Sujet: i just can’t let go ‘cos it haunts me like a friend + malachi&octavia Lun 28 Sep 2015 - 12:30
This heart is tired and old. This heart is charcoal and cold. This heart throws the white flag where it gets hard and numb.
La nuit était en train de recouvrir Radcliff de son manteau d’ébène alors que le froid de l’hiver atteignait les os de l’ombre avançant dans les rues désertes. Le cœur appesanti par cette obscurité protectrice, Priam filait à travers la nuit comme d’autres traversaient la vie. Le pas déterminé, le torse bombé et la démarche rapide de ces gens pressés se précipitant toujours quelque part. Depuis son arrivée à Radcliff, le brun avait eu l’impression de se faire bousculer par la vie comme jamais auparavant. Entre quatre murs et des barreaux les choses étaient moches, les âmes décrépies se battaient pour une once d’espoir. De ce côté-ci des murs et des barreaux, le monde n’était pas plus beau. La violence était tacite, la peur guidait les poings tendus prêts à s’abattre. Au moins, enfermé dans une geôle qu’il avait choisie, l’ex-détenu savait à quoi s’attendre. Dans cette ville, au milieu de ce chaos masqué par des sourires en coin, le Mikaelson ne savait pas comment agir, comment réagir. Les chasseurs lui collaient aux basques, respiraient dans sa nuque pour qu’il sente l’urgence, il courrait après une chimère signe révolu de son espérance et plus rien ne faisait sens. Peut-être était-ce la raison pour laquelle il s’était tourné vers ses anciennes habitudes. Ou plutôt, c’était le besoin d’argent qui l’avait mené là. Le besoin d’un argent facile à obtenir et surtout d’un lourd manque de capacité pour n’importe quel autre emploi. Il fallait admettre la vérité, qui serait assez clément dans cette ville que pour offrir une seconde chance à un ancien détenu venu à Radcliff pour dieu seul savait quoi ? Priam n’était pas arrogant, mais il se savait intelligent. Plus encore, il se savait débrouillard et, dans cette vie qui lui avait été pressé entre les mains, il savait que c’était ça qui comptait réellement. Se retrouvant en face d’une bâtisse dont il n’aurait certainement jamais osé rêver, même dans les plus fous de ses fantasmes, le brun fourra sa main dans sa poche afin de vérifier l’adresse. Ses yeux firent la navette entre la porte d’entrée de ce qui s’apparentait à un manoir et le bout de papier froissé entre ses doigts. C’était bien là, aucun doute pour Priam. Il avait été informé que la maison où logeait le Koraha pouvait être imposante, il ne se serait pourtant pas douté de l’effronterie d’un tel bâtiment. Soupirant amusé par l’ironie de cette vie où les trafiquants pouvaient se permettre de vivre dans ce genre de maison quand les gens d’en dessous peinait à se débattre avec ce qu’il avait, il fit face à la porte avant d’abattre son point à plusieurs reprises contre le bois. N’entendant aucun bruit de l’autre côté du bois massif Priam répéta cette action à plusieurs reprises avant de pester. Il n’avait pas envie de se geler le cul sur ce porche d’entrée en attendant que le maître des lieux ne daigne venir lui ouvrir. S’apprêtant à frapper une nouvelle fois, le mutant s’arrêta en voyant la porte s’ouvrir et dévoiler un homme encore jeune et bien trop apprêté à son goût. Face à l’inconnu, le Mikaelson le toisa une seconde du regard avant d’ouvrir la bouche : « Je cherche un dénommé Seth Koraha, on m’a dit qu’il pourrait m’offrir du boulot. » Souffla le brun avant de sourire légèrement même si l’océan de son regard restait figé sous la glace. En prison, Priam avait dû essuyer de nombreux coups à cause de son désir d’élévation au-dessus de sa condition. Tout le monde n’aimait pas les arrivistes, encore moins ceux trop capables pour leur propre bien. Le brun savait où était sa place, dans ce cas-ci c’était lui l’homme avec une demande. Lui, la personne prête à s’avilir si ça signifiait obtenir ce qu’il était venu chercher. Il savait le prix de la vie et que parfois se trouvait les plus beaux joyaux dans les cœurs les plus noirs. Il suffisait de savoir où creuser « Je m’appelle Priam Mikaelson, je suis pas méchant, promis. Je viens juste de sortir de prison et j’ai besoin d’un boulot. » Le sourire divisant son faciès éclairait son visage d’une lueur d’amusement pleinement assumée, il s’amusait à voir les réactions de cet inconnu se peindre furtivement sur ses traits. Il avait à peine le temps de voir les émotions glisser sur le visage de son interlocuteur que déjà ce dernier semblait reprendre une contenance qu’il n’avait perdu qu’une fraction de seconde. Les secondes passaient et Priam était de plus en plus certain de ne pas faire face à l’homme qu’il était venu chercher. Il y avait quelque chose dans cet inconnu qui ne faisait pas trafiquant de drogue. Peut-être la douceur de ses traits ou cette lueur encore innocente capable d’éclairer son regard. Cet inconnu n’avait pas le regard dur et la mine renfrogné de ceux prêts à tout, même profiter des âmes plus faibles. « Sans vouloir te vexer, je pense pas que tu sois l’homme que je cherche. Tu pourrais me dire où il se trouve ou peut-être que je peux l’attendre ? » Attendant à peine la réponse de son interlocuteur, Priam s’avança vers la porte afin de passer cette dernière et découvrir un hall d’entrée bien trop luxueux pour lui. Il dénotait presque dans le décor avec ses vêtements sombres dont l’usure devenait progressivement visible. A croire que tout dans sa personne respirait insuffisance propre aux gens qui se contentaient des petits riens. A croire qu’il était un intrus sur une toile de maître et attendait l’instant où son existence allait être effacé de cette fresque où il n’avait pas sa place.
Dernière édition par Priam Mikaelson le Lun 28 Sep 2015 - 17:52, édité 2 fois
Invité
Invité
Sujet: Re: i just can’t let go ‘cos it haunts me like a friend + malachi&octavia Lun 28 Sep 2015 - 16:13
Koha-What?
|►
Malachi venait de rentrer Jumbo de sa dernière promenade de la journée quand quelqu’un sonna à la porte. Il avait tout juste eu le temps de poser son manteau sur l’un des fauteuils dans la véranda et de détacher la laisse du chiot qui jappait joyeusement en cherchant déjà un jouet pour épuiser un peu plus son maitre, malgré leur longue promenade. Malachi avait prévu d’être seul pour une bonne partie de la nuit : Evangeline devait rester au travail pour la nocturne du stand de tir, et devrait se faire ramener par une escorte, et une mission des Uprisings prévoyait qu’un ou deux agents débarqueraient chez lui, mais uniquement plus tard dans la soirée, sous les coups de minuit environ, mais probablement pas avant. Il aurait le temps de travailler un peu, de faire à manger pour tout ce petit monde et de s’occuper du chiot avant que la maison ne prenne vraiment vie. Ou tout du moins, c’est ce qu’il pensait.
Le motiopathe était donc dans la véranda quand le bruit d’un poing fermé résonnant sur sa porte lui fit relever la tête et froncer les sourcils : le couvre feu allait être instauré dans quelques minutes à peine, et on venait déjà s’abriter chez lui ? Il vérifia rapidement son téléphone, mais aucun de ses messages récents ne le prévenaient d’une visite prochaine. Ca ne pouvait pas être Evangeline non plus, son épouse avait les clés de la porte d’entrée et ne toquait plus depuis des mois. Alors qui ? Le professeur s’était redressé pour traverser le salon et l’entrée d’un pas rapide, congédiant Jumbo dans son panier dans la cuisine. On ne savait jamais, les gens pouvaient parfois avoir peur des chiens. Il découvrit sur son palier un jeune homme dont l’air un peu perdu n’avait rien à envier au regard humide de son chiot : Malachi marqua un temps d’arrêt, vaguement circonspect par l’apparition de cet individu dont le visage ne lui revenait absolument pas. Enfin revenait, pas qu’il lui fut déplaisant, simplement il était à peu près sûr de ne jamais l’avoir vu de sa vie. Il haussa même un sourcil quand le jeune homme se décida à ouvrir la bouche pour lui offrir une explication qu’il n’aurait même pas envisager même après quelques verres de Whisky : Pourquoi diable venir chercher cet énergumène de Koraha chez lui ? Certes, il l’avait hébergé quelques fois, plus d’une même, quand l’urgence l’exigeait, mais de là à en faire son QG, c’était peut-être un peu fort. Le garçon avait du se rendre compte de sa surprise malgré son mutisme, et la confondant peut être avec de la méfiance, s’empressa de se présenter d’une façon assez… Surprenante. Pas méchant, vraiment ? Malachi jeta un rapide coup d’œil à l’aura tranquille logée dans la cage thoracique de Priam : il semblait vaguement nerveux, mais pas agressif. Il ne risquait pas de lui sauter à la gorge tout de suite en tout cas. Malachi s’autorisa un petit sourire vaguement amusé par le bagout de celui qui se tenait droit comme un « i » face à lui :
- En voilà une promesse rassurante, Monsieur Mikaelson …
Ainsi, c’était l’un des sbires de Seth qui avait amené ce Priam jusqu’à sa porte. Cela ne voulait dire qu’une seule chose : l’homme à l’air encore juvénile devait être un mutant, sans quoi personne n’aurait songé à aiguiller un repris de justice jusqu’à chez lui. Ma fois, pourquoi pas. Ce ne serait pas le premier, ni le dernier. Malachi camoufla un éclat de rire dans un toussotement quand le jeune homme lui indiqua qu’il n’avait pas vraiment l’air d’un dangereux chef de gang. Il était assez évident que dans son costume trois pièces de professeur d’université, il était loin du punk à crête qui squattait régulièrement une des chambres d’amis et bouchait l’évacuation de la douche avec des résidus de sa mutation. Il referma la porte derrière le jeune homme sans s’ombrager de sa familiarité : il en avait vu tellement passé ici que ce n’était pas son tutoiement naturel et son air inquisiteur qui allait déstabiliser le professeur. Il jeta un coup d’œil rapide dans la rue, s’assurant que Priam n’avait pas été suivi avant de se reconcentrer sur son invité surprise : ce dernier semblait dévorer le corridor des yeux, observant le moindre tableau, le moindre bibelot qui occupait l’entrée. Apparemment, il avait ce reflexe que pas mal des « amis » de Seth avait de repérer les objets de valeurs dans une pièce. Il se racla la gorge avant d’enfin répondre aux interrogations de Priam, se replaçant devant le jeune homme :
- Je me permets de te tutoyer, puisque tu en as fait naturellement de même avec moi. Tu as tout à fait raison, je ne suis pas Seth et ceci n’est pas sa … Maison. Je m’appelle Malachi Porter, je suis le propriétaire des lieux Seth vient régulièrement ici, mais je doute qu’il se montre ce soir … Avançons dans le salon je te prie, on ne va pas rester planter dans le corridor toute la soirée …
L’invitant d’un geste de la main à avancer jusqu’à la prochaine pièce, il laissa à Priam le loisir de choisir son fauteuil, alors qu’il sortait lui-même son téléphone de sa poche de veste :
- Je vais prévenir Seth que tu es là … Je suppose que si quelqu’un t’a donné mon adresse, c’est que l’homme des sables était trop occupé pour s’occuper de ta sécurité lui-même pour ce soir … Tu es nouveau dans le coin n’est ce pas ? Tu es arrivé à peine quelques minutes avant le couvre feu général, je suppose que tu as eu de la chance….
Le ton de Malachi était doux, tranquille, alors qu’il tapotait rapidement sur le clavier de son téléphone. A défaut si Seth n’était au courant de rien, maintenant, oui. Il rangea l’appareil pour s’asseoir avec précaution dans le fauteuil en face de Priam : l’aura de ce dernier était plus trouble qu’à son arrivée, aussi le professeur prit les devants, passant sa main sur sa chemise pour lisser un peu cette dernière tout en dénouant sa cravate de l’autre pour la poser sur le bras de son fauteuil :
- Je suppose que tu dois te poser plein de questions. Je peux essayer d’y répondre si c’est dans mes cordes, je suis plus ou moins là pour ça …
Priam Mikaelson
MEMBER - join the evolution.
MESSAGES : 921
SUR TH DEPUIS : 24/09/2015
Sujet: Re: i just can’t let go ‘cos it haunts me like a friend + malachi&octavia Lun 28 Sep 2015 - 17:40
This heart is tired and old. This heart is charcoal and cold. This heart throws the white flag where it gets hard and numb.
