Les choses changeaient à Radcliff, lentement mais sûrement.

« L'hôpital me doit des congés. Avant d'avoir Garrett, je me suis réfugiée dans mon travail... J'ai fait des heures supplémentaires au point de parfois passer des nuits blanches... » En ce qui la concernait, prendre des vacances ne devrait poser aucun problème. En revanche, les choses risquaient d'être plus compliquées pour Caleb si le procès de Lancaster et de ses complices tombait pendant les fêtes. Ce serait vraiment dommage, et qui aurait envie de passer son Noël en compagnie de telles personnes ? Certainement pas Scarlett, mais ce n'était pas elle qui avait monté le dossier contre les criminels de Radcliff. S'ils pouvaient partir, ce serait tous les trois. À présent que Scarlett avait tous les papiers de Garrett, passeport inclus, elle pouvait voyager avec lui sans que cela ne pose de problèmes. Elle l'avait trop attendu et désiré pour seulement songer à le laisser derrière elle ; leur voyage ne serait pas moins romantique parce qu'il était là. Scarlett n'était pas de ces parents qui avaient besoin d'employer une baby-sitter pour la moindre sortie, si elle avait pu exercer sa profession tout en s'occupant de son fils, elle l'aurait fait sans hésiter. Si elle l'avait laissé avec Evelyn et Adrian, c'était uniquement parce qu'elle s'était inquiétée pour Caleb. Le petit aimait beaucoup les Blackwood, et exprimait beaucoup d'intérêt pour Aurora, au point que Scarlett et Evelyn avaient plaisanté en imaginant leur futur mariage. Scarlett souriait, ses doigts pris dans les cheveux de Caleb, qu'elle regardait avec une tendresse non dissimulée.

Elle afficha une expression surprise lorsqu'il lui proposa non seulement de partir pour l’Écosse, mais d'y aller pour y rencontrer sa famille. Scarlett prit une profonde inspiration et posa son bol de fruits sur la table basse en face du canapé, et se redressa, l'air préoccupée. « Je... J'adorerais, je n'ai jamais eu l'occasion d'aller en Écosse. » Ils n'y avaient même pas été avant leur séparation, Scarlett n'avait donc jamais rencontré les parents de Caleb et ses frères et sœurs. Il faudrait bien un jour, c'était une évidence, mais elle ne pouvait pas s'empêcher d'être... nerveuse ? « Tu leur as déjà dit, pour nous ? » Ce n'était pas une question à laquelle elle avait songé avant, peut-être parce qu'elle même n'avait hélas aucune famille à lui présenter, pas même des grands-parents ou des cousins éloignés. Alors que de son côté, Caleb avait une grande famille, le genre de famille dont Scarlett avait toujours rêvé. « C'est vraiment... Vraiment une bonne idée. Je suppose qu'il serait temps que je les rencontre... » Même s'ils vivaient à l'autre bout du monde, Scarlett devrait bien rencontrer sa belle-famille un jour, d'autant plus que Caleb y tenait certainement. Ce n'était pas qu'elle n'en avait pas envie, bien loin de là, mais... « J'espère juste que Fiona ne leur aura pas fait un portrait de moi trop... Dévalorisant. » La rouquine indomptable ne portait pas la compagne de son frère dans son cœur, elle savait très bien comment le lui faire comprendre. Scarlett faisait vraiment de son mieux pour se montrer agréable avec la cadette de Caleb, mais Fiona ne lui facilitait vraiment pas la tâche en se comportant avec elle comme si elle était la dernière des garces. Alors elle ne voulait même pas oser imaginer ce qu'elle avait pu dire à ses parents à son sujet. « Elle me déteste, tu sais. » Pendant un moment, Scarlett s'était dit qu'elle avait bien raison. Après tout, elle avait fait souffrir Caleb, c'était un juste retour de bâton.

Scarlett soupira longuement avant de se laisser glisser du canapé, pour aller se réfugier dans les bras de Caleb. Elle posa sa tête contre son torse et resta silencieuse un moment, pensive. « Ça nous fera du bien, de passer les fêtes loin de Radcliff. L’Écosse, ce sera un changement de décor radical... » Et bienvenu. Tout ce que Scarlett espérait, c'était que les Munroe n'auraient pas envie de lui faire la peau. Ou peut-être s'inquiétait-elle pour rien, après tout Caleb ne lui aurait sans doute pas proposé de rencontrer sa famille s'il savait qu'elle ne serait pas la bienvenue chez eux... Scarlett avait le don de s'inquiéter pour un rien, c'était comme une seconde nature chez elle, et cela ne s'était pas arrangé depuis qu'elle était devenue mère. « Quand devrais-tu avoir les dates du procès ? J'imagine que cela ne devrait plus trop tarder ? J'espère sincèrement que vous parviendrez à faire tomber tous ces pourris... » En particulier parce qu'elle n'osait pas imaginer ce qui arriverait si Lancaster et sa bande étaient relâchés. Le plus souvent Scarlett évitait de demander à Caleb comment avançait le dossier, trop angoissée par le sujet et par l'idée qu'ils risquaient de devenir des cibles privilégiées si cela tournait mal. « Je sais que je n'ai pas à te dire comment faire ton travail, mais... Promets-moi de ne pas prendre de risques inconsidérés. S'il te plaît. »

