L'été touchait à sa fin mais le temps était encore bien pour la saison. Sinead portait une petite robe blanche qui mettait en valeur son bronzage. Elle n'aurait jamais espéré trouver une météo aussi belle dans cette petite ville. Beaucoup de choses la surprenaient ici, tant les gens que les lieux et parfois c'était déroutant. New York lui manquait, son frère lui manquait. D'ailleurs, alors qu'elle se promenait dans le centre-ville, elle était au téléphone avec lui. Impossible de ne pas lui parler au moins trois fois par jour – minimum – tant ils avaient à se dire. Seamus avait voulu lui faire comprendre que leur mère était en train de changer de position par rapport à sa situation mais la jeune femme n'entendait pas, ne souhaitant pas pardonner à sa génitrice ses mots et menaces. Mais la conversation dérivait alors que Seam' avait trouvé une nouvelle copine, une nouvelle serveuse dans le restaurant où il travaillait. Sa jumelle était heureuse pour lui et désirait la rencontrer au plus vite. Peut-être un petit weekend dans la grosse pomme afin de se reposer de son investigation qui avançait un peu trop lentement à son goût.

L'heure était venu pour le jeune homme de partir travailler. Il n'était pas tard dans l'après-midi mais Seamus avait une grosse réception à préparer. Et, tournant le coin de la rue, une musique agréable parvint à ses oreilles. Fan de musique qui bouge, la brunette s'avança afin de découvrir l'identité du groupe. Des inconnus du coin certainement, mais qui envoyaient du bon son. Sinead était un peu loin, aux abords, ne comptant pas forcément rester. C'est alors qu'elle se fit bousculer. Ce n'est pas rare dans ce genre de concerts, mais la crinière blonde qui venait de passer en trombe n'avait rien d'une fan hystérique qui voulait voir les musiciens de plus près puisqu'elle fuyait dans l'autre sens. La McNally n'avait pas eu le temps de bien voir le visage de la personne mais quand elle se retourna, elle aperçut la blondinette en question. Tremblante, comme apeurée, elle s'était roulé en boule sous un arbre. Une drôle d'attitude mais qui toucha l'Irlandaise. Abandonnant le concert en remarquant que nul ne semblait se soucier d'une enfant en détresse, Sinead s'avança doucement vers la blonde et se baissa pour lui parler.

« Hey, ma jolie. Ça va ? » demanda la brune avec douceur. L'autre releva la tête comme si elle n'avait pas compris. On lisait l'incrédulité et la peur sur son visage. « qu-quoi ? » dit-elle en réalisant qu'elle n'était plus seule. « Tout va bien, calme toi. Comment tu t'appelles ? » demanda Sinead en tentant d'effacer la méfiance du regard de l'adolescente.

Malgré la cohue environnante et le niveau élevé de la musique, Sinead avait remarqué cette adolescente. Premièrement bousculée par celle-ci, elle avait vite compris qu'il se passait autre chose. Ça ressemblait à une crise d'angoisse et la jeune femme s'y connaissait un peu dans le genre. Alors elle ne pouvait laisser cette pauvre enfant toute seule, apeurée. La brune avait réduit l'écart en se dirigeant vers l'autre, se baissant à sa hauteur pour ne pas l'effrayer plus. Elle lui demanda son nom, cherchant à construire un lien pour lui permettre de se rassurer. La dénommée Bobbi parvient péniblement à décliner son identité à une personne qui lui était totalement étrangère. « Vous êtes ? Qu'est-ce que vous me voulez? » ajouta-t-elle d'une voix quelque peu contrariée, tout autant qu'effrayée. « Tout va bien Bobbi. Je m'appelle Sinead. Je veux simplement t'aider. » avoua la demoiselle, toujours d'une voix et rassurante. Ça marchait pour elle quand on lui parlait comme ça, les tensions s'apaisaient, la respiration se ralentissait et les angoisses disparaissaient. Peut-être qu'elle réussirait à obtenir le même effet chez Bobbi. Elle essayerait en tout cas.

La blondinette était prostrée, cherchant à se cacher dans un trou de souris si ça avait été possible. Le cœur de Sinead se serra en la voyant se recroqueviller un peu plus, lui intimant de lui fiche la paix et de retourner au concert. « Non, ma belle. Calme-toi. Tu veux un peu d'eau ? » demande la jeune femme en sortant une bouteille de son sac. Se réhydrater lui ferait du bien. Sans s'en rendre vraiment compte, Sinead avait posé délicatement sa main sur l'épaule de l'adolescente, cherchant à être un contact rassurant pour elle, voulant réellement l'aider et la ramener chez elle. Mais pour pouvoir lui parler, il fallait que Bobbi se remette un peu de ses émotions. Qu'à cela ne tienne, la ténacité de la brune était à son plus haut niveau. « bobbi, tu habites loin d'ici ? »

La jeune fille était terrorisée par la foule, elle s'était recroquevillée comme un animal blessé et Sinead n'avait pas pu résister à cette pulsion chimique qui lui dit qu'elle ne doit pas la laisser seule. D'une part parce qu'elle ne supporte pas de voir les gens mal à l'aise, d'une autre parce que les gens du concert pourraient la bousculer et lui marcher dessus une fois le concert dissipé. Bobbi accepta la bouteille d'eau, elle en avait bien besoin. Pleurer déshydrate. La brune sourit de la voir se calmer un peu, légèrement mais c'est un bon début. « C'est ma nature, c'est tout. Ça s'explique pas. » répond la journaliste aux interrogations de la jeune fille. Ça semble inconcevable pour elle qu'une personne soit bienveillante et compatissante. Elle ne doit pas connaître beaucoup de gens comme ça si ça se trouve ! Ou alors elle n'est pas d'ici, c'est pourquoi elle lui pose la question.

Bobbi était tellement méfiante, c'était si étrange. Mais il en fallait bien plus pour détourner la brune de son but. « Je ne suis pas venue pour le concert, c'est pas mon genre de musique.Tu veux que je te ramène chez toi ? » demanda-t-elle alors. Dans un environnement plus familier, plus calme, Bobbi se sentirait plus en sécurité et pourrait arrêter de trembler. Sinead posa sa main doucement sur son bras comme pour lui transmettre son calme. Les larmes avaient cessé pour son plus grand bonheur. Elle avait un ami sujet aux crises d'angoisse, il avait eu de sales expériences et la foule le mettait lui aussi mal à l'aise comme Bobbi. Généralement, la nature douce de Sinead parvenait à rassurer. Ce petit bout de femme à plusieurs cordes à son arc, folle et excessive de temps à autre, délicate et douce parfois. La blondinette changea de sujet de conversation en demandant à sa sauveuse intrusive ce qu'elle faisait ici. « Non, je viens de New York. Je suis là pour le travail. Et toi ? Tu à quel âge ? »

Après plusieurs minutes, c'est la magie qui s'opère et Bobbi ne tremble plus, elle se sent mieux, plus apaisée par la conversation qui dérive du problème initial. C'est assez plaisant. « T'en fais pas, je n'étais pas là pour ça. Je me promenais juste pour occuper mon temps. Tu veux qu'on aille marcher au calme ? Tu me diras ce qui t'amène dans le centre comme ça. »