Priam avait l’impression que l’on s’était joué de lui. Au lieu de faire face à l’homme auquel il pensait avoir désespérément besoin de parler, il se retrouvait face à cet inconnu un peu guindé. Il avait la déplaisante impression qu’on s’était bien foutu de sa gueule en lui donnant cette adresse et en affirmant que ce qu’il cherchait si trouvait. Face à lui se trouvait un homme s’apparentant plus à un professeur dont le physique devait attirer pas mal de filles au premier rang, plus que d’une personne capable d’offrir un quelconque boulot au brun. Il n’était pas à même de se rendre compte que ce dont il avait véritablement besoin se trouvait peut-être entre ces murs. Il ne se doutait pas sans même le connaître, en lui donnant cette adresse un inconnu lui avait offert un échappatoire, une réponse aux questions qu’il ne s’était même pas encore posé. La seule chose traversant son esprit à cet instant était que les apparences pouvaient être trompeuses et qu’il aurait certainement dû s’assurer de la véracité de ses informations en faisant plus qu’une petite démonstration de ses pouvoirs. Malgré la certitude que cet homme n’était pas Seth et le fait qu’il doutait que les deux soient liés, le Mikaelson s’invita nonchalamment chez cet inconnu. Il avait cette impétuosité propre à ceux qui ne possèdent rien. Cette effronterie propre à ceux qui ne craignent plus de tout perdre. En observant les lieux, les peintures aux murs, les bibelots choisis avec un soin tout particulier, mais des goûts douteux selon le mutant, il se disait qu’il n’avait rien à craindre de cet homme. Il fallait dire que ce dernier semblait plus avoir sa place au milieu d’une conférence sur le féminisme à travers les âges qu’au cœur d’une bagarre générale. Les yeux posés sur un vase qui aurait certainement pu subvenir à ses besoins une bonne partie du mois, Priam se laissa arracher à ses pensées par le raclement de gorge du propriétaire des lieux. Plongeant l’océan de ses yeux dans celui de son interlocuteur, il ne se gênait pas pour le toiser de la même manière qu’il le faisait avec les objets de la pièce. Il s’interrogeait, jaugeait la valeur, réfléchissait avant de laisser ses yeux glisser sur autre chose. Cependant, lorsque l’homme qui s’appelait Malachi ouvrit la bouche, le brun lui faisant face ne détourna pas les yeux. Au contraire, il l’observa intéressé avant de sourire largement amusé par les manières du Porter. Il n’y avait que les gens les poches pleines de fric qui pouvaient croire que le vouvoiement leur était dû et non qu’ils devaient gagner le respect de leur interlocuteur. Analysant chaque fragment d’information que le propriétaire des lieux lui donnait, Priam fourra ses mains dans ses poches avant de se diriger vers le salon en silence. Il avait beau essayer d’emboiter les pièces de ce puzzle lui faisant face, le brun avait encore du mal à comprendre. Pourquoi était-il ici ? Plus encore, pourquoi une personne avec une maison de cette ampleur invitait dans son salon une personne au passé trouble. Ca n’était pas que Priam n’aimait pas ne pas se faire rejeter, mais il avait l’impression que Malachi avait toutes les raisons du monde de l’abandonner à la porte plutôt que de l’inviter en sa demeure. Puis pourquoi une personne du gabarit du Koraha fréquentait quelqu’un comme le Porter. Ce dernier n’avait pas l’air d’être un camé, l’ex-détenu en avait vu trop que pour ne pas arriver à les reconnaître. Ecoutant Malachi parler, Priam faisait de son mieux pour feindre la nonchalance alors qu’il s’installait sur le divan lui paraissant être le moins cher et le plus éloigné des autres. Il savait comment les apparences pouvaient jouer en la défaveur des gens et refusait d’afficher l’once de malaise que toutes les questions apparaissant sous son crâne lui imposaient. « [coloc=cornflowerblue]Je suis, en effet, nouveau dans le coin… Et on pourrait dire que j’ai eu de la chance ou que j’ai du mal à m’habituer au couvre-feu.[/color] » Evitant soigneusement le regard de Malachi, les yeux du Mikaelson se posaient sur le décor et l’opulence que les murs semblaient recracher par gerbe de fleurs fanées, il cherchait à cacher son jeu le temps d’en apprendre plus. Il avait l’impression que Malachi ne voulait que son bien, mais dans un même temps n’osait pas véritablement lui faire confiance. De la même manière qu’il n’avait pas totalement fait confiance aux personnes lui ayant indiqué cette adresse comme étant un lieu où il pourrait recevoir de l’aide et en offrir. Souvent Priam s’apparentait à un animal sauvage. Un loup solitaire n’ayant jamais réellement offert sa loyauté qu’à une personne. Face au reste du monde il montrait les crocs, gardait ses distances de peur de se faire attaquer. A cet instant précis, bien qu’il semblait obnubiler par les œuvres d’arts reposant dans la pièce et les finitions du fauteuil sur lequel il était installé, le mutant était sur ses gardes. Toutefois, la sollicitude du Porter semblait sincère. Peut-être était-ce la raison pour laquelle il répondit sans réfléchir ou filtrer ses pensées. « Radcliff a toujours été une ville aussi extrême ? Je veux pas paraître chauvin, mais même du temps où je vivais à Lexington les autorités étaient pas aussi extrêmes. Pourtant je vivais pas dans un beau quartier. » Les souvenirs du brun remontèrent à la surface à l’évocation de sa banlieue. Des fois il se disait qu’il aurait mieux fait de retourner chez lui, ramper dans la fange dont il s’était défait en atteignant la case prison. Cependant, l’idée d’abandonner son ancien foyer lui était moins douloureux que celle de ne pas courir après Octavia. Puis, ce n’était pas comme si dans sa position il avait le choix. « On m’a dit que je pouvais trouver de l’aide à cette adresse et que je pourrais être utile. En plus d’être cryptique, cette information était trompeuse vu que je m’attendais à tomber sur un trafiquant prêt à m’offrir du boulot. Pas à un ami des mutants. Je me trompe sur ton compte où ma conclusion est bonne ? » Reposant son regard ombragé sur l’homme lui faisant face, Priam pensa une seconde qu’il avait été trop loin en verbalisant ce qu’il avait cru comprendre. C’était la seule chose paraissant logique au mutant. Il ne voyait pas pourquoi on l’aurait envoyé ici, si ce n’était parce qu’on l’avait jaugé et jugé que c’était ce dont il avait véritablement besoin.
Invité
Invité
Sujet: Re: i just can’t let go ‘cos it haunts me like a friend + malachi&octavia Mar 29 Sep 2015 - 0:17
Koha-What?
|►
Le motiopathe n’avait pas de mal à imaginer le désarroi et la contrariété du jeune homme en face de lui, bien que ce dernier tentait de faire bonne figure. C’était tout à son honneur d’ailleurs, bien qu’il eut malgré tout l’air mal à l’aise. Ce dernier devait s’attendre à croiser un grand calédonien à l’air patibulaire, et se retrouvait face à un professeur à l’accent gallois et à l’étrange démarche. Bon, à sa décharge, Malachi trouvait la réputation de Seth un peu surfaite : une fois qu’on le connaissait un petit peu, il était tout sauf impressionnant ou patibulaire, c’est plus une sorte de business man flambeur à la tchatche sans limite. Il attendit patiemment que ce fameux Priam reprenne la parole, et c’est ce qu’il fit et pas qu’un peu. Son débit était rapide, mais assuré, avec ce petit accent de gosse qui n’a pas vécu dans l’upperside. Un gamin des rues dont les intonations lui rappelaient d’ailleurs étrangement quelqu’un, mais que la fatigue empêchait d’identifier tout à fait. Ainsi il était nouveau en ville, plutôt logique, sinon il aurait eu un autre endroit pour dormir cette nuit. Sa remarque sur le climat de la ville lui tira un sourire triste, alors qu’il secouait lentement la tête pour répondre prudemment :
- Disons que Monsieur le Maire a un avis très … tranché sur la condition mutante, et que les milices anti transmutance sont plutôt vivaces dans l’Etat. Ce n’est pas encore le Texas, mais il faut savoir se faire discret, en temps voulu …
Alors qu’il répondait à Priam, un détail du discours de ce dernier atteint finalement le cerveau du professeur dans une étrange résonnance : Lexington … il connaissait quelqu’un de Lexington. Il était sur qu’on en lui avait déjà parlé, au moins une fois, bien qu’il n’y soit jamais allé. Il plissa furtivement le nez, un peu comme lorsque l’on a une odeur dans le nez ou une saveur étrange sur le bout de la langue, avant de lisser à nouveau ses traits dans une posture de parfait hôte. Une case s’était mise à briller dans un coin de son esprit, mais il avait encore besoin d’une ou deux informations pour s’assurer que sa mémoire, certes sur entrainée, ne se jouait pas de lui … il croisa ses mains sous son menton, appuyant ses coudes sur les bras de son fauteuil, fixant Priam de son regard étonnement clair :
- Je comprends ta confusion. A vrai dire, je ne m’attendais pas à ce que tu débarques non plus… Mais je suppose que c’est un moindre mal. Laisse moi t’expliquer : Je ne doute pas une seule seconde que Koraha soit en recherche de main d’œuvre, il doit y avoir un certain … turn over dans ses équipes, au regard de la situation en ville. Simplement, c’est un homme prudent, et le rencontrer n’est pas nécessairement chose aisée. Il se sert souvent d’intermédiaires, de rencontres organisées, j’en passe … Il a du considérer, lui ou un de ses gars, que tu serais entre de meilleures mains ici qu’à errer dans la rue, à la merci des forces de l’ordre ou des hunters … Me trompe je ?
La dernière phrase du mutant, puisqu’il était à peu près sur à présent que c’était un mutant, lui tira un petit ricanement amusé, alors qu’il se redressait de son fauteuil : non pas qu’il débordait d’énergie, mais il avait faim, et le repas n’allait pas se préparer tout seul.
- La conclusion est bonne. Cette maison est grande, éloignée du centre, avec des haies suffisamment hautes pour tenir les voisins dans l’ignorance des activités à laquelle on peut s’y adonner : Aussi, je considère que c’est de mon devoir d’offrir le gite et le couvert, au moins temporairement, à mes congénères. Après tout si on ne se soutient pas entre nous, qui le fera ?
Il resta silencieux, immobile, juste une poignée de seconde, le temps que Priam digère la quantité d’informations qu’il lui avait délivré en quelques phrases à peine, avant de reprendre d’un ton léger :
- J’allais finir de préparer le repas quand tu es arrivé, je présume que tu as faim ? Et pas de mensonges avec moi, je suis un peu magicien, je sais quand on me ment ou non.
En réalité, son don ne détectait pas les mensonges, mais les changements subites d’aura étaient des indicateurs assez fiables, en général. Il fit un mouvement de tête en direction de la cuisine à Priam, qui n’eut d’autre choix que de suivre le motiopathe dans l’immense cuisine entièrement équipée. Malachi savait que sa femme était allée chercher un poulet rôti le matin même avec des pommes de terre sautées. Une aubaine, ils n’auraient plus qu’à réchauffer l’ensemble pour se remplir le ventre et, au regard de l’éclat dans les iris de son invité, Malachi se demanda depuis quand ce dernier n’avait pas pris un bon plat chaud. Enfournant le tout dans le four, Malachi s’étira avant de s’adosser au plan de travail, face à Priam :
- Je m’excuse d’avance de la question si elle te semble cavalière, mais je me dois de te la poser, pour des raisons de sécurité évidente : Quelle est la teneur de ton don et quelle est ton degré de maitrise de ce dernier ? Si je dois te confier une chambre pour la nuit, je préfère savoir si je dois prévoir, je ne sais pas, un extincteur au pied du lit ou de couper l’électricité pour éviter de mauvaises surprises… Question d’habitude.
Voilà, la perche était tendue, il espérait que Priam la saisirait de bon cœur. Après tout lui-même s’était montré d’une relative transparence face à lui, il voulait croire que cela suffirait. De toutes façons, il finirait pas savoir. Il avait les capacités de faire parler Priam, bien qu’il préfèrerait toujours que celui-ci le fasse de son plein gré …
Priam Mikaelson
MEMBER - join the evolution.
MESSAGES : 921
SUR TH DEPUIS : 24/09/2015
Sujet: Re: i just can’t let go ‘cos it haunts me like a friend + malachi&octavia Mar 29 Sep 2015 - 11:22
This heart is tired and old. This heart is charcoal and cold. This heart throws the white flag where it gets hard and numb.
Bien qu’il restait instinctivement sur ses gardes, Priam ne se sentait pas menacé par Malachi. Ce dernier semblait sincère et prompt à répondre à ses questions. Même s’ils ne venaient pas des mêmes mondes, leurs manières témoignant à leur place, l’homme lui faisant face ne semblait pas hypocrite. Tout du contraire à croire la sincérité avec laquelle il répondit en ce qui concernait les déboires de la ville. Néanmoins, le Porter conservait cette bienséance qui pouvait sonner faux. Malgré tout, dans la bouche du brun, les mots sonnaient juste et semblaient plein d’une sincérité indiscutable. Faisant confiance à son instinct, Priam pensait sincèrement pouvoir lui faire confiance, même s’il continuait à jouer en prenant soin de ne jamais en dire trop. Il avait été éduqué comme ça, loin de la convenance et des bonnes manières, dans un milieu où la méfiance vous tenait en vie plus longtemps qu’un cœur trop prompt à s’offrir. Toutefois, Malachi était un homme sincère qui semblait prêt à répondre à toutes ses questions. Le pyrurgiste s’en étonna presque lorsque l’homme lui faisant face répondit sans détour avant d’insérer ses propres conclusions. Le thème des hunters était un sujet sensible pour le brun. Il ne voulait pas paraître malpoli ou outrageusement précautionneux, mais n’était pas encore près à vider l’entièreté de son sac en se dévoilant trop volontiers. Préférant ne pas nier, ni s’expliquer en profondeur, Priam se contenta d’hocher la tête gravement alors que ses pensées le ramenaient à l’homme le tenant en laisse. Il avait besoin d’aide, c’était un fait, mais il ne savait pas encore où la trouver. Cette demeure lui semblait être un bon endroit par où commencer à chercher. Son interlocuteur aussi. Lorsque Malachi se redressa, le brun se demanda ce qu’il comptait faire. Malgré lui, habitué à des prisonniers trop prompts à changer d’avis pour un oui ou un non, il s’enfonça un peu plus dans les coussins du fauteuil alors que ses yeux dansaient entre les portes de sortie de la pièce. Lorsque le maître des lieux se remit à parler, Priam se trouva idiot d’agir comme une bête en cavale alors qu’on lui offrait le gite aussi volontairement. Particulièrement piqué à vif par la dernière remarque du Porter, il digéra un instant les informations avant de répondre, plus pour lui que pour l’homme en face : « On est, en quelque sorte, à l’Institut et t’es un peu le professeur Xavier, la chaise roulante en moins. » Amusé par ce rappel de son enfance passée dans les bds et les comics, Priam se disait qu’il n’était pas si mal tombé si cet endroit était véritablement ce que Malachi disait. Lorsque ce dernier parla de repas, le brun ne pu masquer l’envie éclaboussant ses traits. Il n’avait plus eu de véritable repas depuis sa sortie de prison et même avant sa sortie le mutant se contentait de la nourriture en carton bouilli qu’on leur servait. L’idée de se mettre quelque chose de chaud et de plus savoureux que la nourriture de motel et des plats tout fait mangés sur le pouce entre deux rencontres avec ce hunter qu’il détestait tant. « Loin de moi l’idée de mentir. » Se contenta de répondre le pyrurgiste en suivant son hôte. Priam n’aimait pas mentir, en tout cas pas lorsque ça n’était pas nécessaire. Il était trop soucieux et intelligent que pour s’emmêler lui-même dans un embranchement inextricable de mensonges. Il était précautionneux, mais restait serein. Malachi ne lui avait donné aucune raison de s’inquiéter ou douter de sa personne. Même s’il était encore un peu perturbé, le pyrurgiste commençait doucement à se faire une image de l’endroit où il était tombé. Un endroit qui aurait pu être bien moins plaisant à en voir la richesse des lieux. S’adossant au mur à côté de la porte de la cuisine, il était naturellement venu se mettre au seul endroit dans la pièce lui permettant de quitter les lieux en un clin d’œil ou de ne pas se faire surprendre par un nouveau venu. Même s’il voulait y croire, le Mikaelson trouvait cette charité presque trop belle. Alors, même s’il était prêt à offrir sa confiance au Porter, il préférait être sur au cas où. Regardant l’homme réchauffer un plat dont la simple image réussi à arracher une moue envieuse à Priam, il l’observait agir dans sa cuisine comme s’il n’avait pas un mutant inconnu dans son dos dont il ne savait rien. La manière dont Malachi semblait à l’aise et entièrement serein face à sa personne dérangeait presque le brun peu coutumier face à ce genre de comportement. Pour ce presque homme auquel la vie n’avait jamais offerte de répit, c’était difficile de voir tant d’acceptation inconditionnelle. C’est surement pour cela qu’il ne fut pas heurté par la manière dont l’homme lui faisant face était direct. « Je suis pyrurgiste. Je ne pense pas avoir besoin de l’extincteur au pied du lit, mais si ça peut te rassurer ça me dérange pas. » Hésitant un instant à faire l’étalage de son don pour les beaux yeux du Porter, Priam ne le fit pas par retenue. Il était habitué à masquer son pouvoir, ne s’en servir que lorsque c’était nécessaire. De plus, il n’était pas encore entièrement prêt à se dévoiler. Puis, d'un point de vue stratégique, faire l'étalage de ses capacités restait une faiblesse. Même s'il voulait croire en Malachi, il n'était pas forcément prêt à lui offrir un avantage si le vent venait à changer. « En ce qui concerne ma maîtrise, je dirais qu’elle est plutôt bonne. J’ai découvert mes pouvoirs quand j’étais gamin et, même si j’ai fini derrière les barreaux pour fuir des hunters et qu’ils ne s’en prennent pas à mes proches, je suis toujours en vie et aucune prison n’a cramé. Je dois être plutôt bon. » Affichant un sourire qui n’atteignait pas entièrement ses yeux, le mutant se mordilla légèrement la lèvre inférieur en pensant à ce qu’il avait fait pour protéger les gens qu’il aimait. Il pensait à ces six années qu’il avait perdu et le fait qu’il ne lui restait personne à part Octavia. Au final, il ne savait même pas si elle était toujours la même personne. Peut-être qu'il l'avait perdu au final. Peut-être qu'il avait besoin de vider son sac sur le sujet afin de savoir où il en était dans tout ça. Parce qu'il pouvait courir après une chimère, parce qu'il était prêt à s'user les doigts en essayant de l'attraper. Il ne voulait juste pas s'éteindre, pas se voir souffler par une bourrasque de vent ne ressemblant plus à l'alizée qu'il avait tant aimé.