Malgré tout, Caleb se sentit un peu soulagé que Scarlett ne refuse pas de but en blanc sa proposition de partir rencontrer ses parents en Ecosse : ce projet, ils l’avaient déjà eu plusieurs années plus tôt, mais entre leurs emplois respectifs, leur implication auprès des organisations pro mutantes, mais aussi les propres occupations et obligations de ses parents, il s’était montré bien plus compliqué que prévu de trouver une date, un moment pour se réunir. Et puis, il comprenait qu’elle puisse appréhender un peu : elle n’avait jamais rencontré que Fiona, et de toute sa fratrie, elle n’était clairement pas la plus tendre du lot. A coup sur, Scarlett saurait conquérir le cœur de ses frangins et de ses parents sans la moindre difficulté. Elle était belle, drole, intelligente, elle avait l’esprit de famille… Elle avait tout ce qu’il fallait pour appartenir au clan Munroe, même capillairement parlant, alors franchement, ce n’était pas lui qui s’inquiéterait de ce voyage. Le seul véritable risque, c’était que ses frères refusent de laisser leur future belle sœur repartir. Il ne voyait rien d’autre.

- Hum, oui je leur en ai parlé, mais figure toi que Fio’ était déjà passée par là, alors je me suis plus fait engueuler de ne pas les avoir prévenu plus tôt qu’autres choses… Bon, j’ai du réexpliquer un peu tout ça, l’histoire de Garret etcetera, mais au final … Ils sont contents, vraiment.

Et il n’avait même pas à forcer le trait. Après tout, les Munroe étaient au courant des sentiments de Caleb pour la jeune femme. Ils savaient aussi que leur rupture était du à un traumatisme qu’ils avaient du surmonter chacun de leur côté, et non à une faute de l’un ou de l’autre. Et puis c’était qu’il la vendait bien, sa rouquine, il n’avait pas lésiné sur les détails et les compliments pour donner envie à chacun de la connaitre de plus près, en face à face.

- Ne pense pas à Fiona, s’il te plait. C’est un vrai phacochère parfois, non, ne rigole pas, c’est vrai, ça a été son surnom pendant longtemps ! Mais elle n’est pas méchante. Elle a juste… elle a pris à cœur tout ça, et comme elle était la seule de la famille à être présente à ces moments là… tu peux comprendre qu’elle l’ait un peu pris personnellement, forcément… Mais je ne perds pas espoir que ça s’arrange, vous avez quand même une vocation commune, ce n’est pas rien…

A la question des procès, il haussa les épaules sans répondre ouvertement : ça, il pouvait parfaitement n’être prévenu qu’une dizaine de jours avant, et il n’avait pas voix au chapitre. Simplement, les juges étaient des êtres humains eux aussi, avec des enfants, une famille : programmer une audience à cette période, c’était punir les avocats et les victimes à passer leurs fêtes au tribunal plus qu’une véritable sanction pour les accusés. Alors il avait bon espoir de pouvoir passer au travers, et de pouvoir savourer quelques jours de calme, de plénitude et de fête. La dernière remarque de Scarlett lui tira un petit sourire, alors qu’il venait se hisser sur le canapé auprès d’elle, penchant son visage au dessus du sien tout en douceur :

- Je te le promets. Il ne m’arrivera rien. Maintenant que je t’ai avec moi, je suis de nouveau invincible, et je n’ai aucun intérêt à me mettre ouvertement en danger. Ceci étant entendu …

Un nouveau sourire gourmand apparut sur les lèvres du jeune homme, alors qu’il se rapprocha un peu plus, ses mains jouant avec les boutons de la chemise de la pédiatre :

- Je pense que nous devrions nous remettre à … discuter de choses plus sérieuses, parce que si toi tu as faim de fruits, moi c’est plutôt ton corps sous ce vêtement qui m’a mis en appétit …

Insatiable de Scarlett, il l’était assurément. Mais il assumait, totalement, entièrement, sans la moindre concession. Alors si elle voulait bien encore un peu de lui, puisque de toute façon ils n’iraient pas travaillé ni l’un ni l’autre, il n’était pas contre un second round de ces choses merveilleuses qu’elle savait faire de son corps contre le sien ….