Invité
Invité
Sujet: Re: i just can’t let go ‘cos it haunts me like a friend + malachi&octavia Mar 29 Sep 2015 - 23:15
L'aile ou la cuisse ?
|►
- Pyrurgiste … c’est un don plutôt rare, je crois n’en avoir croisé qu’une seule en des années de carrière… et pourtant j’en ai croisé, des gens « doués » … Devant tant d’honnêteté, il serait évidemment bien impoli de ma part de ne pas me montrer transparent à ton égard : je suis motiopathe, je distingue les émotions des gens et peut les manipuler à loisir. Avant que tu ne poses la question, non, je ne m’en suis pas servi sur toi. Je ne me permets, dans la grande majorité des cas, d’interférer dans l’inconscient des gens sans leur accord préalable. Question de savoir vivre.
Ce Priam n’avait décidemment pas l’air d’être un mauvais bougre : ce n’était qu’un pressentiment, mais Malachi avait un instinct assez sur. Il était mal dégrossi ce gosse, mais ça ne venait pas d’un mauvais fond, plutôt d’une vie probablement pas vraiment généreuse avec lui. Il ressemblait vraiment beaucoup à … à une autre demoiselle des rues qui venait souvent lui voler des cookies dans ses placards et des pulls très chauds dans son armoire. Doucement, Malachi hoch la tête à la réponse de Priam, soudainement songeur : Voilà donc pourquoi le prénom du pyrurgiste ne lui était pas totalement inconnu, malgré son évidente rareté, c’était simplement qu’il l’avait déjà entendu dans la bouche de son amie. Une fois, peut être deux, mais quand on était enseignant chercheur comme Malachi, on avait le chic pour retenir beaucoup, beaucoup de détails a priori sans importance. Or, sur ce coup ci, il y en avait. Priam appartenait à l’ancienne vie de cette demoiselle, une vie sur laquelle elle avait tiré un trait depuis des années, lui avait elle dit. Etait ce vrai ? Savait elle qu’il était ici ? Malachi s’interrogeait intérieurement en mettant les couverts sur l’ilot central de la cuisine, avant que la comparaison avec le personnage handicapé de Stan Lee le chasse de ses pensées. Le parallèle le flatta, alors qu’il tendait une serviette et quelques condiments à Priam pour qu’il les pose sur la table et prenne place :
- Dieu m’en garde, il me reste une de mes jambes sur les deux. Et puis pour l’instant, je ne fais qu’héberger des gens qui en ont besoin. J’ai parfois aidé des mutants en manque de contrôle, mais je n’ai pas vraiment eu le temps encore de me pencher sur une méthodologie pédagogique pérenne et modélisable sur le long terme … D’ailleurs, tu savais que Jack Kirby le dessinateur initial des Xmen était un des notres ? il était télépathe, et c’était comme ça qu’il travaillait avec Stan Lee : Lee visualisait les histoires dans sa tête, et Kirby retranscrivait ce qu’il « voyait ». ça valait tous les scripts et tous les scénarios.
Satisfait du petit effet qu’avait provoqué son anecdote sur le jeune homme, le professeur se pencha devant le four en grinçant un peu –foutu prothèse-, laissant Priam à ses réflexions. Enfin, ce dernier n’avait surement pas eu le temps de cogiter à grand-chose, puisque que le grand oublié de cette histoire venait de se décider à faire remarquer sa présence : Jumbo, Chiot dalmatien de quelques mois, était resté jusque là plutôt sage, à affalé dans son canapé dans un coin de la pièce, avait largement eu le temps de récupérer de sa promenade. Voilà le petit tacheté qui s’approche en trottant de cet inconnu à l’odeur de grand air et de fumée, se levant sur ses deux pattes arrière pour poser les deux autres sur le jean de Priam en couinant joyeusement. Il attendit une gratouille, essayant de lécher la main du mutant de sa petite langue rapeuse, fourrant son museau dans sa paume avant de s’enfuir dans le salon pour revenir, fier comme un coq, avec un os en caoutchouc entre ses crocs de lait, la queue battant la mesure de ses pas sautillant. Jumbo voulait jouer, et Priam n’aurait de repos que lorsque le chiot aurait son lot de caresses, gratouilles et jet de pouic pouic bruyant. Il posa le jouet sur la chaussure de Priam et se planta devant lui avec un air impatient. Malachi se retourna à ce moment là, le plat de poulet dans les mains, glissant son regard azuré du mutant au chiot avec un sourire distrait :
- Je n’ai pas fait les présentations tiens … Priam, je te présente Jumbo, 15 kilos de bêtises et d’insouciance sur 4 pattes. Jumbo, voici Priam, ce sera notre invité ce soir.
Jumbo jappa comme pour saluer le mutant, se roulant sur le dos, les quatre fers en l’air, l’air manifestement d’attendre quelque chose. Malachi secoua la tête, posant le plat sur l’ilot, découpant de larges pans de viande sur les flancs de la volaille. Une fois installé, il servit Priam avant de se servir à son tour, entamant son repas sans attendre :
- Alors dis moi, qu’est ce qui t’amène à Radcliff précisément ? Il y a d’autres villes où profiter de sa liberté toute neuve … Tu as de la famille dans le coin, de quelconques attaches ?
Malachi découpa un morceau de blanc pour le porter à sa bouche, alors que ses yeux s’allumaient d’une lueur d’amusement que Priam ne comprendrait probablement pas. Il ne savait pas que les cartes n’avaient pas été distribuées équitablement et qu’à cet instant précis, il en savait probablement bien, bien plus que ce que le cracheur de feu pouvait l’imaginer …
Priam Mikaelson
MEMBER - join the evolution.
MESSAGES : 921
SUR TH DEPUIS : 24/09/2015
Sujet: Re: i just can’t let go ‘cos it haunts me like a friend + malachi&octavia Mer 30 Sep 2015 - 0:35
This heart is tired and old. This heart is charcoal and cold. This heart throws the white flag where it gets hard and numb.
Priam écoutait, malgré lui, les propos de Malachi avec une fascination similaire à celle d’un élève écoutant son professeur. Le brun ne s’était jamais interrogé sur la récurrence de son don. A vrai dire, il n’avait jamais songé à la possibilité que d’autres personnes puissent posséder un don similaire au sien. Avant la prison, le garçon ne connaissait pas énormément de monde faisant preuve de don inhumains. Il avait beau réfléchir, mais ne se rappelait pas d’une de ses connaissances ayant fait étalage d’un pouvoir comparable à celui qu'il possédait. Certes, certains gamins étaient forts, d’autres étaient rapides, mais aucun n’avait un don surhumain. C’était surement pour cela qu’il n’avait jamais pensé à l’infime possibilité que sur cette planète quelqu’un d’autre puisse posséder un pouvoir équivalent au sien. Maintenant qu’il écoutait Malachi, buvant ses paroles comme un assoiffé découvrant une source d’eau claire, il se demandait pourquoi ça ne lui était jamais venu à l’esprit. Surement parce qu’il se pensait unique. Surement car il espérait être le seul dans cette position et garder à jamais ce trait qui le détachait du reste de la masse toujours en mouvement du monde. Encodant le reste du discours de Malachi, le Mikaelson pensa un instant au fait que ce dernier aurait pu manipuler ses émotions, mais celui-ci balaya cette pensée sans attendre. A croire qu’en plus de son pouvoir, il avait aussi la possibilité de lire dans les pensées. « C’est gentil de ne pas avoir été manipuler mes émotions contre mon gré. Je n’aurais pas apprécié. » Priam était étrangement sincère avec cet homme dont il ne savait presque rien. Il fallait dire que le Porter inspirait la confiance. Invitant ainsi les âmes égarées dans son foyer sans rien demander de plus que quelques informations. Il avait cet air débonnaire au visage qui le rendait forcément affable. Et puis, il était prompt à éclairer les autres de son savoir, le Mikaelson n’eut aucun mal à s’en rendre compte alors que l’hôte des lieux le renseigna sur les différences existantes entre cette maison et l’Institut ou lui et le professeur Xavier. Souriant amusé par l’aisance avec laquelle il pouvait parler de tout, Priam déposa les condiments que le motiopathe lui avait donné avant qu’une boule de poile courte sur pattes ne se mette en tête d’attirer son attention. Se baissant pour congratuler l’animal désireux de se faire remarquer, Priam s’amusait de l’énergie de la bestiole. Il n’avait jamais eu d’animal de compagnie, par désintérêt, mais aussi par absence de moyens. Néanmoins, face à l’animal, le cœur brut de l’homme aux traits enfantin s’adoucit. Il était amusé par l’animal agité et désireux d’être le centre d’attention. Le voyant quitter la pièce, Priam s’attendait presque à ce qu’il ne revienne pas, désintéressé par le nouveau venu qu’il était, avant de l’entendre revenir plus qu’il ne le vit au départ. Ayant à peine le temps d’attraper le jouet, le Mikaelson reposa son regard océan sur Malachi alors que ce dernier faisait les présentations. Après avoir lentement salué la bête d’un signe de tête, il lui lança son jouet alors que l’animal se roulait sur lui-même. Amusé par la bête dont les jappements joyeux témoignait de l’état d’esprit, il ne put s’empêcher de répondre : « Je comprends un peu mieux pourquoi on dit tel maître, tel chien. » Gratouillant le ventre du chiot qui semblait se laisser entièrement faire sous ses doigts, le pyrurgiste n’abandonna son nouvel ami que lorsqu’il se rendit compte que Malachi avait déjà commencé à manger. Déçu, l’animal alla se poser au pied du brun alors que ce dernier venait de s’asseoir. Trop heureux de faire face à un véritable repas que pour s’embarrasser des convenances et chercher à ne pas paraître affamé, Priam arriva à souffler avant de mordre dans un morceau trop gros de poulet pour sa bouche : « Merci pour le repas. » Alors qu’il mâchait sa bouchée de volaille, Priam se rendait seulement compte d’à quel point ça avait pu lui manquer de pouvoir profiter d’un véritable repas. Mangeant comme si on allait lui retirer son assiette, mâchant probablement plus de nourriture en une bouchée qu’il n’était convenable, l’ancien gamin des rues aurait eu du mal à cacher ses origines avec de pareilles manières. C’était comme si on avait tatoué dans sa chair le poids de ses origines, marqué au fer rouge son inadéquation avec cette demeure dans laquelle il était. Au contraire, Malachi semblait être dans son élément plein de cette superbe qui ne l’avait jamais quittée depuis l’arrivée de Priam. Le Mikaelson se demandait si, dans une autre vie, leurs positions auraient été inversées. S’il aurait été l’homme à la maison démesurée et au contraire le Porter le prolétarien. Interrompu par ce dernier, bien qu’il remarqua l’amusement dans son regard, le presque homme n’avait pas les informations nécessaires que pour comprendre. Pour toute réponse, dans un premier temps, le brun se contenta de mâcher la bouchée qu’il avait en bouche tout en réfléchissant à ce qu’il était prêt à dire. Priam n’aimait pas volontiers s’épancher sur ce qui l’avait mené à Radcliff. Ca n’avait jamais été dans les habitudes du Mikaelson que d’ouvertement affirmer sa faiblesse ou de parler de l’unique personne qu’il était toujours prêt à faire passer en première. Il était né dans un univers où la moindre trace d’impuissance se soldait par une remise à niveau. Un rappel que les faibles n’avaient pas leur place dans ce monde où l’on rencontrait plus souvent les poings que les mains tendues. Les yeux posés sur son assiette, jouant presque avec la nourriture qu’elle contenait, il céda finalement aux mots désireux de s’échapper de ses lèvres : « J’ai plus de famille… Juste une personne que j’espère retrouver. » Car la dernière fois qu’il l’avait vu, il avait rencontré un songe, un mensonge. Une ombre de son passé à laquelle était apposé le masque d’un présent qu’il ne comprenait pas. Conscient du don de Malachi, Priam aurait aimé pouvoir lutter contre cette vague amer recouvrant le bleu de son regard. Il aurait aimé empêcher son mental de virer à l’orage, mais son âme était aux abois. Le brun dépérissait de ne pas revoir son amie perdue tout en craignait des retrouvailles inévitables. Il avait peur de ce qu’il allait trouver. Peur que sous les robes de soirées et le maquillage de poupée ne se trouve plus rien de l’Octavia qu’il avait abandonné en se refusant un dernier coup d’œil. Il avait peur de l’avoir perdu et d’être arrivé trop tard, mais comment le dire ? Comment verbaliser à inconnu le trouble que faisait naître la simple évocation de son amie ? Se bornant au périmètre de son assiette, le Mikaelson allait prendre une autre bouchée lorsqu’il entendit le bruit sec d’une main abattue contre une porte. Les sourcils froncés, le brun reposa ses yeux sur Malachi avant de dire sur un ton interrogateur : « T’attendais quelqu’un ? »
Octavia Lovecraft
MEMBER - join the evolution.
MESSAGES : 1346
SUR TH DEPUIS : 11/10/2014
Sujet: Re: i just can’t let go ‘cos it haunts me like a friend + malachi&octavia Mer 30 Sep 2015 - 1:48
in the moment we're lost and found.
Les pieds nus glissaient sur les tuiles, oscillaient le long des gouttières, ombre tapie sur les toits à peine baignés de la lueur d'un croissant de lune. Ses côtes peinaient à refréner les ardeurs de son coeur, encore affolé par la course, par la peur un peu aussi, sans qu'elle ne daigne se l'avouer. Elle ne se faisait jamais avoir, jamais. Elle ruminait tout en boucle depuis plus de vingt minutes, laissant l'orage passer avant d'oser reprendre son chemin en direction du Nord. Elle ne rentrerait pas ce soir, Octa, elle qui pourtant planifiait de s'écrouler directement sur son matelas inconfortable pour enfin laisser se reposer ses muscles endoloris. Elle ne pouvait plus faire marche arrière. Le couvre-feu était instauré depuis plus de vingt minutes, et même le meilleur de ses mensonges ne lui sauverait pas le cul face aux autorités qui tournaient dans les rues comme des clébards. Son regard tomba sur ses jambes égratignées tandis qu'elle attrapait d'une main un pan du tissu blanc qui recouvrait ses cuisses. Encore une robe de foutue, une robe volée, certes, mais une robe quand même. Elle commençait à en avoir sa claque de retourner en chercher deux par mois, et les chaussures qui allaient avec. Car évidemment, les escarpins avaient fini leur course près d'une benne à ordure avant qu'elle ne reparte à toute jambe. Elle maîtrisait à peine la marche avec talon, alors le sprint, c'était encore une autre histoire. Elle détestait ça, les magasins, les rayons de vêtements bien rangés, elle qui avait pour habitude de traîner encore et encore les mêmes fripes sur son dos. La simple idée de devoir y retourner dans les jours suivants l'exaspéraient un peu plus encore. Les empreintes vermeilles couvrant le vêtement la chiffonnaient un peu, elle s'y était essuyé les mains sans réfléchir dès qu'elle en avait eu terminé avec le propriétaire des lieux qu'elle espionnait, sans se dire qu'il lui serait d'autant plus compliqué de rentrer en passant inaperçue une fois tachée de sang. L'autre avait débarqué, ivre mort, alors qu'elle fouillait le salon. Elle n'avait eu d'autre choix que de l'attaquer par derrière, l'assommant de toutes ses forces à l'aide d'une statuette ridicule ramassée au passage, sans se douter qu'il serait apte à riposter dans la pénombre contre son agresseur invisible. A la pousser à l'aveuglette en balayant l'air de son bras, l'envoyant percuter le mur adjacent, lui dégommant la tempe tandis que le crépis griffait le côté gauche de son visage soigneusement maquillé. La rage l'avait submergée rapidement, bien trop pour lui laisser le temps de réfléchir. Elle aurait pu le tuer, elle l'avait bien vu parmi tous ces autres une heure plus tôt, à discuter allègrement avec deux potentiels hunters. Elle l'avait bien détaillé, la voleuse, comme chaque soir depuis une semaine et demi. Depuis qu'elle était parvenue à faire le lien entre l'inconnu et l'un des mutants disparus des dossiers d'uprising. Elle aurait pu mettre fin à son existence méprisable si l'homme ne s'était pas contenté de s'écrouler à ses pieds, l'alcool suintant visiblement par tous ses pores. Elle s'était retenue de lui éclater la gueule d'un coup de pied en partant, le laissant dé-saouler dans les ténèbres de sa petite maison d'abruti. Elle n'avait pas trouvé suffisamment de renseignements pour se salir davantage les mains. C'était avec un goût amer qu'elle avait disparu comme un fantôme, effaçant les quelques traces de son passage derrière elle avant de filer dans la nuit.
Les minutes s'écoulaient et son point de chute le plus proche lui apparaissait de plus en plus clairement. Le froid mordait sa peau avec violence, pressant son pas en oubliant de temps à autre de vérifier qu'aucun flic ne faisait sa ronde. Elle avait encore la tête qui tournait un peu, tant l'effet du choc que de l'adrénaline, et ses idées tendaient à s'embrouiller. Resserrant les pans de sa veste noire autour de son buste, soupirant dans une nappe de vapeur se dispersant dans l'air, le Manoir se dessina sous ses yeux tandis qu'elle débouchait enfin au coin de la rue de Malachi. Accélérant en sachant pertinemment que l'une de ses voisines passait la moitié de son temps à faire le guet par sa fenêtre, la cambrioleuse escalada le portail en quelques secondes d'une manière peu élégante pour une fille en robe avant de parcourir les derniers mètres restant en courant à petites foulées. Frappant de sa délicatesse habituelle contre le bois de la porte - cela devait résonner dans toute la maisonnée - la brune n'attendit guère que son hôte lui accorde la permission d'entrer. Si elle s'annonçait encore, c'était plus pour être certaine de ne jamais tomber sur le professeur et son épouse dans une position compromettante, que par politesse. Ouvrant la porte à la volée en s'empressant de la claquer derrière elle, elle savoura une seconde l'air chaud qui enveloppait son corps frigorifié. L'odeur agréable qui flottait dans l'air envahit ses narines dans l'instant, son estomac criant famine en guise de réflexe tandis que la brune s'annonçait gracieusement. « C'est moi, dis moi qu'il reste du poulet ou j'me caaasse. » Sa voix s'étrangla légèrement tandis que sa mâchoire l'élançait dans l'articulation de ses paroles, la brune portant une main à sa joue en commençant à jurer dans le hall d'entrée. Essuyant machinalement sur le tapis ses pieds noircis par ses déambulations dans la ville, son attention se porta immédiatement sur le dalmatien qui venait de faire irruption dans sa direction. « Bah alors, mon gros, toi aussi tu passes une soirée de merde ? Tu m'attendais, hein ? AU MOINS Y'EN A UN QUI EST CONTENT D'ME VOIR, MERDE. » S'époumonant tout en s'accroupissant une seconde pour gratter le collier du chiot qui s'était mis à humer avec curiosité ses mains encore légèrement rougies, elle retira sa veste dans la foulée avant de se redresser. Ce n'était pas souvent qu'elle débarquait si apprêtée, atterrissant le plus souvent chez les Porter dans les suites de simples cambriolages. L'élégance, elle la réservait aux soirées repérages, celles où il était utile d'enfiler une jolie robe pour délier les langues alcoolisées. Elle se sentait toujours très conne lorsqu'elle se retrouvait ainsi accoutrée devant ceux qu'elle ne trompait pas, devant ceux qui la connaissaient un minimum. Se sentant totalement ridicule. La gosse des rues jouant les james bond girl. Mais il était tard, bien trop pour faire demi-tour. Et puis, il avait fait du poulet, et ça alors, c'était une raison suffisante pour rester.
Ses pas feutrés l'avaient déjà portées jusqu'au bout de ce corridor foulé à de si nombreuses reprises. Jumbo courant dans ses jambes, jappant avec joie tandis qu'elle se laissait aller à sourire, le regard vissé sur l'animal en atteignant la cuisine. « La vache, on dirait qu'il est sous crack, tu lui donnes quoi à bouffer au... » Et puis, le silence. Un gouffre au fond des tripes. Une douleur fulgurante dans la poitrine. Les iris noisettes relevés sur la pièce, se fixant instantanément sur lui. Lui qui annihilait toute autre chose. La cuisine, le Manoir, la douleur mordant son visage, les aboiements du chiot, la présence de Malachi, tout. En une seconde, plus rien n'avait de sens. Le temps, l'espace. Sa bouche entrouverte s'était tue brutalement, les mots bloqués dans sa gorge tandis qu'elle les ravalait, mille autres voulant jaillir de nouveau sans passer le seuil de ses lèvres. Priam. Sa gorge s'était nouée tandis que sa paume maladroite se posait sur l'encadrement de la porte, rendue tremblante par la stupéfaction. Bordel, ça lui faisait mal au bide, ça lui déchirait le coeur. Il ne pouvait pas être là, pas plus que la dernière fois. Elle avait dû se cogner la tête trop fort, un peu plus tôt. Elle devenait cinglée. Priam ne pouvait pas être là. Il n'est pas là. Ses lèvres se scellèrent en silence, pincée dans un léger tremblement qui ne présageait rien de bon. Et à l'intérieur, l'explosion du coeur. La déflagration avalant tout sur son passage. La vue brouillée par un million d'étoiles tandis qu'elle fermait les yeux une seconde avant de les rouvrir. Toujours son visage, ces traits plus marqués que dans son souvenir. Elle ne comprenait pas. Elle hallucinait, probablement. Probablement qu'elle devenait complètement cinglée. Oui, complètement. Immobile dans sa robe abîmée, le regard fixe, le temps s'était suspendu, et elle n'osait pas bouger d'un poil Octa, de peur que l'illusion ne se dissipe. « Priam ? » Sa gorge serrée laissa le prénom s'échapper. Une imploration. Ne t'envole pas, ne disparaît pas. Reste là.
Sujet: Re: i just can’t let go ‘cos it haunts me like a friend + malachi&octavia Mer 30 Sep 2015 - 11:03
Every move that I made, every inch I’ve grown. In my heart, in my soul, you’re in my bones. Wanna feel, wanna feel everything you do. ‘Cause at the end of the day all I need is you
Priam avait baissé sa garde un instant. Rien qu’un instant, il avait desserré les poings et les muscles de sa mâchoire pour respirer correctement. Ca semblait facile avec Malachi. Une inspiration. Une expiration. Il n’avait pas peur de l’homme lui faisant face. Pas peur de cette sincérité dont il semblait faire preuve, pas peur de cette assurance avec laquelle il l’avait invité dans son foyer. Au contraire, le pyrurgiste avait l’impression, pour la première fois depuis longtemps, que sa présence était désirée quelque part. Même s’il ne se sentait pas entièrement à sa place entre les bibelots hors de prix et la demeure à la grandeur démesurée, il y avait quelque chose d’apaisant en ces lieux. C’est pour ça qu’il parlait de lui. Pour ça qu’il s’était laissé aller à la sincérité rien qu’un instant. Le presque homme au passé trouble n’avait pas l’habitude de se sentir en confiance. Pas l’habitude de vouloir reposer ses os usés rien qu’une nuit, rien qu’un instant avant de reprendre cette route sans fin qu’était sa vie. Mais le monde était à la porte. Pareil au loup de l’histoire, celui-ci n’attendait que de souffler la bâtisse afin de se repaître des êtres effrayés en dedans. A croire que le destin s’amusait à trainer ses pions de part et d’autre de l’échiquier avant de forcer la rencontre. De presser leurs os et leurs cœurs usés les uns contre les autres. Priam ne vit pas la déchirure, il ne la sentit même pas avant qu’il ne soit trop tard. Le bruit provenant de la porte d’entrée l’alerta, toutefois il ne pouvait s’imaginer ce que celui-ci signifiait. Une voix se détacha du silence tapissant les murs. Comme la lumière d’un phare, cette voix semblait montrer au Mikaelson le chemin. Il pouvait sentir son cœur se retourner alors que ses côtes s’écrasaient péniblement sur sa cage thoracique. Il la sentait venir la collision. Il se sentait prisonnier de cette vision d’horreur et d’effroi qu’il s’apprêtait à observer. Posant ses couverts avec douceur, il ne lutta pas contre les vagues d’émois emportant son cœur usé. Il sentait l’orage gronder au milieu de sa poitrine alors que ses yeux cherchaient une ancre à laquelle se raccrocher. Il n’y avait rien en ces lieux, rien ayant la possibilité de l’empêcher de couler, alors il acceptait la noyade. Il acceptait d’avoir le souffle coupé suite au choc. Suite à ce crash en plein vol qui allait les laisser déchirés. Priam avait mal. Mal à l’âme. Mal d’entendre son ancienne amie aussi détendue en sachant les maux qu’il allait lui apporter. Dans le fond, il avait mal à elle. Mal à ce qu’ils avaient été. Mal de ne pas savoir comment retrouver cet éclat sublime et permanent qui les bénissait de ses couleurs mordorées. Immobile sur son siège, le brun faisait de son mieux pour garder la tête hors de l’eau jusqu’à la voir. Il savait qu’il allait avoir le cœur arraché, le cœur explosé en centaines de morceaux à l’éclat perdu. Alors, avec la dérangeante impression de se débattre face à lui-même dans cette immobilité lancinante, il tourna la tête. Comme un tournesol désireux de grappiller encore quelques rayons salvateurs, il attendait le choc. Attendait la douleur. Lorsqu’elle passa la porte, ses yeux posés sur le chiot en délire, il eut l’impression de recevoir le premier coup d’une lignée. Elle était belle sa vision de grâce, elle était belle sa déité perdue au cœur de la nuit. Malgré lui, malgré cette apathie ankylosant ses membres, il se redressa alors que sa chaise raclait le sol en un bruit dérangeant. Presque pudique, le brun hésita à se jeter dans les bras de celle qu’il avait tant espérée entre les barreaux de sa cage. Il avait envie de sentir ses os se briser contre Octavia, envie qu’elle ranime la flamme presque éteinte au-dessous de ses paupières. Mais Malachi était là et le monde continuait à tourner. Priam avait beau avoir l’impression que l’orbite de la planète avait changée, que son centre d’attraction s’apparentait à un petit bout de femme dont il ne pouvait se passer, à l’extérieur la vie continuait. A l’extérieur les gens n’avaient pas entendu le bruit sec que la cage thoracique du brun avait fait en se recroquevillant un peu plus sur son cœur qui battait douloureusement. A l’extérieur personne ne se souciait d’eux, de leurs jeux d’autrefois et de leurs cœurs meurtris. Incapable de détourner le regard de ces émotions transfigurés sur le visage d’Octavia, il sentait le flot de ses pensées se dissoudre en un vide qu’il connaissait rarement sous son crâne. Et son prénom qui roulait sur les lèvres de la belle comme une supplique. S’il n’était pas déjà ou jouet défectueux, elle allait finir par le briser avec les noisettes de ses yeux et cette voix qui lui avait tant manqué. Rappelé à la raison par Jumbo qui cherchait à ce qu’on s’intéresse à lui à ses pieds, Priam souffla sa voix brisée par des émotions qu’il ne savait retenir : « Attends petit gars. » Ses yeux se posèrent sur Malachi alors qu’il se demandait ce qu’il se passait. Quel était le rôle du motiopathe dans tout ça ? Le cœur en charnier, l’âme aux abois, il avait besoin de réponses. Des réponses censées calmer l’orage grondant sous son crâne, arrêter la tempête dans sa poitrine. Le Mikaelson se sentait piégé, les émotions s’échappant de son regard étaient divisées, emmêlées dans un amas incompréhensible de joie, peur, incompréhension, doute. Il avait besoin de réponses, besoin qu’on lui explique. « Qu’est-ce que… » Malgré lui, comme un animal prit dans les phares, il se brula les rétines à nouveaux en contemplant cette vision d’effroi qui envoyait son cœur battre la chamade. Son regard cristallin, plein d’embruns troublant l’océan de ses yeux, tourna à la tempête. Malgré lui, le brun ne vit que le sang. Ce sang tachant le costume amer qu’elle portait cette gamine des rues aux allures de princesse. Ce sang venu déchirer la plaque de vernis, faire craquer cette barrière érigée entre eux sans qu’ils n’en soient conscient. Le regard dur, la démarche froide, Priam avança vers Octavia alors que Malachi bouger à sa droite. Est-ce qu’il avait peur le motiopathe ? Peur que, dans ce tourbillon de sentiments incertains et plus virulents les uns que les autres, il ne commette l’irréparable ? Le pyrurgiste n’y pensa qu’une seconde, juste le temps de rompre l’espace séparant leurs carcasses encore fumantes de toutes ces choses que la distance et le temps avait consumé en eux. Les doigts du brun hésitaient à se tendre, à palper le visage de porcelaine d’Octavia pour juger de l’éraflure striant sa mâchoire. Plein d’un instinct leur étant propre, ses mains semblaient craindre la brulure, craindre de se tordre au contact de cet animal blessé qu’il ne connaissait plus. Malgré tout, de ses gestes lents et précautionneux il posa ses doigts sur le visage de la belle afin d’observer sa blessure. Il pouvait sentir son cœur imploser. Sentir la déflagration raser tout sur son passage alors que ses yeux auscultaient la brune du regard. Il avait peur de trouver une autre blessure, peur qu’elle ne lui revienne brisée sa poupée. Tellement peur qu’il se rendait à peine compte de cette proximité étouffante, de la familiarité de ses gestes là ou ne restait que les fragments d’un passé qu’ils avaient été. « Tu as mal quelques part ? Il faut désinfecter la plaie… » Il fallait faire quelque chose, lui donner quelque chose pour s’occuper les mains à ce gamin qui se remémorait les sparadraps décrépis qu’il posait sur les écorchures de la petite pour lui rendre le sourire. Il avait besoin qu’on l’arrache à cette chaine de pensée avant qu’en son cœur ne cesse l’accalmie. C’est alors que le tonnerre dans sa voix gronda, un éclair amer s’échappa de sa bouche en un claquement sec et puissant. « Qu’est-ce que t’as fait ? C’est quoi tout ce sang ?! Je te jure que… » Le grondement provenant de sa poitrine était étouffant. Il sentait les mots venir se briser contre les parois de sa gorge avant de s’écraser contre ses lèvres. Il sentait la colère monter en lui alors qu’il s’imaginait mille et un scénarios. Malgré lui, il détestait l’image lui faisant face. Il aimait la belle à un tel point que cette vision le faisait trembler dans ses fondations. Cette exubérance, ce faste dans lequel ils n’avaient pas vécu le déroutait. Et ce sang. Ce sang qui venait tout tâcher. Ce sang qui ne faisait qu’un tour dans ses veines alors qu’il sentait le trouble monter en lui. Faisant un pas en arrière, laissant le froid emprisonner le bout de ses doigts alors qu’il s’éloignait de la lumière de ses nuits, il n’eut aucun mal à rencontrer le regard inquiet de Malachi. Il avait envie de lui dire que ça allait. Lui dire qu'il n'allait pas se retrouver à démontrer l'étendue de ses pouvoirs à cause de ça. Il avait envie de dire qu'il tenait ses émotions à quai et qu'il était capable de se contrôler. Sauf qu'il ne trouvait pas les mots. Il ne trouvait rien sonnant juste parce que tout ça était peut-être faux.
Invité
Invité
Sujet: Re: i just can’t let go ‘cos it haunts me like a friend + malachi&octavia Mer 30 Sep 2015 - 21:59
Si vous me cherchez, je suis en haut ...
|►
Malachi était plutôt satisfait d’avoir réussi à mettre Priam à l’aise. Il avait beau avoir l’habitude des animaux sauvages, il avait senti que Priam n’était pas du genre à baisser la garde facilement. Pourtant, à le voir sourire presque tendrement aux assauts de Jumbo, puis se détendre progressivement à mesure qu’il se resservait dans le plat de pommes de terre, il songea qu’il commençait à savoir y faire avec ses congénères. Il n’en tirait pas de fierté particulière, simplement un soulagement d’avoir réussir à faire comprendre au jeune homme qu’il était le bienvenu chez lui, sans conditions préalables. Chez Malachi, il n’y avait pas de loyer, pas d’obligations, en dehors des quelques règles de vie de base que chacun devait respecter. Il sourit à Priam tout en leur servant de l’eau :
- Pas de quoi. J’aurais aimé que l’on fasse ça pour moi si je débarquais dans une ville inconnue et potentiellement inhospitalière. Alors je ne fais que suivre mes propres convictions.
Il acquiesça à la réponse suivante de Priam, se penchant sous la table pour donner à Jumbo la peau du poulet, l’enjoignant d’un geste de la main de se coucher et de ne pas bouger de là : Si Evangeline avait été là, elle lui aurait surement dit de ne pas nourrir le chien à table, que ça lui donnerait de mauvaises habitudes. Mais elle était absente et ça faisait moins de déchets de table. Et surtout, surtout, ça donnait quelques secondes à Malachi pour se recomposer un visage de circonstance, au lieu de ce sourire à moitié béat qui menaçait de s’épanouir sur son visage : le Priam d’Octavia avait décidé de pointer le bout de son nez, enfin. Elle l’attendait sans se l’avouer ouvertement, il le savait. Il avait un demi million de questions à lui poser, mais devait faire semblant de ne pas savoir, de n’être au courant de rien. D’abord parce que Priam pouvait mal le prendre, et ensuite parce qu’il n’était pas sur que sa voleuse préférée soit au courant du débarquement du pyrurgiste en ville. Le mieux d’ailleurs serait de la mettre au courant en douceur, probablement le lendemain, pas avant, que le mutant de feu ait le temps de se reposer et de se remettre sur pied.
Sauf que oui, mais non.
Malachi répondit vaguement à la question de Priam d’un « oui, un retour de mission », alors que le chiot tacheté se ruait comme un dératé vers l’entrée pour aller accueillir quiconque venait de franchir le seuil de la porte. Un quiconque pas vraiment quelconque, puisque la voix d’Octavia vint faire se dresser les poils de Malachi sur sa nuque, alors qu’il vit l’aura apaisé de Priam prendre une couleur totalement incongrue. Mine de rien, il répondit à la jeune femme qui n’avait pas encore passé la porte de la cuisine, du ton le plus naturel qu’il soit :
- Si tu en veux va falloir te dépêcher, il y en aura plus pour longtemps !
Cette fois ci, il ne put pas retenir un petit sourire clairement amusé, qui pouvait largement être justifié par les remarques loufoques que la jeune femme beuglait à travers la maison, bien que les origines de cette mimique soit bien différente. Il n’était pas impatient d’assister aux retrouvailles, mais plutôt curieux de voir la réaction de ces deux écorchés vifs à une situation totalement hors de contrôle. C’était surement le motiopathe en lui qui était intrigué par l’intensité des couleurs que pouvait prendre leur aura respective, et il fut largement servi. Il posa d’ailleurs ses couverts sur le bord de son assiette et appuya son menton sur ses mains croisées pour mieux observer la scène, de loin : à l’instant même où Octavia passa le pas de la porte de la cuisine, ce fut une explosion de couleurs et d’énergie qui éclaboussa le manipulateur d’émotions, comme jamais il ne l’avait vu auparavant. Toutes les couleurs du spectre des émotions humaines ou presque se mélangeaient en face de lui : de la peur, de la surprise, de la joie bien sur, puis des incompréhension, une pointe de tourmente … Malachi se maudit intérieurement de ne pas avoir un papier et un crayon sous la main pour pouvoir noter tout ce qui se passait sous ses yeux qui déjà s’enflammaient devant autant d’émotions à toucher, effleurer et manipuler. Comme si son don se muait d’une volonté propre de toucher à cette éruption émotionnelle. D’un air distrait, il laissa Priam sauter de sa chaise pour se précipiter vers la jeune femme à la tenue … Particulière. Il aurait du s’inquiéter lui aussi, surement, mais il avait tellement l’habitude des entrées fracassantes de la jeune femme qu’il ne réagissait presque plus, se relevant de sa chaise tranquillement en essuyant la commissure de ses lèvres avant de murmurer, presque pour lui-même :
- Bon, j’vais aller chercher la trousse de premier secours moi … Jumbo, ici…
Le temps d’aller à l’étage chercher le nécessaire pour les égratignures de la jeune femme, Malachi s’éclipsa quelques minutes tout au plus, retrouvant les deux … amis ? Amants ? il ne savait pas d’ailleurs, face à face, toujours aussi émotionnellement flamboyant. En revanche le ton sec et menaçant de Priam, et la froideur soudaine de la boule qui logeait dans la poitrine du jeune homme ne lui disait rien qui vaille : d’ailleurs, si ce dernier avait cru pouvoir lui faire croire qu’il gérait à cet instant, il avait échoué. Lamentablement. Le professeur tendit la trousse de toilette à Priam – qu’il ait les mains occupées lui semblait être une bonne idée- Avant de venir passer sa main dans la nuque d’Octavia dans un geste rassurant :
- Je suis content que tu sois arrivée en un seul morceau. Priam, tu sais où est le salon. Octavia, installe toi sur le canapé, et laisse toi soigner. Je vais te chercher des vêtements de rechange et je te sers ton diner. Et si j’entend un éclat de voix, je vous assomme tous les deux.
Sa voix était aussi calme et douce que d’habitude, ce qui tranchait bien évidemment avec la lueur surnaturelle qui éclairait son regard fluorescent et l’autorité qui émanait du maitre des lieux. Les deux jeunes gens n’auraient d’autres choix que de se diriger de concert vers le salon, alors que Malachi leur donnait de l’élan, une main dans le dos de chacun d’entre eux, avec la ferme attention de ne pas les laisser s’enfuir si facilement …
Octavia Lovecraft
MEMBER - join the evolution.
MESSAGES : 1346
SUR TH DEPUIS : 11/10/2014
Sujet: Re: i just can’t let go ‘cos it haunts me like a friend + malachi&octavia Mer 30 Sep 2015 - 23:49
I feel like a fool, I aint got nothing left to give, nothing to lose. I see them snakes come through the ground, they choke me to the bone. So come on Love, draw your swords, shoot me to the ground, you are mine, I am yours, let's not fuck around. Cause you are, the only one.
So come on Love, draw your swords.
C'était la fin de la longue nuit dans laquelle sa vie s'était enfermée en l'observant s'en aller. Il irradiait dans les ténèbres, Priam, les repoussant un peu plus à chaque nouveau mot qui s'échappait, une main tendue dans la noirceur qu'elle brûlait d'attraper. Il éveillait quelque chose dans le néant, dans ce trou noir qui s'était établi de plus en plus profondément derrière les barreaux de ses côtes à mesure que les jours s'évadaient, à mesure qu'elle tournait comme une bête en cage dans leur ruelle, qu'elle arrachait des bribes d'existence dans la violence pour se sentir vivre. Engloutie l'étoile qui brillait dans le couchant de ses prunelles et qui creusait les fossettes sur ses joues, trouvant son écho dans celles, azurées, du fils Mikaelson. Elle s'était éteinte lorsqu'il avait disparu, son compagnon de toujours, cet être capable d'accorder les battements de son coeur comme un vrai virtuose. Le retentissement de sa voix faisait vibrer quelque chose pourtant, une émotion qu'elle avait cru perdue et qui se débattait au bord des abîmes, luttant pour resurgir après ces années de mise en sourdine. Martelant sa poitrine à l'en dilacérer de l'intérieur, le palpitant en miette de l'enfant sauvage s'animait avec fureur, grondement s'intensifiant alors que le regard du mutant se reposait sur elle, lui hérissant la nuque tandis qu'elle sentait son souffle s'amenuiser dangereusement. Les iris glacés s'imposèrent à elle, contrastant avec son ton de gamin aussi perdu qu'elle, et elle se sentit subitement petite Octa, face à cet ami qu'elle ne reconnaissait pas, aux yeux qui écorchèrent son coeur d'un millier d'épines. Elle s'était raidie, redressant son échine tassée par l'impuissance la submergeant, levant le menton tandis qu'il avançait d'un pas sûr. Son regard hurlait des appels au secours silencieux, sa mâchoire incapable de se serrer pour arborer à son tour ces traits durs, impersonnels. Qui es-tu ? Incapable de se détacher de lui. De cette version de lui dans laquelle la tendresse se faisait inaccessible. Il s'était approché et elle l'avait laissé faire, soudainement pudique, soudainement incapable d'en faire de même. Il l'intimidait presque, avec cette démarche si assurée qui la tétanisait. Aucun questionnement ne parvint à faire son chemin dans son esprit bouleversé, et pour quelques secondes, quelques minutes, elle se foutait bien de savoir les pourquoi, les comment et les quand. Elle aurait pu rompre les dernières distances, foncer droit dans son torse pour planter son nez dans son cou, s'enivrer de son odeur rassurante qui lui parvenait de plus en plus clairement et qui la perdait un peu plus encore. Malachi avait disparu à l'étage et il n'y avait plus rien pour retenir ce besoin de le toucher pour s'assurer qu'il était bien là, ce seul être qui avait été capable de l'apprivoiser entièrement, de dompter jusqu'à son coeur dont le moindre battement s'élançait pour lui. Rien que pour lui. Mais son esprit perdu ne répondait qu'à moitié, et elle était restée là, la voleuse, le laissant s'arrêter en face d'elle sans détourner son regard embué de ses yeux qui la sondaient. Sa bouche s'entrouvrit en sentant les doigts de Priam effleurer sa joue, se rappelant soudainement pour quelle raison il agissait de la sorte. Chaque parcelle s'électrisait sur son passage, ses nerfs cherchant à lui rappeler la douleur sans parvenir à l'alerter, anesthésiés par le doux contact de sa peau courant sur la sienne. En une seconde, les six années s'estompaient, la forçant aux réminiscences et la bousculant d'émotions tandis qu'un sourire un peu triste pointait au coin de ses lèvres. « C'est pas la peine, j'ai même pas mal. » Et sur ces quelques mots, elle n'était plus que cette gamine de vingt ans, qui avait grandi un peu trop vite, qui pourtant rassurait naïvement son acolyte, préservant son coeur de peur qu'il ne s'inquiète comme elle pouvait s'inquiéter pour lui à s'en faire mal. Image éphémère qui s'estompa dans le recul de Priam, la lueur perdant déjà en intensité tandis qu'elle baissait les yeux sur sa robe anciennement immaculée. Arquant un sourcil, la colère grondante de son ami la heurta de plein fouet, éveillant la sienne, celle qu'elle venait à peine d'enfouir en passant le seuil de la porte. Détachant sa main du mur, parce que subitement elle aussi se retrouvait galvanisée par ces milliers de sentiments déferlant dans son corps, elle le fixait sans tressaillir, dans un parfait face à face. « J'me suis battue, ça t'étonne ? » La plaisanterie avait tout d'une pique, cependant. Parce qu'elle ne savait pas gérer ses émotions, elle n'avait jamais su et certainement pas avec cette vision enragée lui faisant face, ramenant au galop tous ses instincts primaires. Parce que sourire était bien trop difficile, tout à coup. Elle était en colère, soudainement, se laissant ébranler par la collision de leurs désarrois respectifs. Deux petits pas sur le carrelage, glaçant la plante de ses pieds. L'incandescence de son regard le dévisageait, et elle bouillonnait à l'intérieur tandis que tout se mélangeait. « J'm'en fous de tout ce que tu pourras me jurer. Si t'y tiens vraiment, alors jure moi juste de rester. Jure de plus partir. Jure que tu vas pas foutre le camp et me laisser toute seule. » Les mots s'étaient entrechoqués dans un débit rapide, réclamant les promesses dont son coeur avait besoin pour cesser de s'affoler. Elle ne remarqua la présence de Malachi qu'une fois qu'il tendit une trousse à Priam, et elle recula légèrement, prise de pudeur. Ses yeux pourtant ne décrochaient pas leur point d'ancrage, et elle frémit de surprise en sentant la main du professeur se faire rassurante dans sa nuque. Ses petits poings serrés ne se détendirent pas pour autant tandis qu'elle pinçait ses lèvres pour éviter de repartir au quart de tour, parce qu'elle ne savait pas ce qui sortirait ensuite, et si elle n'allait pas commencer à chialer lorsque ses nerfs allaient se décider à l'abandonner. Elle avait les yeux plein de ces larmes qu'elle s'était retenue de verser, les ravalant encore et encore pour plus d'une demi-décennie jusqu'à se retrouver au bord de la suffocation. Se forçant à détourner le regard en sentant la peur de le voir disparaître la talonner de près tandis qu'elle se dirigeait vers le salon docilement, sa vue se brouillait à chaque nouveau pas en avant, lui laissant à peine le loisir de regarder devant elle. Pourtant, elles restaient toutes sagement rangées à la lisière de ses cils, faisant onduler la lumière tandis qu'elle se laissait tomber sur le canapé. Comment Malachi connaissait-il Priam ? Comment Priam connaissait-il Malachi ? Pourquoi était-il ici ? Comment, par quel miracle, se tenait-il si près d'elle ? Un geste brusque de la main balaya ses yeux humides, râpant la peau fine de ses paupières en étalant dans son sillage une traînée charbonneuse de maquillage aux allures de peinture de guerre. Ses pieds tapotaient le sol nerveusement, ses mains se crispaient sur ses genoux, et finalement la brune releva les yeux vers son ami de toujours. Partagée entre l'envie de retourner le salon comme une tornade et celle de se lever à nouveau, de poser ses paumes dans sa nuque et de le garder contre elle jusqu'à ce que la terre s'arrête de tourner. Quitte à le voir protester, quitte à l'entendre grogner après elle parce qu'il jouait les énervés. Elle l'aurait fait. Elle l'aurait étreint et ne l'aurait plus jamais lâché. Vidée, totalement, elle ne bougea pas d'un poil, pourtant. Sa façade calme ne présageait rien de bon, pas pour lui qui la connaissait. Ses allures soudainement sages n'étaient que le répit annonçant l'ouragan qui mijotait au fond de sa tête, que lui seul pourrait calmer, comme il l'avait toujours fait, avant. Et elle attendait Octa, qu'il se décide à apaiser son coeur qui battait de travers. Qu'il le fasse, ou se laisse engloutir par la tempête, parce qu'il n'en sortirait pas indemne, pas plus qu'elle.
Sujet: Re: i just can’t let go ‘cos it haunts me like a friend + malachi&octavia Jeu 1 Oct 2015 - 18:35
Every move that I made, every inch I’ve grown. In my heart, in my soul, you’re in my bones. Wanna feel, wanna feel everything you do. ‘Cause at the end of the day all I need is you
Priam avait perdu le goût de l’espérance prisonnier des murs de sa cellule. Il avait perdu le goût des jours heureux et même s’il avait essayé d’en garder l’ersatz, il avait oublié ce que ça signifiait de vivre pour quelqu’un d’autre que soit. Perdu dans l’obscurité devenue reine sous son crâne, le brun avait oublié ce que ça faisait de se voir dans le regard d’un proche. De contempler ce portrait magnifier de sa propre personne à travers les prunelles embrumées d’une personne qui signifiait et signifiera toujours le monde à ses yeux. La familiarité de Malachi avec la jeune femme dérouta Priam. Il n’était pas possessif. Il n’avait jamais été le genre de garçon s’outrant de voir son amie briller auprès d’autres personnes. Au contraire, il aimait la voir briller sa constellation cachée. Il aimait sentir la brune s’illuminer comme un feu d’artifice lorsqu’il trouvait les bons mots. Et pourtant, il était là, le fiel des gens impuissants emplissant ses poumons sans qu’il ne puisse lutter. Il avait honte de se sentir jaloux, honte d’envier cet homme dont il ne savait rien juste parce qu’il était capable de souffler quelques mots sur le ton de la badinerie à la fille qui avait toujours tenu le cap de sa vie à lui. Toutefois, une fois qu’Octavia entra dans la pièce, il ne restait plus rien au creux du brun. Rien que du vent pour combler le garçon qu’il était autrefois. Du vide pour essayer de remplir l’homme qu’il était désormais. Cet homme pas si différent du gamin et pourtant diamétralement opposé à l’enfant qu’elle avait connue. Le Mikaelson ne chercha pas à lutter contre ce mouvement le menant à elle. Malheureuse lune prise dans l’orbite d’un soleil prêt à le dévorer, il n’essaya même pas de sauver sa peau. De toute manière, il ne lui restait rien à ce presque. Rien de plus qu’un empire de vent et de poussière qu’il était prêt à lui offrir de ses mains brisées. Contemplant la déité de ses nuits, la chimère après laquelle il n’avait cessé de courir dans une cellule de six mètres carrés, il perdit la notion du temps. Peut-être que ça n’était qu’un rêve. Peut-être qu’il ne s’agissait que d’une illusion trompeuse provoquée par son cerveau à cause du manque. Peut-être qu’il ne s’agissait que d’un mirage que le monde lui avait offert un instant, rien qu’une seconde au goût d’éternité. Les mots s’échappant des lèvres de la brune arrivaient à l’atteindre en plein cœur là où ceux de Malachi s’écrasait sur sa carapace. Ses yeux étaient aveugles, il ne voyait plus rien qu’elle. Rien que ces prunelles dans lesquelles il avait passé sa vie à se noyer, passé la parenthèse de ses nuits à les imaginer. Dans ce regard-là, Priam avait l’impression d’avoir vingt ans, six ans, douze ans. Il s’était perdu dans des prunelles chocolatées au goût d’infini et espérait jamais ne retrouver la surface. La réalité s’invita dans ses poumons comme un coup venu briser ses côtes. Il sentait l’air se frayer un chemin jusqu’à ses bronches alors que son regard doux amer se figeait sous les foudres de sa colère. Le Mikaelson n’était plus un gamin. Il n’avait plus douze ans, le temps s’était écoulé et il devait faire face à la réalité. Faire face à l’idée que la jeune femme instillait en son être autant de douceur que de peur. Il avait peur, crevait de trouille à l’idée de la perde. Estomaqué par ce retour brutal à la surface, il ne demandait rien d’autre que de retrouver la quiétude de la noyade. Tout ce qu’il voulait c’était de s’oublier dans ses yeux. Oublier le passé et réapprendre ce que ça signifiait de n’être qu’un à deux. Sauf qu’elle était là la déchirure. Il la voyait l’écorchure. Il voyait cette frontière de barbelés séparant leurs cœurs usés. Les mots fusaient comme des balles perdues sur le champ de bataille de leurs vies. Le pyrurgiste se rendait à peine compte des paroles qu’il crachait comme tant d’injures portées par le vent. Tout ce qu’il remarqua, ce fut les trous d’obus creusant sa peau alors qu’Octavia avait levé les poings, attrapés les armes. Il pouvait la goûté la douleur. Il pouvait la sentir cette déchirure venir émacier sa carcasse brisée par le temps. Il aurait aimé être là. Il aurait aimé lui dire. Il aurait aimé qu’elle comprenne pourquoi. Qu’elle accepte qu’il n’avait pas le droit de la garder prisonnière, qu’il n’était pas en droit de lui voler son avenir. Il aurait aimé lui dire tous les mots qu’il n’avait jamais prononcés. Il aurait aimé lui citer toutes les phrases qu’il avait espéré pouvoir lui écrire. Les poings serrés, le cœur au bord des flammes, il se sentait sombrer dans cette doucereuse mélancolie. Il avait tant de regrets accrochés à ses lèvres que Priam ne savait pas par où commencer. Il ne savait plus comment faire pour s’exprimer sans crier, aimer sans briser. Il n’était plus que violence, feu destructeur prêt à tout consumer sur son passage. Mais pas elle. Tout sauf elle. Parce qu’elle pouvait lui éclater le cœur. Elle pouvait s’inviter dans ses veines. Peu importait ce qu’elle avait lui demander, il était prêt. Prêt à tout brûler, prêt à s’éteindre.. La trousse de secours pressée entre ses mains ramena le Mikaelson à l’instant présent. Posant son regard ombragé sur Malachi, il se demandait si ce dernier savait. S’il se doutait des pensées traversant son esprit et des ombres prêtent à danser au creux des flammes de son corps. Incapable d’ouvrir la bouche, incapable de poser son regard sur autre chose que la trousse entre ses doigts, le brun ne put se résoudre à les regarder. Sans comprendre pourquoi, il se sentait à l’écart. Pour la première fois de sa vie, il avait l’impression de ne pas être la moitié d’Octavia. Il se demandait si ça n’était pas normal. S’il ne s’agissait pas simplement de la vie qui reprenait ses droits. Il se haïssait de ne pouvoir mettre des mots sur les maux de son cœur. De ne pas arriver à faire l’effort superbe et sacré de tout dévoiler, tout étaler, ne plus rien cacher. Il ne su se résoudre néanmoins à un autre coup d’éclat. Se contenta de suivre Octavia une fois qu’elle disparut de la pièce. Au final, il n’avait jamais fait que ça. Il n’avait jamais su qu’exister dans son sillage, éclairer les nuits sans lumière de sa vie à elle. Parce qu’il savait comment lever les poings pour elle. Il était prêt à la défendre, prêt à jurer la mort de n’importe quelle personne se retrouvant sur son chemin. Il était prêt à vendre les derniers lambeaux de son âme au diable si c’était pour ses yeux qui lui promettaient monts et merveilles. Il n’était juste pas capable de le faire pour lui. Il n’avait pas envie de dépenser tant d’énergie pour cette carcasse qui ne représentait rien en dehors du regard ombragé d’une fille qu’il avait passé sa vie à protéger. Incapable de déposer les yeux sur le lieu du crash à venir, Priam sentait l’orage s’apprêter à gronder. Il savait comment était Octavia, mais avait oublié comment faire pour l’apaiser. Il se sentait con, assez con que pour déposer la trousse de secours à côté de la jeune femme avant de poser un genou à terre juste à ses pieds. Il était assez idiot que pour retrousser les manches de son pull, dévoilant les cicatrices récentes d’une utilisation excessive de son don, sans jamais arriver à la regarder. Sans jamais oser retrouver la chaleur de ses prunelles enflammées. Au bout de secondes qui s’étirèrent comme des heures, le Mikaelson trouva la force de planter les prunelles délavées de son regard sur le visage de la jeune femme. Un sourire doux amer illumina ses traits alors qu’attendris par la seule lumière de sa vie il contemplait les nouvelles peintures de guerre de la jeune femme. Ca n’était pas nouveau pour Priam, il savait que sa gamine des rues était une amazone. Une guerrière enragée prête à lui dévorer le cœur. Il le savait et pourtant ça ne l’avait jamais empêché de s’abandonner à cette dernière. Sans crainte. Juste avec l’espoir que si elle venait à lui arracher le cœur, qu’elle en fasse bon usage. « Tu as… laisse-moi faire. » Souffla-t-il avant de tendre une main vers la joue de la brune afin d’essayer de lui arracher ce masque de guerrière. Dans le fond, il espérait qu’en débarrassant ses traits de cette balafre de mascara, il allait finir par la retrouver son Octavia. Il espérait la trouver sous les couches de maquillage, qu’elle lui revienne comme la fille d’antan. Commençant à désinfecter la plaie, plein d’une ferveur religieuse dans les soins qu’il donnait, ses yeux se bornaient à la zone touchée. Il avait peur de se faire avaler par la tempête. Peur de finir par se noyer dans des iris sans fonds et se perdre un instant de trop. Mais ce traitement était pire. Le silence s’enroulant autour de ses doigts, s’invitant dans sa gorge le tuait à petit feu. Lui qui avait toujours eu les mots, ne les trouvait plus. Il se sentait dépassé. Usé par ce qui était en train de se produire. Dépassé par ces six dernières années. Il ne savait juste pas comment le dire. Comment arracher à ses lèvres déchirées une vérité qu’il ne pouvait lui admettre sans lui faire du mal à elle. Il les sentait s’agiter en lui, percer sa cage thoracique afin de sortir ces mots qu’il avait gardés enfoui au plus profond de son cœur. Il les sentait et ne pouvait se résoudre à les lâcher. « J’aurais pas dû hausser le ton, c’est juste que… Tu imagines ce qui se passerait si la prochaine fois c’est pas juste avec une égratignure que tu rentres ? Tu peux m’envoyer chier ou me dire que je suis en dehors de mes prérogatives ici, mais tu as déjà pensé à ce que je ressentirais si tu rentrais pas ? » Déposant la compresse qu’il avait en main, il posa l’océan de son regard dans le brun du sien. Ses mains vinrent se poser sur les jambes de la brune, comme s’il avait besoin de s’accrocher à quelque chose, de trouver une ancre pour ne pas divaguer au cœur de la tempête. « J’ai jamais voulu te laisser seule. Je voulais juste éviter ça… Eviter que tu te trouves embrigadé dans une croisade qui n’était pas la tienne. J’avais pas le droit de te trainer la dedans et c’est pour ça que je ne l’ai pas fait. » Le souffle court, la voix basse, Priam savait qu’il s’agissait du genre de confidences qu’on lâchait dans le noir. Le genre d’aveux qui ne font jamais se sentir mieux, le genre qui font du mal aussi bien à celui qui les lance qu’à celui obligé de les attraper au vol. Il voulait juste qu’elle comprenne. Il n’avait jamais voulu l’abandonner. Il ne pouvait pas pour autant la trainer avec lui jusqu’au charnier.
Octavia Lovecraft
MEMBER - join the evolution.
MESSAGES : 1346
SUR TH DEPUIS : 11/10/2014
Sujet: Re: i just can’t let go ‘cos it haunts me like a friend + malachi&octavia Dim 4 Oct 2015 - 2:12
I feel like a fool, I aint got nothing left to give, nothing to lose. I see them snakes come through the ground, they choke me to the bone. So come on Love, draw your swords, shoot me to the ground, you are mine, I am yours, let's not fuck around. Cause you are, the only one.
So come on Love, draw your swords.
Un genou à terre, des yeux ne se posant pas dans les siens, ces derniers cherchant désespérément à s'y accrocher pourtant, comme à une bouée de sauvetage. Ses mains fourmillaient d'envie d'attraper son visage, de le forcer à la regarder parce qu'elle le regardait, elle, elle ne pouvait se détacher de lui. Et le coeur s'effritait à chaque nouvelle seconde silencieuse. A chaque non-dit flottant dans l'air en tension sans qu'il ne se décide à lui répondre. Elle ne remarqua pas immédiatement quels arabesques la chair formait sur ses avant-bras, dessinant des cicatrices qui s'imposeraient à elle dès qu'elle baisserait à nouveau sa garde. Pour l'heure, elle s'évertuait à gratter le maquillage qui avait imprégné la tranche de sa main, comme s'il s'agissait d'une urgence cruciale. Elle tentait juste de se canaliser à sa manière, la belle, pour ne pas laisser ses nerfs se briser et venir détruire la première personne qui se trouverait sur son chemin. Parce qu'elle ne voulait pas le blesser, s'épancher en reproches n'ayant ni queue ni tête. Pourtant, tout pouvait aller très vite, elle le savait bien. Aussi sûrement qu'elle le regretterait instantanément. Parce qu'elle avait toujours voulu le protéger, et si l'inverse avait le plus souvent été mise en pratique, ça ne l'empêchait pas de s'être inquiétée pour lui depuis son plus jeune âge. D'aussi loin qu'elle s'en souvienne, elle n'avait jamais eu que le prénom de Priam à la bouche, que les paroles de Priam dans la tête et ses sourires dans le coeur. C'était la flamme dans la ruelle, son ami extraordinaire qui rendait cette vie de merde un peu plus tolérable. Qui l'avait conduite à aimer chaque parcelle de la ruelle entre North Street et les quais, chaque mètre étant gorgé de leurs rires d'enfants et des secrets chuchotés à voix basse. Chaque souvenir ancré dans les pavés et dans les effluves étourdissantes se mélangeant sur les toits avaient abordé une toute autre dimension lorsqu'il était parti. Petite fille perdue dans les échos d'un passé dont elle ne pourrait jamais s'endeuiller, se cognant contre les murs des réminiscences tandis que la grisaille s'abattait entièrement sur Lexington, elle avait erré sans détonner dans le décor, au paradis des âmes en peine luttant pour effleurer la vie du bout des doigts. L'absence avait été si longue et pourtant, elle n'avait rien oublié de ces années à grandir à côté de lui, lui grâce au quel son coeur ne s'était jamais fermé, pas comme celui de toutes ces filles traînant leur malheur sur les quais. La voix de Priam la tira brusquement de ses rêveries et ses mains se crispèrent tandis que son regard se braquait sur lui. Ses paupières s'abaissèrent tandis qu'il commençait à frotter le contour de ses yeux, un frisson glissant le long de ses vertèbres en réponse au contact tandis qu'elle demeurait parfaitement immobile, seul son pied tapotant le sol trahissant sa nervosité. Elle s'attendait à ce qu'il dise quelque chose. N'importe quoi. Lorsqu'elle sentit les picotements saisir sa joue, elle se remit à l'observer, désinfectant si minutieusement ses plaies comme elle venait à son image de passer vingt secondes à nettoyer sa main. Pour se focaliser sur quelque chose. Sur de la merde, vraiment. Sa gorge se serrait sous le poids des mots qu'elle brûlait de prononcer, s'imposant une certaine distance pour ne pas l'envahir, lui qui ne soufflait mot. C'était à peine une question de fierté, parce qu'elle n'avait jamais été fière Octa, pas avec lui. Elle s'était bien vantée quelques fois d'être meilleure cambrioleuse, charriant son travail tout en fanfaronnant de tout ce qu'elle avait pu revendre tel ou tel jour. Mais rien de plus. Elle aurait pu se traîner à ses pieds en le suppliant de lui répondre qu'elle ne s'en serait pas sentie salie. Parce que si Priam ne voulait plus d'elle, les maux de l'égo ne seraient rien en comparaison à ceux du coeur. Et c'était bien la peur de ce qu'il pourrait lui dire qui commandait son mutisme à elle aussi. Peur qu'il ne la rejette. Qu'il ne lui demande de ne plus lui écrire, de ne plus le chercher. Peur qu'il l'ait oubliée durant ces années-là.
Les paroles de Priam étaient si éloignées de ses craintes que la brune ne put retenir un sourire se dessinant sur ses lèvres, malgré tous ses efforts pour demeurer impassible. C'était si facile, de jouer la comédie. De mentir. De prétendre être une autre. Mais pas avec lui. Elle ne pourrait sans doute jamais le mener en bateau, elle n'avait jamais pu, quand bien même l'aurait-elle voulu. Son honnêteté envers lui semblait inébranlable, à l'image de son regard crépitant de nouveau en l'entendant s'inquiéter pour elle. La chaleur de ses mains se répandit le long de son épiderme en balayant une bonne fois pour toute la morsure glacée de Radcliff. « J'suis toujours rentrée. Tu crois p'tetre qu'on peut m'avoir si facilement ? Tu te goures. Jt'aurais pas fait ça. J'me serais jamais laissée buter, sûrement pas par eux. T'as pas à t'inquiéter, Priam. J'suis une grande fille, je sais me défendre. » Sûrement qu'elle avait des airs de gosse voulant convaincre ses parents de la laisser tranquille, sûrement qu'avec sa conviction d'être invincible et sa tête brûlée elle finirait par se faire avoir quand même, un jour ou l'autre. Et puis, elle parlait trop vite. Bien sûr, la nature de ce eux n'était pas difficile à deviner pour lui qui avait suivi sa chasse à l'homme à travers ses récits cryptés. Mais elle n'avait pas voulu en parler, pas spécialement, et se retrouvait à jeter le sujet sur la table comme si de rien n'était, parce que ce eux était devenu un rien à ses yeux, le genre de problème dont elle se débarrassait sans réfléchir, portée par ses nerfs et son sang brûlant. Elle était ravie de pouvoir contribuer à la cause mutante. C'était bien ce qu'elle se disait. Elle avait mis chaque mutant dans le sac des personnes à aider, de la minorité persécutée. Elle avait intégré uprising parce qu'il s'agissait de la suite logique de son parcours guidé par la vengeance. Elle n'était pas objective, pourtant. Et chaque chasseur s'était retrouvé placé dans une petite case exécrée, celle de ces hommes qui avaient tout foutu en l'air. Ces hommes à cause de qui Priam avait disparu de sa vie. Et elle continuait à tuer, la voleuse, parce qu'il n'y avait rien d'autre pour combler l'immensité du vide qu'il avait laissé en s'en allant. Elle tuait pour lui, pour elle, pour leur vie dans la ruelle et pour ces six années de perdition. Elle tuait parce que sans lui, elle avait perdu petit à petit ce qui la rendait si vivace au milieu des visages livides hantant leur maison. Et qu'elle les blâmait, eux. Pas lui, jamais. Non, jamais. Pourtant la suite ne manqua guère d'altérer la lueur qui pétillait au coeur de ses iris. Les fossettes s'estompèrent doucement, avant de ne plus être que deux ombres de part et d'autre de son visage. Il n'était pas content. Il n'était pas fier d'elle. Elle s'était donnée corps et âme pour les retrouver, la blancheur des nuits pour alliée, les cernes creusant son regard d'enfant qui avait bientôt perdu de son essence malicieuse. Elle avait toujours tout écrit immédiatement, galvanisée par l'adrénaline, certaine qu'il sourirait en tenant entre ses doigts les récits qu'elle lui faisait parvenir. Il était coincé, mais elle ne l'oubliait pas. Elle le vengeait, comme une de ces justicières qu'il aimait tant dans ses vieux comics. Il avait toujours aimé les histoires de super héros. Il avait toujours été le sien. Et elle pensait naïvement être devenue la sienne. Avoir fait naître de l'admiration en son sein. Avoir illuminé ses jours gris, aussi gris que les siens. Elle ne comprenait pas, pas du tout. Ses dernières certitudes flanchaient dangereusement, tandis que Priam achevait ses paroles sans qu'elle ne puisse y échapper. « Tu.. » Déglutissant avec peine en sentant son coeur manquer un battement, la brune détourna le regard un instant, fixant un tableau sur le mur lui faisant face pour assimiler ce qu'il venait de lui dire. « J'sais pas ce que t'es en train de me dire. J'suis pas sûre d'avoir envie de comprendre. » Ses mains s'étaient crispées sur le canapé, tandis que son regard empli d'incompréhension et de peine daignait se reposer sur lui. « Te sens pas responsable, Priam. C'est ça qui te fait peur ? Te dire que si j'crève là-bas, ce sera de ta faute ? J'ai bien entendu, tu voulais pas que... je m'embrigade là-dedans... C'était ma décision, te sens pas coupable surtout ! » Se levant en s'arrachant aux mains de son ami, la brune exécuta quelques pas en sentant la pièce tourner autour d'elle quelques secondes tandis qu'elle prenait appui sur le canapé. Avant de se retourner, debout, ne se sentant plus petite. Du tout. « Tu pensais quoi, en fait ? Que t'allais te faire enfermer, et puis quoi ? Que j'allais rester sagement le cul vissé sur les pavés, à regarder les gens passer et à ramener de la thunes à ma mère jusqu'à ce qu'elle clamse ? » Ses mâchoires se serrèrent brutalement à ses derniers mots, prononcés avec une nonchalance en laquelle elle croyait totalement avant d'entendre ses paroles claquer dans l'air. C'était plus douloureux qu'elle ne l'aurait cru, elle qui n'avait jamais abordé la mort de sa mère avec personne, n'y ayant pour ainsi dire jamais pensé depuis qu'elle l'avait trouvé dans leur taudis. « Tu serais plus content, si tu m'avais juste retrouvée à Lex' ? Si j'avais pas bougé d'un poil ? Une gentille petite pute qui n'avait plus le choix que de vendre son cul ? Tu serais rentré, j'aurais pas été là. Tu sais pas comment c'est devenu. Tu sais rien, rien du tout, alors putain, t'avises franchement pas de me parler de croisade de mon cul ou j'sais pas quoi, j'ai pas eu le choix, j'pouvais pas continuer... » S'efforçant de reprendre sa respiration tout en assénant un coup de poing dans la tapisserie, ses mains tremblantes se refermèrent sur son visage tandis que son coeur menaçait d'envoyer ses côtes redécorer la pièce. J'pouvais pas continuer sans toi. J'pouvais pas vivre ma petite vie sans toi à côté de moi. J'étais perdue. Je suis perdue. Mais seul le silence s'ensuivit.
Sujet: Re: i just can’t let go ‘cos it haunts me like a friend + malachi&octavia Dim 4 Oct 2015 - 13:04
Every move that I made, every inch I’ve grown. In my heart, in my soul, you’re in my bones. Wanna feel, wanna feel everything you do. ‘Cause at the end of the day all I need is you
Priam n’avait pas les mots. Il les avait perdus face à ce petit bout de femme au cœur à l’odeur de cendre et de l’amertume de toutes ces choses qui n’avaient été. Il n’avait jamais été qu’un gamin courant après le temps en espérant pouvoir la sauver de cette vie dans laquelle on les avait forcés. Aujourd’hui encore, il n’était rien de plus que ce fils de personne prêt à s’enflammer si ça lui permettait de la réchauffer elle. Le temps n’avait su imposer sa prise glacé sur tout ce que l’homme ressentait. Il avait vécu la distance, souffert de l’absence, mais n’avait jamais pu se résoudre à oublier. Il s’était mis à boxer dans le noir, frapper la peur et le désespoir s’imposant à lui alors que l’image d’Octavia s’effaçait progressivement de sa mémoire. Ses yeux avaient été aveugles pendant si longtemps, il avait passé tant d’heures dans le noir à espérer que les choses redeviennent comme avant. Mais, le Mikaelson ne savait pas, il n’avait aucune idée de ce qui se passait en dehors des barreaux de sa cellule. Il s’était imaginé le monde, avait espérer la vie. Il s’était accroché aux mots de cette fille comme à une bouée de sauvetage. Ceux-ci représentant son dernier espoir de survie. Alors, il se montrait hésitant, il avait peur. Peur que les choses ne soient plus ce qu’elles avaient été. Peur que sa fleur aux épines doucereuses ne vienne à lui mordre la chair, a lui aussi, ou bien à faner. Il ne voulait pas qu’elle voit sa crainte, se refusait à lui ouvrir les portes de son âme de peur de la voir fuir. Le mutant se bornait à ne pas lui offrir l’océan trouble de son regard, de peur qu’elle n’y trouve plus le gamin disparu six années plus tôt. Ils avaient grandis, âmes séparées par une vie qui ne leur avait jamais fait de cadeaux. Il s’en était allé, elle était resté. Il l’avait abandonné et elle n’avait eu de cesse de s’accrocher à cette ombre informe en laquelle il s’était transformé. Priam aurait voulu la prendre dans ses bras. S’éclater les côtes contre ce cœur qu’il avait toujours considéré comme sa moitié. Il voulait l’empoigner, sentir ses os se briser dans ce feu d’artifice d’émotions, sentir son myocarde éclater sous l’impact. Pourtant, il restait là, statue de pierre ancrée dans le sol. Il restait là et les mots qu’il offrait à Octavia n’était pas ceux qu’il rêvait de lui donner. Il avait trop de choses à dire. Des années passées entre parenthèses à dévoiler. Toutefois, il n’avait le cœur qu’à la crainte. La crainte de la voir disparaître après l’avoir retrouvé. Elle n’était qu’une braise prête à s’essouffler et, lui, un feu de forêt qui se consumait sans savoir se réchauffer. Il avait peur qu’elle s’éteigne, peur qu’il ne finisse par tout détruire en cherchant à ranimer cette vie qu’il avait perdue. Et son regard était à la tempête, dans l’œil du cyclone il n’était océan perdu au désespoir. Il la regardait et tout ce qu’il voyait c’était ce qu’ils avaient été, ce qu’ils auraient dû être, ce qu’ils ne seraient jamais. Le gamin de Lexington se rappelait des courses poursuites dans la banlieue. Il se remémorait l’adrénaline hérissant ses poils alors qu’ils se faufilaient là où personne ne pouvait aller, volait ce que tout le monde désirait. Mais surtout, il se souvenait du goût de son sourire. Cette ligne courbée illuminant les traits de l’enfant, de la femme en devenir, lors des jours heureux. Il se souvenait avoir désiré goûter à cette courbe, ce croissant de lune indolent, sans jamais avoir osé faire un pas en avant. Et les souvenirs lui éclataient le cœur, répandant son contenu sur les paroisses flétries de sa cage thoracique. Il sentait la prison retenir les élans fiévreux de ce myocarde usé. Il se sentait pris au piège de sa propre personne sans pourtant que ça n’effrite ce calme olympien le caractérisant. Le léger étirement des lèvres de sa belle le réchauffa de l’intérieur. A croire qu’elle avait plantée des fleurs de soleil, sur chaque parcelle qu’elle possédait de son cœur. Néanmoins, ses mots impétueux, arrivèrent à réfréner les ardeurs de ce cœur trop prompt à s’emballer, se pâmer d’amour pour cette fille qu’il ne pouvait lâcher. Le Mikaelson voulait la croire. Il crevait de l’intérieur tant il désirait se laisser aller à l’espoir. Sauf qu’il connaissait la vérité. Il avait vu trop de gens tomber pour se dire qu’elle n’en ferait pas inéluctablement partie. Il s’était usé les phalanges contre la vie, s’était agrippé à ses souvenirs jusqu’à en avoir les jointures enflammées. A cet instant, Octavia lui offrait une issue de secours, une seconde de répit dans cette course poursuite qu’il ne pouvait gagner. Malgré lui, malgré elle, malgré cette fatigue glaçant ses os, il n’avait pu empêcher ses craintes d’éclabousser son interlocutrice. Il sentait ses mots s’échapper de sa bouche à gros bouillons de désespoir. Il avait trop espéré le meilleur pour cette moitié qu’il avait dû laisser derrière. Trop craint qu’elle ne perde sa vie à chasser des chimères. Priam savait qu’il n’avait aucun droit sur elle. Savait qu’il ne méritait pas qu’elle gâche sa vie pour une vendetta n’étant pas sienne. Le brun senti l’impact avant même les mots ne s’échappent de la bouche d’Octavia. Il vit cette lueur si chaleureuse s’éteindre dans le regard de la voleuse alors qu’il se retrouvait aux prises avec le tonnerre grondant dans les mots de son amie. Il la voyait se noyer, la sentait lui glisser entre les doigts alors qu’elle détournait son regard, lui refusait la contemplation de ce visage qu’il avait tant aimé. Il sentait la jeune femme se débattre avec ce qu’il venait de lui dire et savait qu’il ne pourrait sortir indemne de cette tempête. Les mots d’Octavia étaient mordant. Tant de coups de couteau qu’il recevait, les bras tendus, prêt à tendre l’autre joue. Il sentait la déchirure se faire en son cœur, la douleur revenir comme locataire des parois de son myocarde. Le froid ne mit pas longtemps à retrouver sa place au creux de son estomac alors que la belle glissait entre ses doigts. Elle n’était rien de plus qu’un mirage, une image après laquelle il courrait sans jamais arriver à l’attraper. Et ses mots étaient pleins d’une violence tacite. D’une fureur que le brun ne savait pas comment apaiser. Il n’était rien que lui, il n’avait que ses bras pour contenir cette explosion d’émotions. Rien que des mains brisées par les années pour essayer de recoller les morceaux. Se levant avec lenteur, il observait la bataille faisant rage entre lui et son âme sœur. Lorsqu’elle lui fit face pleine de cette impétuosité que lui offrait sa rage, Priam n’essaya même pas d’éviter les balles perdues. Les mots jetés dans l’urgence sans réel désir de blesser. Mais il était blessé et les embruns montaient à ses paupières alors que les derniers mots de la belle se frayaient un chemin jusqu’à son encéphale. Il n’était rien qu’un pantin désarticulé alors que l’ironie de leur vie commune le percutait entre les côtes. Il avait perdu son père. Elle avait perdu sa mère. Elle avait là pour lui. Lui n’en avait eu aucune idée jusqu’à aujourd’hui. Instinctivement, son corps répondant à un appel muet que lui seul comprenait entre eux, il fit un pas vers la jeune femme. Parce que peut-être qu’il pouvait apaiser ses maux. Peut-être qu’il n’était pas trop tard pour effacer cette cicatrice à sa mémoire. Ouvrant la bouche, il était prêt à dire toutes les choses qu’il aurait aimé entendre. Il était prêt à se faire violence si ça lui permettait de l’arracher à cette nuit prête à l’avaler. Octavia ne lui en laissa pas le temps, pas même la possibilité. Elle n’était que vents contraires, bourrasques amères prête à tout souffler sur son passage. Les mots se pressaient aux lèvres de la brune, sans que Priam ne puisse endiguer ce flot continu de douleur qu’elle instiguait dans ses veines. Il ne voulait pas s’en sortir facilement. Il ne voulait pas qu’elle l’épargne. Mais dans le fond, il n’était pas non plus prêt à faire face à la réalité de ce qu’il avait manqué. Le poing d’Octavia s’abattit contre la tapisserie alors que le brun ravalait ses mots. Il n’avait pas de formules magiques, aucun moyen d’embellir le tableau. Les choses étaient comme elles étaient. Lexington n’avait jamais été qu’un trou dans lequel s’entassait les âmes damnées. Un trou voué à les consumer. « Tu penses sincèrement que je t’ai dit ça parce que j’ai peur de me sentir coupable ? » Le désarroi et effarement modulaient la voix menaçant de se briser du mutant. Il observait sa vierge effarouchée, animal blessé qu’il ne savait comment approcher. Il l’observait et se laissait submerger par cette douleur qui semblait remplir l’espace séparant le cœur. Il sentait les années s’écraser sur sa cage thoracique, troubler son souffle erratique en lui rappelant que c’était de sa faute au final. Qu’il l’avait abandonné à Lexington en se disant qu’elle arriverait à se tirer de là. En espérant qu’elle arriverait à devenir une des choses qu’ils rêvaient tout bas en observant leur banlieue la nuit. Il n’avait jamais compris que tout ce qu’il lui avait laissé, c’était l’ombre d’un ami et un empire de vent et de poussière sur lequel faire reposer sa vie. « Je veux juste pas que tu foutes ta vie en l’air à te battre contre du vent. Je veux pas que tu te réveilles un matin avec cette putain d’impression d’être acculée, de plus avoir aucun coup à jouer et de sentir la fin approcher avec pour traits ceux d’un hunter. Tu mérites mieux Octavia… tu mérites tellement mieux. » Les lèvres pincées, les traits tirés par toutes ces choses qu’il arrachait à son cœur, par ces fleurs fanées dont il essayait de faire un bouquet, le brun se retenait de craquer. Il pouvait s’y résoudre. Ne pouvait pas montrer une quelconque faiblesse quand la faute était sienne. Passant une main lassée sur son visage, il sentait presque l’humidité s’échapper de ses yeux afin de mouiller ses traits. Cependant, dans son regard se trouvait un barrage, l’empêchant de laisser couler ses sentiments en torrents glacés. Sa voix s’était faite violence, faiblesse inhérente à sa personne lorsqu’il faisait face à la belle. Il aurait aimé avoir au cœur un brasier et pouvoir illuminer la nuit s’étant abattue sous les paupières de la brune. Il aurait aimé lui rendre le sourire, l’exhorter à coup de belles paroles et de cris biens placés. Mais son amie était trop loin. Les liens les unissant semblaient distendus. Aussières mal accrochés au quai, menaçant de les laisser partir à la dérive. « On s’en fout de ce que je voulais. Si les choses s’étaient passées comme je l’avais espéré, on ne serait pas là à avoir cette discussion. J’ai jamais voulu te retrouver à m’attendre bien sagement à Lexington. Je voulais juste que tu passes pas à côté de ta vie comme moi. Je voulais pas que tu finisses prisonnière de mes conneries et que tu te retrouves à assumer mes choix. » Il n’avait jamais voulu la forcer dans cette parenthèse de non vie. Il n’avait jamais voulu lui prendre des fragments de son être et la rendre prisonnière d’une prison dont il était le geôlier. Pourtant c’était ce qu’il avait fait. Sans s’en rendre compte, il avait des morceaux de la belle partout dans ses poches. Il les avait gardé pendant ces six longues années et ne s’en était jamais rendu compte jusqu’à maintenant. Maintenant qu’il était temps de lui rendre, de la laisser se reconstruire, de ne plus avoir son mot à dire. « Putain, Octavia ! » Le juron glissa sur ses lèvres en alourdissant cet accent des bas-fonds que le brun camouflait comme il pouvait. Il voulait juste qu’elle comprenne. Juste arriver à lui dire tous les mots écrasés dans sa gorge. Il voulait qu’elle entende ce qu’il ne pouvait dire. Parce qu’elle lui avait manqué. Manqué comme les premiers rayons de soleil après un hiver sans fin. Manqué comme l’eau venant retrouver un égaré au cœur d’un désert aride. Et il pouvait pas contrôler son cœur dans cette histoire. Il pouvait pas lui dire qu’il voulait la protéger. Qu’il n’avait eu de cesse de s’inquiéter pour elle. Qu’elle était la seule chose faisant sens dans sa vie et qu’il ne pouvait admettre que si ça continuait il allait la perdre. Il ne pouvait pas lui dire, que sans elle, il ne rimait à rien. Qu’il était prêt à s’abandonner à elle, même s’il finissait briser entre ses mains. Même s’il finissait sur la première ligne, bouclier éphémère recevant les balles pour qu’elle ne soit jamais touchée. Dans le fond, il ne pouvait admettre ce qu’il ressentait, ce qu’il avait toujours ressenti. Parce qu’elle était belle sa fille au cœur brisé. Parce qu’elle était trop loin pour qu’il ne puisse l’atteindre. Parce qu’il avait beau savoir manier les mots, il n’avait jamais su gérer la vérité.
Octavia Lovecraft
MEMBER - join the evolution.
MESSAGES : 1346
SUR TH DEPUIS : 11/10/2014
Sujet: Re: i just can’t let go ‘cos it haunts me like a friend + malachi&octavia Sam 10 Oct 2015 - 23:14
I feel like a fool, I aint got nothing left to give, nothing to lose. I see them snakes come through the ground, they choke me to the bone. So come on Love, draw your swords, shoot me to the ground, you are mine, I am yours, let's not fuck around. Cause you are, the only one.
So come on Love, draw your swords.
Elle l'avait attaqué, peut-être un peu trop fort. La question qu'il lança suite à sa remarque s'éclata contre elle, les émotions portant sa voix la bousculant furieusement. Elle s'était tournée, les bras ballants, effarée d'entendre soudainement sa détresse, de lire sur ses traits ce qu'elle avait pu susciter chez lui en prononçant ces paroles. Elle aurait presque pu les regretter, en lisant la peine forger les traits du mutant. Parce qu'elle ne voulait pas lui faire de mal, jamais. Pourtant, son coeur battait à reculons, hissant sa rancoeur au front de l'altercation. Parce qu'il la brisait un peu, Priam, avec ces mots qu'il maniait sans se douter de l'impact qu'ils auraient sur elle. Ce n'était sûrement pas son intention, lorsqu'il tenta de s'expliquer à nouveau, mais chaque syllabe la heurtait sans ménagement, accélérant son souffle de plus en plus rapidement. Elle manquait d'air, la voleuse, ses protestations envahissant sa gorge sans qu'elle ne parvienne à les prononcer sans être certaine de flancher. Chaque remarque retournait ses tripes, frappait le point sensible en la blessant plus qu'aucune personne n'en aurait été capable. Elle aurait préféré qu'il lui assène ces paroles pour lui faire du mal, sans qu'il n'y croit lui-même. Qu'il les balance dans la colère, qu'elle puisse s'imaginer qu'il délirait, qu'il ne les pensait pas. Mais son discours était criant de sincérité, et elle se sentait lentement défaillir. Ses jambes la portaient à moitié, la pulsation de ses artères battant ses tempes au rythme des confessions, épuisant sa ténacité face à son double. Comment pouvait-il s'imaginer qu'il ait pu en être autrement ? Ne la connaissait-il pas suffisamment, après ces deux décennies à ses côtés ? Ne se doutait-il pas qu'elle se jetterait dans l'arène, qu'il n'était nulle autre option suffisamment puissante pour qu'elle s'accroche à la vie, à cette vie sans lui ? N'avait-il jamais compris qu'il était le centre de son monde ? Sa voix tremblante finit par jaillir, lacérant ses lèvres dans l'impuissance de ne pas être capable de s'exprimer, de ne pas être en mesure de mettre des mots sur ses pensées. « Foutre ma vie en l'air ? Et de quelle vie tu peux bien parler, Priam ? Elle était foutue dès le départ, on n'a pas notre place dans ce monde là. » Elle engloba d'un geste de la main le salon de Malachi, exemple même de tout ce qu'elle n'aurait jamais, de tout ce à quoi elle ne prétendait même pas, car elle savait trop bien Octa que sa place était dans la rue. Elle ne se plaignait pas, elle ne voulait pas qu'on la plaigne. Elle exposait simplement une vérité insurmontable. Elle avait été façonnée par le froid et la faim, trop endurcie pour s'intégrer convenablement dans la société. Et si elle donnait bien le change dans ses petites robes, à battre des cils tout en minaudant comme l'une de ces cruches qu'elle avait toujours plaint muettement, elle n'y avait jamais pris goût. Trop sauvage pour se laisser apprivoiser, pour entrer dans le rang et vivre l'une de ces vies parfaites auxquelles elle n'avait finalement jamais rien compris jusqu'alors. Cela lui apparaissait de plus en plus clairement, hélas. Elle ne leur en voulait pas de vivre leur vie bien rangée, sans constamment jeter un regard au dessus de son épaule ou tendre l'oreille au crachat des sirènes. Elle les enviait un peu, secrètement. Mais cela faisait bien longtemps qu'Octavia ne s'imaginait plus s'établir à leur instar. L'éclat de ses prunelles n'était plus qu'un vague souvenir lorsqu'elle se tourna à nouveau vers lui. La tristesse d'un demi-sourire pointant vaguement sur ses lèvres, parce qu'elle savait qu'il ne pensait pas à mal en lui assurant qu'elle méritait mieux. Pourtant, les échardes s'enfonçaient une à une dans sa poitrine, coeur malmené par des mots dont il ne mesurait pas l'importance, mots soumis à l'interprétation subjective de la belle qui en reprenant la parole n'avait plus que dans la voix le poids de la fatalité. « Mieux ? C'que tu comprends pas, c'est que j'suis plus bonne qu'à ça, Priam. J'avais que dalle, et ça, ça tu vois c'est la meilleure chose qui me soit arrivée en six ans. » Ça en disait long. Ce n'était pourtant qu'une cruelle vérité. Se sentir vivre quelques jours, quelques semaines. Répandre le sang pour finir par s'enfoncer un peu plus encore qu'au départ. Et recommencer. Et descendre un peu plus au coeur des enfers. La surface s'était éloignée imperceptiblement, la tenant éloignée de cette réalité fuie si habilement. Noircissant son esprit et affûtant la rancune. Asséchant ses yeux et aguerrissant son esprit.
Ses omoplates s'étaient doucement appuyées contre le mur, les mains croisées dans son dos comme une collégienne, écoutant avec attention les paroles de Priam. Le calme n'avait de cesse de tenter de se réinstaurer dans son crâne, rapidement balayé par les douces rafales qu'il envoyait vers elle, qui la percutaient, secouaient tout son être en malmenant ses pensées. Sa bouche resta entrouverte sans qu'aucun mot ne s'échappe, en réponse à la salve de confessions relancées par le pyrurgiste. Ne comprenait-il pas ? Ne comprenait-il pas qu'il n'était pas question de passer à côté de sa vie, lorsque sa vie tournait autour de lui ? Lorsqu'il était sa vie. Depuis si longtemps. Ses sourcils en aile d'oiseau se froncèrent au dessus de ses prunelles sombres, tandis qu'elle venait mordre son poing comme elle savait si bien le faire lorsque les mots devenaient difficiles à retenir. L'affluence salée dansait sur le rivage de ses cils, prête à rompre sa colère apparente, prête à arracher chaque émotion une à une pour les jeter aux pieds de Priam. Qu'il les piétine, si ça lui chantait. Tout, tout mais plus ces mots qui la blessaient. Un sursaut la secoua tandis qu'il s'énervait subitement, laissant une larme rouler hors de son contrôle, dévalant sa joue pour mourir sur son menton. Ses prunelles brillaient derrière l'écume, ses lèvres tremblantes habilement camouflées par cette main dans laquelle elle enfonçait ses dents de plus en plus profondément, pour ne pas laisser les sanglots secouer sa cage thoracique. Elle voulait lui dire, à quel point elle n'avait jamais espéré mériter quoi que ce soit de plus que sa simple présence à ses côtés. Comme elle avait pu s'estimer chanceuse de l'avoir près d'elle, d'apprendre à ses côtés, de s'imaginer une vie qui ne la conduirait jamais loin de lui, qu'ils vivraient à deux, peu importe l'endroit, peu importe la manière. A quel point sa simple présence dans cette maison suffisait à estomper la tempête de ces dernières années, juste l'espace de quelques minutes. A quel point elle ne changerait rien à son comportement, à ces années glauques. A quel point elle supporterait encore et encore les menaces de sa mère, ses mains s'abattant sur elle dans la colère sans qu'elle n'ait le coeur à s'en détourner, sans pouvoir courir de l'autre côté du pallier pour se réfugier chez lui, planter son nez dans son cou comme un animal apeuré. Comme elle n'aurait de cesse d'hurler après ces autres venus s'installer dans la ruelle comme en territoire conquis. Comme elles continuerait à tenter d'y faire régner la loi de Priam dans son secteur, parce qu'il allait revenir, tôt ou tard, et qu'elle lui garderait son territoire au chaud. Comme elle s'en foutrait bien qu'on lui tombe dessus, qu'on veuille lui faire la peau, parce qu'elle ne s'inclinait pas comme tous les autres. Comme elle n'effacerait rien de ces instants de doute, de ces nuits où, assurée que les lieux étaient déserts, elle traversait le corridor pour gagner l'appartement miteux de son ami, pour se glisser dans ses draps en enfouissant son nez dans les tissus, désespérée de ne plus y retrouver aucune odeur familière après quelques temps. Comme elle n'annihilerait aucune nuit d'insomnie, aucun pleur muet mourant au bord de ses lèvres, aucun hurlement enragé étouffé dans ses bras lorsque la solitude mordait son coeur. A quel point non, rien, elle n'effacerait rien de ces années, si c'était pour le retrouver ici, ce soir. Parce que rien n'avait plus de prix que de le savoir en vie. Tout lui semblait dérisoire, elle qui ne s'était jamais plaint, qui s'était débattue contre son existence merdique avec pour seul point d'ancrage la folle idée de le retrouver.
Elle ôta sa main de sa bouche, libérant l'orage, parce que plus rien n'avait d'importance. Son coeur émietté battait de travers, et elle se redressa, quittant son appui tandis que tout filait hors de son contrôle. « Tu comprends pas, Priam, tu comprends pas ! J'regrette rien. Rien du tout. J'assume tout ce que j'ai pu faire. J'en avais besoin. Pourquoi tu... » Une inspiration brisa son souffle sans qu'elle ne parvienne à continuer, sa voix se cassant dans une vulnérabilité qui aurait pu la mettre hors d'elle. Si l'image qu'elle pouvait lui renvoyer avait encore compté, alors que ses nerfs mis à rude épreuve l'abandonnaient. « Pourquoi tu comprends pas ?! Pourquoi tu veux pas comprendre ?! » Tremblant de tout son corps, la distance les séparant rendant la situation plus insoutenable encore, la brune renifla sans grande élégance tandis que ses joues s'humidifiaient sous la cascade de larmes qui lui ravageait la gueule. Elle ne s'approchait pas, pourtant, comme pour s'imposer un minimum de retenue, pour conserver une certaine zone de sécurité entre lui et son coeur en pleine implosion. « Qu'est-ce-qu'on s'en branle de tout ça, putain ! Les choses sont ce qu'elles sont, on va pas refaire le passé, bordel, t'as que ça à foutre de me dire ça ?! » Elle criait de sa voix cassée, incapable de se contrôler, de maîtriser ses sentiments en souffrance, incapable également de comprendre ses inquiétudes tant son désarroi engloutissait tout le reste. « C'est tout ce que t'as à me dire ? Que tu voulais pas que je passe à côté de ma vie ? Que tu voulais pas que j'fasse tout ça ?! Six ans, et tout ce que tu trouves à me dire, c'est ces conneries ?! Tu crois pas que j'attendais, Priam, que j'ai pas arrêté d'attendre de te revoir ?! Si c'est tout ce que t'as à me dire après tout ce temps, putain, mais ferme la, ferme la ! »